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LOËCH E-LES-BAI NS
CANTON DU VAJJAIS (SU1SSE)
SES
EAUX THERMALES
B'l'
SES ENVIRONS
PAR
ADOLPHE BRUNNER
MÉDECIN AUX BAINS DE LOËCHE, MEMBHE DE PLUSIEURS
soclÉ'l'ÉS DE MÉDECINE.
TROISIÈME ÉDITION FRANÇAISE
PAR
•
L. R.
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.1
IMPRIMERIE ERNEST SCHULER
1-
;
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DE VICHY
BIENNE
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SOCII!TÉ
...
,. ~1.90ol
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L.
��LOËCH E-LES-BAI NS
CANTON DU VAJJAIS (SU1SSE)
SES
EAUX THERMALES
B'l'
SES ENVIRONS
PAR
ADOLPHE BRUNNER
MÉDECIN AUX BAINS DE LOËCHE, MEMBHE DE PLUSIEURS
soclÉ'l'ÉS DE MÉDECINE.
TROISIÈME ÉDITION FRANÇAISE
PAR
•
L. R.
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IMPRIMERIE ERNEST SCHULER
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DE VICHY
BIENNE
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SOCII!TÉ
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,. ~1.90ol
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~.
��AVANT-PROPOS.
Les premières éditions de ma notice SUT les bains de
Loëche ayant été rapidement épuisées, j'en ai dû conclure que cette publication n'a pas été sans utilité ni sans
agTément pour les baig'neurs. Voilà ce qui m'a engag'é
à publier sans retard ce nouveau travail beaucoup plus
complet et plus détaillé que les précédents. Profitant de
l'expéL'Ïence que j'ai pu acquérir en qualité de médecin
des bains pendant nombre d'années, j'ai choisi parmi une
multitude d'observations ce qu'il m'a paru y ayoir de plus
important pour la pratique; j'ose ainsi espérer que ce
nouvel ouvrage profitera davantage aux malades et qu'il
sera accueilli par le public on général avec autant d'indulgence que j'ai apporté de bonne volonté dans sa rédaction.
�.'.
Si malgré mes efforts, cet opuscule présente sans
doute encore des lacunes, cles imperfections, je prie le
lecteur de vouloir bien prendre en considération qu'il a
été écrit p~r
un médecin praticien pendant los rares momonts de loisir que lui laisse une clientèle nombreuse et
souvent éloignée. Tel qu'il est, je désire qu'il puisse être
de quelque 'lltilité à l'humanité souffrante; c'est là mon
unique but, ma soule amhition.
I~oëche-lsBain,
Juin 1871.
L'AUTEUR.
�LOËCHE-LES-BAINS
PREl1JJÈRE PARTIE
'.[' OP 0 GHAl? HIE.
];es eallx renomlllées de LOëche 1), au canton du Valais (Suisse), sont situees dilJl1s une mllée encaissée, sur
le versant méridional do la chaîne des Alpes qui sépare le
b,l,ssin de l'Aar de celui du Rhône, à une hautour de
1415 mètres, soit 4717 pieds fédéraux, au-dessus du
nivoau de la mer, sous 25° 17' 25/1 de long'itude et 460
22' 33" de latitnùè nord. Là, au milieu de riantes
prairies, jaillissent d'une profondeur insondable les sources thermales, dont les vertus curatives attirent chaque
année un gnnd 1I0mbre de malades de toutes Jes Contrées de l'Europe. A proximité s'élèvent des établissemellts de bains et des hôtels élégants auxquels se mttaohe
le village paroissial de IJoëche-les-Bains, avec une popnlil,tion de G30 habitants, profeRsant la religion catholiq lle et parlant allemand.
1) LOi!f'lIP 011 LOlli'ehe, cn nlJelllallll L'nIe Lot'chr-les-BainR,
Ll'lIkpl'bnd, pt dans lu rontl't'r simplrmcnt Baden,
l
�2 -
Comme presque toutes les val1ées latérales du ValaiR,
celle des Bains ou de Baden, ainsi qu'ou la désig'ne dam;
la langue du pays, présente dnus sa partie supérieure une
configuration ovale; elle est fermée au nord et à l'ouest
par d'énormes parois de rochers qui s'élèvent perpendiculairement en forme de terrasses gigantesq lie , tandi.
qu'à l'est des pentes moins abruptes sont recouvertes de
gais pâturag'es et de forêts ombreuses. Du ('ôté du 8ud,
la vue s'étend sur le plateau peu éle\'é de Bodmen, richo
en prairies, dont le8 contours onduleux resserrent la
vallée pour ne laisser qu'lm étroit passage au torrent do
la DaIa et i\ la route nouvollement construite. Le fond
du bas 'in est occupé par de vertes pelouses, qli i, au printemps et en été, produisent une abondante moi, 'son de
flours alpestres. Les parfums qui s'en exhalent, joint8
aux émanations bal amiques de,' forêts de pins et de
mélèzes du voisinag'e, affectent délicieusement l'odorat
et communiquent i\ l'ail' des propriétés partiel! 1ières. ] Jes
troupeaux qui paissent les herbes aromatiquos dos Côteaux fournissent un hLit aussi agTéable quo sn,llItairo.
La vallée des Bains se dirige ainsi vers le sud- Cf,t
d'abord, puis directement aH sud, sur une étendue de
quatre lieues environ, tandis que sa plu grando largeur
ne dépasse p~tS
vingt-cinq minutes. Elle est parcolll'no
dans toute ,'a long'ueur pa,r la, Da,la, qui prend sa sourco
an glacier de même nom et qlli, tantôt paisible déroule
ses replis gracieux sur ]e g'uzon des prairies, tantot sauvage et écumante précipite sos flot, iL travors les ravins
nt ]e8 gorges profondes pOli l' aller se jeter dam! le Rhônfl
�-
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entre I.Joëche-le-Bourg' ct Varone, Oette haute vallée est
nne des plus belles de la Suisse. Un paysage grandiose,
dos sites variés, des rochers nus, des bosquets enchan ..
teurs; puis des montagnes colossales, en partie recouvertes de neiges éternelles, formant comme le cadre de
cet imposant tableau, tel est le spectacle qui s'offre de
toutes ptLl'tS aux reg'ards étonnés du voyageur. Le peintre,
l',utiste y rencontrent il. chaque pas leurs sujets favoris:
des scènes animées, pittoresques ou sublimes. L'air pur
et vi viftant des }1l0ntagl10s dilate la poitrine oppressée
des malades et des convalescents qui viennént y chercher un refuge contre les gTil<ndes chaleurs de l'été, et
rend de nou velles forces à, leurs organes débiles. Il semble
que dans ce lieu retiré, la nature prodigue se soit plu
à réunir toutes seH merveilles: c'est ici que les thermes
bi811faisants de ]Joëche sortent bouillonnants de terre!
HISTORIQUE. 1)
Jusqu'à ces derniers temps, l'opinion générale, fondée
sur le témoignage des premiers écrivains qui se sont occupés de l'histoire de notre pays, était que la vallée des
Bains n'avait pas eu d'habitants avant le XIP siècle,
1) Les sources consultées pOUl' la rédaction dc co précis historiquo sont: les ouvrfigC's do Slumpf, Munster, Sim loI', Funer;
los 111'0011111'('1\ ùalnéogl'llphiques do Collinus, Castello, Natcror,
Loretan, GrillC't; puis sllrtout los archives drs C0l11l1lllll0S do
Loëehe-Ics-Bains ot Ile Loëche-lr-Boul'g',
�-4ou du moùls pas arant le XP, et on a cru pouvoir en
inférer que ce n'est que dès lors que daterait la découverte de nos sources. Suivant cette hypothèse elle senit
due à, des chasseurs on à, des pâtres nomades. AbRtraction fiLite qn'aucun des auteurs qui ont admis cette manière de voir n'a pu l'appuyer de preuves positives, 1l11e
pareille supposi lion a contre elle tonte espèce de prohabilités. Comllleut une vallée ouverte an midi aurait-elle
pu rester inconnue aux peup1a,des qui de tOlllpR imlllémOl'ial ont habité les régions qu'arrose le cours supérieur
du Rhône et qui, ::tins; qu'il est constaté, a,imaient surtout il, cultiver les CÔleaux expoRés ::tu soleil en mê1lle
temps qu'ils se vouaient à la el1i'LSSe et ::tu soin cles t.roupeaux?
On a trouvé récemmont dans le haRsin mêmo de la
DaIa, e11 différent.' endroits, nombre d' antiqu ii.éR, telles
que tombeaux, tuile. ,poteries, bracelets, houclps, agrafos,
monnaies, etc., a,ppartena,nt iL la, période he] véto-romaine
et établissant avec toute certitude que les alontorn's cles
Ba,ills ét,Liellt déjà peuplés à cette époq no, c' est-ll.-cl ire
au plus tn,rd au JIo siècle de notre ère, ce qni, Hi l'on
tient compte de la, prédilection des Homains llollr los
thermes, permet de supposer qu'ils ont déjfL dû utiliso]'
nos eaux.
M. Morlot, archéolog'lIe distingué, lilort dOl'llièrel11(llIt
à Berne, n, donné la reht1,ioll de plusieill'H do cos découvertes. 1) 8uiviLIlt lui, il ya plns do vingt am; qu'en 1'0lllllètnt le Hol auproH d'lino potite gl'il.l1g'll ,l, lino portéo do
1) V, Ur, Gl'illrt., Lo('('II('-BaiIi K ote. 2" o(lil. 1!:lGlj,
�-5fllHil au-ùessus dll villago, sur la ri\'o droito do la DaIa,
on rencontra, un sllLLeletto humain, lihrement cOllché à
une faible profondeur d'Lns lIno terre fino, lequel portait
doux bracelets en bronze d'un tnwa,il hel véto-roltlain et
reltlontant au Illo ou IVo sièclo. En outre, lorsqu'en
1836 on creusa Jos fondoments de l'hôtel des Alpes, on
trouva plusieurs sarcopha,g'os en dnlle' brutes renfoJ'lltaut,
<L\'OC les ossements, divers objets en bronzo et en fer,
nppartenant ég'alomcnt à l'époque helvéto-rolllaine, aInsi
qlle des vases en torre cni1.e et dos monnaies sur lesquelles
on a pu lire les noms d'Antoine, de Domitien et de Ma,rCllS Agrippa. Depuis, en 1850, un tOlllbeau tout-ft-fait
sembln. ble a été oxhumé cler ri ère 1e Grand-B a-in-neu(, dans
loqllel·so trouvait lino urne rOlllaino et un bronze d'Adrien
avec la légendé HADRIANVS AVOVS1'VS COS. III. S. O.
A ces témoigna.g,os d'antiquité rapportés par .M:.l\1Ol'lot,
nous pouvons en ajouter d'autres. Il ya longtemps déjà
qne Michel J-101mer (mort en 1821), voulant aplanir
uno butte l'Ln-dessus dos ma,ù:;ons Zer Coppen, déterra un
HqlloJotte hUlIU1.În soig'lleuseJllellt entombé entre six laves
brutes. Quelq lle tempfl après, Etienne Loretan (-l- 1835)
mit au jour deux Hépultures H,naloglles, un peu en ,LlUont
de l' extrêll1e limito du villttg;o du côté do la GOlUlIli. En
l S()6, au moi,' do llo\'ombro, Sllr une ponte rapide ètudolà do l' 8111plctcoltlont olt t:lü trOll mit autrofois 10 bain
dit des a 'uérisons} dans 10 yoisil1êtge du chemin qui conduit à l'alpo do CJitvinen, où l'on vojt encore los traces
d'une LLllcienno voie do commllnication so dirig'eant du
}JiLSt:lag'o ùo ht Furkol sur Kttllclersteg, on retira, d'unc
�-6espèce de tumulus les ossements de six personnes d'âge
mûr, ainsi que ceux d'un adolescent et d'un enfant. 1e
corps de ce dernier avait été placé entre les jambes d'un
adulte. L'hiver suspendit pour un moment les recherches,
mais au printemps suivant on exhuma encore les restes
de deux grandes personnes. Tous ces cadavres g'isaiellt
parallèlement à deux pieds de profondeur dans une couche
de terre vég'~ale
lég'ère, la tête tournée vers l' Cl'jent, les
extrémités écartées, avec les avant-bras repliés de môme
que les jambes, l'un reposant ainsi sur les coudes et
les genoux de ses deux plus proches voisins. Aucune
dalle ne les protég'eait; ils étaient simplement recouverts
d'un lit de pierres, atteignant par plaèes jusqu'à un pied
d'épaisseur et surmonté à son tour par une nouvelle
oouche de terre. Malgré de minutieuses recherchos, on no
trouva ni armes, ni monnaios, ni traoes de poteries; en
revanche, tous les squelettes, même celui de l'enfant,
portaient jusqu'à cinq bracelets aux poig'nets et trois ou
quatre aux articulations dn cOllcIe, dn g'eLou ,et du pied.
Ces objets en bl'onlle présentent sur leur face oxterne
cles renflements de forme arrondie, ovale ou discOïdo;
quelques-uns ont los bords denticulés; (l'autres Hont ornés de traits allant en clivol'f:) Hens et formant par leur
réunion une sorte do dessin. On recueillit en outro dOi:!
anneaux ou boucles en fer fortement oxydés, dos fi bllies
en fer et en bronlle, des bontons, des bagues avec des enjolivures de mêmo genre que les bracelets. On prétond
t~voir
trouvé aussi au même endroit, d,Ll1s la touo, uno
agnfe de travail bOlu'g'uig'non. Pair quel hasard se somit-
�-7olle trouvéo liL ~ Si nous nous on tonons aux autres objets, ils témoig'nent évidemment que nOUR avons à. fairo
ici it une sépulturo de l'époque gauloise ou celto-helvétique.
Enfin, en 1869, il, l'occasion d'une réparation du pavé,
on a trouvé (bns le village même de LOëche-los-Bains,
à une fclible profondeur, devant l'hôtel de la, Croix fédél'ale, un grand nombre de monni1ies en cnivre dont la
plupi1rt porta,ient les effigies des empereurs romi1il1s
Maxence Ct 312) ct Constantin II ct 361).
En voilù, plus qu'il n'on fant pour faire i1dmettre sans
conteste que la vallée cles Bains a été connue dès les
temps les plus anciens, et qu'elle a eu ses hi1bitants
même antérieurement à l'époque de la domini1tion romaille.
A pi1rtir du Vo siècle, jusque bien aVi1nt dans 10
moyen-fig'e, les vallées du Valais deviment le relldez\'OUS de di1férents pouples du Nord ot de l'Est, que le fiot
do la grande migmtion avait entraînés à sa suite. Cc
f'ment surtout les A.llemannes qui, du Norcl-Est, ot les
Bourguignons) du NOl'll-OueBt, viment envahir la vallée
du Rhône, la dévastèrent et prirent possession d'une
plU'tie cles habitations d6Ja,issées. Mais tandis que les
Allelllannos, plLïens, détruisaient jusqu'aux derniers vostiges de cultllre rolltètlno, lOf; Bourguignons, chrétions, se
lllontrèrent pl ns doux, mémLgèrent les vi1incus, a,cloptèront
leurs mœurs et lour langag'e pour finir par se mêler intimement c\ eux. 1011gS furent ces temps d'éprouvos et
de souffmnces. Au xe siècle encore, des hordes de Hon-
�-8gTois et ùe Sa,rraûns refoulés, combattirent avoc aclH"tl'nelllent pour la possession des défilés qui condnisent en
Italie, répandant la tel'l'eür et la dévastation bion lOIn
autour d'eux.
Il paraîtrait que les Bourguignons se seraient fixés un,ni)
toute l'étendue de la vallée de la DaIa; le fait quo la,
langue romande y fut prédominante jusqu'au XVP sièclo
et que bon nombre de noms locaux s'y sont consol'vés
dans cotte langue jusqu'à aujourd'hui, semble autoriser
cette conjecture. En consultant les anciens documents, 011
est frappé de voir qu'il n'y ct Que les localités voisinm;
de l'ancien passag'e de la Fl1rkel qui portent des noms
allemands. Des populations g'ermanlql1es de ]a va,llée do
Frutigen les auraient-olles occupées ou défrichées ~
Il va sans dire que penthmt hL grande migration des
peuples, avec ses g'l1orres et ses déprothLtions, suivies de
l'état de barbarie qui en fut ]a conséq uonce, nos b,lins
tombèrent en décadence; leur fréquentation, voire même
le besoin de leur emploi, cessa entièrement durant cos
tomps de misère ,ot de détresse; mais que pOlir cola la
vallée se soit complètemont dépeuplée ot soit devenuo le
repaire non disputé dos ours ot des 10llpS, c'est ce qll'il
répug'ne d'admettre. On se conv,lÎllcra même du néi1,nt
d'une pareille supposition, si l'on songe qlle le passago
de la Furkel, et, ee qlü n'cr:,t petS improbable, celui üe la
Gemmi, étaient déjà fréquontés à cette époq llO; dans le
cas contraire, cette vallée rotiréo orr'mit un lieu de refuge excellent, en tomps de guorro, it . des populations
montag'narc1os qlLÏ pouvaiollt facilement s'y étnlJlir et s'y
�-9 défendre. Sa partie é10\'()0, aÙ1Si <tuo les pentes jouissant d'une exposition favorable, peuvent [woir soni do
pâturages d'été aux troupeaux appartemmt cLlIX habitants
de la plaine, à ceux de LOëche-le-Bourg en p(~rticule;
tandis que la partie inférieure, plus exposée aux avalanches et aux éboulements, se trou \'ant délaissée, se couvrit de broussailles et se transfonllê1 en forêts; de lù le
nom de " Val de Boëz"} (des hois), Vallis ncmoJ"u'In, qui
lni est lLppliqué.
LOëche-Ie-Bollrg, ferme royale des Bourguignons, déjù
clès l'an 516 environ, paraît avoÜ' considéré la v<l,llée de
la. DaIa conllue son cloJJlaino. ] /illlportance de cette localité pendant tout le moyen-fl.ge, et sa situation ù. l'issne
de la, vallée .lni valurent cette prépondérance. En 1282
le Bourg fortifié de Loëcho fa.it. la rGsene de ses droits
sur toutes les forêts et sur tOIiS les peLtnragos d'ln don et
d'Albinnen; cette dornière COlltlllUnO posséda.it on 1340
ot, même encoro en 1407, 1111e peutie dos forêts et pii.turagos dll village des Bn.ins; en 15 \H ou en vint ,l nn
élargissemont ou recon l1aissH,l1ce spéciale cles droits communallx do LOëchn -le -Bourg et de Jjoëche -les - B(~ins.
L'acte qui en fait montion déclare expre,'sément que depuis des sièclos ces doux comlllunes semblent n'en ,woir
forlllé qu'une. ljOëche-le-Bollrg cL touj01ll'S en lil, prétention d'a,voir ouvort le chemin de la Gelllmi et considém
cette voie comllLe fla propriété jllsqu'en 1824 où ven dition t'ni, faite dll droit de péètg-e qu'il y porcova.lt à hL
fam ille Jnlier do Badenthal ft Varone. La vallée d08
Baills forma par la suite avec LOëche le tiers du dixain
�-
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ou di::,trict de ce nom et jouit do 150n côté de15 prérogatives ùu chef-lieu pour ce qui concerne la législative et,
la nOlUüHttion de l'autorité locn,le.
'l'ous ces faits viennent confirmer la manière de voir
que nous avons expriltlée précédemment. Les habitants
de la vallée de la Daia et de Loüche-le-Bourg durent se
soumettre à la môme ,domiuation seigneurin,le. En 517,
Loëche est çoncéùé par Sig'ismond roi des Bourgllignons
an 1ll00HLstère d'Agaune (St.-Maurice) et, dans la soconde
moitié du VIa siècle, Gontran en fait don il, l'évêque de
Sion. Sous les souverain15 du 2° royaume de Bonrgog')]e,
LOëche releva/it directement de la couronne; le dernier
de ces rois, Rodolphe Ill, le replaQa en 1017 sous l'autorité de l'abbaye de St.-Maurice, puis en 1079, J'elUpereur Henri IV en dota l'evêque séclunois IJenmmnfried. JJ11, llmison de Savoie arracha cette possession à la
suprématie ecclésiastique, mais le comte Amédée III la
restitua en 1138 à l'evêque Gervinns; depuis cette
époque, elle resta l"lpanage de l'église de Sion. ]Jes
ÔYôquos y nOlllmaient un lIlaire, remplissiLnt les fondions
de jllg'C et Illl vidn,me.
801ls la protection cles é\'êqnes dll Vays, on vit renaître
la confiance, la sécurité et le goüt dll tnLl'êLil. Partout
se f(ll'luèl'ellt dos C01111l1UTli1llté15 , cntre alltl'e15 aU1-isi üans
la vn,llée de la DaIa. Maint pMro avrLit sans dOllte déjà
depuis longtemps fixé sa demellre hi vornale, ,t côté do
son petit troupeau, dans ces rég'ions élevées. La population
s'accrut, se créa ses ha1)ÏLudes, ses 1tlCOurS, ses usnges:
elle se group,L SUl' los terres culti v,thles et so les l'épar-
�-11-
tit lIIoyenmLllt une potite redCl'allCe illlllllplle (lui HO payait
è'L sa seigneurie ou il, quolqne ha.ut viLssal, au ridamo de
Loëcho en pa,rticlliior. 'rolle fut l'origino de la COll1lllnllO.
]Jes archives de 1oëche-loH-Ba,ins possèdent. do nombreux
documents dont les datos sn suivent il des interrall e '
ntpprochés ct dont le pIns ancien remonte il. J'alméo 1:315.
Il en résulte que déjh \'er.' la fin du XIII" siè(j1H il pxistait ici une bourg'coi. io hi(,11 organiso p , avec des 'orllOmtions ou confrérie. ', et disposant d'uno fortuno eOllllllU]Jale consistant en créances, forMH ot pàtnl'es. lJe nomhre
des habitants môme 11' était rien llt0illS quo rcHtreint. ])e
l'an 1380 seulelllent, nous connaissons les 1l0lllH de près
de cinquante pères de famille, malgré tille pendant le
cournnt du siècle, la moitié de la population eüt disparu par suito de la peste <lite leL "mort noiro ". Oette
population vi mit en lIlitjCIll'O partie diLllS HOB fornwH
isolées; ce n'est qlle pen-à-pou (lue le villnge proprement
dit s'agrandit et prit de l'importn.nce.
Le documont de un 5, dont nous vellons de fairo
n!Olltion, nous illtéreHHo ()ncore il lIne ,LUtro point do vuo.
Il y est nxpresSOlllol1t parlé des Bains et d'llll chemin
(lui y conduit: ~li(, quà itul' ad }Ja{nea. Un établit) 'elUent
thorlll,tl existait (lonc depuis long·tom!>H, llIitiH il n'est
fil.it ilUCllllO allilsion il. Hon po. ·seiŒOUr. U'étni1. sans dUlltp
Illl IlLOlllbro do la 1101>10 famille dps Hnrog'llP ou Haron,
dout l,[usieurs pOHsédèrellt ln \,idamie do LOl)cllO. En 140~
ct 1407, Onichanl de HiU'og'ne g'nmntit i'tln COlllllluno
de 100cho une rode vance annuello pour l(lH droits qu'cllo
possèdo ,HUI' leH Bains, eL on 14:3 6, sos filH Hihlcbmnd
�-
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et Pétenuann de B.arogne, rOl1~ten
en hypothèque il,
la ville de Berne, leurs revenus des Bains ainsi quo
d'antres propriétés comme süretés d'une somme de 5000
livres valaisannes qu'elle leur avait prêtée. Une dos susdites propriétés do la flLmille de B.arogne pourrait bien
avoir été une tour fhwquée de remparts et de fossés, située il, l'est du yillag'e, qui, au rapport des chroniqueurs
d'après d'anciens ouï-dire, avait été constr'llito par Jean
Manz ou Mans déjà au XI" ou XII" siècle. 11 n'est plus
possible aujourd'hui do déterminer ce qu'il y a de vrai
dans cetto tradition. Au XIVO et au XVO sièclo, l'emplacoment de ce petit fort s'appelait Maënchet et il se
pourrait que de la tour de Maënchet on eüt fait plus tard
une tour de lV[anz. Ses derniers débris ont disparu au
commencement de cc siècle. Depnis longtell1ps inluLbitéos,
sos ruines et leurs alentours apI)artemLient au XVI" siècle
à la, famille des Perrilli, une brancho de celle de H.arog'ue,
4. ui lui avait succédé d,LUS la vidamio de LOëche.
A l'instigil,tion du siro de OhfLtillon (von ~hln-Ge
stelonburg), les seig'neUl's de l'Oborland bornois, aidés de
Jeurs soudard::; il,ssn,i1lirent on 1318, à. tmvors la GeJllllli,
hi vallée do hl. Da,la, détruisirent hl, tou!' sus-mentiollllée,
et, après avoir commis diverses déprédations, coururellt
CLYOC précipitation jLU;qu'au delc\ du pont du RMue a.udossous do LOëche-le-Bourg', où ils flll'ent t;Lillés on
pièce::;, ou culblltés clans les oaux rapides du iteu ve par
los Valaisans dovenu::; furioux il, la vuo du pillag'e et de
l']]lcf:mdio de 'leurs demeures. Dans la. prairio dito "dos
soupirs ou dos larmes," périt ln, fleur do la. noblesse ober-
�-
13 -
landaise. Il est probable qlL'il, cette occasion la vallée
des Bains fut d'autant moins méllagée, fluO l'expédition
entreprise soit-disant :t cause de la fortification do cette
tour, était dirigée on rén,lité contre le Bourg de LOëche
r,t le seigneur do Rarogne.
Pendant longtomps nous ne trOllvolls plus guère do
renseig'uements sur les Baüls et leur fréquenta,tion. 00
n'ost quo dans la seconde moitié du XV" sièclo que
nons les voyons reparaître il, l'aYlmt-scène. Les chefs de
ia famillo de Ra,rogllo avaiont, dans l'intervalle, été forcés
de quitter 10 pays, après des guerres longues et malheurou!:los. Les sourcos ct los établissements de bains qui
en 1471 étaient encore on la possession do Pétennanu
de Rarogne, tombèront en partage, piLl'tie ft la lIlense
épiscopale de Rion (1478), partie fL la famille riche et
florissal1te des Oggicr de Oabanis do LOëche ct Baden,
com1llO aussi aux IIol'tenstoin de Lucerne. Les Og'gier
l'ostèront possossours du bain des GuéTisons jusqu'en
IG58, olt il fut cédé d'abord {l, Henri Stoinmalll1 dr, Lnceme, puis acquis par la commune do LOëcho-los-Rainf:l
011 l G82. La part do ln, maison de Hortenstein fut venduo on 1477 ft J'évêquo Gauthior Snpel'sax, puis :1, la
mort de celui-ci, ello passa aux mains de Silinon, SOI1
succossour.
Jost de Silinen, évêqno de Sion, réunit la, propriété
des sources inférieures; il vona surtout f:lon attention aux
Bains de Loëcho où il aimait à séjourner, fit réparor los
ancionnes piscinos, on blî,tit une Douvolle ot rostlLUra plusiol1rs auberge". Fltimules pal' son oxemple, los habitants
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de la vallée et les nobles familles de la plaine, surtout
les Oggier de Cabanis, se mirent résolûment ,1, l'œuvre
et firent construire des maisons d'habitation et des hôtels
confortables. La commune do LOëchc -le -Bourg n'était
pas restée ,non plus on arrière. De 1449 à. 1460, 0110
ouvrit une nouvelle voie de cOlllmunication pour arrivor
aux Bains, et durant pl ILS 4'un siècle, ainsi que le
prouvent les documents encore existants, la construction
et l'entretien des rontes fut une de ses constantes préoccupations. Â dater de co momont, les eaux de Loi\Chn
devinront connuos et fréquentées; l'ancien nom de Val
de Boëz disparaît des actes; la viLUée, le village et la
commune prr.nnmlt simplement ]0 nom dA BrLills, Balnea,
B(tlne~
leucensia, l'hermœ leucenses, ou Baden dans lm;
écritR allomands.
Mais Jost de Silinen ne put mettro ]a dernière main
aux ouvrages qu'il }wait commencés. Des orages politiq lles l'oblig'èrellt fI, quitter 10 Valais. Avant son départ
il achova copendant la cOllstrnction d'une église paroissialo cl, ]~oich-lsBan,
fondée en 1486, Ml-dossus du
portail do htquollo il flt placer HèS armoirios avec l'inscription: "J"ocl. do 8ilille11, Eps. Sedun. furrdator Imjus
occlosim." Cette ég'lise aVlLit él,é Mtie origimtirement
dans le style g'othique; plus Lard elle fut c!CpiUllO piL!' des
remaniements exécutés sanH pliw; enfin en l H64, 0110
dut fa,ire place ,l, lin nouveau tomple plus spacieux.
I/œuvre intorrolllpue de Silinen fut continuée pou do
temps a,pro,' pal' son SIlCCr.SSOur m6diat IL J'épiscopat do
Sion, 10 fn.mollx r.n.l'dinal MatthiOlI Rehillllel'. Colui-ei
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15 -
acheta en 150 1, des héritiers de l'évêque de Silinen, ln
propriété des Bains nyoc tous les droits .Y rplatifs; il fit
termiller les édifices commoncés, con. truisit deux nouveaux établissements, plus Yèl.'tmt ct uo crux <léj:\ existttl1ts,
près de la sonrce 8t,-Laurent ot joniss,tnt d'une l'no
étenduo HUI' le montag'nns; enfin il édifi:t pour lui-mêllle
uno imposante dOllleure e11 pierros de ttülle. lCn 15 JO,
~chinor
avait cl, IJoiil'lle-lh-Bains trois grand hôtols,
dont l'un, Mti par les évôtlues Supersax on Rilinen, appartenait i\ la 1Il0llHe épi 'copaIe de Sion. ]Jo frère rln
canlinH,l Gaspard Schilll1er dovint le plus riche propriétaire de lrL r\ontrée; il pOHsédaii, en 1 [) 30 plus de ln
vingtième partie de tous les birnH-fonds do ln vn1l60.
ht préoccllpation ÏJweHHilJ1te de Schinner fut de rechercher les mo j'ons de faire ])rol)])érer 1rs Bain'; il ]10
nég'lig'ea pa' dans leH fréquents royages qu'il entroprit,
IOH occasions de diYltlgunr IrUl's propriétés et do les reeOllllllander, de sorte (!un hientôt lllaladoH et itlllilteurs
af'Jlllorent de tous côtô , los un. pour y chnrcher 10n1'
g'uériHon, los autres pour y trou VOl' des amuselllOl1tH ou dOH
dislmctions. Ce fut l'apogée de Jeur fréquentation pour
des siècles. Schiunor no pûrclit pas non pltlfl do vlIe IOH
:tlItres intérôts dos habitants. Il acheva '0 II Ile Silil1ru
n'avnit pns eu le tom]). d'alllenrr à h011no fin. En 1501
il érig'e!l la comJllllllauté dCH Bains, (!ui jUS(llHl Iii êM,lit
été desHervie petr les pilstpllrs do J Joüebe-Ie-Bolll'g', ell
paroisse indépollclantr, ot. dota générousement ln nouvrlln
église on pa.rtio do SOH propres doniers.
Vers cdto époquo R'0!Jrlra 1111e relllnrquilhie trallRfor-
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mati on dans les usages pOpUhLil'es. Les quelques dixaines
d'années qui précédèront la fin du X VO siècle furent le
moment où la langue allemande s'implanta dans la vallée
à côté de l'idiome vnlg'aire franco-romain jusqu'alors exclusivelllent employé; il su l'fit de deux générations pOlll'
faire clispara,ître ce dernier entièrement. L'importance
croissante de hL race germéLllique dans le Valais; J'influence cles,prélats allomands Snpersax, Silinen, Schinner
qui parvinrent il l'épiscopat de Sion; los relations phlS
fréquentes avec los vaJ]ées situées au-dele'\, de ln, Gommi;
enfin les hôtes 1.10111b reux arrivant chaque annéo de contrées allema,nc1os, orroctuèrellt ce changement. Oe furent
surtout des Zllricols, des Luccrnois, dos BMois et des
Bernois qui y a,fflllèl'ent et en firont penda,nt los mois
d'été leur séjour do prédiloction. Ile bcân cres Gentilshommes récomment hü,ti par le cardintLl, fnt bientôt tout,
aussi souvent dé:-Jigné sons 10 nOIH de ba'in Zuricois .
L'appil,t dll g'ail) rt,ttim aussi beaucollp cl'étmngers. D'anciens manuscrits nous ont conservé les noms d'Ulle qWLntitéde pfll'sonnos originaires do la Suisso, do l'Allemagne
et de la J1')'(1,llche-Oom1,é, exerçant ici diversos industries
et métiers, si bion qU"L ]a fla du XVI" siècle, la moitie
de la populè1,tion so com]Josa do fiLmillos émigrées, 1.andis
que les habitants primitifs s'étèLieut on p:1,1'tie rotii'os
dans la, pln,ino.
A peine Schinnol' avait-il tnl,l1sformé 10 modeste hameau alpestro en un viHag'e éléga,nt, ressomblant plutôt
il, une petite vine, a,yec de jolies l'ues et de beaLlx bll,timOl1tK, qL1'une nni1. déKastrellse vint :méaJ11.ir lès frllitH
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17 -
de quarante années d'activité. Pendant l'hiver de 1518,
une cfrroyahle ètvnlan 'ho I)'étant détitchée du 11allc de lit
1l1011Ütg'ne, l1u côté de l'e t, vint I)'ahattre sur le yillag'e
nt elllportrt tous les étitb liHHelllClltl) publics, aillHi ljU'Un
grand nombre d'ltabitittiollH particulières, jusqlle près
de l'église. Lit bello lllaison du c[trùiuill, construite en
pierre,' de titille, résista seule itU choc. Suivant BrideP),
soixilnte rt une pon;onuos perdirpllt la yie dans cette
débâcle.
Il fil]] ut se remettre il, l' œu vro et, pour cette fois, les
trrwilU){ de reconstruction èlyanCorpnt rapidement. Stulll1)f
qlli vint allX eitux el1 ] 543, troma tout bien roMti.
J/n fihwllce des étmngPl's paraît même ne s'être pas SOl1sihlolllout ralplltir iL la suite do CB désastre, car l\Ium;ter,
(lLLi écrivait l'ingt-trois i111H après l'événement, nOUH dit
qu'on tromait il peine as. rz de place pour loger to us 10 '
baig'nems.
Parvenu à, l'épiscopat do Sion, Jean Jordan (J 54:8
15(5) rendit Ulle ordonnallce dans laquelle il statua
qu'Ull "honnête chirurgien", élu parl'éyêque, devait ùomOlU'or aux B,tills. Ce prélitt réforma beltUCOllp d'abus,
lIrolllulglla di ,'ors arrêtéii dr polico ot insütll,t un Sllrvoill n,nt spécial, ('hargé do maintenir le bon orùro dans
1e'l (li \,prH établiflseJllrllts. Quel que digup fLU'PlIt construites pOUl' so présorver clos chutes de neige, mais UllO
sRrie d'années s'étnnt écolllée sans qU'iLuClln al'cillont
sériollx RO renouYI'lilt, on finit }lar les négliger. Cotte illlprdvo.l'Hllce cOÎltn chor. Yors lit fin du XVIo siè(jl<~
ot :tu
J) EHsui statistique sur le cantOll du Valais.
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�-- 18 -
commencoment du XVIIe, pendant un assez court espace
de temps, los avahmchcs atteig'niront sopt fois le villa go ;
à deux reprises les bains furent emportés; la construction
si solido du cardinal Schinner elle-même ne put résister.
Cette succession do malheurs ent des cO'lséquonces déplorables pour les bains de Loëche. Leur vogue diminua
de pIns en plus, lo courag'e dos habitants so perdit, les
routes furQnt lléglig'ées; on ne reconstruisit en fait d'hôtels ct d'établissements de bains quo co qui était tout-:lfait indisponsable, Â tons ces inconvénients vinrent s'ajOllter dos clumgements de possession et le morceHement
de la propriété. Déjà du vivant de Schinner, le tiers de
ses hions avait 'été donné ft llne nièce, qui l'apporü"L pal'
contmt de maria.go :1 G,thrirl de Werra de LoëcllO. A la,
mort du canlina l, ses deux frères Gaspard et Jean
Schinner se partagèrellt le l'este, qu'ils tmnsmÎrent à
leur tour à divers héritiers. De cette manière les parts
se dispersèrent, l'intérêt s'amoindrit et tonte initiative
devint impossihle. Néanllloins quelques essais d'amélioration furent tentés. La fmnil1e Plnschi fLt construire un
Mtel en pierres, ll"L "lVI:tison bhwche", qu'olle l)l'otégea
pal' une digue; d'autres se contentèrent d'élever des
maisons en bois.
J,os choses en éüüent là, quand tout-à-coup vint fondro
sur le village Ulle llouvelle c:ttastrophe, plus épouvantable
oncore, si possible, que les lJrécédelltes. Le 17 janvier
17~,
j1 huit houres du soir, Ulle avalanche poudreuse,
l'011Vel'Sant tout dova,nt elle, 10 détruisit presqlle en olltior.
l,e mômo jOli' troiB jOllllOB gens av,ticnt dispal'll SOllB lIll
�-
Hl
ébouli, do l1eig'o. A poine la nouvolle <lYait-ollo été counllo, qne tout 10 mOlldr s'était h:ité do se 1'endro sm 10
liou du flini '1.1'0 pOUl' tiÎcllor do lour portor flOeoUl'fl. Cn
fut ru vain ot, vors 1eR sopt houros, chacun s'nn l'dollma,
tristp1llont dans sos J'OyPI'H. Uno lwure après, lo Yillage
lui-mêmo, sauf l'égliso pt qnolqnos maison, , n'était plus
qu'un amas dl' décombrns, 10 pou do pcrsonllns qlli
éclmpP(\l'ont an fléau, iÙ1lllprossèrout, som; 1<t <1irp{·,tion
circonspecte do 1('1ll' dig'n!' pastl'lU' Jeitll Pln,'chi (ln vOllir
on aide aux malholll'pus(,s yjeiünos. Onice fI, lems oIfortN,
on panint, axoc l'nssisl nncn do gPlls accourus des localitéH
yoiHi]]ofl, 11, PI1 H1w\'el' hOIl nombrr, Malgré cela, ln chifl'rn
dos morts s'élp1'a Ù, cinqnantl'-cinq, PJl tonant compto do
coux de {'PS infortunés (jui, blessés grÎ( VOllI0111, SUCCOlllbèrent tôt ill'rlls l'accidrnt dps :llitOS do ]r>urs lésions. Co
n'est (IlL(' III huitièmo jour, ([11 'ml jeune gan;oll do sorvico fut rotrouvé dam; 1lIl(' cayo (le la 1\1ai,'on blancl!p,
dont les llllUR épais ètvniollt élé renversés jusqu'il. 1;t hautour cl Ll premior étago. On le retira. vivant dp s,t prison,
mais COllll1le j[ avait les extrémités golées il mOlU'llt 1111
hout cio peu do tempH. Plusiolllis personlles furont lancéps
11 clr graueleR distnlH'oR par la yio1ClH'13 du C'llltnlllt d'air
rapido produit par 1',l\ il1nlle]1O 01. on no retrouva Iplll's
ealla \TOS que quel(lllPR jour::; awès; 10 corps d'un enrant
l'Osta Ill(ÎlllO dans lps l1eigps JUSqU'itll printemps. Tontl's
C( ~ s <lpn~IYrR
<[ lIP I"s montagnards créüulrH cOllHld(irèrpl1t
comlllo 11110 punition (lu eiel, laisRèront uno illlprnssion
profonde dill1S Irlll' PHprii.; OH illHtittm drs .ieÎIlH's, urs
priôl'Os et on rOlldit contre l'illllllorillité drH ord()nil1~es
sévèros qui furont, dit-on, longtomps ohsonées.
l
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20-
Pour l'été suivant, on ne reconstruisü qu'un hôtel et
un bain provisoires; une itval:;tnche les emporb derechef
tous deux le 6 mars 1730. Les habitants réta,blireut peu
il, peu leurs demeures, pour la plupart itu-dessous de l'église et sur la, rivo droite de la Dalit, comme étcmt les endroits les moins oxposés. On s'en tint au strict nécossH,Ïl'e
et c'est essentiellement de cette ü'iste époque quo date
10 villag'e, tol que nous le voyons aujourd'hui, ftveC sos
rues étroites, irrég'ulières, ses maisons porchées il, l'incroyable, semblant défier toutos les règlos de J' alignement; constructions mesquines, on g'énéral, no ronfermèLllt
que des chambros ba.sses, étroites, uniq nemont accommodées aux besoins dn propriétaire et do sa fami1lo.
Pa,r bonhoul' pour la. localité, il se trouva un homme
énergiquo à qni le courag'e no fit pas défaut m~lgré
tal1t
de revors; co l'llt J~tieno
Matter de hl, vallée dos Bains.
11 M,tit do nouvoaux hôtols ot oncouragoa d'autres particuliors à suivre son exomplo. Les propriétaires des
sources s'illlposèrent aussi de lourds sacrifices. Los baigneurs roparurent bientôt en plus grand nombre, mais
do toutes pitrts s'élovaü un concert de plaintes sur le
ma,uvais état dos routes, du chomin de la Gemmi en pitl'ticu1ior, qui, depuis 1402, où la commune do LOëcholc-P ourg' ]'avait fait réparer pal' sou formier JOlLll RosettiCllono de Badon, n,Vttit été tellemont néglig'é qu'on no
pouvait plus y passer qu'au péril do sa vie.
Matter S'itssociit le bn,üli Ballot en vue de sa reconstruction; les travaux commencéos on 1 739 furent 1,01'minés en 1741. L'Etat de Borne iwaü itlloué dans ce
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21 -
but, sons certainc' réserv('s, une somme de 12,000 livres.
(J'est le pa 'sage actlH'1 sauf quelques t"LlIléliol'ations qui
ourent lieu surtout sur le rovers de la montagne. Quelqnes années plus tard, les commnnes de LOëche-losBains et de Varone firent tailler clans le roc une nouvelle chaussée rejoignant la route de Salgcscll ou de
Sierre, et se düig'eant sur Inden et les Bain en pas ant
un pen an-dessous de l'ancien Hentiel' connu sous le nom
cl' échelles de Va fone.
D'après le conseil de Matter, on éleva plnsic1ll's dignes
Oll banièros pour se llle1tl'e il, l'abri des lwalallches.
lHnlgTé ces précautions les bains Werm furent encore
anéantis en 1756, 17G7 et 1793. Dans la. premièro de
ces années quolques autres édifiees eurent le môme sort;
ln pen ion Julier, actucllemcnt démolie, re~ut
un choc
tel Cl Ile ppndant longtem}). on on put yoir la partie supérieure, construite en hois, déplacée obli(lUement 'lU' les
murs. Au C0111 IllCllCclllPnt de ce siècle, la granüe digne
située au bord de la. forôt au-de sus du village, était
dé,Ft presque détmite. Hlle rut reconstruito on1829 aux
('miR de l'Etat, des propriétaires des sources et de IlL
C01l11l111ll0, d'après les plitlls de l'ing'éniellr Venetz, ft qui
fut confiée la direction dns travaux. Le villa.ge a été
épa rg'né (lCPllis lors.
'l'ou los ét,ahl iSSPlllCJ11., ür bains ont été rehèltis (le
nOH jours ct ln plus aneien (los hôtels ne eOlllpte "1ère
quo Cl llCLral1te an cl 'existr.nne. De nombrellses ttllloliorations sc sont produites insuTlsihlolllol1t 1111 pen partout,
ut pCl1(lant les vingt-cinq dernières annérs, IJOëclw II plus
�-
22 -
progressé an point de vue d'un aménag'Oluent rationnel de
ses thermes qu'il ne l',Lv,üt faÜ précédemment en deux
Biècles. Ce développoment remarquable a eu surtout pour
point de départ l'ouverture d'lme route postale assurant
la régularité des communications entre LOëche-le-Bourg
et les Bains; route qui ne fut entièrement terminée qu'en
1851, et ponr laquelle l'Etat du Valais et les COllllllunes
ont dépen,sé plus d'un demi-million. Une promenade
agréable a été établie ùe la place St-Laurent jusqu'à la
lisière ùe la forêt dans la direction du sud-est, DeB sentiers praticables courent vers différents points ue l'horizon; l'un deux accessible aux bêtes de SOlllllle relllonte
jnsq Ll'au col de Torreut.
De 1863 à 1866 fut érigée une nou veUe égliHe dans
le style hyz,Lntin, bquelle attend encore une partie de
son ornementation intérieu l'O. Enfin l'année 1869 a été
signalée par]a création d'Ull hôpital dostiné aux malades
p,LUvres dont l'état exig'o l'emploi des bains; les l'mis (le
cetto construction ont été con verts par les lLlllllôlles Jos
baigneurs.
Quoique nombre d'améliorations utiles doivent sans
cIouto se réalisor oncore avec le temps, on ne peut nier
que des travaux Gonsidémblcs n'aient déjü été exéclltés
à divers points de vue, sllrtout si 1'011 tient COHl]}te dos
dél)enSes imposéol:! péLr Illl ontretien cOlltenx, ta,nt dCB
rontes que des itlllllellhlos, dans uno contrée où les ltiverB
sont longs et rig'ouroux.
Puisse l'avenir réserver it llotre station thernmle lino
ère de prospérité ct de vog'ne crOiSStLlltos, ct répolldre
�-
23 -
par h\ à toutes les csp6rantos lég'itime' llnxqunllns ont
droit l'Etat, los communes ci los pmticulil'rs, on retour
do leurs nombreux sacrifices!
SCIIl\lID, curé.
VOIES DE COl\DIUNICATION.
Deux routes principales cundllisent aux baiml de
LOiiche; l'une vcuant do GOJlèYO sc dirige par 10 Valais
hUJ' le Simplon en tOllchant l-lOëchc-Ic-Bourg ou Vn,rone,
1'n,utre pa.rlant ùe Berno, Imsse pa,l' TllOllne, Frntigon,
lÜtlldorsteg et la Gemllli. Quoique d'aspect bicn dill'éront,
elles ont tontes doux lcurs charmcs. Si lé passag'o do la
Gmllllli ost plus fatig·an1., le Yorag'our est richomcnt récomppnsé de ses pei nos par la variété des :-lites majc 'tuellx
qu'il rencontre et (lui semblont continuclloment se SUl'plLsser: si hL route postale oIl're un panoramn. 1)1ns limité,
clle le racllète plLl' la divonlité non moins gmnde des
points do yue d'Ilne nature tiwtôt agreste, tantôt sauvage. - Oho% nOliS, COllllllO presque partout lLillounl, les
'hoillins éta.ient autrefois dam; un état de complot n.handOl]. Ue n'était qu'ù, piod, à choval ou en chaiso li portp Ul'::; , qu'on pouvH,it parvonir 'LUX Bains, et souvcnt au
prix do dangcrs, ou ail détrimont d'uno santé déj<'t COlllpromise par la llHtladio. Aussi quo d'ohsorvatiolls ot dc
plnintes fondées ll'entendnit-on lJas répéter il. ehaquo
sai::;ol1 Sllr l'ét,11. dc co::; chemins, qui, réellemont défoc-
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24-
tneux ]e parurent encore davantage après les améliorations Cl llO les dernières années avaient apportées de tous
côtés aux voies de communicatioll. Enfin les Conseils du
canton du Valais, poussés pal' la force des choses, décrétèront la construction cl 'une route carossable de Loëchole-Bourg aux Ba,ins. Ces travaux commencés en 1843
fment à pou près terminés Oll 1850, et le 24 Jilin de
cette même année on en inaug'l1l'a solennellement l' ouverture. Les résultats répondirent bientôt ~ l'attente que
chacun s'en était faite . Nos thermes subirent on pOll
(l'années une transformation complète; lem fréquentation
augmenta rapidement ,LU point d'exiger J'établissemellL
de !l0uve,l,ux hôtels et de nouveaux lmins. Il fnt répomlu
à ces besoins par les plus ample;; sacrifices; propriétaires
et pètrticuliers rivalisèrent de zèle avec les a,utorités locales pour sa,tisfaire aux justes exigellces du public.
Un simple voyag'e allx ba,ins de Loëche est déjù, suffisamment récompensé pal' le seul agrément qn'il procure.
Au touriste qui part de Genève s'offre la meilleure occasion de visiter les rives magnifiques dn Léman et il'admirer les endroits classiques du canton de Vaud qni ril,ppe1lent les souvenirs de nombreuses céléb!'ités, enLro autres
de J. J. Rousseau, de M'no de Staël, de Gibbon, de Jjord
Byron, do Matth i. son, etc.
A. l'entrée du Valais est situé SqVlalll'ice, ,tI'ec l'ahbaye
la, plus ancienno qlli ait (visté en deç;), des Alpes, 011l'on
conserve cles reliques remontant aux premiers siècleR de
l'ère chrétienne. U'est ici qu'ellt lien le IIla,rtyre de la,
lég'ion tlléba.ine; c'est ici Cl Lle Sigismond, le gmlld roi cles
�-
25 -
Bonrguig'uon , élut son dOlllicilr; tout prps se trouvo ln,
grotte dcs fées, Ulle des plllH intéreSSltlltrs de la. Suisse;
plus loin, SUl' lil, route de Ma.l'tig'Il)', on admiro ln. fa,lllcuse
Cêlscn.de de Pissevn.che, formée par ln. chute üe Irl SalèLllche,
et la, gorge rel1lluqllêlhJe du Trient. A Sion, villo ùe
3000 ümes, chor-lieu cantonal, on jouit des hauteurs
occnpérs pal' le' lLllciem; cMtcnux de Valérie ot do Tourhillon, d'uno V11P très-é1.clltlur sur la vallée du Hhône pt
Slll' les deux chilîlles de montagne. qui la bordent. Pour
10 moment, la dernière l'lin tion do chemin de for est Sierre;
Oll Y nmcontre deux foiH pal' jour cles oJl1nihus et etU ])psoin des voitures de louage pour les Bains. Le chemin
qui conduit de Siene par Snlg'esch ou SaJquenen et Val'one lt 1ndon o(l're au piéton une promenade agréable
tandis liue les équipag'ns sui l'l'ut la grande route qlli long'e
la l'ilre gauche du Jlome et trill'('l'SP ln. forêt monotolle
Ile ]'ing'e.' ponr remonter en uiLe en contournant vers
JJoi\clte-le-Boul'g'. Uette l'outo n'est COpel1lhlut pa dénuée
d'intérêt. lJo 10is de Fing'eH est célèbre clans l'histoire
du pay par la l'ésistallGn héroïqup qu'environ 00 calllpag'na.l'ds clu Haut- Va1<tis opposèrent en 1799 pendant
six somaine, ft lllie cololllle fmn(
~ ilHe.
Cpllp-ci aprèH (l,voir
perdu hoancollp de monde, l'oyant l'emploi de la force
illutile, n'out d'nutre rossource qne de l'pcourir il. nn
stratag'Plllo po nI' forcpl' cetto po~it]l.
11 C1Htrgelllont
d'en u-de-vie ahandollué COlllllIO par il ccidOllt pendant IlllfJ
feinte atta(juP fut cansn do la perte des \Talaifialls. As:-millis le londl'llutÏn avant 10 jour, ils f'nrent surprÎfl endormis dans 10u1' camp ct horriblement lllitssa.crés. A la
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26 -
SOliste est un hôtel très-confortable, de construction
récente où l'on trouve des véhicules à sa disposition
pOUl' remonter la vallée des Bains. D'ici la route
regagne la rive droite du Rhône, que l'on traverse
sur un pont de bois couvert, puis elle s'élève en légers
zigzag's vers LOëche-le-Bourg. Au sortir de cette localité, elle fait un énorme contour du côté de l'est pour
arriver par une pento modérée à la hauteur de la chapelle
de Ste-Barbe et s'engager ensuite en tournant brusquement au nord dftns les gorg'es de la DaIa. Un marcheur
do moyenne forco peut mccolU'cir cette étape un peu
Ol1uuyeuse ct faire le trajet en une demi-heure en suivant l'ancien chomin, surtout si avant de qllitter le bourg'
do Loëche, il a cu soin de faire honnolll' à 1ft bonne consommation de l'hôtel do la Uouronno. De la hauteur do
Ste-Barbe on jouit d'une des plus belles vues de tout 10
parcours. An sud et à l'ouest s' étend la plaino du Rhôno
jusqu'à lVIartig'ny avec les deux chaînes do montag'nes
qui l'ensenent. Vers le nord s'ou vro la vallée des B~tins;
au-dessus de soi, so d~sine
assis SUl' lm promontoire de
verdure le potit villago d'Inden avec son égliso aux murs
blctl1chis; à gauche s'élève perpendicul:"LÏroll10nt l'énormo
paroi de rochers dans laquelle apparaît commo un long
feston le cbemin de Varone il, Inden, que surplombo l'ancien sentier des échelles de Varone piLr où un détachemont de lIftllts-Valaisans grimpa sur les hauteurs, en
17 \) \), pOIll' venü' surprendre un poste fntuçais occupant
le villftg'e; à droite on découvre bi811tôt Albinen, remarquablement perché sur une pente rapide, et dont les
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27 -
maisons en hois de léè~c
noirci par le tomps sont d'un
efl'et pittoi'etlquo. Enfin, dan~
le fond s',tporçoit <l, travors
lluelquos mms hmncllfLg'es le nouveau pont dont les dmlx
arcoaux rojoig'uout les bords du g'oufl're aIL fond duquel
la DaIa ronlo ou grondant bOS caux éculllantes, et q.li
mérite l'attention p3,r la Imnliessc do son pl<tn COJllIllO
}Jar le fini de son exécution.
Du pont do la DaIa ln routo monte sur la droito üu
torront se déroulant Il]] nomhreux replis superposés pour
attoindre 10 platoau d'Illd<,u; llll sontior rapide p,Lrtant
du môme point penllot do fairo co trajet en Hue dixaino
do minutes, Arri\'é là, 10 Yoyngour qui vient do quitter
l'atlllosphère vaporeuse de la plaine, rc~pio
ltVOC délices
l'air l'mil:) ot pur de ht montagne on attpnd,tnt qu'il lui
.'oit dOllué dos rtVOLU'('l' 1111 Ye1'1'O de yin <ln pays, d'excl'llollto
flualité, qui tlO üéhito d,ws les rel:)taurants dn village.
Quoi(lue hl l'no soit HII pen limitéo par les hauteurs
avoisi nantes, los prairies, les forMs, le pentes abruptes
au
garnies çiL et 1;\ d'ull hOUf[llOt d'épicéas cralponé~
roc n'en ofl'rcut pas Illoins un COll]> d'œil ravissant. l\lais
ce flui contribue sUl'Lont au Illaintioll de la bonne hUlllour
c'eHt 10 Sf'ntilllollt consolant qllO l'on a dorri 1'0 soi Ja
pa,rtio pénible de la route et quo l'on parrien(lra HU tel'mo
dl' son voyago en uno 1l1'u rc sans dal1g'er ni f'atig'uo; car
il, partir d'lutlon hL dWlltlHéo n'a qll'UllC inclinaison il.'SO!!'
f'aiblc, les \'oiturjoni ln, remontallt 8n lllajeure partie au
petit trot de lour choval.
Los \'O'yag'ours vena nt cl '!ta lio par 10 Simplon rrlüchont
og',1loillont il, hL SOllsLr, aln'ès avoir traversé IOI:l districts
�-
28-
de Brig'ue, de Viège et de Rltrvgne; une belle cascade
se voit dans ce dernier près de Tourtemagne. Si les yœnx
et les espérances du peuple valaisan se réalisent, Ilt voie
ferrée atteindra Brigue en peu d'années, ce qui facilitera
les abords des Bains an point qu'on pourra y arriver soit
de Lyon, soit de Milan en un seul jour.
La nouvelle route de la Furca présente à nos Confédérés de la Suisse orientale une voie aussi commode
que variée 'pour se rendre à LOëche. L'aspect du glacier
du Rhône, abstraction faite de mainte autre partie inté-,
rossltnte, offrirait il, lui seul une compensation plus que
suffisante aux incollYénients ot au surcroît de dépenses
occasionés par un voyage dans les montltgnes, A partir
de Lucerne lo tmjet se fltÎt facilement en cleux joms; on
s'instltlle ,'ur un dos hateltux il, vapeur qui suivent los
contours sinueux du lac des Quatro-Cltntons d,ms le seus
de Slt long'uem jusqu'à Fluelon; on remonte ensuite on
dilig'ence 10 cours accidenté de la Reuss pOUl' atteindre
Andermatt et la Furca d'où on rejoint Brigue et la route
du Simplon par la vallée de Conches.
De Bâle on est rapidelllent tmnsporté pltl' chOlnin de
for à Berne et à Thoune; d'ici pa,rt lme honne route conduisa,nt par Frutigen et la vallée romantiquo de la Kan der
jusqu'au pied de la Geml1l i. Kltnder, teg', dernière localité
accessible aux voitures, possède t.rois bons hôtels où l'on
pent se procurer des chevaux, des guides et les provisions néc~saire
pour une tourncie de montagne. Apres
avoir traversé la rivière, qu'on la,isso à gaucho, le chemin nouvelloment restltll1'é gravit on sorpentant les hau-
�-
29 -
teurs boisées qui vont s'échelonnant du côté du sud. Au
bout d'une heure et demie environ d'ascension rapide, on
al'l'ive au bord d'un escn,rpement d'où l'on jouit il, travers
les arbres de la forût d'uue échn,ppée magnifique SUl' la
vallée sau l'age et presque déserte de Gastern . Dans son
fond s'aperçQit le lit sinueux de la Kander, au milieu
d'un amas énorme de débris arrachés aux fhtncs des
sommités voisines; puis on côtoie une gorge affreuse de
laquelle s'échappe en bondissant un cles nombreux affluents
de cette rivière. Bientôt on a franchi l'entrée du défilé,
ct la scène change. Une plaine verdoyante parsemée de
chalets alpestres vient réjouir la vue. Sur ces g'azons
paissent de nombreux troupeaux de bœufs ct de vaches
ètu larg'e front; la chèvre gTimpe sur les pentes voisines
pour y chercher les herbes les pl~S
succulentes. Des
femmes, des enfants reg'ardent le voyag'eur avec curiosité
et s'apprètent au moir;dre sig'ne à lui présenter une boisson rafraîchissante. Nous sommes arrivés à l'alpe de
Spitalmatte, où des pâtres valaisans ont fixé leur' séjour
d'été. A notre gauche s'élève la cime de l'Altels, couverte de neiges et de glaciers; à droite une paroi de
rochers arides domine l'auberg'e de Schwarenbach qui va
surg'ir tout-à-coup au contour du chemin après une légère montée. Sous co toit de modeste apparence, le voyageur dont l'appétit a été stimulé par la fatigue et par
l'ail' vif de la montagne, troU\Te amplement de quoi sc reconforter. Le vin généreux du Valais, qui conserve son
ardeur môme au milieu des frimats, lui fera bien vite
oublier les petits accidents éventuels de la route et l'in-
�30 -
vitera à braver de nouvelles aventures. Quelques chambres à coucher se trouvent ici à la disposition des touristes attardés.
Après avoir quitté Schwarenbach, on suit pendant une
petite demi-lleure une pente peu raide iL tnwers un dédale de débris de rocs; on arrive ainsi au Daubonsée,
petit lac de montagne, l'onné pftr les eftux du glacier
de Lœmmern, et q ni se distiug'ue pll,r deux pfLrticlllarités. MalgTé l'énorme quantité d'cau qu'il reçoit à l'époque de la fonte deR neiges il n'a aucune issue apparente; son trop ploin se déverse par dos canaux souterrn,ins dll,llS ht vallée il, une lieuo de liL; en outro il n'a
qu'uno existonco momentanéo; vers la fin de l'automno
et pendant l'hivor s(\n fond est mis à soc faute d'alimenpl'intollll)S suivant qu'il so fo1'1no
tation; ce n'est qu'~
à nouveau.
Le sontior côtoie en montant très-insensiblement la
rive orientale de ce la,c à l'aBpect triste ot sombre et 1'011
a bien vite atteint let ]lauteur do Danbon qui ost ]e point
le plus élevé dll passftge romarquable de la Gemmi. Par
un tomps propice on jouit d'uno vuo splendido sur les
montag'nes. Les deux clutînos des Alpes, du Mont-Blanc
jusqu'aux confi.ns du Tessin et dos Grisons, avec lems
aiguiJ]es innombrables, S'01I'1'01]t mftjestneusolllellt a.llX
regards; - spoctacle nouveau pour ]'lutbitant do la
plaine, qui révolo mioux qU'ltuCUn antre la toute-pu;sSll,llCe clu Crén,tel1l' et en présenco dmplol l'homme OL'g'uoi ll eux SOllt sa petitosHO pellt-être ]JOUl' ltt premièro
fois . Combien n'est-on pas richement récompensé do sos
�-
/
31 -
peines et de ses fatigues! Le cœur bondit, le sang
bouillonne dans les veines; sur ces libres hautenrs l'esprit secoue la poussière terrestre et s'élève au-dessus de
toutes les vaines préoccupations de la vie jourmtlièro.
Le regard dég'agé plonge d,"tns l'immonsité; ]'l'LJlle ntvin
s'épanouit et reste confondue dans un sentiment d'admiration en face de cette Jlatllre gTandiose, de ces montag'nes colossales dont la solitude est à peine troublée
par les pas furtifs du chmnois on les battements d'aîlos
rapides du vautonr ég'aré. Ici, tout semble éternel cOlllme
l'haleine divine qui nous environne, comme les neiges
dont resplendissent les cimes, comme les glaciers qui
s'attachent à leurs flancs . Quelques plantes rabougries
se cramponnant aux anfra,ctuosit6s du roc, sont les seuls
êtres qui rappellent l'existence éphémère, au milieu de
ces rég'ions uniques, où le mouvement n'est vjsible que
dans les nuages et où le s,ilonce n'est interrompu que par
10 mugissement des autans.
Un coup-d'œil jeté dans la profondeur nous dévoile
un tableau non moins surprenant mais plus suave. Le
fond de la vallée avec sos prairies émaillées bordées de
rochers sombres, avec sos hôtels élégants, évoquant p1Ll'
leur architecture les souvenirs de la ville et faisant contl'aste avec les chalets noircis qu'habitent les montagnards; les divers sig'nes de la vie active, les promenades
animées, les doux accords de la musique qu'une boufi'éo
d'air chaud apporte par intervalles à notre Ol'eille, les
chants vénérables de liberté d'un peuple primitif; tout
cela produit une impression profonde, un efi'et vivifiant
sur les sens et l'imagination.
�-
32 -
Âu bord extrême du platea,u s'élève une hutte en
pierres qui sert de refuge au voyageur surpris par l'orage.
De là, le sentier construit en 1736 et sensiblement
a,mélioré depuis, déroule on serpentant ses internüna,bles
replis autour des srLillies ou .suivrmt les dépressions de
la paroi rocheuse presque perpendiculaire. Aux endroits
les plus dangereux ont été élevés des murs de soutènement o.u cles blLlTières en bois, de sorte qu'avec un
pen de précaution on ne court aucun risque. Parvenu au
pied de la, lllontn,gne, le sentier se dirige il. travers Ull
éboulis de gravier amoncelé vers un bois de mélèzes d'où
l'on parvient bientôt à LOëche-les-Bains après lI11e courte
promenade an III il ieu dos p1îttll'ages et des prairies. l .. es
lmigneurs profitent souvent de leurs moments de loisir
pour faire cette course à la Gemmi, ou IJousser même
jusqu'à, Schwarenbach. DLl haut de la Dauben le retolU"
peut s'eIl'ectuer en une petite 11eure. Parmi les excun'lions
à faire depuis les Bains, c'est une de celles qui procurent
]e plus de jouissances.
LES SOURCES.
Loëche compte plus de vingt sources thermales qui
ja,illissent de terre ùans un espa,ce assoz rossorré. La
plus abondante est colle de St-Laurent sur ltt placo du
villag'e; elle ,tlimento une fontaine cL l'usage cles 1)01"sonnes qui hoivent les eaux et fournit en outre 'L la consommation de plusieurs établissements do bains. D'après
�10 cnlcu] de 1\Ir. Morin, ollo no livrorni1. pns moins de
six lllillions (10 ]Hl'oS d'cali en 24- houros, l'oit () pOll près
:30 jitrm; fi. la socol1(le. ~i , telll]1I)]'n,turo H'élèro il, 4()O, 8
néil Ullml'.
Qllolquos toiRPs pl1lH itu nord est la som 'ce d'Or; elle
iL roçu flOll nom (10 1il pro]}riété CI Il' elle IJORsèdl' do dôpOspr il. ]a Slll'filf'P dos Il/étallx hhllcs quo l'oll y plong'e
pendilltt quarante-huit houJ'f'::l 011 plm" une couche r]'oxyde
de fI'l' qlli IOllr donne 111](> couleur jfLUllO. Uettc proprir\tr
os1 il Il restt-' COmll11l1l0 li tOlll.!'s les sourccs, qlloiquo prlltêtm ;), llll degré moindre.
A dOllx crni.s pn::l nlI-dOSSlIS dll village, dm}s ln pmirie, ::le voit 11n petit résonoir protégé par lm l'illlpl() abri
on p]ilnelteR, c'est la, somee clu b((ù? de Pieds qui Jl'ai
qll'ulle 1pll1po]'(l,Illl'c do ;)] (J, ..j, R. Elle est spéciillemrnt
d('s1.inéo aux prrsollnes nti.('intos d'ulcères ÎllHltérés dos
rxtnilllit6s inférielll'(IS, atl'eetion contro laquelle CLS bains
sont généralelllflllt (1JllployéR ~l\'eC
sllccès.
Un pen plus <'l, l'ost jailJiRsent trois autroR flOUl'Cf'S;
olleN étaient jadiR utilisées par le bain ries Pauvres qui
s'élorait dans leur \'oisinîlgn ct (lll'On a fLussi désig'llé
HOllS 10 llom do bain des Lé})J'ftt:nt eallHO do l'emploi qu'nn
('a isaient lrs pnl'::lOllllCS HUj ettct4 ' ct crrtaines l1lfl,laflics dé!(où1nntl's ür la peall; il il. dispa,ru maintonant. Ces
SOIll'enH sont il,ujo1l1'd 'hui réllnics dans llU mêlllc résorvoir li li i al i mente plusieul'S étahlissCll}OlltH. LoUl' tempéra,1.1Il'B co III III 1III 0 CRt de :37°, -1: R.
PluH loin dll côté dn non!-nst vers ln. Dn.ln, SR tl'OU\'ait, illltr(l('oiH le {)(ûn (lfS ((ué)'i,qons ~tlien(,1
pit!' 11lLO
3
�-
34- --
douzaine de petites sources qui n'avaient qu'une faible
température lloit qll'elles llC mélangeassent ftvOC (le J'eau
froide, solt qn' olles rest;lssent trop 10ng't0lllps expolléell
li, l'air avant qu'oll püt les recueillir. Ce hnin H, été détruit plusieurs fois pa.r les avalanches et longtemps ::;(-)::;
oaux s'écoulèrent sa,ns Olllploi dans le torrent. En 184-0
elles furent Gllfln rassellll)lées; par ]' enlèvcllJOnt Il' 1111
monticule 911 dé(joll\1'it lenr ruino (jOlllllume tlui présel1t.e
uue tempéra,tnrl' de 4:0° R. hl souœc du bain de::; GuériSOllll est maintcnant (jollduite dam, drs tll'yiI,IIX 0\1 bois
,LU bain de l'hôtel clcs Alpes.
A.u-clessolls <lu yillage t.out près de Ja, L'ollt.e H(' trouvc
\cL source dite Boosgulle. ( ~ n n' étai1 èLutrefois (lll' \1\1 mi lice
filet d'eau, mais depni, ' ([Holques <lnnées SUll vohl\llp ,L
tollel1lent êtug'lllOnté qu'clip eOJlljlte a,ujourd']lIIi parllli tes
plus abolldantes. fllloiq 110 hn bituellel1lont trollbles sos
caux pourmient être utilisée::; ell leur fiLümnt tl'i1,vol'ser
un grand réservoir Oll 01105 déposeraionL leur llédiment
pour le Cê"tS où le nomhre dos hiLigneurs tondrait à, ll':tCt;l'o1tre encore.
Plusieurs autres petites sources \Tiennent sourdre ;\ la
surface du sol on diO'éront.s endroits, ontre aut.res a.udossus du villng'o ÜèLlIS le \'oisinag·e de la naJa. J,a plupart sc mélangeant iwec de l'eau froide n'ollt qu'ulle
fn.ible tempéntture uU bien olleR so trouvuut dans dt)H
ondl'oits olt eUBs 110 pourraient êlre re(jueillios quo diffieilellLent ot avc(j dl' g-rand::; l'I'H,is. UOIIIIIIO jusqu'il présent
110S établisselllents n'oui. pa.s lllanqnô d'oau, on Il':L pns
(jherché à tirer pn,rti de (jes H()lI]'
~ es Cil géllérnl pon i 111pOl'tanLl'S pt a,sseil éluigllét's.
�-
:33 -
L'EAU TIIER:.\L\.LK
Lef3 suurces therma.les <lo Tjoëche out tuntOf3 t'L ]leu l'1'I1S
les luêmos l)rol!J'iétés pll}'sj(lUes et chilllülueH; pllf's Ile
ùilIèmmt guèro qun llitr lem nbondnncc ct p,u leur température. Il ost proba.ble qu'orig'ina.irelllcllt cllps ont
toutes le mômo point do dôpart, et cOllséqnemmf'llt lit
môme COlllpositiou, Je mêllle degré de chnle11l', ete.
(1,) Propr'iétés physiques.
L'au thermalo est ImlJituolleI11ont cln,Ï ro ot tl'[Ll1spnronto COllllllO l'o,tu do Containo la pIns pure. A cliil'él'entos
époques do l'îLlll,léo, pi1l'ticulièl'oltlE'nt nll printemps Dt en
antolllllC, el10 so troublo U11 pen et dépOHfl un sédimont
grisiltre. 00 phénolllèllil Ile dure (1' onlilliLi 1'0 (Ill 'un ou
clellx jours ponchtnt lOSlluols l'nsag'c illterno dm; n:wx nst
soul suspel1dn; sui 1',"Lllt tOlltc nppal'enco, il ost dlL ,ML mr3Inllgo de p,"Ll'tics terrouSOf3 armchées alLX parois deI) conduits soutermins; on ['observe surtout au 1l10lllOllt ([e h"L
fonto des llrig'l's on après des l)]Llies n,bol1(lit,lJtos.
LfLisse-1.-o11 l'eau oxposée i"tll contact do l'atllloRphère
pendant qllelqne tOlIlJ)S, olle forllle un dépôt rouillé par
la tmnsformnJtiol1 du carbonate ferreux qu'elle contient
en sel ferrique sous l'inflllence de l'oxyg'ène do l'nir. De
lit vient "la dornro(( des monnaies d'arg'ont dont nOllS
avons déjiL fait Illention .
L'eau do 1oëcho prise li la source ost tout il, fnit inodore; co n'ost qU( lorsqu'ollo l'este longtemps stag'nante
ou après qu'olle n. servi ft l'usage cles ba.ins qu'ello COII-
�-
3G -
ira,de l'odeur de l'hydrog'ène sulfuré par imite de la décOlllposition de ses principps fixes . 'l'ont d',l,bord elle a
sur hl, p~an
uu effet analogue 11 celui que produirait nne
e:m savonneuse, mais par son nsag'e répété l'é1,illel'llle
devient sec et rude, ce gui ('st clft ])robablellient à l'action
Ilu snlfn,te de Ch[tllX qu'elle renferme cn proportion notahle. I.~li,t
iL son g'oùt, Ips opinions diffèrent; les uns
Ini trouvent ql~e
choso de métallique, d'a,utres la
jugent légèrement :tlllère, selon d'autres enfin, elle serait
tant soit pell salée. Il en résulte qu'ici connne i1111elll'S le
sens du g'oût est capricieux; ce qn 'il y a de plus certain,
c'est que J'eau de I.Joëche diffère pen sons ce rapport de
l' oa,n chaude ordillihÎl'e.
Du reste les prOlJl'iétés physig lles des eaux tl1el'mnJes
de Loëc]1C se conselTent idcntiq Iles di1l1S tOlites les circonstances, ct, ahstraction faite de l'état de trouble susmentionné, elle' ne snbissent ancnnc variation.
h) P1'opriétés chimiques.
A une épqgue où la ehiltlle était encore dans l'enfallce,
on èl,yait cm reconnaître chl,ns les elLlIX de IJoëehe hL préSCllce dn cuivre, de ]'01' et dll .. oufre. Je passerai sous
si lence ces anciens essais, iLi Ilsi que les résultats déjà
hi en prél'érablos obtonus IHtl' MM. Morel et Payell. J'en
[erai cio même dOB tmvéLlix plus récents de Mi\l. Brunuor
et Pag'ollstechor COll1llle de CCliX de M. de lï1 011enberg,
pour m'en tenir uniquement iL l'analyse que M. Pyrmne
Morin, SiLYant chimiBte de Genèvo, fi.t à Loücho en 1844,
do la ll]'illcipHle sOllrco; c'est la clel'llièl'c et lit ])lus COlll-
�•
-
:37 -
pJèip qnc JlOHR pOS:-lédoll . .1) IJe iahlPHll SUi"Hut
ce tmva,il rClllitrqllahl('.
réSlllllp
T.LI.. DL E.tllJ
J)EH
COXTEXl 'S U.\XS I,noo HlLUU1ES J)'EAl ' liE L.\
Plt~eJI'E.·
SOUWE S'f.-L.\t:REX'I', rl'aprè"
~I.
MOIwr 11311.
Corps gazeux.
A cille cal'holliq\1c. . . . .
Oxygène . .. . . . . . .
A~oLe
. . . . . . . . .. ,
. 0,004 7 ~,38!10
cm. c.
. 0,0015 1,0545
. , 0,014511,!)l80
Substances fixes.
Sulfate Llc
de
de
de
" de
Carhonatc
chaux . .
magnésie
HotHlr . .
potasi:lI' .
troll ialle
Ile prot,oxyde l1e fer
de magnésie.
"
de chaux. .
Chlorure Ile poLa ~iul1
Silice . . .
Alumine .
Phosphate
,\ ZOLêLLc • . • •
1,5200
0,:3084
0,5~
0.0386
0,0048
0,0103
o,oonü
0,0053
0,0065
0,0360
traces.
trares.
traces.
Rel a1\lllloniaqlle
.
traces.
Glairine. . . . . . . . . . . . . ' 1quantité iJl(~ter1é
Total approximatif 2,0104
~-,
') Ellr cst l'l'prodllitl' tOllt :III loug !la1~
la Jloticr dll Ductcnr
Ol'iliPl d(\jil citép. l\l. MOI"ill He l'p'lflit '"1(' drrnih'c li,iH ItIIX BaillH
('II 18HI (lnllH Ir bllt dr' hlirr' dp 1I01l\,pll('R r('hl~
~ 'Il la rom !loHilioll dr II0H l'IIlIX, mai H ~I' Hl'lltl1llt déj:'l indi ApOH("!, il (llit R'rll
1'CtOIl],)lI'l' :', (1PllI; , (' (li, jl ~1I('OnthH
hi ntôt il SI\. IlIaladie,
�-
38 -
Cettl\ allalyse étahlit péroJllptoirement 10 f",it 'IllP I(1S
UiLllX de Loëchr. contipilnent de ln, glail'ine, slIbHLance
mucilagineuse, (lll i jnsq II 'ici n,vn,it passé infl,pel'çllo. !Jo
fer s'y trouve aussi en (l'Iilntité plus notable qll'il )l'n,v,tit
été admis précédemment. Cela nous donnerait la .misoll
de Inur ~fet
tonique i~vantègels
cOntiLaté clans bOll
nombre de maladies.
Dos recherches llltériellros do M. Morin ont égètl III 110111,
démontré dam; nos eilllX ln, jlrésence de l'iodB, dé.ih Higllètlé
par 1\1. de ]~olenbrg';
Inur efficacité di~J1S
(,olltes los n,f'fecLions lymphatiq lies :Lroll l'Brait ainsi SOIl ( ~x pl iCittioll.
DeplliR quelqllPs :t1Inées on soup~nle
(jn'olleH renferlllont en outre de l'rtrsollic, du Illoins C'08t co ll11i SOlllbln
résulter d'l111 tmva.il pul))ié piL]' M. le 1F J.-lj'. P"'YI'II
dam; la Gazette (les IIüpitn,llx, an11éo 1 f-)35, p. :3:3;);
\'oici en sllhstil,llce ce qu'il mpportr. lI. ce sujot: .,(lOllllIH\
à l'occnsion do reeho)'(ihos slir I(\s nanx (lo St-Ool'nLis el1
Savoie dont los résultat,s Cure Il t, ont.ièroillont nég'è~ti
rH,
j'avais égn,lelllollt exa.mill " Sèl,J1f:l IJluH do SILecès si colles
do JJoëcho ClI contena.ient, .in jJOI1Hili qu'i 1 était (jOll VBllabl('
d'opérer de IllÔIlHl HUl' IOR hOHeR, dépôts nt résiclus qu'ollos
forment <l, l'n,il' lil1)'(' dilllH ]PH conduits ouvorts qui les
tmnsporteilt. ~I. J .-B. Ouhlilll(j, de la, plH~r1acio
(jolltra Ir,
melllhre C01'l'osponcln.llt clr 1' .\c(L(lémie dl' lIlédecine di!
Paris, 1111 i èLVlti1. tlé.iiÎ. allal.vstJ, Ha,l1S j' hOIIl/('r cil' l'lll'1Wll il'
l'oall do JJoëeliB rédlli10 do dix litros ~L lIl1 dOllti-litro.
voulut bion encore OXILlllil1pr ln (lépüt 1)(,t; 'Illll jo eOllS()),mis depuis (luclquos allllépi'l. f1etto l'ois )1. Ulllilallc iL
trouvé do l'arsenic; et ,\ c,tllSO dn 1<L cont)'adi(~1.
(lUO
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39 -
rotte décon l'orto étahlissa,it avec l'<tlHtlysO de l' oan silllpln1Il01lt concontrée, il a plusieurs rois répété ses expériences
ot ~t constamment obtenu le même produit. On pent donc
a,J'firmer clol'él1i1,Vètnt que l'm11l (le IJoëehe cOlltirmt de l'arsenic etc."
QuoiquB co:-; rochBrches méritent Ollcore conJirmation
pour ce qui Ille coucernr, je !lB sorais nnllBlllcnt étonné
qu'il en mt ainsi, en voyant leH effets .'urprenants de nos
(I,tux clans tontes los affections de la peau, organe sur
Inquel, on 10 sèl,it, l'ru:-;ollic il,g'it comme puis, (tnt moLlificatenr.
M. ]e ]Jl'oL Bunsen do Heitlolberg eut l'ohligeance il
.Y il. deux ltUH, clp lII',walysor lOO litres d'eau lllinérale
rédllits il, R litres par l'érapomtiou. D',tprès la lettro
'1 n'il Hl(' fit l'hollllOHJ" de m'écrire à ce sujet, los thennes
do Loëche 111' t:ontimll1cnt pat> tmce de rubidium, <le
CiOHiUlIl, cln ihnllillnl ni do bore, œ qui est assoz: SUl"J)l'on,ll1t; ces snhstftnCOB SB troll l'a nt chtns lit pl upart des
BaUX thermaloD de l'A Ilemagllo. Sni vn.nt le même chimiBte,
l'absence de eeH corps semit 1lll de leurs caractèros clistinetifs et COltrihe~
:\ Oll fn,ire une mtégorie tout à,
fait i':l]lécin]p. Quallt nll resto 1eR résultats de cette
ilnnlytlo cOllcor{\Pllt nso~
,lYec cons obtonlls P,1l" 1\'1. Morin.
Un 1101lYOaU trilvr1,il iLIH11ytique Slll' nos sources devait
s'efl'oc1.uer pendant le coun1.nt de l'ètnnée dernière, il a
dît être rp]lvoyé iL MUSO dos éVÜl1fllllonts mnJheureux qui
ont ollsi1ng'Ia,I1iü Ic~ Dol clp l'Elll"opH. Ue tra\"til Vèl êtm
repriK iLUSBitôt cl l10 les C".ircoIIHt.allCOS 10 permottront, et
les ni:mlti1,tH e11 :-;eront pnblié dlLilS un supplément,
�-
40 -
LOëche possède iLctnellelllPllt Cln(l étahl1ssoments de
bains: le biLin Neuf, le bain Wel'l'èt, 10 hnin de l'hôtel
des A.l]Jes, le bain ValitÏi:mn et le bain Zuricois (l'Ii 8~t
aujourd'hui réservé iLUX lllahtdBs pau\T!îS et t:lClt elll11êmo
tellips à l'aPl)licatiOlI <les ventouses.
1. Ile vain Neuf' ou Grand vai'n est situé ,'1 gaudlc ct
ft l'entréc dB la promemtde. SiL f'iH,i'Lde ofl'l'e Ull vaste péristyle omo de colonnades; il possède un réservoir ~O\l
vert. A. l'intérieur se voient deux gl'ands hassins destillés
aux. bains COlllmL1nS; ils sont surmontés de deux tourel~
qui servent au dég'agemont do la vapeur (l'eall eL des
élllitllatioJ1s giLZ:Lluses. Cot édifice nssez: gTiLllllioHO rOnrOnllO
cn outre phlsieun; chamhres de L,Li m; ,W8C des piscines
plus ou Illoins sp,LeieLLsos pOlir familles, iLinsi (PLO nombro
de ('(trJ'és piuticuliers. UhiLq Ile piscino a son "estiaire
llIuni d'un iLPlJèLl'cil de chaull'iLge, los gmncl(ls en ont mêmo
plusioul's. Des robinets en laiton OlL abolltiHSt'llt Jos cOJ\duits 1'ournif;sollt l'eau néCeSi'iilirc soit pOUt: les bain', soit
pour l'usng'o i nteme.
2, Le bain Werm) ViH-iL-yiH du gTancl biLill, ,\ 11110
trcnlaiuo de patl do 111 tlOlLl'Cü SI-Lauront pnr I,L(lllOlIo il
e, 'L illimonté, l'tlllf'<'I'llle qUèltm gTituds 1w '~ilS,
ainsi t[Lte
plusielLrs i1utl'Ctl tl(~ peLiLoH (lilllensions pOlir ritlJ~e
ou
pour ba,ins lJarticuJi('J's. Il ('sL do même jl OUI'VU do pluHietll'tl cèLbinets iL doucl(,~.
Le blitilUcut eonstmit OH pierro miL I"ttstc ct bion èLéré,
���-
41 -
il offre tout le confort (11l'011 pont ra.isollahlolllent exiger
d'un étrLblissemont do ba,in moderne.
3. Le bain des Alpes, dépendante ùo l'hôtol do mÔllle
llom, possède trois grnndes piscines pouvant contenir
ChiLCtllle de 20 ,1 40 bniguotll'S et COllllllUlliqui111t avec
di vers Cèlbinets de toilette, pOUl' Messieurs, pOUl' ])ames
et pOlir les personnes prena nt les douches. Jjes locaux
renfenlla.nt ces engills r:lüut ilien éclairés et ilse~
r:llmcieux pour recevoir eH IlIêllle temps plusieun; lIlèLl,Ldes
aillsi (Ille le personnel ùe scnicH; lellr ol'goanisatioJ1 hLisr:lo
peu do chose à désiror. En outre 12 chamhres do 1HLil1r:l
do di fIérento"S dimol1siolLs 8'ont fL lit disposition cles falIlilles et des persollues (llli préfèrent so ba/igner isolément. Unc galerio ouverte oit l'on est il l'ilbri dos coumllts d'ai r COllllllllllÎ!lue :n00 les corridors do l'hôtel, et
fournit aux haignoun, l'occa,sioll de se proC"llrer du mOl1vemen t ou (le se liYl'C'r fLUX chilrllles do ht comenm/LÏon. Cet
étiLhlisflelllcllt reçoit les eaux tie l'ancion b1Lin dos Gllériflons rocueillioH ou IH40 ct uno pè1l'tio de cenos qui a1iIlionLaiont jadis le bail! (lor:l rauHeH . Lenr effiü<Lcité HU
10 c(Hlo en rien iL cellos dos HuLros HOlll'COS .
4. 110 U{th~
Vala'Ïsa/1 ou ua'in Vieux, le plus mpproclté
do la SUl1reo SQJal1reut, èt r:lubi ces tlernièros 11l1l1éor:l des
améliurations notahlos. L'intériour ost di yisé on trois
glëLnds cOlllpartilllonts sépitl'és COllllilO dans les autros
étiLblisHOlllellts PèLr tlUO lj'èLloric entOllréo do biLl uHtntdcs
ct d,LIlr:l l'un desquols coulo la source ri' Or. Dos Ir n8 LiiLires,
dos dOll0he.s, des robinets fourniHsant l'eau ,1 volollté
cOlllplètent cetto organisatioll. 1J08 piscinos portout LIll
�-
42 -
revêtement de chaux hyùmuliq ne Oll de CilllOUl l'oumill
qui a remplacé avantitgensemcnt les anciennes p,trois en
bois pour ln. durée eomme pour hL propreté. J)èLl'lS pou de
temps tous nos bailli:) hénéficierollt HitnS doute de ce perfectionnement.
5. Le bain Zuricois) ainsi ùé!:;ig;né d'après ln, nationalité üos hôtes qui autrefois formaient la ma,jeme pnrtie
do SiL clientèle, H, été réparé en 1865 ct approprié ètllX
hCHoin: de notre époque. Il pOtli:)èdo deux grj],]l(ls lmHsins
011 les lWŒonneH des doux Hexes se baignent isolément;
cette disposition ,t été jugée p1ns convemLble pOUl' le
gOllnl de maladAs ltuxqun1s l'établiHsement 'BSt ftctlle1lemont destiné. Sous le mêmo toit, lllitiH séparé par une
cloison, se troll 1'0 le bain des Ventouses) ayant. ég'aJement
(los viscinos pour (j]mque Hoxe. Ln ba,ù/ Zlwicois) a.ppelé
,ulssi lllaintoJmllt bain des Panvres) re(;oit les malades
pell nitléH, de tonte orig'ine et de toute cOllfoSHioll, qui se
rondont chaque almée :'L LoHche. Il Hllflit pourl'iLdlllission
d'être porto Ill' d'lln certificëLt d'indigolJ(je, 1ég,üisé pn,r
l'autorité de la COlllllllllW ou ÜU district, ct (['lino déclaration médicale preSCriYtLllt l'usn,ge dps eaux. On fOllrnü
iLUX nécessiteux IIlle chomise de lHLiJJ et même, Hll1Yttnt
les hesoins, det; seeOlll'S en arg'ent proyenani. de l'onds
pieux, de colloctes, loteries, coneerts, etc., institués tt
cet effet. Ul1 eomité COml)osé en jJiLrtie d' étrang;ers 011 sé- '
jOlll' HUl'veille l'ell1]Jloi de cos fonds et public un COlliptorondu à. la. fin de la S,Lison.
'Les diVOl'H établissOlllOllts tllenna.ux i:lont ouverts tous
les jours de 5 à 10 110 ures le matin, ct de 2 à 5 heures
�-
43 -
ln, Hoil'ée. On profite tlo l'intenilllo de:'> bainr:: pOlll' il p])l'opriel' ]cs piscillBS ot opérer Je refroifliHsmnent do l'eau.
A crt offet leH ]oc:wx Roui \ ontiJéH pi ]'tl]t>l1lont Jiquide
des hassins agité iliyeC dl ' JOllg'UPH jlürclHls iUJlléOR ÜO plane]Hlttes ,iusql1'tl, ce qll'Oll ilii obtenu l'almiRSUJllont voulll
de la tempérnt1ll'l'. Par IPH 11'IlI])S fl'niH (jcttl' d(mlÎère manipulation 11' es1 pas lIéCPSRain ' ; le <.:onrani d'il il' do lil
mtit suffit pour mn!'llor l' ~ ilU ,tlt dogré de (',haleur COllvmuthle. Doux nOUVeltllX }Jro(jétlés ont été il1<lIlg'lués
dornièrmncnt pour rof'l'oülir l'oau lllinénlll'. lJe premior
cOllsiste il 111, l'ccnei lJir diws des l'ésenoin: où ene sôjourne ])oJl(litnt un certa.in t,OlllpS; sllivitnt 10 H(leon<1, olle
tmversü, it\'ant dH s'écolLler d,lIls hlS pif:l<.:iuos, un aSF:OlIlblil,g'(\ de tnyaux 011 cuivrc plongés dims do l'cau Yellill1t
(les glar,iers.
(IOllll\lO on l'ct nl par ec Il ni précède, il eHt cl 'ml usngo
général il, IJoëcho de prp]Hlrn les lJilins 011 C0Jl11111ll1. IJe
ltlatin, déjà dè:; 1'<111])0, OJl yoit IOtl hi! igllOI1l'S soignousoIllOllt cnvnloppéti (buIS IpllrH lllllollt.OètllX, Chü.lCH, Cil,pnchons,
rohos de chambres, otc., pll,r('.onrir lo:; rncs ou 108 proIlltmndoH ct He dirigr.r rnl'H 1I1H llitl'érentH étH h]isH(,lllonts
do lmin:;. Aux hel'(>~
Oli ilH 80l1i occupé::l, ces lociLux,
toUjOUl'H omprLs iloll publie, offrent un WLlp d'œil ,Llllusant
pon!' 10 tlpect,ttelll'. Une lllultituÜ!' bigarrée, difrénl.1lt ùo
llil,LionaJité, de l,mg'uo, d'é1.at., d',ig'o, dn sexo, cause on
so tait, jOlie, clmutp, lit, 111lll1g'(' et hoit <lU milieu Lill
!lllido salntairC', (!\liulno itllPl)1.(\ portp Ull peignoir on n110
dlOllJiHe do baill qui 18 rucoul'J'O dll eUli jusqu'allx pieds.
I.)rs règ-lolllCll1.s i:lél'èrei:l ct une slll'voilhtnco aet; 'i0 exercée
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44-
par un inspecteur spécial répriment tonte illfraction cLUX
lois de la politesse ot de la bienséance, et gtLrantissent
de toute atteinte contraire aux règles (le la décence et
aux bonnes lt1œurs. Iole corps entier plonge dmls l'eau,
la tête senle êtppamît au-dessus de la surface; les Inains
elles-mêllles ne se montrent que lorsq n' ellos sont appelées
à rendre quolque service. Une petite planche flottante,
dont chacun est pourvu, aide le baigneur iL se maintenir
en équilibre, en même temps qu'elle lui sert de table
pour prendre son déjeuller on pour poser divers objets.
Cette vie aqmttiqlle au milieu d'une société nombreuse
contribue pour beaucoup à fairo écouler sal1S trop d'ennui
les 5 ou 6 long'ues heures qu'on est dè"Ll1S l'btL1Jitude de
passer joumelleJllellt au baill; aSHez souvent elle donne
lieu à d(~s
conversations animées, plaisantes on instructives. Si quelqn'ull p-éfère se trouver lLvec sa fmllille,
ses amis, ses connaissances dans une piscine spécü"Lle, il
110urra se ]a proc1ll'er !',lcilelilent et de llt grandeur qui
llii plaira. Au rosto llminte 11011 Ile cOll1lalssance s'est faite
dans ces étroits eS])aCOH, Illainto alilitié pOlll' la vie s'y
ost cimentée et plus d'u11 baig'neur tL rapporté do SOl1 Réjour il, LOëche, deR souvenirs charmallts, des ililpressions
ine1raçables.
HOT J~1S.
Dans l'espace (l'une vingtaino d'année!) les hains do
LOëche ont entièrement cllangé d'aspect. Les ancienne
�-
4;') -
auberges de modeste ,tPIJarence out fait pbce à des
hôtels élégants qui sous tons les rapports sont i1 mOllie
de satisfaire aux exig'el1ces des baigneurs ou des touristes.
Pendttnt les derniers temps, aucune dépense, èl,llCllll soin
n'ont eté élJargllés pOl1r venir au devant des désirs du
public et faire face aux prétentions toujours croissantes
de notre siècle. Les appartements aussi bien qlle la nOI,lrritnro sont parfaitement appropriés au clinlèLt et aux
conditions sanitaires des bOtes. On peut dire Sê11lS exagérer qu'il s'est. établi entre les ll1n,Hres d'hôtels une noble
éllluln,tion sons le rallJlOrt de l'exactitude, de la propreté,
de ta prévenance, de h1 politesse, et qu'ils s'efforcent de
mériter <1 tous égards ln, confiance genémle.
Quant an prix de la pension, une latitude assez gT:1nde'
permet mêlllO <1 ceux dont leH llIoyens pécuniaires sont
réduits, de profiter de b précieuse ressonrco dos eaux
thermales. Il varie do f1'. 2. 50 à 1'1'. 10 par jour Bt pl1r
~erSOl1,
pOlll' j'entretien ct 10 logoment. On entond par
entrotien 10 déjOlÎller, le dîner ot loouper, y compris le
viu. lJeH Imills et lo sOl'vice se p;Lient <1 part.
Voici les 110111S des tenanciers actuels des Mtels do
10(iche-108-Bains, mng'és lliLl' ordre all)lli1bétiquo,
1. IlMeis do [lremier J'Uug:
!
Itùlel des Alpes et
Itôtcl de Bellevue.
Jhôtel de /:alYlaison blanche et
2. B1'111111Cr, .A lexis:
IluiteZ du Gmnd bain.
iL Bl'll11ner, Chri8tOpl10: hôtel des (j'ères Bnl11?'te1°.
1. Beege)', frères :
�".1:. Iloretè"Lll, rrhéodore:
5. Zufl'orey, Joseph:
hôtel de l'Un-ion.
hôtel cle France.
Il. Hôt rIs de serond rang:
G. :\Ieichtry, Pierre:
7. Tschob, Aloïs:
CJ'Oix fédérale .
Guillaume Telle.
INSPECTEUR DES BAINR, SERV1CE POS'l'AT1,
TBL ÉGRA PHE, OMNIBUS, etc.
•
Un inspecteur, dont los fonctions sont surtout do
voillor il, l'oxécution des règlement.' ot ordonnances concernant l'intérieur dos maisons de bains, est nOlllmé pal'
10 Gouvernoment. Ses attrilmtions portent principalement
sur 10 bon ordre, la décence, la telll]!érature de l'ean;
en général, tout co qui pent donner lieu à dos ]!htintes
on il, dos desidorata de la part dos baigneurs, est de son
rossort. Il était tl'llSn,gO autrefois quo l'inspecteur 11.0
visitc1,t los éta)JlissCllIonts qlle penùant les homes du bain;
c'est alors qu'j] faisait sos remarques ct qu'il prenait
note des observations qlIi lui étn,ient adressées. l\Iais cola
étn,it insurfisnnt, car si pn,l' oxemple la température de
l'mtll n'aUeigna,it pas ]0 degré prescrit, si surtout 0110
était trop élovée, on no pOllv:tit guèro romédier sur-Jechamp il, cet inconvénient, ot il no reHüLit a,u bnigneur
qui ne von1::tit p,\'s s'exposer ,'\, en resRlmtir des effots
nuisibles d'antre alterJln,tivo que de (l11itter.le hassin.
Cot étn,t de choso.' n, dn changer. J/intérôt hioil ontondu
do l'administration exigo Cl llO clos ordonnances de ]1olice
�-
47 -
ainsi que les prescriptions médicales soient ponctuellelllent
exécutées. La charge d'inspecteur ne doit pas être un
simple titre honorifique, il faut Lille' ses obligation8 répondent aux vues règlemenl,aires comille aux \Tais b(\soins des malados.
Ije service llostal ]10 laiRHo actuellement rien il désirer.
Deux coulTiers chargés spécinJement du tran. port det)
lettres, des journaux nt des pa,e[ \lets on colis, font journnllollleut ]e trajet de LOëchn-les-Bains [t la Sonste.
l n sorvir,e télégrnphiquo fonctionnant rég'l1lièrmnent
pendant la durée do la saison, assure en olltre, ]Jour
tontes los directions, 11110 eorroHpond,tnce trèt:l prompte.
Enfin dellx fois pilr jOl11' lll1 service d'omnibus coïncide a,voc les hOlll'es d'arrivée et de départ dos principaux trains 11 la g'ê1ro de Sirrre. Au sl1rplus, (les chenwx
ot des voituros se trou vont on tont Lemps, ùans chaquo
Mtel, il, la dispo::;ition dOR voyageurs.
PROlVlENAUEf:l.
1. La vallée des Bains est très-riche en pronw1U1des
agréable::; et en sites chètmpôtros pouvant t:lcrvÎl' ùe but
il, des excursions Îlltéressantes. Jjê1 phm fréquentée est
sans contredit l'allée large, plnntée de jeunes (1,1'hros, qui
traverse les jardins ct les prairies dè.tl1s le voisinage llllmédiat du villag'o. Dn Gmnd ba,in, son point do départ,
olle se dÜ'ig'c par uue pente insensihle clans la direction
�0_- 48
du :md, pour aboutiJ: fI,])l'ès un parcours de 8 fi, 10 mi°l1.utes ;), une espèce de rotoJl(le on plutôt fL lino terrnsso
dellli-cil'cuhLire omhl'ag'ée d'un joli honqllet de mélèzes.
Déjà de grand matin, elle sert de lieu do pélérinn,go fl.llX
Imvenrs d'eitu; penclant l cL journée ot Sil rtont 10 soir clIo
attire 1rs personncs de tout :îgï} ei. do tontp comlitioll qui
constituent 10 "monde thorlllitl"; c'e"t lin rellclpz-YollS
généml où malades rt mlétuflinairos viennent ton1' li. tOllr
eRsnyer leurs forces ot absorber 1'aü' pur de ln, llIontngne,
° 2. Un senti or olllhragé, répn,ré en ] 84·4, pftr los soïm:!
et aux fraiR do .lU. Kœclllin do Mulhouse, cOllllllit do ln,
rotoncle ci-desRlIs, presque on Jig'ne droite par 1fi, forllt et
la côte rocfli11ellso jUR(l'l':I,1l pied dp,s échelles hiell COIlnues d'Albinen) all moyen desqnr.lles on o::walado 1111n
paroi do rOCihp1's \1~rtjClLo
puur . e rondre fI, cn dernier
vil1itge. A la nlO do ce lia. sag'(', on 110 Rltii. ce que l'on
doit le plus itdmirer ou (ln sa hardiesse ml dn sî1ng-froid
des montagnards ct qni il sert do l'oie (le collllllllniccLtion.
Quoicl'l8 avec un pHil do précaution il ll'offro :bueU11
danger pOlir les llabitllés, un amateur pOil H,ll l'n,it dos
oxcursions de 1Il0ntngJlos ]10 s'aventmem ])(u:! f'acilommü
lt fairo cette aRconsioli aérienne. ]Jos pOrS01J110S c1ispm-iéflf-l
c1,ll vertigo de mômo que les da.lllflS, doni. 1'1mhillCll1pIlt se
prête pell il, CP genre d' oxercice, 110llSSplÜ lïW'IIlOII: l:L
tentative au delà de ln, socondo écb( no où so trouve lillO
eXClwntion ,t laql10lle on a donnô 10 nom do )JUroi,10 dos
alllourOllX"; allssi lell1' conseillons MUS plutôt <le S'01l
H,bstollir ot de laissor los expél'ioncos i\ d'aul,roR.
Ij[l, distanco dos B~1jm:!
:w pied dm:! échelles nst d'PIl-
�-
49 -
viron 25 minutes; comme cette promenade est h peu près
horizoutale et qu'elle présente de nombreux H,gTémmltR
avec pen de frLtigue, elle ei:lt très souvent visitée pal' les
hiLignelll'S comme p[Lr les tonris,tes.
3. Une [Lutre course tout [Lussi intéressnnte ct non
moins recherchée est celle de la wscade ou chute de la.
DnJa cl, une trentaine de minutes ilU-Üei:lSUs du villag'o clos
BrLins. Le sentier qui long'c la rive gaucho dll torrent
offre Ulle grande variété d'i1R])ects et de points de vue.
Bientôt on domine tout le fond dIl bassin dont 10 paysag'o
changeant se trfLllsforme ël, clmque pns. Après avoir
trfLversé les pâturageH, on ,tlTiVB il, une montée pIns roide
au-dessns de laqu!'llc so troll\'e la, clllltr. Assis il, l'ombre
do sfLpiml séclIlaires, on jouit fL i:lon [Liso du ra"iss,tnt
specin,clo; les eaux so prossent it travers l'étroit pfLssag'e
qu'elles se ROllt cl'ousé, pour so précipitor dlLlli:l l'abîme
avec Ull bruit asourdiS~:HLnt,
01. venir se briser contre les
parois de roehers d'oll elles rejaillissent en)lots d'écumo
et do ponssière. Pendant les premières heuros de l'fLprèsJlli,di, les nLyolls du soleil vien llont éclfLirer cette scèlle
émouvante et l'animer dos brillantes coulours do l' ,treon-ciel. AUCllll deR visitours de Loëche ne voudril, so
Wivcr d'un plaisir qui pout s'ohtenir il, si pou de fraiH.
EXOUl-tSION S.
1. -
A L'ALPg DE }l'gUILLEHE'l"L'E.
(A
?!Ile
lifl/W ries JJains.)
Une des jolies excllrsioJ1s que présentent les environs
do JJoëche est celle do Fe'willerette. 1e chomiJ1 par loq ucl
4
�.....
-
50 -
on s'y i'end parcout~les'i
et les ptltures au sud,es.t.du vilag~,
et .. a.ffronte, en formant qllolques légers
~igzas,
la pente assez rapide de la montag'ne qui forme
la vallée de ce côté. A gauche se voit la grande digue
ou barrière élevée iL la fin du siècle üernier pour protég'er les Bains contre la chute des aVètlanches; sa face
postérieure est recouverte d'une plantation de jennes mélèzes. Bientôt on ftlTive iL la partie baillée où se rencontrent l'om1Jre et la fralcheur. Accoudé sur un banc
de g'azon rembouré de mousse, ou Illollement étend II sm
un magniftq ne tapis de verdure, loin dOf:l hrllitf:l do ln,
ville, le citadin oublie le tramLl:) des ftO'aires pour se retremper l'esprit et lel:) l:)ellH pft!' la contomplation des
beautés naturelles, spectacle touj OUl'S vrai, toujours varié,
toujours sublime dans sa simplicité. Que de donces jouissances il éprou ve! Comme il aspü'e avec délices l'air salutaire de la forêt cbarg'é d'émanations résineuses! Autour de lui, la rose des Alpes et mille autres plantes nppartenant iL la flore 10caJe, se trouvent dispersées avoc
profusion sur les côteaux, où leul' présence réjouit la vuo,
en attendant qu'elles viennent grossir la provision ou e11richir l'herbier de l'amltteur.
Sur un pl.ateau délicieux, entouré d'uno ceinture de
l)ois de pins et de mélèzes, voici les chalets de Fcuilleretto
que l'on atteint a.près une llOure do montée; ]ù" le promeneur, à peine fatig'ué, so re}Jose sur l'h01'he, essuie ht
sueur de S011 front et absorbe il longs trfLits la liquolll'
rafraîchissante dont il a fût provision, ou le lait exquis
qu'une aimable berg'ère lni présente dans Ull vase en bois
�--- ---....
SOCII!TÉ
-~
06
-
51 -
SCIENCES MéDICALES
DE VICHY
d'lIllO hlancheurirréproch,tble. Dev nt seE!. yeux, ft droite,
rmlplpndisHent les SOUlJllitôs du Baljp1lPm 'Ct. Ùe l'Al:t.ela _
rocou vertes d'une carapace do neiges éternelles ot de
glilcierH; en ülce, le Rindorhorn et les Plattonhœl'l1er
ét.lLlollt leurs flancs ,M'iùes et déchirés; puis, ,L travers le
sombre branchltg'e de la forôt, so <lessinent les nombreusos
siuuo::lités dn chemin (lnl,t OHlllllli, passago incomparable,
dont la hardi~se
déjoue tontes les conceptions de l'illlètg'inn,tion et nénmnoim; d'Ull accès sûr et facile; enfÎll, ,1,
g,tuc1w, les pa/rois vertigineusotl qILe dominent les hauteurs
de Truboln, projettellt loms ,Lrôtes nues, découpées en
si 11 IOllottes, sur 1,l vOÎlte iLZ:lll'OO du nrlllltnlent.
Pellch"tnt qn'il contomple (',CS lllorveilles, les heures
s'écOlllent; l'ombre g,ntlldisSll,ut s'étend sur la plaine;
déjà d,tns le loilltitlll H'ébnlllh'nt les clochettes des trollIH'itl!X <111i rng'agllPnt leur gîte; l '<tir retentit de leurs
IllllgiHsolllenüi quo tltilllllient les éclats de voix du joune
piltre et les Hons pro1ong'és ùu cor. Le soleil, un instt-tnt
~mspendu
h l'horiz:ou, illonde de HOS feux la région du
couchitnt, ot disp,tnLît 110ll cl, pou derrière l'immense
rOlllpart hérissé <le toms et do lJastionH dont les sa/illiml
crénelées s1ll'gissont COlllme à. travers les lneurs d'un
vaste BlIlhraselllollt. Mais hientôt 10 silence sc fait autour
ùo lu i, Illl vaguo rocueiUol\lont a succédé ,1, l'animation
do ln, journéo; l'oismLll iL interrompu 1'11ymne g'ni Oh
plaintif qu'il ad l'osse h la llature, l'iJlHecte a cessé son
des fteurs s'échappe
hounlollllülllollt; du calice en~r'olvt
lIll ~UilVO
parfullI, dorniè.ro olT'mncle qno 1<1 hl'iflO fraîcho
du soir lui apporto comme pour le tirer do ses llléclita-
i
J,
�52
tions et l'inviter au départ. C'est alors que, le Calur
rempli de douces émotions, il s'achemine il, travers la côte
escarpée mais nullement dangereuse pour regag'ner les
Bains, non sans jeter encore un regard vers ces hantes
cimes auxquelles le jeu vitriahle de la, lumière crépuscn]aire a prêté la forme de spectres, et sur le paysag'e
fantastique dont il est entouré; imag'es qni se porpétueront dans son souvenir ou le poursuivront même
jusy'ue dans ses rêves. ,
IL -
AU GLACIER DE LA DALA,
(.Ii 2 1/ 2 lieues ries Bains,)
I/amateur dont l'intention est de visiter ce glacier,
déHjgl1é aussi sous 10 nom do .r;lacier de Fh~
ou de
Rinclel'gletsdwf, s'eng'ago d'ahord dans le sontier qlli do
l'hôtel dei:i Alpes mène à la cascade et remonte la rive
gauclle de la Dala jusqu'au pont sllpérieul'. Là, deux
chemins se présCl1i,eut; l'un suit cette mêmo rive g'aucho,
l'autro traverso la ])etite rivière pOUl' prendre lIJle
direction parêlllèle ùu côté opposé. }je premier est 10
plus fréquonto il, canse do sa variété ct do SH, sécurité;
C'PHt celui (1110 nOllS conseillolli:i de prendro. Après !Lvoir
rOJllonté les pl'iliries ot les pentes g',tzollllées, il arrive
~ , IlllO hollo fOl'lît <le sapills où il so promèno agréablomont, pendant llUO vingtitino do millllteH, sons ]e Ii'ais
omhmg'e, pOUl' déhollchnr elltmÜe suhitemollt Sllr ]e ri:111t
platoau do 1I1ai11//, dont leH chalets apvaraissent an
Illilieu do vel'ùoyanteH pâture:;. Commo <l, Fcnillorette, il
�._- 53 -
trouvora ici à sa dispo~tn
du lait, do la crèmo et (lu
beurre frais d'un goi\t délicioux. En quittant Maing', il
se dirig'e par les alpages di<Lprés et plnnturoux ornés de
q uelq ues l'ares bouquets de llIélèzes, vers la hauteur de
Fluh . De cette éminence qni domine une contrée sj1l1Yag'e,
il jonit d'ull coup d'œil a,ussi intéresslLnt qn'étcndll sur
la vlLlléc ct les lIa.ncs de la, montagne sillonnés de torrents impétueux, activant lour chute, ou de minces ruets
d'ean retomhant en cascatelles le long' des 11l1l'ois rocheuses, Un accueil cordial lui est encore réservé aux
chalots de Ji'luhalpe où il pournt slLtisfa,ire une dernièro
fois son appétit a.ignisé l)fl,l' les ftttignes de la courso,
avant do franchir ]'ospttce qui le Répare du but. Énnn,
êtprèH une petito heure de marche nu milieu d'une nature
austère et d'une végétation qni s'on l'a, 1ll01ll'a,nt, Jo
voici arrivé au pied (ln ,r;laC"Ïer de la, Dala, rOllmrqnahlo
par sa bhtnche1ll' et St1 tnwsparrllce, yérit,tl)lp mol'
pétrHiéo dOllt lrs vagueR inllnobiles pH.missent un illRiallt
.'uspendneH sur Ra tôte en attClldilllt qu'elles roprennent
lour course précipitée "NS hl, plttino. l\tttis bielltôt l'a,i1'
['l'His do cos IH1utos rég'ions l'invitenl 1\ songor an départ
ct, a,mplelllollt récOlll]lPJltié do sos peines, il reg'agnom les
Bi1illS après den; ]lrures de clOSCOllto fcteile.
111. -
AlJ Gl ' UGEHllUHEL,
( .l :; lit" '1'8 d('s Bains,)
Un cholldn lliell olltJ'ni,oIlH, accessible M1X bêtes ùe
somme, s'élève OH zig'zag:::; ,LU suu-est du villago ,\ travers
�-
54-
la forêt et les pacag'es juslI1Ùtn pied (['uno paroi de
rochers ltbrupts qne franchi Lle passag'o étroit ot tortueux
connu sous ]0 nom do Pas du loup; c'ost le seul endroit
qui, d[tus cette direction, puisse sorvir d'issùo Il, la valléo,
Par suite des dernières améliorations qu'il lt Huhies, ce
chomin n'011'ro actuellement ll,llCLm danger. Bientôt on
arrivo à l'alpe de Tm'rent, propriété do la c01llmune
d'Albinen; c'est là que les promeneurs, qui d'habitudo
font cette course en société, ont fixé leur IJrelllière étiLpe.
Uhacnn s'étend selon son hon plaisir SUl' le gazon pOlir
prendre un instant de ropos, puis on poursuit Hi"), marche
dltns la dil'GctioD du ~md-est,
p,"tr une pento insonsib]o,
en lo:qgeallt les pâtures ollllH'ag'ées de pins clair-semés
par lcsq noUos on ltl'l'ive à la montagne de Cherm'i,r;l1on.
D'ici J'hori",ol1 va s'élltrg'issant pendant qu'on gravit la
pente assez rapide qui condnit ct l'arête l'ocllouse décorée
du nom de GuglJerhubel, dont la s,"tillie dOlllÎne une
gTando partic de la vfL1lée du Rhône.
De co point do vue élevé, la clmîne des A Ipes yaln,isannns avec HOS aigllilloH et HOH crôtrs illllOIlIlll':thlos
appamit dans tOlite ,'n, gralHlplll' il1pO~mtc;
HUt' HOS
promiol'Fl contrefOl'tH s'échelonllont dOH villa!:;'oi-l 01. des
hn,meanx pittoresq ue Illon t groupéFl; dans 1,L ]1!a.il1o, 1e
l1envo lIIéditerranéllll, comme une longllo bnllllo cl'a]~ei,
,
déroule sos on lIX blanclJ1itros an pied dos Il 1()(lost.eH
collines où sont îli-li-lises lOR villoFl et IOi-l ])(Hll'g,tÙOH, OH
bien, so promèlle on RCl'pontilnt sur lo lit \'il.riitblo et
f.lltblollneux ([ll'i] façonne ft SOl1 gré.
La satiHf'action quo l'alllèltelll' éprollvo en l'l'éf.lelHiO
�55 -
d'un têtblertn aussi ravissant l'emporte de benllconp sur
los peilles relativement minimes que cette excursion à
une hautenr ne dépassant gnère la rég'ion des forêts lui
aura collté. En descendant, jl trouvera une nouvelle
occasion de se restaurer ~LUx
chalets de Cherl1lig'l1ol1, ainsi
que de faire ses réilexions ou ses rem!Lrques sur la simplicité des mœurs pastorales et sur le genre de vie auquel
OH est forcé de s'accoutumer à la montagne. Nous le
sal'ons par expérience, jama,is une tasse de crême ou une
tartine ùe heurre l'rais n'auront paru si délicieuses
qu'après une !Lscellsion un pou considérable; los estomacs
faibles n'en souffriront mêllle pas; les fonctions dig'estives
étant stimulées par l'exercice et par l'air vif des hauteur..
IV, -
AU 'l'ORREN'rnORN,
(.Ii .11/ 2 lieues des Bains,)
Par!l1 i les nombreuses excursions que les baigneurs
onL 1'lmhitude d'entreprendre durant leur séjour à ]Joëche,
celle du Ton'entllOrn ou lHrûn!Jhorn doit être placée au
prelllier rang, non !litS 1ant ct cause de la distance et des
difficultés de la route que par la magnificence du panOl'ltllla qui so déroule devant les yeux. Cette sommité,
que 1'011 a surnolllmée le "gig'hi du Valais", on're un
tles points de vuo los plus bea,ux et los plus étendus de
la Suisse ..JUSqu';'L l'alpe do Torrent, le chemin est le
même qLle celui qui conduit an Gug'gerhuhel. A une
diz,Line de minutes environ au-dessus du Pas du loup, on
�-
56 -
contourne vers la ganche et 011 remonte en lig'ne directe
les llèLutes p,i,turet:l pour atteindre après une heure et
demie de llHLrche le bord d'une arête presque nne que
l'on suit dans la direction du sud-est après lLVOÏr f[Lit
une seconde conversion il, gauche. Ici tout le monde
iLlltrefois mettait pied à terre pour tmverser la côte
graveleuse et souvent encoro couverte de neige, qui défend let:l abords de la Citlle. Aujourd'hui, un chemin
pl'ël,tieahle ,LUX mulets ,1. été étil,bli sur ces déhris dés'Lgl'ég'éH, vierges de toute Yég'Matioll. l~1[i,
le point cnllJlillè.tlli est attpint, l'wil plane Hu-dessus des llllilgWl, co ne
sont de tous les côtés il, l' 11Orizon q Lle llltLSfJÏfs énormes
hérissés de pics et d'a.iguilles appartenant lLllX deux
cltaîJlOS des Alpes, (Jui voudrait los énumérer, tous ces
géants de la nature, tous ces colosses qui drot:lsent vers
le ciel leurs tûtes étincelantes ~
A l'orient t:le dessülCut sm Ull fond nébulcux los
Jutl1teurs neigeuses <lui honlout ln, frontièro du 'J'mJsin;
plus iL portée voici, dam; la c1mîne des AlpeH vahtisiLlllles,
le Bortelhorn, lo Monte-Tleollo et, 10 Ji'letschhol'n; lm;
MisclllLbel B,vec ht coupole nrg'ontéo du dÔllle; le MOlltRose; en face, le WeisshoJ'll n,1l profil hiang'uJa iro; le
H.othhol'l1; la g'ntllde pymlllide du Uervin; la pointe do
Zillal; la, Dent-Blaucho; puis les Aig'lIillp!'3 roug'es et l'
UraJl(l-Uombil1 ou arn rJ'encire; tout cl, l' oueHt trônc 10
lIlajPHtueux Mont-Blanc, le roi des montaglle.' d' I~lrop,
au milieu d'un grouJ.!e d'éillules (lU de courtisans. Vans
l:b chaîno dos Alpes bCl'lloii'los, on aperçoit au loill lCH
!'3nillios a,ngulouRof:> des Di,lhlorotH; lmis il, proxilllité, ven;
�-
57 -
le nord, le La311Unel'horn; le Dnubenhorn; le Wild::;trllhel;
]n, Geillmi avec son pa::;setge incrusté chtns le roc; los
assises calcaires des PJattenbœrner, le Hinderborn,
l'Altols voilé de noiges, le J~al1horn,
le Doldenhol'n, ht
Blumlisalp; plus à l'est Jo Moine et ln, Jungfnm; le pic
sombre du Finsteraarhorn; l'Aletschhoru; ]e Breithorn,
et enfin le Nesthorn ou Bietschhorn, qui tel'liline cette
revue intéressante de htq lIeHe nOlis ne pouvons donner
C1U'1l1l aperçu bien incomplot.
Dans un myon pIns rn,pproché, voici ,\ nos pied::; le::;
champs de névé qui ::tlilllontent le g'l:wior de 1\{eting'; un
peu plus loin, vers le Ballllhorn, cotte ligne arg'entée est
le g'lacier de Fluh ou do 1:t Dal~t;
voici la valléo de
Lœtschon, pllis collos de San,s ot de Zermatt, cello de
Tourtelllagne, le val d'Annlyiers et ]e val d'IIérens;
puis la longue plaine du Rhône jusqu'à l\1artigny iwec
son fleuve indompté, ses bosquets et ses pente::; recouvertes do forêts interminablos,
Mais eOlllment décriro cette variété d'aspects qui se
multiplie à l'infini, comment ana.lysel' ces éternels
coutrastes ~ Pour se l'n,ire uno idée de pareiUes scènes, il
faut en n.voir été témoin, il fctut avoir respiré cet air
lég'or, avoir suivi des yeux cos jenx. de lumière, avoir
assisté i\ cette toilette constamment changeanto de la,
natul'e. Que sont tous 1eR produits de l'art en comparaison de ces sublimes beauté::;! Ici le pùëte chercherait
vn,inemellt des images pOUl' exprimer ses sensation,'; 10
pointre ft bout de ressources jetterait sa, palette et ses
pinceaux!
�-
58 -
A.près aVOIr Joui de ce merveilleux spectacle et avoir
i1ccordé au physi<lue hl, part de soins qu'il réclame, les
lJaig'ueurs et les personnes délicates feront hien de
s'a,pprêter au retonr, afin d'être rendus au log'is aVf1nt
que la fraîcheur du soir ne Jes surprenne. Quant aux
voyageurs hahitués aux courses de montagne, ils pourront s'accorùer le plaisir d'assister au coucher du soleil;
ils l'Ojoinùront ensuite les Bains à la douce chu'té (le la
lUlio, ou il, la lueur dos fhtmheaux, pour y être accueilli,
iL lour alTi vée, avec forco démonstrations de joie et aux
acclamations do " la plus bo]) e partie du genre hu main" .
L'ascension du TOlTenthorn et, en généra], toutes les
cour, es un peu considémhles que nOLIs von ons de décrire,
e font d'ordinaire en nomhreuses sociétés. On a soin de
choisir dans ce hut un jour d'été, de so munir d'hahillements chauds, do honnes provisions, de s'assurer le
concours d'nn glüde avec lllulet, ou, si l'on présumo
ase~
do sos forces pour faire 10 trajet ,l. piod, de se
proclll'or Ull long' Mton de lllont::1gno (A.1l)enstock), armé
d'UllO pointe en fer.
NOliS avons déjÙJ parlé do l'oxcunüon il. la Gommi et
à Sch wal'enhach; comllle on 1'.1, vu, elle présonte également heaucoup d'attraits aux amatours (l'lmo naturo
'ltU vage ct romalltirlue:
Dos sorti os do moins long'uo 1lèt10ine so font aussi
fréquommOllt par les baig'IH3111's : on pout citer collos au
villctge cl' Inde n, il, la vallée de Tempé, èL IlL grotte de
�-
G0 -
Cal!JjJso, . an bois de Cdhère et HU pied (le 1(( Geli/mi.
En mÔlIle telllpi'l qu' eUeb prOClll'(>llt 1111 exereÏf'e salutaire,
elles fournissent souvont des snjnts de cOllyers,Ltion
agTo,tble; d'habitude ellni'l ont 11ru il. pied et sont assaisonnéos pal' un dlner cllH.lllpAt,m qui 011 rehauRse le
charme. On requiert SOIlYClJt dam ces Rortes d'occailloll'
la "société de lIlwüql1e" dl's B,tins pour être de la.
partie. Cette société, aralltageusclllrnt C01ll1llr, CRt au
rm;tc toujours (lisposéo, soit allX henrcs (lu ha.ill, soit ft
table (l'hôte on pp1ll1ant 1ft prolllcna.!le, ,L égayer [OH
pro1lleneurs ct à leH di:~ J ra , irc par ses lutrltlOllieux n,cvol'ds.
Parmi les scè1l(~
imposantes que l'étrang'cr en séjour
fi. LoUche est appolé à cOJltcmplrr, un omg'e survenu
f::!ubitemont occupe HallS controdit une deH promières
plac13s. I/aRpeet 011 est d'une solonnité ilHlrscri]Jtihle,
lors(llie tout il, COllp des IIH1HSCS do gros mmgei'l ohHCllrciSHent 10 ciol; quo Il' j,Ol1Jle1'l'() éd n,te et gronüe ù une
faihle distance; IJUO ]l'i'l ô,']airs SI' snc(~d't
pOllr aim;i
dire imns interrllption, d,'dlirp1l1 le s(llllhre voile et
éd"ircllt les pa1'OiH de rOChOl'H d'ulle lucllr inenllclci'l(,Pl1to; qu'une pluie ~liY'np
yipllt fondre SUI' la villiéu
(lt inonde los Iht1lci'l dus montagnes, mét<llllol'phosant
clmquo mvin en torront illlpMllOllX dont l<lH lIotR bondissPllt <lil ns l'esp,we, pOil r rdoJlJ!)C'J' P11 (',hntcs flllllHontns ;
qlle IlL Daln, nug'llère O]1core paisihle l'UiHHnilll itll dOllx
�-
60 -
murmure, est changée en rivière sauvage et entraîne
dans sa course folle l'humus des prairies, ou se brise
avec un fracas inutile contre les lllurS calcèLires, pour se
précipiter avec une nouvelle rag'e vers les gorges par'
lesq neHes elle va se déverser dans le lihône.
Mais le charme redouble pour tous nos sens lorsque
après ce choc terrible nous (l,percevons de nOllyeaU la
vOllte azurée; lorsque nous absorbons Il pleine poitrine
l'air rafraîchi et purifié de la montagne; lorsque la
fureur des éléments s'est en quelque sorte épuisée, et
que cette pompeuse natnro alpestre s'o[re ct nos yeux
dans ses habits de fête; lorsque l'Altels découvre sa tête
blanchie, éclairée par les rayons de pourpro du soleil
couchant, et on projotte les roflets sur tonte la contrée.
Snr ces entrefaites, tout un monde de baigneurs, un
instant confiné dans sos cellules, s'empresse d'accourir
an grand air pour admirer cette transformation. Iles
terrasses des hôtels, les promenades se garll issent de
spectatours curieux; ni la fraîchour du soir, ni los
approches de la mlÏt no suffisent pOlll' les fa.iro rentrer.
]Je regard fligniflcatil' d'lm disciple d'Esculape en'rn,ie
bien un pou maint l)aignel1l' précisément atteint de
l'érythème du bain, ou quoIque malade faible; mais quant
à la plupart, cet ttrgulllent n'est pas SllfllSallllllent
convaincant pour les ellg'uger à rentrer auprès du feu de
chelllüléo ou ~t rog'agner leur lit. Car voiltt qu'au sud-est,
au-dessus de cette ;forêt somhre, perce cléjit insensi blement 10 disqno radioux do la 1)10ino lnno, se mira,nt dans
los ondes 40 la Dala qui S'OIl va serpontant l1ll miliell
�-
61 -
des prairies silencieuses. QueUe douce émotion ce spectacle n'éveille-t-il pas choz un être sensible l IJe crour
est débordé par toutes les ünpressions que cette journée
a fait naître; il ne serait pn,s mOrne bon de s'abandonnor
au sommeil avec une parei lle disposition d'esprit. C' eEit
le moment pOlU chacun de se débarrasser du fardeau qui
1l1i pèse, de communiquer ses observations, de causer, de
donner essor, par la parole Otl pn,r le chant, à tous ces
sentiments divers qui agitent et remuent l':l.me jusque
dans ses replis les ]!Ins intimes. Les doux accords do la,
musique surviennent alors bien à propos pour prêter une
forme et un la,ngag'e 11 toutes ces idées vagues ou COlllprimées. Iles caractères s']utrlllonisent à l' ouïo de ces
mélodies joyeuses qni, répercutées par les échos, s'élèvent
vors ]e ciel où trône Celni qui est l'auteur de toute joie,
et qui a ]e pouvoir de cbanger les peines et les angoisses
en doux ravissements.
La fantaisie ]a plus animéo d'un pn,ysagiste n'a, poutêtre jamais reprotluit un tahleau comparable 11 colui qne
pré ente la vallée des nains pondant les mois de décembre, janvier, février et mars. Uno personne qui n'n,
visité la contrée que pendant la helle saison ne s'y
roconnaîtrait que difficiloment, tant l'aspect on ost
diU'érent. Toutes les dépressions de torrain ont été nivelées par les noiges que le vent a cb,tssées, les l)l'écipicos
ont été comblés par los avalanches; a,u lieu de cascades
so voiont d'énormos ghLÇOllS suspendus COlllme dos st a-
�-
62 -
lactites aux parois du roc; les sentiers sont illllmttiqués,
la grande route Lle Loëche elle-Illême n'offre (lU'un sillon
étroit et profond; seules, la DaIa et les sources thermales, se sont creusé leur lit dans la couche épa,isse qui
recouvre le sol. An village même, les hôtels et les
établissements de bains sont inlmbités; ù peine (luo1qups
traces de pas y conduisent iL tnwers la plctcc désprtr.
Les petites constructions ont presque disparu; les toitlll'es des maisolls ont du être déchargées de lit ncig'o qlli
les rocouvre, do pelll' qu'elles 110 cètlent sous la prossion,
ou que (les masseR cOllg'elées, venant iL se détaclwr tOlit
il coup, ne retomhent sur 1avoio puhliqllo au gmllll1)]'éjudice des passilnts. Dos accil1ents de ce g'Olu'e sont dé.il\
arrivés plus <1'U11O fois ot COnllll1LlldoJ1t la prômution.
En avril, c'est un spectaclo iL la foi::; grnntliose et
terrihle, 10rs<1ue au." approcl!ps du prinklllps, par suite
do l'élévation do la telllllératuJ'l', le dégel arri \0 su bitoment et quo los avalanches so précipitent do tOllS (~ôtés
avec un l'metts épolll'antablo; on voit alors cos l!1l11l01lS0S
H,lIla.s de neig'e descendre presque perpondiclllairell1011t los
llancs des lllolltclg'nos, et envelopp()]' leur." COll Lours (le
tourhillons de poussière qui l'ololllho vers les profondeurs
conllUC uu épèLÎS brouillard,
On pourm SC faire 1111(' Î(lée de la qUitlltito considémhlc
do déhris amoncelés pal' lino soule anililJ1Clw (lui se
prolhlÎt sur un long' parcoUl'tl, qUèLlld on sallm ClllO, lllêmo
au fOlld do la valléo, lll. été ehalld no ~.;ufit
pas tOlljonrs
pour les ]Üllléfior. UOllllllO le 1{'('Lour a pu Jo \'oir <ta.ns la
partio historique de cette notice, des accidcntH de ce
�-
63 -
genre sont le fléau le plus redoutable qui soit vonu
assaillir les B,1ins; heureuscment (11le tHL fnrrlll' èt été
domptée vu que depuis nombre d'années il ne s'est plus
roproduit.
Dne tournée aux bains de ].Joêche pendant la, froide
s,tison doit préscnter un attntit tout à fa,it p~Lrticule'
au citadin ot à j'hahitant de la plaine en général, losquels y trouveront des émotions inaccoutllmée!:). hlS
excursions do montagne on hiver devonant de plus en
plus à la lIlode, la vallée des hains sentit, sous tOUR les
rapports, un but bien attrayant l)our los amatonrs do
semblablos promonades.
��-
û5 --
DE UX1ÈIl E PAR T1E.
Effets ph!Jsiologiques.
l\1itlgré lcR l't 'cltOl'clteR üLites ceB derniers temps fUI
point do \'LlO dc ln, chimie, HlfLlgTé les expériencos physiolog'iquos aidéC'8 de l'eXlLlllOIl JIlinutieux des séerétiol1s
et ües excrétio118, nom; somlllOR loiu <l'iwoir encore Je
dernier mot de ln, s('icnce i OUc1HLl1t l'action dos eiLl1X
llliuéra,l es fiUl' l' orga.nis III 0 oi, l'illtllrprétrl tion (los résulta,tH
RlirprOl1iLlli,s que 1'011 ohtinl1t chaqllo jour do lom omploj
tlilîrn pcutiq lIO.
1Jes oaux llIinéralps sont deR agents dont la, compositioll est on g'élléml trl~s
eOJllplc,·o; ct, lors mÔJlIe qno
l' o [l'et de c]mq lie corps cOIIRtitllrl,nt sentit eOllllU, toujolll'S
ORt-il qIl'il faucll'lI,it GllüOI'C étudier les propriétés spéeiales
li li i rUSH ltent de lOll r combi llaison.
l\hüs l'ttctiOll dos eitux lllinémlos ne dépend pns
lIuic[ UOi Il eJü do 1eul' COlliposi Lion, soit des principes chiIII i<lUOS q li' eUm; contienllent; 011 doit tl'nir rOlllpto illissi
do 10111' tempémturo, du tOllIpH pllls on lIloins long POI1da,nt lequol ellos agissent, OH un mot, de Jours divers
modes d'application.
No 8e pOllrrait-il prtH, au Hllrplus, quo los Cn.llX
llIiuémlos ùOllt les élélll811tS Ollt été associés HOllH l'ill-
�-
66 -
iluence de forces électro-dynamiques puissanteR, telles (lllO
le gmnd laboratoire de la nature, à lui seul, peut les
fournir, ne présentassent une homogénéité plus grande
dans leur composition, un rapprochement plus intbp.e de
lems molécules que nous ne pouvons l'obtenir dans nos
produits factices ~
S'il en était ainsi on s'expliquerait f:teilement leurs
vertus extraordinaires. Oar, on le sait, une petite quantité
do sulfate le m:Lgnésie contenue dans une eall minérale
a lUl effet cathartique be,wcoup plus cOllsidérahle Clue lit
quantité double de lllême :)e1 que nous tirons de ht
pha,rmacie. De plut!, DOllt! savons que cel'tttines eaux
therma,les indil1'érentet!, ùont la composition ne difl'ilre
g'uère de l' Cltll distillée, ont pourtant une action toute
autre que celle-ci. Quoi qu'il en soit, 11 est corbi]J qu'il
y a daIm cotte action reJlmrqull,])le de, ealL' lllinora,les
un fttcteur (llll jUHqu'ici a, écllappé à, l'analyt!e et que les
eaux artificielles 11' ont pas encore réussi [L évincer les
eaux naturelles.
Laissons do coté le point de vue hypothétique de 1,L
question pour nous en mpporter unitlueJllent :1 l'expérience. Des recherches exactes faites ces derniers tomps
pfLr Falk, Kletilinsky, }Jehmrmll, Benecko C), etc., ont
démontré, contrairement à, l'opinion de plusieu t's pra,ticiens, qne l'eau n'est pas ahsorbée pendant ht dmée du
bain, et que les téguments sont de IIIÔlllO illlpéllétl':1hleH
aux éléments soluhlcH (111'e110 contient, pour fLutant, du
moins, quo l'épitlel'lIle ost intact.
1) IIem, Balnéothérapie,
�-
67 -
Cette dernière mn,nière de voir étn,it ln, mienne depllis
longtomps, vu quo je m'ex]}liqun,is facilement l'action
amntageuse des bains sn,ns a,voir recours il l'introduction
do l'on,n dans l'orgn,nisllle à travers les pores de la peau.
Ri, n,ll reste, l'absorption d'une certa,ine quantité d'cali
était nécessaÜ'e pour produire l'effot désiré, il senLit bion
pIns raisonnable de faire prendre celle-ci en hoisson,
pm'ce qu'n,lors, les meilleures conditions de son pa,s~mge
<ln,ns le sang et de sa dÜitribution facile à tous les plùs
pr.tits org'anes se trol\yenLient rén,lisées. Mais l'usage
interne cles eaux est loin de produire les errets relllarquah]oi:l que l'Oll obtiont au moyon des bains. C'ost it
tOl'L qu'on il, prétendu avoir nt J'érythème de la l)r.au,
qIIi ost llll des effeti:l sitillallts de J'application extérieure
des elLUX de LOëcho, so lllolltrcr ft la suite de Jenr
ingcstion pure et Silll]}le. Pour lM pf1lt, je décln,re Jl',LVoir
jitllHtis l'on contré Ull selll cas do co g'enre, ct je n'on
rellco ntremi cerütinolllcnt. pas (hwanta,ge <l, l'avenir.
Partout où l'érllption s'est montrée, il a du êtro l)l'is
quelques lHLins dont on n'it pas tenn compte.
Quoique ]'a,bsorption n'ait pn,s lieu pondant le contact
du liquide avoc ln, surfa,co dll corps, los ]j,Lins n'en sont
pitS moin:-l capables de prodllire les effets physiolog'iquos
les pIns prononcés; ils ag'iHsent d'itborcl Sllr los norfs
périphériques, puis, do HL, HUI' les contros nervoux ot
Yitsculaires, apportant ai nsi do profondes moc! ificatiollS
dans 10 pouls, lit respimtion, hL llutrition, oLe. Ils f,worii'ol1t leH procédéH do désli,ssilllilation ot activollt forttlment los socrétions, colle des urines en Imrticulior. Pnr
�-
GS -
suite de cetto aug;lllent::Ltiou du travail oxcr6tenr des
reins, les sels Ill'l(lU08 se troll vont aus8i e]i minés d,1llR
une proportion pIns Corte qU'iL l'ordinaire.
Les ga~
et la YfLpeur d'eau qui sont ahsorhés pal' les
organes respiratoires ot 3/rrivent [Linsi en cOlltacL di l'rd
avoc 10 sang, exercont ég'it]ement une îtetion ùont 011 doit
tonir compte; on l)Out le dire encore, :1 plus forto raÎflOll,
de la tompémturo de l'eau dont l'influence sur les nerfs
vaso-motenrs et sonsibles ost surtout nmrquée.
Cette réaction ùe ]' org'rmisllle, étrmt diifénmto nt
variant d'intensité suivant los dispositions individ uoll e8,
doit être priso on sérieuse considération si l'OH veut
ohtonir de l'emploi (les OîtUX l'offot désiré.
L'applie<üion des hains clmuds a pOllr réf'illltat de
porter les hllll10\ll'S "ors let l)ériphérie et tl'OlJérnl' Ill](\
légère tnrge8CCllCO de la pOiLU, tout en fîtvorisîtllt hL
transpiration ou lît porspimtion insensihle. lJcs ol'ganes
intcrnes se trou vont lm!' 10 reLit déc]HLl'gés du trop plein
de ]elll' sang, les fonctions assimilatrices et l'égTossi"l's
80nt stiJllulées, l'acti viM des llUHluOUHC8 digWlti "c et
pulmollaire 1Il0clcil'ément augmontéo. En secondo ligllo,
lît poau est fortifiée on tonifiée par 10 contact do l'onu
clmrg'ée dc sn] frLte do chaux et de sol forreux, qUillité
<ll1i n contrihné 11 lit l'OIlOllllllôe ll"e nos U1Cl'llleH se H(IIIt.
acquis!) clalls 10 1mitelllent des afl'ectioml cuh1l1éoH, IllaiN
qui n'ost l)îtS moins préciow:lo dans Imo fOlllo d'autroN
1lla] ,Ldi es.
romla/lIt l'nsng'o rcSglllior deN Imins, tol qu'il ost
inst.itué chel'. nOliS, hL Hur1'nco t.églllllOIlt.c1/i l'Cl se troll Vii/lit
�-
59 -
chaque jour, pendant plusieurs houres, on pré~enco
de
l'ngent modifiCiÜeUl', et un afflux det) sucs nOllrriciers
è"1yant lieu à réitéré fois vers cet organe, .il !:le prod nit
insensiblement un état de ltliLlaise on cl'épuisettlellt, pal'
suite du trouble apporté clans les [onctions de llutrition.
PIns la, personne Cf\t délici"1te, plus eette période' de
f'aiblesse, désignée antrefois SOttS le nom do s({ütration,
arrive rapidement; on doit alors sUt)pendre un peu
J'emploi cles bains ou (lu moins ne le continner <ln'avec
précaution en snivrmt los itvis d'ullltlédflcin expérimenté.
Pal' ~mite
de cetto action prolongée de l'eau de Loëclto
SUl' la périphérie et de ]' irritntioll de la pean qui on est
la conséquence, on voit appitmître Ù la surf'ace de celleci, au bout de CilHI ,t quinze jours, une éruption d'aspect
\'èuiable, counlle des baig'nenrR sons le nom de poussée)
et (lue liOUS étudierons plus loin. Cette éruption, quoique
lùtYitnt aucun des caractèros critiques (ln'On lui a attrihués, n'en est pa~
moins considérée comme avantageuse
ù cause de la dérivation qtl'eUe doit nécessairelllCllt
llrodnire.
Après quelques jottr!:l de l'emploi suivi cles bains, la
rlÎadiou de la piLrt de l' orgitllisIlle COllllIlence d'habitude
iL so tttontrl'l'. IjeH malitcle" se phtignent cl'ahnttelllent
('t. do f'ntig'ue; il, leuL' gmncl désappoiutolllent cCl'Laines
afreetiolts oxi!:lt.antoH auparavant lllenitCellt de repantîtrc ;
<los plaies, déjf1 eicatrisées, s'irritent par des tléllH111g;eaiSOIlS ott ~emIJ1()tl
prôtos ;'t s'ollYril' de nouveftu; (l'i\,llClens
Il lcèt'es sOllt iwi ,rés, letlt' suppuration est itllg'mentée; lo~
pa,rt.ios du corllB afrectées autrefois de dOllloUŒ rhtllltntis-
�-
70
lW11es ou arthritiques, diverses inflammations chroniques
des articulations, les anciens engorgements g'lamlnlaires,
etc., tout cela reclevient sensible, mais pour dü;paraître
bientôt sous l'action prolongée et salutaire des eanx. L,1
poussée S8 fait ordinairement en même temps; chez bou
nombre de personnes elle s'annonce par de la fièvre, par le
manque d'appétit, l'ngitation durant le sommeü, les llU1nx
de têto altermmt ,1vec cles intervalles de frisson et (le
chaleur; puis, une fois étnl)lle, le calme rouaît et il ne
reste plus qu'un sentiment de brü]nro on de prurit plus
ou moins prononcé. C'est aussi 11endant cotte périotle clue
l'on rencontre dans los urines des dépôts souvent considérables consistant en sédimonts briquetés 011 blfl.l1cllèLLros,
ou en simples mucosités. quelquofois la pOllsséo apparaît
sn,ns .'ymptômes précnnwUl's et même, dans cert,üus cas
l'ares, elle no so montre pas du tout, sans Cl ne ponr ceb
10 résultat dénniti r dII tmitelllont soit compromis.
Prises on boisson, le. eanx thermalos de LOëcho Ollt
pour eil'et de produire une chalour agTéa,hle il. l' m;tomn.c,
do sti111111er l'appétit, de faciliter ]es éva.clIn,tions nlvinos,
de provoquor mêmo 10 rol,Lchel11ellt du ventro, du moins
pendant los premiors jonrs, d'acti~
' er la sécrétion urinaire
01. los fonctiollb do la, ponll on poussant fi, la. tmnspirî1,tioll
ct il lit sueur. 11 n,nive parfois, cependant, qu'clb; o,pèrent différemment, {~'Gfd
, -:'Ld"ilB
qu'elles causont du lI1ill,tiso, du ballollno11lo11t, {lll' clles g<1tont l'il ppétit, l'OSsonent, ot occasiOllllent <los congestions vors 10 cerve:LIl
ou d'fj,ntrcs organes in tnl'J1tls. {Jette ,td,ion no tie11t pas
seuloment au degTé de forec ou do f,Liblosse de l'apllaroil
�-
71 -
digestif, vu qu'elle peut illcbfféremment avoir lieu dans
l'lm on l'el,utre CC1S; elle pC1mît dépendre do la nC1tlll'O de
]a maladie ainsi qLle de l'idiosyncmsie, qui joue ici llil
gTand rôle. L'llsC1ge interne de l'eau seconde pnissamment l'effet des bains; par son introduction directe dans
l'économie, elle C1git sm tous los émonctoires et contribue
ainsi à l'expulsion de la matière morbide.
D'une manièro génémle, nouS pouvons dOllC dire à bon
droit que nos eaux minérales sont légèrement stimn1antes , qu'elles sont , fortement résolutives et en même
temps toniques, n,ction qni est encore rellaussée par celle
de l'air vif et pur de lfL montagne, pnr Jn diminution de
la pression atmospMriq ne, due,tL ]a hauteur de la stfLtioll,
ct par une vie cn,lJ1le et tranquille. C'est ainsi qn'elleH
ronflent los 111ns gTHnds sorvicos dans toutes los affections
<lu système végétati l', 0\1 ]' orgn,nisme n'a plus la force
de vaincre la llU1.1n,die, c'est-fL-dire de mobiliser les produits patholog'iques, 110ur en amener l'évacuation. Dans
les cas où FOll vOlldrfL stinllller le système vn,sculaire ou
lymphatique, soit pour provoquer la résorption, soit poUl'
activor l 'assimilntion, dans ceux où il s'agira do renouveler
e11 ([uolquo sorte la 1Ilrtsse du Sitng, pour parler le hl,nga,g'e
de let 11athologie Inulloral0, ainsi dans ces étn,ts plus ou
moins prohlématiques, qu'on n, dépeints sous les noms
de caçhexies, de dyscrasies, de scrofules, clans les eng'ol'gell\olltH d'organes intentes pn,r congestion pasi:live,
d.wH les affections cutanéeH, mdlJl dlLns celles où il existe
ueH allolllfl,lies de liL sensihi1ité qni sont presque toujours
accompagnés de trouhles de ln, nutrition, dans tous ces
�-
72 -
C,LS, dis-je, les eaux de Lo~\che
se distingueront par leur
efficacité. Le mode cl' emploi suivi ajoute encore it ces
précieus8s qu,ûités, comme nous le verrons par la Sil ite.
Joignons à ces considérations quelQnes détails sur un
des phénomènes saillants que l'on voit le pl us souvent
se produire pendant leur application:
La Poussée.
Nous désignons sons ce nom l'éruption p,uticulièrc
qui, d'habitude, se lllontre it la surface du eO['11s, nu bout
de cinq à doulle jOlln; de J'emploi des blLins, par suito de
l' augment~1io
do la vitalité périphérique ou de l'irritation de ht pean; ello preuIl les formes les l)lus diven;es,
et p,uconrt ses l)hases en une dizaine Olt une quinzainc
([e jours, avec on sans symptômes précurseurs, avec on
S,Lns ftèvre, pOllr disparaître enfin sons l',wtion contillno
deB eaux.
C'est avec raiHon (IU'On ailile voir se rléveloppor cet
espèce d'exa,llthème pendant la cllro; si certai I1H hiLigïl0111i'l
no somblent pas H'on HOlldor beaucoup, si (1I1olclnes-1llls
mêmo n'en présonLollt point, cos personncs, en général,
lI'out pas l'n,il' ,tussi f:li1tisf',Lites üe::) résultats ObtOllllS que
celles (lui ont pu 1ll011tror une bonne poussée. QlIoi(lU'ello
ne soit pitS illdispollsahlo ,Ul succès dll traitoment, olle
sert, (lu llioins provisoil'OIllont, i\, tmJl(l'lillisor 10 HltLl,Lde
qui "oit ulle prouve pitlpahle do l'offet Ü('s mlllX, ot qlli
iHi<llliorl. n.inHi ln, ('ollvic1.iol\ (lll'elles luj OeLl'ojOl'Ont tOllt
eo (pl'elloH sont capahlos do !l()1\llor.
�-
73 -
Oependant, nouS en avons déjà fait la rOllHtrquc, la
poussée n'est plus regardée anjoun1'lmi COllnue ayant une
portée critique; s'il en était ainsi, elle devrait tllppar[\,ître
chaque fois que les bains produis011t un effet ,wantagellx;
0]', ce n'est point le C<lt:!, p,l,S pIns qu'on ne l'a observée
après l'usage interne de l' ean; on ne peut donc la considérer que cOlllme 1111 symptôme accessoire ou un épiphénoihène. Il n'en est pas moins vrai qn'elle exerce nne
action marquée sur les ,1,lI'ectiolls internes, pnr suite de
ln révulsion intense et g'énémle ft laquolle elle donne lieu.
Jje fait de l' absence d'éruption cutanée, che;', cerbtines
personnes, pa,ntît dé])endre de l' illd i vid ualité, du genre
de maladie et, surtout, de l'innervation de hl, perm. On
rencontre des clames très déliCil,tes qui ne présentent pètt:!
trace de poussée, Landis fJ ne (les hOlllmes robustes peuvent
en avoir une très forte ot réci proq nement. l;es ulcères
étendus et suppurants, les transpirations fortes, les
e."crétions profuses, soit dBS reins, soit de l'intestin, ont
pour résult,l,t de diminuer l'af11ux du sang vers la smface
téglllllontairo et, p,tl' conséquent, de restl'einare ou ü'elllpèdlOr ln pOllssée. Feu M. 10 docteur Deslline de Genève,
([<tnt:! lIne notice qu'il a publiée SUl' ce sujet, envif.mge ce
Ilhénolllèno comme étant 10 produit direct de 1'irrit,ttiol1
de la peau par les eaux lIlinérales; mais il ,LjOlltG (!lIe
c'est lIl1 rtrot sll'i l/eneris, prétendant quo J'éruption produite par nn ou (loux bains, pris dans une cau fortoment
clmrg6e do SUlf'il,tc do clm\lx, ne pourmit jamitis remplacer ht pOllssée toile qli 'elle so manifeste il ] Joiilihe. Un
eX;l,Uthèllle Cè\,W.:lé pM Lill bain irrÜ,l,lÜ, eL nn iwtre qIli
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74 -
se développe lentement, après que la peau a été en Cl llelque sorte saturée, quo l'épidorme a été imbibé et l'<11ll0lli
complètement, doivent différer, non seulement par le
caractère et la forme, mais encore par la marche et
l'effet. Une solution faible n'a qu'une action insensible
et lente; elle ne sti mule les organes que progTessivement;
la dérivation qu'elle produit ne s'opère de même qu'à la
longue; tandis qu'une solution concentrée, agissant pIns
OH moins énergiquement, suivant l'incli vidualité, peut
allor jusqu'à provoquer uno réaction inflammatoire et
partrmt nuisible. En résumé, M. Despine considère hL
poussée eomme étaut 10 résultat d'une irritation prolongée ùe la sl1l'face dormique, fi, la suite do l'im hibition
et do la désagTég'ation lente des concheFl superficielles de
la peau, par une eau contenant une faible proportil)n
de chaux sulfatée.
Partout où la disposition il, la pousséo existe, une
longne expérience l'a fait considérer comllle un effot
thermal avant'Lgeux. Oette éruption, aidée de l'action
générale des eaux, a sou vent contribué :'1 la g'lIérison do
maladios graves <l'org'i1nos osso11tiels, toIles quo cleFl afl'octions du poumon, du foio, de l'estomac, ot en g'énéml,
de tous les org,Lnes internes. Ohez certaines personnes
olle se développe pluFl ou moins rapidement; olle diffère
aussi par sa durée et par son intonsité, de sorto qlle, dans
CllèMll10 cns particnlier, l'application des bains doit être
dirig'ée en COnSéflllence, c'esL-à-cljre accélérée ou ralentie.
La poussée débutc après unc i mlllersioll répétée pondant quolques jours consecutifs; avtwt qu'on n.perçolve
�-
75 -
la moindre coloration, on remarque, en prolllellal1t hL
main sur 111 pen,u, que cello-ci a perdn de sa rugosité,
de sa sécheresse; elle oIl're une cortaine onctuosité,
cornille si elle avait été onduite de savon. Deux ou trois
jours plus tard, les genoux commencent à l)résenter une
rOllg'eur 'qui s'étend peu li, peu sur los cuisses et les
jambes. J-,e môme effet sc produ it sur les condes, les
bras, et les avant-bras, puis sur les côtés, le dos et
l'abdomen. Tel est 10 cours ordinaire de l'él'llpti 011 , mais
11 y a des exceptions à cette règ'le. On la voit moins
souvont iL ln, poitrino, il, la fi1ce externe des mains et des
pieds; ello est plus nue encore an con où olle so lilllite
d'hahitude circlilairement, flUX aissellos et aux soins;
elle ost exceptionnello ,l, la paume des mains et tL la
plante des pieds; enfin olle est inconnue ft IfL faco . A
dOllx reprises, j'ai rencontré une poussée Ullilrttérale
s'étendant COlllme un zona sur une moitié de la poitrine
ou du ventre; sfLllf cotte particuln,rité, l'i1ffection ne
présentfL rien de relllfLrquablc.
La rougeur érythémateuse diRpn,rnJt sons la, pression
du doigt pour so reproduire ensuite rn,pidement; la, température de la peall est plus élevée qu'à l'étn,t nOl'llml.
La poussée se montro ordimürelJ1ent dn cinqui.ème au
qua,torzième jonr, quelquefois plus tn,rd; elle parcourt
quatre pIlasOS distinctes: la. période prodromique, la
pér iodo éruptire, celle de l'efflorescence et celle de h1
c1mHJwLllH1tion. 1),1 chrtlellr et le he,tu temps onL une
inflnollce mnHlnée sur 10 développement et sur ln, marche
de cotte éruption. On no peut a~sez
recommi1l1del' ,tllX
�-
76 -
baignours qui on sont attoints do se tonir chaude mont,
cl' éviter les courants d'air ot les refroidissemonts.
Ij[t pousséo, COHnue los oxanthèmes aigus on général,
sllit uno mn,rche régu]ièm, olle diminue insOllsiblollient
'Lprès l'efflorescence pour passer à hL périodo do la desquamation. Ce n'est qu'après la complète disparition
do celle-ci que ],1 cure peut être considérée comllle terminée. On a souvent rellULrqué tIlle dOfl mn,]ades qui,
contrairemont à l',wis de lour médecin, ülterrompaiont
trop tôt les hainfl, s'attiraient de gravos inconvénientfl.
Dans ces cas, l'irritn,tion de b peau peut flO prolonger
011 l)ersistor, hl, cuisflon et 10 prurit devenir cont.inl1s; i]
pout so développer dos g'orçllros de la poau; enfin, ht
umbdie peut revêtir une formo eCZOlluttollHe chl'oni(lllG
(lui 110 cèdo (IU'ft un nouveau tmitolIlont. Jo C011lULÏH
personnoll0mont diiftll'onts ma/1alles qui ont en à rllgTetter
lellr déso héissallce SUl' co point; on le.' a vu repi1raître
aux ~aux
vers hL fin dn ln, fmison pour 1'épnror hl, f,wtc
COllllllise et fle libérer par lllle nouvelle cure de lour
éruptioll ou de lours ilélllang'(misolls importunes.
Qllant <LUX divors camctèros oxtériollŒ qli' ollo lJüllt
])ro:'lCnter, ln pommoo varie slliviLllt lOfl CiLS: tmltôt ollo
reHHolllble à l'érythèllle, ct la scarlatino ou :\ l'érYHipèJo,
('·0 <lui frLit qu' 011 iL commcl'é lm; épithèteH de ])(JllflHéo
ÔI'/jthémateuse) se(t/lal inellse) ct éry,sipélateuse; tiLllLôL
o]le He dévploppe ROUS forille do tacheR OH (le IIHtcules,
]lll is HOllS colle (10 tllberculos, de pustulos, do vésicII1C'H,
im.;él'éH Hill' llll 1'011<1 rOllg'o,Hro. Cc,, thrrot'Olltos ViLriôLôs
IHlllVOJÜ He Lrouver l'éUlliofl che:.'. IcL même pcrHolllLC, IlliLiH
�-
7', -
:t101'S on g'énéra1 1'1lllB d'olle est pl'éclomimtllto. JJos tuhorcules entrent mrmncnt en suppm':ttioll, mais s'nJfaissC'llt
ci. so résorbellt ; les plUltlllcs ct les vésicules, nu contmirn,
lol'squ'ollos sont parvenues fi, leur maturité, écl:ttont ct
bissent suinter un liquido jauntître qui, si elles sont
110111hrcuses, 11éllètro 10 lingn ct le collC' 11, la pottu . .A
llleSlU'O tlue l'éruption suit sa marche régressiye, l'épiderme se détn,che ct tombe sons forme de min cos 1)('l1iculos fnrfl1!'aeées. Qnol(Jues personl1os sr reRsontcl1t au
moment do 1,1, ponssép, d'mw forte \lém:tng'enison, d'ulll)
bl'Îlllll'o intense, de frissons nlternant êwec üeH accès (lo
clmlenr, suivis do transpinLtion légèro, qui, d'onlinnJire,
' . :wprocure du SOl1hLgelllent. Pnrrois les ox Lréllli1és inférielll'f's
deviennent mdématonsns, lêt pean s'excorie ct il S'011
éehnppo une sérosité viHquonse. ])nns dos cas de co gelJl'o,
le pa.tient sc fait trnnsportor au h:tin et, dlll'nllt l'into1'valln, il ganle la ch,tmln'o ot pl'onrl U110 position ho1'ir.olltain pônr adi ver la résorption de l'engorgollLrllt., l\ütis
déjù, au l)ollt de que](llLOs jours, l'améliomtion so 11l'OIlOllCr;
los 1l1cémtiolls RO ciClLtrisollt, l'enfluro dispal'nît ct une
1égèro ardeur locale, Il lie le m~t][Lde
ressent lors dl' SOIl
entréo en hain, lui rappolle soule qu'il ost encore souffrant. Si l'irritation do 1<1, l)e:tll l1en
,~ ~ti de devenir trop
cOJ1sidérahle, on dovnJ.Ît n.hrégor la durée (lu bain (lP ln
Hoirép, on pQl\l'mi t mênHl le Hllspeudre entièreme1l1,
SlllViUlt los circolls1,anccs) surtout si le systèllle norveux.
so tronvitit sériousement affecté.
DOPllis 11Omh1'o d'allnéos médocin aux bains de JJoiiche,
je 11',ti jal11:tifl remarqué t11lO l'uno ou l'autro des variétés
J
1<
�-
78 -
d'exanthème que nous von ons de peLsser en rovue, méritât
la préférence, cette différonce de formo c1épelldihnt du
degré d'irritabilité de la peau et do quelquos c1rconstances secondaires. Cepenc1ihnt, j'ai pu constihter, qu'en
général, plus l'éruption est forte, plus lih fatig'ue et
l'affaissement sont marqué,'. J'ai ~u SOliS ma sUl'I'oillancc
les personnes les plus robustos qui, au début, sourit1iont
losrque je leur domihndihis si olles se sentaient incommodées par l'efl'et dos bains ~ "Du tout, é1.ihit la réponso,
il me serait facilo de 1)1'011(11'e un bfL1Jl de llloitié plus
1001g!" Néanmoins vors la term.inaison de la curo, après
avoir ossuyé une bonne poussée, toutes sa,ns excoptions
étH/iont ravies de voir arriver la, fin du traitemont, car
on général, olles se sentaient bion un pou épuisées.
On ne doit pas se Hg'm'er qu'après avoir cessé l' LlSihgO
des bains, fCLt-il accompagné d'uno poussée assez f'orte,
leur effet soit complet; il 11' en est rien, des résultil/ts
avantihgoux ou même une entiere g'uérison do la Jlmladie
I)Ollvallt encore être obtonue au bout do trois lllOjS
ou plus. Des personnes pou satisfaites en quittf'mt
Loccho, ont vu leur état s'améliorer sllccessivoment et,
à, lour grande surpriso, l'n.ifoction pour laquello o]los
éta/iont vonues aux eihLlX dispantîtl'o totalelllOnt. Ues
fa/its doivont ong'ager los baignours à, 01)s01'l'01' CllCore
après la curo nn cortain régime. Voyez: )) Tnütolllent
consécutif" .
Il est facile de comprondre que, COllnue tout autre
ag'ont tll6rapoutique, los Cil/UX de Loëche no pouvont a,gir
quo d'uue manièro lento sur dos affectiolls on gTihlldo
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79 -
pru,tie chroniques, et qn'un certn,in temps e~t
:l,U développoment de leur action sn,lntaire.
nécos, 'aire
Macle cl' acll1ûnistration.
USAGE lN'l'ERNE.
C'est d'ordiuH,iro ln, matinéo, de cinq à nouf' heuros,
tlUO les eaux de IJoëcllo so pronnent on boiRSOll ; l'estomac
étrtllt encore vide, Jeur digestion s'opère mieux, stiIlLllléo
qu'ello ost, du reste, par la promenade et par l'air flïtis.
Dn,ns la plupart des cas cette lllanière cl' en fitire llsag'e
ost un puissant a(~uvn,t
de lit cure de bains il, laquolle
elle s'n,llie pn,rfèLitement.
A. Loëche, le traitement interne varie de quinze il,
\'Îllgt-cinq jours, suiv,tut les effets et les circonstances,
Il est indiqué dn,ns un gmud nombre de maladies, surtout dans les catarrhes chroniques, les mauvaises digeRtions, l'acidité de l'estomac, les hémol'l'holdes, l'art.hrite,
la chlorose, les affections du foie, l'hypochondrie, les
indurations, los obstructions, les engorgements de tonte
espèce, dans la constiptttion habituelle; les mahtdies des
femmes, etc. On doit au début consulter son estolliac et
voir s'il supporte l'eau ou nOll. Si la digestion n'ost pas
tronblée, si l'appétit augmente, si les excrétions tlont
légèremont favorisées, on peut hardiment continuer
l' Llsn,g'e interne de l' en,a; lllèLis si l'on obtient des effets
contraires, il vaut mieux .Y renoncer. Qunnt on pout
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80 -
Ynflller les deux traitements de front, il ost n, rocOlll11H1J1der
de boire l'eau avant de sc rendre l1U bl1Ül ct de fn.ire
ensuite une legère promenado, afin d'acti ver 111 respiration, l'l1bsorption de 1'air pur l1yant pour effet de fl1VOriser la production cl 'une bonne 161l111tOS8.
Soit que l'on se contente de prendre l'el1U intorieLlrement, soit que l'on fîLsse usage des l)ains, il est né cessl1ire de s'habiller chaudement, vu qu'à lJoëcho les
matinées et les soirées sont h<1 bituellement froides. PrLr
une bonne tempémtl1l'e, on se donne du mouvoment i1.L1
grand (l,il'; si le te1ll1)S no permet pas de sortir, 011 sc
promène dans les g·a,l el'les, ou on resto chez soi ct on
boit l'eau en sc renda,nt au hain.
Un pot it nomhro ùe personnes supportcmt mieux l' cau
lorsqu'elles évitent tout mouvelllent après l'iligestioll;
lluelques-unes hL digèrent mieux lorsqu'elles la prennent
dl111S 1',"LI)rès-dîner, ou d,),DS l'intervalle des repas; d',"Lutres
onlin trouvent leur l1v:1,11tnge ;1, la hoire mélangéo avpc
du h"Lit, du petit-lè"Lit ou cerÜ"Linos boissons réclamées p:tl'
ln, circollstl111ce. Dmm tous ces Cl1S, il Ü"LlÜ s'e11 mpjJortOl'
:1, l'oxporiellco; pour ma part, je vois toujolln; avec pln isir
que les l)l1ignelll'S (assent en Illême temps wmge de l 'Oêtll
à l'intérieur, ln cure on est ainsi activée pn,!' r,"Lctioll
qu'elle exerce HUl' la rmnguifîcation et ln, résorption.
Assez souvent, il est 111'1'iv6 qu'ello n'a été HlIPllOrtéo
que l'ort diffj(jilement, mais l1USi:;i elle 11 produit do trèR
bOllS effets, une rois qn'clle 11 pu être prise (['une mH,niiiro
Olt de l'autre.
,J'ai encon\ préHentH il, h"L mémoiro deux Cl1S où une
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81 -
vraie antipathie s'éÜlit déclaréo pOUl' cette enu chaude;
jo pris alors le parti d'ossnrer clr filire boiro l'oau 1'0froillio. Cela r611ssit 11 lllerveille ot, 11 cettn occasioll, je
rOllu1rqllai que l'eau froiùe ost très bion assimiléo Imr
l'nstolllac loquel en digèro mêmo (los qUèLntités hOlLllconp
p]l1R fortrs qn'iLlltl'OIllOlI1" co qui s'rxpljqllepar le fait
quo dOi:l organes dig'pstif'H disp086s 11 l'atonie s'aecolll1Il0drnt moins bieu dos boissons c]uwùei:l. Depuis lors, je
conseillo souvent l'oan froide quand il n'ost pas possible
do ln faire prendre il, la SOlll'(jO; jo suis mêmo prnmadé
qu'il ost dm; tempéralllents allX(ll LOls elle ne conviont quo
i:lOUS cetto forme. Il suffit d'on remplir une cal'fI.fo qu'oll
laisse exposée it l'ilir devant la fenêt.ro pendant la, nuit,
nprès l'avoir bion bonchée, pOUl' s'en sonir le joUI' i:lni"11 nt. On ln prn1Hl la lIlil,tillér, par VOlTe, de (luart d'ho ure
on quart d'hrUl'o; on bir11, on cspa\,ant ]rs dmles, on
arri \'0 ib en illg'urgit.ol' qn01.idiennrm811t ebx ib <lui Ilze l'orres salls allcun désavalltagé, quantité double au moins
de cello qni sorn.it sl1]lPortéo en la pronant 11 U1lC température élevée.
Par co rofroÎlüssClllollt, l'oau milH1ra.le no vo)'(l qno
très ]lon do sos VropJ'iétés; cUe resto claire ct li mpido;
il ost l'rai quo la fnib]o proportion de gaz qu'olle conticnt
s'()(jhaJlllo, maiH quant anx partios actiyes, qui H011t fixos,
ollos 110 suhissont nllWIlO alt.6raJtion. Ce n'est qU'clll bout
dp phlsiours lIloiH qu'on "oit. Ull lôg'er prp(jÎpjM de sulfate
ealeiqnc s'attnchor allx parois de la boutoillo, et, COlllllle
co s01 ost l'é16mo11t. l1li 11 flra lisateUL' qni c1omi1lo da.ns nos
eHrUX, on pent dire 4tH' la déperdition qu'ellcH Ollt éprou6
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82 -
vée, par suite do l':tlmissement de la températnre, est
bien minime.
Il est impossible do fixer d'une manière géllél':tle ]e
nombro do verres d'eau qui doivent être pritl en un j01ll';
il faut pour ceh tenir compte, daus ch:tque cas paJrticulier, de la constitution du malade, do l'état de l'estolllf1C
ainsi quo de la nature do la maladie. On COIlllllOlICO
d'habitude par un demi verre, ou un Yorre, et on monto
gTltdueliement jusqu'à co qu'on arrive 1t l,t qUllntité
voulue, puis on diminue ÎllsOlltliblolllont ]e nomhro dOH
velTes jusqu',t ce que la cure soit terminée. Coux qui se
baignent en mêlme tempH 110 boivent dans la règle que
trois ou quatre verros d'oau pendant ]a journéo, t:tllditl
que cenx qui s'on tionlleut OXChlHivOlllOllt it ln, hoiHHon
peuvent allor jusqu'à huit ou dix vorres. Un usage :tbllsif
de l'enu gêÎJtc l'estoillac et :t(fniblit la cligcfjtion; il o"t
dOllC t0l00urs préjUlliciablc.
USAGE
ExrU~RN.
JJCtÏl!li.
J.Jos uninR Ollt pOlir IJI'Olllicl' effot d'appl'opri.ol' la poa,)),
do dét:tchol' los pelliclllos épidcl'llloïq llCS (111 'ulle dOHtlllitllUttio) 1 10llte tond cL mobiliser sanH cestle; ilH 11ccélèrollt
emmitc los fonctions detl glanùoR Hudori 1>11 l'eH et s(\lmcéoR;
ilH favoriscnt on général tOllto c01te série d'aetiollH 01'gani(lueS pal' 10scllw18 8'lWCOIIl11]Ïfl8cnt dalltll'écollomio loH
doux mouvomollt" contillllH de COlllpOHitioll ct do décom]lOSitiOll. On ne doit IJas boire los caux al! momont olt
1'011 COllLJllOllCO il, se bitignor; h1 ré:tctioll ]JOlilTiLit OJI êtro
trOll l'orto. ltèglo géuomlo, on débute par prondre los
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8,1 -
hnillH, pllis ail ])(JIlt de six il, dix jOI1l'H, 011 y joint ]0
traitpIlIe1lt ÏJü('rienr; ou hioll 011 COllllll01lCO piu' fi1ire HIle
curo d'eall et on ll'i1lTivo que pIns ta,rd ;), l'emploi dos
haillH. A ce sujot, Oll ('om bien do H'on remettro allx i11(licatiol)f:l du médecin, Hi l'on vout obtollir le lIloillot[r
nlf:lultat possible.
1Ja longl1enr d'UllC cnro do bains se règ'lo SurtOllt
d'aprèf:l hl, llature du lllai qLle l'on veut combattre; il en
ef:lt do môme do la duréo üo l,'illl1JlOrsioll journalih'o; 10
1Il6deci1l ost soul compétent pour la fixer . On COllllllellcn
gÜllôralO1l1ent ]laI' prendre Ilit baj Il d'UllO demi heuro ou
d'nlle heure ot on aug'lllOllte chaque jonr d'autn,llt, jUf:lqu';'\, co qu'on attoigno lB nombre d'heures cOllvenable.
(lllanü on ost arrivé ;), cet ltpog'ée qu'on lt]l]Jollo "lil,
hauto baigllée", on cOlltinue de prondre les bains chaquo
jolll' pendant 10 mOme tOJlll)S jUSqll'Ù l'instant oil l'on
s'aperçoit que la pOllf:lsée, si elle exif:lte, te11d tl, perdre de
son intensité, ce qU'Oll clif:ltiugno facilement eu observant
(IUO la rong'enr de Üt peau ost lllOÜ1S vive et b deHqnalIl:ttion imminente. C'CHt le moment de "dP.baig'ner", e'oHtiL-dire de cliJlli Iluer HllCCOSRi VOlllOllt la longueur du hai Il
on suivant UlHl progTcssioll in verse tl, cello ct ni a, (;i,(l
parcourue dèH le débnt. IJorsque n,ucnne émption no S'CRt
IlUtil ifm:téo, le mOlllont où jl convient de débaigner sn
fixo do te]]e Horte quo la, Cllro soit torminée verf:l le viug'tcinquièlUo jour; rien 11 'empôche cependant de prolollg('['
la "baig'néo" itn df'lè)' de co terme, lIlômejuRqn':tllqnnmnWlllHl jonr, si la mal:tdio l'oxigo. Oc n'm,t dOliC p:t.s ('II
\fUll de <limilluer la, pOllHsée (ln'On débltigll(', ml' cotto
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84-
affection cliS]îaraît également par la haute baignéo, mais
bien plutôt pOUl' éviter une transition subite et habituol'
peu iL peu le corps iL se pn,sser cles bains.
On cloit continuel' iL clébaigner jùsqu'tt ce que les dornières traces d'érythème aient dispam. Quoiqu'on 110
puisse pas d'avance préciser au juste le temps de l'immersion quotidienne }Jendant la haute baignée, on pe\ü
dire en général que trois ;), cinq heures de bain pal' jour
suffisent pour obtenir les résultats les plus avan1 ageux.
J'ai vu souvent des personnes qui avec un bain do doux
ou trois heure::; avaient la plus beJle poussée et obtenaient
cles succès tout aussi réels, si ce n'est meillems, que d'ltutres qui se baignaient journellement pendant sept ou
huit heures. Il raut agü' dans les différents cas sui vant
l'<tg'e, J'état des forces, la constitution, la maladie; si jo snis
d'avis qu'une durée trop prolong'(le des baillH ost l1uiHihlo,
je dois faire remarqller aussi que des maladrs viennont
souvent iL Lo'cho pOllt' dos affections chroni(1110H, on dos
dermatoses inyétéréos, (lui réclament un traitomont plus
énorg'iquo pOIll' so guérir ou s'a,lllélioror. Ol! doit done
s'en tenü iLUX inùications ]Josii,ives fonrni(\f, p:tr ln. ma,ludie sans 11onssor los choses iL l'extrême, ce CJlLi ost toujours nuisible. Ainsi, on moyonno, pOUl' 110 paf; Huroxcitor
l'organismo an risque de l'afl'aib\ir, troiH iL ci1Hl hruros
de bain suffison1, dans los cas ordinaires; il n'y Ho que
quelques affectiolls spéciales qui rée\illllont des bains do
six à sept homes; oncore faut-il dans ces ci rcollstances
n'en user qu'avec préCltutions.
Je suis conyaincll, d'n,près mon eX1Jorionco, que les
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85 -
bains pris pendant trois à cinq heures, COlllme je viens
de le dire, ag'îssent plus favorablement que lorsqu'ils
sont de trop long ne durée; un équilibre plus parfait s'étêtblit entre l'action et la réaction. Si l'on veut
obtenir un effet plus marqué, il vaut mieux prolonger
la cure et ne pas s'en tenir au chiffre blLl1al de vingtun jOLlt'S, délai quo j'envisage g'énéralement COlllme trop
court, surtout dans les maladies chroniques.
On ne saurait assez bBmor la manière de faire dos
personnes qni, déjà au moment de leur départ pour les
bains, fixent le tomps pendant lequol elles so proposont
d'y rester, comme si cos porsonnes pouvaient d'avanco
connaître toutes les circonstallCeS do la cure ou qu'elles
n'oussont pas bosoin do tenir cOlllpte de l'action des eaux.
Voici les conseils clue j'aimera,is d.onner à chaque baignenr
en partiwlier : Fi1ites que vous ayez assez de temps devant vous, pOUl' qne vons ]le soyez pas dans le cas d'interrompre trop tôt les bains, et de vous en retourner chez
vous sans résultat; prolongez la cure autant ql1e possible,
une longue cure étant celle qui de l'avis de tous les
médocins donne les pIns beaux succès. La nature ne
procMe pas par bonds, dit un adi1ge bien connu; elle ne
pl'éci pite rien; en toute occasion, elle progresse lentement,
mais sûrement. IJorsqu'il s'agira do combattre une i1ffection do quelque gnwité, il vau dm mieux sacrifier une
somaino ou deux de plus, pour peu que la chose soH
fltisable; on l'accourcira le bain journalier en proportioll;
si 1'011 suit ce procédé, on no tardont pas 11 s'apercevoir
do sos houreux eirets.
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A Loëcho, il est oncoro d'nsage de pl'Ondre doux ha,ins
par jour; colui clu matin ost pIns long; clans l'aprèsdînéo, nno fois la, clig;r'stion faüe, on se contento d'un
bain d'une ou deux henreH. Pour ce qUl me concerno, jo
vermis avec plaiflir Rupprimer ce dernior, sauf ù prolongor
pout-être d'une hCUJ'e ]0 bain do la ma,tinôe. Ije dînor on
scrait rptanlé d'antallt., 01, il l'cstpra.i~,
l'après-midi, un
temps rmfflsi1nt pOUl' ütiro Ql10]Clue hOl1l1o proillenade au
grand n,il', ce qui anrait aussi son avanta,g'p,
On pOlll'mit désiror, on outre, quo la tompératlll'll do
l 'oau dallR los di lférC'Jttos piscines d'un même 6tahlissemont varÏitt do qnolqllos dogrés, qu'olle f'lÎt porton ]JaL'
exemp le ù 2 GO au minimum ot ù 2 go IL il.ll IllH.xill\ulIl;
chn,quo haignolU' pOllL'rait ainsi choisir co1lp CllÜ lui COllvient 10 mioux; pOUl' los cas qui l'échtlllPllt llno tomp(lra,tu!'!' excoptÎollnrlln, on a do plus les 'mins pnrticullnrs.
Ayoc 10 nouveau mode do rofroidir l'oilu, soit qu'on la
dirige iL travers un SyHL!'lillO clo tuymlX plong'cls cütllH l'mtll
l'roido, Hoit qu'on la, ltlSHOlllblo danfl 1111 grand rrlsorvoir
Ol! ello pord pOil il. pOli de Si1 ülmloul', il soril, /'aeilo 11011
f:HlUlornent d',l,Voil' slll'-lo-chn,1tlp Ull bain d'LIllO tOIll)H'r:t1.uro vouluo, mais nncoro l'pa,u dos bltSHillfl )lOlliTit être
1otalo!non1. clln,ngéo dpux Cois pal' jour; biPIl phls, il
sera loisible d'étn.hlir 1111 l'OllOliVollotllOllt contillil do l'r:tll
!les hassllls ]wlldant 10 hain mêmo.
Actuollement, la tOlllpératnre de j'eall ost portée <!,1t1K
chaque bassin h 27" 011 28" lt.; {j'ost la llloyonnn (l1lt)
clmcLiIl prMèrn.
IJO <lirocLollr dOH ')(Lills i1 tOl0onn, il H,L dis)lOHiLioll
�87 -
un hon thermomètre, an moyon duquol il vérifio, de
temps en temps, la, tempOl'nJllre do 1'0a,n; co contrôle
peut aussi ôtre oxercé pftr les llHLlades eux-lllômes; on
peut toujours parer iL un abajssement trop considémbJe
de la, tempéra,tme de l'eau cles bassins, en en laisf:mnt
écouler une cert,üne quantité, qui est remplacée iL
mesure pa,r de l'eau plus c1Hmde. Les personues :îgécs
et celles chez lesquelles hl, poussée est iL sa httu10ur
p01ll'raiont SUl)porter les biÛllS iL un degré on deux plus
él ev~s;
mais cliLnS ces caEl mômes, on no peut ]las s'on
mPl)Ortcr uuiqlloment it la simplo sonsation.
Au lieu de faire deux cures de bains pendant la mômo
saiElon, je croiEl qu'il y a aVfLll tf1g0 , lorsqu'on 10 peut, it
11'cn raire qu'une, et :t prolonger cello-ci jusqn',t co qu'OIl
ait obtellu l'offet vouln. Si on a dos raisons qui militent
on favour de doux cures, il faut en fairo une au printemps
ot l'antre on automne, vu quo chacune d'elles est suivie
d'u11 effet consécutif qui dOlnande un certain telllllS pom
se produire. Il ffLut donc fLttendre qne la première ait ag'j
ell plejn, fLvallt quo do commencer la secondo, co qui
~xige
un intervalle de qllolqlloS semaines.
Douches, 7mÎ1tS-tloucltes,
Les dOllchoH, nll général, ne sont autre CllOSC qn'un
comanL contillll d'oan (11LÏ VjOlÜ, l'l'n,pper a.vec nue force do
projoction plus OH moins gTandc 11110 partie quelcollque du
corps. Elles sont (bsccndrtnfes, latérales ou descendantes,
Elllivani. la (lil'oct,ion qllO prond 10 jet de liqnido h sa sortie
dll tllyrLIL conductour. l'ar oppoHition auX douches fixos,
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88 -
on a désigné sous le nom de douches mobiles, celles dont
le jet peut à volonté être dirigé dans plnsieurs sens.
A LOëche, l'application des douches consiste en ce que
l'eau minérale chaude, tiède ou froide, lancée avec uno
intensité propulsive variable et pendant un temps déterminé, arrive en contact avec une partie du corps, le plus
souvent malade, dans une direction donnée, soit sous ],t
forme d'un seul jet, üe dialllètre différènt suivallt les cas,
soit sous celle de plusieurs jets. Les promières, dites
douches en colonne, provoquent un ébranlement plus
considérablc de la partic sur laquclle on les dirig'c,
lour pet'cussion est pIns ('orte ; les clonches à jets multiples
o[ront une très grande vari été cl' effets selon la température, et suivant le mode de division de la veinc fluide;
en d'autres termes, suivant qu'on les emploio SOllS forme
cle douches en nappe, en m"rosoir, en pluie ou en poussière.
L'usage cles donches est souvent indiqué; elles sont
avantageusos dans n11 grand Homhre de maladies, soit
qu'on los app]iqllc sOlllcs, soit quo lour omploi sc cOJl1bine
aVbC celui des bains.
Pendant la dOllche, ]e ma/lade doit prclldre la llosition
clans laquelle elle pout S'lLdlllinistrer le pIns facilement.
On ne peut guère cn préciser la durée, qui dépend <lll
genre d'all'ection que l'on veut comhattro; d'ordinaire,
pour les douches challdefl" elle est de cinq :\ vingt minutes; on COJlllllOneO par les plus COllrtef::! et les plus [ai blm."
IHlis 011 eu allg'1l10nte immnsiblemcnt la force et 10 tCl1l1lS
d'application. 1a durée dos (louchcs froidos vltrio do quel-
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ques socondos fi, trois ou quatre minutes; ]ft sonsation
tlésftgréable et parfois douloureuse qu'elles ca,usont au
débnt disparaît par lenr usago répété.
A la tête, ft la, région de l'estomac et an bas-vontre,
les douchos doivent êLre appliquées iL j(\un; pour co qlli
concerne les autres parties du corps, il ost asse)', indifférent que la digestion soit terminée ou non. t;i l'on se
baigne en mêmo temps, on les prend d'habitudo après nn
qllart d"heure d'imlllersion.
Los douches secondent puissanllllrnt l'action dos bains,
pOIll'VU qn'ellos soiont adlllinistrées conyenablelllout, c'est",-diro que l'on tienne compte lIe la distance et do la, force
du jot, de la durén de l'a,pplication, Je la tOlllprratnro de
l'oa,u, etc. Ellos stimulent ln peau, la tonHient; ellos
aug'lllontent la vitnlité dm; parties sOlls-jacolltos : e!lrs
activellt la circulation du sa,ng' ot l'avorlselltla résolution
des engorgements ou dos tumeurs. On ne doit pas les
applicluor sm uno pa,rtio ol1tla1lllJlée; elles lIO 1l0lll'mient,
clill1S ce cas, qll'nug'molltor la phlog'ose. Mais olles n'ag'issent. pas sOlllolllont HllpodiciollBlllont; loar influonce sur
10 SyStèlllO notveux contral ost très marquée et. contribue
souvent Ù, a1l10,110r Ime r611cti(1n favorable. TJa, l10llehc 011
pluio agit COllllllO stimulant légor, on mômc COllllllO calJlmllt, suiYi1.nt f]1It' l'onu ost plus Oll moins challdc; dans
le prelllier C:1fl, rlle cOllvicnt aux porsolluns fn,iblofl ClI iL
cortai Il os pa rti(ls dn corps Ü'ès-sensihlefl; dans 10 sccond,
elle émousse la trop grande 'irritabilité du systèllle
1l0l'VOnx.
U'CHt. dOliC 1.iwtoL on vuo do lom offot stilllula.nt et. dé-
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90 -
rivatif, tantôt ft, Ci1Use do leur proprirté résolutive, on do
lour action générale SUl' le système nervoux, que les
douches sont ordollnéos. Elles s'emploient avec bCil,llCOUP
de succès dans les tUllleurs et les eng'org'ements des gl:1ndeH, dans les stases YiLsculaires, dans les tuméfactions
chroniqucs avec roideur det{ articuln,tiol1s ou tumeurs
blanches, dans les scrofules, les affections abdominales,
los mftln dies de la peau, les contractiolls ou rétractions
musculaires, los pantlysios, le rhumatisme, l'arthrito et
autres maladies analogues. Il ost ton jours sous-entendu
qu'elles ne devront jftl11ais ùtre dirigres sur uue partie
trop irritée, sinon lour emploi deviendrait nuisible.
IJes personnes qui font wmg;e de la douche ascellclftllte trouvoront clans 10 Joca 1 qui leur est dostiEé les
n.ppal'eils nécossaires; UI1 rohinet a(litpté ftU tllyêtll de
COll duito leur sonira 1\ il ppréciel' la 1elll}J6mtnro et lo
dogré do pression, ainsi qu'il, régler la force dn jet. Oes
divers points sont très-importants, car priso trup clul,udo
la donche sorait nuisihle, et, trop 1'01'10, ollo ]lOlll'l'itlt
produire dos dérhil'llres do vaisHoaux Sllivios d'hôlllorrhagins, ou !lu moins clôtel'llliller de l'il1f1aJl1llln,!;ion. N,t dll1'60
dùit être tout au IJlllf' de dix il, vingt secondes, afm do
no llas provoquer U11e trop gTêLllcle distol1F;ion (lu tubo
digestif. Après 10 tellips voulu, on forme ]e robinot et on
attoncll'orr'pt; cotto opôm1.ion He répète u]](' ou deux foiH
da11s ln, môme ROn,ncn. 1Jei'! persOJlllos irritnhlos rOlliplacent
co gellro do floucllO pn,r <10 simples clystères d'eall l11il16m,lo.
TJos douchos ilscolldallks stilllulont los fOlletiollR (10
1
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l'intestin, dont ellos rehanssont la vitnJité; ol1os ont le1ll's
avantagos dnns 10R dilntaiions variq1l8l1s08 <ln roetnm ot
dnns bon ~lOmbro
do malndies du sexo; 01108 dissoh'Ollt
les indurations, rondollt 10 ton aux mll8clos 01. nnx
8pllinctol's, acti vont 10 lllolwcmont pérü,taltiquo, 111'0voqllont los 6vacnntio1l8, otc. 011 pout los employer avoc
snccos contre la cOllsti patton opiniütro, lotl ong;orgemonttl
do la voino porto, lotl nJfediolls hôlllorrl1oïdaloH et. différontes maladios dos org'an08 g'6nito-urinairos.
j)onche imléprnrlantl',
Nous c10VOl18 faire ici mo.ntion (l'unc installation 8p6cialo qni so trol1vc clans 10 hMilllcnt du Omml ùain
Neu!, ct qui est snrtout dC8til
~ 0 aux perso11nos qn i l'Ollt
nu utlagc exclusif des donehes. 1;0 local est isolé clu
l'cste de l'ôtablisROlllont; il 80 eOllll'oso d'lIll cabillot il,
douchc8 ot d'un YC8tiairo pouvant se challil'or ftH moycn
d'!ln porle. I!os a.jlJlill'oils tlOllt dispos6s pour touto es P('lCO
do üoncùc8, froides, t.ird08 on dlau(le8; yorticn los, lat6l'CLlcH ou n,scondalltpR; 1'0 rios ou üLihlos; on colonllo,
011 plui.o ou on llol'l'080ir. C('t, arra.ngomont mIt très-commodo; on no peut quo l'OCOtlll1landol' l'omploi do ce8
douelles.
Enills loeall.l' ; lm'Îlls
ri"
li ièf)l',
hains do sirgc 80 J)['0l1I1011t <1n.118 dos haignoil'l's do
fOl'llln appl'opl'ioo; ilH agiHf-iOJlt 8111' ln. mêmo )'('gioll r1. lCH
lIlÔmr,8 org'H.ll08 fJuo la dOllcho itf)(jolldn.nto li, In.quollo ils
HCI'VOllt, 011 g61l6ral, do t,rniLolllont prépnl'ittoil'o. JjOl1l'
IlOS
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action est moins intense que celle des douches; cependant,
ils ont un effet tonique sur los organes du bas-ventre, ils
a.cti vent le flux hémorrhoïdal et les menstruos, ils modèrent la sensation de hrCtlure et les déman g'oaiso ilS produites par certaines maladies locales de]a peau, telles
que eczème, intertrigo, etc.
J..Jes bains locaux sont encore e1l111l0yés sous forme de
manulnves, de pédiluves, etc., lorsque l'on désire oblenir
un effet SlU' quelque partie du corps, tout en évitant
l'action générale des eaux.
Bains-ventoll ses.
L'application des ventoUSef) scarifiées dans le bain, a
pris Il Loëche une assez gra,llde extension, surtout chc7J
lm) personnes du sexe masculin. Ces bains-vontoU:-leH, dont
l'effet est ]JIns llULrtlné quo celui des veutollHes simples,
sont souvent ordonnés à la Jiu de la eure pOUl' combattre
dos afTectiol1s rhumatismales ou herpétiques, des infiammations chrOlliquos, des restes do poussée :wce état
cong'ostif de la, pmLU; dn,llS tous ces cas, OllOH ag'isHont
par déplétioll sur l'orgn,no tégulllllntaire qui ost ainsi
ramené à l'état normal.
Un local ad hoc annoxé an bain Zurirois eHt spécial(,lIlont destiné 111'a,pplicatioll dos haills-volltollHCH; los
V0I'HOllIl08 p1"(\110sé08 Ù, cct offico , 1lOlllUlC ou COllllllO,
opèrent avoc prolllptitullo ct doxtérité.
JJI,Îl.'ctions.
sc prntiqnellt nu moyen d'instruillents de Conne
ct de gnldldcnr divorses, ct SOllt indiquéos dlLl1f:lUIl grand
l~es
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nombre d'affections, tollos quo: les allln,s do cérumen
dans le conduit auditif, lei:! ot.itos extoL'llos ayoc écoulemonts purulonts; COrt~ÛIl
OH lIlnln,dios ocnlairoH, los b16pltn,ritos, la séborrhéo, l'herpos ot l'ecz:èmo chronique dos
prtUllières, etc. On so sort souvont dallS cos cas d.o l'apparoil pulvérisrtteur, au moyen dmlllol l'oall très di visée
arrivo en contiLCt avoc lrt prtrtio dont il s'agit do modifior
lrt vitalité. Le mêllle appareil trouvo aussi Hon emploi
clrtns los laryngites ot les bronchites.
Des illjectiolls d'ean lllinémlo Ront oncoro omployéos
dans 1eR a(l'octiolls do:; org.allos génito-urinairos, dam; les
ulcératious profondes, los trnJots fistlùeux, etc., dont
olles modèront la sécrétion ot activent la cicatriHlttioJl.
Lotion:;.
l;es lotions sont plus rtcloucisRantos que los donchrs
011 pluio; la sOllsaJion qu'elles produisont sur 1eR prtrtics
mahtclos ost mêmo agréable. EUe.' crtlment ln, trop gTauclo
initabilité des nerfs cuta.néR, favorisent ln, dossicn,tioll
dos clrtrtl'os humides ot ln, gnérü;on des malndios chroniquos de la pran; olles sorvent l'louvent d'il djllvant lltilo
rtU traitement g·ônél'n,l. (Jos JotioJls so fOllt au moycu
d'uno épongo, soit dans le hn,in mêmo, soit on chambro;
ellos constituent ainsi llue vn,rin,llto on un complément de
ln, cmc pOlU certainrs pn,rtins du corps qui no ]leuvent
pas êtro maint.onues dallH l'tmu, tellos qne 1rt ('aco, le
cnir chovelu, los oroillos, le cou, otc.
Fomcntntions.
On so sort
pOUl'
les fomontations de compressos do
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tone, de grandeur ct d'épaisseur clllTérelltcs, qui, imhibOeH
d'eau minérale chaude, s'cl,ppliquent sur la part.io malnde.
Elles ont cet ava,ntag'e, qu'elles peuvont se faire facilement, de jour ou de nuit, soit debout, soit an lit, et dnus
n'importe qu'elle région du corps; on en fait son vent
usage pour combattro los maladies do la peau, los ulc(lrations de toute eHpèco, contre lesquelles je ne saurais
assez les recommander. Des fomentations, ot encore dos
fomentations, tel est mon mot il' ordre! 1/orUt resterfl,
ainsi le l)]US longtemps possible en contact avec le Hi(\~'o
du mal; on en retirora los plus grandR avalltag'cH, HUl'tont
s'il s'agit d'une ma]adie d'une cel'ta,ine importallce. 011
pourra, pal' exollLple, 10 80ir, avant que d'aller 80 coucher,
s'appliquer une bonne cOlllpresse qu'on recouvrira, lIe
ta [rotas anglais; 0110 conservera une dOllce chaleur jUHqtÙtU matin et ag'ira avec Ulle grande elIicacité sur les
Imr1.ies malu,des. J 'OllYÜmge les fomelltatio1l8 COllllllO un
moyen d'action très-éllorg'ique, et c'est cel'tiûllelllOlIt ulle
affaire de conscience du médecin quo de les prescrire diws
les cas où ellos SOIIt illdiq nées.
Ile dépôt des eaux H'oillployait autrofoiH 011 npplicaLioll
dallH 10 môme 1JlLt; cOlllme il contiollt beaueoup d'oxytlr
<lo l'or, Hon uetion ét.ait. pOllt-Oko encore Illns (lllergüllw.
IJ(I, difficn11é do s'on ))roeUl'or ost la seille CilUHP qni nll
aiL fait abi1lldollllor l'nsi1go.
Pl'épamtion ù, la cure,
Qlloiquo hOli Ilombre üo porSOllllCS l'ojottont tOllL traitemont préparatoiro COlllllle jllutjlo, je no saurais lUO rang'or
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fL leur opinion, car j'on ai reconnu, plus Ù'UllO foiR, 1('H
avantages et meme liL nécessit6. On Ile saurait, en effot,
éviter avec trop de soin tout ce qui peut entr:wer l'actioll
cles eaux et compromettre le snccès de la cure. Il eHt des
cas qui réclament illlpérieuHelllCllt lm traitelllent particulier avant que de COllllllcnCOr leH bè1ÏllS, (jOlUlIle par
exemple la pléthore, les COllg'estions sanguin 's, les g'H,Stricisllles, etc. Dne ,rje simple et réglée, l'exercice au
grfLllcl air, le repos do l'es]Jrit, sont aussi des cOllditions
e,!:)!:)entielles d'une bOlllle hygiène préparatoire. On peut
leur alUoilldre dans certains ca!:) l'usage de dé(jo(jtiollH
végétn,les ou de suc!:) d'hOl'be qui, pris fL petite!:) doses,
out llOlu effet d'augmellter l'appétit, d'améliorer hL digestioll eL de i'acilitpr ks selle!:). Il i'è1llt allssi autant tIlle POHsible se débarrasser de touto inquiétnde et do tous HOlWiH.
lJes bains tièdes out été quelq nd'ois mis en usage
COlllJlle traitement prépanttoire; ils ont pu sallS doute :tg'ir
aViLlltageusement, mais nouS ne pouvous 1ms loUl' accorder
llno grande importanco pour la cme subséq llento.
Les perHol,lllOS (lui ont l'intention de He r01ldl'e anx
baills foront bien de se fairo délivrer, par 10lU' médecin
habituel, Ulle courte histoi re de leur lIlahtdie, aflll que le
médocin dos eaux soü mi!:) d'omblée au (jourant des indications ct puisse immédiatemeut proscrire le traitolllont
convelll1bJe. On He dOVl'lLit jnnHtis venir aux lJètius HltllH
avoil' pris l'avis d'un pmticion oxpérimellté; nous conseillons allssi il, chacull do s'en romottre, ]Jour le traitomont
il, sui Vl'O, aux di)'O(~toJls
do l'Ull des médecius clos baills,
seuls a]Jtos il, juger dot! cOllditiollt! d,tllS 10squolles los eaux
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doivent être administrées, plutôt que de suivre l'exemple
de quelclues personnes qui veulellt faire il. leur manière,
au risque de nuire il. leur santé OH de dépenser leur argent
et leur temps inutilement. J'ai vu encore l':tJlllée deruièl'C
une personne occupant un rfLllg élevé dfl,lIS la société,
s'attirer de ' cruels désagréments en agissfLnt de la sorte .
.Arrivées il. Loëche, les penlOuues qni s'y sont tn1nsportées dans l'intention d'y ffLire une cure, feront bien de
se reposer au moins pendant une demi-journée, an lieu de
COlllmencer il. se baigner le même jour, npour ne Ims perdre
de temps, (( COlllme on les Olltend s'exprimer quelquefois.
C'est précisément ce début précipité du trn.itement, lorsque le système nerveux est encore dfLllS un état de surexcitation, qni eHt nuisible. Je ne pnis assez répéter il,
chaque baigneur en Imr1.icnlicr, de prelldre sos dispositions de manière ~I, avoir suffisamlllent de telllps deyant
lui pour pouvoir faire une cnre cOlll]Jlète, laq LieUe pOlll'ra
exiger quelquefois jusqu',1, Ulle trentaine de jOlll'S, surtout
pour les cas de maladies rebelles, et de He pn.s interrompre les bi1i11S ail bout du troisième 80])i.ôl1aire, Hans
tenir compte des ci rconstances. C'est le procodô Je ]llus
absurdo qne je cOlluaif.lse, que de forcor les bains dès 10
COlllllloncement pOlir chorchor il, obtonir une érnptioll préllla1,llréo, puis de s'empresser de débaig'ner afin d'ôtre de
retour choz soi dans llH délai déterminé d'avance.
Des curos ffl,i1.es clans ces conditions SOllt Titl'elllont
bonnes, tanùis quo nous Sl1vons par exp6riellce quo les
longues cures dOllllont les meilleurs resultats. Les premières sont souvent suivies d'effets ü1cheux; dos L'ostos
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ÙO poussée d(weJ1us persistants, ct accompagnés do picotpIllOlltS ou de démallg'caisons, no codcnt souvent qu'il. lllW
llouye])o apl)licn,tioll plus rationnelle des eaux,
On COlllllloncera Ja, cnre awC précaution, oit a.UglllCllItom peu il. peu ln, duréo dos bains jusq'~
ce qu'ou arrive
il, la. h:llüe baignéo pell(hmt laquelle on s'on tioll<ll'a
oXH,domont aux hoUl'oS proscritos; le nombre do jonrs qllO
tlovm dnrer celle-ci sera, Mterllliné pa r 10 Illomont préeis
de la. desquamation; OH Lléhn,ig'nera également d'une
l1uti<~re
lente et llrogTossive, En général, les ba.illS soront
continués jusqu'an mOUlcnt olt l'ou remarquera 1I1l0 a.111éliom1.ioll de l'a.trectioll qui a motivé l'usa.ge dos eaux, ct
on no comptora. pas trop SlH' lours effets cOllsneutifs.
!jOS malades qui voudront so rondre cl, Jjoëche depuis
10 COllllllf111Cmnont de jumet au milir.u d'août, feront bien,
(l'arrêter 10urs chambres d'a.VallCP, VLl qu'il cette époqul'
de l'a I1néo los hôtels soilt souvont oncombrés; cctte préeautioll lom él)arg'norn. bicn d(~s mécomptes. Dos habillemonts chauds sont do rignonr, les matinées et Jos so iréos
otallt g'élléralolllont fraîchos; on trouvora à so procure!'
des chemises do bain sur los lioux mômes. A. LOMIlP,
ln saisoll des oaux C0l111110nCe VOl'R le 15 lllai et dll!'O
j llSqU' IL fin septembro; 10 promior COIllillO le dern ipl' Illois
sont SOll\'Cllt trèR-bellllx; ils présentent au point de vur.
clos hains les lllôllles avantages que les Illois d'nté.
l'I'écpptes h!J!/iéniq1tl's à l'usage ries baigneurs.
I.rs pel'SOlllIOS qui font nno cure aux bains do r,orcho
doivont s'on te11ir exacteJllcnt nu régimc ot. l'LU g;nlll'o do
7
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vie ordonnés par le médecin. L'oubli ou la négligence de
ces utiles prescriptions ne peut être que préjudiciable
aux malades :
1° Toute occupation sérieuse, tout travail fatiguant,
seront mis de côté; on ne s'occupera que d'une flonle
chose, le rétablissement de la santé; on s'efforcora do
combattre l'ennui par les distractions variées qu'offrellt
la société et les promenades.
2° On ne commencera la cure qu'après être remis cles
fatig'ues du voya,ge, et en général, on se l'eposem pendant quelque temps après une course un peu i 1ll1lortante
avant que d'entrer au bain.
3° Les émotions violentes, et toute ag'itation d'osprit
devront être évitées.
4° On se couchera vers les neuf ou neuf homes et
demie du soir afin d'être disposé à se lever de bonne heure
le lendemain.
5° On observera un régime convenable; on satisfera
son appétit aux houresl1xées sans prendre deR aliments
on des boissons dans l'intorvaDe des repas. EII fait de
nourriture, on se COlllelltem d'un pel,it nombre de plats
16gers; on évitem los mots trop gras ou trop épicés, les
viandes saléos, les substances acides, etc. On Ilsern, modérément des sucrories et du dessert qni SOllt fnits plutôt
pOUl' plairo a,ll S01IS dll g'oot qll'en vue d'une digestion
facile.
6° fi... tablo, 011 sort gé1l6raloment clos vi1ls du pays do
bonne qualité, rouges ou blancs, qno l'on boira, soit
purs, soit coupés avec do l'eau. J~es
perSOHnos qui
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d'lwbitude n'oJl font pas usage s'en tif\lldront il l'pau (lIli
ost excellente.
70 rJorsqne le tOJlp~
10 permottra, on fera quelque
)lrOlllOlHHlc au gmncl air, en évitant copeu<lant de la.
ponssrt' jusqu'iL la fatigtw . 1Jcs persollllOs fniblos pOlltronl rOllllJ1acrr lrs conrsrs ft piod pnr uue tou1'llér ~
e1H'yal ou eu voitnrr. Il oxer.cico modéré rst surt.ont
salutnirc pour erllcs qui ont lïlltestill pnrcsscux ou qui
Ollt l'hahitude d'uno vip sédcntaire.
80 Le souper sem peu copieux, do crainte (](' SUt'ellllI'ger l'ostoUlnc rt do trouhler 1 sOlllmeil.
90 On s'hnbil1ern chn udelllollt, part.icnlii'rcll1Cllt le
mn.tin et le soir, 1<'s conséquences d'un refroidiss(,IlU'llt
pon v<tnt dcyenir grn "NI.
R;;glcs Ù sl/il'l't' ft1'wt!, )ll'w/alll et ap"ès II! baill.
Aux ]leures iixécs, on so rend èll'établisse11lrllt de hain
do SOIl ehoix, royêtu d'tllir bOlllle ro»r de clUlIllbro ou d'un
long' surtout. On ycjUe il, co Cl lle ln digestion soit trrminée
pt tlllC le corps IlO se troll 1'0 pas dnlls un état de surexcitatioll par enusc physiquo on morale. Arrivé nu yestiairo
qui lui est assigné, 10 ha.igncllt' so déharrasse dc ses
habits et endosso la t1111il1110 en laine qui COlllpose Ha
toildtc (]p haill. II dr,TOlHI CllHllite 1(' petit escalier qtli
condui1 ~ la piscine. Après s'être plongé dml ' l'eau jns<l lt 'Ù, la parti" ~tl)(['irJ
du ('orps, il ouyro la vorte :wec
prp(',aIl1ioll, ln ref'rfJllO <lr môme et g'avanco dam; 10
hassill tOlljOlll'S <1èlllS la JIlÔlllO positioll )lOlll' allor sc
cllOisir Il)]1' plac!'. Celui <llti lllnrthernit deboltt ou garde-
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100 -
rait une attitude qni ne serait pas con forllle ~mx
llRag'PM
reçus serait immédirLtelllont rappelé à l'ordre par les
assistants, et s'exposerait aux quolibets ot aux éclats do
rire dos plaisants üu carré.
T.Jes porsonnes faibles, cenes qui sont fllljettos aux
athtClues de nerfs, aux syncopes on an ertige; celles qui
ont des dispositions à s'endormir daus le bain, ce qu'on
ne doit jamais permettre, feront hien de so faire aCCOlllpagnel' pal' un aido ou 1111 surveillant. Cola ost toujonn;
indisponsable lorsqu'on prond dos bains particuliers,
Uonx-ci prêtent davantage au sommeil, tau(lis qno les
b~tils
do société qui sont souvont égayés pal' nlle vive
cOllvorsaiion ou par <los joux amusants n'ont pas cet
illcollvéniont, Les pcrsoHllCs (lit soxe no prellllellt pas les '
bains pondant qu'olles ont leurs l'èg'los, Pendallt la dUJ'(lO
du lmin particnlier, on oxécutera quelqnes légol'R 1Il011VOlllcnts dos mains, dos piec1R ou du corps afin d'OH mettro
los différentes p~tI'lios
en conta"ct plus diroct a'iOC l'ean;
cos mouvements sont mojus utiles dans 1eR baj ilS de piRcine où le liquido ost snl'fisallllllont agité pal' 10 déplace1ll(\11t dos haig'n oms, Le corps doit tOl1jours êtro plOllgÔ
dans l'oau do manièro à co quo los épaulos soiont COIlvertes. La locturo prolongéo pOlHlant 10 bain est nuisiblB
i\ la VllP, (~uald
1111 malis~
ou une illdisposition 80
prodllit pondant le bain, par oxomplo lorsquo l'(~a1
osL
trop chaude, il vaut Jllieux on sortir pOUl' évite!' les
COllg'ostiollS ou les accès norvoux. Ri le sang ~t une tOlldauco :\ so IJol'tor ê\ ]a tête, on pout s'a1'])] iq 1lOI' S111' 10
Crout uno comprosso d'cau t'l'oide qU'OH reHouvello do
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101 --
tomps en temps. Cet accident ost rare chez nous, il exigo
l'emploi de bains particuliert! d'une température moins
élevée.
On déjeune cl'0['di1l:1ire au bain; malgré les critiques
qne cette mallière de fairo a pu provoquer, !lout! ponvollt!
dire qlle nous n'y avons jn,lllitis vu d'iuconvénlellttl, et
Cl ne ce repas est bien celui qLle les baig'ueuŒ prennent
nvec le pIns de plaisir.
Les parties du corps qui ne peuvent pas être mai nteHlles sous l'enu, comllle par exemple la face, sont son vent
humectées ou lavées [),li moyen d'uue épong'e fine illlbibée
(['eall minérale quo l'on l'ecu oille à son ontrée au bassill .
L'oxpérienco a pronvé qu'aucune affection ne 110llt se
]ll'opag'()[' d'une persollne il, l'antre au moyen des bains, de
surto que l'ou pent être parfaitement tranquille sous ce
rapport.
La durée du bain ost fixéo par 10 médocin; suivant los
circonstances, coll1i-ci pOUl'l'a mômo usor d'autorit6 envers
les baigneurs récalcitntllts. En général, uu bain troll
prolongé eHt plutot lluisible qli 'utile.
Après avoü' séjoumô dans l'eau pendant le tcmps
voulu, on se retiro, en ob8et'vant la même attitude (lue
10l':-lqu'01l est entré. f.la porto tennée, on sc dépouille do
:-la chclll iso de ba in, PUiH on remonto l'oscalier (lui conüuit
Hll vnstia iro, Otl lIlH' porsolillO (10 sOl'vice reçoit 10 pationt
n,vec llli drn)) chnufI'é 01. rmlRuie. On )]0 doit pas s'ltabillor
1.rop iL ln, hA,te on Rortant du bn.in, crainto do surexcitor
la, 1m1lHpim1501l; 011 Hi' LiolHlm lIé:wlUoins challd01110l1t,
011 rogag'llora sa chitlllbro eL 1'1011 lit pré,Lln,blelllollL /)a,ssilJ(î
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102 -
que rOll gardera pend:mt une demi-heure ou uue heme.
Cette dernière 1)t'(}Caution a moins pour but de VroYoquer
la sueur que de sédlCr la peau entièrement. Si nne légère
tnmspimtion arrivait inopinément, on la laissora,it i'3e
produire et l'on chi1ugerait de lillg·e.
Le sommeil après le bain no doit être llermis qu'aux
pero 'OnllOS qui sont exompteR de congostions cérébrales,
de -vertigos on d'ôtourdissOlllf'Jüs. Les adultes de eow-;1itution délicate et los enfants le Rllilportont généraloment
très bien; il a claus ceR cai'3 un effet répttratoul'.
IJes fomentations ou applications locales cl.o l'eau
thermale an moyen de li nges mouillés se font ell chamhro,
après chaque bain ou, 10 soir, rH entrant au lit. Ce
traitemont, clans les cas olt il est indiqué, ost llll oX0011ont
accessoire de la curo.
IJos injections se pratiquent de même en challibre, olles
sont répétées deux ou trois fois par jour.
Accidents de lft cm,'.
Iles phénomènes qui so produisent pendalJL J'aJlplication, soit intérioure, soit extérieuro, clos on,nx, ne HOllt
pas autro chose que los effets l>hysiolog'iqllos llo eollos-ci,
modi nés suivant los telllllémlllentR, la constitution, le
degTé do réaction organique, ote. J'ni déjiL 1):1l'lé de cci.i.c
action au point do l'no général, 01, je l'onvoie le loctoll r
iL l'article corref:lpollclnllt.
Los eIT'ots slléci:1lI x Oll ind ividllels {III i f<lHlI]tf\lll, (lf'
romp loi des eaux thrl'lilalos HOll! tantôt la cOllsti patioll
ou la dianhéo, Jos flatllosités, los éruütatiolls, l'ollllHLl'nLS
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103 -
d'estomac; tantôt le vertige, ln somnolonce, ln fa6gue,
etc. Les personnes atteintes de rhulllatisme ou d'arthrite
"oient sou vent leurs douleurs augmenter ou ropara1tre
Ltprè::; avoir cédé pendrL1lt quelque teJ1lps. Tous ces acci!louts so résument pour le baigneur dans cette expression
générale: ),IJe ba,in éprouve. « Ils doivent être combattus
lmr un traitement partrculier, à, supposor qu'ils ne s'alllrliorent pa sous l'inlluence des eaux; ninsi contre la
constipation par exemplo, on agit par des cly tères; la
diarrhée (lui ne cède pns au régime et entnwe la curo
par la fètiblesse qu'olle provoque, exige des médicaments
appropriés. Contro les gastricismes, on emploie les vomitifs on les purg'tLtifs suivant les indications. Les pre. Illiers sont pré1'émbles an début du traitelllent, ils favorisent ln pOllssée ct ln, l'émission des symptômes qui en
ost la sui~e;
les derniers trouvent leur application vers
ht lin do la cnre, OÜ lour effet dérivatif contribue à diminuer la trop gHilde irritation de la peau. Si les efforts
de la. natme sont i Illpuissants pour elimil1er les produits
Illorbides, on èt rccours aux rcssources de l'art. L'orgaslIlc sttnguin nécossite parfois la snignée; les congestiolls et le.' irritations localos cèuent ft l'application des
Sitl1"SllCS, dcs "<llltOl/S(IS et des fomentations émollientes.
Ij(~S
criscR de ncrfs répétéc.' pcuvent provonir ue causes
fli\'orscs et réclamont dilféronts traitemcnts. D'après mes
propres observatiolls, cotte sorto cl 'accès ainsi que plusieurs
(lns a,ecülonts quo 1I0llS venons d'énumérer, sont souvent le
résultaI, dos bains trop eJlètuds ou trop prolongés; on devmit, ditllS ces cal) on dimilluer la température et la Ùurée.
�-
104 -
La poussée est Je phénomène le plus saillant que produisent les b,tins; on doit ériter tout co qui pourntit en
troubler la llHLrche, si l'on ne veut pas s'exposor ,1, de
longi:) ot sérieux inconvénionts. D'habitude, ello n'exigo
aUCUll traitomont lllédical; le malade n'n, qu'ft HO tenir
chaudomont, ft éviter soigneusclllent ton t refroidissomont .
et ft continuer H(t Cllre. Si ceponclant l'éruption Ctllls,Lit
de fortes dOllleurs, il g'ardel'ait le lit ot se femit tmnHl)Orter quelg nefois an bain olt il trouyercLit bientôt dll
soulag'emont. DaJ1S cos cas, on fait assell, !::louvent dO::1
compresses avec l'e,Lu des sonrce!::l, et plus raremout ,Lvec
d',tutres émollients, HUl' les parties endolories. U'esL un
principe Dolidemon t établi, qllO Ilt pOllSHéo so guérit llal'
l'eil'et deH eaux et (IUO les bains doi \'cnt êtrc continués
j llSllll' ft son entière dispêtr~on
.
Tmitemcnt consécnti(
Lo- malado, a.près avoir fait usage dos oallX pOlldant
le tOllipS prescrit lJeU le Illéd<lcin des bains ct, (pli il a
accordé StL confictllco, s'on retolll'lle ch oz III i. Mais tOllt
Il 'est pa,s lini petr lit,. Commo nous l'avons déjlt dit, l'action salntai 1'0 dos OltllX so prolollg'e encore pOlld<tnt qllO]Cl liO ,tomps, ot co tnmtil in!::lollHihle doit être HecolUlé par
llno vic rég'léc, sanH copendètut qu'un Huit ohligé de s'astreindro it lIll rég'illlC aussi sévère qlIO pondant la (', Ul'O.
Cetto recolllmandation pa,raîtm misOllmthln i't tOllto porsonllO (lui f<tit la rélle'xioll qno cortailles Ilmlndiol) 110 PPlIvent pets <1i!::lparaîtro slir-Jo-chadll]J et <Jll'il est ([OH CiLH oit
10H Imins 110 fonL qllo prépitrer lit g'uériHOll. Ali L'OHLn, teUo
�-
105 -
opinion est partag'ée 1Jl1r tous lOB Illédecin:.; bnllléologitltOB.
Oombi,cn ùo fois ne voit-on pns dos baignours quittor
J.Joëcho méùiocrmllout sl1tisfnitB, ;L qui pOlll'tmü on pourrait IH'CB(l lle proltlottro un holll'oux. résultat pom l'ayonir l
Quelqllof'oÙ., mêmo Hll)'è:.; Hll tOlllpB trèB lOllg, il so produit
dOB offetB subits qui alllèncnt un Ch,~l1g()]IOt
total do
l'étn,t corporel ot Illom] dn 1ll'11ade. Uu déyoiolllont,
l'émcllntion do Jll,1tières fécnJes longtolllpB retOJ1llI'S, dos
dépôt.H uri naireB, de f'urto:-l traw:ipiratiolls sont parfois lOB
lliléJ\()ll1ènes précllrsoun; (l'llllO CÜBO ,L]a suito de hL\luollo
on voit l'npllotit so montror, lOB forceB rOllaltro, 10 teint
rolkurir, nt la figllre roprendro l'aBpoct do la :-liLllté. En
lIlêmo LcmpB hl. lésioll plLthologiqllo diltlÎlllle pou iL VOll
pour finir par so dissiper totalomont. Il Jll'est arrivé
Bouvont llOndant ma prati<llLO nux baills de IJoëcho de
voir partir des personnos 1101l guéries, qni, après avoir
suivi un rég'ime cOllVom1blo, s'y sont rendues do non voau
l'a.nnéo suiynnto on 1)011110 Bilnté, et dilns le simple but
do consoliùer Jour guérison pm' une socondo curo. On
allra pf1l'ticlllièrolllont Boin d'évitor les l'efroidissomenLB,
ot do lllénag'er c]mquo tmnspirutioll qui ltgit ['n,vomll lemcnt sur le corps. On 11e HUl'chargera pits l'OStOllli1C, on
slll'voillüm les oxcrétiollEl, on jouira du grnnd ail' ot on
rclugul)nt iL l'itlTit\l'f1-plan IOEl émotions vivps nt lOB })réocClI]liLLiOIlB lllonilos. C'ost ainsi qu'ull cOIItrihuora i1llsBi
pOUl' Ba. pn,rt iL Bon rétahlisBOlllpnt. Il faut dOliC lttiBi:iCr
iLliX oaux 10 tompH de urodniro lOllrs ofl'ets sallB vOllloir
do Hliito COllllllOllcor tilt [Lutro tmit.elllollt, cal' 011 ,1 VU dos
l'ésllltatB rOliLf(1abt~:SI) produire Ollcoro ë1.11rès plusic urs
�-
lOG -
mois, et, comme le dit un proyorbo : )) Tout vient à point
pour qui sait attendre. ,( Ce n'est que dans les aJrections
où il existe des indications bien précises qne l'on pourra •
faire usage do médicaments ou d'un traitemont consécutif
proprement dit, ainsi des forrngineux dans l'anémie et la
faiblesse g'énérale, une cure de raisins ou de petit-1ait
dans la pléthore et les obstruetions ahdominales, otc. Il
est rare que d'iLUtros brtins puissent être omployés clalls co
but: l'hycll'othcimpie ne peut être miHe en usage que
qmttre ou cinq somnines iLU Illoins iLprès nne cure do bains
faite selon les règ'les. Le patirnt ne se décourag'em pas, si
après (luelques somaineH, sa maladio, an liou do s'amender,
venait à augmenter et müme fL prendre dos proportions
qu'elle n'aViLit jaillais prosontéos aUlnll'ilYiHlt; cela He voit
quelquefois pour los affections cutanées. On supportera
patiellllllont cc retour désagréable sant> doute, ct on ne
sc dopa,rtira pas des préceptos hygiéniques que nous
avons formulés; on sera IJOrsévérant dalls 10 régime,
pit l'CO fi U' Olt gélléral, a.proH mlO l'Bcruclosconce de ce genre,
la maladio COllllllenco bientôt pa,l' dilllinuer pOUl' diHpamitre cOlllplètemont. l~tro
plusieurs, 011 voici un e.'omple:
Une jeune 11110 d'une famille 1Iono]'(1,])Jo, affectée
d'eczème chronique du cuir chovolll, qllittl1, JeH ImillH tl'OS
contente du résllltai do r:;a cure. ]Je lllai avait cédé en
ilpparence, et déji'L j'avais [Lül'essé ù, cette jeuHe demoiHel lo Jlles félicitatiolls Slll' le ploin succos qu'elle était on
voie d' ohtcnir, lorsque jo roçlls Ja, nouvelle ct 11.0 1'éruption
:tvait l'ris suhitclIlclIL Uil dévoloppement illitCCOLlttUllé; je
do fiLil'o au plus
III i prodig'utLi lllCr:; con soi ls ct l' olga(~i
�-
107 -
yite UlH\ seconde cure. Ct'pPl1l1ant, pour sn pro]1rl' sntisfact.ion et il, lil plus grillHlo joio dps pitrel~,
cet état
dura pPlI ct UllO allléliorntioll COlllpli'tp 1](1 sc fi1 ]lHS attOlHl1'l'. NéanJlloins, par pn](lllllCP, lo~ )w.iuH fUl'Bllt réitérés
S'l'Il rc1o\ll'Ilcr dJn~
1'11(' awc
et jo vis la jeune pr~ol1
lit tète parfaitl 1ll01Ü notte. \'oili\ U11 cas ontrc 1olls. POlir
lIIil part, jp suis n~se
part,isilllllitns les Jllalallics l'plwllf's,
ae clIl'es répétét's pellllitllt don.' on troi' années C0I1S0('U ti \,ps; ecla va dl' soi, tli la guérison Il' ost 1)[S complèto ;
il li (rolllent, elles serviront itU mfferm issoment de lit Sltllto
1
recouvréc.
Coutre-iull ical/ol1s,
lJcs cau: do IJoij(jhc sont li ni~ hll'H 011 dltng'prp'uHPH
dans nn certain 110 Jllhl'(l d'il 1J'I'd.iow; qIl' il est du del'oi1'
dIt llIédecin 110 titiro connaître; cn SOll t :
1() IJa pléthore prollOllliée, lit disposition à l'inl1alllHlation aig;në d'orgit1lCS intornes, l'état congestif üos
contres nervenx. et Iles pOlllllons, Hnrtollt lorsqn'il est
aceOlllpitgno dB phlogo. n. On pellt on dire autimt de l'i1'ri1<1,lion on (\p l'inl1alllllliltion de tom! lm; organes 111l PPIl
illljJoriants, sauf' cOl'tainrs tnllléf'actions chroniqllos do
parlies extornes dnes au yj('e Hcrol'Illeux. ou il lIll prÏJH'ipo
Itprpé1ique; ~las
res cas, l'a!fpctioll dispêll'ilitrn PU lllÔIllO
tOllipS q llO la causo qui lui il, (\Ol1I1Ô lIaissallcLl;
20 IJit fièvro hrctiqllo, (jupJlp (tll'on soit la 1'aii'101I,
l'enü l'nsitg'c (les caux SlISpoct OU lIlôJllO nuisihle (hws
tons les eilH avitlleéH. rJOS affoctions féhriles Pli généra l
PL ln <lislloHitioll iLUX héllJOrrlmg'ios nd,i\Tps r11 iJlLonlisont
totalolllpnt l'olilploi;
�-
108 -
3° La tuberculose et les affections ulcéreuses ou los
abcédatious d'org1"tllos importants, tels quo le poumon,
l'estomac, 10 foie, les roius, etc.
4° Les lésions org'aniques du cervoau, des poumons,
du cœur, du roio, etc. l' action des O[LUX thol'lua]os ost
généraloment peu avmltag'ouso dn,ns ces affœtions; 011
revanche, dans certLtillos d'ontre ollos, elle ost très nuisible, surtout dn,ns les hypertrophies du cœur;
5° I.Jes indunttions sq uirrhonses et los cancers, qnol
qu'on soit le siége;
Go 1es hydropisies g'énémles, l'hydrothomx et l'ascite.
I/œdème localisé des extrémités fait seul oxception.
7~ 11t grossesso aV',tl1céo;
Ro I.J[L sypllilis.
HI/I]110i sl'écictl rlcs e(61t,c rlans les rliverses IIwlwlies,
OIlL01WSlil, AN.w~lE
,
cllloroHo, désignéo vulg'ail'omont sous 10 nOll! do
pâles couleurs est UllO afroction (11Ü se rellcontre ImbituollOlllellt chez: lus porsollllOs du so'Xe félllinin, pt~l'ic'
lièl'OlllOut cho)', los jounos filles ,t l':Lge do 1,1, puherté ot
cheZ'; lOf; fOllL/lloS dalll) los annéos c1illlatéri(jllos. l/anélllio
proprolllouL dito, on l'illJpallvrisHf'lllont du silng, ost lll1
ét,tt lIlaladif COlllmUll aux donx sexos.
(JeUe afl'octiol1 ost camdériséo lliU' lit dlm] ll11tioll dos
glolJulos ou jllLl'tiClllel'l solides du sang ot IJar J'aug'ulOllL,ttioll do sos éléJllonts séronx ou litluidus. IDlle se lIutllifes1.u ,t la Imito do III1Lla,diel:l cllrOlli([118S, nprèl:l do g'l'itlldes
fatiglles d'esprit Olt dos Lm\'èLllX corporels 110USHés ,t
lJlt
�109 -
l'excès; elle pent être le résulütt d'un séjour prolollgé
dans des logoments humides, malsailm, ou dont l' exposition est mauvaise; une nourriture insuffisante ajoute
encore à ces causes. La, chlorose se compJiq ne sou vont
de dérangements lIa ns los fonctions clig'estives; Ütlltot cl! e
est accolli.pagnée de cli:trrltée ou de constipation, tantot
elle marche de front avec des ong'ol'gements abdolllinllllx
de la rate, du foie, etc. IJa lllrllstl'Uil,tion en est toujours
influencée quantitativement ou fi llnJitativoment; 10 systèlllo
nerveux 111 i-mi'lme en est affecté et sn réaction se tra<lll it
par des altérations do la sellsibilité g'énérale on pal' dps
effets cOllYulsifs divers. Les persOJlnes qni en SOl1t atteintes maig'l'issent, souffrent de pn,lpit,ttions et d'un étltt
de faiblesse plus on moins prononcé.
Il ost notoire que le fer est le meilleur remèdo contre
les diverses formes de 1il, lIlaladie, mais lorsqu'il y a
complication, les felTllg'inoux 10 plus souvent omployés
ne sont pas supportés ou lùlg,jssent pas. C'est alors que
nos therInes sont particulièrement illdiq llés, ct que Hon
seulement l'usage interne des eaux, mais ltllssi les
douches et mi'lme les bains sont de la plus gTêtnde Hfticacité en ce qu'ils provoquent par leur effet stimulant SUl'
tout l'organisme une réaction qui entrave les progrès du
ma,l et contribue au rétablissement de la santé.
Dans ces cas, les eaux do Loëche sont donc efficHl'oS,
d'abord en vortu de Jour action générale, puis par le f('l'
qu'ellos contiennent lllttmellellleut; ce principe qlli lellr
ost associé sous une for111e très assimilable, joint cl, l'a,il'
vif et fortifiant des ha,utes rég'ions alpinos et Cl,ll change-
�-
110 -
ment de reg'llI18, contribne puissamment fL leur succès.
Cette minime proportion de fer qu'elles renferment. pouvant être facHemellt absorbée et introduite directemunt
dans le sa,ng', est précisément ce qui fait qu'elles ont un
avantage marqué sur des eaux plus ferrugineuses, lesquelles sont moins hien snpportées, quand elles peuvent
l'être. Ces dernièreH sont plus particulièrement indiqnées
dans l'anémie olt le lll11nque de sang' qui sl1ccède aux
hémorrhagies, aux déperditions de toute espèce et aux
maladies graves eXeull)tes de complications.
Les promenade., le mouvement au g-rand air, une
nourriture simple mais fortifiante, sont en llIême temps
indiqués. On aura SOill de ne l'ion introduiro dl"LnS l'estomac qui puisso le sUl'charg;er; ou se g'ardem surtout !le
lUang'er trop de pàtisseries et on s'en tiendra princi pa.lement aux viandes fraîches.
Une jeune fille do dix-neuf ans avait plus ou moins
les pàles couleurs dopuis environ deux ans; oUe avn,it fait
usage pondant CO tomps de diverses préparations plI arllHtceuti(lues qui, à la fill, lui lmtient fr1it l)l'endre tonte
ospèci3 de remèdes on avonüon. Elle ôtait fil,ible et blêmo;
ln, digestion était ma,uvaise et les fonctiollH du vontre
irrégulières. Bile ne lllarehait qu'avec poine, le plus lég'or
effort lui cn,usait des palpitations et du mal de 1.êto; olle
n,vait le moral trèH êLft'octé. C'est dans cet état, qll'ollo
vint a.ux bl"Lil1s. Jo lui Ill'oscrivis de prendre d'abord Ull
ba.ill très court ot 11l1C rois pal' JOLI L' seulement; pOli îL
pou, on en a.ug'mellta la dllrée, qui fut portéo jllsqn'ù,
trois heuros SltnS iucollvéniont. AIn'ès llno dÎlmino do
�111 -
jOlU'S olle commença tl. boirr 10R ('aux i\ ln dORr do drllx
YOlTNl par jour. D6jiL nu ho nt <le quinze jOllrR, llllP nlllOlioration nota bIc s'était prOllOllC(IO; une POlSH(~
très log'ère a]lparut aux couc1I'R pt ,wx g;enoux; la cure fnt
prolong'oo jURqu'au \'ingt-quntrii"lllo jonr, puis OH dilllillua
grntlurllrlllcnt l'mnploi drs pail:; je pn'scriviR alors 10
fer porphyrisé, qui fut mipux supportr ([m' iontpH lrs
antres prépnrntiollS Illn ri ia Ips dont elle avait fait mmgn
allparavant, .AprPH la cun', l'lIt' rrstn encore llll(' <1i%11 illo
do jours ROUS ma dirt'ction; t'Ile quitta ensuitp ]Joii(jhe
dans Ull état tn's-sn t.iHfnisa nt a roc ln recollllllHlHln Lion
do continuer l'usng'(l du for pnudant uu mois oncore.
D'aprèH les illfoJ'lllatiol1R quo je rpr,ns plus tnrd, cotte
jeune domoiRellp a n'cou \,]'(1 UIlO ~mnté
110rissnllk Au
printemps Huivant, p]le Sl' maria et devint on core la mômo
allué!' J'ht'uremlC mèrp d'un t'nrant bipu portant,
SCROt' ULES
ou
1:;CR01'ELLES,
Crtte ma Iadio produite par llll mamnis rogi1l1o nt par
d'autres CllllfHlS (Ill!' nOllH IlO pOIIYOJ1H OlllllllOl'(')' ici, rxorcn
srs ravages non SI'UlPllll'J1t HlIl' 1111 gTltlld llolllhro d'enfants Oll d'a<lolpscPliü; dps dPllX. Hex.ps, mais 011COl"O sur
des l)(>rHolmes de tont iÏgl'. LorHq n'clIp est hér \ditaire,
ello empoisonne ]' (dstcllce de g'éllrratiolls rntirrps et
dOIlTIO lien it Ullû illfinilé de lllnux pt dn sonrl'ntnces.
Cette ùyRcraHio n SOIl point cl!' dépn rt da us Ull!' digOHtioll
im parfaito et cllUlR tlllt' éla horation on unc assimiln,tioll
déf!'cttWllflO dos snCH nourri ci ors; 0]]0 eHt qllO](l1lOfoiR 10
produit d'ullc vie dérôglo(', ù ln suite de laquello l'ol'gn.-
�112 llisl1le affaibli est üJcapable de réparer snf(Îfmllllllrnt l'les
pertes. Il en résulte cet état particulier ([U' on n, désigné
sous le nom constitution lymphatique, loquol préclisllose
n,nx C11g"Orgements glantlllhLires, aux inibllllllations chroniquos de la peau et dos organes internes, aux catarrhr.s
ou flux divers, aux ulcères sn,niollx, :L la carie dps os, rte.
IJes malades prellnent un asppct caclwctiquf'; ils SOllt
pâles et amaigris; ils ont la tête disproportionnér., la, facc
bouffie, le nez gros, op;îtô, la lèvre sllpérieure g"ouflér, la
l'eau flaBqllc, Ips muscles rel:îchés et le vnl1tro distmu1n.
D'alltant pIns perniciense qu'elle suit 1I1le marclj()
10ute et progressive, cette afl'ection est com haLtllc trèsefficacement par lm! eaux <10 IJoëche. ~oit
quo cellos-ci
favorisent le l'Ollon \'plle1l1eut des humeurs viciées, soit
qu'elles lllodifieut la Yita1ité dos organr's eUX-lllÔlJleH, Olt
bien qn'enfin leur action s'exercc ft la foiH Blll' los liqllideH et sur lOF; solides, l'oxpériollco n'on it 1JaB moills délIlontré los heuroux ofl"etB dans tous leB cas qui n'étitiCllt
1HLS trop anciens ou trop l1égtigéB, 10rS(1uO les IIUtladr.s
ont en la patienco de poursuivre leur tmito iliont Dt do
ronouveler la euro pemlant dellx ou trois almées cousécllti ves.
NOliS pensons que c'ost surtout en rohmlssant J'activité
(lo toutes les fondionH ol"g"a nÜIllCB quo nos oallX lIlinornlns
procurent cos roslllta,ts rrllli1.rqu<tblos; nous no dOVOllB pas
ouhlier 11011 plus qu'ellos l"Ollf('rmont de l'iodo ot du for,
dont les l11"OpriétéB a.ltérnntes ct recol1st.iturmi os S011t hin!)
connues. En vertu do l'nctiol1 détersivo, astrillg"Pllte nt
siccative du sulfate de chaux qui ost leur principe oss01l1.iol,
�•
-
113
olles adivent ht ciclttrisatioll des surfaces ulcéreuses de
ht pean aiDtii que celle des trn,jets fistul{)ux, lorsqu'elles
l'ont employées sous forme de bains, de lotions, d'injections ou de fOllleuÜttions . Dans ces malitdies, l'usag'e
intl'l'ne de l'C<tu devm seconder l'application extérieure;
leti douches seront ég'alement parfois très avantageuses.
On joindm, si l'on vent, il, ce traitement l'usage du petitlait de chèvre qu'il ost facile de se procurer il, Loëcho
pa rfaitoment pur et de bonne ([lUtlité. Le, éjour au g'l'and
air, les prolllemtllos ditns 10.'3 praie~,
clans les forêts,
lon4q uo ]0 temps ot los circonstances le pOl'llIettent, enfin
nne no ul'riture si mplo lllais forWlaute, voilà quelles seront
on outro les conditions ossentielles d'ulle bonne curo.
A\'oc CPS .'oins et ce régime on s'apercevra bientôt d'ulle
:onsiblo améliomtioll.
UIlP joune dOllloü.;eUe de di:-sept ans avait une ditipositioll slil'oJ'ulouse depuis Sil, nais 'allce; penclitnL le prelllier
i1gO elle êtl'ltit SOU/l'Olt d'ophLlutlmios, d'engorgementti ües
glaJl(les du COll ot de délïwgolllents des fonctions lliges1,i\'CH, itVOC des intervn,l]es de diiLl'l'hée et do constipatioll.
A1'Ii~s
iLvoir atteint Ha (Iuinûi'.lllle année, olle préHl'nttt des
anolllalieH de la Honsibilité; olle COllll1lença il se pla,illllre
do horborygllles et de dOlll eurs spn,smodiq ueR du basrentre; l'les l'èg'los itttpuduPH avec impatience Ile so 1ll01lt l'rn'Ilt pas nmlgTé 1'0111 ploi tlCH l'olllèdoH les Illieux
illdi'l lH !.'. EII attpl1<lttllt, lOf; glandes du COli aVilipl1L pl'iH
1111 plllH fort llévpJo]lpeJllent ct s'étaient indurées; la,
rOHpiratioll litait dm'Olllll' lin ])('11 courto et J'ahdolllen l'l'Mait
lég'I'J'OIIlOllt tlllllélié. l)'est dallS cet ét<1t ll u'olle itrriva
8
�-
114 -
aux bains de Ijo(lche, accompagnée de SlL lllPre trèsinCjuiète. Elle fit sons llllL direction une cure d'eau et prit
les blLins. Les douches furent lLussi employées; je lui
prescri vis en outre, à deux reprises, une application de
ventouses iL la partie interne des cuisf:>es. Au bout de
trente-cleux jours que dura le traitement, les glèLndes
s'étaient dissipées ponl' la pluplLrt; hl, piLleur terne de la
flLce avait fait place 11, 1111 teint fie uri, ct cinq selllainer:;
après son départ, les règles apparurent sallS effort. Uetto
jeuno porsollllO prer:;que guérie jouit d)ulle bonne siLnté
jusqu'ft l'année suivante Ol! IlL cure fut renouvolée. A
dater de ce moment, son rétablissement fut cOlilplet.
Si les limites de cet opuscule le permettaient, je
pourrais rapporter de nOlllbreux oxemples de g;uérbol1s
tOlit aussi heureuses, tttnt de scrofules que des autreB
nlithtùies, dont il sera question ci-;tprès, ma longuo
pmtitlue comllle Illédecin des bains lll',tyant fourni l'OCCttsion d'observer une infinité de cas où los résultittr:; ont
été tout tl,usr:;i marquants; mais pOUl' ne pas abuser de la
]mtionce dulectellr, je m'on tiendriLi, pour lit plUll<1rL des
affections, à une seule hir:;toire ùe lIlal;l,ùe.
OOll'l"I' I'J, AH'I'IIHI1'J/;.
La diathèse uri<lue, conn ne sous les noms do gout10,
do podagre ou ü'arthritis, ost une a,ltémtioll dl! sallg
produite pitr une acclllllUhttioll d'a,cide ot do so1:-; uri(lllcr:;
dans ce jiq nido. IWo ost a,ccoillpaglléo d' oxsudations on
de dépôts d'umto do SOlide et do ChLLIIX qui sc fixonL
dans divers orgallos, 011 particnlior au pourtour ot ft
�-
115 -
l'intérif'ur des articnlations. Cos déllôts gouttcux so durcissent inscnsibkmollt et finissent par former drs concrétions fiolirles ou tophus. Ilfi donnont liou ;t dcs doulcurs
onlinairClllent très l'ives qui rcvjpllncllt par accès et qui
sont dues il un état inlla Illlllatoirc plu ou moins aigu.
] JCS prcmièrr,s a.ttointns do hL lIuLhLdio sc localisent généralplllont autour de l'articuliLtion môtatarso-plmlallgÎrllno
dt) l'un dps gros ort.cils; plus tard, ello peut sc cOlllpliq uer de di \'cr:; états pêLtlwlogiq Iles.
Lêt prillcÎ p<tle ca.nsc de cettc ,dI'cction est la h011no
cltèro; on l;t rencontre o"'c] IIsÎvPlllont C]107, les porfionnes
(1I li ont un g'cnrc dc vio fiédcutêLirc ct so nourrissent trop
COpiOUfiOIllOllt üo SUbSt<LlICOfi l'idlOS Cil iLzote. Elle n',Lttoint
l'our ainsi dire j;LIu:lÏS la ChLSfi{' pailHe. Il est prol):tblo
quo la CllUllltité d'oxygt'ne nhsorbé par l'éconolllio dans
l'aeto rl'spiratoiro Ci:lt trop faiblc cn compantÏi:lOll do hL
gntlHlo lIlasse {lo produits assimilable. introduits dans lc
Hêlllg a,YOC 10 chylc, pour quo ceux-ci puissent iltre sllffi!-Hlllllllont tmnsforlllés et quo l'aciüe uriquo ('litre antre
soit cllêtngé on uréo, formo sons la(lUelle il est olimi né.
j'OH oaux, on fltilllul!tllt tontes los fonctions vitiLles,
farorisollt l'oxygénatioJ1 dll sang' et disposent ]'organiHlIlo
,t l'ôag'ir contro ('ct état (le ('hoses; sous lour illllnence, 011
"oit les concrét iOlls se ralllollir d'abord, puis sc résorbor
pou ,'t liou, 01, on lIlêmc temps, 1 s douleurs diminuor pour
dispêLnlîtro parfois f'lltièrOlllout. J\ IL" <tfl'octions gouttousos
s'alJiollt. souvent. la plél1lOre abdolllinale ct l'jtcidité
dCH premières voies (lui sont aussi êL\,(1l11 ag'cllselllont COIllhat.tucs par clles SOIIS (luo]qllc formo qu'on lcs olllploie.
�-
116 -
Une d<1u18, tourmentéo do violents <1ccès de gontte
des extrémités, SliryellllSVers l<1 fin de septembre iL h suite
do refroidissements répétés, fut retenue au lit pelld<1llt
presq ne tout l'hi ver. 1/été .suivant, elle se rendit asser,
souffrante aux bains de ];oëche; elle no pouyait ni marcllCr
ni se tenir dehout, sans éprouyer de vives douleurs. Los
articulations étaient fortemont tultléfiées par dos conerétions <1rthritiques; diverses fonctions org<1uiqurs étaiont
eJltravées, celles <1e ln, pe<1u presque anéilnties. J/usa.ge
interne de l'eau et los bains furent ordOJmés simultanément, on appliqUlL on outre des douchos sur les pal'tieK
douloureuses. ] JO dixièll10 jour do la curo, ln, réaction
il'opéra, IOil tlonloun:l articul,Lires Ltl.lglll0Jltèl'ont, la peau
110 t,mln. pas ft roprendl'o sa moiteur et Ulle forte poussée
envahit l'<ll)itlcment tout!) la f-iurface du corps. Au hout
rtc <!LlOl<luCS jours, cotte thtlllC élJl'ouva nno grande a.mélioration . Lo gonllo111cnt ct los douleurs n,rticul<1il'os
diminuèront nu point qllO l'ers la fm du traitement olle
lllaTchait libremont eL pouvait 1'êtil'o <luclqnoFl IH'titns
proIHoJlittles. Co slweès so lllaintint p0I1(ln11t 1'hivol' slIiva,nt
e1. unc llou\rolle curo Oll lLssum autant (lUO IJÛssiblo la
durée.
Itl
!, \lA'Ir.<;~J
J~.
Le rllllllUüislllo ehl'on i(j uo FlO lllHrllifesto prillei pn,lclllolli.
]JiU des douleurs vagllOS, prufolHlos dmm los tlHSllS fihroux
ot los artieulatiollH, Oll jHlrl' dos réLrn.ctiOl1s 111\lSCliliLiroH
êLccOmpttg'llOOH ll'oxiLltiLtiOll de ht sCllHillil i1.é. 1JOS vartios
a.tLointes sont imlllobiles ou 110 sc lllou\'ont quo difficilo-
�-
117
nwnt. Tantôt, la douleur est fixn, tantôt olle it llllf'
tcndal1ro ê\ so tléllhLCer ou il se portor l'api(lollllJllt <l'llll
olldroit à, l'nutro.
On ollyisng'o g()llômleJl1ont COllnue cnusn occasiollllcllo
du rhlllllittislllo chl'OnilllH' l'arrêt subit (los f'OJwiions
eu1.<l1lées it ln, suit!' do l'roiù~SCIfnts;
il porsiste fjllr.lquol'ois après un rhullIatislllo artieulail'f' ou aigu, ot
('011s1 ituo alors ('olllllle ll110 sceondc phaso de lit maladie;
SI'S l'ésuHa,ts so Ü,Ulllisl'1Ü par lie l'ongol'g'(,lllont, dp lit
IlIllléfaetioll, ùos OXSllllittiOIlS, des dépôts ('a kail'l'H, dos
déforlllations, dos IHlralysins ct dps contractures.
Oo11e maladio est trèi'l fréq llcnto dam! nos montagnos
oil l'air est vif ot loH clliwgOlllcnts de tOlllpémtul'o llithillll'ls; aUi'lsi nos Jllédecins OJ1t-iJH souront l'oCl'al'iOll de
l'ohl'Pl'\'cr sous toutes ses 1'01'1 nos. Iles hains de Iloëche
sont illfliqntis dalli'l toutps los affections rhl1llliltislllaleH
e!troniquc:-., (l uclH quo soient d'aillours lelll'H cametères
i'ip!kiaux; ili'i ont pu d(' mêlllB do très bons eifets dans
l'arl.hl'iLo 1l0UOllSO on dér01'lllilute.
Ulle ]H'I'HOll Il 0 do vingt-huit ans, qui H.YiLit déjù subi
lm! il1.t.eintrs du rh UJlIiltislllO dnnH flon enfance, llln,iH ([Ill
no s' 011 é1ait pas '],oss!'1ltio llapuis plui'iieUl's itllnéeH,
s'l'tait attiré l'llfinite ,1'nrrèt. dl' tmn piration, Ull lombago
dOllt ll's llllull'Ul's nlyolllliliellt Hm:! les o:t]'(lllliléH l't
l'l1travai('nt fortelllPllt la llli11'cho. EHo vint au: hilins (Ill
l'lin fit. UlIC {'lire rég;nlit'J'(,; UllO llollche pniSi'iilIl1C\ J'ut
ilppliquéo !leu: rois pill' jOli!' HllI' la Jlitrtio bOllHihle; YÎngtl'inq \'l'nt.ollsCH J'uront i1 .ussi ordoJ\lléos dès le déhllt. Au
hout. do qlH'lquCH .iOUl'H, les douleurs allèrcnt Cil ilUg;lllCl1-
�-
lIB -
tant ct il s'en déclara même do nom-elles dans certainos
parties du coq!S qui dopuis longtemps lwaient été
éparg'nées. Je consolai hL malade en lui donuant l'assumnce que cet état no durerait pas, sacllèLnt bien pal'
oxpérienco que los eaux de Lorche réveillont quellluefoiH
d'anciennes affections assoupies pour les g'uérir ensuito;
c'est ce qui eut lieu efI'ectivoment dans co cas. UIlO
poussée assoz forto se montra et bientôt IlL IlHLlade vit
peu à peu ses sonfl'rances diminuer juslllùt disparition
complète. Elle reprit 011 même tomps J'wmg'e üo ses
membres au point de pouvoir faire plusieurs grnrndos
promenades.
Madame de **-:li, ayant habité quelqne temps UlIO
maison lleuvo, non achevéo, humide et exposée aux
courants d'air, fut atteinte do violonteH llonlem·H de
rhulllatisme qui résistèrent ft tous les remèdos PlIIployés
ponl' les combattre. Ello dovint biontôt si abnttuo C't si
fa.ible que 10 moindre C'xol'cico la mettait on tl'anspirntion.
lolOS doulolU"s, q'ahord ornl,ntcs, fmirent pnl' so fixer il, la
région iliaque. C'est dans cet état (ill'olle arriva, aux
bains de IJoëche; il n'était pas question, à callse do Sil,
faiblesse, de précipiter le tmitolllellt. J'ordollnai donc
d'a.bord dos bains très courts pOUl' rolover les f'orcps (10
]'organislll 01, vêtillCro l'atonie de hl. peèlll; ÎnsOllsihlomont, on on augmol11,(t la duréo; unD bolle pOllsRéo i':l0
1Il0ntm et hL gllél'isOIi rt\'all il, ,l, grnnr1i':l pas. fla lIIÔllle
année, elle fit UIlO seconde cllro, et plcillolllent Hatisfêtite
dn l'ésnltàt, ello quitta los hitÎJlS pour s'on re1olll'llel'
{jhOl~
olle.
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119 -
Cette nfl'ection est duc il l'nct.ion prolong'éo dn mercllro ou de sps prépara,tions filU l'org'anislIlc, aillsi (pte
cpla arrivc rlH'?' ll's nrtisil,IlS qui lI111nipulent cns pro(lllits,
ou e1w?' les pCrSOl1l1eS (pli on ont rait. lm usago immodéré
dans un hut thèrapf'lltique. Les lllnlndrs <lui 011 sont
attf'illt litllgllissent dans Ull étaL de fnihlcsse et dr dépérissement; ils ont un aspect anémique particulier, ln
fignre pèîlo, tcrrcllsC, lcs chairs molles, lm; grncivl's
g'Ol1 nées 1'1 Rnigllnn1 cs. IJf'S dent, sc décha n. ficnt pt deviennent. cariellS('S; Ips eheveux tombent; la prau fiC
couvre de tncl11's, d'él'1lptiol1s, d'excoriations ou d'ulcùrrs
de forllle et d'nspnct YllrinhlrR. On romnrqur chc7, oux
des tronhleR flig'estiffl, dos pnlpitatiolls, dl' l'U'dènH'; le
systellle nerreux l'st. on mf'me tClIlpS affecto et dOlll1r liml
au trolllblClllf'nt 1l1èrcllriel, ,l Iles aberratiolls d'esprit on
il l'afl'aihlisf;cJllent de l'il1tellig<'J1cl'. 1JOS bains de IJo(\thc
SOllt rlllployés très a\'èllltngPllSl'lllont contro ]e lllPlTllrialislIlo chronirlllf'; los C1l1'es c:drnordinaires quI' 1'011 a
vnns sc produire sous ll'lI1' inflllellce suffiraient, il pllps
snlllns, pour leur <loH11rr \lll n'Hom morité.
Ih\jh peJl(lnnt l'elllploi df's caux, on voit los sylllptflmcR
df' Iii lltalilflie di III i1l1ll'r ; l('s hiliuti sont. supportés peu :t.
pru; J'appétit pt la dig'l'stiun s'améliorent, le sOllllllPil
l'l'parait, ](1S fol'Cl's VO\lt en èlllg;meIlÜL1lt, la. physiOlIOlllip
ellilllg'e d'aspect, les jours },l'prplUlPnt IpUl' coloris llnt.l1l'el.
Pl U"iirnrs e:e\ll plf's n'Ilia rq uables do euros d(' CP gP1ll'e
\lIO l'lOlif, restés flnllH la 11[(;IIlOiro; parmi les r~as
qui oht.illl'ell1. un SlIf:el'i':! ét:1a(nlll., .if' lin ci1erai que 10 slli\'illlL;
�-
120 -
M. Sch ..... , revenantcl'Amérique où il était allé COlllllle
émigrant, arriva il. J..Joëche au mois d'aoùt 18Gl, dans
un état d'affaissoment complet; il eut reconrs il. mes soins
ct commença la cure sous ma direction; il n'c·wait que
villgt-huit ans, mais il, en jl1g'or d'après 80n extériour,
on J'aurait cru boaucoup plus ;lgé . .
L'histoire de ses précédents qu'il me rltconta bri(lvomont, me mit bientôt au courant de sa maladie ot par
l'expérience quo j'avfLis cléjfL do cas s0111b]a1)1es, jo pns
Jni promottre d'avanco un résultat satisfn,ÏstlJnt, co qui 10
réjouit et le tranquiJJisa heauCoUl). Son état était 10
suivant: amaigrissoment, toint pâ]o, dents giî,tées, 1Hl10il10
fétide, voix trembbntc, allpétit faible ot digostion plus
mauvaise OJlcoro. ]Jlt pOltll avait une co]o]'a,tiOlI j,tlIllilÜ'e
et étltit pfLHiOlllées do tac1ws hrunes: ln, l'égiOll du foio,
tuméfiée, présent,tit à ]a pression un 11ClI cl' oxag'ératioll
do la :sellsibi]ité; la rato était fLussi plL1S grandC' qn'ft
l'étltt normal, ce qui pouvait être en rapport avec l'état
1'éh1'ile prolong'é. Ilos nuits ét.aient lllauvfLisos 01. le SOIllmeil SOllvont interrompu par (1 ml aCCOH do fièvro.
Il commençlt ]lnr prendro deux Olt trois jOIll'H do l'0jlOH;
je lui proscrivis (luo1qll0S dosos de quinino lLHso('illo il
]' 0pium, après <1110i les ba j1ls fnrollt ordo]JlIoH cl 'ml(' 1Il:1.llière progressive. l~n
)lou de telllps, il lps snpjloria.
parfaitemont; le HOlt1ag"ClIlent qu'il Cli oprouva fut COIlSldénthlo; nulle part iJ ne se tronvait mieux que dHl1H cette
eau cha.ude; il se ln.issa môme entntine1' jl. pl'olollgor lit
durée <1n bain :1 n doli) (\(,H 1I(,1111'S proscritos, (\0 qui lui
valnt dos cOllgosLiollH con\hralml ot du vorLjgi'. Il Huivit
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121 -
llôanmoins un traitement régnliol'; la poussée appul'l1t le
omôèlllO jour et la cure fnt terminée 10 treutO-Cjna trièllle.
Vappétit était revenu ct ln, digestion so raiRait bien;
la [n,tc et 10 foie rtvaient rrpris leur éta,t normal; les
fo rces avn,iellt augmenté an point quo notre convaloscent
]l1lt faire uno proUlonn,(le, n. plüü, iL la Gelllmi ot iL
Schwilronl}a.ch. IjoS accès de fLèvre avaient dispnl'n, 10
sOlllllloil était calmo, le l'éveil IHtitlil}lc; Cll Ull mot, la
glloritlon fut l)Î<mtût ontièro rt te jeuno hOlllllle quitta.
Lo(\che enchanté do HOll SUCCIIS .
Apl'èf! cotto cure d'cau ot do bains, srcondée d'uue
allpljcn,tion do <1ollches sm les org;u,lles tuméfiés (10 l'ab([OIllClI, je prescrivis, pOUl' 10 mois d'octohro, Ulle Clll'O <lo
raisintl (lont 1'0[ot l'nt très iWltllt,tgeux, suivant 10 rn.pport
<liroct tIui m'on eHt pltl'Vellu.
fj ·annér d'après, .i\I. Sch .. . sc rondit U\1e srcolllle roiH
llUX Bains. Jje cllêwge!llcnt qlli danH l'interm]lc H'éüüt
opllré 011 lui était tel qu'au prrlllior abord je no 10 1'0(",01111119 pas. UII hOllllllO 1'obutlto 01. hien COllstitné HO
tron vi1,it (lovant moi; UI10 chevnlnro éll,tissn ornn,it Ha têto
ot. n,Vl1iL r0111p1n,cé ln, pnl'J'lIquo qu'i l n,v<l,it dft portor êlllt.rof(liH. CI'i,to Hoeondc curn HO }lltHHn, 1l0l'IlmlolllPnt oi 110 pl'ÔH('llb rion do pnriic\llicr êt noir'r. ,J'appl'iH plnH tard par
IkH jlorsOl)llOH qu'il m'avaii. adrl'Htléol'l qu'il eontilllli1ij, 1'1
jonir d'ullo p:trfaiLo Hanté.
do LoëcllO ROllt awolllotl :1, 1'01Hlrc ü'!5milIPllts
HIJl'vicol'l thWR tou(,os I(\H dYHcmsjns 10n1.es rt HLlHpOC!.OH où
IJ('S OIW:
�-
122 -
il existe des cloutes si ces affections sont encore sous la
dépendrhllce d'nu principe syphilitique ou si on doit lellr
attribuer une autre callse. La syphilis elle-môme, en tant
quo l11nlnclie cnl'llctérisée, n'est pas guérie pal' lent' llsngo,
mais flefl sylllptômes consécutifs lIeuvOllt être avnl1tngenscmont modifiés sons leur inflnellce; elles ont alors
l,ont' effet de rendro l'organisme plus accessible à l'action
dos médicamonts Sl}écifiques. Si l'on n'a;), faire qU'l'L des
phénomènes secondaires, où 'il s'ag'it d'une cachexie
mel'C1ll'ielle, on verra bientôt l'ôtnt s'améliorer; lllnifl sj
un principe virulent existe encore clans l'économie, les
bains auront l)our offot de lui donner une im]lnhüon
nouvelle et de relldre le mal aplJaront. L'application des
e:wx srra alors suspendue et on suivl'n un traitemont
nP]Jroj)rié anx circonstances. (Je 11 'est que lorsque toute
tracf' d'nffectioll ~yphiltqnc
nura clisparn qu'on pourra
cmployer dorechef los bains; les malades en sortiront en
qnolquo sorte rég'ônérés. Dnl1s ces cas, les eaux do
] JoL'cho sorviront de piorre do tOllChe, ou do ],(lacti r, pour
dé COll vrir la maladie ou pour trallfl nillisor bOIl nom h1'o
de p0rFlOllneS inquii:ltos sur leur avonir. NOliS cOllfmiJIOlls r\ toutes cel10s qui se trouvoraient ûn,llH cotte 111e01'i,i1,Il(ln l'Ilsag'o do crs oa.nx dont l'll[rt lenl' dOllllnm l:L
Illrsuro do IOlll' étflt sfillitail'û nll point de VllO dont il
s'<tgit.
Un père do famille, llOllllllé 1\1 ... , avait <10,j:\ fait 11110
curo do ])nÎns snllS mo consulter. I/ftlllloe Hniv:mto, il sc
rondit do llOllvoau 1\ LoiicltO, doj:\ n1l printolllpH, ct coLto
rois il vint mo domander c01lsoil. 'l'onto la s1ll'faeo dll
�-
123 -
corps était parsemée d'ulcèrcs sécrMallt un pus do
lllauvais!' nature ct pl'éHontnnt un cara<5tère incontcsta,blemOllt syphititique. Ij'Ull ([üH bras sllrtout, ulcéré dn.ns
une étendue do la grallc1olll' des dOllX maills, 10 1'1tisait
bOltllcoup sonffrir. En outr!', co Illalado rtYait tous l('s doux
jours des accès do fièvre i ntel'lIlittonte accompn,gllés de
frissons très-violents. Il ôtait, lllaig'rc pt chétif; J'n ppétit
éta.it pon prononcé, la. digestion lWltl'vaise ot le sommoil
pou près nu].
Il déhuta par prondro dos bains de courto dlll'ée, snivaut 1'éÜlt do HCS forces; pal' do grandos doses do quinino,
jo ]mrVinH il, mmtrisor les frissons ot l'état fébrilo intrrmittont. Un tmitolllont spéci (tqne fnt ensllite institué ot
des fOlliontatiollH continues fnl'clIt faites SUI' los partios
los plus maltraitées. Tout ce procédé curati(, dura asso:.;
longtemps; onfin l'amélioration He prononça, les nlcèrrs
pril'fmt un mitre asp!'ct ct finiront par marcher vors la
cicatrisation. Un!' ]louss/le pon intenso se montra SUl'
/lUI'I/lUr,s ondroits dll corps. L'appétit revint l)('u il, ]leu,
les forces digcsti VOH ct ]'otat général s'améliorèrent; 10
nHtlade put do tOlupS lI, antro fUlllcl' un cigaro, co qui Ini
callRfI,it un gTalld plnisir; onfi1l, 10 sommeil dont il av,ût
été longte1llps privé ropn l'ut COllllue :1l1pamvant. Au hout
do dpllx mois, il fllt raclicalo llH1l1t guéri; jo l'ai rovu IIIlP
roiH depuis, tout il, fait bien portant.
il,
1l1WNOIIl'l'f, GIIRO,lQIŒ,
lJO clItnnllo (',lll'oniqlle (los hrollchos so voit llIoins
SOli vont ft, l'ét,tt itliopltatüllU\ on d'isolemont quo compliqué
�-
124 -
d'autros maladios, soit de la poitrine, soit du cœur. Sos
symptômos sont au déblLt, une toux sêcho et fréquento,
qui plus tard est accompa,gnéo d'un pou d'oxpoctoration,
do gêne do la respiration, ainsi quo do douleurs sourdos
à la poitrino, sans mouvomont fébrilo. Lorsquo cotto
maladio est négligée, elle devient souvont incmrablo et
ontraîne à sa suito des lésions org'aniquos (111i pouvent
dovenir compromottantes pour la vie.
Cette affection so dévoloPl)o généraloment lontemont,
ot ollo deviont d'autant plus opillÎî'Ltro qil' olle a été 116g'lig'éo
IJlns longtomps. Assoz souvont, on a vu échouor tons les
l'olllMos possiblos dirigés contro olle, tandis quo l'emploi
de IIOS ea.ux a oncoro 1woduit d'excollonts résultats.
Les l)o1'solll]es faihlos, cellos qui Ollt dos dÜlpositiolls
ù la scrofule ou :1 la tn borcllioso, COllllUO allssi toutos
collos gui pal' un ro1'roiJisS01!l01lt on un dérangomont dans
les fOllctions do l:t poau, so sont attiréos lm cata1'l'ho
cltroniqllo, devront êtro oxcessivemont sur 10u1's gardes.
f-l'il existo on mômo tOlilllS de la. séchoresso du gosjol' ct
do l'onrouomont, la lUuqlleuso du larynx som 0110-IllÔlllO
lo pIns sou vont attojnto. Nos thor1110S sont llarl'aitolllont
inc1j(11H1S dans tOllS cos cas; on aum soi Il coponcln,nt do
110 pas trop pI'010Ilg(1J' ln. dunle dll bain; los inhalations,
l'usa,g'o intorno do l'eall, les curos do petit-lait Horollt
li llssi tnJs av:lJIi.n.gruses. ] Je traitoment Rom j IIstitu<l
Hllivallt l'état ot los rorcos du malado, la dériva,tioll puisRltIItO qui so ]Jl'odnirll. ll.1Il'll. dos offots illcOlltol:ltablcs Am
la marche do lalwtlndio. NonA ('crons l'e ma 1'fJ. Il 01' soulomOllt qu'à causo do l'ail' vif ot oxcitalJt do let contr60, il
�, -
125 -
est préférable cbns cette sorte d'affectiolls de profiter du
milieu de Pété pour so rendro iL Loëche plutôt que de commeJlcer la, cure au printemps, ou de la renvoyer trop tard
en automno.
'l'UlllmOlJLOSE,
Par ses symptômes, e110 présente une graude ani110gie
avec la bronchite chronique que nous venons de décrire;
elle coïncide aussi souvont avec cette dernièro a[ection.
On doit distinguer les cas olt la mn,ladie ost déjà développéo de coux où 0110 n'existe qu'à l'état de prédisposition, sa,ns qu'il y ait Cllcoro fOl'llli1tion de dépôts tnborculeux. Certaines personnes dont la constitution est faible
y sont nn,turellomont slijottes; chez d'n,utros, elle est le
résultat cIe l'hérédité; ulle troisième catégorie comprend
colles où 10 ]1l'ocessus pathologique s'est développé iL la
suite d'imprudences, do refroidissements, d'arrôts de
tn111spiratiol1, d'un séjour prolongé dans des logoments
froids ou humides, d'llllC IlH1UVi1ise nourriturc, dn l1UtlH.jllC
d'exercico, de causos morales déprimantes, etc. D,ws Lous
ces cas, le traitement som dirig'ô, dès le début, contre los
causes prédisposantos, en mêmo temps qu'on sousimüa
le maln,de à l'action cles causes accidentelles qni üworiHcnt le développemont clo la maladie. Los eaux de
JJoëclte correspondent pnl'faitolllcnt iL ces deux gel1l'rH
d'indications. Cette ilffoctioll atteint princi}HtlclIlent les
,jeunes gens; lorsqu'ello est héréditaire ou qu'olle est
arrivée à une pôriode avancée, los bains sont raremont
indiquétl ou môme jJs sont nuisibles; lorsque, an contraire,
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12G -
elle est acquise, ils pOlll'l'Ollt en amener la gu6dson
complète, surtout si elle recollnaît pour cause une léBion
des fonctions cutanées.
1e changement de climat, Je mouvemont au grand air,
l'action dérivative des eaux sur la périphérie, l'observation d'une hygiène COllvc)Jl:thlo il, tous ég11l'cls, 11UJ'Ollt pour
effet de s'opposor cL ln Vl'odnctiou des dépôts tnbOI'CIÙCUX,
on, si ceux-ci existent II éj cL, d'en provoquer la résorption
011 l'obsolescence. lHaifl il faut que touto réaction niguë
de la part de l'org'anislIle ait disval'u, 110S caux étant
lllutôt avantageuses dans los cas torpides, où ellel:l opèront
par lom action stimulallte ot résolutive. Il 011 som do
môme dnlls los affoctiolls do poitrine métastntiqncH OH
consécutivcs, par oxolllplo lors de 111 sup]}l'essiou du flux
hémo1'l'ltoïdnl, ote.
1Ja cure se fera autant que possible pendallt la beUe
saison, ct on nhrégnra la dnrée du haill qllotidipll. L'aJlplica1ioll interne de l'eau, ainsi quo l'usage du petit-lait,
1101liTont être aussi d'llil gmlld secours.
Un hommo do vi Ilgt-quake ans, appnrtonant il, UIlO
famille dCllt plusie1ll'S mcmbres avaient déjù, succombé il,
ht Ilhthisic, prrHentnit S1l1'tout pondant l'hiver, npl'ès le
pIns logor J'ofroidjI:lSOlllollt, do~
nccès do toux, (jui, sèche
d'ahonl, se cOlllpliclua pltll:l tard d'oxpectomtioll, de g'êuo
rospiratoire ct de doulellrH do la poitrine. UJlO disllosition
hémorrhoïdale accolllpagnoe do constipation, se lUontm
on lllûme telll1m .•Jo }Jl'pscl'ivis l'onu on boisson 11C!Hhtnt
plusionrs jours; j'ordollnai ellsnito dos hains dOJlt la duréo
fut augmontée successi vument. Au bout cl 'uno quinzaino de
�127 -
jours de traitcmcllt, UIlC application dc quolquo::J sang;SIlCS provoqua, l'apparitioll du flux MlIlorrhoùbl <ItÔ KHi vit
f:la marcho accoutlUnéo, ct 1<t poitrinc fut dégagéc. Apros
UllO ClU'O dc vingt-dou,' j01ll'S, 10 malaüo qllittn los bnins
cu bonnc sauté ct, l'alluéo sui vantc, il h1 l'ellouvelit llllltôt
pnt' prudcnce gue IJ:tl' nécessité.
VII étlldÜtut, iÎgé d'omiroll vingt-dcux ans, fn.jble do
constitutioIi et ay~tu
la poitrine délicate, lllêtÎ::J i::Jsu do
parents robustes, tomba lllltiado à la suite d'Ull refroidissomont. Uno toux lég(\l'o, il, laguelle il no üt quo pCIl
attontion, se déclara d'abord, puis illsensiblelllOlIt, cc11oci allg'lllenta ot finit par dcvollir f:)USpocto. Lü malade
perdit l'appétit ct lef:) forcos, au point qu'il fut obJigé
d'êtlJiinc1011ner f:)OS étudof:). Des alternatives do frisson et
do e1liüeur se firont sontir; les forces allèrcnt cn dimilllH1ut
ct bicntot il tomba dan::J un tel épuisemcnt que les premicrs symptomcs de la phthysic pulmonaire IlC pouv~ticl
plns êtrc méconnus. On institua un traitcmcnt éncrgiquo,
OJi omploya la saignéo, lef:) remèdes internes ot los frictiollf:)
avoc la pOlllllU1dc stibiéo; onfin, un séton fut appliqué sur
la lloitrÎllo. Ces cliver::) moyens omayèrent la lllr1rche de
la maladie; après quelque temps, il ne resta plus Cl U'UllO
toux légèro et un peu d'opjlressioll. C'est alors que ce
jeune homme fut cnvoyé aux eaux de Loëche, dont l'elllploi amena un résultat exccllent. Au hout de quatre
sOlllai ncs, le catarrl10 et ln, dispnéo nvaient totalelJlent
(liHpam; le malado ét,tit radicalement g.uéri. La mêmc
allnée encore, co jOUllO hOlllme so rcndit on Allemagne
pour reprcndro ses étudos interrompues. L'usage de ÙOltlle
�-
128 -
bière contrihua il, lui rendre les forces, et IL l'heure qu'il
est, il jouit d'UllO parfaite santé.
GAS'J'HALGlll ET CA'l'ARRHE DE L'ES'l'OMAO,
Parmi les diverses affection' gastriques, nous devons
mentionner ici hl, ga:;traJgie et ]e ciltaulJO de l'estomac,
qni ont l)our symptôUH'H la dyspepsie ou le dôntllgement
des fonctions digestives. Oe:; deux état:; pathologique:;
sont accollll)agnés, boit de faiblesse organiqne, :;01t (['irritation. A la suito des repas, Hnrtout après avoir fait
llSltg'e de certains mots, il se }lroduit iL la région éJligastrique un sentiment (['ardeur ou de pefmnienr qui Re
complique souvent de vortigo, do lllal de toto, d'érud,ttions, d'aigreur:; et ü'irrég;lllarité dnus les é\'ftCllatiolls;
il Oll l'psulte un état d'épuisement ou de fnibles:;e générale. Ile Rystème nerveux ('st en lllcltle telllps assûlol
forte mont affecté, eL sa réalitioll 80 traduit lliH dos liOI1tractions spaslllodülLles, ou crampes d'0l:ltOl1laC, qui torturent le malade.
Los eaux de Lolilillo appliqlléeH 011 llH)1ll0 tomjlR ;),
l'intér1\.mr ot SOllS for III 0 ÙO bains, agiHHt'l1t Om<.:aeolllDlIL
eOlliro ces afl'oci iOl1f~,
soit Oll stimulant los orgmlCH di1l1S
les eaR dp faib[r,sHO, Hoit on diminuallt l'hYlll'rosthéslo pnr
lom alitioll déri mti ve'. 1\ sl'rait fll.Cile dr eitür do llOlllbrOlv oxolllli]es oit lelll' omploi iL été COlU'OJllIÜ df' HUC(~i')s.
]JOH dOllChoH bont aIlHHi illdi(l néPH (lallR 10 plw! 1:;'l'n 11<1
lJomhro cloH CitS; SOttlellLPllt, OllOH dovl'oJlL ûtro f'aihloH,
l' oHLolllnc ]JO HupporLn]Jt Jms IOH dOllelJns [HlisHH Il (eH.
Ellli 11 , il no fa.ut pas ollblior qU'ullo diète sévère 01)t do
�-
129 -
rigllPut' dans tonteH Ins maladies de l'estomac, car sans
elle 10 meilleur traitOlUtmt devient inutile.
1l1:;MORIUTOïoES, BNOOltalUlI1F.N'l'I:I, 'l'UlIlhlURS E'r INDunA'l'JONS
DB L'ABDOlllTilN,
IJef:l hémorrhoïdes flOllt constitutionnelles ou accidontelles. IJos premières, dont 11n des caractères e.'t l'hérédité,
sont t,J'()R opiniâtres ct résistcnt il, toute espèce de traitemont. Néanmoins les penlOJ1ues qui en sont affectées
(~prOlYent
iL JJoëchn llll grn.lltl soulagement: la, congestion
JOCR 10 (lÏtnil1uo, la circulfLtion dn sang est facilitée; ln,
déhilitatioll du cRna1 intostillal ct les lésions de )'inJlol'vntioll, si fréquPlltes dmls cette llmladie, subissent aussi
UllO aJlléliol'n.tion Ilotablo. Ell revanche, nos OfLUX ont une
action érla,tante dans ks hémol'l'hoïdes acquises, qui 1'econnaiRRcnt le plus SOUyelÜ pour Ct111Se la bonlle chère,
U1l mmge immodéré def:l viandes, l'abus des spiritueux,
do la bière fode, on lin genre de vie trop sédentaire.
IjoS hémol'r]lOldps, 1.1111t héréditaires qu'accidentelles,
RDlIt internos ou extel"lles, fluentes ou aveugles, normales
011 anormalos. IJorsqnn 10 flux muqueux ou sauguiJl Ile
K'nfTI~etlH
pas, co qlli <,::;1, asse/', souvent Je caH, il l)Out sc
lll'()(luiro dos cOllg'ostions ven; les org'anos internes, d'où
rôsuHont dOH cOlls6quOJl('(1S fiÎcheuses. Nos m1UX minérales
On'I'pllt i1lor~
lllH' préeil'Ilse rnssourC<'. Elles ont pOlll' ofl'et
(1" l'ésoudn' les ellg;ol'g'I'lllClÜK c0118écntjft-l, de l'égnla,l'isrl'
le llloUrOlllOllt <ln sang' et d'activer toutes los fonctions
vitales.
Cette action, on quohlue sorte spécifique,
<1,
été consta9
�-
130 -
téc par !lr llombnmses oh~ervatils
, POlll' \lm pèl l't, j'a i
soigné plusieurs IJcrsoll1los, soufl'rllut physiq ncmollt et
1ll0ntlemellt, ühe~
lesqucllcs il était impossible <le détBrminer, ü'une Jll,linière certaine, la cause ùu mlLl. La variété
et l'incohérence ücs symptômes rendaient tout c1irLgllostic
i Illpossible, jllSl1u'au mOlllent où leEl l1émorrhoïdes venant
iL se montrer apreH- l'usag'o deEl bains, 1<1, IlUt1aclie éclatait
dans tout son jour, il, la graude surprise des patientH, dont
les douleurs se trouvaient ltppn,isées comJlle paIl' encha,utt'Illent, On voit quelquefois los hélorïde~,
avec tout
lour cortége de llhénolllènos locaux et géllél'H.ux, dispamitre sous l'influence des eaux [-Jans cln'il on résulte
ltlltllll inconvéniont. LorS(lue cette di[-Jpluitioll Il'n pa[-J
lieù Ol! n'est pas désirablc, lour eltlploi e'i cepondant
ava,ntagrux Cil co qu'il ,L pour nffet de porter le Sètl1g'
vors le rectLun ot d'CIL faciliter l'écouloment; Ips nûssef!.ux
abc1ol1lilmux pt'Ilvent ainsi se dégorger et reprendrc lelll'
i1cU,"iié lloJ'lllulo, D,Lnfl ICI; cas de eo g'cnro, l'usage hltemo
dn l'oau Illinémlo ttillsi qllo l'emploi des doudlOH, ~,;oit
asceJl,la.lltr,':l, Hoit ÙUHccl1dil.lltos, secondent lluiHSltlrllllOllt
l'action dOl:! lmins,
Un hOlllllle do tronte ans, d'uno constit.utioll forto,
appartellant ft une falllille dmm Ja(lllollo lm; hélllorrlwÎ(les
HUlit hérédi1airos, éLait Hlijot n,li vort.igo, illlX llIttliX de
ide oL it d'allirnH i IICO Il véll iP1ltH, La CilUSO de ('CS HOllrl'ral1ücs ('ut attl'ilJ1lrJe iL 11110 diHpositio)1 1Ié1lIorrhOÏ(]airo,
01. C'CHt iL eo point do vue (lU'1I1l0 curo ft IJoiicho llli ('lit
o1'dol1l1éo, Ou t m le régi Il1n, je jll'eHCri vis (l'IOII! Iles SfÙlg'~:lUeH
fI. l'iLllllS, diLnH 10 uut d'y attirer 10 SiLlIg ct do pro-
�- un voqner ainsi l'écOlllelllont l'pet al. A ce traitement, jc fis
joindre l'pl1lploi dp l'nnn ft, l'illt6rienr, lm; clystèrrR ct les
hniJ18. Le but fut attpint; le flux hémorrhoùlaJ appiLl'ut
et le lIHt1atle vit sn, pm:lÏtioll s'améliorer de jour on jour.
J./hémostlLse qui l'OIlose snl' un état de phéthoro abdOlllinalr. ou <le tendance aux hémorrhoïdes, amlme
souvent l'hyprrtrophio de cprbtins org'anes, en particulier
de la rate, du fo1c' ct des follicules intestinaux, dont les
)'("~mlta,s
sont ln dyspepsie, hl, surexcittttioll nerycusr,
l'hypocholldrie. (!cs affoctions cèdent iL l'tLpplicatioll üps
eaux thel'lllnics !1eLoëc1le, pourvu qu'il n'y ait pns
en(',Ore de dégéllrl'l'sccl1ee orgn Il iq ne, squirrlH'llSe ou autre;
jl en est do même des engorg'OITlellts qui sont hL suito de
('ntillT1H's, de fièvres typhoïdes ou intermittentes, Dans
lontes ces maladies, il os1 d'usag-o de joindre le trai1rlllont interne iL l'elllploi des bains g'ôlloraux et des douellCs
SI\l' les parties souil'nwtes,
Un hOllll1le dans sa quarante-quatrièllle année se
plaignait depuis 10ngteml)S lIe douleurs importnnps proVO(j UGes pm' la constipation et l'engorgement du 1'oi(';
(lès 1'iÎa:o de trente-six a,l1S, il s'était aporçn dB hou1'l'elo1H
'héJllorrllOïdaux. Ijes o\'acuations, sllspellduos SOllVr,llt
l)(\lHlant plllsinurs jours, J1 ';waÎHnt lion que llénibloment.
Hon toint rtait c]l'yenu jallllft,1re ct un dégOfit de lit vie
, '(Ihtit elllparé a(' Ini, d'alt~],
plus qu'ayant ôté ltnhitué
:), la honl1o chèrr, il nvajt Ml renoncer aux plaisirs do IiI,
1:thl(' VOUl' ea,use <1'ilH[igestioll permanento. C'(~st
dalls
cot Mat Ijll'j] tLrrivn, iL Loëello. Après qu'il eut pris los
eallX et los ba,ins pondant plus do six joun;, jn 1\1i 01'-
�-
132 -
donnai les douchos tant il scendnntes que descondantes.
Au quinZlième jonr de la cure, une forto poussée pustuleuse se manifesta; pendant plusieurs jours do suite,
eurent lien des déjections jaunâtres, très fétides, mélangées de mucosités ot accompagnées de borboryg'mes et do
tenesmo. Une amélioration considérable se produisit, le
ventre devint souple, los fonctions abdominales rrprirollt
leur régularité, et le malade presque au déseslloir en
arrivant aux bains, quitta, la localité parfaitement remiH.
Los engorgPlllents ot Jos tnméfactions qni persiHtent
après les in ft il lllJlliLtiollS aiglllls do certains organes dont
los fOllctions continuont à êtro anOl'ma Ins, par oXOIllplo:
l'hypertrophie dn foio clalls l'ictère Cl ni a passé à. l' étH t
chroniquA, oie., sont améliorés petr los eaux do lON~,
10r, 'que tonte trace de réaetioll a disparu. Ilo degré et
l'étonduo do CP:) afl'f1diolls, aussi bion qne la llaturp do
la phlog'ose qui los a précédé, clonont naturellement
entrer (lll ligne de cOlllpte l'om apprécier l'oIl'et pl'oll<1blo
des ,eaux. CIlltqlle médocin devrait peser soig'nellsolllont
cos circollstancm; éWlLnt que de pl'OpOSOl' au malade l'mnploi dos baills.
Un!' }Jnrsolllle du spxo f'éIIlÎnÎn, lÎg'!5r do Lnlllto-trois ailS,
d'un fort t('IlI11érallH'nt, out la lllallyaiHO chanco (10 faire
une dmte sur 10 v!'ntre, qui d01ma licll il, llne péritonite.
L'i1lflalll1llaÜoll fut cOllllmttue pal' les IIlOyOIlS appropl'iÔH,
lIéallJlloins, 01) reillarqua plus tard, iL gaucho do l'Ollibilic,
uno tumeur d'ml cortain VOI1l1110, aHO~
réHisLanLe 01. dOlllolll'cusc nn toue]H3]', pOil]' l:tqnello les lmi IIH do ]loëcllO
furent conseillés .•r0 lis fairo ù, deux l'el11'ises \!lW applica-
�-
133 -
tion de ventouses; on employa. ensuite des fomentations
résolutives. Au bout de qUll,tre jours, !il sensibilité 10cn,le
avait diminué et la malado put commoncer la cme de
bains. Des douches très f<Liblos furont adminit:;trops en
même temps, et bientôt uno poussée intense se uumiCesta
sans que la tumcur pari'tt dillliJllwr. Oe n'est que 11ellC
sema.illes après la tormimlison du traitemellt qlie la résorption COllllllCJl{;iL il, so faire pou iL pen. Une seconde ot
1Jlême Ulle troit;ièlllO curo amenèrent entin la guéri SOli
complète.
Madl1l11e dé'/:*, èîgoe de qUè1l'ltllte-dellx ans, condamnée
pH r Sèl YOcatioll à Ulle vio séd011tairo, présentclit tous les
symptôlllOS do la pléthore èlbclomillè1lo. Ello sou1l'rait de
eOllsti pa,tioll, cl' ollgorgemeHt du foio, do manq llO cl' èlppoiit,
de mauvaise digestion, de vortige et de douleurs arthritirllloS assoz intense '. Après quelques jours de bains)
auxquels furent ètssociées les douches et la cure d'eau,
dos héJl1orrhoïdes internes se développèrent d'abord pour
dispètraitre vers hL fin du traitemont. J/mmge interno de
l'mLll ent ici pour réi':mltaL do produire 10 rolàchemont du
v011Lro et de pro\"oq nor l'évlLcllation d'une qUftntité de
IIlnt ièros dm'cies et da lllucosités, H
,près quoi jl s\Ll'vint
11110 Ilotable illlléJioration. L'état de htlllèLlado s'améliora
do jolll' ell jour, et lorsqu'elle quitta, les bains, elle lI antü,s,tiL OlltièrewollL rétablie .•
IJot; allOJlIlLIÎPH üe ln, 1Il(lIlHt.rllation ont dos Cl1llHOS tn"f)
di V('l'SOS; il oi)L llécesi);Lil'ù de remouLer à 10111' origine }>ou)'
�-
134 -
pouvoir dans certains cas, lever les obstacles matériels
qui leur ont donno naissance, avant que de prescrire les
hains. On tiendr~
compte Je la constitution du sujet, de
sa lIlanière de vivre, aillsi que. de divers états dyscrasiques coexistants, tels que h sCl'oIulose, l'anémio, ote. ;
qni doivent être envisagés tantôt , comlllO effets, i antôt
comme causes de cos indispositions. Le défa.ut d' émulation, les log'elllOnts 11 lllllides, une nomritlll'e insu f'fisitnte,
uno trop gralide üLtigue d'esprit, l'exiLltatioll du Sj'Sl,èIlIO
nerveux, voiléL en ontre autant de conditions d'ol! peuvent
résulter le malique ou J'irrégularité de la. lllen"truêLtiOIl ..
I/olllploi de nos thermos est surtout indiqué pour COlllbattre les affoctions primaires qui donllent lieu iL ces
dérallgements, lorsque sous leur inliLwllco Jes lliellstrues
sont retanlées, qu'ellel:> sont aüCOlll})agliées de coliq Uet:!
ou qu'elles sont trop pell abondantes. Nos CêlUX 80nt
aussi aVèllltag'euses lorsque la dyslllénie est la suite rle
rcfroidissoment, pt lorsrlu'clle ost dllC iL une congestion
locale; eHos agil:>sClIL dalls ces cas üOJJlllle (lol'ivêI,ti l'. LOllr
efficacité n'est pas moindre rlam:! la dysllléllorrhée, (lui
reüollnaît llOUl' C,MISO la fniblesse générale, la cltloroso
ou l'a,ppall\Tiss/'IllPllt du s:1llg; on ajoutent alors l'IISi\g'C
illtoJ'lJe do l' oau ;), 1':wtiolt dos llitins; on roCOll1l1lil IH1orêl,'
lei> promellarlos ail gmlld air 01, Uli régil"o f'ortifiallt..
D,WH la 1IIéno]']'lmgio Ot, l'ilJllénorrhée qui SOlit SOllS hL
dépP1H1:l.JJCO de 1ôsiolls do l'ü11Irniltioll 1leColll]lagïi(jps
d'atollio ou d'exaltation, les lmilll), ,LillSi que los <10UChl'H
d[' différentes i:lOl'tos, s('roliL ituilsi tros uj,ilPH VOllr nt11I1'JJOt' los fOllctioilH du HyhtèlllO Jl(Jl'I eux iL leul' flLnt J1()l'II1HL
�-
135 --
Lcs nénosr.s le8 plus diversps, telles quo p::tr ü,"en1Jüe
la, chorée, cèclpnt souvont rilpi(lo111ol1t il 1',l,Vp1ication (le
nos caux, 10 rsqu' oll ml sons l'influence ü'allOmalies
mr.nstruellos contro IC8qlwllos lour Ollll)loi pput êtro
dirigé.
Nos hains sont encorc d'uno efftcacité t1'os gTalH10
da ns t.outes lrs malil dioR des fOJll1Jlr.s, qIIi se tlPv010PPOlli
ilUX approc1lCs do l'êlg'e critique ou de ln, 1lI0nOpanso; 1eR
ilffoctions do tout g;OJ1l'O qui so montrent à la ~mito
de la
cossa,tiOll trop précoce dcs menstrlloS disp,l,rnissant allRRitôt flllP le sang iL r pris S011 COll1'R natlll'ol. Los lPucorrhéos
héni,g'ncs ou flllo1l1's blaneheR, ([u'elips soient symptolllilltiqucs on i clio]) il,t} 1irJ ucs sont également traitéos avor;
succès pnr les cal] x. de I,oti cllO; on l'pcherchcra, da1ls le
premier caR, qnrl1('s sont les cnusos dyscrilsiquos ou allircs
qlli ont pu les provoquer, et on les cOlllbattra énorgiqnomont; la, maladic disllaraHra alors pOlll' ainsi dire d'ol1elIlême 01, los \)n,i]]8 u',ùUroni, pOUl' offot que do prévonir
\l110 rechute. Dans lc second caR, qll'il Y ait irritntioll ou
reW,choIncnt, la, curo d'call, los lmins et les douches proüllirOldj d'oxcellents l'Osnlt'l,ts. Si jo n'Mais retenu pn,r
des raisons de COl1\'ellêWCe, je ]Jounais citçr de 1l0mln'011x
oxonlpleR de g'1I6risoli dos divers éta,ts lmi,hologi<l I1 OS qllc
nOllS
venons d'0nllll1é)'('l'.
J/hypochondl'ic est souvent cansée par tlns llli11ndics
chroniqucs, Imr(i(',nlièrCI\lolit celloR des orgilllPs ahrlO1tiinilll:; tmulis qne 1'11yHtéric est plutôt le prodllit d'lino
�-
136 -
faiblesse du sang jointe à une irritabilité excessive du
système nerveux, qui, d,tns la majorité dos cas, semblo
partir do l'utérus. Los curos d'eau minérale, 'suivant 10
Dr Belft, réunissent toutes les conditions nécessaires à
la guérison des hypochondriaques; elles li' ont pas soulement pOUf but de rétablir les fonctions digestives, mais
encore de régulariser le régime et d'agir sur le momi dn
malade par le repos physique et intellectuel, par 10 séjour
clans une contrée de montagno Ol! l'ail' ost pur, aussi bion
que par l'influence que la vie de société ou l'nSl)Oct d'UllO
belle nature doit nécossairemont exorcor sur l'humeur et
le caractère.
Les névroses idiopathiques localisées, ainsi quo los
névralgios, sont aussi très avantageusement combattues
par les oaux de LOëche; leur effiCètcité, clalls ces affections, est due esselltiollement aux qUi11ités toniques du
carbollato ferroux qu'ellos renferment. On tiendra compto
également do l'action puissanto d'un air vivifiant ot do
l'application dos (10nchos, surtout coll eH en pluio, qui
sont le plus tiOUVOllt administrées COItlIllO précloux accossoire.
Nos thermos se sont acquis une réputation méritéo
dans la migraine, 1<1 cardialgie, los coliques, los engorgements et les tU1lléfactions du has-ventre; daus lOf; staRoK
utérines ou ovarialos; d,tUS los afi'ectiolls spasHlod iq nes
qui se rencontrent choy, los personnes llyHüiriqnoH ou
hypochondriaquos; dans los ltnOmil 1ios lllollstrunllcs do
caractères divers; enfin, d:ms la faihll'sso géllomlo 011
locale, celle des ol'ganûtl génitaux ell ptuticulier.
�-
137
L'état chlorotique dont se complique ordinairement
l'hystérie, sera souvent modifié par les prépnJ'ations ferrugineuses; on combinent lour emploi avoc celui des eaux.
Les femmes déj11 d'uu codain îÎge, où ln, pléthore ost
généralemont prédominante, sc trouveront mieux do
l'uf:lage des bains <luxqnols on pourra associer une cure
de petit-lait, surtout s'il existe en môme tcmps une dysménorrhée produite par une affection moralo ou ùos causes
déprimantes.
Les bains do IloëCho rendent ùes services tres impol'tauts dans toutes ces maladies; ils réusl:lissout souvent à
fairo disparaître lours causos. Mais lef:l a(l'octions nerveuses ell général réclament une grande attention de la
part üu médecin; eelni-ci, f:l'il vent alTivor à uu hon
résultat, clevra soignousemont indiYidnali8cr dans chaquo
Ciltl, aussi bien pOUL' co qui concerne le mal en lui-lllôme,
qne pOUl' ce qui a, trait ft l'extension plus on moins grando
qu'il convient de d01l11Or au traitement ct an choix cles
moyens accessoires. Si }Htl' exemplo une dame très nervellse voulait tle lmig'ller pend:mt einf! ou f:lix heures pal'
jotlr, los baim; l'éprouveraiollt eert.aine1llent beaucoup
trop et ses lIer1'8 e11 sl'rnipllt pIns ébranltss; tandis quo
si la mêlllO prl'SOllUO se contente d'un baill d'uue ou do
<lellX heure::;, elle Re flellf,im 1'ortifién. Il p:iHte nill) to1le
variété d'indicatioIl8, que je 110 pni::; lll'arrètor il, 11'H préciHor d'ava,nttLgc jçi; jo SUlS obligé do renvoyer chaque
lllîtlado il, sOlllllé<locin, pOlir ll110 , selo11 les circolJstttllCOs,
illllÎ presvrive Je traitelllcnt 10 pllls convelUtble.
Ulle d,tJtlc, <lgéc do lllUmtllto-t:lÎx auS, ü'LlllO COllSLiLu-
�-
138 -
tion délicate ot sujotte à ~des
accès de mé~al1coi,
avait
ou les pltles coulours à l'tlge de quinzo ans. Lo traitement
sl1ivi fit disparaîtro la maladie, mais lorsque los règles
se lJlontrèrent, il se développa un état spasmodique qui
so répéta à chaq uo rotour de la menstnuttioll . Après
pll/!:;iours couchos, cri,i.e diSlJOsition avait fini par céder;
mais cl vingt-cluatro an8, los monstrues étant devonues
j rrégnlièl'CS, les RpaSl1leS reparurent. Oette pel'. '0lll10 tomba
dalls une grailde faiblesse; il survint un tromblement norvenx des doigts, qui l'inquiétait heaucoup. Le mn,ufjl1e
d'appétit, uno digestion mauvaiso ot do l'agitation durant
le sommeill'avaiellt complétemont épuisée. Ullo curo de
bains de qllatro somainos 01. doux aPl)lications do sangRUOS ,t la partie interno drs cuisses suffiront pour amoner
ln guérison complèto. Le sang reprit son cours régulier,
l'apJlétit revint, la dig'0stioll 8'allléliora, onfin, los cOllgestiOJl8 ain'li qno Jes contractions spusmodiqncs cossèront
]litl' suite du l'éta blissolllolJ1. do l'équilibro entre los J'OllCt,i()Jls l'ascnlairnH 01. 1l01'VOUSi1S.
Un hOllllllO d'llIJ() quarantaine d'n!11160R, diHlIORé il, la
tl'ist,nssp, tomha, h ln suito do nmlhenr, dans UIIO jJl'oi'olldo
III(Q(l,ncolio. }/irrogll1arité (los J'olletiOlls abdolllinalos so
eOlllp1i([1t:l, OIlcoro d'nllg'orgoIlIOlJt dll foio. i\ SOlI al'I'il'60 il,
]joüeho,"jo lili l))'CHCl'il'iH 11'8 PèlllX 11 J'illtrJrirllr 01" ou mêllle
11'111 pH, dos !lninH g'6néraux; IHtiS, aiJl'ès cillolq 1I0S jOHrH,
j'ordollllai Jos doucheH FHlr la r6g'iOIl hépaticIIIO. La poussée
èll'OC sos Sylllpt.ÔIllCS ol'<li Ilaires apparnt. 10 nouvièmo jour;
il Rlll'villt on outro ù'ahOllditlltos déjoci.iolls qui alIIOllèrollt
1111 HOllla.gOllJnllL eOllsic1cll'abln.
Vors ln, flll do lit,curo ht
�-
139 -
tristesse et l'abattement avaiont déjà. fait placo an sOl1l'iro
et ,l la g'aioté.
Les accouchemonts laborieux, surtout qwwd ilH sont
suivis de grandos pertos do J,mng'; los avortommds ot les
couches irrég'ulièros donuout aussi SOllVOllt liou tL dos
affections nerveuses accompagnées ur faihlesso g'énérale
ou locale. L'usago des bn,l11S bion dirig'és, anxquolf.; on
p01Lt joindro l'Plllploi dos rOJllodns ÎndiquéH, procll1'{, d'excel1enlK résultats (htllS co g'ome uo mahtdies.
Enfin, nos ])n,ins ont 6té rocolllllUlllClés cont.re la Htéril iLé,
ct oll'ectiment ils ont l'OUdH do très hon son'ilies ;1, co pAi nt
do vne; il ost bon Cel)ellChtnt de recherche]' quelles pouvont
ou être los ca/uses.
TJos pa ralysies rlllllIuttismales, c'm;t.-iHli re ce]los (lui
so dévoloppent après un r(~)iclSOnot
subit; los p:traly:-;ies arthriti lues, qlli sont le plus SOUYOllt }Jériphéri(lllcS
01. ont lour siège dam; 10 voisimtge do l'nri.ieu]a,f,ioll atü'into; los pttl'lllyKies qui J,mivont ln, réporcussion (los oxanthèmos on do ln, transpiratioll dos piedK; celles llll i
s'aecol1lpa,gnollt do f'aiblosKe générale, celll's qni recOllwllissont pOlir poi1lt (10 d6pal't une dppcrdi1.ioll dm; sn cs
org;alJiquos, sont irÙK ~UlVI)t
Honlag'écs et litellie guérins
pm' l'applicaJioll dos eallX de JJorclll'. Ou ohtipilt les
IllÔIlHlS efl'pts de l'eJllploi do crUes-ci, dilliS les paraly:-;ies
11.\'Kf.MiqueH dép('1Hltwtrs do léKioli clos fOllCtions 1I1érilloK,
et dnlJK les pa.mlYHies par intoxications métaJliqnns. ]Jo
troJllhlOlllPJlt lIIorcllriol par ('/clllplo est ra,pidomellt g'wlri
�-
140 -
sous leur influence. Mais si la paralysie est la suite d'une
apoplexie sftng'uinc, l'emploi de nos eaux eaux exig'e une
grande circonspection, cal' elles pourraient l'amener les
congestions vers ln, tête, et pal' là même provoquer une
nouvelle attaque. Il faudra donc, dans ce cas, avalJt tout,
diminuer l'orgasmo sanguin et observer attonti \rement le
malade pendant la duréo du bain. I-1oS congesLions cérébrales seront coml)a,ttuos par des compresses froides, pal'
la saignée et les ventouses afin d'éviter le rotour de l'apoplexie. l\blgré ces diverses précautions on obtiendra
rarement à LOëthe un résultat satisfaisant dans ce genre
de paralysie, les bains n'ayant pas une action directe SUl'
la cause du mal et les rechutes étant ordinairement ft
craindre. Quoi qu'il en soit on clevlï1 toujours s'atLendre
à un lung traitemont; le régimo ct 10 bon ,ûr contribnol'Ollt
aussi pour leur part ù, sa réussite.
Dans les paralysies qui survicnnent ,t la suito do dépôts arthritiques, 110S oaux thermales ont pour efret cie
provo(luor la résorption des tOllhus et do facilitor 1'é1'a
cllaLion do la matièro lllorbifiquo pal' 1ft poau et los l'oins.
IJes parn,lysies do la, vessie et do l'intestin sont sOllvellt
g'llél'ies ]Jftr leur emploi, lorsqu'ellos résnltent (le lu'esHiolJ
exercé( lmr des l.11lllours hélllol'r1lOïdn,]es 011 lOI'H(l'wlles
SOllt dues ,L cl s léHiOllH physiques, lI, drs contI/sions IH11'
eXPIIl]l10. TOS baillH OfJ'J'Ollt leslllôrnes avallta,g'oH dilllS I(!H
[ln ralysjeH dos oXLl'omitéH i nl'ériellreH fi ui proviellllollt do
méningite s}limtle. OH pent 011 dire autant des etol/cIICS;
011 gOlléral collos-ci rondont do hOlu, sel'vi<.iOH dttlHl toutOH
los Vrtl'aJysies j)êtr leur action déri vati \'0, JégèrelllCnt ox-
�-
141 -
citante et stimulante; elles doivent être appliq liées aussi
bien sm la, rég'ion ou se tlonve le poillt de déllal't de la,
lésion neneuse que sur les parties paralysées. Les ventouses sèches ou scarifiées trouveront aussi lenr emploi
suivant les occasions.
Un l)a,igneur d'une constitution irritable, üg'é de 3 G
ans, s'était a,Ltiré il y a trois ans par suite de refroidissement, uu rhumatisme illflanmuüoire qui le retint longtemps au lit, Après que la période aig'uë eut disparu, il
resta des douleurs vag'ues, superfiCielles, qni s'exa,spéraient
ttUX moindres C]IfLngoments do tompérature. Un pen plus
t~LJ'd
il survint une douleur intOJJse claM les lombes, dout
la cause évidente éta,it une irritation de la moëlle épinière.
On recommanda a,u ma,lade d'éviter les excès et d'observer un régime sévère; cehl, malheureusement n'eut paR
lieu. Peu iL peu il He ressentit d'nne gntncle faiblesse dans
le dos; bt parésie progressa ot fiuit par gag'uer la jil,lllbe
droite, La démarche devint diIricile et la maladie no
fit qu'augmenter jURqu'au moment ou uno curo IL LOëche
fut conseillée. OH ordonna les baius dont la durée fut
augmentée progressivement jusqn'à cinq heures pal' jour;
uno forte douche fut appliquée matin et soir SlU' la partie
inférieurB de l'épine dorsale et sur l'extrêmité atteinte.
jour une ponssée érysipélateuse très intel1Re
1Je on~ième
8e mOlltra; 10 dix~leVèJ,
le malade sc l'CRseutit dé
douleurs ct de timillc1llclIts dans la jambe pamlysée. Co
réveil de sa sellsi bilité et du mouvement contiuua" et ]e
vingt-cjuqiùme jollt' le membre avait retrouvé une grautle
partie de sa motilité. Au bout de trente-six jours de
�-
142 -
traitement, le mn lade quittait Loëcho ponvant marcllOr tL
l'aide d'un Mton; aprèH SOll départ l'o[('t cOllsécutir tlf'
la cme cOlltinua h se pl'o(luire et biontôt illlut SP 111'0mener sans u,ppul. Une secollde cure a.voc applica.tion des
douches amena. uue g'uérisoll CODlIJlèto.
CON'l'RAC'J'URES ~IUHCl
' LAlU:1i
g1' ROJOEUR DES AR'I'JCU r,,\'J'JONS ,
Si ces affections, produites par des causes internes ou
externes, telles Cl no les sCl'ofulos, la goutt0, le rhuma.tisme, les contusions, Ips fractures et d'a.lILt'eH accidonts,
HOl1t déjiL souvent amélioréos ou ll1Ûllle g'uorieH ]1a.1' 1'0111ploi des bains ehalHIH ol'dilHLires, on conçoit ai:;élllollt quo
nos Ntux thrmnales, aidées de l'effet deH douches, agÎt'()]]t
bien plus eflïencelllent ellcore d,LllS tons cos cas, d'abord
parce que ]C'ur olllploi peut ûtre cOlltinné pendant un
temps trètl long HallS affaiblir l'organisme, puis onsuite,
}J,tl'ce qu'elles SOllt plus actives que l'eau simple, Bl1es
rendent ,LUX ll1usclos comme aux lig'u,Jltents lour ton ct
JOUI élatlticité, pourvll qlle l'état ln0i1.11lluatoire ait diflparll.
Un monsiour ilgo do ;34, ans s'6ta.it fait 11ue cOlltusion
il, la ,jambe gauche troifl allfl avant Hon ILrl'ivée aux bains.
Il ]ui était l'esté une contracturo Illllscnlairo do sorto Cjll'il
110 pOllYiLicnt ]las étondre la ja.mhe cOlllplètoll1('lIt. On ln
traita, a.n moyon ([rs 1H1inR chancIR et on Illi consoilla. ]'nHn.gO do pOlll1lHLdos di vorses Ilont l'oG'ot l'Il t il1HUffiHltnt.
Uno Cllro h JJoiieho f'aito Holon los règlos Ollt Ull lïlsnlüLt
tout a.lItl'Olllont s'Ltisf'n i:;:Ll1t. JJCR bains et 10H douchos
furont employés siJlll11ttLlléllLCllt, 10 II10lllhre rrpril, ROS
fonctions et le lllalade 1I0US quitta lJarfaitement guéri.
�-
1-13 -
Un hommo fort ot robnsto f1yant eu autrefoiH clos dispositions au rhumatismo, fit uno chuto qui entraîna diversos contusions. Après rlNoir v~li llCU ln, réaction inflm'nllla,toire on s'aperçut qu'il conservait de hl roideur tütllS
les extrêmités inférieures ct qu'il ne pouvait lIHlrcher
qll'avec poine. Cotte f1ffection twait résisté il, toute (1S1lèco
de tl'f1itoment; olle disparut après uno soule cllro ct 10
malrtde put s'on retourner chez lui entièrement rétitbli.
MAT,Al>1BS
Dl~
J,A PEAU.
Depuis hien longtemps los oa,ux thermales de IJüüche
jOllüment d'11l10 répllta,tioll méritéo contro los dOrJllatoHes
invétéréos. Déjà au llLoyell-lÎge les malheureux f1tteints
de lèpre venaiont y chorcher un romèLle contre nuo IIH1,ladie roga,rdée COllllllP. incnnthlo ot ils l'y trollYaiellt; 1('110
fut l'origine du bain des Lépreux lequol. ,1, llutintelll1l1t
dispf1nL.
Pour combattro les dermatoses, il importe de l'f111illler
lf1 vitalité de la p~atl
et de stimulor' eH mêmo tOlllpil los
organes internos, en particulior le syiltèmo vnJsclllttiro,
sanguiu, et lymphatique; c'ost efl'ectivelllont co qui a lieu
pf1r l'emploi de 110S oaux. Cos llUtll1dies, le pllls suuvmlt
chruniques, constituent, pour 1a plupart, un geum cl' afl'octions puremont 10Cttlns; néanmoinf:l, t1<t11S certains cas,
nue prédisposition particulière, qui a été considéréo pllr
los humoro-pf1thologistos co Ulllle déri vallt d'un vLce dit
Sf1ug, somblo exister pour plusieurs d'entr'elles; c'est
pour cette raison, (lU'OIl los tt dü;tinguéef:l ell üonnatoses
idiopathiques et en dormatoses f:ly1ll.ptomatiquos. Co der-
�-
144 -
nior genre comprond les affections cutnrnéos qui tirent
lour origino d'un état maladif des organos de la sang'uification, de l'intostin, du foie, du pancréas, do la rate ou
des reins. Il existe oncore d'antres causes g;énéralos
de ces maladios, tollos sont: l'lige, los occupations, le
climat, le genre do vie. T/hél'édité jono sans douto aussi
ce rôle pour cortaines d'rntl"o]Jes, lm]' oxomplo pOlir
l'ichthyose, le pl:loriasis otc. Cepondant ces dernièros
paraisst'nt moins 10 produit d'une dyscrasio particulière
qn'une conséquenco do l' habitus drs paronts. Les dormatoses idiopathiquos sont 10 rosl11tat do Cllllf;()S qui
attoignent cliroctolllont Ja, prau, ainsi l'oxcès do chnlonr
ou de froid, la séchoresso, l'humidité, 1'oxert'Îso do certaines professions; enfin la llta.lproproté et 10 lIlallq lle
de soins, Â côté do tOll Les ces causes, il en existe salls
doute encoro d'mitres qllr 1l0UH ne eOllnail:lsOllS pas, Ja
peau, comme ell\'ploppe protcctrice ext(lriruro éta.nt
exposéo il, toute ospèco do lésions on ü'imprmlsiolls qui
réagil:ls81lt sur los org'anos internes.
a) Dcrmatoses cltroJ/iqncs,
Nous cam ptOllS au nombre do C.üF1 I1m]adil'8 los affections élllllllérérs ci-après dont 111 plupart sont l'flïwCCIllOllt
combattlles, ou du lIloinl:l sonsihlemont allléliorécH, par
llOS eaux minôrnlos; ainsi:
] 0 L'icldhyose. Ello consist.e daus nn épa.ississOlllOlll
anorlllal de 1'épifll'l'lllo erwHé pal' uno productioll oxng'él'ôfl
do cellulos pt aCCOl\lpag'né do ùos«(ualllatioll. Cd,te nmladjo
est très officacomont cOlllbattue par les eaux do IJOëcho
�-
145 -
surtout si elle Jùst pas trop ancienne ou si elle s'est développée chez des enfants.
2° Le pityriasis g"it dans une desquamation ahondante
de l'rpiderllle; il se détache de celui-ci de très potites
écailles farineuses sans trallssudation quelconque. La
ca.use en est due à une trop grande sécheresse de la peau;
rarement il est possible de constator une disposition héréditaire. Cetto affection provient quelquefois ùe dérangements dans les fonctiOJls ahdominales; elle n'est
en général pas très rebeUe.
3° ].Je psoriasis est caractérisé par des taches pl us ou
moins grandes, irrégulières, d'un rouge-hrun, recouvertes
d'écailles superposées; le derme est hyper~mié
et facilement saignant. C'est une maladie très tenace et sujette
aux récidives. On la voit souvent à Loëche; je l'ai
rencontré plus particulièrement chez des personnes dlL
sexe masculin ayant ulle disposition aux scrofules ce qui
rendait l'affection encore plus opin(~tre.
Nos eatL'C l'ont
toujours considérahlement améliorée; les malades ont été
souh1gés pour longtemps lorsqu'une guérison COJllplèto
n'a pas été ohtenue.
.
4° L'érysipèle apparaît périodiquement chell certaincs
personnes. Il se distingue par une roug"cUl' intense de la
peau accompagnée de gonflement, d'élévation de la température et de réaction fébrilo. Ses causes pcuvent êtro
locales ou g"énomles. Parmi celles-ci on peut citer le
passag"e suhit du chaud au froid ou réciproqucment, lcs
indigestions, les dérang"cments do la secrétioll biliaire et
des fonctions du foie, los anomalies menstruellos et les
10
�-
14G -
a.rrrctiollS morales. Nos eaux rendent d'éminents services
dans l'érysipèle; elles agi~sent
non seulûlllent sur les
tég'umellts qu'elles rendent moins impressionnables, I1mis
encore sur les causes générales. Les bains ne sont pas
employés pendant la période exanthématique.
[)o Ile pr~t1"i!)o
est une éruption ]Jètpuleuse qui dOllllfl
lieu à des démangeaisons très üÜOllses et très pm', ,i,.tantes. Il a SOll siège de prédilection à la partie oxteme
des membres, au dos, au pourtour des ou vertllres naturelles etc. ~on
orig'i ne esL ou spontané ou Mréùitlûrn.
Chez les vieillardes il est souvent la ~:lI ite de losions det!
fOllctions urinaü;es. Des papules du prurig'o, lOl1:;qu'elles
ont ~té
excoriées }Jar l'a(jtioll des ongles secrètont uu
liquide d'odeLU' p~triculèe;
d,ws les Bndroits atteints, la
)Jeau s' épais~,;t
se gerce ct SB recouvre de croûte~
stwgnillolentos. ~i l'on veuL obtenir l[uelqlle SOUll1g0111011t diLlltl
cette III a.ladie, il faut surtout tenir compte de sos causos,
cal' c'est une des derJlato~)Qs
los plus opil<~trs
et Hébra
Ini-même la cOllsidère comme incumble; Jes pOrl:!OllllOS
qui ell sont all'ectécl:! no pormmt donc espérer qu'une
ltllléliomtioll propre à l'ondm lour état sllpportablo. ~i
je cite ici cette affection, ce 11' est P!tl:l pour dOllllor ft sup)loser qu'ollo a enfin trouvé Chtl,l:l nOI:! oa,ux SOI1 remède
spécifique; celleH-ei Il 'ont, COlllllle tOlltes les autres lIlédi(j,ttionl:l, qu'un orret pallia.tif; mais mêllle (), ce titre elles
J'Ondellt de très bons Hon-jcos; leur olllploi il. génémloJllont
pOllr résultat do f,tiro disparaîtro Ips démH.l1g'eaisolll:! et
<lB procuror aux Illalades <ll1ehlllol:l interva\1ps do repos.
,Je suis sùr tlllO ccux qui voudront Olt l'ttire l'essai s'on
retourneront chez eux pleillelll nt satisfaits.
�147 6° L'he1-pès. Sur un fond roug'e et enflammé s'élèvont
des vésicules formant dos groupes isolés, remplies d'un
liquide transparent dont ln. dessication donne liou iL des
croûtes jaullâtres ou brun,ttl'es. La présence de cetto
éruption est incommode cL cl ivers degrés. On a distingué
pltUliours variétés d'herpès suivant le siège qu'il occupe
ou suivant la forme qu'il rovêt, ainsi: l'he1J?ès
facial, le
.,.
zona ou hmpès zoster etc. Ses causes COllnues sont les
maladies du foie, les scrofules, los arrêts de transpiratioll,
l'insallibrité du logement, la mauvaise nourriture ot l'irritation locale üe la peau. Ordinairement les affoctions
herpétiques sont héréditaires et très sujettes aux récidives; les personnes qui en souffrent devront s'en tenir
exactement aux proscriptions médicales si le traitement
doit avoir quelques chances de succès. L'herpès étant
très' fré(l uent, de nombreux ba,jgnenrs atteints de cette
maladie se rendont (jha.q ue année à Loëche dont les
eaux ont joué, autrefois comme anjourd'hui , un grand
rôle clans ce g'enre d'a11ections, ot effective mont ils 8U
obtiennent d'excellents résultats.
7° L'eczème est très fréquent chez les enfants comme
chez les adultes. Il se présonte sous une forme aigUë et
sous uno forme chronique; cette dernière soule nous illtérm;so ici. C'est une malacli des vIns opini<l,tres; olle
résiste souvent i'L tonte espèco de remèdes ou de traite1ll01ltS. rrantôt elle reste 10calis60, tantôt olle se rOl):1.1HI
snI' touLes les partios du corps. hile consisto dans 10
dévoloppemollt, soit de jJustules, soit de vésicnles, sur
uno snrüwn onflammée, hum ide ou recouvel'Le do sq li il III os ;
�148 -
un prurit intonso et des excorüLtions en sont sOUvAnt la
cOllsétllWllce. Elle n'est pas contagieuse; ses canses sont
moins l'hérédité qu'une disposition spéeinle provoquée
par certaines affections internes ou externos; pa.rmi cos
dernières on peut citer diverses irritations du derme, les
shtses veineuses ct surtout lUle innervation anormale de
la IJeau.
Les bains de IJoëche sont très efficaces contre cette
ma ladie. Dans anClillO itutre dorl11éttite je Il' en ai vu dos
rffpls plus Illarqnés que (htns l'eczème; on ponlTil,it presque
dire qu'ils ont ici lIne action spécifique. Si la guérison
n'ost pas complète l1.pl'ès une premièro cu l'O , 10 malade
est du llloins toujours soula,gé pour plusieurs ètnnéos et,
s'il y iL réci<livo, collo-ci cll<lera i'ttcilolllent ,L Ulle nouvolle,
application des mtux. 'routes les personnes qui viennent
cL Loëche pOUl' des cas ù' eczèmo s'en retournent satisfaites;
il, colles qui n'ont pas obtenu de résultat par un antre
traitoment, je rocoJllmanderais volontiers nos eaux comme
ôtant le meilleur rOlllède dont elles puissent faire usa.go.
Une euro pl'olollg'ée, l'application interne do l'eau, los
douches, los lotions, 10R fomentations sont souvont nécessni l'OS pour êtll18110r n110 réaction favorable ot uno guérison
défmitiyc de cotte a ffection . Quantité d'exOllll)los de bolles
cures lllB sont]' sMs onlllémoirc; la rolation d'un seul do
cos cas va suffiro:
Un Monsiou!' d'rllviron 50 ans vint êL Loëcho pour un
eezèmo général; il 011 éL,tit incommoùé au pojnt de se
voir clans l'obligation do chang'or de lingo trois l'o is pal'
jour à caUso de la sérosité qui suintait continuollement
�-
140 -
du dorlllo ot provùqlU1it, on so dossét;hant, UIlr. HOU ,"ello
irritfLtion de la pefLu. Uno délllfLngeaison intol1sP, des
dOllleurs vivos, des nuits Hans sommoil avaiont fini par
épuisor 10 malarle. Jo lui proscrivis dos bains tr()s courts
on mpport avec son état, j'instituai une cure d'l'an r.t
ordolLnai différentes dOllcl!rs; nu bout d'une quinzaine de
jours une forte poussée se lllOlttra. Dans le cas spécin 1
cette éruption n'out <l'importanco que l)ar les 1II0difit;iLtions qu' 0110 apporb aux fonctions cutanéos. POIll' COIllbattro ln. faiblesse généralo, 1\11'. X ... fit USttgo d'ullo
nourrituro peu abondante mais Codi flalltr; aprèH ellall1lO
bain, tLVaut de so mettre an lit, il prit nn vorre de vin
do Bordeaux qui lui procurfL un sOlllmeil répltmtour. La
cure se prolongea avoc UllO alllélioration croissante jnsqu',tu-dolà du cinquantièmo jonr; pemhtnt ce temps lIne
nouvelle pOllssée, il marche régulièro, so mallifesla. A. la
fin dll tl'aitcmellt, touto espèco do sllintemont imtit disparu, la peau fLvait repris SOll aspoct ot sos fOllctions
nOl'lna.los. On aurait pll croiro à ulle guérison définitive.
NéfltlllllOius, l'itl111ée suiyauto, Ill! lég'or oczème so 1'oprodlliHit aux oxtromitéH inférlPlll'cs; il suŒt d'llllC seconde
cure pOIll' le faire ,disparaîtro il. pen près ent ièrClllont.
8° L'u/'ti('aÏ1'e. Les cfll'uctèrcs diHtinctifs de l'oHe milladie sont. tlrs élevures circolU;critrs dr la poau, hlilllehrH
Oll rougcs, ftccolllpng'llées ao picotemonis on de démallgeaisolls, appamiSSl111t on dispttl'aiRsant HllbitClllCl1t SfilIS
bissol' do tmcos de desq uiLllmtioll. L'urticaire so mOIl trl'
que1quefoiH Sl1US s'ylllpi Omos pl'ocnrso1ll's; d'ltnt.res foiH,
ell0 ost précédéo d'U11 sont.iment d'oppression Olt do mèl-
�-
1GO -
lail:le. Tantôt elle reste limitée à'quelque pi1rtie du corps,
tantôt elle s'étend plus ou moins rapidement sur toute
sa surface. Un sentiment d6sagréable de brûlure ou de
lmlrit, qui porte le malade à se gratter involontitirement,
suit de près le développement des plaques ou pompJIllS.
Oes élévations, dont la largeur dépasse la baJuteur, sont
produites par une infiltration du corps papilli1ire; ellos
tranchent sur la couleur naturelle de la peau; pitr la
di minution de la malltdie elles deviennent moins cl IIros
et la démangeaison cesse peu ft, pen. Après lem disparition il reste souvent des excoriations produites par le
travail des ongles.
Les causes de l'urticaire sont internes ou oxternes.
Parmi les premières on peut cOlllpter les él1lOtions morales, l'usage de cOltains aliments, l'irritation du canal
intestinal, les troubles digestifs, les affections physiologiques ou pathologiques du système utérin chez la femme
et peut-être aussi qnelques altérations du sang. Il faut
rangor parmi les secondes, tous los irritants cutallés, l'il1lprossion subite du froid, et une disposition particulière
dne il, un état maladif de l'innervation. Lorsque l'lll'ticaim chronique ne cède pas aux moyens appropriés, les
eaux de Loëcho peu,vellt reudre d'éminents services (btlls
coi,to lIlil ladie dont les recJlUtes sont fréquentes, I:loit Olt
610igna,ut les CltllSeS ùlternes, soit en agissant directement sur la surface cutanée.
b) Ulcèl'l'S
pt
malculies ri es os.
lIes ulcèros, suites onlinaires de lésions diroctes, cl' é-
rl1lïtions cutrtnées, de phlébite, do varices etc. sont ou
�-
lf)l -
limités à la pean elle-môme, on pénètrent plus profondément; à cette dernière catégorie n,ppa,rtient p. ex. l'ulcère
atonique du pied. Dil,l1S un cn,s conllne dans l'autre, ces
affections sont tonjours sensiblement améliorées 011 même
gnéries par l'usH,g'e de nos thermes, lorsq II 'elles sont. sons la
dépmHlance d'unc maladie pOUl' laquelle ils sont in<liqués.
Par l'action détersive des eaux, ces ulcères sont nettoyés,
leurs bords indurés sont ramollis et dissous; la douce
chaleur du liquide diminue la douleur, provoque les graIl ulations et stimule tout le système rel)roductif. JJes
surfaces ulcérées doivent être recouvertes en dehors des
heures dtl bain de compresses imbibées d'eau minérale
dont on empêche l'évaporation en les enveloppant d'uue
toile cirée. Par un tomps froid ou humide los malades
doivont ga,rder la chambre; une température modérée,
l'abri du contact de l'aü', la tranqnillité et la propreté
dans les objets de pansement contrihllent beaucoup à la
gnérisOll.
LOF; personnes attointes d'ulcères scrofuleux, arthlitiquos etc. qui ont résisté à l'n,ction des remMes ordillaü'es se trouveront hien de l'application clef; eaux de
LoMne. On peut en dire autant de celles qui présentent
(los ulcèms, des fis1.llles consécutives aux maladie du
sy8tème osseux, telles que les tuhercules ou la nécrose
des os; les séquestres, s'il en existe, seront mobilisés de
lIlanière n. en faciliter l'extraction ou la sortie spontanée.
Enfin 110R eaux sont très ftvalltageuses clans les ulcères
atoniques qlli ne dépendent pas d'nne caURe interne mais
hien plutôt d'ull rolâchement ou d'une faiblesse locale,
�-
152 -
ce qui est assez souvent le cas chez les personnes âgées
et chez les jeunes gens.
On voit chaque année un grand nombre de malades
arriver chez nous pour toutes ces affections et ils s'en
trouvent généralement bien. Ilue me serait pas difficile
de rapporter quantité d'exemples de guérison d'ulcères et
de fistules cutanées par l'emploi de nos thermes.
�-
153 -
APPENDICE.
CURE DE PETIT-LAIT,
Les cures de petit-lait sont un moyen qui n'est pas à
dédaigner dans le tn"1itement d'un grand nombre d'affections. Leur usag'e a été introduit à Loëche depuis plusieurs
années.
L'emploi du petit-lait peut très bien se combiner avec
la cure de bains. En dehors des malades qui se rendent
annuellement dans nos contrées pour profiter des eaux
thermales, il offre une précieuse ressource aux personnes
auxquelles il a été spécialement ordonné, ainsi qu'à celles
qui veulent faire un simple chang'ement d'air et de rég'ime.
Le petit-lait n'est que la portion aqueuso ou 10 résidu
du lait après qu'on eu a séparé la partie caséeuse et la
substance grasse. TI est composé d'eau, de sucre de htit
et de quelques sels. Sa couleur est d'un jaune verdtLtre;
il est quelquefois blanch,ître et trouble, lorsque la caséine
n'a pas été entièrement précipitée. Son g'Oftt un peu fade
et doucereux est analogue jusqu'à un certain point iL
celui du lait lui-même. Déjà Hippocrate avait vanté ses
propriétés dépuratives et fortifiantes . Son action s'exerce
particulièrement sur le canal inte~al;
il est surtout
applicable clans les affections de la poitrine, du foie, des
reins, de la vessie, de l'uLérus, de la peau, et en général
dans toutes les maladies qui réclament un traitement
adoucissant, résolutif et légèrement tonique.
On l'emploie g'énéralement à la dose d'un à six verres
par jour.
�-
154 -
RÈGLEMENT
de l'adm'tnistmtion et de la police des eaux
A LOËCIJE-LES-UAINS.
ljE CONSEIL D'ÉTAT
DU CAN'rON DU VALAIS
A JlR.kJ'E:
Al{'rlCLE 1or. La sLll'Yeillal1Cü dos oaux 01. la police
dOH bains sout confiées cL lin inHIJOcteul' nOlUmé pal' le COHseil d'Etat. Ses fonctions COllllllencent le l or Jnin et fini, 'sent 10 1.') Septembre.
AitT. 2. L'inspectenr veille Imrticulierolllent à la conHorvation 01. Ù un amonagell1oll t COll vonablo des soul'ces.
ART. H. Il surveille la b01ll1C teHue des ôtablü,semonts
do bains ot de toutes los partios dostinéoH ft l'administration dos oaux; il sig'aale au bosoin aux propriétai l'OS
les réparations et amoliolë1,tions rOCOJIDILOS indù;ponsables
et mg'oJltos.
An'I'. 4-. Il réunit chaqno allnée, ,t.U commoncemont
do ln, saison, les médocills des eaux pour ontendro lrlu's
ohsel'vations pt pOlll' }JI'olldre les JlIOHUl'eS sanitai l'OS j ug'ées
t1<lCOSStti l'os.
Awl'. fL Tl prond dnH 1Il0HUf'OS convenablos ponl' q ll 'iJ
Il'y ait ja"lIuiH oncomhremont dans le8 piscinoH.
AHl'. (J. Los établiHHolllOllts do Imins seront roglllièl'Olllont 011 VortH do !') h [0 houres du matin 01. de 2 iL 5
heures dlll'lojl'.
�-
lf)f) -
ART. 7. Il est défendu h tout baigneur d'entrer dans
les piscines, où l'on se baig'ne en commun, sans être porteur d'une carte d'entrée délivrée par un médecin des
eaux.
]~e
prix de la carte d'entrée est fixé fi, un frallc.
AR'r. 8. 'rout dég'êtt commis dans le illfLtériel des,6ütblissements de bfLins sera mis h la charge des personnes
(1 ui l'auront occasionné.
ART. 9. L'Inspecteur peut renvoyer d'une piscine
toute personne qui aurait llutllqué à hL prescription melltionnée à l' fLrt. 7.
ART. 10. Il peut égrLlement, sans préjudice des amendes fixées plus bas, faire sortir des bains COlllllluns tonto
perSOllne qui, pal' de::! proVos déshonnêtes, par des procédés incollvenants, des cris ou des vociférations, des
chants obscènes, ou en jetê"tnt de l'eau, aurait provoqué
des plaintes légitimes de la part des autres bfLigneurs.
AH,'I'. Il. Il prononce sur les cOlltestations qui POllvont s'élever ontre les lJaignolll's et les gens de fJervjce,
en co qui concerno l'administration dos oaux.
AR'r. 12. L'InSl}ectour' efJt pareillement chargé de la
surveillance générale do tout co qui concerne 10 transport
des voyageurs ot le servico des g'nides.
AHT. 13. 11 veille, de concort avoc l'autorité mllnicipaJo, à l'exécution, des mesures de l)olice ]ocale, CH ce
qui concerne IfL police des étrang'ers, la réprossion de la
mendicité, la propreté et la bonne tenue clos ahords des
établissements de bains, des promenades, des chemins et
�-
156 -
des places publiques; il dispose ncet effet des gendarmes
de station à Loèche.
ART. 14. Toute contravention aux dispo·sitions qui
précèdent sera, selon la gravité du cas, punie d'uue
amende qui pourra être portée de 2 fI. jusqu'à 15 l'l'.,
all profit de la caisse des pauvres.
ART. 15. Les plaintes et les réclamations sur les contnLVentiollS an règlement sont adressées iL l'Inspecteur
qui prononce sommairement tant snr les amendes encourue!:) que sur les indemnités et restitutions auxquelles les
contrevenants peuvent donner lieu. Ces valeurs seront
versées entre ses mains.
An,T. 1 G. En sa quaHté de représentant du Gouvel'llement, l'Inspecteur est, iLVec M. le curé des bains,
membre effectif de la coml?ission des panvres de tou!:)
pays qui se rendent iL IJoèche pour y prendre les eaux.
ART. 17 . L'Ir,spectellr arrête, avec les autres mellll m~s
de la commission, qui sont nommés chaque ~m1l6e
parmi les bètigneurs étrangers les -plus llotables, la 1'6padition des secours et veille à lûlll' application. II vérifie ht comptabjlité de la ca.isse dos pauvres et transmot
le double des comptes au Drpartement (le l'Intérieur.
ÀH,T. 18. L'InspecteUl' adresse itussi à la fin de chaque année au Délmrtement de l'In1.6rieur, avec le compterendu de SOli administration, uu l'apport SUl' la tellue et
la marehe des étahlissements thermaux. Il sig'naIe dans
ce rapport les abus à réforlIler, los améliora,tiolls à j 11troduiro dans l'organisatiol1 et l'administration des bains
dans l'intérêt des malades et de l'ordre public.
�157 -
-
Donné en COllseild'Etat, à Sion, le 5 Décembre 18G4,
pour ôtre affiché dalls les établissements de bains et les
hôtels et pensiolls à ]joèche-los-Baills.
Le Président du Conseil cl' Etat,
Cli.-La.
DE BONS.
Le Secrétaire d'Etat,
E.
BARBERINI.
oom!<><:--'- -
---0<0
�-
1GB -
BÈGLE~.INT
l Jo ur les baignett1's paum'es de l'hôpital de Loëche-
les-Bains.
I/hôpital des baig'neurs pauvres de
LOëclle-los-Bains est destiné il, donner l'hospitalité et les
soins nécossaires aux pauvres do tout pays ot do touto
confession qui, n'étant pas secourus par d'autros établissOlllents do bionfaisance, y SOllt envoyés pour [ai L'O usage
dos eaux minéralos. L'admission a liou depuis 10 luI' juill
jusqu'au 31 Mut.
AR')'. 2. A son ontréo il, l'hôpital, chaque malade indigent doit IH'ésentol' los papi ors suivants:
a) Un certificat do pau vreté déliVl'p. pal' Jes proposés
do la commune do son lieu nlttal ou de son domicile, légalisé et portant la dato de l'annéo courante;
b) Un certificat do bonne conduite ou une rocommandation du curé de la IJaroi,'se J'Ospoctivo;
c) Uuo ordonnanco cl 'un médecin prescrivallt l 'wmgo
des eaux do I.Joëcho.
Chaquo malade pauvro doi L, iL son arri vée, présentor
sos papiors 111'lin des mombros effectifs de la commission,
à M. le curé do J.JOOc1lO-los-BaÎns ou èt M. l'inspoctour
des bains, ot ommite so fn,iro visitor par le médecin des
pauvros. Au vu do co rapport, lit commi1:!1:!ion prononco
sm l'admission .
AR'l'WLE ] cr .
Awl'. 3. CJJaquo baignour pauvro paio iL l'Mpital
�80 centimes par
159 -
ot dépose dans co but la S01l1111P de
20 francs lors de son entréo. Il roçoit do l'hôpital la,
ponsion, le ]Og0111011t, les bains, les manteaux do lmins,
leB soins médicltux et los Illédicaments pOlldant ]a dnrée
do la curo. IJes fOlll'llitnl'es non comprises dans l'onlilH11re de la pcmsion, telles qun vin, café, OLC., et le blallchisBage sont payés en sns par le baignenr IH1nvre. Celnici doit faire les frais Je son voyage; il doit être muni lm
moins de doux hOl1nos chrmises et de deux ptûres de bas.
A]~T
. 4. .A] 'heure fixée, les baigncUl'R pauvres doi VOllt
He présenter il, la visite dll médecin et sont tenus de se
conrormer exactemont ft ses ordonnances pOUl.' tout ce gni
concerne ]es bains, les lllé<1ief1mcnts et les soins médicaux.
ART. 5. Uhi1cun d'eux doit a.llX membres de la, commis. ion et aux révérentcs SO'Ul'S religieuses on aux économes J'espect et obéissance ponctuelle; ils lcur doivent
aide et assistance toutes les fois qu'ils en sont reg nis.
ART. G. Il est défondu ,), tout baigneur roçll il, l'Mpital do demander l' aUlllÔne soit dans les mes, soit dans
les maiRons, ainsi que do fréquenter les pintes, les caféH
et les auberges, ou do se procurer dos alimonts au dehorH.
ART. 7. Les pallvros doivont so rendre ,I, l'établis 0ment de ba.ins qui leur est assigné il, 5 heures du lIlatin
et à. 3 heures de l'après-midi; dans les b,Lins, ils sont
soumis iL une sévèro obsorvation ùu règloment.
AUHsitôt apl'è. 10 bt1Ïn, les malades se rondront 11.n lit.
Clmclill paraîtra régulièroment il, 11 heuros aVl1nt miùi
ot ,t Ghellros du soir au réfectoiro pour los ropas.
L'houro do la l'ontrée est -fixéo iL 8 houres ot demie
j01ll',
�-
160 -
du soir; dès ce mOlllent, le baigneur ne doit plus s'tiloig'ner
sans permission.
ART. 8. Les baigneurs pauvres doivent éviter soig'neuselllent tout ce qui peut causer du dommage, du désordre,
de la malpropreté, ou blesser la moralité dans l'hôpital
et aux bains; il leur est notamment défendu d'entrer
dans les vestiaires pendant qne quelqu'un s'y habille ou
s' y déshabille; de provoquer, soit à la maison, soit
aux bains, des discussions religieuses ou politiques; de
tenir des propos offensants, de chanter des chansons obscènes, ou de commettre des indécences. - Il est défendu,
aux bains, de faire jaillir l'eau sur les voisins, de cracher
dans les bassins ou contre les parois; de fumer soit dans
les dortoirs, soit aux bains; de se coucher dans son lit
habillé ou sans enlever ses souliers; de faire du bruit.
ART. 9. Chaque baigneur pauvre est tenu de soigner
le ltumteau et les draps de bains, et de les rendre en bon
état à sa sortie; de tenir ses habillements propres, afin de
paraître toujours vêtu convenablement.
ART. 10. Selon leur nature et les circonstances, les
plaiutes doivent être adressées ou à la supérieure, ou à
l'inspecteur des bains, ou au médecin.
Toute lllfraction au présent règlement est punie par
la commission; celle-ci peut même prononcer l'exclusion
do l'hôpital et des bains.
IJOêche, Janvier 1869.
Suivent les signatures.
�-
161 -
T;;u-if l)o u.- les bains .le Loëclte.
 . BAINS j)E SOCIÉTÉ.
Chaque perso11ne paie par jour:
Fr. Cent.
Ân Grand bain ..... ... . . . . ..... "
Au b,tin Werm .. . . .. . ..... ... l,GO à
des Alpes .... .. .. ... ... 1, {)û ft
sons la rrerrasse . .. ... . .
f-lt-Laurent ou valaisan . .... 0,80 ;1,
.. . ... .. .. ... . . .
B.
2
2
2
" 80
1 20
" 50
BArNR PARTICULIERS.
On ])aio par jour et par personne :
Un carré pour une personne. . . . . . . . . . . . . 4
deux 11, quatre person11es . . . . . . 3
cinq à six personnes ... ..... 2 50
D. DOUCJJlGs.
Po n]" clllLque quart d'heure . . . . .
') ;)0
lJes fractions c01llptent pour un quart d'lHl ure.
DfSrOST'I'fONS
(Ji΃HAL]
~ Fl .
cartes pour bains ct douches doivont êtro delllt11ldées aux diroctonrs rosllOctifs.
,JIISqll'ft restitution dos cartes, la cure n'ost pas COl1SÎdéréo COlllme terminée.
1.J08
II
•
�-
1G2 -
TARIF
pOU1' les guides et les chevaux des bains de Loëche.
IJE CONSEIL D'ÉTAT
DU CANTO'l' DU V ALli. T8
En e.r:écution de l'article 2,7 rie la loi S/lI' le service du transport dcs
t'oyageU1'8 81/'1' les 'routes laté1'al('s ri!! canton,
ARRÈTE:
Le tarif pour le transport des voyag-eurs et de leurs
hagng'es par la, société des gnides de LOëche-[ü,':;-Hai118
ost fixé com me suit :
1° Tarif pour un guide et son cheval.
Course des bains il, Kandersteg . , . . . .
au lieu dit Zlim Stock . . .
1\ Bcll warenbach . . . . . .
au lieu dit Zur Daube. . . . . . ..
au TOlTellthorn .
')
au GuggC'rhnbel . . . ... ... .
IIo l'm"'i fJJOur les porteurs de bagages et de
J)
J)
.. . ...
J)
COl1n~o
chaises ct jJo1'telws.
des bnlns fi, Kanderstcg, IJlll' porteur .
1\ Stock ...... . .. .
à SclllVêLrellbach ... .. .
au liou dit Zllr Dallbe . .
all piod de la Gemmi . .
à Sierr . . . . . .. . •
11, ln Souste . . . . . . . . . .
au col de 'fonent . . . . . .
J)
.......
•
.
11
G
5
4
3
' J)
))
G
6
J)
!.
15
10
7
J)
; 0/(
20
!t'I'.
J)
J)
[<'J',
...
6
4
6
�-
IG3 -
Le commissaire perçoit 20 centimes pour CllltqUC porteur et 40 centimes pOUl' chaque chev'Ll.
La société des g'uides prélève 50 centimes petr clutiso
Ù, portour.
Le cOlll1nissetire fnit de pIns, pour l'entretion de la
route de la Gelllmi, !lue retenue de fr. 2. GO pour les
tourses des bains h Kamlersteg prévues au premier paragTetphe.
Pour Jes courses ft cheval dont le tarif dépasse 5 l'l'.,
la retenue pOUl' l'elltretien des chelllius est fixée ft 1 fr .
POUl' tontes les courses i:lllécialement énullléréoi:l, il
ne pourra rien être exigé pour ]e retour eu sus des taxes
fixées par le tarif.
spéciS'il he fait d'autres coun;es ,\ cheval quo ~eJ1s
fiées pIns haut, rUes seront pit)ées h raison de 10 ft' . et
célles des porteurs ù rai:,wll de 51'1'. la journée pour aller
et autant pour le retour.
Donné en Conseil d'Jj;tat, il, Sion, le 8 Juin 18G7.
Le Président d'tt Conseil d'É'trtt,
A. ÂLLE'l'.
Le Secrétaire cl' É'lat,
E.
BAIUlElUNl.
... ~
. .,~-
SOCltTIt
------1
01&
SCIENCES MéDICALESJ
-
Ot VICHY
........ _.
.
•
~d
~
��TABLE DES lVIA1TÜmES.
l'ages.
Avant-propos.
PHElUIÈHE PAltTIE.
Topographie
.....
Historiquc. . . . . .
Vojes de commuJlicn,tion .
Les SOlU'ces . . . . . . .
l/en,ll thermalo . . . . .
a) Propriétés physiques .
h) Plopr'iélés chimiques,
Etn blissolllents des bai 11S. •
Hôtols . . . . . . . . . .
Insl)Octeur des haillf:l, scrvice postal, télég-rf1phe,
omnibuf:l otc.
Promenades. . . . . . . . . . .
Excursions . . . . . . . . . . . .
1.
3.
AU GLA('11Œ Dg LA DAIJi\
3.
AU GUUCtEHlIU13EL .
A L'ALPE DE PEUŒLlŒWI'TI<:
1
3
23
32
05
~5
3G
40
44
46
47
49
49
52
. . .
53
55
Phénomènes llatLuels. . . . . .
59
LL AU rl'ORIU~1nN.
DEUX1ÈME PARTIE.
Application médicale des caux do Ijoëcho
J!Jff'ets physiolofJiqttes . . . . . . . .
65
G5
�-
l GG -
1ja poussée . . . . . .
lJ[ode cl'aclministmtion .
Usage interne
Usage externe . . . . .
Bains . . . . . . . .
DOltches; bil,ins-doll(jhes .
Donche inclépendn,nte. . .
Bai ns locaux; bains de siège .
Bains-ventouses .
Inj ections . .
Ijotiol1s . . . . .
Fomentations . .
Préparation h la cure.
Précoptes hygiéniques iL l'ns,tg'c dos haigneurs
Règlcs ,L suivro avant, pcndmlt et après le bain .
Accidents de la cure .
Traitement consécutif . . . . . . . . . . ..
Contre-indications . . . . . . . . . . . . "
Emploi spécial des ca Il;); dans les diverses nut/cuties
Chlo rose, anémie . . .
Scrofules ou écrouel1es .
Go utte, arthritis . .
H.hl1Jllatisme . . . .
Oaclwxio mercurielle
Syphili.' larvée . . .
Dl'onchite chroniqne .
rruhel'cu lose . . . . .
Gas1.mlgie ct catnl'l'ho do l'esloll1ilc
P1Igos.
72
79
79
82
82
87
91
91
02
02
9 il
03
91
U7
un
102
104.
l 07
108
108
1 11
1 14
I lG
1 19
121
123
125
128
�-
107 -
Hémorrhoïdes, rngorgemel1ts, tUlllOurS ctindll1'il,tio ilS
de l'abdomen . . . . . . . . . .
129
Anomalies menstruelles . . . . . .
132
Ilypochondrie, hystérie et névralgies
135
Pa.ralysies. . . . . . , . , . . . ,
139
Contntctures 1lluscu]aü'es ct l'oidrllrtles arLiculations 142
Maladies de la pertu . . . . .
143
a) Dermatoses chroniques .
144
1. L'ichthyose. .
144
2, Le pityriasiH .
145
3. Le psoriasis
145
145
4. L'él'ytlÏpèle .
5. Ijû prlU'ig'o ,
146
6, L'horpès , .
147
7, L'eczèmc, ,
," 147
8. L'urticaire .
11\)
b) Ulcères et m,Lladies ùes os
150
APPENDICE,
Cure de petit-lait. , , . . . . . .
1:)3
Règloillent d'admiuisLmtion et do police
154
Règ'lelllollt du baill clOH pauvres. . . . .
1 58
Tarif pOlU' los bitins do Loo(jho . . . . .
161
Tarif pOUl' los guidos et los chovaux des bains do
Ijoëche, , , , , , , , . , , , , , , • , . ,ICi 2
��B.M. DE VICHY
1111111 1111111111111\1\111111\1\ 11\11 \\111 \\111 \1111 11111111
3585120044
��
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
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/BCU_Vichy_album_de_photographies_247365.jpg
Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Loèche-les-Bains (Suisse)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Brunner, Adolphe
Title
A name given to the resource
Loèche-les-Bains, canton du Valais (Suisse) : ses eaux thermales et ses environs
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Schuler
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1871
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) TH 615.853 LOE
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Crénothérapie – Suisse – Loèche-les-Bains -- 19e siècle
Cures thermales – Suisse – Loèche-les-Bains -- 19e siècle
Loèche-les-Bains (Suisse) -- Guides touristiques et de visite -- 19e siècle
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
167 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
3ème édition. Demi-reliure. Dédicace manuscrite illisible sur page de garde
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Loeche_les_bains_ses_eaux_thermales_358512
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/22/26512/BCU_Loeche_les_bains_ses_eaux_thermales_358512.jpg
Crénothérapie – Suisse – Loèche-les-Bains -- 19e siècle
Cures thermales – Suisse – Loèche-les-Bains -- 19e siècle
Loèche-les-Bains (Suisse) -- Guides touristiques et de visite -- 19e siècle
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/22/26522/BCU_Les_sources_thermales_de_Loeche_832584.pdf
4e645678b177478d406ff86158c3b1e4
PDF Text
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LES
SOURCES THERMALES
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DE LOECIIE,
AU CANTON DU VALAIS.
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DE LA FACULTÉ DE BE RLIN, MÉDECIN
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�INTRODUCTION.
Des auteurs nombre ux et pleins de mal'Ïte se sont déjà occupés,
depuis longtem ps, des sources thermal es de Loëche . Ces eaux,
célèbres pal' leurs proprié tés curativ es, fréquen tées chaque année pal' un nomhre toujours croissan t cl' étrangc rs, ne pouvaie nt
manquel' d'atLirer l'attenti on du monde médica l, et leut· situation au milieu d'un séjom' rema"qu ahle, presque aux sommit és
des Alpes, devait excitel' au plus haut PQint l'intérê t des curieux ,
des voyagem's et des natm'alistes.
La description de cellc vaUre intéress ante, oil la natm'e a
réuni tous les contras tes, eut mél'ité lIne plumc 'plus exel'cée
et plus élégante, Aussi n'est-ce pas sans un profond sentime nt
de l'insuffisance de nos forces (lue nous avons entrepl'is ce court
travail.
.
Pour ce qui concern e un SI'amI llomhl'e de points topogl'a pt.iques et la détermi nation des hantem's diversc s, nous m'ons
eu recours il la complaisance de M. le chanoin e Bcrcllloicl clont
les travaux trigonom étriques en Valais ont été exécutés avec une
riguurel!se exactitu de.
Un Ilaturaliste distingué, M. le chanoin e Riou, a eu l'obligeance
de nous communif[uer t1e~
Ilotes intéressa utes SUl' la hOlnoiljue
�YI
de la val~ée
qo'il a si souvent parcourue, Son riche hel'bier renfel'me toutes les plantes rares qu'elle produit,
Nous avons fouillé, pour la partie historique uu grand nombre
de chroniqueurs tant valaisans qu'étrangers qui nous ont laissé
quelque chose sur Loëche-les-Bains, La plupart contiennent des
fl'agmens précieux et d'une grande utililé j si qt\cIques aul/'es ne
foumissent que des données moins certaines, c'est que souvent
ils se sont contentés de prendre nne simple note en p~sant.
L' époque vérit~ble
de la découverte des SOUI'ces thel'males de
Loëche est incertaine j il est impossihle de la détenninel' d'uue
manièl'e positive,
Le résumé des anciennes an~l)'se
des eaux minérales de Loëche
n'offt'e plu~
de nos jours qu'un faible intérêt, Ces opérations se
ressenteut plus ou moins, les unes de l'enfance de la chimie, les
autres de la précipitation avec laquelle OLl a procédé et du défaut
des moyens pedectionnés ll'analyse connus :H1joul'd'hui,
Ce ne fut qu'en 1827 que l'on eut, SUI' les e:lUX de Loëche,
une analyse cou,plète et que MM, llnlllnet' et Pagenstecher, de
Beme, publièrcnt leur exccllenttruvail SUI' celte matière,
Comparées entre clics, les dive/'scs allai) ses les plus récentes
présentent encore tics différences notables, C'est ce qui a fait
nnÎlre la pensée d'entreprcndre IlU nouvC'all travail nnalJlique
complet SUI' les e;:tux, li n été exécuté par M, P)' I'amc Morin, de
Cenhc, chimiste distingué, dont les talens ct les connaissances
sont g(:nérnlcn,cnt connus,
Le développement n'pide qu'a pris, llans ces llernièrcs nnnées,
Loëehe - Ies - Bainsj les allléliorl\tion s nOlllbrcuses et lililcs qu'on
.Y a introduites, celles qui sont à la vcille d'êtl'e réalisées, la coustruction de pilisieurs hôtel s, 13 nouvelle l'oute pOUl' les ,'oituJ'cs
qui sera bienlôt ~Ichevé
ne COllt qu'auglllcntcr l'inlérêt quc pré sente cettc loc.dité l'ellJ3/quable il luqnelle LIll Il\'cllil' toujoul's
pl1ls hl'illollt cl unc prospl1l'ité cl'oissonte sonlllésol'luais assUI'és,
�vu
Si quelques hrollches Je l'olllUinistration des bains laisseut
eucol'e à désirel', c'est uu inconvénient que l'on l'encontre dans
presque tous les établissemens de ce gem'e; surtout au fort de
la saison des eaux où il y a foule.
Nous signalel'ons les modifications indispensables el les changemens qui sont d'une nécessité urgente. Quelqu es-uns, ceux
entre autres qui ont pOUl' hut l'organisation intérieu re et le service mieux. entendu des bains, ne doivent pas souffrir de retard.
Nous ne critiquerons pas; notre seul désire est d'être utile.
AVJllL f845.
---
�..
�LES
SOURCES THERMALES
DE LOËCHE.
TO PO GR AP HIE .
le 25 0 17, 25; de l.ongitude et le'
4.6 0 22, 3:i de
latitude, à une hauteur de l,. 3 51 pied
s au-dessus du niveau
de la mer (*), au pied de la chaîne des
Alpes, qui séparent le
canton de Berne de celui du Valais,
se trouvent les sources
célèbres et le petit villa,ge auquel elle
s ont donné naissance,
connu sous le nom de Loëche-les
-Bains, Il est situé au
fond ùu bassin de l'une des nombreu
ses vallées latérales qui
s'ou vrent dans la grande vallée du
Hhôrw, Celle dont lIOU S
.
SOUS
(') Ces culc nls sont cxll' ails cie
l'f'x cclle llte no :iee inéd il e de
M, le chun oine Bel'chtolcl SUI'
la vallé e de Loë chc - If's - Bain s.
Il
est \'iH>OIent à r('gr ellN ' qU( '
cct inté ress ant tl'avilil n'ai t pas
ét(~
publ ié. L'an teur qui, pend ant
tic long ues anué es, a babi té
Loc che · les- Bain s, étili tluie ux
'I"e tout a\ltl 'e il lIIèlU C ùe tr:lit
er
cell e mat ière . Au reste , ses vast
es conn aiss allce s et ses loug s travaux trigo noll létri ques S\lI' le Villa
is sont la lIIei lleur e sour ce où
1'0Ll puis se puis er quau
d il s'ag it de topo grap hie.
�10
parlons s'ouvre à Loëche-le-Bourg, se dirige irrégulièrement au nord, pour tOUfIJer ensuite insensiblement au levant.
Sa profondeur est d'environ quatre lieues.
Le voyageur qui, pour la première fois, fait son entrée
dans celle vallée si sauvag'e et si pittoresque il la fois,
marche de surprise en surprise et passe à chaque instant
d'un sentiment de plaisir à un mouvement de terreur. Jusqu'ici il devait suivre péniblement un simple sentir sans
direction et sans régularité, tantôt se perdant dans les profondeurs sombres et rocailleuses de la vallée, tantôt s'élevant rapidement aux sommites escarpées et tortueuses de
ce terrain fortement accidenté, dominant les bords perpendiculaires d'affreux précipices.
Les sensations si inattendues et si diverses que fait
éprouver cette nature gran'diose ne sont pourtant pas sans
charmes pOUl' les amis de~ spectables imposans et subli.mes,
des tableaux sévèrr.s et l'ians que déploient presque partout
les hautes Alpes aux regards étonnés de l'infatigable et
courageux touriste.
La vallée de LOëche-les-Bains ne le cède il aucune autre
pour la beauté et la variété des sites, les contrastes les
plus frappan. , les aspects les plus ravissans et les plus
sauvages. La nature s'est plu il réunir tous les extrêmes
dans cet espace resserré. On y trouve le génie et la faible
main de l'homme luttant avec los forces gigantesques et destructives dos Mémens, los beautés de la plus vigoureuse
végétation à côté de la désolation et de la nudité du désert,
les traces brillantes de la civilisation moderne et les restes
simples et grossiers des mœurs antiques et de la vie patriarchale.
Là, c'est la chaîne du Gemmi sombre et mélancolique qui
présonte tristement aux regards du passant ses larges flancs
déchirés, nus et déoharnés. Aucune végétation ne recouvre
ses innombrables el majestueuses pyramides. Ici, source
intarrissa ble de la Dala bruyante, c'est un vaste glacier,
�entl"ouvert de larges et profondes crevasses. offrant se~
coupes fantastiqltes et ses teintes capricieuses, ou des ama!
immenses de neiges éternelles qui déroulent aux sommiteE
des monts leur nappe éblouissante.
Ailleurs , c'est une forêt de sombres mélèzes, clair-semé}
SUl' les flancs du rocher. Antiques comme le monde, ils tiennent à peine par leurs vastes et noueuses racines, mises à nu
par le temps, an sol qui les a vus naître, et luttent péniblement
contre la tempête qui gronde si souvent en ces lieux.
Près de là, des bouquets magnifiques de noirs sapins atleslenl par leur aspect vivace que la végétation déploie ici
toute sa force et loute sa splendeur. Au pied de ces rochers
effrayans et dépouillés, au-dessous de ces forêts silencieuses,
s'étend un admirable tapis de verdure parsemé de mille
plantes rares. Tout est contraste, tout est extrême dans ce
coin de terre. Le glacier éternel a pose ses fondemens à
côté de la i;ource brCtlallte. A la température la plus douce,
la plus enivrante de la belle saison succède le souffle froid
et glacé de l'aquilon et des vents de la montagne.
L'été étale dans la vallée toutes ses beautés, et prodigue
toutes ses jouissances; l'hiver y ramène le morne abattement,
la trislesse et le silence de la solitude qui, dans cette saison,
fait de Loëche-les-.Bains un endroit comparahle au coin le
plus recule du monde.
Le calme et l'orage, le soleil et le nuage se disputeùt tour
il tour l'empire de celte sauvage (jontree. Le bruit du tonnerre
et de la tempête est subitement remplacé par le plus profond silence. A nn jour calme et délicieux succède une nuit
d'agitation et de tourmente.
Le temps est beau et l'azur des cieux est sans nuages,
toute la nature sourit. L'air embaumé du parfum des fleurs,
l'atmosphère impregnée d'une chaleur douce et vivifiante,
tout invite à la jouissance, tout éprouve une vie nouvelle et
se sent agité d'ixexprimables émoLions. Mais voici l'ouragan
�qoi va pa sel' tout à CO !IP SUl' cette ravissante scène et assombrir un instant ce délicieux tableau.
Le ciel se rembrunit; les nuao-es amoncelés se precipitent,
s'entrechoquent et crevent avec fracas sur les sommités des
monts; l'éclair a déchiré la nue; le bruiL sourd du tonnerro
gronde dans le lointain et e répète àe roeher en rocher; la
pluie tombe par Lorrens, et voilà les flancs de la montagne
sillonnés de mille ruisseaux dont Jes flots argentés tombent
el e hrisenL en cascades fumante , viennent se perdre à grand
bruit au fond du vallon el disparaître dans le ondes ecumeuse
de la Daia. Pui, ubitementle soleil reparaiL brillanL do Lout
son éclat ; les élemells Url instant bouleversé rentrent dAns le
calme et la lranqu ill ité. Ces changemens de temps sont si
prompt et les variations do la températuI'C si brusque dan
la vallée des Bains , que souvent elles se renouvellent plusieurs fois dan un jour.
Ces impo ans phénomènes, ces scenes changeantes émeuvent l'âme. Des pen 6es érieuse eL touchantes remuenl
profondément en pré once de celte créatioll prodigieu ·e.
Image du cœur de l'homme où comballent tour il tour le
calme eL la passion, où les émotion douces et paisihle font
place aux agita([ons pénibles et Lumultueu es, où los en ation poigllanLes et amères uccCdent aux pen ées tendre
et consolantes; image du cœur de l'homme, cette mer que
boulever ent en seoret lanL J'orAges et de tempêLes et dont
la le èrotù cL la faiblesso oublie le londemaiu les joui sallces
ou les chagrin · de la " Hie.
A Loëche-Ies-Bain l'hivor est d'une longueur dé ·olHntc ot
d'ullerigllcur extrêmc. ouvcnL il COIlHUCllce Ol'jà au moi d'octobro ct Jurcju qu'aulI1ois cie lI1ai. Penoant septll10is touL e ·t
ell evoli ou la Ileige qui tomhe qu l<f"efois au village il la
hauteur de cinq 011 six pieds. Les hauteurs, les sinuosite,
los acciclens du terrain out disparu; la neio-e chasseo par Je
vent a nivelé tous los eufoncemens; les chemins ne ont plus
praticables. Le thermomètre tombe souvent à 18 et 19° R.
�13
liu-dessous de zero. Les vents soufflent avec vehemence; leurs
tourbillons emportent la n(>,ige avec une telle violence que
souvent r on ne voit pas 11 six ou huit pieds de distance. Quelquefois la neige tombe sans interruption pendant une semaine ent.ière ('). Les habitans sont enfermés dans leurs
chaumières; on dirait que tout ce qui respire V;) disparaHre
pourjamais sous ces masses imormes s'accumulant sans cesse
et avec une effrayante rapiditc. Tout soupire, tou t gémit sous
le poids d'un pénible sentiment de tristesse, d'angoisse et
d'abattement.
Enfin le üiel s'ecluirüit pen il. peu; la lumière reparaît; le
soleil vient éclairer de ses rayons ces espaces immenses
couverts de neige et resplendissant d'une blancheur éclat.ante. Les habitans rassu rés sortent de leurs demeures, portent vers le ciel qui avait disparu il leurs yeux un regard de
reconnaissance et d'attendrisseme nt , et rendent un nouvel
hommage 11 celui qui tient ainsi entre ses mains les destinees du monde.
.
pour comble de contraste, au milieu de cc monde de
neige ct de glace, la nature a ouvert la roule 11 ces sources
brùlanles qui CO li lent sans interruption cl en si grande abondance qu'ulle seule d'entre elles fournit plus de del1x el demi
millions de livres d'eau par jour et, serpentant dans lenr fuite
11 travers les prairies recouvertes de plu ieurs pieds de neige,
laissent derrièro elles une trace fumante dans un trajet de
plus de 800 pieds (**).
Lorsqne le printomps reparaît, tout à Loëche-Ies-Bains
subit une nouvelle mélhamorphose. La vallée entière change
d'aspect. Los' masses de neiges accumulées pendant l'hiver
disparaissent comme par enchantement. Les frimas fout place
p:t
n
Dalls j'hiver' dt· 1843 il 1844, il a neigé 13 jours
l'uplioll.
(Hl M. Bel'chtold.
S<1 115
inter-
�à la verdure et où s'étendait naguère une vaste nappe oc neige
se déploie déjà un lIperbe tapis parsemé de mille fleurs. Tou t
renal! à la vie et se livre au mouvement qui précède la aisQIl
de eaux. Ceu \ de habitan qui, pendant la rigueur de l'hiver,
avaient émigré dans quelqnes localités de la plaine, renlrent
dans leul' foyer , pour reprendre leur occupations habituelle . l,es monlagnes ont changé leur a peel ombre en un
tableau animé et riant. Le troupeaux retournent dan leurs
püturage et le bero-er retrouve avec émolion se "entiers
, écartés, ses frai che fontaine l'om b re du melèze et du
, apin eL l'ab ri de 5011 chalet.
La sai on de eaux c t rev nll e; le. étrangers arrivent.
La vie de bain reprend son allure accollturnée, la ociéré
son bruit, sc cau cries" e amu omen ' el , e ' promenades.
Puis dan qu erqll
emaine tout ce mond' ëlëgant venu
de LouLe le contrees de l'Europe comme pour sc faire Ulle
courie vi iLe, di pamiL d nouveau avec la rapidittJ de l'é 'Iair.
Tout parL, tout e di perse; plu ieur ne se reverront plus ;
pour d'a ntre' leur ejour il Loëche-les-Baill ' sera un rêve.
Toul a di paru , le ilence ùe la olilude a repri son empire
sur colle contrée, il y a peu de jour ellcore i allimëe et
si bruyante.
Deux rOlltes condlli ent à Loëchc-le -Bains; l'nll' par le
Valai , l'aulre pal' le canton de Berne. Les voyageurs qui
traver, ent 10 Valab pOlir se l'endr' au). eau\, arrivent pour
la plupart de la Fran 'e ct de la 'avoie IHII' onève ou le
caulon de Vaud, ' e dirig'eant ur 't- 1Huri 'e ut d'iiI sur
Sion, Le autres, venant de l'Italie, travel" on l le ÏlIlplolJ,
Iros-pell le St-Il fIIard il cau 0 de la dH1i
c ult
~ que préscllLll
le pa age, surtout pour le malade et le Iran, port de eO'et.
Le pel' 'onnc tlui vienneut de l'Allemao-ne ou de la 'IIi 'C
allemande arl'iveut ordinairement par Thoune 01 le Gemmi.
De ion la route du 'implon, monumeuteleru 1 dll o-"nic
ct de la puissa nce de 1 apolcon, üOllduitle voya!Tellr il iene.
Onus tOtll ce trajet qu'il parcourt cu enlier SUI' la riv droite
�15
du Rhône, rien' de remarquable ne frappe ses regards, si ce
n'est le cours du fleu ve, ses vastes et terribles débordemens,
lJ ui dans certains endroits s'étendent sur presque toute la
plaine.
Siene, à I.rois lieues de Sion, avec une population de 889
habitans, admirable par la beauté, l'étendue et la riohesse
de son fertile territoire , n'est remarquable aujourd'hui que
par quelques mai ons de belle apparenoe, dispersées à
d'assez grandes distances sans ordre et sans régularité.
Les côteaux magnifiques, qui le COu ronnellt au nord, sem~
de nombl'eux villages, sont d'UlIC étonnante fécondité, surtout
en vins dont quelques-un sont de (lU alité supérieure.
Sierre rut longtemps la rési dence d'un gmnd nombre de
familles nobles eL puissantes dont quelques-unes n'existent
plus. L'amateur d'antiquités y trouvera de nombreuses et
intéressa ntes ruines à visiter. Demeures des anoiens seignou l'S , ces chàteaux furent détruits, les uns par le Lemps,
les autres pendant les guerres presque continuelles que le
peuple eut à soutenir contre la noblesse, surtout au commencement du quinzième sièole.
Entre Siene et le Rhône UT une petite éminence, on aperçoit de loin l'a ncienlle chartreuse de Géronde, fondée en 1330
par Aymon de la Tour, Evêque de Sion. Au milieu dos guerres qui agitèl'ent le pays, cette maison euL ses jours de pl'ospél'ité et de décadenoe, on peut dire même ses jours de misère;
car an dire de quelqnes chroniqueurs, elle fut à. diverses
reprises abandonnée fallte de ressources, puis occupée de
nouveau pal' différons Ordres roligieux ('). Elle est aujourd'hui une propriété de l'évêché de Sion.
Le voyageur trouve à Sierre tous les moyens de transport
(") SlUlIIpff, Chronique, 1. 11, page 549.
Seri )'l'gioue assiduis bcttis ve.ra/a, exltauslis cœnobii opibus, pal1'es
h'llj/lsjiJ.mili((Joliassadcsq'l/œrl'l'ecoaclisunt . Silll[p!" dl' Valles.1 ,22.
•
�i6
pour Loëche-les-Bains. Il sera fort bien reçu à l'hÔtel du
Soleil dont la tenue parfaite recommande à tous les etrangers
le proprietaire ., 1\1.. Gros, qui met tous les soins à les satisfaire.
En parlant de Sien'e, deux roules conduisent jusqu'à
Inden, petit village situé dans la vallee de Loëche-les-Bains.
Lapremière, que l'on ne peut parcourir qu'à mulet, suit la rive
droite du Rhô!H), traver e des prairies riantes, des vignobles
fertiles el condnit en trois-quarts d'heure il erquen, village
anlique, silue au milIeu d'un riche territoire. Sarquen a ulle
population de 4,03 habitans. Cet endroit est remarquable, et
nos chroniqueurs en font souvent mention à cause des proprie. tes qu'y pos Mait anciennement l'Ordre des chevaliers de
Malte avec un hôpital et une chn pelle dont le fondateur est
inconnu (*).
A Sarquen Lout rappelle encore aujourd'hui la presence
des chevaliers de Malte. La croix de l'Ordre se voit parlout,
SUl' l'au te), les mur et la vOllLe de la chapelle, sur la dalle
qui recouvre dan ' le chœur la caveau qui servait de tombe
aux chevaliers; il n'y Il pas jusqu'aux girollelles qui subsistent encore sur l'anciellne mai on qu'ils habitaient au midi de
la chapelle, qui ne portent ce signe. Sur la voûte du chœur
à gauche on lit encore aujourd'hui le nom de frere Jean Thibaud qui fut recteur de Surcluen de 1530 il 15(jlk
De Sarquen un (jhcmin très-irrégulier s'élève insensible-
n Hal ein JohallSerhalls
VOll
des Sliflhlllg ich nichts klares find.
Sll1mpff, ibid.
Gllm
RltOdiorum cqttitttm œde ct/jus authorem nos ig/lOramus.
Simll'r, ibid.
On ll'ouve su.' la ComnlOuHI('rie ('l l'hôpilal de Sarquen, :lp parlen;tnt aul"e(ois à l'Orclr'C de Sl- Je;1I1 de JC:rusa]clll, de nom ·
breux ('l inlél'essans dtilails 5111' l' OI'iginp, la dllrée cl la (in de
cet établissemenl daus les écrils de feu M. le chnnoine A. J. ùe
Riv<lr. . Topog""phie des Dixnl~,
lom . IX, pnt:;. 61 et suivantes.
�,
menl an travers des vignoble et des prairies (lui recouvrent
tout ce côteau et conduit en trois quarts d'heure à Varone.
Dans une situation charmante, au pied d'un côteau rapide
qui le couronne au nord, à une hauteur de2370pieds avec une
population de 371 âmes, Varone pos ède un riant et fertile
territoire. Cc village qui, a1l premicr aspect, annonce l'aisance,
preuve de l'activité et de l'intelligence de ses ha bilans , était
autrefois un hameau de Loëche et n'a été érigé en pa,roisse
que daus le dernier siècle. JI ficrurc d'une manière bien triste
dans l'hi toire du alais. En 1799, Varone fut complètement
incendié pal' les Français, Irrill's ùe la guerrc u(:harnée et de
l'opiniàtro résistanco quo lour opposaienl 10 paysans du
lIaul-Valais, défondant leur illdependan(je et leur antique
libwé.
De Varolle, l'ancien chemin , qui est Irès-rapide el fatigant
dans prosque tout le trajet, prend brusquement la hauteur
pour o'agner le curieux passago des galeries ou des é(jhelles.
A Varone le botaniste pourra cueillir le Colu,tea arborescens,
Orobanche cœrulea, et Il r le chemin, ell approchant
des é(jhelle , GorOllilln coro/wla; il trouvera encore sur les
rocher des (ou[{'os de Po/cIIlilla caHlcsccns, etc.
Dau une heure on arrive il l'oratoire qui se trouve au bord
du (jhemin, presque à l'entree du passage dont nous parlons,
il une élévation de 327[1-pied au-dessus de la mer. De ce
point on jouit d'une vue magllifique sur Loëche-le Bourg,
le cours du H,hôIIO, le bois de Finges, toute la grande
vallée, élU levant vers Viége et BriO'ue, au (jouchant vers Sion
et Martigny. On découvre déjà une grande partie de la
vallée des Bains, le village c.l'lnùell; puis, sur le côteau opposé, celui d'Albinen, situé aIL milieu de prairies environnées
de forêts ur un versant fortement incliné. Le vent frais qui
vient de la vallée souffler !lu visage du voyageur l'avertit '
qu'il a quiltô la plaine et qu'il s'appror.he cles glaciers ct des
hautes régiolls qu'ils occupent.
2
•
�18
C'est à cet endroit que sc précipita) le 28 juin 182 ,
M. Achille Butthiau de Paris. Il paraît que ce jeune homme,
voulant contempler l'effrayante profondeur du précipice où
coule la DaIa, s'avança trop imprudemment au bord du rocher
dont les parois ont dans cet elldroit une hauteur perpendiculaire de 1200 pieds. Ses membres en lambeaux furent
recueillis au fond de l'abîme et transportés 11 Loëcheles-Bains où ils sont ensevelis.
En quittant l'oratoire) on s'engage dans le chemin remarquable qui a été taillé 11 travers les parois verticales du
rocher. Il n'a pas toujours été tel qu'aujourd'hui . Le passage
ne pouvait s'effectuer anciennement qu'au moyen d'échelles;
car on l'appelle encore de nos jours les échelles quoiqu'il
n'en existe plus
C'est la position des échelles que les Valaisans dCfendirent avec tant de courage ct de persévérance contre les
troupes françaises, pendant la guerre de 1799, Trois cents
Valaisans, conduits par Barthélémy Wallher, homme déterminé, gravirenj, pendant la lIuit du 19 au 20 mai, des rochers
presque inaccessibles, près d'lnden, et gag'nèrent les hauteurs
qui dominaient la position, Cc mouvement audacieux échappa
à leurs enncmis qui furent tournés et dans la surprise perdirent un grand nombre des leurs,
Après avoir traversé les galeries ct un trajet pierreux,
formé des débris dtl rocher effrayant qui stlrplom))e ct
menace de ses flancs 6nonnes la tête du passant, on ontre
dans ulle forêt de sapins dans laquelle le chemin s'élève insensiblement jusqu'aux prairies qui environnent au couchant le
petit village d'Inden que l'on atteint dans une demi-heure,
n.
,
( ~)
Le passage des échelles, lei qu'on le voit aujourd 'hui, flll
ouvert pat' dcs 'l'j'I'oliens cn 1759, il peu près il la mème époqlle
qlle celui du Gemilli, comme l'allesle encore l'inscr'jplioll allemande laillée (bllS la pal'oi du roc]l<JI' au bllS du passage: lI'leister
Bal'tholome J(r'ol1inger, gcbürl(q in dam T'!J1'ol, 1759,
�19
te chemin pénible et difficile que nous venons de parcourir de Varone à lnden, par les échelles, ne tardera pas
à être abandonné, s'il est donné suite, comme on ne peut en
douter, au projet d'ouverture d'une route qui conduirait de
Sierrc à Varone et de ce dernier -endroit à lnden.
Cette nouvelle route, pour les voitures, en sortant de
Varone, traversera les belles prairies situ.ées au levant du
village pour arriver au rocher près de l'embouchure de
l'ancien aqueduc qui suit le tracé ct où la route est déjà
ouverte sur un espace de quelques cents toises. '.(rois ans
de travail ct des sommes considérables ont déjà été consacrés 11 tailler les rocs entre Varone et Inden, et de si grands
sacrifices n'ont pas ralenti un instant l'ardeur des courageux
habilans de ces deux localités.
Les galeries inférieures, la hauteur exceptée, ne sont pas
moins remarquables que les supérieures par la hardiesse
de l'exécution, les précipices qu'eUes dominent, et l'émotion
indicihle qu'éprouve le passant en traversant ce passage dangereux. A tous égards ce trajet mérite d'être vu soit en
allant, soit en quittant les Bains. Il se joindra, au-dessous
d'ln den , à la route neuve qui s'ouvre actuellement SlU' la
rive gauche de la DaIa et part de Loëche-les-Bains.
lnden, potit village de GI,. habi lans, avec une église,
entouré au couchant de belles prairies à une élévation de
3610 pieds au-dessus de la mer, est assis "au bord d'un
versant rapide qui descend d'un côté presque verticalement vers la DaIa et paraH de loin comme suspendu au bord
d'un abîme.
C'est à ln den que se réunissent la l'oute que nous venons
de parcourir ct celle qui , suivant la rive opposée du Rhône
ct de la DaIa conduit de Sierre au pont de l..oeche, par la
J'oule du Simplon. Nous allons la décrire.
A quelques minules de Siene, la route du Simplon traverse le l\hûne et regagne la rive gauche du fleuve. pour
entrer dans le bois de Finges. A l'entrée de cette forêt le
�20
voyageur est frappé par la présence de nombreux monticules '
de forme conique plus ou moins régulière, recouverts de
pins et se succèdallL sur un assez grand espace dans la profondeur de la forêt. Leur configuration singulière a peau coup
occupé les géologues qui ne paraissent pas encore bien d'accord sur les véritables causes de leur formation
Le bois de li'iozes est célèbre par la longue et courageuse
résistance que les Valaisans embusclués sur ces mamelons et
les enfoncemens qui les séparent, 'opposèrent en 1798, aux
troupes françaises qui ne purent jamais parvenir) par la forcc)
à déloger de leur ténébreuse retraite les intrépides paysans,
et perdil'ent beaucoup de monde dans maints combats partiels.
De Sierre ail pont de Loëche) la roule est triste et monotone. Rien ne réjouit la vue du voyageur que l'aspect lointain
des prairies et des vignobles situes sur la rive opposée du
fleuve vers Sarquen et Varone. Au midi , de somIlfes forêts
de pins dominées par une chaine de rochers dépouillés de
toute végétation ou des ravins nomhreux et rapides qlli souvent viennent endommager la route; ce qui , depuis longtems,
avait fait naître la pensée de la construire sur la l'ive droUe du
Rhône de Siene à Loëche, où elle erait beaucoup pIns sûre et
plus agréable.
.
Au-de sous de Loëche ou quille la route du Simplon pour
repasser sur la rive droite du Rhône sur un pont couvert en
bois dont l'entrée était autrefois défendue par une tom qui
n'existe plus.
,
Un trajet de roule, construit il y a (Iuelques années soulement, conduit, par de nombreux cûntours au Bourg que l'on
atteint en vingt minutes.
LOëche-le-Bourg est situé sur le versant du côteau septentrional de la vallée du Rhône. Des vignobles el quelques
n.
C') Voyez Ellgcllwnlt, Nal/ll'schildent1lyC1!,
pase 52.
clc.
UMe 1840 ,
�prairies l'environnent !lU midi et au cou
chant i il esL dominé
au nord par des forêts et au levant pal'
de rapides ravins qui
descendent vers le Rhône. Son êlévalio
n est de 2261 pieds
nu-dessus de la mer; sa population
de 106 7 habilans.
Ce hourg est très· ancien, comme l'atteste
nt les ruines nom}neuses el imposa ntes qui frappent les
regards du voyagenr
il son arrivée. En 516 , Loë che
figure d~jà
au nombre des
riches localités sur lesquelles Sigismo
nd, roi de Bourgogne)
,,(feetait d'immenses revenu!' à l'ahbay
e de St-Mallfice (}
~es
rues ét roites ct tortueuses) l'a rchitect
ure de ses vieux
édifices ) ses ruines, restes des manoirs
redo
utables de ses
anciens seig neurs, son égli se qne l'on
considère cumme l'une
des plus anciennes du pay s, sa mai
son ))ourgeoisiale dont
l'aspect tout 1{lodal étonne encore, sa
position remarquable,
défendu qu'il était au levant et. aUlIord
par des hauteurs et de
va tes forêts) au midi par le Rhône,
an couchant par la DaIa
dont les deux ponts étaient défendus
par de fortes tours (les
ruin es de cell e qui défendait le passag
e sur cette dernière rivière existent enco re aujourd'hui); tout
annonce fi ue Loëehe
était une localité importaule du Valais
épiscopal. Sa position
forte ) au cent re du pays, lui valut ouv
ent l'honnour de voir
les diètes sc réunir dans son sein ('*).
La puis1:iante famille des de RaroO'lle
cl l'Evêque de Sion y
pos sedaient des châteaux qui furollt
d&lruits pendant les
guerres qui tourmentèrent le pays en
14,1fj, ~t 1l1,15 C"). Le
Cf) M. A. J. Rivnz, ouv r"ge cité pnge
5.
M. noc carJ , Histoire du Vallais.
pnge 21.
(') LCllcœ solct pl'inccps (l'év êqu e)
cclcb
.~lIa:
curn hoc oppidtlm mcdium tcneat locu rcll"c comitia rlil'ionis
m tot'itIS regioni,ç. MUI lstcr , Seh ast. Cosm,ographia 1tniversa
lis. 1. 3, p. 540.
Silll ler, de Valesia, 1. 1, p. 22.
(.... ) Stul1lplf, Chro nitjl lc, 1. i '1,
pag. 548 . MUllster, loc. cil.
Uaro mï haronc.ç r(/stcllwn Ijlloddwn
in
~imlc',
lac.
ci'.
hile tico olim incolllc/"C'.
�22
château de l'E vêque fut reconstruit plus tard; c'est sur les
ruines d'une vieille tour qni y était attenante et que l'Evêque
cOda à la bourgeoisie en 15l(.1 qu'a été construite la maison
communale telle qu'on la voit encore aujourd'hui.
Nous aurions beaucoup de choses il dire encore sur Loëchele-Bourg, si cela ne nous eutraÎnait hors des bornes qne nous
nous sommes prescrites pOlir ce court tra vail.
On' trouve de precieux détails sur Loëche, son église, ses
vieux chtlteaux, son ancien couvent de religienses, sa noblesse,
les hommes remarquables qu'il a fournis à la malTistratul'e,
an sacerdoce, etc.) dans les recherches historiques consignées
dans les éerits de M. le chanOIne A. J. de l\ivaz flue nous avons
déjà cilé.
Les voyngenrs sont parfaitement reçus à Loëche à l'hôtel
de la Cro/,x; d'or tenu pal' M. de ",Terra, dont la rare obligeance meUra il leur disposition tous les moyens de transport pour arriver aux Bains.
A Loëche-Io-Boul'o', les personnes qni se rendent aux
eaux SOllt oùligées de quitter leurs voitures pour lesquelles
le chemin de la vallée n'a pas été praticahle jusqu'ici. La
construction de la nou velle route qui sera bientôt achevée,
cornille nou s le dirons ailleurs, mettra fin il cet in(jonvénient
fort désagréable pou r les malades, pour ceux surtout qui
!:Iont alteints d 'a~\lc
tions
graves qui les privent de l'usage de
leurs memb res, cc qui les plaçait dans ]a nécessité de se faire
transpo rter il bras d'hommes, opération fort pénible en raison
de la grande distance et du mauvais état de chemins.
La montée de Loëche aux Bains se faiL ordinairement [l
mulot, ainsi que le transport dos eIfets, cc qui inspire SOIIvent une grande frayeur, surtout aux femmes et aux enfans
peu hahitu é à l'a pect de ces localités sauvage et des precipices all'reux dont la l'oule est parfois hordée . .Mais les
mulets ont uno Ei gTHllde habitud e de ces chemins clifliciles
ct raboteux ; Jour pied est , i SIÎI' qlle, malgré 10 danger que
�23
présentent certains passages, on peut sans crainte s'abandonner ~l leur illslincLqui ne les trompe pr esq~
jamais.
Une commission MaMie il LOëche-Ic-13ourg procure à tous
les étrangers des guides, des muleLs cL tout ce qui est nécessaire au transport des effets. Un tarif que nou s communiquons
il la fin de ce travail règle le prix du voyage pour les
guides, eto.
En quittant le Bourg , l'ancien chemin qui conduit aux
Bains est très-escarpé, pierreux cL fatigant jusqu'à la petite
chapello de Ste Barbe que l'on trouve à l'entrée de la forêt,
à une hauLeur de 2891 pieds.
C'est le point où l'on se trouve 11 pou près vis-il-vis du
passag'e des galeries ou des cchelles de Varone , ot d'où l'on
peut le plus facilement se faire une juste idee de la profondeur effrayante qu'elles dominent. L'on aperçoit aussi les
galeries inférieures ou le nouveall trajet de route ouvert,
commo nous l'avons dit, pendant les trois dernières années,
dans la direction du grand aquoduc de Varone. Une grande
parlie de la vallée sc présente au nord aux regards du voyageur, ct le pelit village d'lnden, que l'oli aperço it au somm et
d'un mamelon élev6 , so trouve place au milieu du tableuu
dont il augmente singulièrement la beauté ct les contrastos.
De la chapelle de Ste-Barbe ju qu'a la Daia, le chemin
actuel tl'averse une partie de la forêt èt descen d SUI' presque
tout le trajet (*). Ori rcpasse sur la rive droite de la rivièro
surun mauvais pont en pierres. La distance qui épare le pont
de la DaIa cl'Tnden est la partie la plus rapide et la plus fatigante de toute la rouLe.
Comme nous l'avons dit, en partant do Sierre, los deux
roules de Loëche-le-Bourg et de Varone viennent sc réunir
n
Par la nouvello roule, lout cet espaoe, environ nne dC'mÎlieue, est complè temenl horizon tal.
�24
à Iriden. De ce dernier village aux Bains 011 comptait, par l'ancien chemin, une lieue ct demie sur un terrain coupé dans toule
sa longueur de montées et de descentes. Celui qui a été ouvert dernièrement est plus régulier, plus court et moins rapide.
Malgré la réputation si bien méritée des sources thermales
de Loëche et la grande am uence d'étrangers qu'elles attirent
chaque année; malgré les réclamations et les plaintes sans
nombre qui se faisaient entendre de toutes parts, il n'y a eu
pendant dcs siècles que les misérables seutiers que nous ·
venons de décrire ponr conduire à ces thermes des malades
ct des infirmes de tout genre, des vieillards quelquefois privés de l'usage de leurs membres, des personnes de haute
distinction, des femmes faibles et délicates, des en fans chétifs
et maladifs; encore, dans presque toute l'étendue de la vallée,
ces chern ins difticiles etaient-ils laissés dans un etat d'abandon déplorable.
Mais"il est des améliorations gue tôt ou tard la nécessité
réalise. La civilisation moderne dont le souffle inspirateur
remue toutes les âmes, développe toutes les intelligerlces et
pousse toutes les nations, souvent malgré elles, dans la voie
du progrès et des réformes utiles , vint au i éclairer de son
flambeau les populations simples et insouciantes dela vallée de
Loëche-Ies-Bains. EI.les comprirent qll'un avenir plus brillant était résl}rvé aux sources precieuses que la nature bienrai anle fait jaillir du sein de leurs monlagnes, et, se réveillant
de leur long'ue apathie, elles sentirent le besoin d'une amèlioralion essentielle, l'ouverture (l'une rOlLle pour les voitures
jusqu'au village des Bains .
• Pendant bien des années, cette route fut demandée à plusieurs reprises. Les projets ct les promes es se succédèrent,
mais toujour sans résultat. Tantôt de localités rivales, tantôt
des magistrats indifférens mirent obstacle à l'exécution de
cette belle entreprise. Un jour les plans ne pouvaient salisfaire
toutes les exigences j le lendemain cles embarras de finances
�25
ou des difficultés poliliques agitaient
le· pays; tout semblait
conspirer pour priver àjamais celle inté
ressante localité d'un
bienfait qui était pour son avenir d'nn
e si vaste p-ortée.
Quelques hommes éülairés de Loë che·les-Bains rétmis à
d'autrcs dcs communes voisines, fatig
ués de tant d'incertitudes et de renvois interminables, mire
nt fin à cet état de
choses et se déterminèrent sérieusemen
t il mellre seuls la main
à l'œuvre. Il ne leur fut pas difficile de
faire comprendre au
peuple de la vallé.c l'importance de leur
projet et de l'entraîner
dans lcur résolution. Aussi commencère
nt-ils, en 18[1,1, les
travaux sur presque toute la ligne qui sép
are
Jnden des Bains.
Il est vrai qu'ils no furent pas très heu
reux dans l'cxccuLioll
de cet ouvrage. Leur élan généreux eût
merité une direction
meilleure et surtout plus éclairée , car de
nomhreltSeS corrections sont devenues néce ssaires sur pres
que tout le trajet.
Cependant leurs efforts hunorables ne
restèrent pas sans
rcsultats; ils fixèrent les irrésolutions
du gouvernement qui
intervint dan . cette entreprise et pris
sous sa surveillance la
direction des travaux.
Ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur
le mérite de celle
WULC; nous laissons celle
tàche aux hommes speciaux. Mais il
est vrai de dire qne M. de 'l'orrenté, inge
nieu
eontrarie dans ses projets, a eu do nom r en ehef du Valais,
breuses difficultés de
tenain à. surmonter à travers les gorges
et les rochers de la
vallée, ce Cl ai nuit peut- être à l'ensem
hle et défigure ce beau
travail. Dans un an celle route sera enti
èrement achevée. Le
voyageur ou le malade arrivera en voiture
à Lùëche-Ies-Bains,
sans avoir rien perdu des scènes allrayan
tcs
la nature lui m6nageait pal' l'ancien chem ou terribles que
in.
La seconde route, pour arriver à LOë
che-Ies-Bains, est
celle qlli traverse une partie du canton
de Berne de Thoune,
par la vallee de Frutigen, il Kandersteg.
Elle quitte ce dernier
village ou les voitures parviennent enc
ore, pour s'engager
ensuite" dans les hauteurs et les g'or
gcs tristes et sévères
qui forment les environs du Schwarbac
h, petit refuge isolé
�26
aux sommets des monts, où le voyageur, travesn~
ces lieux
déserts,. est enchanté, pour se reposer un instant de ses fatigues, de ~rouve
un abri et des rafraichîssemens. Nous
reviendrons ailleurs sur cet utile étahlissement.
Du Schwarbach, suivant toujours un sentier pénible et
rocailleux, on cotoie bientôt les ]wrds solitaires et désolés
du ]ae Dauben (Daubensee), alimente par la fonte du glacier
de Lamern. En été, quand il est à sa plus grande hauteur, sa
longueur est d'environ uno demi-liouo sur dix minutes de
large. Sa profondeur est pell considérable. 011 ne connaît
aucune issue visible à ses eaux qui s'échappent à travers les
couches d'ardoises dont les ])ancs inclinés vers le nord,
forment la hase de toute la chaîne du Gemmi.
Enfin , l'on parvient au sommet du Gemmi d'où l'œil
étonné découvre Lout à coup, à une profondeur immense, le
petit village de Loëche-Ie -.Bains , qui paraît être sous les
pi cds, mais que l'on n'atteindra que ùans une heure et demie
d'unc descente dangereuse et fatigante.
Ce pa sage fameux a ét6 décrit par des auteurs nomhreux. Les manuel des voyageur en Suisse parlent tous
avec plus ou moins de vérité cl d'exactitude de sa construction hardie et unique. ous nous ab tenons de nOlis en
occuper ici plus au long , nous proposant de donner qnelques détails historique sur ce passage intéressant en
décrivant les promenades diverses de erlvirons de Lo lichelos-nains.
Arrivé à Loëclre-Ies-Bains, le voyageur ou le malade e
sont doucement affecté. Comme il n'a pu y parvenir qu'en
éprouvant mille cmotions de tout genre, à traver des lieux
sauvages et solitaires, où les tracos de son semblable sc
trouvent il peine imprimées, son âme se repose en rotrouvant l'homme, la ociété et ses agrémens. A celui qui souffre,
il faut des sensations douce et consolante j il faut de l'e poir à celui dont de longues et cruelles infirmités om ruiné
ou presque dctruit l'existence. Il est donc heureux, lui , perdu
�27
un moment auparavant dans des gorges profondes, suspendu
au flanc dll roc à pic menaçant sa tête, Mourdi 'par le. bruit
du torrent rapide mugissant au fond de l'abîme, il est heureux, disons-nous, de se trouver au milieu de ses parens,
de ses amis, de ses connaissances et des soins empressés
qui lui sont prodigu és,
l)uis, quelle jouissa nce il éprouve, lorsque revenu de
loutes ces pén ibles émotions au milieu d'ulle journée sans
nuages, plongé dans cette atmosphère embaumée des mille
parfums qu'exhalent de to ntes parts les plantes des hautes
Alpes, et se promenant SUl' ce magnique lapis de verdure,
de celte verdu re qu'on ne voit que là ('), il contemple et
me ure' de l'œil le cercle immense de rochers qui l'entoure
et duquel il lui semble impossible de sortir jamais. Ses regards se portent avec admiration sur les beautés sans nombre
qui l'environnent, beautés tristes et sévères, rianles et pittoresques. D'un seul coup-d'œil il emhrasse lous les contrastes
du sommet du Gemmi bouleversé par la violem)e et le choc
des élémens, jusqu'a u fond du vallon embelli de tous les
,trésors d'une riche végétâtion.
C") On cntend SOll"CnL di.·c ;mx étrallge.·s à Loëche-\es·Bains
qllc la verdure drs prnil'irs qui CL1\'il'OIlllf'IlL lc vil1<:1gc <:1 une teinte
particul ière; prut- clrc est-elle \' erret du reflet sombrc projcté
pal' les diailles des l'ochel's (l'Ii les domine nt.
�HlSTOJRE.
Il paraît qu'à une époque l'éculée toute la vallée de Loëcheles-Bai.ns était couverte de vastes forêts dont nul n'avait osé
sonder les sombres profondeurs. Aussi était-elle appelée la
vallée des (Bails) bois (*). Tout devait en eIret inspirer
l'horreur ct l'épouvante à l'approche de ces lieux solitaires
et inconnus où nul mortel n'avait tenté de pénetrer et dont
rien ne troublait le silence que les chutes répétées du torrent e précipitant d'abîme en abîme, le mugi sement des
vents agitant les cimes triste ct si lencieuses du melèze et du .
sapill, ou les cris et les hurlemens des animaux féroces,
sortont de leurs sanglans repaires, pour parcourir ,ces ])Oi8
déserts où ils régnaient en maltres.
La chaîne colossale de rochers, aux parois perpendiculaire., qui entourent de toutes parts cette contrée sauvage (U),
le masses de glace et de neige qui couvrent éternel lement
leurs sommités, le fracas des avalanches roulant au fouel de
précipices, le ]nuit sourd de la Daia écumant au fond de l'a.bîme] tout semblait défendre l'en 1rée CH) de ceLLe espèce de
C') ValLisncmonl/11. Collinlls, de Scdlllwl"/lm thcrmis, apl/dSiI1l1er.
CH) Vallis, cœlwn IJC/lC langlmtilJlls jl/gis undilj/le scpta. Sillllcl',
pnge 20.
(H~)
/(orrcndus, difficitis que atlittl, is locus cret!. Collinus ihj(l.
�sanctuaire mystérieux que la crédulité des temps an.ciens n'avait pas manqué de peupler d'esprits , de spectreil, d'êtres
imaginaires, de divinités sauvages, de bêtes féroces et de raconter sur ces heux inconnus mille histoires effrayantes et
inerveilleuses dont nO'Us n'avons aUoune idée C).
La vallée fut inhabitée pendant bien des sièoles. La (radition rapporte qu'enfIn des chasseurs couragoux s'aventurèrent dans les profondeurs ténébreuses de ces bois à la
poursuite .des bêtes féroces et frayèrent quelques étroit s
sentiers il travers les abîmes. Plus tard des })ergors les suivirent et s'avancèrent peu à petl dans ces gorges où ils conduisaient paître leurs troupeaux. Ils abattirent les forêts et
transformèrent en pûturages ces vastes oollines, construisirent
des caballfls et des chalets (U) et pénétrèrent enfin au fond de
la vallée où ils découvrirent les sources CU).
Nous ne savons rien de positif sur l'époque véritable de la
~cO'\lvert
des eaux therm~ls
de Loëche. Ce fait remarquable se perd dans l'obscurité des tomps. L'histoire du Valais,
au reste, si l'on remonte à des siboles un peu reculés, ost souvent couverte do ténèbres et remplie d'incertitudes. Bridel ,
sans citer les sources où il a puisé, désigne le douzième siècle
comme l'époque où ces caux commencèrent à être connues (.... ).
QUOiqu6 nous soyons à peu prè·s dépourvùs de documens
historiques sur les eaux de IJo.ëche, antérieurs au comme.noement du quatorzième siècle, il est hors de d<'Jute qu'elles
(~)
Locus rrat in quo nemilli habitarc quam hamad1·iadibus;
nyinphis alt.t (cris, aut illis qui has inseqUtf,nttlr, liecrcl. Collio ibid.
(... ) JIIlagalia easasquc slnwre eœperunt. Colliou s.
(...... ) 11 pas/oribus Jleel/des sua,ç œslivo tempore illie l)dScetib!,~
tel ttl alit quibus magis asscntior·, a vena/ori bus inven fœ sunt. ibid.
(...... ) I1ridel. Essai statistiq ue sur le canton du V~ I ais.
ZUl'icIJ,
i820, paflr 125 (édition allemandr),
�30
étaient fréquentées bien longtemps avant crUe époque, et que
leur réputation s'établit aussilôt qu e les premiers colons eurent
observé leurs effets remarquables sur certniues maladies du
corps humai-no
JI est probable qu e les premiers bergers qui vinr.ent se fixer
dans la vallée sortirent de Loëche-Ie-Bourg, cette localité
fitant par sa position la plus rflpprochée et sos habitul1s le plus
à la portée d'utiliser ses forêts et ses pâturages. Aussi parait-il
hors de doute que les plus anciens propriétaires de la vallée
et des sources minérales qui s'y trollvent furent la bourgeoisie
ou du moins quolques-uns de ses l'essorLissans. Au reste le
droit de péage, au moins en partie, que la hourg-eoisie a exercé
de tout temps sur le passage du Gemmi, droit qu'eHo percevait
elle-même ou concedait il des particuliers sous certaines conditions, et qu'elle a conservé, comme nous le dirons ailleurs,
jusqu'en f 824, établit d'uue manière incontestable l'ancien::"
nelé de sa propriété dans la valLee.
A u treizième siècle, la bourgeoisie de Loëche avait d~j!
avoo ln commune des Baius des rapports si intimes qu'elles
paraissaient n'avoir qu'une seule et même volont6; preuvo
que ses habitlll1s et ceux de la vallée étaient liés d'intérêt et
probablement par la pareuté depuis plusieurs siècles (*).
Sans citer les documens sur lesquels il fonde S Oli opinion,
M. de Rivaz prétend que le chemin du Gemmi a été fréquenté
depuis un temps imm émorial et qu'il n toujours servi de voie
de comn)unication entre la vallée de J. . oëche et celle do Frutigen.
n
Cl/m (llIle nli quO l s:.cculn ComJnwrilll,s lJw'gesiœ Lcucfl' 1/IifI
valle Balncorum lan/opero (Ilcrit COlljtl1lcfa ut idcm ~ e lc ac
Ilofle v ic/cre/ur (A l'c hives de Loëche) .
n·nillCllrs Ic nom tlc bains de Loé'chc quc l' 011 l·cL'·01l\'C pnrl oul
Ctlllt
t! ,1I1 S
çc LL c
les [lIiLeUI·S les plu s :lIlCÎC'IlS, sr mble pl{'illC'llIrnl conti nn el'
opi ni on, AqllO' ICllrinll.', Sllll11plf. Arjl'cr lCtc1
,~I'- < , Mun ·ter •
..4quœ {ctlcicl/tœ, SiUl lc,r .
�31
Quoiqu'il en soit, le passage du Gemmi était déjà connu
et praticable au commencement du quatorzième siècle, et
sans doute bien antérieurement, puisque l'armée bernoise le
traversa déjà en 1318, descendit la vallée des Bains où
elle commit toutes sortes de dévastations, et vint dans les
plaines de Loëche livrer la célèbre'bataille, appelée des soupirs
Il est à présumer que ce fut dans ces temps de troubles
et de lultes continuelles entre les peuples des deux pays
que le plus ancien propriétaire dont les chroniqueurs fassent mention, un seigneur de Mans, fl! élever dans ces lieux
une tour dont on remarque encore des vestiges aujourd 'hui (++),
sur une petite éminence, au milieu des prairies qui dominent
l'ancienne source des léprcux , au levant du village, et que
l'on appelle a~jourd
' hui
sourcc dn bain des patLVres.
On ne peul. fixer d'une manière précise l'époque à laquelle
celte tour rut constrllite, ni celle où vécut son foudatelll'; mais
elle peut bien remonter à la fm du treizième on au commencement du quatorzième siècle, puisque du temps de CollimIs, qui
écrivait sa notice sur les eaux de Loeche en 1569, cette tour
était déjll très-ancienne et menaçait ruine ("').
A la suite de dissensions politiques, Mans fut obligé de
quitter le pays et se réfugia en Allemagne.
Selon M. Boccard , la tour en question fut élevée aux
Bains de Loeche par un certain Bel'gmann, vers le commencement du quatorzième siècle, pour protéger les gens de la
vallée de Loëchc contre les invasions des haoilans de celle
n.
(") M. de Rivaz , page Hi. -
pnge 249, el <lulrcs,
Slump!!, page 548. -
Bridcl,
(" ") Hanc (celle tour) qllidam cons/ruc/am a quodam vira nobili,
cognominc jJlans, affirmant. Collinus, loc. cit.
(..... ) Tt/TriS allliqtlissima jamqtLC ruinam minilans, ibid.
�32
de Fruligen, avec lesquels les Valaisans avaient [1 celle
époque de nombreux démêlés.llergmann fut ensuite chassé
du pays (').
Le nom de Bel'gmann, que l'on ne retrouve l'elativement
à la vallée de Loëche que dans l'ouvrage que nous venons
de citer, ne serait-il pas' une corruption de celui de Mans
dont plusieu rs auteurs [ont mention?
'
Selon quelques chroniques, la propriété de la vallée cl des
eaux minérales de Loëche doit avoir passé, après Mans, aux
seigneurs de la Tour. J\lais aucun document n'établit qne
l'endroit où se trouvent les sources ait jamais appartenu à cene
famille ("). Ce quia pu donner lieu à celle suppo ilion, c'est
que celle maison puissante possédait de grands domaines
de l'autre côté du Gemmi, dans la vallée de FruLigen, qll'Antone de la Tour venùit ell 1ll·00 (10 juin) à la ville de
Berne CP).
Ce qui paraît beaucoup plus certain, c'est ({u'immédiatement aprcs l'émigration de Mans la vallée de Loëche, les
sources et le droit de péage qui se percevait au puss age du
Gemmi, devinrent en grande partie la propriété des seigneurs
de Rarogne donl plu ieurs furent vidame de Loëche, etc.
Cependant la bou!'O'eoisie conserva toujours ses droits.
En 1fj·02, Gnichard de RurogHe cllda pour un certain
temps son droit de péage dll Gemmi tel qn'il 1lYait été perçu
ju qu'alors C''') , à la eharcre par le cessionnaire d'entretenir
le chemin en hon état ct de payer annuellemont il la boul'-
n Histoire dn Vnllais,
pngc 75.
(Hl N~c
usquam mrmo/';w pl'odilUm asllocum in quo hw thennœ
sunt ad cos per/ùwisse. CollillllS.
CH.) St1mp{/~
1. 8, p. 247.
Tnhlenux ùe la SuissC', vol. IX, page 152 et 155.
(H .... ) Capiendmn prout hactcmu; consuetllllt {nit elc. (ArchivC's
de 1.0 ·;cuc).
�33
geoisie de Loëehe la redevance de six sols maul'isois pour les
droits qu'elle avait sur les sources et les bains.
Le même Guichard de R'arogne renouvelle en fll·07 la
précédente reconnaissance annuelle de doltze deniers à la
bourgeoisie de Loëehe pour ses droits sur les bains et les
sources
En 1l/,36 , les [l'ères Hilde])l'and ct Peterman de Rarogne,
fils de GUichard, hypothéquèrent ell fav eur de la ville de
Beme et en sûreté d'une somme de 5000 livres valaisannes
qu'elle leur avait prêtée, leur droit de péage des Bains et plusieurs autres propriétés.
Pelerman de Rarogne, le dernier mem])l'e de celle illustre
famille, reconn aît encore, par procuration, en 1l l'7'1, les
droits de lahou rgeoisie dc Loëche qui paraissent plus etcndus
il cette époc{ue que dan les acLes antérieurs (") .
Sous les de l\arogne, vers le milir,n du quinzième siècle,
la propriété des sources ct de la vallée était déjà divisée
entre la bourgeoisie (lt un assez gralld nomhre de familles. ·
Les Olschier (Oggier), de Lo ëehc, en possédèrent uno partie , ainsi que les lIertensteill , de Lucerne, et autres qui ven, dirent leurs prétentions en flI·78 à l'Evêque "VaiLher Supersaxo.
Les anciennes sow'ces des gucrisolls spécialement ont longtemps appartenu aux Oggier . Des titres authentiques démontrent , comme nous le dirons ailleurs, qu'cnes furent
vendues plus tard par un membre de cette famille ..
. A la mort de l'Evêque Walther Supersaxo, en flI-82, se~
ilroits dans la vallée et sur les sources passèrent à son
successeur, Jost de Sillinen.
n.
n
De ct S1/per balnais ct {onle calido. (Archiv es de Loëche) .
(H) De el super lonte calido, Ctl1Jt JUldi~,
juribu3 et aliü pertintmtiis elc. (Mèmes archives .)
3
�Cc l'rétal éclairé avait un goût 'pronoÏloo pour res êonstructions; aussi fit-il relever sur plusieurs points du pays
les chiiteaux détruits pendant les guerres de 1I1,1!loCt iM 5.
Les Bains de Loëche aLLirèrent surtout son attention; de nombreuses et utiles améliorations y furent introduites. La construction deplusieurs édifices publics considérables contribua
puissamment il l'agrandissement et il l'embellissement du
village. Il ftt restaurer plusieurs anciennes auberges et construire un bain particulier pOUl' lui (*).
Cc ne fut proprement que sous l'Evêclue de Sillinen que les
caux thermales de Loëche commencèrent àjouir d'une grande
réputation en Suisse et il l'él.rang9r et que les malades s'y ren-
dirent en grand nombre.
Après la mort de l'Evêquo de Sillinen, le fameux cardinal
Schiner, élu Evêque do Sion en i 500, éleva, comme prince
souverain, des prétentions sur les possessions de son prédécesseur aux Bains et dans la vallée. Des difficultés sérieuses
s'élevèrent relativement il celle affaire. La question fut portée
par devant un tribunal d'arhitres choisis clans les cantons de
nerne ct de Lucerne. Les juges amenèrent les pariies il lme
transaction. Le cardinal paya à Gaspard ct Christophe de
Sillinen, héritiers de l'Evêqne dèfunt, une certaine somme
au moyen de quoi il devint dcfinitivement propriétaire.
..
L'Evôque de Sillinen tourmenté il la fin de sa vic par les
troubles politiques qui agitaient le pays et obligé de s'enfuir
n'avait pu meUre la dernière main à lous les travaux qu'il
avait entrepris à Loëche-Ies-Bains. Le cardinal {lt achever les
édifices commencés elle surpassa encore par le zèle ct l'ardeur qu'il mit à étendré la réputation des eaux, à rondre le
séjour des Bains plus agrôahle, en y faisant élever plusieurs
établissemens publics vastes et commodes, entro autres deux
(~)
Balllea peculiaria sibi hoc loco cxstruxit et diversoria
plura rU/lovav'it. Sim ICI', de Valles., 1. 1, ptlge 27.
COIn-
�35
halns spacieux, dans les praIries, près de la grande source,
jouissant d'une vue magnifique sur le vallon ct la chaîne du
Gemmi probablement l'ancien bain des nobles et celui qui
fut plus tard appelé bain ZltricllOis. Une superbe maison en
pierres de taille fut encore biilie par le cardinal sur l'emplacement qu'or,cupent aujourd'hui la maison J uHer et une partie de
l'hôtel de France.
L'exemple donné par les deux prélats illustœs dont nous
venons de parler ne resta pas sans fruit. Plusieurs familles
~obles
et un grand nombre de riches particuliers du pays les
imitèrent et firent bâtir il Loëche-les-Bains des maisons où ils
venaient passer la belle saison. En peu de temps le village prit
un développement rapide et ressemblait plutôt, par l'élégance
de ses édiii ces, à une petite ville qu'a un llameau perdu dans
les profondeurs d'une vallée sauvage.
La plupart de ces beUes constructions ct ]?eaucoup d'autresde moins d'importance ne subsistèrent que quelques années.
En 1518 , LillO eIfwyahle avalanche, se détachant du somme'.
de la montagne vint raser et détruire tous les grands élablissemens de bains et un grand nombre d'hahitations particulières juscIu'a l'église. llridel (U) rapporte que soixante-une
personnes perdi renlla vie dans cette épouvan table ca tastropho
ct furent ensevelis sous les ruines de leurs demeures.
.
11 est surprenant que StumpIf, Munster, CoUin us , Simler
et autres, les deux premiers surtout qui écrivaient peu de temps
après sur Loëche-les-Bains 1 ne fassent aucune mention de co
désastre.
Cependant le village fut assez promptement reconstruit i
Stumplf et MUDster qui visitèrent ces thermes le premier 25;
le second 27 ans après l'événement nqus ont laissé des des-
n,
(") Duo cgt'cgia.cl amama c.JJs/ruxil balnoa quœ jucundissimum
]ll'ospec/tiffi habenl in colles virclt/cs el sal/Hs riltiBsilitos. Collinus.
(... ) OU\'l'nge ciLv, p<lgc t'2ü .
�36
criptiollS qui démontrent que la plus grande partie des bâtimens ruinés avaient déjil. été relevés (*).
Au commencement du seizième siècle, sous le cardinal
Schiner, la propriété des sources et de la vallée se divise de
plus en plus; déjà de son vivant, il donna le tiers de ce qu'il
possédait 'dans la vallée en contrat de mariage il. s,a nièce qui
épousa Gabriel de vVerra. Asa mort" ses deux freres Gaspard
et .Jean Schiner entrent en possession du reste qu'ils transmeltent de leur côté il. lell rs hériliers respectifs.
La nièce dll cardinal apporta donc il. la famille de Werm
la part des sources dont elle jouit encore aujourd'hui. Selon
une autre opinion, les deWerra firent l'acquisition d'une
autre part aux sources en donnant en échange au cardinat
les propriétés considerables CIIl'ils possédaient dans le HautConches, provenant des anciens comtes d'Ulrichen dont la
famille s'était fondue d:\I1s la leur. Cet échange paraît doudouteux.
En 1529, les frères du cardinal, ses héritiers, renouvellent il. la bourgeoisie de Loëche la reconnaissance d'Ilne
redevance annuelle d'un sol Jo service et de plaid pour ses
droits sur l'ancienne source (Je St-Laurent) (H), telle que
l'avait rCCf)IlUue 58 ans aUIJéuavanL Petennann de Rarogne.
Depuis cette ëpoclue les Bains ne Loëche prirent peu il. peu
un développement considérahle. Le village s'agrandit; su
population augmenta; la réputation des eaux sc rcpandit do
plus en plus; les étrangers y accoururent en foule, surtQut
des cantons suisses, ct malgré des dommages partiels causés
par les avalanches, à des intervalles plus ou moins éloignés,
on peut dire que la pros~ité
de cette localité allait croissant d'année en année.
C") Stump{r. pngc 548. - Munsler, page 547.
(H) De antiquo l'ollte e:l'clIlIlc de sl /blus m(fgmnn lapident clc, (.'\1'-
cIJi"es de Loëchr. )
�37
L'aflhlence éluil ùejil si grande' au temps de ~lunster
(15li'6) que sans la difficldté d'y arriver à 'cause du mauvais étal des chemins on eut élé dans l'impossihilité d'y recevoir tous les baigneurs qui les fréquentaient déjà à cette
époque
Il ya ùonc trois cenIs ans que l'on sentait déjà
le besoin d'un e roule cl que Je danger que présentait l'ac-,
cès de cette localité etait un obstacle à sa prospérité. '
De tout temps on avait compris la nécessité de construire
qnelques ouvrages ponr changer la direction des avalanches
qui tombent chaque annéc de la montagne qui domine le
village, alllevant; d'élever des harrières pour paralyscr leur
chute et le préserver dn dangcr et de la destl'l1ction ql, i le
menaçaient. Pcut-être Je désast re de 1518 avait-il inspiré
cette heureuse pensee aux habitans. Mais un long espace
de temps s'étant écoule sans accident marquant; ils se relâchèrent peu à peu. L'entretien et les réparations des barrières
furent négligès et laisses 'il la fin dans lm état d'abandon
complet; il Il'en restait plus que des vestiges consistant en
quelques amas de pierres dispersés (;à et là sur la colline
sans ordre ct sans l'ég' ularité. Aussi eurent-ils plus lnrd à
se repentir de celle insoucian ce, car clans le court espace de
60 à 70 ans l'avnlall che tomba sept fois sur le village et
emporta deux fois les bains et quelques Mtimens, Ces
malheurs partiels ne réveillérellt pas les montagnards de
leur funeste apathie; ils paraissaient, au contraire, se familiarise r avec 10 ' danger qui los menaçait sans prendre
aUcune précaution pour l'éviter, Tl len r fallut un de ces
clésastres arI'reux qui viennent de temps en temps jeter la
Constemation et le deuil au milieu des populations des hautes
n.
C') Nisi obs/a1'cl pOT'/rn /osa mOtl/ùml allillldo, affl'uen/ lanttls
~ Olntnum nt/mer'us quod sal'"s spalii 111'0 iltis hospitandis non css cf ,
h
1Ullslrr'.
ri
lIf,qjor cssrl frequcnlia. nisi via prœceps, angl.l,sfa cf, luln'icfl. mtlru
Oll'!,t f Cltc!'e/ .
Sim/l'l',
,~
•
�38
Alpes. ous voicI ulTivé' 11 la plus épouvantable catastrophe
qui soit jamais veflue affliger les bons paysans de Loëcheles-Ba in.
La relation que nous allons soumellre au lecleur a été
écrite par un lémoin oœulaire ('), habitanl de Loëche-lesBains. JWe e l Cil lanfTue allemanùe, nous en exlrairons les
principaux passage :
Le .. 7 janvier f 7-19, à heure du soir, une avalanche
('pOnvlllltable fondil sur 10 village avec la rapidilé de l'éclair.
]~n
un clin-d'œil plu de 50 mai on furent rasées. Tou les
bain, les hôtel " un grand Hombro de grange. cl de greniers
furonl enlièrement détruits.
Dan les premier momen le lJoulever emenl fullel que
l'on ne put reconnaître l'emplacemenl que Je divers bâlimells
avaient occupé. De édifices donlle mllr élaient d'une 0liùilé étonnante el que l'on cro)<ait pouvoir résister à tou t
évùnemeut furcut emportés av c la même facililé que les plus
frêle habilalions.])e cc nombre fUlla b Ile mai, on en pierres
de laille 'on ' lruile sur la place par le cardinal Schmer,
comme non l'avol1 dit plu haut.
Mais ce qu'il y eul de plus lriste ct de plus dé olant dans
ce moment dé aslreux, c'e t que ciufJuante-cinq pel' OIHle
de tout iî~e
cl de toul exe perdirenl la vic. L s mallteureu es
viclimes furenl l' lrouvées, 1 unes il d mi morte.', les autres
culièl'emenL écra ée ous le décomùres; d'autres, emportées
par 10 vent il Ilne grunùe dislance de leurs demeures, ellsevelie SOll la nciO'c. Une o"!'ande quanlité d'animaux domcstiqllcs périrent an si. Depuis la place ju. (IU'à l'egli e quall'O
mai on sculemenl re tèrent dehout. Tout le reste avait
dLparn. li faul ncore rel1lal'lluer qu'à celte époque, la plus
grande partie du village se trouvail dun la IJfoximiLé des
n Etienne MOllel', 1l11ljor de Loi:che.
�39
SOurccs ct do l'église, 8ur la rivo gauche do la DaIa ct ce
n'est que depuis lors que les habiLans Lransportèrent en pIns
grand nombre leurs demeures sur la rive opposee.
Aussitôt que la catastrophe fut consommée, on sonna le
tocsin pour réunir ce ,qui l'estait de ceLLe malheufeu e populalion. On se mit il païcourir l'avalanche, avec mille dangers,
pour chereher COllX qui peut-être respiraient ellcore. Près de
l'église on trouva d'abord une femme morte et à côté d'elle
deux autres qUl avaient été pour ainsi dire miracuieusement
Conservées.
Le lendemain, 18, on chercha il rcunir le plus de monde
Possihle. Nul ne peut sc faire ltne idée de cette nuil d'an~
g·oi. ses et de terreur, de la désolation et du désespoir des
habitans lorsque le jour vinl éclairer le désastre cl monlrer
flUX malheureux paysans, plong'cs dans la stupeul
', toulo
l'étendue de leur infortune. Aucune expres ion ne pent peindre
Cetle mome .el poignante dOllleur. L'un pleure Ull père, uno
mère, l'autre ulle épon e, un enfant. Pnis, sous ce climat
rigou l'eux, separes, pOlir ainsi dire, du reste du monde,
au milieu de monta<T\1es couvertes de glace et de frim as,
plus d'habitations, plus d'asile , plus de ressources, tout est
anéanti 1
L'auteur de celle iuteressante relation desiglle ensuite lous
les endroits du village et des alentours d'où les cadavres
furent retiré . JI doune le nom de toutes los personnes qui
furent retrouvées mortes ou vivante' ct dont le plus grand
nombre succombèreut plus tard aleurs contu ions et à lours
hlessures.
Au moment de la chuto de l'avanche, la violence du vent
fut si grando que quatre personnes furent emportées avec
la rapIdité de l'éclair jusque dans les prairies appelées
J~arêche,
à une distance considérable au-dessous du village
ou ellos ne furent retrouvées que le troisième jour.
Au-dessus de la grando source] sur l'emplacement actuel
�de l'hôtel de la l\'laison Blanche, il existait déjà une iwberg'(}
à cette époque, Un des garçons etait descendu il la cave,
pour chercher dll vin, juste au moment que l'avalanche tomba
sur le village, La maison fut emporté et le malheureux
resta enseveli, au mill II des tonneaux, sous une masse énorme
dc neige. Pendant huit jou rs il resta dans celle position
épouvunt&hle, Le huiliême jour on l'entendit crier. Il fut retiré de dessous la neige, mais il ne ressemblait plus qu'à un
cadavre; il availles pieds gelés el mourut huit jours après.
La désolatioTl ful inexprimable dans le premier moment,
La surprise, l'épouvante, le dM-ordre au milieu de l'obsCUl'îlé de la nuit, tout concourait" à augmenter l'holTeur
de cette scène déchirante, Les lIlasses de neige qui s'étaient
amoncelé.es sur le village étaient d'ulle hauteur si effrayante
qne l'on désespéra d'abord ùe pouvoir en retirer jamais les
infortunés qui avaient disparu. Dans les dix premiers jours,
tous furen~
cependant retrouves, à l'exception d',un enfant qui
ne fut découvert qu'au printemps, après la fonte des neiges,
dans les prairies au couchant du village.
Il vint heaucoup de monde (Hl ~ecolrs
des malheureux
~abit1s
de Loëche-les-Bains qui seuls n'eussent pas Clé ~l
même de fouiller partollt pour ~'etrouY
les cadavres. Les
gens de toëche-le-'Bourg, Varone, Albinen et lnden y
pcouren~
()H B.'rand nOlqbl'e. M. Jean Plnschi, curé des
J3ains, deploya un zéle et ulle iHJl.ivité admirable dans celle
douloureuse circonstance, Il était parlout 4 porter aux yiolimes qui vivaient encore les eCOIIl'S de la relig'ion ou
à prodiguer les plus touchantes consolations aux familles
de olées par la perte des leurs dans cette nuit de tristesse
ot de deuil.
A la nouvelle du malheur qui vonait de frapper Loëcheles - Bains, cleR secours considérables en argent furent
recueillis en Suisse. Ils furent employés a reconstruire
les bains. Une partie de cet argent cl 200 Ls données
�41
par l ' J~Lat
du Valais furent tlesllnée il la rl'paraHoll el il Telltretien des barrières existantes et à la construction de celle qui
est placee au-dessus de la forêt, au levant de Feuilleret.
Après la catastrophe de 1719, lorsque l'on creusa les
fondemells des nouveaux édifi ces que l'on voulait reconstruire,
011 trouva il une certaine profundeur dans la Lcrre des pierres
de taille et d.es l'e'stes de murs très forts, preuve incontestable
que 10 village et les hains anicnl déjà été detrllils anterieurelnent. Ces ruine " provenaient , sans nu curJ doute, des belles
ct vastes constructions elevers par l'évêc(l10 cie Sillillen et le
cardinal Schiner à la fiu du quinzième et au commencement
<.lu seizi ème siècle et qni di parurent dans le désastre Je
1518.
ER. 1720, l:\ quanlil c de neig'o qni tomba sur l~s
monlao'nes [ut de nouveau efl'rayante et tout faisait redouter IIne
calamité scmblahle il celle ùe l'nnnee precedent.e. En eirot,
l'avalanche tomba sur le villao'e , le premier dimanche après
carllaval, emporta le grand hain et UH O maison neuye qui
venn il d'être reconstfllitû.
lW'rayés ùe tant de malheurs, les habitans de Loëche-lesnains les considérèrent comme une punition du ciel. Ils prirent aloI'::; la ré ohtion, pOlir apaiser la colère divine, de
renoncer il tout plaisir mOlldain, de llIener une vic de piOté,
(lc mortification cf de prière. Le jeilne ct l'abstinence furent
ordonnés et la danse interdite sous des peines sévères.
Le village de Loëche-Ies-13aills ne fut rebâti que lenleJnent après la destruction de 17'19. Les hahitans découragés
par tant de revers successifs ne mirent que pell de zole et
d'activité il reconstruire de nouveaux Cdifices un peu considérahles. C'est il co découragement qu'il faut attribuer en
partie le retard que l'on a mis il introduire dans les établissemens il Loëche toutes les améliorations et les commodités
que l'on rencontre dans lcs grands hains de l'Europe. Les
propriétaires l'cculaient sans cesse devant la crainte do voir
�42
anéantir chaque année d~s
constructions coûteuses. Il faut
dire, au reste, que tous les bâtimens subissent à Loëche-lesBains des détériorations rapides, exposés qu'ils sont pendant
huit mois de l'année à une hum idité conlinuene et sans cesse
battus par la violence des vents, de la neige ou de la pluie.
On se contenta donc cles habitations strictement nécessaires
pour donner asile aux malades pendant la saison des eaux,
jusque vers le milieu du siècle passé ou l'ou voit de nouveau le village prendre un accroissement assez marquant.
En 1750 il était à peu près aussi étendu qu'aujourd'hui,
à l'exception des grands hôtels construits dans les derniers
temps.
Une avalanche causa encore, en 1756, de nouveaux ravages; elle emporta le bain \-Verra. La maison Julier , sur
la place, éprouva un choc si violent qu'elle en fut éIHanlée
et la partie en buis déplacée obliquement sur les murs
comme on la voit encore actuellement.
Le bain \-Verra fut de nouveau détruit, en 1767, avec
une maison située au bas du chemin
La barrière élevée dans les prairies, au levant dn village,
près de la forêt, fut réparée en 1791. Elle était déjà presque entièrement détruite en 1829. l,e gouvernement décida
qu'elle serait relevée et agrandie sur un plan do M. l'ingénieur Venetz qui fut chargé de la di rection des travaux.
Celle barrière, lelle qu'elle existe aujourd'hui, repose en
grande partie SUl' l'emplacement do celle de 1791 avec de
nombreuses corrections ct des prolongemens considérables.
Elle sc développe obliquement sur une e pace de 690 pieds
en remontant le versant ct présente un flanc à talus de 17 pieds
de hauteur au courant de l'avalanche. L'Etat a contribué pour
1~0
fI'. de Suisse aux frais de sa construction, 10 surplus
a été réparti entre les propriétaires des sources et la commune.
n.
Ç") Nlltcrer, page 7.
�43
Depuis 1767, le village n'a pas eu de grands malheur,s
à déplorer, grâces aux sages précautions dont nous venons
de parler. Il a continué dès lors à reprendre de l'extension.
Il s'est agrandi: sur les deux rives de la DaIa, comme nous
le voyons aujourd'hui. A l'exception de la Maison Blanche,
tous les grands hôtels ont été construits a neuf dans les vingt
dernières années. L'hôtel de France commencé en 183/." fut
Ouvert en 1836, et l'hôtel des Alpes commencé .~n 1838 fut
mis avec son bain à la disposition des étrangers en 18Mi,.
Le nouvel hôtel de Bellevue, à l'entrée de la promenade, sera
Ouvert celle année.
'iiiiIiI1
�SOURCES.
Nous n'essaierons pas de faire ici la description de toutes
les sources chaudes que l'on rencontre, à des distances plus
ou moins granùes, dans los onvirons de Lo ëche-Ies-Bains j
elles sont en si granù nombre que plusieurs, sans parler ùe celles que leur position rend in accessibles, sont absolument inutiles. Nous nou arrêtero ns special ement il celles
qui ont été connues probablolO nt dès les premiers temps
que la vallée fut habi tée, ct qui ont servi il alimenter les nombreux établissernells de baills qui y ont ex isté depuis leur
déco uver te.
A voiT l'abondan ce d'eau thcrmale qui jaillit sur divers
points de la vallée ct prend, selon toute probabilité, son
origi.ne Ull même ro yer, puisque la chimie n'a décollvert
ju qu'ici aucune cWl'erencc marquante dans sa composition,
nous croyons reste r au-dessous de la réalité en évaluant
la qlwntit6 d'cau que roumi sent les so urces réunies, il
10,0 00,000 de litres en vingt-quatre heures. M. Morin,
d'après ses calculs) admet co mme express ion très-approximative de la vérité 6,000,000 de litres par vingt-quatre
heures pour la source de S l-Lattrent seulem ent. Aus"i faulil les mottre au nombre des plus abondanles de l'E urope.
La plu s remarquable est la source de St-Laurent. Elle
sort au nord de lu place du village, il quelques pieds do
�l'angle de l'hôtel Je la Maison Blanche, à une élévation, comme
nous l'avons déjà dit, de l~35
' 1 pieds au-dessus de la mer.
~'abondce
en est telle qu'elle fournit "à elle seule une quantllé d'cau beaucollp plus considérable que celle de toutes les
autres sources réunies. Sa température invadable est da
51° 25 C. au bouillon ou point d'émergence.
Le bassin où elle jaillit n'es t pas visible; il est recouvert
depuis des siècles d'une large dalle au-dessous de laquelle
l'eau s'écoule pour venir sortir sous la petite chapelle construite dans le but d'enlretenir la propreté et de servir en
Illême temps de r~sevoi
.. d'oll s'échappent les deux canaux
qui la conduisent au bain " Terra, au bain Zurichois et des
ventouses.
.
La dalle qui recouvre aujourd'hui encore le bassin de
la Source St-Laurent est la même qui existait déjà au temps
de Collinus, qui en fait la Jescripl io n, et peut-être longtemps
aVant lui (') . Elle fi dix pied Je long, troi et demi de large
et neuf pouces d'é paisseur. Celle dalle, qui est recouverte du
pavé, a été soulevée avec beaucoup de peine le 7 septembre
i8M,., lorsque .1\1. Mo rin, voulut procéder il l'analyse des
caux. Ce n'es t qu'aprrs -l'avoir enlevée que l'on peut aper?eyoir le véritable point cl'oùjaillit la source ct sc faire une
JusLe idée de la quanlîLe J'cau qll'clle fOllrnil ct des parties
gazeuses qui s'échap pen t en ~ i grande abondance que l'on
croit voir bouillouner une ya te chauùière. De ce point part
U~l
COllduit particulier pOllr alimenter les qllatre piscines du
VlellX bain, itué il quclques pieds de distance eu lemen!.
La goutiè re qui cO llle continuellement au milieu de cel édifice
ct la dOllche so nt nlimclltécs par le mème canal. 'l'oule cette
cau provielll" sans qu'on s'en doute, Je la source St-Laurent;
,n
Ol'itur (la source ) in pllblica via, ubi ~aX!lm
ttnpn.çilvln ('st. instar mellu/J. Collin.
ingens super
�flU 'i pourrail-elle, former un ruisseau sllffisaul, comme le
ùisent quelques auteurs, pour mettre en mouvement un mouJin (}
A quelques toises, au Hord de la précédente, sous les
petile mai on qui bordent, au levanl, la rue étroite qui conduit à l'Mlise, jaillit la source d'or. Son nom lui vient, sans
doute, de la propriété, commune du reste 11. toute les autres,
de donner une couleur jaune dorée aux pièces d'argent déposee pendant quelques jours dans ses eaux.
La source d'or coule conlinuellement par une gouLière
dans la pi cine na4· du vieux b1.ùl. Elle est si peu abondante
qu'elle ne suffit pas, pour alimenter ce seul carre.
La $ource d'ur ne paraît donc être qu'un filet de celle de
St-Laurent et:'en séparer à peu de di lance de celte dernière.
Aussi se trouble-t-elle en même temp que la grande source,
101' que ce phénomène remarquable e produit à la suite
des grande pluie, comme le prétendent quelques auteurs.
C'est par erreur en or que d'autre Ollt avancé lIue les
~olrces
se troublaient périodiquerneut au moi de mai (").
Quoiqu'il en soit de ce diver es opinions, nous devons
cepelldant faire oh l'ver que, dans 1 premier jours do
seplembre 1 If./f., la source des gU/frisolls qui alimente actuellement le ])ain de l'hôtel des Alpe, e troubla pendant
plusieurs jour par un temps magnifique et que toutes les
autres ources n'éprouvèrent dan cet intervalle aucun chanfrcment.
SOllvent aussi nous avons entendu cl ire qu'il n'y avait
que la Ollr'C de St-I.attl'enl et celle d'or, ({ui présentassent ce curieux phenomène. Cependant le fait que nous
venon de rapporter, relatif il la smtrce cles guérison
, ~, d'-
n Âil molam impcllCltclam su(ficicils. Collin us.
3,
(Hl Collinus,
i~L
['"se
146. -Simler page 2i. -Scheukzel',
J
�47
lIlontre le contraire. Nous croyons plutôt que des obscl'va·
tions suivies et exactes nous manquent encore à ce sujet.
Au-dessus du village, à 175 toises de la grande source,
vers le nord, à deux cents pas environ de l'hôtel des Alpes,
presque au bord du versant qui descend vers la Daia , au
fond d'une prairie un peu marécageuse, se tronve la source
du bain de pied (Fussbad) (} C'est par erreur que l'lM.
Brunner et Pagenstecher, dans leu r e.\ cellent travail sur les
caux de LOëche, nomment cette ource lleilbad. Ils sont les
seu 1s auteurs qui l'aient ainsi appelée. Nous verrons plus bas
q~le
la source près de laquelle cta it silllé l'ancien bain des gu(]n.~OIlS
proprement lIeilbad, se trouve un peu plus loin. La
source du bain de pied est recouverte d'un peti t hangal'd , fort
négligé, placé sur une espèce de piscine peu profonde, du
milieu de laquelle on voit s'élever , à des intervalles plus ou
moins considérables, les bulles de gaz qui s'échappent de
son point d'émergence. Cetle source, pell abondante, pnraît
avoir été assez fréquentée autrefois i elle n'est plus aujourd'hui
que le refuge isolé de quelques pauvres ma lades (lui viennent
y baigner leurs pieds atteints d'uICl'res dégoùtans ou d'autre$
maux qui ne leur permettent pas de prendre leur bain en
commun (U).
Il serait cepenùant il désirer que cc hangard et le toit
qui abritent cette piscine, q LI i d'année en année est moins
fréquentée ct ne tardera pas ;l être compliltoment abandonnée,
f~sent
répares avec soin et que ce bain pût continucl' de serVir à sa premièrc destination, cello d'être utile aux
malades
de la classe indigente affectés de maladies qui les empêchent
de prendre leur bain même avec les autres pauvros.
Les anciens attribuaient à cette source lIne action speciale
sur les ulceres do mauvaise nature; celte opinion n'csL basée
(") Rl1zomw~ki,
tians son <lnnlysc, ln nOlllme pelile sow·ce.
Il ("') Il est l'cmnnluable que Simler ne rasse aucune Jnf'nlion
e celle Source.
�~ur
allCllllO observation positive, pUisque LOlItcs ;L.:S sourccs
de Loëe.he ne presentent, qUllnt aux élérnen min éralisa teurs,
aucune différence notable. Peut-être la température moins
élevée de la sou rce du bain de pied et )'avantllge de pouvoir
baign er les parties malades clans un co urant conlinu el) comme
cela se pratiqllait autrefoi s au bain des guérisons (*), ont-ils
donné lie u il lui reconnaître des propriétés particulières.
Au levant de la source dont nous ,"enons de parler, à une
distance de cent pas environ, au pied du cûteau qui domine
les prairies marécageuses qui bord ent le ohemin un-dessus
dlt village , ])OUillOlllle oelle (Ille l'on nomme aujourd'hui
sauree du bain des pauvres , parce qu'elle alimente l'établissement de tiné à la classe indigente ct dont nOli s parIerons ailleurs. Cette Ollrce est lIne des plu ' belles de Lo ëche,
tout à cause de son abolldal1ce, de . a haute température,
que du si te riallt où elle jailli!. On l'appelait autrefois source
des lépreux (") . Sa température est de M,50. C.
Il parllÎt que cc fut près de cello source quel'urentoonslruits
les premiers bains qui exi tèrent dans (;es li eux . Plu s tard
le nomùre des étran gers que la répntation et les propriétés
remarquaùles des SOIlt' cs attirai ent de loute pafts il Loëche,
s'étant con id(-rnb) emenl aUO"lllenté, ct les bain s exislan en
cet endroit ne pouvant plu s uffircr 1'1 contenir la foule, on
s'approcha de la grand SO li l'CC où 1'011 constl'ilisil, à plu ieurs
reprises, de bain , des auberges ct où le villnge fut définitivement établi, a près qu c l'on eut élevé des tl'a V[l UX pour le
garantir contre la chute des flvalaul/hes dout ccL endroit est
toujonrs menacé CP).
(") Natel'er, pngc 40.
(H) QI/arlus {ons lC}J1'osonl1n die/us. Collinus.
'
(......) C' l'csean/a eonfll1XU atl-vcnarum, eum lue. (ons non sILlrr.
lleeret,
apud in{eriores quorum meminimtls, vallis po~its
cont'I'a moles nivit/m, ipse victls /'XMrllcfu$ e.~t
Collious.
�Alors les bains situés près de la source des pauvres
furent peu il peu abandonllés et ne: fllrent enfin plus fréquentés que pal' les malheureux ou des personnes que des maladies repoussantes tenaient éloignées de la société. C'est
de celle époque que ces bJ.ins furent appelés bains des
léprcu.x .
Le motif qni détermina sans donte il construire les premiers bains près de la source des pauvres ct non près de
celle de St-Laurent, quoique llius abondante ct d'une température plus élevée, c'est qlle la premiè re se trouvait
dans un endroit plus il l'ab ri de la hule des avalanches,
protégé qu'il étf.it par les vastes forêt dont une partie
recouvr e encore aujourd'hui les versan qui le couronnent (').
L'ancienne tour dont nous ,\Yon fa iL mention, menaçant
ruine d6j11 au (emps de Collinus, et qui avait été élevée sur
un petit monticule, il peu de distance au-des us de celle
source, prollve que cet endroit ùe la vallée fut habiLé dans
dos temps fort l'éculés, et tout porte il croire que les premiers
bains exi tbrent dans sa proximité, surtout il l'époque où
celte région sauvage était enco re pell peuplée .
. Naterer rappor te qu e de so n temps on voyait encore,
Immédiatement au-des. ous des sources, les ruines des fondom en en pierr de (aille du plus ancien bain. Plus tard,
ces ve tiges furent aussi emport é par les avalanches C').
Les derniùres traces de l'ancien vain des Lépreux, reCOllstruit, il y a environ 0 an ,par 1\1.10 généra l de Courten,
pOur êtro mi ' à la di position de la clas 0 pauvro, n'ont disparu que dans 1 s dorniers temps. 11 ya peu d'ann ées on
en remarquait encoro des dGbris.
b (~) !/oc (onlr primllm 1ISOS (u isse homhm pulo, quia a mole hycl'l101wm nivium lIIagis tutus sit. CollillllS.
(") Nalcl'cl', pagc 10.
li,
�:..c.,
-
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: ..... ... ,>
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, 50
Il n'y a plus aujoprd'hui,à cet endroit qu'une seule source.
.Au.tçefQj§.)L y; . ~1 Il'.~ . it . tr~is,
à l'Ilne desquelles les anciens
attJ;ihuaient, sans l'onderiîêiit, des propriétés vomitives, (Bl'echquelle). Selon Naterer cetle propriété n'était reconnue qu'à
celle des trois sources qui etait le plus au midi; c'est donc
il. celle qui existe encore aujourd'hui; les dellx plus petites
qui jaillissaient à quelques pieds au nord de celle-ci ont
disparu, il Y a deux ans seulement, à la suite d'un éboulement de terrain. Leurs eaux se perdent dans la petite plaine
marécageuse qui s'étend au-dessous d'elles, vers le couchant.
On n'utilise de nos jours qu'une bien faible partie de cette
source. Elle est conduite, au moyen de tuyaux en ])OiS, jusqu'au bain des pauvres, situé, comme nous le dirons plus bas,
près du pont de la Daia, entre les deux parties du village.
En quittant la source du bain des pa-uvl'es, pour l'Op rendre
le chemin qui conduit au pont de la DaIa ou à la cascade,
l'on arrive bientôt a l'endroit où existait autrefois, SUI' la l'ive
gauche du torrent, au sommet d'un mamelon ombragé d'un
magnifique bouquet de melèzes, l'ancien bain des guerisons
(Heilbad) (*).
Sur un petit monticule de soixante pieds de diamètre environ jaillissaient anciennement une dizaine de sources plus
ou moins considérables ùont les eaux, depuis que le bain
qui y avait existé fut détruit, allaient se perdre daus la
rivière. On croyait qu'elles avaient une température plus
élevée que les autres ("). C'est une erreur, leur températu 1'0
invariahle est, d'après M. Morin, de 1,,8° 75. C. Les sonrces des
guérisons, comme leur nom l'indique, jouirent d'une grande
réputation dans les temps passés; aussi ce bain était-il trèsfréquenté, malgré sa distance des habitalions.Il est vrai qu'on
avait construit anciennement une auberge près du bain; mais
Ct) Supremus (ons salubt'is appellatttr. Collil1us.
(H ) Ca/id'io/' l'eliquis videlt/I'. Collious.
�i.
,
51
..
...
-n
SOC\;';t -.---,
r
DI"
SCIENCES MÉDICALES,
DE VICHY
.
s'il faut en croire certains auteu ,celle maison n~étai
pas
en bonne renommée et il paraît ue soù\'ent on s' rendait
dans un tout autre but que de re
an e
-~
Le bain el l'auberge furent plus tard emportés par une
avalanche.
Les sources et le bain des guérisons paraissent avoir été
de tout temps une propriété particulière.
Le notaire Pierre Oggier, les vendit, en 16 58, avec le fond
ou elles se trouvent à Henri Steinmann, médecin à Lucerne.
En 1673, le même Steinmann cède il la commune des
Bains le passage il Iravers sa propriété, à la charge par celleci de pourvoir à l'entretien des barrières élevées pour préserver ses édifices de la chute des avalanches.
Enfin Steinmann vend, en 1682, par procuration, à la
commune de Loêche-les-Bains loutes ses prétentions sur le
fond, les sources et le bain des guéri, ons pour la somme de
?~O
livres (). Depuis cette epoque, ces sources ont toujours
ete la propriété de la commune. Celle-ci les céda, en 1838,
il M. lVlelchior 13ecguer, de Sion.
M. Beeguer , proprietaire de l'hôtel des Alpes et du bain
neuf qui y est attenant fit executer de grands travaux auprès
du ponl. de la DaIa où jaillissent les sources des guérisons
et parvint enfin il les réunir toue~
dans un encaissement d'où
s'échappent les canaux qui conduisent l'eau jusqu'au réserVoir qui alimente le beau bain contigu à son hôtel.
. En fouillant le terrain, pour reunir les SOU1'ces des guénsons, on a découvert, il une profondeur assez considerable,
do nombreux débris provenant des anciens bâtimcr~s
qui
avaient existé à cet endroit. JI e~t difficile de préciser l'année
. (') Huc sc conferunt interdurn sub spccie lavatiollis aut f'claxaalia agen/es. Collinlls.
(" i ) Tilr('s communiqués par M. le cJli\tc13in Lort>1an .
Ilanis
�.....
Vr 1
.~
52
où ils fUI'eut détruits quoiqu'ils fussent encore fréquentés
yers,!c mil~eu
du dgrnier ~lèce
Telles sont les sourr-cs dont on utilise les caux il Loëche.
Elles sont remarquables par leur abondance, leur température et leurs effets médicaux. Un grand nombre d'autres
sources chaudes sortent encore dans plusieurs endroits de la
vallée, En remontant la rive droite de la DaIa jusqu'à la
cascade et bien au-dessus, les caux minérales jaillissent
encore d'une infillité de points. Tantôt on Jes voit paraître
dans les pâturages qui bordent la rivière j tantôt elles 'échappent par les fis ures des parois perpendiculaires des
rochers que ballent continuellement ses ondes écumantes, Il
est impossible d'en examiner plusieurs qui sorlent des flancs
inaccessibles du rocherqu i domine le torrent. D'autres, visibles
encore aujourd'hui, ' ou l'dent pre que au niveau du lit de la
rivière j mai elles ne tarderont pas à disparaitrc, recouvertes
qu'elles seront par les graviers que les caux amoncèlent sans
• interruption et qui élèvent insensiblement le lit do la Dala, De
cc nomhre sont les deux petites sou rce, fort remarquables
par leur situation, qui s'échappent des fissures du rocher,
au fond de la propriété de 1\1. le ehii.tclain Loretan, inspecteur des IJtlins.
Dans les prairies, au-dessous du village, vers le couchant,
on rencontre une peUte sou rce dont los caux ne sont employées
que pour rouir le chanvre, cc qui lui a fait donner, par les
gens du pays , le nom de lloos[Jülle, Sa température est de
29 0 5, R. C'est la source qu'AliherL dé, iO'ne très-improprement sous le nom de Source des chevaux (").
Peut-être ne faut-il la considérer que comme une branche
de la source St-Laurent <IU i jaillit il une élévation de 0 pieds
n.
(") Natcrcr, page 11.
(H) Précis historique SUI' les caux minérales , poge 45U.
�53
au-dessus d'elle et dont le trop plein va se perdre dans les
prairies qui s'étendent au-dessous du village.
Au nord -de celle dont nous venons de parler, sur la rive
droite de la DaIa, existe encore une autre petite source,
dont la température est de 27° 7, R. Elle sort à 180 pieds
plus bas que la source de St-Laurent; elle n'est d'aucun
usage_ Souvent clle disparaît sous les graviers qu'entraînent
dans leur chute les nombreux ruisseaux qui se précipitent,
dans le gros temps, de la chaîne du Gemmi.
&'ii1'1iP ta
�PROPRIÉTÉS PHYSIQOES ET CHIMIQUES .
Tout ce que les anciens auteurs ont écrit sur les caux
minérales de Loëche relativemont à leurs caractères physiques se trouve eneore en grande partie confirmé par les
observations faites de nos jours. Tous s'accordent à dire
qu'elles sont sans odeur, sans saveur et d'une limpidité
parfaite dall leur état ordinaire et que les changemens
assez rares qu'elles éprouvent, en se troublant quelquefois
pendant deux ou trois jours, ne doivent être considérés que
• comme un phénomène accidentel résultant de quelques eboulemens souterrains qui n'ont pas même d'effet sur leur température
Quand à la saveur, Fabrice de IIilden est le seul parmi
les anciens qui fasse mention d'une sensation astringente pal'
la hoisson (~t iptcas
quœdam gnsttt percipitur).
Si les ancien étaient d'accord sur les caractères que nous
ve nons d'énumérer, il n'en était pas de même pour cc qui
coneeme les principes minéralisans qui entrent dans leur
n.
n
Agil{/. cRllimpida. carcns qllocunque (œtol'e, Munster. - Limpidissima ccrllil1l1'. mlllhtS mIO/'is cs/, Collio\ls. - Agtla pt/ra
limpirlaqul'. Simlc·r'. - Diesas Jf!a s.~(·1'
i.~1
[alltcr, oh ne Gentclt.
Sc hrllkzrl' .
�55
composition. Les un ~ croyaient à la présence du cuivre (*),
les autres à la présence du cuivre et du fer à la fois ("). Le
même auteur niait déjà l'existence du soufre dans les eaux
de Loëche (nihil habet de sulphu1·e) . Collinus pensait que
~es sources contenaient de l'or en assez grande quantité (malori: tamen ex 1Jar'le auro abundat). Fa)nice de Hilden admellait en même temps la présence du fer et du soufre (constat ex œre cl suip/LUrc. Scheukzer, que nous sachions, est 10
premier (1705) qui fasse mention de l'existence, dans les
eaux de Loëche, du safran de mars auquel il attribue toutes
leurs propriétés médicales.
Mais le plus grand admirateur de l'eau thermale de Loëche
est le curé Erler, d'Altorf (1715) , qui la proclame la mère
de toules les sources de l'univers (Leuca, Mttllcrbad aller
Biider der ganzen IVell (AH).
L'auteur qui, dans le dernier siécle, commença à vouer une
attention serieuse à l'examen de là température, de la compoition et des efl'ets thérapeutiques des eaux de ] oëche, fut
Naterer (1769). Quoique ses nombreuses expériences pour
<1éterminer leur degré de chaleur et rechercher les principes
divers qui le minéralisent se ressentent de l'imperfection des
moyens d'analyse qlle la chimie po séclnit à cette époque et
n'olhent plus aujourd'hui qu'un laible intérêt, elles n'en ont pas
~nois
jeté un grand jour SUl' heaucoup de queslions obscures
Jusqu'alors. Ses observations mOdicales sur les propriétés
CUratives des eaux ct dont un grand nombre se trouvent
ConSignées dans la description que nous avons de lui, sont
d'une grande justesse et sc confirment encore pleinement de
nos jours. Nous y reviendrons.
(..) Dicses }Vasse,. .~ol ab einem Kup{crcJ'z [cl1I{en. Stllllll'tl'.
(H) De ct/pro et œfe mul/um !tabel, Munster.
C.....) Geisllichel' Samarilan.
..
�56
Après Naterer, .Morel!, pharmacien il Berne (1783); le
comte Hazoumowsky (1784); Develey, proresseur il Lausanne ('1797), vinrent encore, l'al' leurs recherches, repandre
une nouvelle lumièrc sur la composit;on des caux de Loëche.
D'autres savans, entre autres 1'1. Payen, en 18211, et 1828,
tentèrent encore, depuis celle époque, divers essais d'analyse dont les résultats paraissent très· incomplets et présentent
des différences marquanles. Tous ces travaux ne fournissaient
pas de données positives. De nouvelles recherches devenaient
donc nécessaires pour celairer le mode d'action si remarquable des eaux de Loëche qui ne se distinguent, d'après
les analyses connucs, d'un grand nombre d'autres, selon
l'expression de l\f. li'oissac, par aucun agent particulier.
C'est dans cc ])\It que la Sociétc IIelYéLique des Sciences
naturelles chargea Ml\I. Brunnel', professeur, etPagenstecher,
pharmacien, à Berne, d'en treprendre un nouveau travail
d'analyse sur les eaux de"I..Joëche. Ces deux savans y procédèrent en 1827. Les résultaIs remarcf!lU]Jles qu'ils obtinrent firent abandonner pl'esqu'enlièrementloutes les idées
qui avaient dominé ju qu'alors SUI' la composition de ces
eaux.
Cependant la marche rapide, le perfectionnement continuel
de la cience demandaient do nouvelles recherches, car les
effets mé$licaux des eaux de LOëche, pOlir un grand nombre
de cas, sont inexplicables enüOI'C, pal' la cOllllai ance que
nous avons aujourd'hui de leurs principes minéralisateurs
tels que la chimie nous les présente.
de procéder il
A cet effet, M. Morin, de Genève, fut c~al'gé
une nouvelle analyse (pli a été exécu tée celle année. Nous
publions en enlier le travail de ce savant chimiste. Les
hommes spéciaux remarqueront sans peine avec quelle sévérité de détail ses recherches ont été entrepl'i es et avec quel
lalenl les expérience diverses ont oté faites, aillsique la
différence de ses résultats pOUl' un assez grand nomhre de
�57
~ileurs
substances a1fec les travaux precedens que nous placerons
, pour plus de clarté, dans un tableau compuratifpal''Iculier.
ANALYSE
Dn L'EAU l\fJNÉUAr...n DE LOËClJ
~,
l'.lU
Pyrame Morù~,
sou RCE
de Genève.
ST-LA UIlENT.
Celle source est de beaucoup la plus ahondante; aussi
sert-elle à alimenter trois établissemens de bains, c'est-à-dire,
quatorze piscines.
L'eau jaillit ail travers de pierres, placées au fond d'un
hassin creusé dans le sol cl grossièrement form é de fragm ens
de rochers. Le hassin a
Mèll'('S.
1,70 de longueur,
0,70 de largeur,
0,20 de profondeur moyenne,
0,30 de profondeur maximum.
Veau s'écoule par l'extrémité inférieure du ~1 sin
pour
entrer dans un résGrvoil' construit imm édiatement à côté,
CD réscrvoir a euviron un mètre ' carré de su rface , il est
fermé de trois côté par des murs recouverts à la hauteur d'ull
~ètre
par un toit en pierres et représenté une chapelle dédiee
a St-Laurent.
L'eRIl qui va an bain vieux s'éehappe du bouillon même,
landi que ce lle qui arrive an bain 1tCUj' et au bain zuriclto'is
part du canal de jonction du bas~in
an réservoir.
'
avoir servi à des
L'eau non utilisée pOUl' les bains, ~près
Usages dom es tiqu es, s'écoule par un trop plein dans la Daia.
�58
Depuis dix-sept ans le bassin n'avait pas été ouvert lorsque j'ai fait lever la pierre qui le recouvre; j'ai trouvé dessous :
A.
DES CRISTAUX.
JOA la surface de l'eau, sur les pierres qui s'élèvent du
fond du bassin. Ils sont blancs.
2 Sous la pierre qui couvre le bassin, également il la
surface de l'cau. Ils sont d'un hlanc rougeâtre et moins bien
formés que les précédens.
0
n.
OES l'ELUCU LES OIIGA NIQUI1S.
La pierre étant plus épaisse du coté dll canal qui conduit
l'eau au réservoir, il en résulte qu'cn plongeant dans l'eau
elle empêche l'ail' d'entrer dans le bassin, cc qui explique
la différence de couleur existant entre les diverses pellicules.
10 Dans le bassin, des pellicules gélatiniformes, recouvertes d'une pondre noire.
2° A l'entrée du canal, des pellicules analogues aux précédentes, mais noires il fa surface qui touche l'eau et rouges
il celle qui est en contact avec la pierre.
3° Des pellicules entièrement rouge~
, dans le canal.
11.0 Des pellicules à moitié seches contrc la partie latérale
de la pier~.
I..'eau s'élève clans plilsiellrs parlies du l1assirr, accompagnée d'un coutant continuol de bulles de gaz qui ont quelquefois jusqu'â 12 mm. de diamètl'C.
Au moment où on la puise elle laisse dégager pendant
quelques minutes de très-petites bulles de g&z.
L'eau esttran spar nte. Cependant, de temps en temps, sans
cause appréciable, eUe devient trouble pendant quelque s
�59
jours. Elle contient alors en suspension une poudre en paillettes , brillantes, très-tenues. On remarque sonvent que ce
phénomène a lieu dans plusieurs sources à la fois. Il ne
p~raÎt
pas correspondre à quelque variation subite ou considerable dll baromètre. •
faiblement celle dès sels
L'eau a une saveur qui rapel~
de magnôsie.
lWe e t inodore, elle ne contient aucuno trace d'acide
sulfhydrique ou de sulfure.
L'odeur d'acide sulfhydrique qui a été quelquefois aperçue
dans les piscines, provient probablement de l'action sur les
sulfates di ssous , du bois qui forme les cabinets et qui est il
moitié pourri. En efret, j'ai enlevé, à une planche plongeant
• dans l'cau, un morceau qui avait l'odellr d'acide sulfhydrique.
L'eau sc conserve très-bien dans un vase où il n'a point
Pli entrer d'air. J'en ai con, erve pendant sept mois dans dos
hou teilles qui avaient été remplies et bou chées sous l'eaH;
elle n'avait laissé déposer qu e quelques flo cons de glairin c.
~u
contraire , si la bouteille n'est pas parfaitement bouchée
des le premier moment, il se [orme peu à peu un dépôt rouge
qui provi ent de l'oxide de fer. C'est ce qui a lieu à l'extré~ité
inférieure de . canaux qui conduisent l'eau dans les di[lerel1tes piscines. C'est un phénomène analoglle qui sc passe,
lorsqu'on })Iace une pièce d'argent dans la SOl1rce, de manière
qUOyail' pui ~se
y arrivcr. Au bout de deux à quatre jours, il
sc lorme sur le métal un dépôt jaune qui lui donnc l'appa;',el)cc d'une pi èce d'or. La source d'or est la première sm
': fjuellc on ait ob. ervé cc phénomène , c'est de là que lui
Vlcnt son nom, Oll croyait jadis que cc dépôt était vraiment
d l'or, plu lard on l'avait attribué à du soufre. On a reoonnu
que les autres sources produisent le mômo effet.
QllANTlTl1 DE J. ' J' AU.
J'ni pu mesurer 1n quantité de l'cau en fermanl lc" canal
�60
qui sert à alimenter le bain neuf el le bain zurichois. L'eau
coule encore à trois endroits où elle peut être mesurée.
1° Dans la piscine N° 3 du bain vieux, c'est-à-dire, dans
la plus rapprochée de la source:
2° Dans le canal qui traverse, à ciel ouvert, le bainvicux.
3° Au trop plein du réservoir.
Le niveau de l'eau s'élève pendant quelques minutes dans
10 bassin et dans 10 réservoir, par conséquent il doit y avoir
une perte dans le lerrain non encore imprégné d'cau et dans
les fissures j je donne donc la quantité que je trouve comme
un minimum.
Je trouve par minute au moins,
dans la piscine
80 litres.
dans le canal du bain vieux 100 »
au réservoir
800 »
total 980 litres.
ou par heure 58800 »
A cause de la perte d'cau dans le terrain, j'admets TIn
et demi million de litre par vingt-quatre heures comme ctant
l'expression très-approximative de la vérité
n.
TEMI'ÉI\A'I'UlIE.
Elle a eté prise en laissuut le thermomètre complètement
plongé dans l'cau. La températllre de l'airvariait do 17 à 28°C.
dans les vingt-quatre heures.
Dans le bassin.
Pi'ise au moment où la pierre a été levée, le soir ct encore le lendemain, la température a été invariablement
dc 51 ° 25C.
:') La quantité, IJcaucoup trop fOl'l.e, (lol1ntl (' pngc 44, résulte
(l'ulle erreur échappée dans 1a positioll des cllifI'l'cs,
�(; 1
Da/ls le resel'vo ir.
Elle a été constamment de 51 ° C.
Dans 7e bain vieux.
A l'extrémité d'un tuyau de bois de cinq mèlres de longueur, qui amène l'eau depuis le bassin de la source elle est
de 51 ° C.
Dans le bain neuf
Vers le milieu dll bâtiment, a l'extrémité d'un tuyau de bois
de soixante-quatre mètres, qui conduit l'cau depuis l'entree
du rl'servo ir, la température est de 50°, 60 C.
nÉPOT llLANC 'SU ll l.ES HOClllms.
Tout autour de la so urce des guérison:;, le terrain sc red'une efflorescence blanche, lorsqu o l'a ir est sec. Les
rochers d'ardoi cs sur les deux rives de la DaIa , sont égaleJnent co uverts d'un e poudre abondan te d'un blanc grisâtre.
Celle quo j'ai exam inéea ùte recueilli e sur la rive droite
du lorrent, exactement vis-a-yis de la so urce des ywJn"sons.
Sa suyour est cell e du sulfale de magnés ie.
Elle cOtllient de l'ardoise délilée, il. laquelle elle doit de
CO~mlni(Jer
à. l'eau, l'apparence d ~ l'cau cles sources trouhleos qu elquefois naturellement.
. Celle poudre traitée par l'cau donne HIle so7ution cpJi COTlllont :
])eaucoup de sulfale de magn ésie,
des (races de sulfate de chaux,
de chlorure do potassium,
ù'alumin e.
La partie insolul)Je dans l'cau fro ide élant mise en susCOUyre
�62
pension dans l'cau , pour s~pa
r e r la partie légère, on trouve:
que la poudre légère qui est blanche est form ce:
sll rtout de ulfate de chaux
et de traces de carbonate ùe chaux
et de carbonate de magnésie.
La partie pesante constitue do l'ardoise qui contient :
surlout silice
et alumine,
et un peu ùe chaux,
de magnésie,
de peroxyde de fer,
de proloxide de fer,
de carbonate de chaux,
de carhonate de magnésie,
eL d'une substan ce contenant du carhone.
Elle ne contient point de manganèse.
n È I'OT EN SUS P ENSION DA N
L'EAU DE LA SOUIlCE
51'- LA unENT.
L'ca u clan! devenue trouhl e,d'un o maniere. pontullce, penùant quelques jour , on en a puisé environ soptlitres qui ont
été filtrés.
Le dépô t des. éché pesait [",60 grammes.
Ce qui pour 1000 grammes d'eau
donne dépôt
0,65.
Celte pondre traitée })al' l'eau bouillante sc di sout en faihI c partie.
La partie solublo contient : du ulfate de chaux,
des traces de sulfate de magnésie,
de chlorure de potassium
et de la gllJj rino.
�G3
ta partie insoluble est formée de
Une partie légère contenant: carbonate
de chaux,
carbonate de magn és ie,
snlfate do chaux.
Ulle partie pe 'ante contenant:
surlout silice
el alumine
el un peu de chaux,
do magnésie,
do peroxyde de fer,
do protoxide de fer,
des carbonates
el de glairine.
. Cette poudre a donc une grande analogie
lt~ sur les rochers, dans le voisinage de avec celle recueilla source des guét"tsons.
CRISTAUX DANS LE lIASSIN
DE LA SOURCE ST-L AUl ŒNT
.
d C,es cristaux so trou;ent à la ~lrface
des pierres qui sortent
~ l eau et contre la pIerre qUi recouvre
mIers sont blancs, les seconds blan es-r la source, les preougeâtres.
A.
CIIISTAOX BUN CS.
1 i ~es
uns sont transparents ayant la forme
do prismes
u onges. Ils sont composés
de sulfate de chflu ,
de carbonate de chaux
et de carJJonate de magnésie.
2 D'autres sont blancs, opaques, peti
ts, irrégulièrement
gr ou pp6s, ils sont entièrement composé
s de sulfate de chaux.
0
0
B.
CI\lST.\(1X nr.ANCS- llO(1GIlAT
nIlS.
A.vec la louppe on peut reconnaHre et sép
arer des cristaux
�blancs peu nombreux et une milsse cl'is"tulline, tl'ès-lcgcre,
rOllgeâtre, de beaucoup la plu;; abondante.
10 Les cristaux blancs contiennent:
sulfate de chaux,
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie.
2° La partie rouge est fo rmee :
surtout de carbonate de mag·nésie,
puis de carJ)onate de chaux
et d'un pen de su lfate de chaux,
d'oxide de fer,
d'alumine
et de glairinc.
DÉPOT ROUGE A tA
soulteE
ST-LAuHENT
A l'extrémité inférienre du canal qui conduit l'cau au
bain nan{, il se forme url dépôt abondant, pulverulent, rouge.
Je fais l'analyse de co precipite, après l'avoir sépare de l'cau
dans lacluelle il sc dépose et l'avoir lave.
Traité par l'cau bouillante
a) la partie dissoute contient: de la glairine
et des traces d'oxide de fer.
b) la partio insoluble est lavée par l'acide chlorhydrique
froiu.
c) la partie dissoute par l'acide est formée de
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie,
alumine,
peroxic1e de fer,
glairine.
d) la partie non dissoute dans l'acide froid est tl'uitée pal'
l'acide chlorhydrique concentré et chaud.
�65
c) la solution contient:
de la glairino'
du peroxide de fer
et cles traces de protoxide de fer.
f) la partie insoluble contient:
.
de la glairine,
de la silice,
de l'oxide de fer.
Le dépôt rouge est donc formé des substances suivantes,
dont j'inscris d'abord les plus abondantes:
peroxide de fer,
glairine,
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie,
silice,
alumine,
protoxide de fer.
C'est à tort qu'on a prétendu y retrouver du manganèse
.
,
,
l'JECES ]) ARGENT JAUNIES DANS J. EAU.
, Los corps solides laissés pendant un temps suffisant dans
1~au,
fmi ssent par se recouvrir d'une couche solide trèsnnnce qui les colore en jaune; si on les laisse séjourner
trop longt emps) cette couche devient plus épaisse et d'uno
c~uler
de plus en plus foncée qui arrive au rouge-brun.
C est celle co uche qui en se déposant sur des pièces d'argent
leur donne l'aspect de pièces dorées.
.
.Ce dépôt traité par l'acide chlo rhydrique donne une so}U~lon
claire. Une partie trnitce par de la potasse caus tique
alSse dégager de l'ammoniaque. Un autre partie évaporée
et calCinee, donne un rési.du insoluble dans les acides et qui
est form é de charbon.
5
�blancs peu nombreux et ulle milsse cris'tullille, très-lègère,
rougeâtre, de beaucoup la plu? abondante.
1 Les cristaux blancs contiennent:
sulfate de chaux,
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie.
2° La partie rouge est fo rmée:
surtout de carbonate de magnésie,
puis de carbonate de chaux
et d'un pen de su lfate de chaux,
d'oxide de fer,
d'alumine
et de glairine.
0
DÉ POT ROUGE A U.
soulle!!:
ST-LAun]~N
A l'extrémité inférieure du canal qui conduit l'cau au
bain nen{, il se forme url dépôt abondant, pulvérulent, rouO"e.
Je fais l'analyse de cc précipité, après l'avoir séparé de l'cau
dans lacluelle il sc dépose et l'avo ir lave.
Traité par l'eau bouillante
a) la partie dissoute contient: de la glairine
et des traces d'oxide de fer.
b) la pnrtie insolublc est lavée pnr l'acidc chlorhydrique
froid.
e) la partie dissoute par l'acide est formée de
carbonate de chnnx,
carbonate de magnésie,
alumine,
pertlxide de fer,
glairine.
d) la partie non dissoute dans l'acide froid est tl'aitce par
l'acide chlorhydrique concentré et chaud.
�65
e) la solution contient:
de la glairino'
du peroxide de fer
et des traces de protoxide de [cr.
{J la partie insoluble contient:
de la glairine,
de la silice,
de l'oxide de fer.
Le dépôt roug'e est donc formé des substances suivantes,
dont j'inscris d'abord les plus abondantes:
peroxide de fer,
glairine,
carbonate de chaux,
carbonate de mag'nésie,
silice,
alumine,
protoxide de fer.
C'ost à tort qu'on a prétendu y retrouver du manganèse
l'IÈCES n'ARGENT JAUNJES DANS J:EAU.
Les corps solides laisses pendant un Lemps suffisant dans
'~au,l
fin issent par sc recouvrir d'une couche solide trèsnnnce qllÏ les colore en jaune j si on les laisse séjourner
trop longtemps, celte couche devient plus épaisse et d'une
C~1leur
de plus en plus foncée qui arrive au rouge-brun,
C est celle couche qu i en sc déposant sur des pièces J'argent
leur donne l'aspect de pièces dorées.
.
.Ce dépôt traité par l'acide chlorhydrique donne une so~UlOn
claire. Une partie trnitce par de la pOLasse caustique
alSse dégnger de l'ammollü'lque. Un autre partie évaporée
et calcinée, donne un résidu insoluble dans les acides et qui
est formé de charbon.
5
�66
Le dépôt est composé de peroxide
et de traces de glairine.
d~
fer
PARTIES ORGANIQUES DE LA SOURCE ST-L,\UlIENT.
Ces parties se trouvent soit dans le bassin, soit dans le
réservoir de la sou l'Cc, soil ellfill dans l'cau elle-même. Les
unes ont été reconnues comme appartenant il des genres déterminés, les autres n'ont pas pu être déterminées. Je me borne
à indiquer les noms des premières; je donne les caractères des
dernières.
ESPÈCES DflTERI~ÉS.
Les murs et la vonte du réservoir au-dessus de l'eau,
form ent un espace continuellement rempli d'une abondante
vapeur d'eau, où la lumière pénètre mal ct où la température
se maintient très-élevée.
Conlre ces murs ct contre la voule on trouve:
l'Asplenium Ruta muraria, très-mal développé,
le Dicranum adianthoïdes,
le Weissia verticill ata,
le Scytonema myochrous,
ou l'Oscilla ria major.
Enlre les oscillaires on voit par places:
des infusoires naviculaires
et des infllsoires polyga triques.
ESPÈCES (~J)ÉTEImN5.
J. L'eau se maintient dans le réservoir il une hauteur qui
ne varie que de quelques lignes. A sa surface contre le mur,
se fait un dépôt cristallisé formé de:
sulfate de chaux,
�67
de carbonate de chaux,
et de carbonate de magnesie,
sur lequel on trouve des ex pansions pelliculeuses vertes, rougeâtres par places, d'apparence veloutée, molles et d'une
texture homogène.
Examinées sous le microscope on les trouve formées:
1° de fils verts, entrecroisés) formant la partie principale
de la matière verLe, ayant 1/600 mm. de diamètre.
Dans leur intérieur on voit des sporules irrégulièrement
placés, égalant leur diamètre et presc!ue sphériques.
Beaucoup de granules moléculaires offrant un mouvement,
entourent les fils.
2° de fils moins nombreux que les précédens, plus verts,
ayant environ -t /200 mm. de diamctl'e, formes d'articulations
qui ont 1/100 à 1/80 mm. de longueur
sur 1/200 il 1/300 mm. de largeur.
Quelques fils sont incolores. D'aulres renferment des sporules sphèriq Iles.
3° d'une substance mil~rae
dans laquelle on reconnaît
des granules de diverses grosseurs et des fragmens de
cristaux.
Ir.
r.1~I\lNE
La pierre qui recouvre la source est placée li huit ou dix
Centimètres de la surface de l'cau sauf snI' une ligne transversale où elle plonge dalls t'eau, de sorte que le bassin est
divisé ell deux ühambres: la première intérieure où l'air et
~a 11l1l1ièl'e-ne pénètrent pas, la seconde, au contraire, ouverte
li Pair ct il une faihle lumière qui arrivent par le fond du
réservoir.
La surface inférieure de la pierre est toujours mouillée
par la vapeur et par l'cau de la source projetée pal' les bulles
de gflZ.
Of
•
�G8
On retrouve:
1° Dans la chambre intérieure, contre la partie de la pierre
qliÏ ne plonge pas dans l'eau, des pellicilles gélatiniformes
en couche presque continue, ayant jusqu'à 2 mm. d'épaisseur,
noires, paraissant contenir, dans l'intérieur ùe la masse, une
poudre noire qu'on pelIt enlever mécaniquemen t pal' un
lavage dans l'eau; les pellicules deviennent alo rs blanches.
2° Dans la chambre extérieure ces mèmes pellicules av ec
une difi'érence qu i ti ent il l'action de r ai l' et à celle de la lumière. Elles sont noires il la surface externe el rouges à cell e
qui es t appliquée coutre la pierre.
3° Plus en dehors les pellicules ont plus rouges, dans
le canal clles n'ont plus de parties noires .
EXA!IIlN :UlcnOSCOI'IQUF. .
Dans la substance noire on Ile recounaÎt qu'une mas e translucide, sans structure, couyerle de granules très -petits, parfois indistincts, noirs, par places d' Ull brun foncé ct sans
for me organique ou cristallino. .
Dans la SHb.~lai('e
brulle une masse plus transparento
que la précédente, avec des granules de deux espèces.
Les premiers l'es emblen t aux précédens, mais ils sont
d'un brun clair passant au rouge.
Les seconds ont .des débl'i de cristaux très-petits.
Dans la sltbslaJtce b/'IU/I' el Hoire une masse comme la pré..,
cédenle ot des granu les de deux couleurs.
EXAlIlll ,' CUIMIQl' E.
Ces pellicules n'avniellL ni odeur, ni .. ave ur au moment
où je les ai recueillies. COJlservees pendant plus de six mois
avec un peu d'cau dan UI! flacon bien fermé, ces deux
caractères sont re Lés les mêmos.
�Elles conservent la consistance de g'elée épaisse .
. Je les ai lavées à l'eau pour leur enlever une partie de la
Poudre contenue dans leur intérieur.
Soumises il la chaleur du bain-~fl'e,
eUes se dessèchent, deviennent minces et friables . Remises ensuite dans
l'ean bouillante, elles reprennent la consistance molle et leur
première épaisseur. Une fois desséchees, si on les soumet
a ,la distillation, elles sc décomposent Gt fourni ss ent les
memes produits que les suhstances organiques azotées, entre
autre un sel ammoniacal. Il reste un charbon très-difficile à
incinérer qui finit par laisser comme cendres un mélan~e:
do silice,
d'alumine,
de car]Jonate de chaux,
de magnésie,
et cle peroxide de [el'.
L'eau n'a d'aclion que lorsqu'elle est houillante. Elle disSout une (aiLle partie de la sn]Jstan ce organiqul\ ainsi que des
h~a ces cl'ox idc de fer. La solution est rendue opaline par le
Il ltrate d'argent et précipitée 'Ear l'ether.
, L'al cool dissout raihl emenl la suh lance organique, mais
d,aUlant plus qu'il c. t plu s chaud et plus aquenx. Une partie
cl oXide de fer es t aussi dissoute.
L'éthel' même houillatlt est sans action.
Les alcalis comme la potasse 011 l'mnmoniaque, dissolveJ1t
fIl ~arli
e celle su]) tance, qui entraine avec elle d'ans la 50IltlOn du pcroxide ct du proloxide d.e for.
.
Les acides exercent une action dissolvante asscz prononcée.
L'aCide acétiqne bouillant rcnd volumineuscs les pelliCules qui se dissolven t en parlie pour formel' une gelée
compos éo
de glairine,
�70
de peroxide de fer,
et de protoxide de fer.
Ces substances sont précipitées par l'alcool absolu. Après
le traitement par l'acide il reste des pellicules milices, noires
et compactes.
L'acide chlorhydrique agit d'a utant mieux comme dissolvant qu'il est plus concentré et plus chaud. Il dissont d'abord
le peroxide de fer, ensuite la glairine et le protoxide de rer.
Il reste une pellicule formée des mêmes substances.
Avec l'aCide nitrique ou l'eau régale, on ne parvient qu e
très-difficilement il enlever lout l'oxide de fer et encore n'esce que lorsque toule la glairine est décomposée.
Contre les bords de la pierro qui recouvre le ])ass in on
trouve de grandes pellicules rouges à demi sèches, exposées
il l'air et à la lumière diIl'use. Elles sont formées de trois
couches.
La couche interne est une masse amorphe, mêlée de [ragmens de cristaux.
'
La couche externe est brune, formée de granules d'oxido
de fer.
La conche moyenLle est gélatini[orme, amorphe, jaun&tre:
trauslucide, finement pOllctuéo pa r une substance rouge. CeLLe
couche est urtout formée de glairine.
.
Le premier état où se trouve la glairine, c'est en solution
clans l'eau, on la felrou ve toujours par l'évaporation, accompagnant l'ox ide de fer. Une foi coagulée elle ne se
redissout pas.
L'eau enfermée dans un flacon et complètement privée
d'air, dépose des pellicules minces, translucides, jaunes, qui
traitees par les aCides, laissent dissoudre de j'oxide de fer
�71
devenir .blanches et transparentes ct offrir tou~
les caractères que j'ai signales pour la glairine.
L'eau de la source St-Laurent conLient en solution un sel
de protoxlde de fer que j'admets par analogie comm e étant
un carbonate, cependant on pourrait reg'arder cctte, base
comme combinée à la g'lairine, en effet:
1° Dans la substance précipitée contre la pierre. les acides
ne dissolvent pas le protoxide de fer sans la s'lairine, All
COntraire, l'acide chlorhydriclue peuL dissoudre tout seul le
peroxidc de [cr qui s'est forme au contact do l'air.
2° Les alcalis dissolvent en même temps la g/airine et
l'oXide de fer.
3° L'cau également.
4.0 L'alcool se comporte de la même manière,
5° La glairine et le protoxicle de for se dcposent ensemble
Contre la pierre et 10 peroxide ne se forme qU,e par une
action subséquente dans la partie du bassin où arrivent l'air
et la lumière,
pOUl'
ANALYSE DE L'EAU DE LA SOURCE ST-LAURENT.
SUDSTAI'iCES G,\7.JlUSES.
1. Gaz qui 5'échappe en g1'osses bulles an bouillon de la source.
1 rc
EXP1mIENCIl.
Ce gaz a été enfermé ft la sourco, do manièro il remplir
complètement un flacon.
JI ne contienl. quo
acide carbonique,
oxigène,
azoto.
�72
Le volume employé était. '1,80 centimètre cu.he.
à la pression de 0,73 t m. ,
et à '130 C.
Il a été agité à plllsieurs repri'ses avec de la potasse
caustique pendant quarantè huit heures.
Le volume a été réduit à 1,72 cm. c.
Le gaz desséché a été laissé pendant cinq jours en con tact
avéc du phosphore.
Après cela son volume était 1,66 cm. c.
La pression et la température ont varié pendant l'opération. Ces nombres élant ramenés
il la pression de 0,76 m.
et il 00 C.
on a gaz employé 0,6/1·9 cm, c.
après traitement par potasse 1,558
Il
))
)1
phosphore 1,53 //,
Ce qui donne:
acide carhonique = 0,091 cm. c.
oxigène
= 0,02 //,
azote .
= '1,53//,
ou SUI'
. 1000 de gaz
acide carbonique 55,2
oxig'ène
1//",)
azote
930,:1
2do ExvimlENCIl.
Je traite d'abord par la pOlas e causlique) le gaz d'nu
second fl acon complè~ent
rempli. Puis je le mêle il de
l'hydrogène ct je fais passer mi tra vers' un courant d'étitlcelles
électriqu es.
<raz employé
1ll,5 cm. e.
il.
0,735111. depre sion.
ct .
. 16",25 C.
�73
né ullats pour
.
1000 de gaz;
4,8,28
acide carhonique
oxigènc
12,68
azote
93
, Ol~
Le gaz d'un troisieme llacon contenant encore de l'eau,
donne les tésultats sui vans :
à la pression de 0,76 m.
à
0° C.
gaz employé
2,188 cm. c.
acide carbonique 0,055
oxigène
0,025
azote
2;10
ou sur
1000 de gaz
acide carbonique 25
oxigène .
it
azote
. 96[1,
L'eau restée dans le fla con est probab1ement la cause pour
Inc{lJClle, surtout l'acide carbonique est en plus faible quantité.
J'adm ets comme re ullal final la moyenne des deux premi ers essais
paur .
f 000 de gaz
aciùe carboniquo 51,74,
oxigène .
13,59
. 93 /",G7
azote
lI. Ga::; dissout
., l'C ICt l'(willXCE.
dal/s ['l'a il .
Grr::; dégr/gé ù la Icmpél'allli"c ordinaire.
, Un fla con bouché il l'émeri a été exactement rempÙ d'oau
il
la source. loin de l'endroit où s'élcvent les bull es. On ne'
�74
voyait point au premier IilOment de blllles traverser le liquide j
cependant après quelques mois on retrouve dans le flacon
une petite quantité de gaz, c'est-àd~r:
sur f4f grammes d'cau.
0,95 .cm. c. de gaz.
Ce gaz analysé à l'aide de la potasse et du phosphore fondu
donne les résultats suivans :
pour fIl,! gr. d'eau
0,9076 cm. c. de gaz
Contenant: acide carbonique 0,Oflf,37 cm. c.
oxigène
0,02323
azote
0,8 7000
ou pour
f 000 gr. d'eau
gaz
6,11,368 cm. c.
Contenant: acide carbonique 0,1Of 9
oxigime
0, f 61/,7
azote.
6,f702
2~o
EXl'fmlENCll.
Gaz dégagé li la tcmpé)'atw'c de 1000 C.
Je prends l'eau privée du gaz dégagé il la température
ordinaire ct j'en remplis complètement un appareil convenable
pour en retirer le gaz. J 'élève peu il peu la temp érature jusqu'à l'ébullition (lue je maintiens pendant six à huit minutes.
Je reçois dans une cloche sur le mercure le gaz qui se dégage.
J'observe qu'à 62° C. se dégagent les premières bulles,
mais très-rares et très-petites.
Jusqu'à 87° C. elles a\lgmentent très-pen.
De 98 il fOO° C. elles sont assez abondantes et plu.
volumineuses.
�75
Le liquide soumis à l'ehullitiou pèse440 grammes
qui a donné gaz 3,7219 cm. c.
Contenant: acide carhonique 0,9917 '
oxigène
0,3 606
azote
2,3696
ou pour
. 1000 d'eau.
gaz
8,1'·59 cm. c.
COlltenanl: acide carbonique 2,25l,.
oxigène
0, 19
uzote
5,3 6
L'cau provenant d'un eoouel flacon e t chauffée daus un
npparcil semhlable au premier.
125 gramme d'cau
donnent : gaz
1,07375 cm.c.
ou pour.
1000 grammes d'cau
o·a7.
,59 cm. c.
ContenanL: acide carhonique 2,32
oxigène.
0,96
azote .
5,31
La moyenne des expériences 02 eL N° 3 donne la quantit6
de gaz encore dissoute dans l'eau après quelques mois.
On a pour.
. 1000 grammes d'eau
gaz
,524cm.~
Contenant: acide carhonique 2,2 70
oxigène
0, 95
azole .
5,3 l,. 0
Ce résultat e l confirmé par l'expérience suivante pour 08
qui tient il l'acido carbonique.
�7G
4mo
EXI'Él\IE< 'iCE.
220 grammes d'cau ont été portés il l'ébullition do manière
il recevoir l'acide carbonique dans uno solution de baryte
causticlue.
Le carbonate de baryte pesait 0,00"·5 grammes
1000 grammcs d'eau
ce qui pour .
0,02011'
donne carbonate de baryle
= 2,30 cm. c.
O,OOl/·6
ique.
ou acide carhon
La qUGlntité totale de gaz dissout dans l'eau au moment où
on la puise est représentée pal' le gaz qui sc sépare il la température Qrdinaire, plus celui qui est dégagé pendant l'ébullition. Cependant il fuudrait en déduiro l'acido carbonique qui
contribue t\ rendre soluble le carbonate de mag'nésie ct qui
doit se dégager il -1DO· C. On verra plus loin que celte quantité
c'est pourquoi je no modifio pas le ré' éciable,
est inap~
sultat.
iOOOgramm esd'eau
On a donc pour. .
1 lf.,9G t 5 cm, c. = 0,0207
guz tolal
Formé de: acide carboniflue2,3 90
1,0.51~
oxigène
. 1 J,51 0
azoto,
= 0,00fl.7
= 0.001 ,)
--'-'--' 0,01 //5
. IlST,\,,"CES J' I)" ES.
SUlISTA<'iCIlS AClDE~.
Acide carboniqlu! combiné.
1 ra
E. ptllllENe E.
101 grammes d'cau qui avait été d'ahord chaufréo il
iDO·C. ont été mêlés il de l'acide chlorhydrique, puis portés il
l'ébullition de manière il l'cccviI' lc gaz.
�77
Le gaz ,obtcllu il 0,76 m. de prcssion ct il O· était 0,6'15 (;111, c.
Après un contact prolongé avec la polasse il a été réduit il
0,069
ce qui donne: acide car]Joniquc
0,5 l Hi
soit pour .
1000 gr. d'cau
5,hG cm. c,
acide carbonique
~do
EXI'ÉIlIEi\"Œ.
220 grammes d'cau d'abord bouillie étant mèlée avec do
chlorhydrique, puis portée à l'èbulliliolJ, l'acide carboIbliqUO sc dégage ct vieut sc condenser dans une solu Lion do
aryte caustique.
.
On a carbonate de barytc .
. = 0,0 -111 gr.
cc qui pour.
1000 grammes d'eau
représen te carbonate de baryte 0,0506
soil acide carbonique 0,01'1358 = .5,72 cm. c.
l'~ c ide
::Je
IlXPJ.:tIlEN CI!.
- 1 ?3,75 gTammes d'eau ont. èté évaporés 1\ siccité au bainMctrte. Le sel obtenu est mis daus une cloche courbée placée
ur le mercure j en introduisant une petite quantité d'acido
sU~furiqe,
on obtient de l'acide car]JoniqtJe qui peul être complotement ab orbé pal' la potasse.
La quantité ohtenue e t 1,0171 cm. c.
ce qui pour 1000 gr. d'eau
représente acide carbolliqllÛ 5,853 cm. c. = O,Of 16 gr.
Je
EXl'(;l\lENCll •
.'1 ,00 gr. d'eau ont été mêlés il 1600 gr. d'alcool absqlu ce
u donné un précipita contenant tous les carbonates. En
!JlIl
�78
opérant sur ce sel cOlllme sur celui de l'expéricnce prevédente,
on obtient un gaz qui est entièrement absorbé par ]a potasse.
On a pour.
1000 gr. d'eau
acide carbonique 5,78 cm. c.
Ces quatre expériences donnent en moyenne pour
1000 gr. d'cau
acide carboniqu.e 5,70 cm. c. = 0,0113 gr.
Acide slil/ilriqtrc.
250 grammes d'eau ont donné 0,838 gr. desulfalede haryte
soit pou l' 1000 gr. d'eau
sulrate de baryte 3,3 12
acide sulfuricIue 1,'138 l l.
Acido silicique.
1390 grammes d'eau sont évaporés à siccité. Le sel est
calciné après avoir elo traile par de l'acide chlorhydrique
conccntre. 11 se dis oul ensuite dans l'acide chlorhydrique,
la . ilice reste seule, elle pèsc 0,05 gr.
soit lJour 1000 d'cau
silicc 0,036
Chlore.
800 grammes d'cau sont lraites par l'azotate d'argent, en
ayant soin de détnlire préalablement la glairine par de l'acide azotiquc, sans cela le précipité formé no représenterait
pas lc chlore seul.
chlorurc d'argcnt obtenu = 0,01 gr.
soit pour . . . . . . . 1000gr.d'eau
chlorure d'argent
0,0125
, ou chlore
. 0,0031
�79
Acide phosphorique.
L'eau donne par l'ammoniaque un lége
r précipité dan3
lequel on peut reconnaître la présence
du phosphore en le
traitant à chaud par du potassium, pou
r former ensuite de
l'hydrogène phosphoré. D'où je puis con
clure qu'il existe des
traces d'un phosphate terreux.
Acide azotique.
L'cau évaporée en grande quantité à
une légère proportion d'eau, laisso diss siccité, traitée par
oudre un sel dans
lequel il est facile do reconnaître la prés
ence d'un peu d'acide
az?tique au moyen de sulfate d'indigo
. La présence de cet
aCIde prouve que l'eau contient des trac
es d'un azotate.
SUnSTA:'1CES nASI QUE S.
Alumine.
l' J'ai eu plusieurs fois la preuve pen~at
l'analyse, que
eau conlient des traces d'alumine.
L'cau mêlée ltl'ammoniaquo donne aprè
s un certain temps
tin précipité contenant:
de l'a Inmine,
un phosphate,
de l'o:-.ide de fer,
ot do la glairine.
r Le liqUide obtenu après la séparation
de la silice conlent uus i :
alumine ,
phosphate,
oxide de fer.
�80
L'alumine peul être dissoute par la potasse, mais clic est
Cil Irop faible proportion pour être pesée.
Oxide de (er. .
Ce n'est qu'en employant plusieurs 1itres (1'eau qu'on peut
nrriver à déterminer la quantité d'oxide de fer.
J'ai fait évaporer 6950 gr. d'eau jusqu'à iecité, afin que
pondant cette opération fout le fer fût transformé en peroxide. Le sel a été redissout par de l'acide chlorhydrique
en excès suffisant, puis saturé par de l'ammoniaque. Le précipité lavé par de la potasse caustique bouillante 1\ été càlciné et pesé. Puis il a été redissout dans de l'acide chlorhydrique et précipité par du succinale d'ammoniaque.
0,01/.!)
On a obtenu peroxide de fCl'.
d'cau
gr.
1000
ou ponr ,
peroxide de fer 0,00705
soit protoxide de fer 0,00633
Si on évapore en pattie l'eau Cil la privant du cOlllaet de
l'air autant qu'il est possible les réactifs font reconnaître du
protoxide de fer, tandis qu'ils démontrent la pré enee seulement de traces de peroxide de for, qui provieut probahlement d'un contact prolong'é entre le prol.osido ot l'oxirrèllo
di sout dans l'cau.
==
C"ml:r.
350 grammes d·eau. trailés d'a])ord par du chlorhydralO
d'ammoniaque ct de l'animoniaque sont mêlés il de l'oxalaw
d'ammoniaque ct placés pendant un temps suffisant dans 110
endroit chaud. Pat· calcination de l'oxalate de chaux ct addition de carbonate d'ammoniaque on obtient un carbonate do
chaux dans lequel on trouve une légcre quantité de carboco selon Il
lIate de slrontiane. En ~épf1l'Jt
�8t
011
-= O,:W6 I j. gr.
1000 gr. d'eau
carbonate de chaux 1,126
soit chaux .
0,63'"
pour
carhonate de chaux
Un second essai [aiL sur une plus grande gUfllltilé d'call
conduit au même résultat.
.')Irol/lianc.
Le carbonate de chaux obtenll dans l'essai préc "dent
Contenait flu carhonate de strontiane. Les deux sels converti' en azotates neutres sont sépares par l'alcool ab olu. Ou
Ohtient:
strontiane . . 0,000977
ou pOUl'
. 1000 gr. d'cau
strontiane.
0,0028
représentant ulfate de strontiane 0,004.
A/rrg /II!sil'.
11'0 liXPÉ alE li cr::.
500 grammes d'eau ont été traités par dll sel ammoniac
ct de l'arnmoniarlue, pu'is par de l'oxalate d'ammoniaque;
Cil uite ils ont été évaporés il siccité avec dn carbonate de
potasse) de manière il llC plus contenir quo des sels de magnéSie, cio pota se et de soude.
Le carhonnto do magnésie éparé par filtration 1\ donné :
magnésie 0,O'/B5 gr.
Les caux do lavage mêléos avoc ulle solution de phosphate de sonde ct d'ammoniaque ont donné:
pho plwtcdemagnésie 0,0218
soit magnésie. . . . O,OORO
en tout mflgnt"sie
O,05G5
pOlir .
1000 gr. d'cau
lllngn és ic
0,113
�2
2do E1:PBl~C.
Le liquide provenant de 350 gr. d'eau après la précipitation de la chaux, a été evaporé à siccité. Le ré idu calciné
contient encore magnésie, potasse et soude. Ces trois bases
étant converties en sulfates pèsent 0,"14,5 gr.
Au moyen d'acétate de baryte je les transforme en carJJOnates d'où je sépare le carbonate de magnésie. Ce sel
étant transformé en sulfate de magnésie pèse 0,"1 i 0 gr.
représellt9nt pour .
. i 000 gr. d'eau
sulfate de magnésie 0)31lf,3
ou magnésie .
0,107
La moyenne des deux expériences donne
magnésie .
0,110
Po/asse.
Dans l'essai précedent 350 gr. d'cau avaient donné trois
sulfates. Après en avoir séparé elui de magne ie 1 je con,'erlÏ la potas e ct la oude en chlorures et j'ai
chlorure de potassium 1= 0 028
,
gr.
chlorure de sodiUm)
J'estime ]a potasse par le chlorure de platine, j'obtiens
potasse. . . . . . . = 0,0087 gr.
représentant chlorure de pota sium 0,01375
ou sulfate de potasse
0,0161
ou pour .
1000 gr. d'eau
pOUlS e .
0,025
SOlide.
Le chlorure de sodillm etant pesé après l'e. sai ci-dessu
on obtient :
�83
chlorure de sodium 0,0'14-25 gr,
soit soude .
0,007 5 9
ou sulfate de soude
0,0173
ou pOUl'
, 1000 gr. d'eau
soude
0,022
Comme vérification des quantités trouvées pour les trois
hases précédentes on a
pour.
350 gr, d'eau
sulfate de magnésie 0,1100
»
de potasse 0,0161
»
de soude
0,0'173
Total 0, il/,34,
On a aussi chlorure de potassium. 0,0'1375
de sodium
O,O'1lI,25
»
Total 0,028
Ces deux résultats se rapportent très-bien aux sommes
trouvées avant la séparation des bases.
Ammoniaque.
De ['can étant évaporée à siccité il feu nu, il est facile en
reprenant le sel par l'eau de reconnaître que le liquide contient de l'ammoniaque en forte proportion, mais l'odeur
empyreumatil{ue prouve que cet alcali provient de la dé ....
cOmposition de la g'lairine. '
Si on évapore l'eau au bain-Nlarie pour la réduire à un
cinquième ou un sixième de son volume, une légère quantité de potasse en dégage des traces d'ammoniaque. Il ne faut
pas pousser trop loin l'évaporation, ne pas porter le liqUide
à l'ébullision lorsque la potasse a été ajoutée et surtout ne
pas omployer trop de cette base, sans celà le dégagement
d'ammoniaque est très - fort et l'odeur empyreumatique
prouve qu'il provient de la glairine décomposée.
�CtairÎuG .
Cette subs tance olfre ùes caracteres trop peu ccrfaill
pour qu 'on puisse en estim er la quantité. Admettant que
re li e qui se (l'OliVe disso ute ne soit qll'un e modification de
enllc qui ('st précipitée SOll5 la })icrre ct qll'ello soit ('orlnee
dcs mêmes élemens dans les mêmes proporlio ns, on no peul
par la calcination à l'abri de l'air, 'oit de l'ulle soit de l'a utre,
arriver il oblellir un r~sidu
ùe charbon qui soillo mèl1lc clans
des circonstances qll i pari
sol~
identiqlles.
Je n'ai pu jllscIu'à présell! ll'Ollver aucun renctif qHi separe complétement cetto suhslance do sa dissolution et des
sels qui l'aCO1pfgne~
l t. J'ai titi me borner à cOlls laler sa
p rése nce dans l'eau.
1 .En évapo rant l'e,lII 01 calcinant légèremeu! 10 sel il
l'abri do l'ail' on obtion[ Ull charJon qui disparait pal" la
combustiun.
2° Pendant la calcination il sc développe uno odeur cmPy)'(1\1matiql.1c ayant quelqu'analogie avec ce!:o tl e la corno
brûlée.
3° L'oau évaporée d,\gaO'o une grande quantit6 d'ammoniaquo par le lraiternellt à chaud avec la pOla sO; il sc développe on même temps une odeur ornpyreumatifJ\lc Il'è~ l'urte.
.
l,.'> Par l'am\nolliatlUC on précipite de la gll1irine ell mêllle
temps que des ubstances minàalcs) on la rcCOIIIIUlt tr cs~
bien on la chaufrant.
0
5° Par l'alcool ahsolu on précipite une legère pro portion
ùe la glairine dissoute. JI ost facile de la J'cco nn aÎLro soil
dau lo précipite, soil dans le li quide après évapol'atiotl.
On a pretendu que la o'lairino n'existe pas dans les eaux
do Loëcho.
�85
Il .ÉSVM.É liES SUllSTANt.:ES lJJSSOO'fES DANS L'K"U
.iU nlOmENT o u O~
GAZ NO~
LA l'UlSIi.
COl\J U1NÈS.
POUl' 1000 gr. d 'O llll
A(Jidu (Jfll'boniquo 0,004,7 = 2,3 890 cm. c.
Oxigèno .
0,00'15 = 1,05 1/.5
Azote.
0,011/,5 = '1'1 ,5'180
SU BSTANCES FIXES.
Acides. Acide ca rl)onique 0,0 '113
Acide sulfvrique
'1 ,'1381/,
Acide siliciqne
0,0360
Chlore.
0,0031
Acide phosphoricIue tl'aces
Aüide azotique
traces
]J(ls
e,~.
Alumille .
traces
PI'OlOxide de fer
0,00G3
Chaux.
0,6 3l/,0
0,0028
Slrolltiane .
l\J agllésie
0,1100
Polasse
0,0250
Soude .
0,0220
Ammolliaque .
traces
SüllSl'.\ NCE OllGA .... JQUli.
Gl airino
. q1lanlilé imléteJ'min ée.
Natul'e
d e .~
sets .
Si dans un fla co n bouché il ['émeri je lIIêle 1/,00 crr. d'eau
de LOëche avec 200 gr. d'alcool a}Jso[u , il se I~\'Jne
un
précipité ]J[Uli C ItlJondant qlle je st\pnro cl d6sigue pal' .A.
�86
Il pèse 0,72 gr.
soit pour 1000 gr. d'eau
précipité = 1,80
J'ai préféré ne pas évaporer l'eau avant dè la mêler avec
l'alcool, pour avoir une chance de moins d'intervertir les
combinaisons des bases et des acides.
Dans le liquide filtré j'ajoute encore de l'alcool absolu
jusqu'à. ce Clu'il Y en ait en lout 600 gT. Je sépare ainsi un
nouveau précipité B, pesant 0,02 gr.
.
soit ponr 1000 gr. d'eau
précipité = 0,05
Dans le nouveau liquide filtré je verse encoro de l'alcool
absolu jusqu'à. ce que j'en aie en tout quatre fois le poids
de l'eau employée. Il ne sc forme point de nouveau précipité.
Je fais évaporer le liquide au uain-jJ1arie, jusqu'à siccité,
j'obtiens un résidu C, pesant 0,18 gr. soit pour 1000 gr. d'eau
résidu = 0/,,5
Ces trois pesées donnent en toutpour -J 000 gr. d'eau
substances solides 2,30
Précipité A, pesant 1,80 pour 1000 gr. d'eau.
Traité pal' l'cau il se sépare en deux parties.
La partie insoluble contient:
sulfate de chaux
carbonate do chaux l
glairioe .
)( traces
phosphate .
alumine .
La partie dis ou te contient:
sulfate de magnésie
sulfate de chaux
glairine
Le précipité total est donc formé de :. 1
�87
sulfate de chaux
1,535
sulfate de magnésie
0,140
carbonate de chaux
glairine
phosphate
alumine
Précipité B, pesant 0,05 gr. pOUl' f 000 gr. d'eau.
n se redissout presque complètement dans quelques
gouttes d'eau.
La solution contient du sulfate de magnésie
la partie insoluble
'j
sulfate de chaux .
carbonate de magnésie
alumine. . . . .. (races
phosphate . . . .
oxide de fer . . .
Résidu C, pesant 0/,,5 gr. pour i 000 gr. d'eau.
En chauffant fortement ct reprenant le sel par l'eau, j'obtiens une solution dans laque~
je trouve
sulfate ùe magnesie 0, f 7 gr.
sulfate de soude
sulfate de potasse .
sulfate de chaux traces
chlortue de potassium
azotate.
Le sel non dissout etant traite par l'acide chlorhydrique
contient:
surtout carbonate cIe magnésie
un peu de peroxicIe cIe fer
cIe proloxide de fer
des traces de sulfate de chaux
de phosphate
d'alumine
�88
Le résiùu illsohlble dans l'acide chlorh)'drique est formé
de silice
et charbon provenant de la glairine
Le sulfate de chaux total serait très-approximaLi vemellt
égal il 1,535 g-r., r,ependant il faut déduire de ce poids cclui du snlfate cie strontiane qui se trouvait précipité Gn même
Lemps.
Le sulfate de magnésie serait ég'al à 0,31 gr. environ.
PaL' le calcul seul on peut conclure combien il ex isfe de
carbonate de chaux et de carbonate de magnésie, en admettant que ces doux bases sont combinées il l'acide car])Onique. Aucun résultat dans mes essais Ile me permet
d'admeLtre un chlorure de l'flIlO de ces deux hases. L'efno rescence existanl sur le (orrain el sur les roch ers semb le
bien JI ontrer que la magnésie est combinée il de l'acide
sulfurique et à de l'acide carbonique. Les cristaux déposé.;;
dalls le bassin de la sourCE conliennellt aussi
carbonate de mnguésio
ct carbonate de clwux.
Ces sels sc retrouvent auss i dans d'autres produits ainsi
qu'on a pu le voir.
En [aisallt évaporer très-lentement de l'cau an ba/n,Marie on ohtient d'abord sur les cristaux de sels, Uil clGp(Jt
de flocon s jaunes formés de glail'ine et d'o.\ide de fer. EI1suile il se ronne une cristallisation en aiguille. disposcc en
étoiles dans laqu elle on reconnaît
du sulfate de chaux
du sulfate do mno'nosio
cl os (ra ces de su lrale de soude
et de su lfate de pOlas, e
Sur les bord dll vase il éyaporation, on trOllye ulle ma. se
confuse'fllcnl ni. (nlli. t'C, jnunâl/'o COlllenfllll:
�8D
de ]'oxide de fer
de la glairine, etc.
et dans laquelle on reconnait la présence de
chlorure de potassium.
Ce dernier sel se trouve aussi dans l'efflorescence saline
qui existe sur le terrain.
Enfin j'admets que le protoxide de fer se trouve combiné
11 l'acide carhonique, cependant les dctails que j'ai donnés
sur la glairine permettraient de croire que celte substance
contribue à transformer l'oxide Je fer en une comhinaison
soluble.
A l'aide des considérations précédentes on ohtient
pour 1 000 gr. d'eau.
Gaz. Acide carbonique
0,OI~7
=
2,3890 cm. ('. .
Oxigène
0,0015 = 1,054.5
Azote .
0)0111,5= 11 ,5180
SUllSl'ANCES FIXES.
1,5200
Sulfate de chaux.
Sulfate de magnésie.
0)308//,
Sulfate de soude.
0,0502
SulfAte de polasse
0,03 G
0,0058
Sulfate de strontiane .
CarbonaledeprotoxidedeferO,01 O~I
Carbonate de mao-n6. ie
0,0096
Carbonate de chaux .
0,0053
Chlorure de potassium
0,00G5
Silice . . ' . . ,
0,0360
Alumine
traces
Phosphate ,
traces
Azotate.
traces
Sel d ' am~\loniqe.
trace
Glairinc"
f{uantitc inclelermillée.
'l'ot.al approximhtif = 2)0 1Ol~
�DO
Pesaltleul' .<;pécifique.
1. Ct) ta pesanteur spccificflle prise à la tempera turc de
12° C. par plusieurs operations répétées a cIe de 1,0023.
Si on porte l'eau à l'ébullition sans la laisser s'évaporer,
mais de manière à cc que seulement les gaz dissous puissent s'échapper, on trouve que la pesanteur spécifique est
légèrement plus forte.
b) Dans l'essai qui a consisté à traiter 'lt·OO gr. d'cau
par des additions successives d'alcool on a desséché au bainMarie les sels précipités , pllis d'autre part le liquide alcoolique; la somme tolale des sels a He 0,92 gr.
ce qui ponr .
1000 d'eau
donne sels.
2,30
Dans ce cas la glnirine so trouve comprise dans le sel,
ainsi que l'acide carboniclue combine , l'azotate, le sel am100lliacal, etc.
Ce nombre correspond en effet à celui obtenu en prenant
directement la pesanteur spécifique.
JI. a) En fai sant la somme des sels trouvés par l'analyse,
en en retran chant le poids de l'acide carhonicILle combine ct
ajoutant celui de l'oxigène absorbé par le protoxide de fer
OH trou ve 'l ,978 f t, gr.
b) En eff'et, en fai sant évaporer au bain-lIlarie 1390 gr,
d'cau ct calcinant Je sel obtenu
on Il un produit qui pèso
2,Gï5 gr.
Co qui donne pour ,
1000 gT. d'eall
sel calcillé .
'1 ,925
Mais dans cc produit ne sc trouyc point
10 la gl<1irille qui a éte entièrement Mtl'uile ,
�91
2° les su))stances gazeuses dissoutes dans l'eau employée,
3° l'acide carbonique des carbonates,
4° des traces d'un sel ammoniacal, peut-être aussi d'un
azotate.
Il contient pal' contre l'oxigène absorbé par le protoxide
de fer pour passer à l'élat de peroxide.
Pour faciliter au lecteur l'aperçu des différences ct de la
quantité des substances diverses, nous lui soumettons le tableau comparatif des résllltats des deux analyses les plus
reccntes et les plus complètes entreprises jusqu'ici sur les
eaux de Loëche, celles de M. Morin et de MM. J3runner et
Pagenstecher.
�TABLEAU
UE ' i'HI~ClL
CO~î'
(iu:s. Aüidc carboniquo .
O.\i rrè ne
Azote .
SUlT'\~CE
.\ :\ IJ.·
I ), \~S
WOO
GtLUUIES
0,00lj.7 = 2,3890urn.o.
0,00 '. 5 = 'J,05 1'-5
0,01 /'.5 =, 11,5180
1'1 X ES.
Sulfate ùe ehaux..
1,5200
Sulfale de magné ie .
0,30811!;ulfal-o do soude .
0,0502
0,0386
Sulfate de potasso
Sulfn le de slrolltinne.
0,00//-8
Carbonate de prOIOxidtl de fer 0,01 03
Carbonate de magllésie
0,0096
Carbonate de chaux.
0,0053
Chlorure de pOlassium
0,00G5
Silice .
0,0360
Alumine
traces
Phosphate
traces
Azotate.
traces
Sel d'ammoniaque.
traces
Glairine.
quantité indéterminée.
Total approxirnatif= 2J01~-
�A:'\ALYTIQ UE
ll'll ,\!J DH LA s t/ U liCE ST-L\ UIlENT) ,\ LOËCHE.
JJjJ1. BrU1mer et Pugensfeclœ'r) 1827.
Gaz. Acide carbonique
Oxigène
Azote
9,4,4,4,cm.c.
6,772
= 12,221
=
=
SELS.
Sulfalo de chaux
tlulfate de magn~sie
Sulfate de soude
Sulfate de strontiane
Chlorure de sodium
Chlorure de potassium .
Chlorure de calcium
Chlorure de magnésium
Carbonate de chaux
Carbonate de magnésie
Carbonate de protoxide de fer
Silice
Nilrale .
1,lI. 29
0,230'"
0,0592
0,0037
0,0064,
0,2l~
traces
0,0032
O,OM 3
0,0003
0,0027
0,0117
traces.
�Commo on le voil, les résultats obtenus pal' M. Morin sont
très-remarquables. 11 établil, dans les caux, la présence
de plusieurs substances qui n'avaient pas ét6 remarquées
avant lui, celle surtout de la glairine (Iu'on a prétendll ne
pas exister dans les eaux de Lo ëche. En oulre, la magnésie et l'oxide de fer s'y trouvent dans une proportion
heaucoup plus forle qu e colle qui est consignée dans les travaux précédens. L'action énergique et bien connue de ce
dernier principe sur l'économie animale, la quantité considérable de cette substance dans les eaux ne manqueront
pas de répandre un nouveau jour snI' leurs effets médicaux.
Elles contribueront aussi à expliquer les succès frappans obtenus à Loëche, dans un grand nombre d'affections constituliJnnelles invétérées ayant specialement leur cause dans
certains désordres du système nerveux.
,
�]~TABLJSEMN
DE BAINS.
Nous plaçons la description des divers établissemens de
bains avant celle qui traile des propriétés médicales des caux,
parce que la connaissance de leur construction ct de lour
organisation intérieu re est nécessaire pOli l' se rendre compte
de cc qui sera dit plus IJas sur leur mode d'administration.
tes premiers bains qui existèrent à Loëcho ne furent probahlement que de simples creux pratiqués dans la terre,
près des sources, ct dans lesquels les premiers colons \'enaient plonger leurs pieds. Plus lard, lorsque ces lieux
solitaires commencèrent ;l êlre hahilés ct quo les propriétés
remarquaùles de ces eaux thermales furent conllues, les malades des localités voisines y accoururent pour chercher un
Soulugement à leurs infirmités. Alors on eut. la pensée do
construire des Mtimens plus spacieux cl. plus commodes
~our
y recevoir ct y aùriter les nombreux haiglleurs. Cet
etat d'enfance pour les élahlissemells de Lains dura , sans
dOute, pendant des siècles. ns ne prirent nn développement
lin, ~eu
remarquahle que lorsque les malades des nations
VOISlO es commencèrent il visiter ces thermes cl firent connaître à l'étranger leurs "crI us curatives. CO])lllldant fOllt
pOrte il croiro qu'ils furent peu fréquentés avant la fin du
�quinzième siècle à cause des imperfectio1ls 'fue pl'esBILtai t
leur organisation et des guerres continuelles dont le Valais
fut le théâtre pendant les siècles p récédeus.
Nous savons peu de choses sur les divers établissemens
de bains qui existèrent à Loëche JUSqU'il la fin du quinzième
siècle. Les auteurs les plus anciens qui ont écrit sur les
sources, l'ont fait d'une manière si incomplète, souvent si
obscure, que l'on ne peut rien conclure de leurs descriptions, non-seulement pour ce que concerne les bains, mais
encore l'administration des eaux (*). La famille de Ran'lgne,
ses successeurs, puis l'évêque Walther Supersaxo qui acquit
des propriétés considérab les dans la vallée de Loëche, vers
la fin du quinzième siècle, ne paraissent pas avoir mis beancoup de zèle à embellir les bains j ils ne semblen t. pas non plus
avoir serieusement cherché à mettre à profit les tresors cachés au sommet de ces montagnes.
Le premier bain, qui exista à Loëche, était situé près de la
source des pattVres. Il fut ensuite abandonné. Des maLades aLteints d'affections cutanées repoussantes furpn~
les seuls qui
continuèrent à le fréquenter; cc qui le fit nommer bain des {dpreux. Selon toute probabilité , cc bain fut, dans les premiers
temps, le plus considérahle et le mieux organise ("). Ccpendantles anciens ne nou apprennent rien de po iLir sol' ]'ôpoque de sa eon truction, ni sur celle où on l'().band~
pour
veni.r établir les bains autour de la :IOW'çe St-Lanrcnt.
Ce lie fut que sous l'évêque de Sillinon ct le cardinal
Schiller, com,~
nous l'avon. dil, que le village de Lotioholes ... }3ains, les établi semens public ct particulièrement les
bains prirent un accroissement mal'(flHlllt ot entrerent dan s
lJ,fiO période de pro p 'rité véritable. Cos deux Vr 'bts s'appliqubI'ent tout spéoia lem ent il y inlroduire dos réformes
(~)
Voyez GlIll(lc1fingen,
(Ho) Collil1l1s.
Sllll11pff, MlIOSICI',
Co l1inu s
el DlI'(,~.
�9i
Iltil es et des âméliorations nombreuses qui contribuèrent
puissa mment à étendre la réputation des eaux cL il augmenter
l'afflllcnce des étrangers qui s'y rendaient déjà en [oule à
celle époque. Les bains ct les hôtels qll'ils firent construire
et l'organisalion bien entendue qu'ils reçu rent, placerent les
eaux cie Loëche au nombre de celles qui étaient le plus
fréqu entées en Europe.
LOëühe-les-13ains ava it pris lln rapide accroissement sous
les deux hommes célèb res dont nou s venons de parler. Il
était dans la' voie d'une brillante prospérité , lorsque le désastre de 1518 vint presque touL an eanlir. EL si le village
ct les bains furent rel evés ils ne reprirent plus de longtemps
le degré de développement qu'ils avaient au co mmencement
du seizième siècle.
En 15MI', le grand bain commun ou bain vieux, ne consislait qLL'en une vaste piscine en plein air, 'ans toit, sans abri
qu elco uque. Le bain particulier de l'évêque était le seul qui
fut ferm é C).
Deux ans plus tard, le beLin vieux fut divisé en plus ieurs
pi cines, sur lesquelles Olt jeta un toit supporté par quatre
pilier ell bois seulement (h).
La même organisation existait encore vers la fin du quinzième siècle , époqu c il laquelle le bain viçux était divisé en
trois piscincs dont deux étaien t réservées aux femm es et une
a~x
homm es CH). ( 11 est remarquable que les sexes [u ~se nt
sepal'és dans le bain , il Ya trois siècles, cl que cet li sage, lout
de dGlicatosse ct de convenance, n'ex iste plus de nos jours).
La quatrième parU e du bain vieux dans lacluellecQulait la
Slumprr.
(~)
('H) MunSle.'.
f'.
(~)
Tl'
e.~
habct cameras. quarwln una vi/'is, alicc duçe coutiguœ
dicalçe Stlllt. Collious.
,cemUleo sl!:r ui
7
�D8
source d'ol' n'était pas encore couverte d'un toil en 1509 (').
Cet état de chose dura jusqu'au commencement du dixhuitième siècle, puisque Collinus ct Scheul\zerqui écrivait136
ans après lui donnent, il peu de choses près, la même description des bains i d'où il faut conclure que pendant ce long intervalle aucun ehangement illlporlant,aucun e amdiol'alion notable
ne furent entrepris pour les rendre dignes de leur destination.
Ainsi, si l'on excepte quelques l'eparalions partielles exécu tees dans la clôture, la toiture, le chaulfag'e, les douches
ell'intcrieur des vestiaires, nous devons dire qu e, depuis trois
siéles, les anciens établissemens de bains à Loëche n'ont pas
subi de marquantes modifICations.
De nos jours, oe qui frappo le plus, itLoëche, à la vue
de tant d'amsliorations crll'on y a introduites, surtoul dans
les derniers temps, c'est l'61at d'imperfection dans lequel se
trouvent encore actuellement les divers ctablissemens de
bains. On vient de con truirc de v:lstes ct mag'nifiques hôtels,
réunissant à l'élcgance de l'architecture taules les commodités, tous les agremens d'un confort complet. Dans cc moment, on achève une belle roule pour le voitures i Oll ouvre
dans los environs divers chemins pOUl' les promenados; les
malndes, les voyageurs s'y rendent chaqu e année en plus
grand nombre; cependant pour une hrancho c sonliello, celle
qui devrait avantolout attirer l'attention ct la sollicitude des
propriétaires, parce qu 'clic cOllstitue, en réalité , la premiore
condition de vie , de prosperité ct d'avenir do Loëche-IesBains , on n'a fail ju qu'i(ji (PIC fort peu de choses. Les
bains , en général, sont clans 1111 état qui laisse encore beaucoup à désirer pour 'fllisfaire aux besoins cl aux oxigences
de la société aeluel[e.
L'on sait que, depuis longtemps, il existe un projet d'introduire des chongemens importuns dans l'organisation in-
C') Altel' rOti
c lI.~
lcelo cs/. Collinus.
/ioc /avacl'lIm influil.,. 'la(c
par,~
absque ulla
�9!)
tcrieure des bains .. La construction d'un établissement neuf,
réunissant les conditions voulues pour rivaliser avec ce qui
existe de mieux ordonné dans ce genre, serait une réforme
vitale dont tout le monde appelle la réalisation. Depuis de
longues années, on s'occupe de ce projet. Mais il est à craindre
flue les vues progressives et les cfforts louables de quelquesuus des nombreux propriétaires des sources ne viennent
échouer contre l'esprit étroit et conlrariant des autres. Des
intérêts rivaux, peut-être mal calculés, paralyseront l'élan
donné par quelques hommes éclairés.
Nou donnons ici la description des bains actuels qui n'ont
d'intéressant que leur originalilé. Nous reviendrons encore
Sur cettc partie en signalanlles changemens indispensables
il opérer non-selLlement dans la distribution dcs bains, mais
encore dans plusieurs points de l'administration, de la direction cl du service.
Lc bail! vieux, autrement appelé ancien bain des Mess lC itfs,
cst siLué au nord dc la place, il quelques pieds seulerpent de
la som'ce St-Laurent, qui l'alimente, comme on l'a v.u plus
haut, au moyen d'un canal qui n'cst pas visible, s'échappant
immédiatement de SOIl bouillon.
C'est snI' le même emplacemellt que fut construit le premier bain qui exista près dç la grande source (').
Aujourd'hUi le bain vieux n'est encore autre chose qu'un
!tangard de formc carrée donl la partie supérieure en bois
repose sur des murs de huit pieds de hauteur environ.
La charpente qui le recouvre est d'un Iravail grossier,
ex('cuté sans <Toùt et fi ns régularité Des ouvertures considérables, duu diverses partie de la toiture) livrent pass(l<Te
11 des courans (l'uir fort dung'creux pOUl' les malades et désagréables pOlll' lOllt le monde.
n Voye:/. Stl
lpn
~ MUllster, CollillllS
cl autres.
�100
•
Deux eut rées , l'une au midi, sur la place, prés de la sotwce
St-Laurent, l'autre au nord, conduisent dans son intérieur qui
est divisé en qualre parties, il peu près égales, formant quatre
grandes piscines Olt carres irréguliers de quatorze pieds de
longueur, douze de largeur et de trois pieds de profondeu r
environ. Ils peuvent contenir chacun de vingt-cinq à trenle
personnes.
Le fond des deux piscines situées au couchant est forme de
larges dalles; leu rs parois des quatre côtes sont en bois. Le
fond des cleux autres carrés, au levant, est en planches ainsi
que leurs parois, autour desquelles sont fixés des bancs où
les baigneurs peuvent s'asseoir.
U ne galerie, hordée d'une balustrade en hois, traverse
l'édifice dan'" toute sa longueur, d'une entrée à l'autre, et sépare ainsi les dOllx piscines du couchant de coHes du levant.
C'est là que viennent se placer les curieux 1 les parens, les
amis ou les connaissances dos malades pour entretenir avec
eux la conversation pendant le bain.
Une' goutière, dans laquelle l'eau puro de la source coule
continuellement, divise le baIn vieux, en sens contraire, en
separant les deux piscin es du midi de celles du nord.
A côté de chaque piscine, il existe un vestiaire chauffé,
commun aux deux sexes, dan lequel on se rend par une petite galerie longeant 10 mur principal. Le vestiaire communique au calTé au 'moyen d'un peLit oscalior par loquel Oll
doscenù au bain.
Un calJineL de douches, construit en planches, él éto pratiq li é
à côté de chaque piscine, excepté celle ou coule la SOltn:e
(l'or qui n·en a point.
Dans le bain vieux, les ùouches sont organisées de manière
que beau co up de per onnes ne peuvent le prenùre sa ns de
graves inconveniens. Les malades d'ulle certain e taille ne
peuvent ni 0 mouvoir, ni prendre les positions lIécessa ires
dans ce réeluit sans air et sans lumière, où ils sont presque
étouffés par la chllte ct les vapeurs de l'cali. Bien plus, les
�'101
maladcs ont l'habitude d'y clltrer seuls,sans doucheur ou doucheuse, comme cela se pratique aillcurs. De séricux dangcrs
peuvent résulter dc cet état de choses j car s'il arrivait uu
accident personne nc ponrrait en être avcrti.
Le bctin "'erra ou bain neuf; anciennement appelé bail!
des gellli'lshom1ncs ou des 11Oblcs, est alimenté par la SO/t'/'(;e
St-Lcwrenl, dont il est éloigné de soixante· quat re mctres. Cc
bâtiment que les avalanches ont détruit tant de fois, a toujours
été relevé SU I' le même emplacement et son intérieur organisé
d'une manière plus ou moins convenahle. Il fnt reconstruit, tel
qu'on le voit aujourd'hui, en 18 16, sur les restes dc l'anci en
bain, qui était tombé, au dirc dc personnes qui l'ont vu, dans
un état d'abandon co mplet. Le bairl actuel [orme un carré, il
pell près reguliel'. Le co rps principal du bâtiment es t en murs,
surmonté d'u nc charpente et d'uue toiturc qui rappelle entièrem ent celle du ba/nv/cux.
•
. Deux entrées principales, la première, au lovant, du côté de
la promenade, la secondc, all couchant, conduisen t dans l'intérieur divi é, comme celui dll bœin vieux, en qu!)tre grands carrés. Une galerie traverse l'édifice daus toutc sa longu eur, d'li Ile
entrée il l'uutre, ct sépare les deux piscin es dll midi dé celles
du nord. Plusieu rs entrées co nduisent en ouire de l'ex térieur
dans l''s vcs tiaircs qui so nt ici séparés po i l' les deu x sexes.
Cctte mesu re est sans résu ltat, les pel' ounes de se ,e dilfcrent, pouvant se rencontrcr sl1 rl 'esca! icr en entran t ou cn
SOrtall t du bai n.
A côté de chaquc grande piscinc, UIJ cabinet de dOllches,
Conslruit en planches, présente tous le inconvenien et les
Ill.êrn es défauts quo nous avons signalés en parlant du bain
1JIellX.
Lcs piseines sont plll pacieuses qu e cclles du bain vieux.
Elles ont dix-huit pieds de longueur Sllr treize de large ur.
Leur profondeur est de troi s picds. Trente à IrCllte-cilHI pcr~
sonn es peuvent aisément y prendre leur bain en même tcrnps.
J;eur fond est form é de larges dall es.
�J02
Dans l'es pace qui se trouve eutre les grands vestiaires
des linés au service des piscines principales, le bain neuF a
l'avantage de contenir de chaque côté, au midi et au nord, plusieu rs ca rrés de moindre dim ension, assez vastes pour trois ou
quatre personnes. Leur entrée es t séparée. Ils sont ordinairement occup és par des malades qui éprouvent de la répu- _
gnallce à prendre leur bain en commun ou que d'autres motifs
tiennent (doignés de la société.
Du côté de la promenade, il exisle encore quatre petites
pisoin es, construites postérieurement à l'édilice principal.
Ell es sont, comme celles dont nous venons de parler, destinées
à des bains particuliers. Elles sont commodes et ])ien éclairées, mais les vestiaires ne peuvent être chaulfés.
Le ba·in mric/tOis fut ainsi appelé, parce qu'anc.iennemen t
les. fam ill es de cc can ton qui, chaque année sc rendaient il.
Loëcll e, en assez grand nombre , le frequentai ent de préféJ'encc. L'cau lui est fournie par la source Sl-Lewrwt. JI est
co nstruit en pierres. Sa division intéri eure es t semMable il.
celle des autres bains; mais i.l est beaucoup moins vaste. Il
e t dis.trih ué en quatre parties formant autant de piscines de
onze pieds de long sur huit de 1ar o·e ct de brais de profondeur.
Ull \'e liaire pOll r chacl'lC pi cille. Les deux carrés du couchallt Ollt chacun un cabinet de douch()s, ceux du levant Il·en
ont point.
Le bft/n zur/r;//OÎs n'est presque plus fr équenté aujourd'hui
quo par des malades appar tenant il. la classe inférieure de la
société.
1.e bain des ventouses fail panic tlu même corp de hHtiment
qllc le précédent dont il n'es t séparé que par un e J"aihl o cloison.
11est formé de dellx petits carré ulliqu ement destinés II l'application des Yentoll cs, co 111 111 0 SO li nom l'indique.
Le bain de l'ltûlcl des AIJll's. Cet étab lissement vient d'être
con lt'uit 11 nellf" il cô té de l'hôtel dont il porte le nom, SUI'
Il Il e éll1i nenee fl'o ll l'onjouil. d'II Il e hell e vlle SIIl" tout le has in
�103
dit vallon. il est alimente, comme on a pu le voir plus haut,
par les sources de l'ancien bnindes guérisons. L'eau parcourt
un espace de 580 mètres environ pour arriver au réservoir
d'où elle est distribuét\ il. toutes les piscines do l'établissement.
Sa température en sortant du rcsel'\'oir est de Ml'OC. Quoique
l'organisation intérieure du bain de l'hôtel des Alpes ne soit
pas exempte de nombreuses imperfections, elle a cepeTldant
été conçue de manière il presenter des cOllditions de commodites et d'agrément que l'on ne l'encontre pHS encore dans les
autres bains, il. Loëche. Le bâtimellt est vaste ct bien éclairé.
Un grand corridor le traverse dan ' louté sa longueur du nord
au midi ct le divise en deux parties il peu près égales.Au couchant, quatre grandes piscines, pouvant contenir chacune de
vingt-cinq il. trente persQnnos, sont placées sur la même
ligne. Elles sont destinées aux hains communs. Le fond et
les parois de toutes les piscines sont formés de dalles, condition avantageuse de propreté. Deux vestaires, un pour
chaclue sexe, ont été ménagés il côté de chaque grande pi cine,
Mais celle mesure n'atteint nullement le hut que l'on s'est
proposé, puisque les personnes do sexe différent doivent
entrer et sorUr du bain pal' lu même escalier.
Il eXiste un cabinet de douches, il côté de chaque o'rand
cané. Ces cabinets sont spacieux, suffisamment éclairés et
munis d'appareils divers pOUl' place!' le malade dans ulle
}losilion convenahle.
La pal'tie de l'édifICe, située au levant est divi ee en dixhuit petiles piscines de différentes di mensions destinées aux
hains particuliers et de famille. lWos sont distribuées de
manière il recevoir d'une il cinq et même six personnes. Tous
cc petits cabillets de 1)aill Ollt leur douche particulière.
A l'extrémité méridionale du bâtiment, on organise un
cabillet pOUl' les hains de vapeur qui sera déjà mis cette
année il la disposition des malades. Cetle amélioration importante seru en même temps une nouveauté, car il n'en a point
exi té jusqn'ici il Loëche.
�IJains des pauvres. Il est situé entre les deux parties du
village, sur la rive gauche de la DaIa, près du pont qui la
traverse à cet endroit, sur le chemin qui conduit au Gemmi.
Ce bain n'est qu'un simple hangard en bois divisé inlérieument en deux piscines, deux vestiaires, une douche; le tout
dans un assez misérable état. Il est alimenté par la SOIlTce
des pauvres dOtlt nous avons [élit la description page !~8.
La température de la source des pauvres à son bouillon est
de 1',6,5. C. et non de M,50. C; comme nous j'avons indiqué(1;
par erreur, à la page l,-8.
L'eau est conduite au moyen de tuyaux en hOis, dans un
espace assez long, d'ahord au travers des prairies maréca<Teuses situees au couchant de la source dont nous parlons,
puis les conduits descondent rapidement le versant, au nord
de l'hôtel des Alpe.~,
pour arriverimmédiaterncnt dans les
piscines.
Nous ne dirons rien du bain nellf dOllt la cOllstrllction est
commencée. Le travail est encore trop peu avancé pour porter
un jug'ement snI' les avantages que présentera ccl établissement. Tout fail présumer pourtant que les propriétaires ne
négli<Teront rien de ce qui peut contribuer à faire disparaître
les imperfections nombreuses qui exislent dans les anciens
établissemens de bains. Ils s'étudieront il opérer dans ce
nouvel édifice les réformes indispcltsables, depuis longtemps
réclamées par le public. Ils s'appliclucront à y introduirc
Ioules les commodilés que l'on rencontre ailleurs. L'organisation des douches doit spécialement fixer 1 ur attention.
l,a position bien ontendue des cabinots de bains ct des vestiaires , la propreté, 10 chaufrage ct la lumière, la facilité de
la circulation dans l'intérieur , la composition du personnel
ct une bonne direction cles gens de service, l'ordre , ['exactitude ct nne surveillance évère , sont des conditions essentielles.
�PROPRIÉTÉS MÉD1CALES DES EAUX.
Il n'est pas dans notre intention d'entrer ici dans de longs
développemens sur les effets des eaux minerales en général,
cela nous entraînerait hors des limites d'un court travail.
L'on sait que leur action sur l'économie animale n'est pas
toujours en rapport avec leur température ni avec les principes les plus actifs découverts jusqu'à ce jour dans leur
COmposition. Aussi l'observateur est-il frappé de la diversité
des symptômes et de la différence des résultats (lui se présentent il lui pendant l'usage des caux. Il faut le dire, la
SCien ce en est encore réduite à bien des incertitudes, quand
elle cherche à expliquer un grand nombre de faits dont la
cause encore inconnue lui échappe.
La chimie, a dit M. Alibert, est pour les eaux minérales,
ce que l'anatomie est pou r le corps humain, mais elle ne
saurait tout révéler (*). En effet, ello rencontrera toujours
dans ses recherches, malgré le perfectionnement continuel
~e ses moyens, certaines limites qu'elle ne franchira jamais.
Cal' il y a daus les eaux minérales, pour nous servir de l'expression de M. Foissac, une verlu intime, un mouvement,
(.) hécis hislOl'i1luC des enux minéral es, pnge '15.
�106
une vie dont la naturel si riohe Cil phénomènes) s'est réservé
le seoret (').
Il ne faut do no pas s'étonner si 1 il côte de quelques
symptômes à peu près oonstans produits par certaines eaux
minérales 1 l'on observe des exceptions que l'on ne peut
expliquer d'une manière satisfaisante ni par leur temp érature ni pi.\r leur oomposition telle que la ohimie 11011S la
montre aujourd'hui.
Pour être positif à oet ég'ard et contenter ce besoin ilTés~
tible que l'homme éprouve de connaître la cause véritable
de tous les phénomènes qui frappent ses regards et des
merveilles étonnantes que la nature lui présente dans les
révolutions qui s'opèrent dans l'économie animale par l'usage
des eaux minérales 1 il faudrait pouvoir attribuer des effets
médioaux donnés à tels élémens minéralisateurs ou il la
oombinaison d'un certain nombre d'entre eux dans telles
proportions. Il faudrait que l'cau il tel degré de température
ou par tel mode d'admini tration produisît des effets identiques au moins sur des alTeotions morbides du mêm e genre.
Mais il y a loin de ce degré de oertitude il cc que l'expé)'i ~JI1ce
nous m.ontre. Car des faits nombreux ct bien observés
viennent tous les jours mettre sous nos yeux des résultats
contradiotoires et souvent inexplicables) et prouver que l'action intime des caux minérales sur l'organisme est enoore
un profond mystère.
On oonçoit l'aotion prononcée des caux sulfureuses sur
les maladieS de la peau. Les eIfets énergiques du soufre sur
le système culané sont depuis longtemrs oonnus. Mais comment se rendre oompte de l'action si étonnante de oertaines
caux sur le même système 1 lorsque les investigalions les
plus attentives et les plus minutieuses n'ont pu parvenir à déoouvrir dans leur oomposition un atôme de cetle substance?
�'107
Les eaux de Loëche sont de ce nombre. Les savantes recherches de M. Morin , sa découverte de quelques principes
qui avaient échappé aux analys es précCdentes, n'ont pu le
conduire il établir des traoes seulement de la présence d'une
substance sulfureuse dans ces ea nx. Pourtant, ce sùnt les
affections r.ehelles ct invétérées de la peau contre lesquelles
ont ordinairem ent échoué et l'.usage d'autres eaux minérales
et les moyens thérapeutiques les plus rationnels cl, les plus
énergiques, qui amènent chaque année il ces thermes le' plus
grand nombre de malades. C'e8t surtout aux brillans succès
obtenus contre les maladies de ce genre qu e ces sources celèbres doivent la réputation européenne dont elles jouissent,
Un phénomène remarquable, qui accompagne ordinairement l'usage des eaux il Loëche, surtout prises en JJa ins ,
c'est l'eruption cutanée, connue sous le nom de poussée. Nous
reviendrons sur ('e curieux exan thême qui a déjà. donné lieu
il beaucoup d'hypothèses ct de discussions et sur lequel les
opinions sont encore fort ement divisées. Il se manifes te chez
le plus grand nombre des malades. Cependan t on observe,
sur certains sujets, l'absence complète de celle éruption
quelle que soit la longueur de leur cure , la température de
l'eau, la ùurée de leur bain, la nature de leur maladie i
quelles que soient les variations de l'âge) de sex~)
du tempérament.
Un autre fait digne de remarque, quoique plus rare, c'est
l'apparillon de la poussée chez des individus qui ne prennent l'cau qu'en boisson, tandis que, chez d'autres individus , elle ne provoque aucun symptôme perceptible sur tout
l'appareil tégumentaire.
La poussée, dans sa naissance, sa marche ct sa disparition présente des ca ractères pftftic.uliers cl des variations
frappant es. Ici son explos ion es t subile, souvent après le
premier bain ; elle a/l'ecte telle ou telle forme et variù son
é~endu
de manière qu'elle est circonscrite 11. quelques réglons seulement ou répandue sur presque toute la surface du
�108
•
COI:ps. Là elle est moins prompte , SOli développement plus
lent, son cours plus régulier, sa disparition plu s tardive et
plus graduée. Chez l'un, la poussée , sans cause appré(jiabIc, disparaît subitement pour reparaître quelques jours
plus tard, ou bien elle quiLlera une place pour se jeter snr
une autre i chez l'autre, elle persiste avec une gra nde opiniâtreté qui oblige souvent le malade il pro' onger les eaux
de plusieurs jours.
Le bain, souvent la boisson senle, fait éprouver aux uns
des malai5es de divers genres, de l'inappéten ce, des embarras gastriques, de la constipation, de l'agitatioll, de l'insomnie, des chaleurs fatigantes. Chez d'aulros, au contraire,
les fonctions digestives sont plus aclives, l'appétit plus pl"O- .
noncé, les évacuations alvines devi cnuent plus fréquentes,
quelquefois il y a même véritable purgation; tout l'appareil'
alimentaire se trouv e dans un état bien marqué d'excitation
et d'activité.
La poussée présente des variations singulières chez le
même individu qui prendra les caux pendant deux saisons
consécutives, comme chez cclui qui, dans un moindre intervalle, prendra deu x fois les caux dans la même année,
comme cela a lieu assez fréquemment pou r des cas graves
cf invétérés. Il en est de même des e[ets curatifs. Les malades qui auront pris les bains plusieurs années auront pu
facilement remarquer qu'après telle saison la maladie aura
été guérie ou sensiblement améliorée, tandis qu'ulle autre
année, loin d'éprouver du soulagemcnt, le mal sera au CO IItraire resté stationnaire ou p'eut-être aura-t-il empiré.
Des symptômes si opposés et si divers sont d'autant plus
frappans , que souvenl ils se manifestcnt chez des sujets atteints d'affections qui paraissent idenliqlUls par leur nature,
leurs caractères, leur forme, leur Jll1cienneté. Pour certains
cas, on peut même ajouter, par leur siégc et le traitement
antérieur. n ya plus, les malades vivent sous les mêmes
conditions hygiéniques , observent le mÔlT\e régime , prell-
�iO!)
tlent les mêmes alimens, le même bain, en mème temps, le
même nombre d'heures, il la même température. Quelle est
ùonc la cause de cette diffcrence? Réside-t-elle dans les
caux, ou dans la eombinaison de leurs èlémens? S'il en
était ainsi, leurs effets sur l'organisme devraient toujours
être semblables. Ne faut-il pas plutôt la chercher dans ):organisaLion individuelle du mnlade, dnns la nature intime de
son mal, dans des complications c:lchées, dans l'effet des
moyens thérapeutiques employés à les combattre? L'âge, le
soxe, le tempérament, la vitalité, l'idiosyncrasie du sujet,
no sont-ils pas autant de conditions qui peuvent modifier les
effets des caux et constituer, par leur concours, l'action mystérieuse des caux de Loëche, selon l'expression de 1. Alibert C). Nous le pensons; ct ce point important dans l'administration dos eaux minérales mérite d'être sérieusement
médilé. Que de phCnomènes secrets doivent s'operer dans
le corps humain, lor. qnc, pendant plusieurs semaines, il e. t
SOumis à l'action continuelle d'un moyen aussi énergique
que celle d'une eau thermale! Que do révolulions imperceptibles pour l'œil le plus cxerce, doivent remuer et modifier
les principes intimes de la vic! Que de changomens inapperçus s'effectuent dans la composition des fluides, dans la
structure des organes divers! Que de merveilles secrütes la
nature derobe encore à nos regards 1 A la vue de la dérivation imm ense qui s'etablit ur tout l'appareil tcgnmentaire,
011 peut juger, par analogie, du mouvement qui a lieu
dans
les organes illternes el du travail qui s'opere jusque dans
les parties les plus subtiles de leur:,; ti sus.
. La poussée Ile doit donc pas être attribuée exclusivement
li l'aclion des eaux. Des caus s nombreuses et cachées
concourent à 011 développement ou empêchellt ,son apparition.
POur admettre d'une manière absolue qu'clic résulte du bai Il
Cl
MOlln{ll'apllit" tirs Ilcl'I1wlosrs, 5.')8.
�110
ou de la boisson, il faudrait obtenir des effets semblables
sur tous les individus soumis à l'un de ces modes de traitement ou à tous deux simultanément. L'étonnante diversité de
symptômes que nous avons signalés, les variations infinies
que l'érnplion subit , les alternatives d'augmentation ct de
diminution qu'elle éprouve pendant sa marche, les effets
souvent opposés qu'en ep rouve le même individu dans deux
saisons différentes, prouvent évidemment qu'elle ne doit pas
être considéree comme résultant de l'énergie des eaux et
qu'il faul encore chercher ailleurs les véritables causes de
cc phénomène.
Anciennement les bains étaient très-prolongés à Loëche.
Leur durée était souvent de six, huit ct mê.me dix heures
par jour. C'est à cette ci rconstallce qu e l'on atlribuait la
poussee. Ma is celte opinion n' est pas plus IIdmissible que
la précédenle. Les fuils viennent, au contraire, démontrer
tous les jours que l'éruption n'est point en rapport avec la
durée du bain ou la qualltit6 d'cau prise en boisson. Le
malade plonO'é, pendant un si grand nombre d'heures, dans
un bain dont la température est ordinairement assez élevl'e,
devait néce~sairmt
éprouver l'aelÎon prolongée ùu calorique qui déterminait Sllr 1,1 peau l'explosion de l'érythème.
Dans les derniers temps on a beauooup diminue la duréo
du bain , pOUl' ce rtains cns; il est prohahle qu'olle sub ira
on core de nOllvelles diminutions, lorsque l'expérience aura
prouvé quo l'on obtient des résultats semblah les. Quoique les
baiTls soient moins prolongés, OIl n'a pas remarqué la moindre modification dans les effets dos ca ux ni ùans les caractères
essentiels de l'éruptioll.
La pou ssée paraît plus ou moins promptement, poursui t
sa marche plus ou moins rég ulière, disparaît de la même municre sans que la longueur du bain paraisse avoir une influen ce hien prOiloncée su l' son cours. Pou l'attribuer à la
durée du bain la forme ct l'i ntensité de l'érup tion , il faudrait
�Hi
des fails (lui démontrenl qu'elle il persisté en raison du Ilornhre d'heures, de bains cl de jours de traitement. Il serait
curieux, par exempl e, de voir si un individu qui prendrait
les bains pendant quarante jours, le même nombre d'heures,
aurait la po ussée pendan t toul cet espace de temps. Les
expériences manqucnl à ect égard. Au reste la durée du
bain sc modifie d'aprcs la marche de l'éruption et non vice
versù, preuve que l'exanthème a une cause indépendante et
encore inappréciahle.
Une question plus importante au point de vue thérapeutique, est d'e savoir si l'éruption est indispensable au succès du
traitement et si les individus chez lesquels la poussée manque
complètement éprouvent des effets moins salutaires de l'usage
des eaux. Il est évident que pour certaine s affections la poussée doit être considérée comme un symptôme très-fa vorable et
COmme une condition essentielle de réussite . La révulsion
puissante qui s'établi,t sur tout l'appareil tégumentaire, l'étendue, la durée de celte dérivalioll qui transform e la peau en
un vaste émonctoire, la révolu tion intérieu re qui s'opèrè dans
tont l'organisme, ne peuvent manque r d'avoir une acl.ion prodigieuso sur les affections qui ont leur siége dans les organes
profond ément situ és. L'éruption déplace , pour ainsi dire, le
point d'irritation de son siége habituel pour le fix er sur une
surfaco heaucoup plus étendue el rétahlit l'équilibre dans
les fon ctions. Et s'il est vrai de dire que souvent une maladie
en guérit une autre, c'est le cas pour la pouss6e qui prend
quelqll efois, à Loëche, un tel degré d'intensité qu'elle constitue un véritahle état morbide. Le malade est IOlll'm enté au
point de passer des Mits sans sommeil. Une fièvre ardonte
l'agile, une démangeaison irrésistible, une cuisson insupport~ble,
r6pandu e sur tout le corps mettent le combl e à ses souf/rances que rion ne peut calmer que l'eau minéral e, appliquée
en fom entations sur les parties les plus douloureuses.
Mais si la pou sseo exerce uno iniluence biollfaisante sur
un grand nombre de maladi es et si son apparation doit être
�-112
con;;idàl"e comme un heureux augure du SIl C 'è. dutraitl'rnent)
cli c n'est pas pOllr cela un e cond ition absolument indispensab le de réuss ite . On voi t des individus chez lesquels
J'érup tion manrIu e entièrement , d'antres, chez lesfluels son
développem ellt est si faible qu'elle ne présente que des tra ces,
obtenir un e guérison complète et éprouver les plus heureux
effets de l'usage des èaux. Il serait assez difficil e, au res te,
d'expliquer l'influ ence de la poussée da!;s certaiues alfections
nerveuses dépendant d'une excessive sensibilité ou qui n'auraient pas leur cause dans la rcpercll ssion d'un e maladie
cutanée.
Attribuer la cause de l'éruption il l'élec1 ri ci tc, au ga lvanisme dont 011 ne peut , d'ailleurs, contester l'action sur l'organisme animal, parce que les variations dy l'atmosphère, la
dilférence des saisons paraissent modifier les formes, l'intensité , la marche de la pOllssée, c'est recourir à des généralitcs pOllr expliqu er un ph énomène dont on ne peut 50 rendre
compte. C'est s'en rapporter à la [oree d'un agent très peu
eonnu pour éclaircir ull e question plus obscure encorc. Ce que
la physiqu e nous a appris jusqu'ici sur la nature des nuides
impondcr&bles est encore tJ'op incertain pour qu'on doive leur
attribuer tous les ('ffets dont on ne peu t découvrir les ca us es.
Comme tout ce qui est nouveau, les vertus des ea ux de
LOëCbc, dans les premi ers temps qui suivirent leur découverte, furent vantées contre un si grand nombre de ma ladies,
qu'on serai t tenté de les co nsidérer eomme un e panaoée universelle, si le temps et l'expérien oe n'avaicnt l'ail reco llnaÎtre
beaucoup d'erreurs et modifié les idées sur leurs effets médicaux.
Avant l?abric de Hilden qui com mence à donner des indications un peu plus po ilives, quoique sur plu sieurs points
il parta ge encore les opinions erronées de ceux qui l'avai ent
précédé, les anciens paraissent avoir peu obscryc les proprietes médi cales des eaux de Lotiche , et s'il faut en croire
cc qu'cn rapportent les auteurs qlli s'en sont occtlpés pen-
�n,
113
danLle seizième siècle
elles élaielll ordonnées pour des
maladies contre lescf!lelles 011 n'oserait sans danger les
prescrire aujourd'hui. Les eneurs dBs nncicl1s provenaient
de la connaissance imparfaite (pl'ils avaient des principes
(lui erHraient. dans la composition des eaux. En admetr.ant la
présence, tantôt du cuivre et du t'eJ'j' làntt3t du soufre ou
d'autres subsLances, il est évident qu'ils devaient leur attrihuer des propriétés différentes.
.
Si 1'011 eut tenu un registre exact des succès obtenus et
des effets funesles survenus pendant l'usage des eaux, on
ne lirait pas, dans la série interminable d'cs infirmités qu'on
traitait à Loëche, des maladies pour lesquelles elles sont
formellement interdites do nDS jours.
1
Les fièvres de tout 11,'en re, l,es affections du cerveau, les
Jll1.aux d'yeux, des oreilles, de la g'orge , les maladies des
poumons, dll cœur, du foi , de la rate, des reins guérissaient à Loëche, au dire de Collinus et de ses devanciers.
Agll a cereûro, cordi, hepati con{erl; debilitatipulnwlI1's, 11Cphriticis convenit. Les affections graveleuses, les calculs vési?all x cèdaient 11. leul' action , wlwlosos sal1at. IL n'y a pas
Jusqu'aux hydropisies de toules sorles qui n'en éprouvassent
les heureux effets; hydropis omnibus specieûuiI auxiUatttl' C*).
On voit une exagération évidente dans celte énnmération
de maladies pour lesquelles on devait se rendre en foule à
LOëche.
Au eolhmencell1ent du dix-septième siècle, Fabrice de
Hilden observa plus attentivement les effets des eaux. Les
sont encore en
preceptes généraux œhygiène qu'il don~e
partie observés de nos jours. Il prescrit cependanl certaines
précautions à prendl't.l avant, pendant et après le bain dont
(.) Voyez SiOllel', CollihllS, etc.
(H) Collinus, pnge 147.
8
�111/.
la plupart sont tombées en désuctude ct dont l'expérience a
démontré le peu d'utilité.
Scheukzer) en 1705) critiquant les observations des auteurs qui avaient écrit avant lui) spécialement Collinus) est
tomM dans le même ~xlrême.
A près quelques essais d'analyse) il reconnut dans les caux) entre autres principes) la
présence du fer) (crocus martis)) auquel il attribue toules
leurs propriétés curatives. Il prétend que cette substance
combat efficacement la constipation source de tous les maux (').
C'est la constipation qu'il considère comme cause de toutes
les fièvres, des hémorrhoides, de Lous les désordres de la
menstruation et des fonctions des organes urinaires, des maladies de la peau, etc. Scheukzer sc plaint amèrement de
ce que, de son temps, aucun médecin ne se rendait à Loëche
pour donner des directions aux malades qui se trouvaient
ainsi privés de tout secours éclairé) prenaient les eaux sans
autre conseil que leur caprice et leur bon plaisir.
Vers le milieu du dernier siècle) Naterer recueillit un
grand nombre d'observations sur les effets des eaux. Doué
d'un esprit d'observation remarquable, il établit une distinction assez tranchée entre les maladies qui pouvaient obtenir
il Loëche une glléri on radicale ou du moins une sensible
amélioration) et celles dont l'état aurait été aggravé ou pour
lesquelles les effets des caux auraient ét6 funestes. Nous
les trouvons consignées dans son traité écrit avec une lucidité et unc simplicité intércssantes. On peut dire que c'est
depuis Natercr que les eaux de Loëche furent administrées
avec discernement et prudence ct (.m'on ne les conseillât plus
pour loutes les maladies indistihctement. Le mode d'administration qu'il introduisit pour le.bain et la boisson , la durée
du bain ) celle du traitement) ct les règl es h.ygiéniques qu'il
C') Dies isl dia lJiichs PU1!llol'((I, mIs 1velchl'1' alles UnlwU ml slandon . • cheukzet·, 8chwei::('risclw Berg- lleisell, p. 156.
�115
prescrit se sont conservées, sauf quel(Jlles légère moclifications , jusqu'à ce jour.
Nous aHon énumérer, en peu tIe mots, los divers genres
d'affections sur lesquelles les effels salutaires des eaux de
tOëche sont démontres par l"exp érience. Nous placoron
erl première lig·ne le maladies de la peau. Les anciens
avaient d~jà
remarqué leur action bienfai ante sur celle
classe d'infirmilés
En effet, c'est sur les affection du
système cutanee que les eaux de Loëche exercent une puissance vraiment étonnante ct révèlent au plus haut degré
l'énergie de leurs proprietés médicales.
L'innombrable famille des dermatose trouve à Loëche un
moyen dont les effets sont prodigieux. Les cas invétérés
et rebelles, qll i out résisté il tous les moyens, peu vent enCore espérer sinon une guérison complète alL moins une
amélioration marquante.
Ce n'est pas 11 dire pOli r cela que toutes les lésions du
système cutanée puissent être traitées avec UI1 succès assure.
li y a malheureusement dans ce genre d'affections , comme
dans d'antres, des maux ineurables qui ont jeté dans l'organisme des racines si profondes, causé dans les fonctions importantes il la vie d' telles perturhations, ou anéantit les forces
vitales au point que le l'es ources de l'art, ainsi que les merveilles qu'opèrent parfois les eaux minérales sont condamnoes
11 rester impuissantes devant la force dé. org·auisatrice et les
progrès elrrayans de la maladie. Cependant s'il existe un
moyeu de combattre ce genre de maladies hideu es, qui souvent font de l'ètre le plus intéressant eL le plu chéri, un
objet d'horreur pOUl' cs ami. et se emhlables, par les
ravag'es qu'elles exercent su r l'enveloppe tégumentaire, il
faut le chercher dans l'Il ag·e bien appliqué des eaux. Dans
ces ortes d'affection, a dit M. Alibert, les caux minérales
nattt,j'cllcs sont 011 idérces comme l'agent thérapeutique le
n.
(.) Scabici c/ljtlsclIlIlqua gelri~)
et impcligini mede/w·. Collinus.
�HG
plus efficace, et pOUl' l'amener le derme il sou élal norlllal, les
bains jouent, sans contredit, le rôle le plus utile
Ainsi les dartres et leu rs nombreuses variétés, les degénérescenses dont elles sont la cause, seront efficacement combattu es par les eaux de Loëche. Quelle que soit la fonne qll'clles
alfectent, squameuse, furfuracée, vesicul0llS0, crustacee, sèche,
humide, rongeante; quelles cflle soient les désorganisations
(lu'eHes aient occasionnées daus les tissus; qllc1te que soit
leur étendue, leur ancienneté ()u le IraUement auquel elles
aient été soumises antérieurement, elles peuvent attendre un
soulagement des eanx de Loëche. Mais leur action se mOlltm
surtont dans tonte sa force, quand il faut ramener à l'extérieur ces larges plaquos qui ont sl\lJ,itement disparu, l'épercutées par une influenco quelconque. l .. a poussée est ici
d'un avantage inappréciable, en rappelant à la peau, par la
grande dérivation qui s'y étahlir., en fix an t à son siége primitif
le mal errant et menaçant les ot'ganes intérieurs en portant
de graves désordres dans la régularilé de leu rs fonctions.
Combien de malades sont outrés avant le Lemps dans la tombe
ùes suites d'une maladie cutanée l'épel'cutee, el dOllt 011 n'avait
tenu aucun compte!
Selon la gravité du cas, les haills prolong'os serout iüi tout
il rail à leur place et l'on peut di re qu'il faudrait par leu r du rée
provoquer l'explosion de l'éruption, quoic{ue co ne soit pas
toujours possible.
Lorsque les afrcclions clartreuscs unt podés leurs ravag'es
dans les couches profondes du derme, que ses fOJlütion ont
pour ainsi dire, alléanties ou sont devenues complètemcnt
anormales, qu'une atonie marquante règne dans la région malade, que des ulcères atoniques de mauvaise nature ont le
résultat de la marche de l'afI'cction, il faut seconder l'aclion
• du bain par d'autre moyens dont l'efficacité est connue.
Les do lIches , modifiées selon le cas, sont ici un puissant
n.
Cl
MOllogrnl'hie tks Uerul:ltos('s) pag, 1ü8.
�117
ltuxiliail'4 l pOlir ruuirn cr la vilalite du derme cl lui rendre la
forc e suffisa nte pour luLLer conlre le principe destl'llcteur qnÎ
l'a envahi.
Si, au co ntraire, la parlie malade presente une ini.tal.ion
trop vive, si une phegmasie s'e t empare du siég'e et du conlour de la région affectée' si des congestiolls considérables
distendent le résea u capillaire du derme et y entretiellnent
de l'enflure , un foye r inflammatoire continuol, l'application
de ventouses scariflees sera avantageuse pOUf opérer un dégorgement parti el , diminu er l'irrHalion et ram ener insensiblement l'o rg'a ne il son élutualurel. La température du bain
devra au si être plus mitigée ct sc régler d'après la nature
de l'alfection.
Les autres variétôs des malaclies cutan ées so nt toutes traitées il Lo ëche avec succès, La psore etlolli es les espèces
qu'ell e engendre et qui, ans causer des désorganisations
bien notab les ur la peau, n'en sont pas moins insupportables
pal' le prurit , les brùlures, les démangea iso ns, les insomnies,
qu'elles occasionnent, trouveront à Loëche un puissant moye n.
de soulagement. Cetle cla se de IIwladies cutanées, par les
sOllfi'rances et l'agitation co ulillll elles qu'ell es fOllt éprouver
anx perso nn es qui r n sont atteilltes, les conduit so uvent à un
dépérissement irl(luiétallt et souvent fun es te.
On a prételldtl !fue la gale ct es variétés n'êprouvaieut
pas un elret salutai re de::, I)a ux de Loëche, [J ous cu nnaissons
cependant plu sieurs adultes, mais surtout un grand nomhre
d'enfans dOllt le traitement pour cette afl'uction, même iuvétérée, a été co uronn é d'un plein succès.
Après les maladies de la peau viellllenllcs scrophules et
les nombreuses complicalÏons qu'elles enfantent, telles qUI}
les ulcere au nez, aux paupières, aux oreilles, les engorgeIlleu atoniques des glalldes parotides, ous lingual es, mésentériques, lcs tumeurs Manches des arliculations.
Un vice daus l'élaboration des sucs divers clcstiués à la Illl-
�liS
trition et au développement de l'organisme cOllstitue la nature
essentielle de celte désolante affection qui répand le deuil et la
désolation dans tant de familles et conduit au tombeau, avant
le temps, d'innombrables et intéressantes victimes; car c'est
sur l'enfance, surton! avant l'âge de puberté, qu'elle exerce
ses ravages, et si l'individu qui en est ntleint survit à cet àge ,
mille maux empoisonnent son existence ct tous auront pris
leur origine dans la sou l'ce primitive ) le vice scrophu leux,
qu'il aura apporté , au moius le plus sOllvent, en venant au
monde.
Les eaux de Loëche modifient d'une manière remarl{uable la composition des snes vitaux. La 1yrnphe, paf l'énergie
que l'eau exerce sur le système glandnlaire, subit une meilleure élaboration. La nlltrition sera plus active et plus appropriée. Le sang éprouvera une modification salutaire dont
les efrets heureux se feront spotir sur toute l'économie. La
boisson secondera d'une manière efficace l'usage du bain
dans les scrophules, en exerç\ant une action stimulante su l'
tous les organes digestifs, en leur imprimant une activité
nouvelle, nécessaire il une meilleure élaboration des alimens.
La boisson exercera encore son influenco salutaire sur le
foie, 'la rate, les glandes mésentériques; favorisera les évacuations alvines et permeltra au' humeurs une circulation
plus facile, en operant peu il pellle dégorgement des tum eurs,
la résoliltion des obstructions dont ces organes sont si
souv lit le siége. Celte résolution est encore favorisée par
la dérivation puissante qne la poussée produit ordinairement
snr la penu. La c.irculation étant plus active il la periphérie,
l'espèce de congestion qui s'établit sur toute l'enveloppe
extérieure laisso plus de liberté au mouvoment circulatoire
dan. les organes profondélllent situés. S'il existe des glandes
tuméfiées, des engorgernens ft'oids, atorlÏ(Iues, ayant déjil
résisté il d'autres moyens, on peut seconder le bain ct la
bois 011 par ]'appli()ation de la douche pour en opérer in~ensrblmct
la résolution. En stimulant la circulation locale,
�H9
pal' l'impulsion quo la secousse imprime il la vitali lé ùe
l'organe, la douche produit souvent des effets inespér
~
dans les engorgemens scrophuleux des organes du systême
glandulaire.
Une autre avantage inappréciable pour ce g'enre de maladie, ce sont les conditions hygiéniques dans lesquelles
les scrophuleux trouvent il Loëche. Plongés dans une atmosphère pure, douce, vivifiante, embaumée du parfum
des fleurs alpines, à une 6lévation moyenne, entourés des
spectacles imposans el varies que la nature leur présente,
le régime, les promenades, la société joints aux propriétés
remarquables des eaux, les malades doivent éprouver un
changement rapide dans le rétablissement ou l'amélioration
de leur sante. Souvent le vice scrophuleux a fait de si grands
ravages dans l'organisme et s'est si profondément enracine
dans la constitution de quelques individus que plusieurs our es
deviennent nécessaires pour venir à bout de l'extirper complètement. Le temps exerce une grande influence sur Jo
d6veloppement du tempérament ct la force qu'acquièrent
certaines fonctions,
Les affections rhumatismales chroniques, ayant leur siég'e
dans le système musculaire, si elles sonl enlicrement exemptes
de tout symptôme qui pounait encore faire soupçonner l'existence d'un état inflammatoire, éprouvent souvent de bons
Offets de l'usage des eaux thermales de Loëche, Le diagnostic est cependant quelquefois fort difficile; lorsque l'on croit
avoir un cas pour lequel on cr{)it l'efl'et des eaux presquo
a~sUl'6,
on est Monné de voir, pendant le traitement, d'anOlens symptômes, qui avaient disparu depuis longtemps, se
r,6veiller et prendre une inlensité remarquable. La révolulion, qui s'opère dans l'organism e pendant la cure, ramène
Souvent à 1'6tat aigu des affections anciennes qui avaient été,
pour ainsi dire, assoupies par le temps ou par l'effet des
moyens thérapeutiques employés à les oombatlre.
Les rhumatismes chroniques exigent des hains plus pro-
�120
longés et noe lempérature pIn élevée. Le caloriquo ctant le
vrai spécifique du rhumatisme. L'npparition de la pousséo
est ulle circonstance favorable. Toul l'nppareil tégumontaire
transformé en Ull vaste émonctoire déplace l'irritation ayant
son siége dans les enveloppes profondes des l'ai ceallx fibreux
musculaires. Les complication 1T0ullouses chronique , les
déposilion qu'clles laissent souvent dans les environ des
articulations, éprouvent SOllvent un soulagement de la boisson
des eaux jointe aux bains. Le contractions des mu cie, résultant d'un rhumati me anoien et empêchant le mouvem ent
des membre , réu sissent quelquefois. La dou che et les
ventouse rendent souvent dos erviceg signalés dan les
rhumati mo parfaitoment localisé, par la dérivation et ln
secousse qu'e1les produi ent.
ous connaissons de malade " atteints d'affections rhumatismales anciennes, de sciatiques, qui ont eprollve pondant
la aison de ))ains une amélioration marquante dalls lour
état ; mais quoIque tOlllp apré avoir quitté Loëche une recrudescence s'est déolarée el le mal s'est fait entir assez
fortemellt pendant tout l'hiver.
Les anciens avaient dejà remarqué le. proprietes des eaux
sur les affections goutteuses et rhumalismales chroniques,
ainsi que sllr les infirmites ([ui en J'esnltent quelquefois (').
Les ulcères de mauvaise nature, qui s'étahlis ent .ouvent
autour des al'ticulations ct qlli ont pour cau e uno affection
arthritique ch roni([lIC, troll vent clau los oau x de Loëche un
moyen actif de ranimer la stllJace de l'ulcore dont l'a pectsale
et dégotÎlant , et la qualile de la matière secrètee dénotent
UI1 manque presque ah. olu de vitalité dan le li sus où la
destruction marche il grand pas. Les douches seconderont
(.) Dies Wasser dicncl dCIi pnl'aliticis so clic IIa/id Gollcs hcrü/'ht
hat, Stnmplf, poge 548.
Aqua juncttlrarum lallgllol'ihus, ut ischiaclicis, 7wdagricis medcit/)' ... Ncnos (les muscles) conl1'actos laxai ct rohomt. CollillL1s.
�121
ici d'uno manière avanfageuse l'action du bain et la boisson,
en modifiant le mouvement intime des humeurs. Elles favoriseront l'avancement de la cicatrisation qui marche souvent
avec une lenteur désespérante
Les paralysies qui proviennent de loute autf(~
cause que
celle d'un épanchement sanguin dans les cavités ancéphaliques ou de la moëlle épinière, celles (lui résultent d'une affection goulleuse ou rhumatismale ancieune, de violences extérieures sur certains IronlJs nerveux, comme coups, chutes,
tumeurs, se trouveront hien de l'usage des eaux, Leur action
stimulante, pri es en hain, trouvera un puissant auxiliaire, pour
ces cas, dans l'application de la douche il forte pression. Ces
deux moyens réunis, auxquels on peut avec avantage joindre
la boisson, opèreront plus promptement la résolu lion des
tumeurs, s'il en existe. La secousse qU'lis impriment au
système nerveux, réveillera la force musculaire anéantie et
rendra aux membres leur mouvement et leur sensibilité.
Les paralysies, ayant pour cause un épanchement sanguin
dflTlS les grande cavités, ne peuvent espcrer aucun avantage
des eaux. Il serait même dangereux de les appliquer il ces
cas, à cause de l'activité qu'elles excilent dans le système circulatoire, circonstance qui pourrait occasionner des accidens
fâcheux ct peut-être amener une terminaison funeste.
Les eaux produisent des effets remarquables sur certaines
affections ùu ystème digestif, ayant leur siége dan l'estomac
et le tube alimentaire, en O"éneral, dans certains dé ordres ou
dégénérescences du foie, dela rate, des glandes mé entériques
dans les hcmorrhoides. Certain sujet , sans aJl"eclionlocale
hien prononcée, éprouvent une grande difficulté de digestion.
S'il n'y a pas dégoüt pour toute e pèce d'alimells, au moins y
~-til
d'yspepsie, manqne d'appétit constant. Les autres fonchons digestives sonl lenles) pénihles; un malaise indêfinissa-
n.
n
Ulceriblls mal-ignis tibim·llm, tistulis ... mcdrfllr ... Colliuus.
�122
bIc sc fait sentir après les repas. Les évacuations alvines sont
rares, irrég'ulières, ou souvent une espèce de diarrhée, qui
passe à l'élat chronique, est l'effet de ces nombreux désordres.
Le bain, mais surtout la boisson, modiftée selon la constitution , l'âge du malade, la nature et l'ancienneté du mal,
produisent ici les plus heureux effets. L'eau, prise en boisn~
stimulera puissamment toutes les membranes du tube alimentaire, tombées dans un ~ta
de paresse et d'atonie; ses propriétés
purgatives agiront énergiquement sur le sys tème bilieux et favoriseront les évacuations qui seront plus fréquentes et plus
régulières. On peut joindre à 0es moyens l'action très-avantageuse de la douche sur les diverses régions de l'abdomen, pour
imprimer une secousse anx viscères de celte cavité, stimuler
leur activite et l'am ener l'équilihre dans leurs fonctions respectives.
Les eaux, en provoquant la liberté de la circulation dans
les organes de la ca vile abdominale, favorisent la résolution des engorgemeLls des différens viscères, surtout du foie,
où il faut chercher la cause principale et la plus Frequente
des hémorrhoides , à cause de la difficulté de la circulation
et des stases qni s'élablissent dans 10 système de la veineporte. Si l'on reunit il tous ces lOoyens l'influence de l'atmosphère pure, du mouvement, des promenades el des distractions nombreuses sur le malade, on conçoit facilement
l'avantage que l'on peut retirer du séjour et de l'usage des
eaux de Loëche dans les a[eetions des voies digestives.
Quoique les allciens aient préconisé les vertus des eaux ·
de Loëche dans les affections des organes génito-urinaires, '
dans la gravelle ct les calculs vésicaux ('), il semble que
des observations positives ct des faiLs bien constatés manquent encore à cet égard et que les donn ées ne sont pas assez
certaines pour asseoir un jugement. Il en est autrement, si
un état catharral ohronique existait dans ces organes, si un
n lUis qui taborant catculo v/!sicœ cOllvpnit, Collinus.
�123
,
\
ecoulemeut et des lésion graves etaient la conséquence d'une
dartre ou de toute autre affection cutanée répercutée, ce qui
a lieu souvent. Cependant Naterer rapporte deux cas d'I;) paralysie de la vessie où l'incontinence d'urine était complète
qui furent entièrement guéris par l'usage des eaux (l
t es nombreux dcsordres, qui surviennent dans les fonctions des organes générateurs de la femme, méritent ici
une attention plus spéciale et des détails pIns étendus. A
l'approche de la puberté, souvent il éclate , chez les jeunes
personnes , une foule de symptômes nerveux, toujours fort
inquietans ponr la malade et ceux qui l'entourent. Ils sont
OCcasionnés par les efforts de la nature qui prépare cc moment critique avec plus ou moins de difficulté, selon que le
temperam ûnt esl plus ou moins bien constitué ct l'organisation
individuelle plus robuste ou plus faible, POUl' les cas où la
menstruation parait vonloir s'établir difficilement et d'une
mani ère irrégulière, ce qui arrive très-fréquemment chez les
jeunes personnes d'une conslilution lymphatique et délicate,
les caux de Loëtihe) administrées avec précaution, contr-ibuent
par leur action stimulante ct touique, à étahlir et régulariser
cette importante fonctioll; s'il n'existe pas, dans un autre 01'galle, une complication qui cri interdirait l'usage. L'impulsion
qu'eHes imprim ent à tout le système circulatoire peut occasionner des congestions dangereuses vers des organes importans, les poumons, par exemple , y déterminer des inflammations partielles qui auraient de funestes suites, surtout si
l'on soupçonnait l'existence de tubercules dans cc viscère.
On conçoit, d'après cc que nous venons (lire, que les
caux seront avantageuses dans les désordres de la menstruation, lorsqu'c lio aurait pour cause un dépérissement général, causé par cles maladies graves ct longues , cles perLes,
cles saignées trop répétées, un relachement de l'utérus, provenant d'hémorrhagies, d'accouchernens fréquens et difficiles,
(") Nalcl'CI',
p:Jg. 104, cl 127,
�de fausses couches, ùe l'emploi inhabile d'ins{rumens, ou
de toute autrc cause qui aurait donné naissance ù des désorganisations et à une faibl esse ex trême de l'organe.
Les fleurs blan ches, qui dépendraient des causes que nous
venons d'énumérer, ou, ce qui a lieu qu elquefois, d'une
affection ca lharral e, rhumatismal e, scrophuleuse, et plus
souvent enco re d'une maladie en{anée rcpercutée, peuvent
être traitées avec succès par les eaux, qu e l'on peut,ici administrer ùe plusieurs man ièrcs, Les injections, qui agissent directement sur les membranes malades, seront un
moyen énergique de combattre le relâchement général , les
ulcérations, de favori ser l'évacuation des matières sécrétées et
de rétablir dans l'organe la vitalité et l'énergie nécessaires C).
On comprenù facilement que l'action des eaux serait sans
effet sur des écolilemr.lls qui auraient pour cause des dégenérations profond es, telles qu'un slIuirrhe ou des indurations
ancienn es du col de l'utérus, des corps étrangers yolumineux , cles polypes, des excroissances d'un autre gen re dans
l'intcri ell r des organes générateurs, du vagin, de la matrice
ou des ovaires. Ces Iesions réclament l'emploi de moyens
chirurgicaux. Le mal subsis terait avec la cause qui le produit ct l'u age des caux minérales, dans de pareils cas,
serait plutôt nuisible qu'utile. II e t dOliC important de bien
s'assurer quelle ost la Ilature de la cause qui produit celle
série de symp tômes, qui, à côté de l'affection principale,
simulent tou tes sortes de formes.
Les néyroses ct les variétés innombrables éluxquelles clics
donn ent naissance, JI1éritent un exa men séri eux, pour discerner
les cas où les caux de Loëche peuvent être util es i enco re
l'observatenr le plu atten tif, Cil prescrivant l'usage des caux
minérales à llU malade atteint d'ilne affection de ce genre,
ost-il suj et il des erreu rs cl des mécomptes impossibles il
C')
Utcrwn mlllieribll$ languc8cc/ltlJ/It con/i/'lnal, CollillllS,
�j25
prevoir. Le médcdll le plus prudent peul errer dans son diag'nostic, quand il a affaire il celle variété infinie de symptômes
que présentent les affectiolls nerveuses el aux formes cap ricieuses quelles affeclent. C'est une ombre que l'on poursuitj
elle fuit un instant, pour reparaitre sous une autre forme et
nne autre couleur. Témoins les symptômes trompeurs et multipliés, sou ,rent effrayans, de certaines aII'ections hystériques.
C'est donc avec la plus grande cirron. pection que l'on doit
conseiller l'usage des eaux de Loëche dans les affections
nerveuses, quoiqu'un grand nombre d'entr'elles y soient
traitées avec succès.
Si la maladie reoonnaÎt pour cause une affection de la peau
dont la di parition aura immédiatement déterminé, dar.s le
Système nen'eux, une fou le de désordres; les eaux de Loëche
Sont un pui sant moyen de rappeler le mal à son siege primitif et de rétablir l'équilibre dans les fonctions que son déplacement avait troublées, II en est de même, si l'affection dépendait d'unc cause rhumatismale. Les névroses nombreuses,
qui accompagnent ordinairement le trouble des fonctions de
l'Utérus, comme 'suppression des règ'les, écoulernens blancs,
difficulté de l'établi sement dela menstruation à l'époque de la
puberté les pertes irrégulières, résultant d' li n trop grand relàchement, les vomissemens, lcs co:iques, obtiendront des résultats favorables, des eaux, si elles sont admini trees d'U110
manière convenable, La durée du bain, sa tempéralure, doivent être modiIiées d'après la sensilJilite de la malade. Les
affections morales, la tristesse, les profonds chagrin, J'ahus
di! plaisirs, produisent aus i qll olquefoi de graves perturbation dan le ystème nervellx. Ile irritabilité excessive e l
orùinairement la conséquence de l'action destructive de ces
agens sur les forces vitales. Le séjou r de Loëche, dan un climat, où l'ai l' est si pnr, le beautés imposantes de la nature,
les promenades, les di traction ,joints à l'usage bien entendu
des eaux, peuvent conduire à une ameliol'ation heureuse. Les
anciens vantaient déjà les MUX de Loëche contre l'hypo-
�12G
ehonclrie. Il est évident que leurs propriétés résolutives exerceront t1TIC salulaire influence sur celle a/rection, si sa cause
réside dans la lésion d'un organe, com me seraient des obstructions, des engo rgemells chroniqu es dans les viscè res abdominaux, le foie, la rate, le pancréas, les glandes dl! mésentèrc.
La boisson aidera puissamm ent l'aetion du bain. La dou elle,
appliquée sur l'organe malade, accélère, par j'ébra nlelll ent
qu'elle produit, le rétablisscmcnt de l'éqnilibre dans les
fon ctions ct le retour ;l l'état normal.
Les eaux de Loëche ont été préconisees clan un gra nd
Jlomhre de maladies qu'il serai t trop long d'énumercrici ct sll r
les quelles Icurs hOlls e(fets Il e nou paraissent pas encore
slllTisammen t cons tates. De ce nombre so nt clifl'érenles affections des organes respiratoires, le catharre, l'aslhme ct autres
afrections de la memhrane pulmonaire.
On les a vantées clans la sterilité, parce qu'elles ra niment
la vitalité des organes de la génération. Mais il y a loi II
de la stérilité a un état mal adif qui empêche temporai remen t
les principales [onctions des orO'a nes générateurs.
Au l'CS le, nous savons si peu de choses, pOUl' ne pas dire
rien, sur la manière do nt la conception s'opère, qu'il est presque impussib le d'élablir souven t quelles ont les callses de
la torilité, Tant est-il cependant, que qlwlqu es mères, april.'
bien des années de mariage, désespé rées de ne pas avoir
d'hérilier , prétend ent avoir obteIlll cc bonheur par la vertu
tics caux de Loëche ct après plusieurs cures enlreprises dans
cc but.
D'après l'exposition succinle quo nous ven ons dll faire des
,,!l'ection dans lesquelles les eaux de Loëche peuvent être utiles ou administrées avec un hOllreu x succès, l'on conçoit qu'clIcs doivont être interdites dans heaucoup de cas;
Elles seront nui ihles dans tout état inflamlllatoire aigu ;
peu importe l'organo dans leqllella maladie il son siége , il
�127
cause de l'augmentation d'irritation qui resulterail de leur
action stimulante.
La pléthore) les lésions du cœur ct des gros vaisseaux) les
anévrismes) un état de congestion vers les grandes cavites)
comme le cerveau) les organes respiratoires) en interdisent
form ellement l'usage. La grande activité qu'elles ünprimenL
au système vasculaire peut produire) dans cc genre de lésions)
les accidens les plus funestes) en déterminant un épanchement ùont les suites seraient désastreuses.
Les eaux ont été quelquefois administrées avec succès
dans les cas de paralysies partielles) résultant d'une attaque
d'apoplexie. Naterer rapporte ùeux cas de ce genre où le
traitement eut une pleine réussite
Cependant la plus
grande pmdence doit présider au mode d'administration dans
de pareilles circonstances. Les eaux peuvent occasionn er de
nouvelles congestions vers le cerveau ou la mœlle épinière ct
provoqu er suhitement un épanchement mortel. Ainsi) cluoÎClue
l'on trouve dans les auteurs quelqu es exemples de paralysies) suites d'apoplexie) qui ont cté radicalement guéries à
LOëche) ces rares exceptions n'établissent pas une rcgle et
les bains) les douches) ne doivent ôtre prescrits qu'avec une
extrême circortspeclion.
Si une lé ion a occasionné dans un org'ane des dégénérescences assez profondes pour que ses fon ctions en soient
gravement troublées) ou même en partie détruites, l'usage
des eaux ne produira aucun eŒet heureux; Ull contraire) il
peut activer la marche de la maladie el accélérer une terminaison funeste. Dans la phtisie pulmonaire, avec ulcération , expectoration purulente ct l'élat fébrile qui l'accompagne toujour.) ,et Cil général) dans tous les cas où un état
inflammatoire entretient dans un organe une ulcération profonde) avec suppuration abondante ) les eaux ne peuvent que
stimuler l'action destructive de la maladie qui l'a envahi.
n.
(") N.,lc>r(>r, JI ng.
'100 el JOI.
�128
La présence, bien constatée, de tubercules dans les poumons, qui échappe si souvent à l'œil le plus exercé, est une
raison impérieuse d'interdire l'usage des eaux. La ' maladie,
cachée dans un organe nécessaire à la vie, sommeille longtemps, sans que des symptômes alm'mans si'gnalent ses progrès. Mais elle n'allend, pour faire explosion, que l'occasion
favorable. Les bains pourraient la provoquer et avoir des
conséquences déplorables.
Dans les tumeurs, les indurations squirrheuses des viséères abdominaux, des glandes diverses, des mamelles, des
ovaires; dans les tumeurs cancéreuses du col ou du corps
de l'utérus, les caux , loin d'être "salutaires, produisent un
état d'exaspération dans la maladie et accélèrent sa marche
désorganisatrice.
Il est difficile de comprendre comment les anciens, même
Fabrice de Hilden, pouvaient prescrire les eaux dans les
hydropisies; hydropicis convem·unt. Naterer cite plusieurs cas
d'hydropisie ascite, pour lesquels les bains avaient été imprudemmen t prescrits, qui se terminèrent promptement par
la mort
L'usage des eaux est formellement interdit dans
les aIfections de ce genre, quolle que soit la ,cavité où elles
aient leur siége.
Les fem mes enceintes ne peuvent, sans s'exposer à de
graves accidens, fair'e usage des eaux. Nous connaissons cependant deux dames qui ont pris les bains, l'une en 18 l /·3,
l'autre l'année suivante, ct qui ignoraient toutes deux leur
état de grossesse , quoique la première fut au moins dans le
cinquième mois, sans éprouver aucun symptôme inquiétant
et se trouver fort bien de leur trailement. Il ne faudrait pas en
conclure que, pendant ra g-rossesse ) les femmes peuvent baigner sans danger; l'expérience a démontre le (lonlraÎre ct des
fails Il l'appui sont consignés dans presque tous les auteurs.
n.
. n Natel'el', pas· "60.
�129
Il est donc important, avant de prescrire les eaux, de s'assurer autant que possible de l'état de la malade, si l'on ne
veut s'exposer à cO,nrir des dangers d'autant plus graves
qu'ils sont imprévus.
Pendant l'époqu e menstruelle les femmes doivent aussi
s'abstenir de prendre les bains. Une hémorrhagi e pourrait
survenir tout-à-coup ct avoir des conséquences fùcheuses.
L'on a cru reconnaitre que les eaux de Loëche étaient
nUisibles dans le traitement des maladies vénériennes, quelle
que soit la forme sous laquelle elles puissent se présenter.
Cela peut 'être applicable aux cas aigus t pour le qilCIs
un traitemertl antiphlogistique doux doit être prescrit. Cependant, il est probable que , dans les form es secondaires
de la syphilis, dans celles surtout qlli se fixent sur le système cutané el y occasionnent des dégénérescences ou donnent lieu à des formaLions de divers genres, les caux de
LOëche pourraient être employées avec succès; surLout si
on seconde leur action par l'emploi de moyen pécifiques
appropriés. La syphilis invétérée fait ouvent dans l'orgaltisme d'afl'reux ravages. Elle résiste avec une opiniâtreté
incroyahle à l'emploi des remèdes les plu énergiques.
Un épui ement COll, idérable, un delabrement géneral, sont
le résultat du traitement mi en \1 age pour l'extirper. C'est
alors que les caux de Loëche pourront être pre cri tes avec
avantage Cl que le malade peul en éprouver les heureux
effets.
Il e t à desirer que des observations, qui manquent enc.o re sur cc genre d'affection , soient exactement recueillIes. Elle jeueront un jour nouveau sur ce point important
de la thérnpeulique des eaux minérales.
9
�MODE D'ADMINISTRATION DES EAUX.
Il existe plusieurs manières d'administrer les eaux Il
Loëche. Le bain, la boisson , la douche, les injections, les
lotions, les lavemens et les fomentations sont les modes le
plus usites. On réunit quelquefois plusieurs de ce moyen~,
ou on les met en usage séparément , selon le (Jas qui se
présente.
Avant de commencer un traitemellt, les anciens prescrivaient certaines precautions dont la plupart sont aujourd'hui tombées dans l'oubli.
D'abord les malades devaient prendre quelques jours de .
repos après leur arrivée; pCI' diem 'I.mam aut altcram Cfuic3ccndwnt est
Cette mesure u'est plus on usage actuellement. Presque
tous les malades commencent leur cure le lendemain de
leur arrivée. Cependant quelques jours de tranquillité no
seraienl'pas sans avalltage pour les personnes qui ont Jhit
un long voyage pour sc rendre aux eaux. te calme et la
n.
(.) Fabrice de llilden, ibid.
�131
régularite, troublés par de longues fatigues, se rétablissent
dans l'organisme et le préparent mieux à l'action bienfaisante des eaux.
Dans les temps passés, il fallait, pour ainsi dire , subir
un traitement preparatoire à la cure des bains. Après que
le malade s'etait reposé pendant quelques jours, il devait ,
de rigueur, se faire saig·ner. CeLLe opération avait pour but
de diminuer la pléthore qui aurait pu nuire aux bons effets
du traitement j ùlcidenda vena bracchii...... secundtlm tolerant/am virium.
Après la saignée, le repos de quelques jours était enCore nécessaire pou'r rétablir l'equilihre et la regularité danst
la circulation; item post venœ sectionem, pel' diem unam auS
altera111 quiescendwn est. Viennent en uite les purgatifs, dont
chaque malade devait faire usage avant de prendre son
premier bain j diligenter anle ingressum ad thermas corpu
pl'œparandum et expurgand'Wn e5t (').
-ous ne dirons rien de mille autres precautions observées
anciennement ct qui sont maintenant tombées on désuétude.
11 ne J'allait pas, par exemple, prendro le bain avant le
lever ou après 10 coucher dll soleil.
Lo malade, avant cl'y elltrer, devait se frictionner les
dents et se laver les mains avec un mélange d'eau ct de
vin. Il ne pouvait se baigner qu'après un certain nombre
d'heures de sommeil j puis, mille autres choses auxquelles
on ne pense plus aujourd'hui.
TOUS exposerons les modes divers d'administrer les caux
U ites actuellement. Ils dépendent, dans plusieurs parties
essentielles, de l'organisation intérieure des établissemens
do bains où des changemens importans sont indispensables.
Bien de plus amusant et de plus singulier à la fois que
(' ) Id. ihid.
�J 32
la manière usitée jusqu'ici de prendre les bains à Loëche. Ce
n'est pas , pOUl' le plus grand nombre du moins, comme ailleurs, dans une chambre, dans un cabinet retiré et silencieux,
dans une baignoire étroite eL isolée, que le malade va cacher son infirmit.é, et se plonge r dans le fluide salutaire qui
doit le délivrer de ses maux. A u contraire, c'est un grand jour,
c'est au milieu d'une société nombreuse, rieuse, bruyante,
composée de toutes les nations, parlant [oules les langues ,
qu'il prend son bain i comme 1:?'il voulait rendre l'univers entier témoin de ses souffrances et compatir il son tour aux
douleurs de (oute l'hum
ani~é
.
La naïade prodigue et hienfaisante veut que l'infortune
qui implore so n seèours jouisse largement de ses dons.
Aussi de vastes piscines ou carrés so nt-ils disposés et
co nstruits de man ière il recevoir de 25 à 30 malades en
même temps.
De quatre à cinq heures du malin, tout est sur pied , tout
est en mouvement. L'escalier en ]JOis de l'hôtel crie et gémit
continuellement SOIIS le pied 'agile des gens de service et
des malades lJu,i sc rendent à la hâte au hain. Dans un clin
d'œil tous les lits so nt déserts J l'hôtel ahando nné et réduit
au silence. C'est comme si une grande émi gration venait de
s'opérer.
Muni d'ulI,e longue et large chemi se Ot~ tunique en laine,
en fl anelle ou en toile de toutes co ul eurs le bai gneur se
rend au vestiaire chauffé du carré auquel il a donné la préférence, ordimiren,1el1t celui que ('réquentent ses amis ou ses
connaissances. JI se dbbarrasse de ses vê!emcns, passe la
tunique qU,i lui tomb e jusqu'aux talons, se dirige vers la
porte du carré où il sc hais e, en ramassant autour de lui les
larges plis de son singulier vêlement, se plonge lentement
ct s'avance au milieu de la piscine dejà l'emplie de monde.
Malheur à celui qui, dans ce moment solenne.l de l'entrée
au bain , comm elLrait l'imprudence de marcher debout ou de
�133
(oule aulre manière qui ne serail pas conforme aux uSl\ges
reçus ; il serait sur le champ et sans pitié rappel"é al'ordr6
par ses compagnons et des rires interminables célèbreront
pendant le l'es le du jour sa gaucherie .et sa maladresse. Les
baigneurs sont înexorables sur ce l)oinl et chacun d'eux se
charg'e volontairement d'exercer en général et en particulier
.
la police du bain.
Le carré au grand complet presente un coup d'œil tout à
fait original et presque impossible à décrire. Celui qui ne l'a
vu de ses propres yeux, peut difficilement s'en faire une idée.
Que l'on se figure une trentaine de personnes de différens
âges, de differens sexes, cles enrans, des jeunes dames, des
Vieillards , des laïques, des militaires, des ecclésiastiques
])Iongés dans le même ])ain et n'ayant que la têle hors de
l'eau. Les uns gravement assis, les yeux tournes vers le ciel,
semblent plonges dans une rêverie profonde ; les autres, formés en groupe, s'agitent au milieu d'une conversation anim ée.
Un aulre group e ecoute, en silence, un conteur charmant faisant le récit d'une inléres ante anecdole. Ailleurs, une voix
douce et mélodieuse soupire les couplets d'une nouvelle romance, el Ion 1 près de là un individu qui, cédanl il l'action assoupissante du bain, repose 11 moitié endormi. Ici c'est le déjeûner
f1ot/ant su rla frêle planche façonnée exprès. Aussi combien
de d~jeûnr
s, ont fait naufrage sur celle mer orageuse 1 Là ce
sont les jeux, la lecture.des journaux, plus loin un feux de file
de bons mots, de saillies, de répliques spirituelles, des causeries et des rires sans fLO. L'un entre au bain l'autre en sor(;
un troisième, presque aveuglé pa l' les vapeurs, revient tout
fumant de la douche. Tout cela forme uu pêle-mêle, compose
lln ensemble vraiment comique.
l)uis, au milieu des causeries, des jeux , des chants,
des l'ires ct des déjeLiners, "oici arriver un curieux mal
avisé, visilant pour la première fois les bains de Loëche.
Sans autre préam])u]e ) l'impl'Uclent ouvre la porte à deux
�bal.\illls ct pénèlre dans l'édifice; car il est certains visiteurs
qui se soucient fort peu des règles de la polilesse et des
convenances; d'autres ne s'en soucient même pas du tout.
Tout-à-conp un tonnerre .éclate ; un tonnerre de voix ) de
cris partant de tous les carrés et de toûtes bouches: Le
malheureux) ouvrant de grands yeux, étonrdi) consterné,
s'arrête un instant pour se reconnaître. Les cris redoublent.
Epouvanté, il recule sous ce fett roulant de clameurs incompréhensibles, regagne lestement l'extérieur, confus ct la
rougeur au front, se demandant ce qu'il a pu faire pour
provoquer cc vacarme épouvantable et attirer sur lui cette
rnde tempète. Et les éelals de rire) recommençant de plus
helle, retentissent dans tou/,e l'étendue du ])ain aux dépens
dlt pauvre diable que sa mauvaise étoile a conduit en ce
lieu où règne, parmi les ])uigneu rs) un esprit d'ensemhle)
de fratel'llit6 ct de polil.esse qu'on ne peut enfreindre impunément.
La dorée du bain varie de une à cillcL heures le matir,
et de lme à trois heures l'après-midi, selon la gra vilé dtl
cas ct la période du traitement où se trouve le malade.
Anciennement la durée du bain se prolongeail encore d'avantage.
I.e temps du bain écoulé , le baignenr, toujours dans
la position assise, s'approche de la porte qui conduit au
ve tiaire, sc glisse adroitement, en refermant sur lui , horl1
de la piscine. C'est le moment suprême de l'opération 1 et
qu'il y prenne garde , les malins du cano ont l'œil Sllr lui
et no laisseront échapper aucune occasion de le prendre
Cil défaut , surtout s'il e t novice ou encore peu habitué.
Aussi doit-il sc garder, comme à son entrée, de commettre
la moindro maladresse, autrement les rires et les rappels
il l'ordre ne lui feront pas défaut.
.
Arrivé nu vestiaire) le malade sc débarras e de sa tuniqne de bain. Des linges chauds l'attendent , il est soi-
�'135
gneusemenl essuyé, s'habille à la hâte el se rend 11. l'hôtel
pour se mettre au lit une demi-heure, une heure, souvent
plus longtemps. Quelquefois un paisible sommeil vient le
surprendre et le son de la cloche annonçant le déjeüner
le trouve encore perdu dans les vagues idées ou les illusions fantastiques d'un rêve agréable.
Telle est la conduite ordinaire il tenir par le baigneur
flui prend les bains en commun. Beaucoup de personnes,
de la haute société surtout, ou celles qui sont atteintes de
maladies qui ne leur permettent pas de fréquenter les piscines,
prennent les bains particuliers. Quant il la marche il suivre et
aux précautions il prendre, elles sont absolument les mêmes
que pour les malades qui baignent en société.
Nous avons souvent entendu blâmer, quelquefois avec raison, le système de baigner en commun, tel qu'il est en pratique à Loëche depuis des siècles. Les uns ont éprouvé, ce
qui est tout naturel, une répugnance invincible il se trouver
dans le même bain· avec un grand nombre de personnes qui
leur étaient absolument étrangères, avec lesqàelles ils n'avaient aucune relafion i dont quelques-unes peuvent être
atteintes de maladies dégoûtantes et peut-être contag'ieuses'.
Les autres ont trouvé que l'on passait un peu légèrement sur
les règles de la convenance,de la décence et des bonnes mœurs,
en admettant indistinctement dans la même piscine, dans le
même vestiaire , les personnes de difféI'ens sexes, de différens âges, de difére~t
condition. On a objecté encore qu'au
fort de la saison surtout, où les baigneurs sont nombreux .et
les bains remplis presque partout, il était impossible d'exécuter exac.tement les prescriptions des médecins, au moins
pour ce (Iui concerne la durée du ])ain, attendu que le malade
ne pouvait se retirer il l'heure fixée, le vestiaire se trouvant
continuellement occupé.
Il y a quelque chose de fondé dans toutes ces observalin~
,
dont cependant on a sûrement exagéré l'importance.
�13(;
Si l'on considère qu'à Loëche le bain dure plusieurs heures
par jour et que souvent la cure se prolonge pendant plusieurs
semaines, on conçoit aisément que l'on a dù chercher un
moyen de prévenir l'ennui et d'abréger autant (lue possible
par la distraction les longues heures du bain. C'est celle pensée qui a donné naissance au bain eu commun.
A celui qui pour la première fois quitte les agrémens d'une
société élégante, les salons brillans d'une grande ville, il ne
faut pas, à moins que des raisons particulières ne l'exigent,
un bain isolé el solitaire de plusieurs semaines. Le passage
subit du bruit au silence, des plaisirs du monde aux méditalions et aux rêveries de la solitude 110 pourrait manquer d'amener l'ennui, et l'ennui d'exercer une fâcheuse influence sur
les bons effets qu'on attend des eaux.
A celuL qui souffre, qui e t séparé de sa famille, de ses
amis, de ses occupation ordinaires: à celui qui est affaibli
par de longues maladie ou que la vieille e menace de décrépitude, il celui que de profonds chagrins ont dispo é à la tristesse et à la mélancolie, il faut des émotions douces et consolante , des sensations aO'réables et variées qui lui fassent en
quelque sorLe oublier ses maux en lui l'appelant ce qu'il a de
plus cher. Ce n'est pas enfermé seul, dans un cabinet de baill
particulier, qu'il trouvera ces avantages; c'e t au milieu de
joyeux et spirituels baigneurs qui peuplent et animent les
grande piscines.
Si les bains commnns présenter. t des avantages nombreux ous le rapport de la société et de l'agrément , il n'en
est pas de même sous le rapport médical. ous 5ignalerons
plus bas les iuconvélliens qu'ils pré nLent pour le traitement rationel de heaucoup de cas. La même température de
bain pour vingt à trente malades qui sont peut-être Lous
alleints d'affections différentes, dont les uns sont encore
dans l'enfance, les autres dans la force de l'âge ou parvenus
aux dernières limite de la vio , ne 'accorde pas avec les
idées de la science sllr l'action de eaux minérales.
�137
Nous dirons encore quelques mots sur la p.oussée. On
a vu plus haut qu'elle est le phénomène le plus con~ta
qui
accompagne l'lIsage des bains, quoiqu'elle se manifeste
aussi quelquefois chez ceux qui ne prennent les eaux qu'en
boisson.
Dans les premiers jours, pendant lesquels on augmente
graduellement la durée du bain, en se réglant toujours sur
l'âge, la constitution du malade et la nature de l'affection,
le plus souvent l'action des eaux ne se fait remarcrner par
aucun symptôme particulier. Celte règle n'est pas générale.
On a vu que de nomhreux phénomènes se monlrent dans
l'organisme déjà aprè le premier bain et que la poussée fait,
chez quelques individus unD explosion subite. Mais ce n'esl
pas sa marche ordinaire.
Après cIlIelques jours de bain gradué) ordinairement du
sixième au dixième jour, quelquefois plus tard, l'organisme
entre dans un élat de révolut.ion bien marquéo. Diverses fonctions sont troublées ct s'écartent de leur marcho accoutumée.
Chez l'un, il Y a de l'agitation, du malaise ou de l'accablement, des maux de tête, des nausées, même des vomissemens,
perte d'appétit, fatigue; chez l'autre de la constipation ou
diarrhée, une irritation fébrile, de la soif, un état général
singulier ct indéfinissablo. Les malados ne trouvent pas d'exprossion propre ponr le dép oindre. C'est pendant celle période, au milieu de cette série de symptômes si opposé
et si divers, que l'apparition de la poussée se manifeste.
Le premier signe de sa présence prochaine est une ensalion vague et assez vive d'ardeur ou de brûlure légère à
la peau. Elle sc fait spécialement sentir dans le voisinage
des grandes articulations, aux coudes , aux genoux, vors la
cheville du pied, etc. Cet état d'irritation 'étend quelquefois
graduellement sur tout le corps. Lorsqu'elle prend un degré
d'intensité considérable , c'est sur les parties charnues des
hras, de cuisses, des jambes qu'elle sc montre plus fortement et se fixe avec plus de viguour.
�138
..
. Dans les premiers momens de sa sortie, la poussée ne
consiste qu'en petits points rouges. Ils se développent insensiblement et occasionnent une sensation incommode de
brûlure et de démangeaison. D'abord circonscrits, ces points
rouges s'etendent plus ou moins rapidemennt pour former
de larges plaques dont l'aspect et la couleur rappelle celle
que prend la peau dans certaines éruptions exanthématiques,
telles que la scarlatine, la rougeole ou bien l'érysipèle. La
peau est lisse et unie au toucher ou bien elle présente de
petites élevures qui lui donnent un aspect rèche et chagriné.
Pendant ceUe' période, le malade n'éprouve point de désordres graves dans les principales fonctions .
Mais~
l'éruption marche avec rapidité, etse développe avec
violence une longue série de symptômes plus ou moins inquiétans et prolongés annonceront la profonde révolution qui
s'opère dans l'organisme. Un état fébrile très-prononcé, de
. la chaleur, de nombreuses puturbations dans les voies digestives, une soif ardente, une insomnie causée par la douleur
oontinuelle, une démangeaison tres-vive, une faLigue extrême,
tourmentent le malade pendant oc puissant mouvement critique qui s'effeotue et remue toutes les parties de l'économie.
On a vu des personnes, attribuant Lout le })icn qu'elles
peuvent reLirer de leur cure à l'intensité et à l'étendue de la
poussée, la provoquer par tous les moyens imaginables.
N'obéissant qu'à leur caprico, il y en a (lui s'efforce!)t d'activer SOlI apparition en buvant une assez granùe quantité de
vin dans ou hors du bain. Naterer rapporte un cas observé
en i 7 52, où le malade, malgré les nombreux avertissemens qu'il avait reçus, voulu provoq:uer la sortie de la
poussée en ]JUvanL tous les jours quatre à cinq bouteilles
de vin. L'émption fut si forte que tout 10 corps de cet
individu no présentait qu'uno vasto sq;rface profondément
phlogosée sembla})le il un érysipele. Le malade passa huit
jours sans sommeil, au milieu de douleurs insupporlables,
tourmenté par une cuisson et une chaleur afl'reuses que rien
�139
ne pouvait calmer que l'cau minérale appliquée en fomenlations sur les parties douloureuses (*).
Ces cas ne sont pas rares. L'enflurc et U1lC tension d@uloureuse à la peau y occasionnent souvent des crevasses
assez profonde:>. Une vive cuisson, provoquée par la démangeaison à laquelle les malades ne peuvent résister, irrite
enrore , déchire la surface de la peau ct donne lieu à des
ulcérations. Un lirruide visclueux, mordant, qui a la propriété d'il'riter encore davantage les places sll r lesquelles il
sc répand, su inte de leur surface. Rien ne peut alors apaiser
les souffrances des malades que le bain oll ils sc plongent
avec délices, lorsque l'heure est venue. Ils l'attendent comme
le moment de leLU' délivrance. Pendant la nuit, l'eau de la
source, appliquée en fomentations, sur les points les plus
doulourellx, leur procure quelque soulagement. Une boisson
acidulée, rafraîchissante, comme la limonade, I.e sirop de groseilles, de framboises, etc., mélangés avec de l'cau, modère
Un pell la soif qui les dévore et contribue à tempérer l'ardeur
dont ils sont consumés.
Cette violence de l'éruption n'est pas frécluente et ne constitue pas sa marche accoutumée, Dans le plus grand nombre
des cas, elle se manifeste d'une manière graduée et régulière, sans être accompagnée ùe symptômes extraordinaires,
du rnom cllt de SOIl apparilon jusqu'à celui de son entier ùéveloppement. Cela arrive, le plus souvent, du cinquième,
sixième ail douzième ou eizième jour. Elle reprend alors sa
marche rétrograde. Sa diminution s'opère, en continuant
l'usage des baius dont on modifie la durée ct la température
d'après la rapidité de a di ·parilion. Le places occup ée
par la poussée sc couvrent alors de petites paillettes furfuracées qui sc dessèchent et tomlJ ent, comme une sub tile
pOllssière. Dans les cas où la poussée a pri une plus grande
c)
ra lel'c l' ,
p:1g. 89.
�14·0
intensité, il se forme de petites écailles Il ui se détachent sou,;
la forme de plaques de diverses dimensions.
L'éruption disparait plus ou moins promptement. Dans
les cas ordinaires, il n'yen a plus de traces du vingt-cinquième a~ trentiome jour. D'autres fois sa marche est plus
lente, elle persiste assez long·temps et oblige de prolonger
l'usage de bains.
Après avoir complètement disparu, la poussée lais e
encore, chez quelques individus, un ctat de sensibilité et
d'irritation assez grande, poor cau er à la peau des démangeaisons incommodes pendant quelque temps.
QUOiqll'il soit imprudent, même dangereux, de quilter
les eaux avant qu e.1a poussée ait entièrement disparu j il Y a
cependant des personne. , qui, forcées par des circon tances
pressantes, se sout trouvées dan cc cas et n'ont pa éprouvé de' suites fâcheuses de celte brusque interruption de
leur cure. Cependant on ne peut considérer 10 traitement
Gomme terminé qu'après que l'éruption, après une marche
régulière, aura tout-à-fail disparu. Beaucou p de malades,
pour avoir négligé cette précaution, ont éprouvé ùes accidell, g-m ves ct perdu tout le fruit qu'ils au rai ent retiré
d'un traitement prolongé de cluelques jours seulement. D'autres ont ressenti peudant toute l'année qui a suivi de, malaises,
des démaugeaison , des éruplionspa . agère il la peau SO II S
des formes diverses, auxquelles ils n'ont pll mettre un terme
que par tille nouvelle cure à T.Joëchc.
11 e t donc important, pour II SUl' l' le succes d'un traitement ct TIC pas troubler, dans a marche, la révolution qui
s'opèro dan tout l'o!'rrani me pendant la cure, de ne pas entraver l'éruption dans son cours. Il faut éviter avec le plu
grand soill tout ce qui pourrait la supprimer Ù' UIl O manière
Yiolente et en occa ionner la répercu!:ision. Cet accident ne
manquerait pas de cause!' dans l'écono mie de graves portll J'bations.
�Les eaux se prennent aussi à Loëche en boisson. Ce mod&
d'administralion e t mis en usage seul ou réuni aux bains.
Les malades qui boivent les eaux, les prennent ordinairement le malill à jeun. La quantilé d'eau varie de un, deux,
jusqu'à huit ou dix verres pris à la distance de di ' minutes
Ou un quart d'heure. Dans les Lemps passés, l'eau se prenait
en beaucoup plus grande quantité. Dans cet intervalle le
mala"/ie se promène. Le mouvement facilite le passnge des
eaux. C'est ordinairement la source St-Laurent qui fournit
aux buveurs. Le tour de la grande promenade leur sert
de mesure d'une dose à l'autre.
La durée do la cure par la boi son ne se prolonlTe guèro
au-del~
de ùouze Olt quinze jours. ous avons indique les
cas uans lesquels les eaux, prises en boisson, peuvent être
utile. Beaucoup de pel' onnes, après avoir terminé leur
cure par la bois on, commencent à prendre les bains; il
Sub issent ain i deux modes de traitement pendant la même
saison.
i la boi on et le bain sont mis en usage en même temps,
les malades prennent l'eau avant ou pendant le bain. Le
matin se rendent 11 la source, prennent la quantilé d'eau
prescrite, font leur promenade ct entrent en uiLe au bain.
Ceux qui boivent pendant le bain, prennent aussi l'eau
à jeun. Ap rès leur entrée dans la piscine, ils ('·omrnencen t
il boire, à des intervalle donnés, le nomlne de verres
pre crils. L'eau prise pendant le ])ain sort du robinet qui .
coule dans chaque carré; elle arrive immédiatement de la
Ource et n'a pu , ubir aUClille décomposition.
La donche 'emploie fréquemmcnt à Loëche ct renù de'
service pr ' cieux dans ,un grand nombre de cas, comme on
l'a vu plu haut. Cc mode d'acIrnini tration présenterait ellCore de plus précieux avantages, si les douches étaient
à tous les cas
établie de manière 11 pouvoir être ~lp1iqécs
ponr le quels on pourrait les mettre en usage utilement.
�•
On prend la douühe de cinq, dix il (luinze et vingt minutes. La hauteur est invariable et le calibre des tuyeaux
ne peut ètre madifié. Les appareils nécessaires, pour plusieurs opérations, n'existent pas.
Les injections sont en usage pour combattre différentes
affections, ayant leur siège dans certaines cavités, comme
les oreilles, les fosses nasales, etc. Elles rendent de grands
services dans quelques cas de fistules profondes. Injectées
dans le trajet , elles ravivent la surface ulcerée, changent
la nature de la matière sécrétée, stimulent la vitalité des
tissus malades et accélèrent la cicatrisation de la plaie.
On les emploie souvent pour combattre certaines affections des organes génitaux Cl du rectum, etc.
Les lotions sont fréq uemment employées à Loëche. Après
le bain la boisson et ladouch e, c'est la manière la plus usitée de
faire nsage des eaux. Il y a d'ailleurs un gTand nombre de Cas
dont le traitement ne permel pas un autre moùe d'appliquer les
eaux d'une manière directe. Nous voulons parler de cette
nombreuse classe de lésions qui fixent leu r siége à la face.
Les affections cu tanées, scrophuleuses invétérée , qui atteignent les yeux, les oreilles, le nez, le CUif chevelu et d'autres
parties du visage sont traitées le plus efficacement par ce
moyen. Le bain est un auxiliaire puissant pOllr combattre ce
genre de maladies par la dérivation qu'il provoque sur tout
le corps et la modiflCation qui s'opère dans los humeurs.
Mais les parties où elles se manifestent ne peuvent être plongées dans l'eau. On a dù recourir Il. un autre moyen de les mettre en contact direct avec l'eau minérale.
Les maladies que l'on comllal pal' les lotions sont orclinaircmellt constitution elles. Le divisions nombreuses que l'on
a étahlics pour le dartres, par exemple, ne sont que la classification de variétés du mème genre. Le même principe
travaiile l'organisme dans celle espèce d'a[cctions. Toute la
différence cOllsi le dans la forme sous laquelle elles se malIifestenl. , ct du ti su oil elles fixent leur siége. Le principe
�-14·3
ùartreux surtout est celui qui varie le plus ses formes, qui a
le plus de tendance il parcourir toutes les parties de l'enveloppe tégumentaire, en prenant sur lelle region un caractère déterminé qu'il quitte en se portant sur un autre (*).
'Les lolions se [ont ordinairement au moyen d'une éponge
trempée dans l'eau do la source. Si le malade ne prend pas
les bains, il se rend près de la source où il lave pendant le
temps prescrit la place malade. Si le bain est pris en même
temps, c'est alors à la goutière qui alimente la piscine que 1e
malade vient prendre l'cau pure pour l'appliqne sur la partie
souffrante.
Dans les uleèraLions atoniques des paupières, les écoulemens de mauvaise nature qui s'établissent dans l'oreille, dans
les lésions scrophuleuses des ailes du nez, l'ozène, les fistules profondes et anciennes, etc., les lotions seront d'un seCOurs efficace.
.
Les lavemens d'oau minérale sont quelquefois employés.
Dans un état de relachemcnt du rectum, dans les diarrhées
Chroniques provenant d'alouie, dans cerlains cas d'hémorrhoïdes, dans la constipation, dans les fistules de l'anus, les
lavemens joints il d'autres moyens produiront des effets avantageux. Il est à regretter qu'il n'existe pas à Loëche comme
à Aix, par exemple, des Rppareils appropries pour l'application des caux à toutes les parties du corps, au moyen de
la douche. Ils seraicnt mi.s en usage beaucoup plus souvent et
no manqueraient pas de produire des résultats salisfaisans.
On emploie quelquefois l'eau minérale en fomentai ions.
Au plus haut degré de la poussée, quand elle occasionne,
dans certaines régions , une irritation violente, une vive brûlure ou une démangeaison qui agile beaucoup les malades,
on les calme au moyen de larges fomentations sur lespartios
douloureuses.
La ventouse scarifiée cs t ,un moyen fort usite à Loëohe.
C') IJufelnnd, Ellchù'ùlion mediwm, png. 571.
�Ses effets sont très-marqués dans un grand nombre de maladies. L'action dérivative de la ventouse, sa force de déplétion sur le réseau capillaire du derme, la liberté qu'elle établit
dans la circulation des parties où il y a congestion, la placent
au rang des moyens les plus énergiques que l'on puisse appliquer sur la surface extérieure dit corps .
Dans les affections rhumatismales chroniques, bien localisées, dans les lésions profondes du derme où les tissus engorgés sont gravement altérés, sur le pourtour des ulcères de
mauvaise nature, où un état d'irritation entretient le foyer
d'une sécrétion abondante, dans les surfaces dartreuses, 10rsques le derme dégénéré présente des callosités et un aspect
anormal, la ventouse peut produire les plus heureux résultats.
A Loëche, la ventouse est appliquée avec une adresse ' et
une promptitude remarquables. Ordinairement l'opération a
lieu dans le bain , ce qui favorise beaucoup son action de
déplétion. Dans un clin d'œil qua~nte
à cinquante ventouses
scarifiées sont placées sur la région désignée.
�PRÉCAUTIONS HYGIÉNlQUES .
•
Le succès d'une cure à LoëtJhe ) comme partout ailleurs)
ne dépend pas uniquement des propriétés curatives des
eaux. Des précautions nombreuses, non-seulement sous le
rapport du régiT)1e, mais encore pour ce qui concerne la
conduite à tenir dans les momens passés hors du bain, ns
doivent pa~
être négligées.
Les mauvais effets dont se plaignent quelques malades,
après avoir terminé leur cure, ne doivent pas toujours êtro
, attribues à l'emploi intemps~f
ou mal dirigé des eaux. Une
légère imprudence, commise pendant le 'raitement, peut sou~
vent détruire tout le fruit qu'il aurait produit
Au moment où. l'organisme est sous la puissance d'un
agent aussi énergique que les eaux de Loëche, et qu'une
profonde révolution s'opère dans la plupart des fonctions
les plus essentielles à la vie, on conçoit facilement que le
moindre écart des règles prescrites peut entrainer des con~
séquences fâcheuses et retarder ou empêcher entièrement
une guérison presque assurée. Un instant suffit pour faire
perdre aux malades les bons effets qu'ils auraient pu retirer
de l'usage des eaux.
Loëühe est situé à une asSez grande élévation, au fond
d'une vallée entourée de hautes montagnes, dont quelques10
�unes sont couvertes de neiges éternelles. Les glaciers sont
dans la proximité. Les vents, qui les traversent, soufflent
avec violence dans les gorges environnantes, apportent l'air
glacé de ces régions élevées. Les variations de la températu re y sont subites, les pluies très-fréquentes. Au milieu
du jour la chaléur est souvent très-intense. Les nuits trèsfraîches, par le serein, après le coucher du sol eil, le
sont encore d'avantage par un temps humide et nébuleux.
On conçoit que le malade, plongé dans une atmosphère dont
la température est si variable, doive ressentir l'influence de
ces brusques changemens.
On a vu plus haut qu'anciennement, les malades, après leur
arrivée à Loëche , subissaien(une espèce de traitement préparatoire. Le repos, la saignée, les purgatifs devaient nécessairement précéder l'emploi des bains. La première précaution
était tout-à-fait 11 sa place pour les personnes qu'un long
voyage avait fatiguées j les deux dernières ne doivent être
appliquées que lorsque les indications sont positives, c'est-àdire, lorsqu'il existe ou un état pléthorique très-prononcé qui
est déjà, à notre avis, une contre-indication pour l'usage des
eaux thermales, surtout prises en bains, ou des embarras
gastriques bien caractérisés. « Car il est essentiel, dit M.
Despines, de se tenir en garde contre l'ignorance et la routine qui prescrivent généralement l'emploi des purgatifs ou
de la saignée. L'expérienoe confirme que les purgatifs sont
nuisibles, lorsqueJes fonctions digestives se font selon l'ordre
de la nature
Aussitôt après les premiers bains, l'organisme entre dans
une série de phénomènes divers qu'il doit parcourir. Les
précautions doivent redoubler en raison de l'activité du mouvement qui s'effeotue dans les prinoipes intimes de la vie.
n. )
(") Manuel lopogl'aphique el médical de l'étranger aux caux
J'Aix-en·Savoie, pag. 221.
�14·7
Le malade qui ne tiendrait auoun oompte de oette révolution profonde et seorète qui s'opère dans toute son organisation, ne tarderait pas à se repentir de son insouciance et à
'voir éclater dans les prinoipales fonotions de l'économie
une foule de désordres qui pourraient mettre sa vie en
danger.
Lorsque les premiers symptômes de l'apparition de la
poussée se font sentir, le malade doit se garder d'entraver
sa sortie en s'exposant au froid. Troubler l'éruplion dans sa
marche, surtout dans les cas où il faut la considérer comme
la condition la plus ' favorable de la réussite du traitement,
c'est perdre tout le fruit que la cure aurait pu produire. Il
faut donc éviter avec le plus grand soin tout refroidissement,
l'humidité des jours pluvieux, la fraîcheur des nuits, longtemps après le couoher du soleil, les oourans d'air et la
violence du vent qui soufIle des glaciers.
Toutes ces mesures doivent encore être plus strictement
observées, lorsque la poussée arrive à son plus haut point
ùe développement et que la natu l'e est, pour ainsi dire, au
moment d'opérer son mouvement critique. Une répercussion
violente de la poussée, dans cette période du traitement,
quelqu'en fût la cause, 110 manqllCrait pas d'amener dans
l'organisation de graves perturbations.
Les malades doivent se garder alors de quitter leurs vêtemens ohauds. Ils doivent toujours en être munis, à Loëchc,
et fuir avec le plus grand soin toutes le influences extérie1lres
nuisibles. C'est en sortant du bai n surtout que les malades
doivent prendre les precautions les plus minutieuses pour so
préserver d'un refroidissement. Tout le corps ost, dans ce
moment, dans un état d'excitation, de chalour et d'acHvite
qui doit singulièrement augmenter sa susceptibilité. Et comme
les malades sont quelquefois obligés, pour se rendre dans
leurs chambres, de parcourir des distanoes assez oonsidél'ables, ils doivent être chaudement habilles, surtout pendant les journées humides et pluvieuses.
�tes émotions vives, les affections morales, exercent aussi,
dans cette période de la cure) une action perturbatrice sur
la marche du mouvement que l'eau minérale occasionll6'
dans l'économie. La tristesse, les profonds chagrins, les
contrariétés) la mélancoHe qui est souvent le résultat de
longues souffrances , ne peuvent que paralyser l'heureux effet du traitement. Les anciens avaient déjà reconnu que la
tristesse mettait obstacle au succès de la cure et recomL'amandaient aux malades la distraction et la ga1t6
battement ) qui est la suite naturelle des affec L.ions tristes,
arrête le mouvement critique et paralyse les farces clui doivent l'opérer. Au mom ent de la poussée, un état de surexcitation s'est emparé de tout le corps; il est nécessaire au
développement et à la terminaison de la crise que la nature
accomplit 'dans tout l'organisme.
Pendant la cure ) les promenades) et on peut les varier
neaucoup à LOëche, si elles sont modérées et ne produisent
pas la fatigue 1 ont pour effel immédiat de provoquer l'activité et l'énergie de tout le sys tème cutané. Le mouvem ent
accélère et favorise la circulation , en tretient su r tout J'appareil tégumentaire une moiteur uniforme ct salutaire. II augmente la force ct la so uplesse dll système IDusculaire.l/appetit est stimulé et les fonctions di g'es tives sont plus actives.
, I..a résol ution des engorgemens ot des obstructions dans les
différens viscères) s'opère avec pIns de promptitude et de
régularit6. La variété des ohj ets extérieurs procu re de la
distraction. La société et la conve rsation fixen t l"osprit sur
des cho ses ag réables ct intéressantes qui contribuent pu issamment à retremp er le moral des malades qu e la solitude
ct l'isolement disposent à la mélancolie et aux idées somhres.
Un excercicc modéré, en plein ai r, est surtout avantageux
n.
, ~ ) fil ipsis I hmni
pnb' G4D.
.~
hilal"cm esse conrmil . Fabriœ de Hild en ,
�il!-9
au x tempéramens lymphatiques dont les tissus faibles, lâche
ct peu développés ont besoin d'un stimulant actif ct continuel
pour reprendre la force et la consistance nécessaires.
Il ne serait pas prudent, pendant que l'on prend les eaux,
d'entreprendre les excursions lointaines ct fatigantes quo
l'on fait souvent dans les environs de Loëche-Ies-Baills.
L'ascension du Torrenthorn, colle du Gukerhubel ct du passage du Gemmi; les courses au glacier et jusqu'au Schwarbach sont trop éloignées cl trop pénibles pour Jes baigneurs) surtout si elles étaient entrepri es dans les jours
où Ja poussée est très-développée. Outre la fatigue, on l'encontre toujours daos ces hautes régions un venl froid; on
e t souvent daos le cas de (raverser d'assez longs trajets
Couvert de neige, où les pieds sont toujours dans l'humidité.
Ces circonstance réunies peuvent occasionner une rétrocession suJJiLe de l'éruption et provoquer l'explosion de tous les
~ymplôes
qui ne manqueraient pas d'en être la conséquence. Il y a plus, ces cou l'ses, il une aussi grande distnnce , exigent une journée (out entière, pendant laquelle les
hains sont su pendus. Celte interruplion troublera nécessairement la mal' he régulière de la poussée, de tous Jes 3cciclens cclIIi qu'il faut éviter avec lc plus grand soin, il cause
des suitc fâ heuse qui peuvent Cil réslliler. Les amateurs
qui voudraient visiter, pendant Jeur séjour à J... oëche, ces
points remarquables cles hautes Alpes, feronL bien de les
parcourir avant de ommencer ou aprè ayoir entiorement
(erminé leur CUfe.
Les haigneur doivent donc se J)orner, quand le Icmp
e t beau, aux promenade moins oloig'lIoes et moins fatigantes des envi rOlls du village. l,es Echelles cl' Albinen , par
le nouveau chemin, le pied du Gommi, la cascade, Feuilleret , eLc. so.nt de charmanLes prom ollades que l'on peuL faire,
en quelques houres, ans faLigue cL sans être dans le ca~
d'interrompre les )Jains.
�150
Il a déjà été dit un mot plus haut du danger de quitter
les eaux avant l'entière disparition de la poussée et des
graves accidens qui peuvent être la conséquence de cette
faute. On voit cependant, t~ues
les années, des malades
quitter les eaux il jour fixe, malgré les avertissemens réitérés qu'ils reçoivent, et traverser le Gemmi par un temps
affreux. Il serait superflu d'entrer ici dans de hien longues
réflexions pour faire comprendre tout ce que ce départ inconsidéré presente de dangers et à combien de rechutes fâcheuses sont exposés ceux qui s'y déterminent. Le passage
trop précipité du repos à une grande fatigue j d'un état de
moiteur et de transpiration presque continuelles, provoqué
par les eaux, dans les régions froides et glacées des hautes
Alpes, peut avoir les plus fâcheuses conséquences pour
celui qui s'y expose. On ne saurait assez s'élever contre un
abus qui peut détruire, en un instant, Lous les bons effets
d'un traitement.
A Loëche, le haig'neur se lève ordinairement vers quatre
il cinq heures dn malin pour se rendre au bain. La durée du
hain varie, selon les cas et la pérIode de la cure, de une il quatre
heures et plus. Le malade prend dans le bain un déjeùner,
consi tant en café, lait, thé, chocolat, potage, etc. Le temps du
bain écoulé 1 il va se meltre au lit pendant une demi heure
ou une heure, pui. il s'habille ct fait une promenade, si le
temps est ])6I-lU. Vhabitude de sc mettre au lit après le bain
e t u itéo il L06cho depuis fort longtemps. Elle est fort gênante pour beaucoup de malades. On pourrait, lorsque la
température est belle, la supprimer dans bien des cas. Il
n'est pas rare de voir il Loëchll, pendant les mois de juillet
ct d'aoùt, des baigneurs faire leur cure sans sc mettre au lit
nprès le bain et ne présenter aucune différence dans tous
les symptômes qui accompagnent ordinairement la 1Jaignéo.
On déjeune à onze heures. Du déjenner, jusqu'au bain du
soir, le temps se passe il quelques légores promenades dans
�'l51
les environs ou en société. Les malades, de trois à cinq heures,
prennent leur second bain dont la durée est toujours plus
courte que celle du bain pris dans la matinée.
Le bain de l'après~mid
est très aS5ujellissant, Les baigneurs ont 11 répéter toutes les opérations du matin, ils doivent
de nouveau s'habiller, se déshabiller, se meLlre au lit jusqu'au
diner, à peu près, qui a lieu à six heures du soir.
A Loëche, les bains de l'après-midi sont en usage depuis
plusieurs siècles. Si leur utilité ct leur avantage sont bien
constatés, pour un grand nombre de cas, on ne comprend
pas leur nécessité dans le traitement de plusieurs maladies.
La répétition du bain, dans la même journée, peut certainement présenter des avantages réels dans des cas graves et
invétérés, dans nombre d'affections qui ont jeté dans l'organisme de profondes racines et contre lesquelles il est nécessaire de meUre en usage toute l'énergie et toule la puissance des eaux.
Les maladies constitutionnelles anciennes, les scrophules
ot tous les maux qui forment leur cortége, les affections cutanées rebelles, les rhumatismes chroniques, etc. sont de ce
nombre. Pour les combattre avantageusement, il faut que les
eaux opèrent dans l'économie une modification profonde
ot prolongée. Les bains répétés, à uno température convenable, seront tout-à-fait à leur place. Ils provoqueront d'une
manière plus sûre et plus active la sortie de l'éruption et
favoriseront le mouvement critique qui doit s'opérer dans
toute l'économie.
On ne sail trop pourquoi M. Foissac avance que l'on
n'observe aucune espèce de régime à Loëche
Les repas
sont réglés j on n'y sert jamais de mets échauffans ou fortement épicés, point de viande salée, ni de salade. Le vin, qui
n.
(") Notice sur les eaux de Loëche, pag. 68.
�t !!t ordinairement de bonne qualité, Ile parait pas, ùans Liell
des cas, avoir une inflllel1cefâcheuse sur les effet des eaux. Le!!
malades en prennent très-peu, et un grand nombre d'entr'eux
lùn boivent pas du tout. Les baigneurs, que 1\'I. Foissac a vn~
boire plllsieurs bouleilles do vin, n'étaient probablement pas
des malades , mais probablem ent de simples amateurs qui
prennent un bain pour passer le temps; ou s'ils étaient malades, ils appartenaient au nombre de ceux qui ne suivent aucune direction éclairée. Ils font leur cure, selon leur bon plaisir ct quiLtent ordinairement les eaux tels qu'ils sont venus.
-
-_~a
.._--
�HOTEtS.
Depuis la catastrophe de i 719 qui, comme nous l'avons
dit plus haut, détruisit à peu pros le village entier et tous
les établissemens considérables qui s'y trouvaient, il n'exista
jusqu'à 1800, à Loëche-Ies-Bains, qu'une seule auberge un
peu marquante, sous le nom de Maison blanche. Aussi réunissait-elle seule tous les baigneurs de la haute société, ,quoique bien moins spacieuse qu'elle ne l'est aujpurd'hui. Depuis
celte époque les habitans de Loëche-Ies-Bains commencèrent eux - mêmes à élever quelques maisons commodes;
d'autres Valaisans suivirent cet exemple, de sorte que, dans
les vIngt derniè~
années, plusieurs hôtels furent construits
à neuf.
En 1800, on aurait à,peine pu recevoir convenablement,
il Loëche, 4,0 à 50 personnes de distinction, tandis qu'aujourd'hui lj,OO à 500 peuvent y être reçues très-confortablement
et trouver toutes les commodiLés quo l'on peuL raisonnablemont exiger dans une 10caliLé si reculée. Rien n'a été négligé pour leur procurer tout ce qui ost nécessaire pendant
lour cure.
Les hôtels sont nombreux à Loëche-Ies-Bains. On en a
construit plusieurs nouveaux depuis quelques années. Ceux
(plÎ oxistaient déjà ont été agrandis ou rostaurés et l'on pro-
�15l~
jette encore de nouvelles constructions. De sorte que, sous
ce rapport, Loëche ne laisse rien à désirer. La nouvelle route
qui sera bientôt achevée, la construction d'un bain neuf qui
réunira, sans doute, toutes les commodités nécessaires, le
passage dû GeJ!lmi toujours plus fréquenté, la fureur des
voyages qui paraît algm~nter
d'année en année; tout présage à celle localité, dont la position est si remarquable,
sans parler de ses précieuses sources, un avenir plus prospère et un développement plus considérable. C'est ce qui
explique les efforts soutenus de quelques propriétaires qui
se sont ·appliqués, surtout dans les derniers temps, à meUre .
leurs hôtels sur un pied capable de rivaliser avec les meilleurs établissemens de cc genre, en Suisse. Rien n'a été
épargné dans les hôtels, si éloignés des princi.pales ressources, pour rendre le séjour de Loëche-les-Bains aussi
agréable que possible aux voyageurs, aux curieux clui parcourent les Alpr.s et aux malades qui viennent y prendre les
eaux.
Nous désignons ici] en peu de mots, les hôtels principaux qui existeIjt à Loëclte, sans parler de plusieurs pensions particulières plus spécialement fréquentées par la
classe inférieure de la société.
L'.lTôtel de France, construit depuis peu d'années seulement, est parfaitement tenu par Mme. Bru~tin
qui en est propriétaire. Cc bel établissement contient cinquante chambres
à lit, salons, vastes salles à manger. Sa position est trèsavantageuse pOUl' les baigneurs; -car il est situé au centre
et dans la proximité de tons les principaux établissemens
de bains. Au midi le bain neuf, au levant le bain vieux, au
couchant le bain ~urichos.
Aussi l'hôtel de France est-il le
rendez-vous le plus fréquenté de la haute société , surtout
française, qui s'y rencontre fort nombreuse chaque annce.
L'1Iôtel de la Maison blanche: tenu par MM. Inalbon. Cet
établissement a ôte considérablemont restauré 1 dans ces der-
�155
nib'es années, par les propriétaires qui continuent d'y opérer
de nouveaux agrandissemen.s. Cet hôtel à l'avantage d'être
sÏlclé sur la place et.dans la proximité des bains. Les hôtes
distingués et nom]Heux (lui le fréquentent chaque année,
pendant la saison des eaux, témoignent d'une manière éclatante de sa tenue parfaite et remplie d'obligeance.
L'J[ôtel des {rères Bnmner cst fort fréquenté pendant la
saison des eaux. Il y a souvent pendant ce temps-là plus de
80 personnes à sa table d'hôte. Le plus grand ordye, l'ex aclitclde la plus ponctuelle, règnent dans toul ce qui concerne
le service de celle maison (lui se fai~ avec la meilleure grâoe
du monde. Les MM. Brunner viennent d'agrandir encore
leur établissement, afin de recevoir avec plus de commodité
les nombreux baigneurs qui fréquent chaque année leur
excellente pension.
L'ancien Ilôtel de Uellcvltc, tenu jusqu'ici par MM. Villa,
viont de prendre le nom d' llùtel de l'Union et sera dirigé, à
l'avenir, par M. Alexis Brunner, neveu. L'activité et l'intelligence de ce jeune homme sont un Stlr garant de la bonne
tenue de cette maison vaste et commode siLuee dans la proxi"
mité du bœin nettf.
Le nouvel lIôteZ de Bellevue dont 1\1M. Villa sont propriétaires. La construotion vient d'en être achevée. 11 sera ouvert
cet année aux è trangers. Ce bel édifice, que sOll"architecture
gracieu e fait remarquer de loin, est situé il l'entrée de la promenade; il jouit d'une belle vue sur toute la vallée et a le précieux avanlage d'être presque contigu au bain TVerra dont il
n'est éloigné que de quelques pas.
L' Ilôtcl Lm'ctan et lesmaisons qui en dépendent sont distribués de manière Il recevoir de 35 à l"O personnes. Cette
pension se recommand'e par l'ordre, l'exactitude et la parfaUe obligeance du proprietaire. lYI. Loretan) étant en môme
temps inspecteur des bains, les étrangers ont l'avantage de
trouvor chez lui tous les renseignem611s nécessaires sur l'ad-
�i56
ministration des bains, la police locale et les. réglemens divers établis pour les baigneurs.
L'Hôtel des Alpes vient d'être construit à neufpar M. Beegue!', père, de Sion, qui en est propriétaire. Ce vaste et magnifique établissement, joint à sa belle situation, d'où l'on j ouit
d'une vue superbe sur toute la vallée et la chaine du Gemmi ,
l'avantage d'avoir son bain contigu où l'on peut se rendre sans
s'exposer aux inllllences de l'atmosphère les jours de mauvais
temps.
L'Ilôtel 'des Alpes contient au moins cent chambres à· coucher ,dent cinquante peuvent être chauffées; avantage précieux
à LOëche, où les jours froids ct pluvieux sont assez fréquens
pendant la saisons des eaux. Le zèle et l'activité que déploie
le propriétaire pour satisfaire les personnes qui fréquent~
son be] établissement, les avantages nombreux que présentele bain, sont des titres qui le recommandent tout spécialement
li la confiance des voyageurs ct des malades.
-~
...·-o
· ~o_
-
-~
.
����ENVIHONS DE LOËCHE-LES-BAINS.
l'ROi\ŒNADESr
LE TOUllENTIIOTIN. Parmi les nomJneuses promenacles 1
les excursions interessantes que les baigneurs et les etrangers, en passage, peuvent entreprendre pendant leur séjour
aux eaux de Loëche, il faut placer en première ligne l'ascension du Torrenthorn. Il est impossible de se faire une
idée du spectacle imposant et grandiose qui attend le touriste SUl' celle sommité. Tout ce que nous pourrons dire ici
ne sera qu'une peinture bien imparfaite de co vaste coup
d'œil et ne peut donner qu'une idée ])ien faible de co qu'éprouve, en réalité, celui qui, par une belle journée du mois
de juillot, se trouve pOUl' la promière fois SUlI cette pointe
d'où l'olljouit d'une des plus magnifiques vues de la Suisse.
Le Torrenthorn peut, sans exagération, être mis on parallèle ct rivaliser avec le Righi eL lant d'autres points de
vue si vantês pal' les voyageurs pour leur heauté et leur
étendue. Le panorama que nous joignons ici contribuera 11:
donner une idée plus justo de l'immense horizon qui se présente de Celle sommité. Aussi est-ce un jour solennel que
celui qui est fixé pour J'excursion au Torrenthom.
�158
Lorsque l'ascension du Torrellthorn est dévidée, ce qui
lieu la veille, vingt amateurs, montés sur leurs mulets, et
autant de guides, dont qleus-n~
portent les ' vivres de
la journée, défilent, dans la matinée, sur la place du village.
Quelques-uns, pltlS courageux, armés de longs bâtons,
veulent faire à pied cette course fatigante. Ils s'engag'ent un
à un dans le chemin étroit et tortueux de la montagne. On
aperçoit le, long cortège se d6rouler lentement dans les clairières de la forêt de sapins qui domine Loëche-les-Bains du
côté du sud-est. En la traversant, le botaniste trouvera sur
son passage Viola sylvestris Lam. , Lychnis sylvestris IIoppe,
Trifoli:um ?'ubens L., Carex Mielichho/,eri Schk. Des cris
répétés retentissent dans le bois et il mesure que la caravane s'avance et s'élève on les entend peu à peu se perdre
ct mourir dans le lointain.
Les promeneurs arrivent au pied du roc il pic dans 'lequel se trouve le curieux passage, connu sous le nom de
Pas dtt loup.
Il est probable qu'anciennement ces animaux descendaient
IJar ce passage pour venir exercer leurs ra.vages dans la
vallée; ou peut-ôtre le Pas du loup était-il une des rares
issues par lesquelles ces hôtes dangereux, traques parl'ar deur infatigable des habilans de LOëche-les-13ains, pouvaient échapper à une mort certaine, l,cs nombreuses dépouilles, suspendues sur le devant de la maison communale,
attestent encore aujourd'hui que la contrée était infectée par
la presence de ces bôtes féroces et témoignent de l'adresse
déS couragoux paysans. Tant est-il que la vallée en
est
complètement débarrassoe. Depuis de nomhreuses ann6es
on n'en observe plus de traces , même pendant les hivers
de la plus grande rigueur.
En gravissant 10 Pas du lottp, on trouve sur les rochers
Ambis alpina L., Draba aizoides Saut., lfclianthemmn
grand'ifforum DG. ,Silene acaub's L. , Sctxif1'agq, androsacea
~
�159
el contrv~sa
Sternb. , Lonicem nigra ct alpigena L. , mlOdodenclron [errugineum L. , lIedysm;wn obscurwn, Ribes atpinum L. l Aquilegia a1pina, Thalictrwm pubescens et [œticlwn
DG. , P!J~'ola
secuncla, Pinguicula alpina, etc.
Api'ès avoir franchi le Pas dt, loup, à une lieue environ du
village , le promeneur se trouve tout-il-coup dans les hautes
Alpes. Ici se présentent il lui Gentiana lutea DG. , Veratrnm
album, Ranunwlus platani[olius L. Il oublie le cerde étroit
ou il était renfermé, il LOëche-Ies-Bains, à la vue du vaste
'horizon qui se déroule 11 ses regards. Après avoir traversé
la forêt , nu sortir de laquelle croissent SaUx hastata, myrsinites, retusa ct retiwlata, ll'elianlhemum œlanclicwn J(och. ,
Lychnis alpina L. , Gewln rnontanun1" Arnica monlana, Veronia...a saxatilis et bellidioicles, Pedicularis verticillata, Androsace G!tœmœJasme, Polygonurn viviparum L.
On suit en sc dirigoant au lovant, Je gazon de la montagne de Torrent ct , dans un espace cl'une lieue et demie
encore, on peut continuel' la course il mulet. Sur sa route, le
botaniste trouvera, en remontant le yersant, Potentilla sab'sburgellsis ] fœnc1c, GenlianQ, bcwarica, Thesiwm alpinum ,
Aml/'osace obtusi[olia, Ranuncultts pyrenœl1.;, Anemone vernaZis ct baldensis, Jnncus lnlidus, Luzula lnlea DG., Carex
[œtida ct .iunci[olia All., Oxytropis montallct DG., Gaya
simplex Gauel., SaUx herbacea et serpylli[olia, Uoidya sc/'otina
R., Elil1a spicata Schrad. Les vu es les plus variées se déploient il chaque instant auxyeuxdu voyageu!'. A gauche la
chaine majestueuse du Gemmi,scs accidens sans nombre etson
passage fameux, dont il distingue de temps il autre quelques
contours; devant lui le g'lacier de laDala, resplendissant des
fClIx du soleil dardant d'aplomb sur ses parois d'argent; Il
droile, dans le lointain, les vasles chaînes des Alpes qui
séparent ]e Valais du Piémont; derrière lui, la grande yallée
du Rhône, coupée de ses innombral)les vallées latérales, le
cours du fleuve jusqu'il Marligny et ses délJordemens rava-
�1 GO
geant au loin la plaine. Vers les parties les plus élevées de
la montagne, l'on ne trouve plus qu'un lerrain graveleux où
eroissenl encore Lùwria alpina, }Jrâicnlaris rostrata, Lep'illùlJll alpillU1n, Silene qWldrifida, Alsh/e verna llartl.,
Cerastiwn latifoliwn, Alchemilla pentaphyllea, Saxi{mga
()]Jpositi{olùl et bi(lora.
Mais n'anticipons pas; monlons encore. Nous voici à l'endroit où les mulets s'arrêtent; le danger ne leur permet pa
d'aller plus loin. Ici tout le monde met pied à terre. Trois
quarts de lieue nous séparent çncore de la sommité du Torrenthorn. Les guides) excepté ceux qui sont chargés de.
provisions, regagnent rapidement le bas de la montagne où
ils attendent le retour des voyageurs. Alors toute la cara.vane aborde courageusement à pied les versans rapides el
pierreux du rocher et en quelques in tans elle atteint le point
culminant. C'est sur cc dernier traj et que l'on trouve encore,
Artemisia spicata, Gentiana bavariccl ùnbricata Gçwcl., ct
glacialis L., And'l"osace pcnnina el helvelù:a Gaud., Ca1npallula ccnisia, Ranunwlus glacialis, Arabis cœmlea l Vnlf: '
SCtxi~
' agCt
stellata. Le point le plus élevé est marqué par une
espèce de pyramide en pierres, construite pour servir de direction aux ingénieurs suisses qui ont travaillé, dans ces derniers temps, ~ la triangulation de ces vastes montagnes.
ous sommes à une élevalion de plus de 9000 pieds alldessus de la mer. Ici tout est nu ct désolé. Aucune trace de
végélation ne rocou vre le sol, formé seulement des débris
concassés de la roche. Le voyageur fatigué est forcé, pour
pre.l1dre un instant de repos) de s'asseoi r sur la pierre.
L'air est froid, vif, pénétrant. La poitrine semble re pirer
un autre élément. L'homme so sent léger, aérien; lino force
inconnue le soulève ct semble vouloir le précipiter au fond
de l'abime, quand il 'approche do ses ])Ords. Puis , dominant
de l'œil cet immollse horizon , queIrIlle cho 0 d'indicil)le agite
. on lÎIllO en pré. ence de celle granùio 0 t poétique nature.
�161
Il sent qu'il n'est pas là dans sa sphère et· que le spectacle
sublime exposé à ses yeux ne doit être admiré qu'un instant. Rien ne vit en ces lieux. Point de bois, point de plantes,
point d'oiseaux, point d'insectes; rien que la roche nue et
brisée par les combats et le choc des élèmens.
Remis un instant de sa première fatigue et revenu de son
étonnement, il veut contempter une il une les merveilles qui
l'environnent. NIais son esprit s'y perd et sa mémoire le confond. Autour de lui c'est une forôt de pointes, de pics se
perdant dans les nues; sous ses pieds des glaciers, des
vallées, des torrens, des precipices, des abîmes, des côteaux coupés en tous sens, semés de villages, de hameaux,
de clochers , de champs en moisson, de vastes prairies,
couronnées de forèts.
Essayons de nommer quclque s:unes de ces masses gigantesques dont les sommilés majestueuses se perdent dans
les cieux.
Là, au couchant , c'est le Buet, la Dent du midi, le Moévran,.
les Diablerets, l'Oldenhorn, le Sanetsch, le Wildhorn, [~ Havyll; plus près le glacier de Lammern qui alimente le Dau])(lIlsée; puis la chaîne qui ferme au nord le vallon des Bains, le
Plattenhorn, le Rinderhorn, le Balmhorn. Au levant, la vallée
de Lœtschen etlo vaste glacier qui la termine, le Bietschorn,
l'Aletschhorn; dans le lOintp.in la Jungfrau, le Schreckhorn;
un peu il droite , la chaine du Simplon, 10 Monle-Leone, le
Fleschhorn, le Mont-Moro, le Dome encore peu connu,
puis le majestueux 1\1 ont-Rose; le vYeisshorn, les vallées
ue Saas et de St-Nicolas, le Ccrvins, la Dent l3lanche. Ici,
les vallées de Tourtemagne, cl'Anniviers et cl'IIéren s, au fond
de cette dernière la Pointe du grand glacier, ensuite eelle
de Bagnes, le Comb in , le Vélan et toute la grande vallée
du H.hône de Sierre à Martigny, le col de Balme, enfin ]0
.Mont.. Géant, 10 Mont-Blanc , les flign
~s ver les cl millG
11
�162
autres pointes moins élevées dont les noms sont restés dan
l'ohscurité à côté de ces géants des Alpes.
Le voyageur ne peut sc lasser d'admirer ce panorama
sublime, ces aceidens prodigieux, ces désordres et ces bouleversemens de la nature dans toute leur nudilé el toute leur
grandeur primitive. Semblable il une statue mobile et muette,
placée au sommet du Torrenthorn, sa longue vue fixée à
l'œil, il tourne et retourne sans cesse vers tous les points
de l'horizon qu'il contemple cl loujours un nouveilll rocher,
un nouveau glacier, une vallée nouvelle , un village, un
hameau, un torrent se détachent, pour frapper ses regards
étonnés, de cet ensemble majeslueux et incomparable, ct
le spectateur extasié s'écrie avec le poële :
Der Gotharcl ùt ntL?' ein Pttnht in diesel" Uùsenschri(t.
Le Gothard n'est qU'Url point dans celte écriture de géants.
Si le Torrenthorn est admirable par le point de vue unique
ct ravissant ({u'il présente, si ses environs sont si fréquenlés
des botanistes, à cause des richesees qu'ils peuvent y recueillir, il n'est pas moins intéres anl pour le géologue;
car dans toute la chaîne des Alpes on trouvera difficilement
un poinl où les faits géologiques se présentent sur une
plus vaste échelle, avec plus d'ensemble eJ de variété.
En effet, les bélemnites, dépôt marins, que l'on retrouve
en quantilé considérable, dans les calcaires mis à nu sur la
pente méridionale de ce gigantesque dome de grès quarzeux,
nous rnppoUent que cc pic, qui élève aujourd'hui dans les
nue sn cîme orgueilleuse, était autrefois plongé dans les
profondeurs immenses d'une vaste mer. Son élévation acLucile, la vue des pics innombrables qui bordent de ~outes
parts co vaste horizon, les vallées profondes qu i déchirent
la chaîne de Alpes dans toutes les directions, les rochers
abruptes, montrent il. l'observateur la succession , le redressr.m01ll et le contournoment cl s ouches diverses dont l'é-
�163
corce minérale de nolœ globe est formée, enfin les sources
cllaudes qui jaillissent de ces fissures profondes i (out en ce
lieu nous raconte l'histoire des grandes révolutions qui, à différentes époques, ont bouleversé la surface du globe et dont
les effets prodig'ieux effraient l'imagination la plus hardie.
On ne peut cependant les révoquer en doute, inscrits qu'ils
sont par le doigt de Dieu sur ces monumens gigantesques.
Au sommet du Torrenthorn, tout nous dit comment l'énorme masse liquéfiée et incandescente qui forme l'intérieur
du globe, oscillant sous sa mince écorce, l'a bosselée, et
poussé ce continont hors des mers. La surface de ce continent, jouissant alors d une température beaucoup plus élevée qu ' al~ourd
' hui
, s'est couverte de végétaux qu'on ne retrouve plus de nos jours qu'entre les tropiques, mais dont
l'existence passée dans nos contrées est attestée pal' les dépôts de houille et les belles empreintes conservées dans les
schistes. Jos montagnes, toujours soumises :\ la même puissance d'action -qui les avait fait sortir du sein des eaux,
furent portées à celle grande élévation. Elles subirent alors
un refroidissement auquel les énormes glaciers, qui recouvrent actuellement leurs cîmes et qui, selon plusieurs géologues modernes, rempli saïen! autrefois toutes no vallées,
durent leur formation. Tout nous montre comment le Valais
reçut son relief actuel.
C'est encore dans les envirOllS du Torrenthorn qu'on peut
étudier et poursuivre jusque dans les détails les plus minutieux les effets de la pllissante action exercée par l'appal'ilion des roches cristallines sur les dépôts de sédiment
qu'elles ont disloques, soulevés, déchirés ct dont elles ont
modifié la masse de tant de manières.
Il est vrai quc le granite ne parait àjour qu'à une certaine
distance, c'est-à-dire, entre le Lœtsch et le Tschingelgletscher; mais les gneiss qui lui sont superposés ct dont est
formée la chaîne si élevée du Nesthorn et du Bietschho1'll ,
�164
!iavancentjusque dans le voisinage du Torrenthorn etforment
une enclave dans les calcaires dont la masse imposante
s'étend de làjusqu'à St-Maurice et forme la chaîne de montagnes qui sépare le centre et la partie inférieure du Valais
des cantons de Berne et de Vaud.
La vaste fissure de la masse calcaire, vallée de déchirement hien carac(érisée, au milieu de laquelle est située le
village de Loëche-les-Bains, doit être attribuée au soulèvement produit par l'apparition de ces roches cristallines.
C'es t à ce phénomène qu'es! due la formation de la paroi ,
si profondément déchirée de fissures et d'éboulemens, qui ,
du fond du vallon, s'élève presque verticalement jusqu'aux
plus hautes pointes du Gemmi, du Hindel'horn et du Balmhorn, présentant la moitié d'un grand cirque dont le centre
est occupé par la masse feldspathique, autour de lacluelle
los couohes de ce drque se trouvent relevées.
Celle disposition des couches de celte paroi calcaire est
très-facile à recol1uaÎtrej à Loëche-le-Bonrg, elles plongent
vers le midi; plu haut dans la vallée elles penchent, vers
le couchant, au Gemmi et de là .iu que dans le voi inage
du g1ader de la DaIa leur inclinai on est vers le nord-ouest.
La paroi opposée, qui forme le côté gauvhe de la vallée
de Loëche, a la même originc. Lorsque la fissure dont nous
venons de parler s'établit, la parti.e do la roche calcaire
qui entourait imm6diatemontla masse feldspathique, soulevéo
pal' celle-ci, n'en fut point détachéo, et forme autour d'elle
1111 second cirque intérieur et cOllcentriclue.-donl les couches
sont pareillement relevées vers l'axe commun.
A rrêton nos regards encore un instant sur le fond de
celte vallée gont les boulovol'semen SOllt si riches en ellseignemens. Ces forêts sombres, ces gras pâturages, ceLLe
masse do tuf sur laquelle reposo le village dos Bains et
dans l'intérieur do lac!uelle on découvre, à plusieurs toises
de profondeur, non-seulement cles coquillages d'oau douco,
�165
des troncs d'arbres, mais encore des tombeaux rempli~
d'ossemens humains, des lampes et d'autres objets funèbres,
ne sont point le fond réel de l'abime ouvert par l'écartement des deux parois que nous venons d'examiner. La fissure, quoique comblée, pénètre encore à plusieurs mille
mètres de Ilfofondeur ct établit la communieation entre la
surface et l~s feux intérieurs du globe. C'est à ces fissures
que la vallée de Loëche doit sa célébrité. Elles ouvrent aux
eaux, qui se précipitent des glaciers, un passage assez
grand pour que des lorrens entiers puissent pénétrer clans
les foyers souterrains, y être portés à l'ébullition , et obéissant à la force qui les repousse en haut, remonter el reparaître à. la surface, conservant une chaleur de 50 chargés
des substances précieuses empruntées aux différentes couches
minérales dont ils opèrent la décomposition dans leur passage.
Revenons aux environs du Torrenthorn, où la nature,
en nous laissant toucher à la fois le dépôt sédimentaire et
le noyau cristallin sous-jacent, nous permet d'étudier l'action des roches de nature ignée sur les produits formé pur
sédiment·.
J.Je gneiss, formé de mica talqueux intimement lié au
feldspath, est intercallé entre le granite, aucIuel il est
superposé, ct la roche calcaire, dont la partie mise en contact avec le gneiss est dolomisée.
A la dolomie succède) en remontant toujours la série des
couches superposées, un calcaire lioi1' ct granuleux) puis)
le grès quarzeux) 10 schiste argileux noir et luisant, des
calcaires noirs) onfin des schistes calcaires traversés par
des veines do qua-rz.
Nous pourrions nous étendre davantage SUl' colle intéressante matière, si cela ne 1I0US enlraÎllait trop loin do notre
sujet. On dirait que le Torrcllthorn a été placé là. pour faeililer celte importante étude. Ceux qui désirent cxumin r il
0
,
�166
fond ces immenses houleversemens de teITain, trouveront
dé précieux détails et consulteront avec avantage l'excellent
ouvrage de lVl. le professeur Studer
Enfin, après _plusieurs heures rapidement écoulées dans
l'admiration, le soleil, qui commence à baisser vers l'horizon, avertit les promeneurs qu'il est temps de se remettre
en marche pour regagner avant la nuit Loeche-Ies-Bains.
Toute la caravane reprend le même :chemin qu'elle a suivi
en montant et la descente de la montagne s'opère assez
rapidement.
Mais avant d'entreprendre cette longue et fatigante excursion, il faut s'assurer que la course sera favorisée par
une belle journée et que le mauvais temps ne viendra pas
troubler le plaisir. Hien de plus intéressant que l'ascension
du Torren!horn pendant un beau jour; mais aussi l'ion de
plus ennuyeux, de plus désagréable et de plus daT\ioreux
même que cette promenade, entreprise par un jour de nuages
ct de pluie, qui surprend si souvent dans ces hautes régions. Au lieu de jouir de la vue magnifique dont nous venons
de parler, le touriste, perdu dans l'épaisseur d'un brouillard
humide , découvre à peine son compagnon à dix pas devant
lui. S'il n'a pas un guide expérimenté, il peut eITer des
heures entières sur la montagne sans direction et ne retiror
de sa oourse qu'un ennui ct une fatigue extrême.
n.
LE GUIŒHUUnEL. Après l'ascension du 'l'orrenthol'll ,
l'excursion la plus intéressante qu e l'on puisse entreprendre
dans les environs de Loëche-Ies-J3ains , est celle du Gulterhubel, mamolon situé à une élévation do 7578 pieds
au-dessus de la mer et formant le point le plus élevé de la
montagne de Chermignon.
C'l Geologie deI'
Il'Clitl'iclwn Schwcizcl'-liLpen.
�167
Jusqu'au-dessus du Pas dtt loup, le chemin est le même
que pour aller au Torrenthorn; mais lorsqu'on est parvenu
à cet endroit, au lieu de tourner à gauche pour gagner les
sommités de la montagne de Torrent, l'on continue à marcher
dans la direction du sud-est, en traversant ainsi dans toute
leur longueur les pâturages de la montagne de Chermignon,
sur lesquels le bolaniste peut cueillir Viola calcarata, Polyaconiti(olium l' I1érit., Trifolium
' ~um
gala alpestris, Geran
Epilobium alpinum, Omitho.,
Schreb
alpinum et baclium
s, Carex ferruginea et
nigriccm
s
Scftœnu
galum fi.~tdoSU1n,
une heure et demie,
Dans
DC.
ta
spica
Luztûa
curvula All.,
atteint la sommitè
l'on
loup,
dtL
Pas
le
franchi
avoir
après
du GuI crhubel, qui n'est autre chose que l'extrémité méridionale d'une crête courant presque horizontalement du sud
. au nord pour venir se perdre dans la petite chaîne de rochers au sommet de laquelle se trouve le Torrenlhorn.
La vue dont on jouit sur la cime du Gukerhubel est vérilablement magnifique et imposante. Elle rappelle en grande
parI ie celle du Torrenlhorn, puisque l'œil peut sc promener
sur la plupart des objets vus de cette dernière sommité.
le Gukerhubel étant beaucoup moins élevé, la
C~pendat
vue est aussi mo ins étendue. On ne peut découvrir plusieurs
pointes de la chaine des Alpes bernoises, en particulier la
Jungrrau. Sur les gazons qui recouvrent la sommité du Gukerhubel croissent Ranuncultls parnassi(olius, Cardamine
alpina et resecli(olia Willd., Oxybropis campeslris DC.,
Phaca astragctlina DC., Sempervivum montanmn, Arnica
al:pinum Monn., Primula villosa .Jacq.,
sC01pioides, lIieracù~m
nula thynoidea, Phyteuma heCampa
Androsace vital~'w,
etc.
misphœricum ,
Jusque dans ces derniers temps, où le Torrenlhorn commença à être connu, la promenade au Gukerhubel érait la
plus fréquentée des baigneurs et des passagers; mais aujourd'hui l'ascension du Torrenthorn, quoique plus longue
�168
et plus fatigantc, est préférée par pres clue (ous les ama(eur.5 ,
à raison de l'étendue beaucoup plus considérable et de la
beauté unique du coup d'œil qui se présente de cette sommité.
.
Le Gukerhubel n'en reste pas moins un point de vue fort
remarquable que,les voyageurs ne doivent pas manquer de
visiter; ceux surtout que pourraient eIfrayer la grande dislance et la pénible asoension du Torrenthorn.
•
EClIm.LES n'ALBINEN. Nul ne quille Loëche-Ies-Bains
sans avoir fait au moins une excursion aux Echelles d'Al])Ïnen, à une demi-li eue du village. Cet endroit remarquable,
par sa situation et SOIl passage, un'ique en son genre, est
véritablement digne de la visite du voyageur. Lorsqu'on est
parvenu à l'extrémité méridionale de la grande promenade,
l'on s'engage dans un (jhemin commode, construit à neuf
l'année dernière, grâces il la munifwence d'un riche étranger
qui l'a fait ouvrir à ses frais et dont les habiLans de Loëche
les-Bains conserveront un precieux souveuil' (*). Ce cheminparcourt, à peu près horizontalement et dans toute sa longueur, la forêt de sapins qui reCOIIVl'e le versant de la rive
gauche de la DaIa, jusqu'aux Echelles.
Jusqu'à cette année, un scntier tortueux ct irrégulier,
traversant les bois ct les débris rocailleux dont ils sont
sillonnés, conduisait aux Echelles, Aussi les difficlIltés dll
chemin ont-elles rebuté ou même effrayé beaucoup de personnes qui préféraient ne pas voir ce curieux passage que
do faire unc chûte ou de s'égarer dans la forêt.
A cent pas environ, avant cl'arriver aux Echelles, une
gorge étroite ct profonde, à paroi perpendiculaires, entrouvre les flancs du rocher JUSqU'il sa base. Son aspect
som]Jrc et lugubre njoute encore à la mélancolio clu'inspirent ces lioux.
n M. Kœchlin, (lfl Mlllholl se.
�H9
Puis, tout à coup 011 se trouve, presque sans y penser.,
au pied d'un .roc à pic, entrecoupé, 11 des distances inégales,
de quelques sinuosités et de proéminences qui servent .de
point ·d'appui à huit échelles en JJois superposées et fixées
au moyen de simples crochets en bois enfoncés dans les
fissures du rocher.
Cest par ce dangereux passage que les habitans d'A,l binen et des environs, qui ont les uns avec les autres des
relations journalières, montent et descendent, le jour comme
la nuit, ct le plus souvent chargés de lourds fardeaux, avec
la même assurance que s'ils marchaient sur un chemin commode. La grande habitude que ces robustes campagnards
{Hit contractée de traverser les Echelles, en toute sai on el'à
toute heure, fait qu'ils ne pensent nullement au dang'er auquel ils sont exposés. Il faut dire que les accidens sont en
réalité fort rares et ne sout aucunement en rapport avec la
difficulté que présente le passage de ces rochers.
Tout ce qu'on lit clans les auteurs et dans les manuels
des voyag'eurs ne peut re1ldre l'émotion qui saisit CCllli qui,
seul et p'our. la première fois, se hasarde il franchir les
Echelles. Le rocher surplombe; cc n'est que de fissure
en fissure que, suspendu en l'air, il parvient il gagner la
sommité. La vue de l'abîme, la ('haîne triste et désolée
qui domine la rive opposée, le bruit de la Dala, qni mugit au fond du vallon solitaire et se brise écumante contre
la JJase cles rochers qu'on a sous les pieds, tout cOlltl'lbue il
saisir l'âme. Un frisson involontaire parcourt tous les membres, au moment même où l'on admire en ces lieux le courage de l'homme luttant avec les désordres de la nature.
Au bas des Echelles rampe dans la mousso , Asarum europœu1n L. Les avalanches on les eaux y ont apporté les semences de plusieurs plantes des hautes Alpes, car on y trouve
avec plaisir Gent'iana 11ivaHs L., Carex atrala et capillaris
L. Sur les saillies des rochers on remarque Dryas octopc-
�170
tala L., Ononis rotundi{'olia L. l Cenlaurea mOl1tal1Cl, Th([Hctntm aqttilegifoliu1n.
FEUJLLEElET. Peu de baigneurs quittent les eaux de Loëohe
sans avoir été à Feuilleret, oharmante petite promenade, facile et peu fatigante J que chaoun peut entreprendre sans le
désavantage de manquer le ])ain du soir l lorsqu'il est ordonné. On peut faire le tour en moins de quelques heures.
Après avoir traversé les prairies situées au sud-est du village l on gravit insensiblement, par un sentier tortueux, la
forêt de sapins (lui les domine. Dans une heure environ on
arrive sur un riant plateau de verdure où il existe quelques
ohalets, habilés pendant toute la saison des caux. Dans les.
prairies qui les environnent et les pâturages un peu plus
éloignés, on remarque Veronica ]'eltcriwn, Gentiana asclepiade(t, Lw;;ttla campestris DC., Trifolittm montanum, cœspitoswn, Rosa tomentosa, Prinwla elatior Jacq., Azalea
proewnbel1s, Anemone narcissi(!ora , Centiana acCttdis, Achillea atm/Ct.
.
Les promeneurs , qui ont presque toujours l'hl1bitude
d'emporter aveo eux quelques provisions l y lrouvent enoore
du lail, de la crême, elc. La desoenle se [ait ordinairement
par le même ohemin que la montée; mais en faisanl un léger détour, l'on peut suivre un senlier qui desoend il la cascade el ' revenir par le ohemin qui oonduit il cet endroit.
LA C.\SCADK Une oourse à la oasoade est une rianle
promenade d'une lieue aller ct venir. L'on sort du village,
près du bain elc l'hôtel cles Alpes. Pui ,en suivantle ohomin
({ui oonduit il. l'anoiellne soltrce des guérisons, on remonte
los prairies, dans lesquelles on peut oueillir Crepis blatlarioides Vill. l Picris hieracioidcs L., TfieraCÎ'wn sabaudwn,
Cl1aphatittln talco-album, Thymus panonicus, Orchis oclomtisslma, ma~tdl
et alb'ida All., oph?'ys monorchis,
Cct1npanula Trac!telùtm, etc. Un petit sentier traverse, en
�Hl
s'élevant ins.ensiblement, les pâturages qui bordent la rive
gauche de la rivière et dans dix minutes on se trouve visà-vis de la cascade qui se précipite, fumante, entre les ~ deux
parois de rochers qui forment l'étroit passage qu'elle s'est
creusé. Parmi les arbustes qui croissent en face de la cascade, on trouve Fragaria :vesca L., Yacciniwn 1Jlyrtilltts,
Galluna erica DG.
Beaucoup de curieux, de baigneurs, de passagers vont
voir la cascade et terminent III leur promenade j mais bien
peu pensent à continuer lellr chemin pour atteindre le charlllant paysage qui se trouve il quelques cents pas plus loin.
Un magnifique tapis de verdure, accidenté de petits mamelons, couronnés de nombreux bouquets de sapins) étale
toute sa fraî cheur et toute sa grâce. L'air le plus pur , une
atmosphère douce et tranquille invitent à la rêverie. Hien
ne trouble le silence de cetle solitude que le bruit sourd de
la eascade que l'on a sous les piods et les secousses bruyantes dll torrent mugissant dans son lit profond. C'es t bien,
à notre avis, un des pIns jolis paysages des environs de
Loëcho-les-Bains. Un ponl, consistant en quelques poutres
seulement, jetées sur la riviére, conduit sur le bord opposé.
Son lit est ici très-prorond, mais si étroit qu'on pourrait
d'un J)ond sauter d'une rive à l'aulre.
C'est dans la proximité de ce pont, (1110 l'on traverse pour
revenir par la rive droite, que s'échappent, dans plu ieurs
cndroils, parlos fi ssures du rocher dontlcs conches régulièrement inclinéos, ponchent vers le nord-est, les nombreuses
.sources d'eau thermales dont il a été [ait mention page 52.
LE lU,\ YEN. Do la cascade, lJeaucoup de personnes poussent leur promenade jusqu'au lUayen, qui n'est éloigne que
d'environ 11l1e lieue. ' On donne ce nom il qnelqucs chalets,
situes au milieu des pâturages qui s'61èvent sur la rive gauche
de la Dala. Avant d'y arriver ) Je IJrOmenCllr traverse toute
�f72'
fa forêt de sapins clui s'étend de la cascade au Mayen; il
trouvera sur son chemin Saxifi'agct wnei{olùt et rOlltnd1'{olia, Veronica o{licùwlis cl twticœf'otia, Lycopodùvm anotimun. La monotonie de ce trajet est un peu compensée par
quelques vues intéressantes sur le bassin du vallon, le che~
min et la chaine du Gemmi et la montagne de Clavinen siluéo
snI' la rive opposée. On y trouve, comme à Feuilleret, du lait,
dll ]JelUfe, de ]a crème, etc. Les personnes délicates peuventfaire ceLte course à mulets. Dans les pâlurag'es qui environnent les chalets· on remarque Aconitwn lycoclonwn, Napeltas: et pam'wlaL Lam., Veronica aphylle" l'ussilago al'[!ùla, Crepis gralUli/lora, Alc/wlnilla alpina.
FLUU ET T ~ E
GT~ACIER
DE LA D J\LA. Uno' promenade
pl cino d'intérèt, mais un peu fatigante, est l'excursion au.
glacier do la DaIa ou de Balm, silue à l'extremite de la
vallée il deux lieues environ dLl villnge. La plus grande
partie clll trajet peul sc faire à mulet. Eu quittant le Mayen]
l'on se dirige, en traversant les Alpes, vers les chalets de
la montagne de Fluh, ([ni s'étend jusclu'au pied du glacier
que l'on peut contempler dans toute son étendue. Dans les,
pàturagos de la montagne de li'lllh le botaniste pourra cueillir
alix r,aponwn ct {œtida, SaJJljhtga llluscoidcs ct mosclwtct
TVlIl(, l'hlC/spi rolul/(lij'uliwn, Gypsophyla 1'epans, Saxi{raga
bifrom alba, Carex ji'igidet Ali. . ct Grypos Schk., Chrysanthemwn llallcriSnt. Sur la rive sep tentrionale ùe la Daia 011
trou,ve Viola ccnislct, Phlewn commutatwn Gaud. , Leontodon
montanwn [.Ct/ll., Solidago virfJcwl'ca; Senecio DoronicU/n.
Ici lout contraste d'une mallièrc frappante avec los sites
agréables et rians ùes localités, pell eloignees do Loëcheles-Bains, que nous venons de parcourir. La nature reprend
1:a pect austère ct sauvage qu'e lle revêt partout dans les
hautos Alpes. Au nord les pointes majestllOuses dll H.inùerhorn et du BalmllOl'll sc perdont dans, les I1UOS; leurs /lancs
profondem ent dcchirc prcsentent clos fissures cl1ormes, s'e-
�173
tendant de leur cime à leur base. Le yent froid du glaciers'engorge dans la vallée et soufle avec violence.
Pour retourner au village, le Yoyageur peut reprendre le
môme chemin et revenir par le Mayen. Mais il fera mieux do
passer, près des chalets de la montagne de Fluh, sur : la:
rive droite de la rivière. Il parcourra ainsi, dans toute leur
longueur, les pâturages de la montagne de Clavinen où l'on
rencontre Geraniltm sylvaticwn, Coryrlalis solida L., Gentiana campestris, Betonica hirsula, Biscutella lœvigatct, Dianthus cartlwsiwwnun, lI1alva moschala, Veronica fhtliwlosa,
et
Ant/wricwn Liliayo. Il jouira de plusieurs vues, au levan~
au midi , qu'il n'aurait pu apercevoü en revenant pa'r la rbve
gau'Che. A près nn trajet de deux lieues, il se retrolllvera Sour
le pont de la DaIa, près de la source des gwJrÎso1ls.
Ert décrivant les routes qui conduisent à L(}ëche-lesBains (voyez pflg. 26), nous avons dit, relativement au
passflg'e dn Gemmi que nous lui consacrerions un article
part iculicr et que nous donnerions quelques détails historiques sur C0 chemin remurcIuuble.
L'époque où le chemin du Gemmi fut ouvert, comme ce1.~
de la découverte des sources thermales de la vallée, se perd
dans l'ohscurité des temps. S'il faut en croire quelq.ues auteurs , il an rait été connu et fréquenté de temps immémorial T
mais il le fut sûrement dopuis qno les deux vallées de li'ruligen ct de Loëche , auxquelles il sert de com~luniat,
commencèrellt il être hahitées Cl que les premiers eol0115 qui
vinrent sc fixer clans ces régions élevées curent étahli des)'ola.~ins
mutuelles eutre eux.
JI est tout aussi difficile d'élablir d'oll lui vient son nOllll
d'e Gemmi. Les li il S supposcnt que c'esl du latin gemittts, gémissement, il cause do 5011 ascellsion penible et difficile, du
darwer qll'cllc présente, de l'émotion profonde qui saisit le
voyngeur au bord de cc affreux ohlmcs et lui arrache de. '
�n.
17[/·
Les autres font dériver son nom
soupirs involontaires
des deux pointes qui le dominent. Elles sont d'une grande
ressemblance et ordinairement couvertes de neige) ce qui
aurait donné l'idée de gemini) jumeaux; d'où viendrait.le
mot Gemmi (").
D'autres enfin ont eu recours il la configuration du chemin pour expliquer l'origine de cette dénomination ct prétendent qu'clic dérive d'un mot celtique) signifiant courbure)
conlour) Zig-Z;lg· ('**).
L'ancien chemin qui traversait la chaîne du Gemmi pour
aller dans la vallée de Frutigen ne se trouvait pas où il existe
actuellem en t.
.En sortant des prairi.cs) situées au nord du village) le
sentier sc dirigeait dll côté de la montagne de Clavinen) d'où
il s'élevait insensiblement sur les flancs des rochers jusqu'à
leurs sommités. L'on conçoit facilement que les premiers
habitans de la vallée n'eurent pas la pensée ni la hardiesse
d'ouvrir Utl chemin dans les parois verticales des rocs effrayans quo traverse le chemin actuel et qu'ils cherchèrent
dans les gorges des sommités un moyen plus simple de
communiquer avec leurs voisins. Le passage, était en conséquence) plus élevé que celui d'aujourd'hui ct anait aboutir
dans les défilés (lui dominent au midi) les environs du SchwarJ)lIch. Dlllemps de Collinus 011 voyait encoro des traces de
l'ancien chcmin q1li fut lrès-frêqucnté) selon cet auteur (**'*).
n
C1I11l non lIis; crebris et maximis gcmitibus St/pcrait!?" nomcn
inditum Gemmi. Collinus.
Quidain agcmilu Gcmmillln nominalttnt lnttanl. Simlcl', p. 2 -1.
Voycz ('Iicore Slulllplf) ~lI1SCJ·,
Schellkzcl".
(H) Brsson) Discours sllr l' histoire !lai urelle de la Suisse.
CH) Bochal.
(H") J'rrll!situs fuit (raqucns poslqHam va flis iJlhaùilari cœ pit. N.0n qli~cm
prr cundcm locum qua jam ital" eSI , sad paulo
~;oli1s.
su]Jcnus, CIIJUS viw ' vesligia at/huc pallca sl/'l lCrslint et vidcntur.
�'175
Mais aujourd'hui il est impossible de reconnaître et de pl"é~
ciser les points de la montagne par lesquels le passage
s'effectuait. Il est encore 11 observer que les plus anciens auteurs qui aient écrit sur le passage du Gemmi jusqu'à Simler,
ne font aucune mention du Daubensée, ce qui ferait supposer qu'on ne pouvait l'apercevoir en passant par l'anciell
chemin. Cependant la description qu'en fait Munster,
prouve qu'il existait déjù de son temps au même endroit que
de. nos jours, moins lus corrections ~pl'i
a subies plus tard.
A celle époque, un pont suspendu par des chaînes de fer
se trouvait un peu au-dessus de la première galerie et conduisait du couchant de la gorge au levant d'où il revenait
sur le côté opposé pour gagner le col au même endroit
qu'aujourd'hui. Scheukzer, qui traversa le Gemmi le 15 août
1705, nous a laissé un dessin du chemin ou l'on voit trèsexactement l'endroit où ètait suspendu le petit pont dont
nous venons de parler. Il exista jusqu'a l'ouverture du chemin actuel qui cut. lieu de 1736 11 17[,,1, comme on le
verra plus )Jas.
n
De nombreux documens démontrent d'une manière authentique, que le chemin du Gemmi fut toujours, au moins en
partie, une propriété de la bourgeoisie de Loëche qui pourvoyait il son entretient el y percevaille péage (*')
En 1686, la bourgeoisie de Loëche cé~a
à la commune
des Bains, pour le terme de 25 ans, le chemin du Gemmi, et
le droit de péage. La commune des Bains sc chargeait,
de son côté, de remettre fidèlement il la dite bourgeoisie
la moitié du revenu annùel ct de maintenir le passage en
(~)
Ascondit iler rcclà in alt~
Ùl modt/In {e1'c cochlcœ, ha·
bens PC1]JC(1WS ambages et flcxlll'as par'vas (lcllœvam et dexlrmn r
etc. png. 547.
(H) M. de niyaz.
�i7G
bon élat, afin qu'on pût commodément le traverser il pied
et il cheval, comme cela s'était pratiqué jusqu'alors. (*)
En 1711, la chûte des avalanches détruisit} dans plusieurs endroits, le chemin du Gemmi. Des trajets de murs
considérables furent emportés. Les députés de Loëche demandèrent à la diète l'autorisation de doubler le péage, afin
, de pouvoir subvenir aux dépenses qll'exigeaienlles réparations, cc qui leur fut accoJdé.
Vingt cinq ans plus tard, les maisons Ballet ct Maller, de
Loëche, formèrent en 1736 une société qui ftt ouvrir il ses
frais le chemin actuel dll Gemmi. On travailla pendant cinq
ans à l'ouverture de ce passage admirable qui ne fut terminé
qu'en 17ll-1. La bourgeoisie de Loëche fit abandon aux sociétaires de son droit de péage pour qualre vingt ans, c'està-dire qu'en 182 l l., époque à luf!uelle elle devait rentrer en
possession, d'après la convention.
!tien ne prouve , comme l'avancent quelques auteurs (**),
que le chemin du Gemmi ait éte ouvert à frais communs par
les gouvernemens de Berne et du Valais. C'est une erreur
évidente. Le passage du Gemmi a été de temps immémorial,
comme encore aujourd'hui, une propriété part-iculière.
Après l'ouverture du chemin, tel qu'il existe actuellement,
les sociétaires firent construire, en '17 l l-3, la petite auberge
du Schwarbach qui subsista jusqu'en 1839, cpoque à
laquelle le propriétaire actuel , M. le grand châtelain, François Jullier do Varone, la fit restaurer et agrandir.
Comme promenade, dans les environs do Loëche-lesBains, l'ascension du Gemmi e~t un des plus intéressantes
que puissent entreprendre les personnes qui sc rendent aux
Cf) lta ta commodc ascendi ct clcscmdi possit l1Cl[esll'c et equcs(re, ûcut lwcllsqllc mitaluln fuit . (Archives de Loëchc ). .
(H) Voyez B"ide1, pag. of 26 et autres.
�eaux et qui ne seraient pas dans le cas de le traverser soh
en venant soit en quittant les Bains.
La maison J ulier, de Varone, devint enfin seule propriétaire
du chemin et. du droit de ,péa'ge du Gemmi en 1824" au
nlO.yen d'une somme ,payée à la bourgeoisie de Loëche qui
lui abandonna ses dr.oits à perpétuité, sons -la seule réserve que ce ;passage ne deviendrait jamais la propriété d'un
Ml'anger et qu'en cas de 'Vente par .les 'acquéreurs, la bourgeoisie aurait la ,préférence du rachat, à égal prix.
En <[uittant le village de Loëche-les-Bains, le chemin du
Gemmi se dirige au nord, d'abord à travers les prairies
environnantes" puis en .remontant Iles ravins considérables
,formés des debris des rochers et ,des graviers amoncelés
par les eaux. Sur· leurs bords s'élèvent quelques arbustes.
Dans une heure on arrive au pied du rocher sans pouvoir
.deviner encore par ôù le chemin parviendl'a au-dessus de
cette masse colossale, dont la hauteur semble augmenter à
, jusqu'au pied du
,mesure qu'on s'en appl'oche . .Sur ce ~rajet
'Gemm i, le botaniste , trou ve sur son passage Rharnnus penniltls, Saœi(mga aÎzoides crocea Galtd., Atlwmant/w cre'lensÎs, Valeriana 1nO lCtall a, Chrysanthemwn rûpùltun, Pyrola
ull'ifloJ'Ct, Cyllnnchum vinGÏto,xicwn U. Br. : Erinus alpinus,
·Orobanche epithymum De., Teucrium monlanllm, Pingn?·wla
vulgaris, Globularia cordi{olict , Avelia clisl1·C/wphy.1la., ASpl:cZ,imn fmg'lle Sw.
Le passant est à dix pas de la base de la paroi énorme
qui ferme le vallon, et rien encore ne lui montre l'issue par
laquelle il doit sortir de cc désert. Aucune expression ne
'peut peindre l'émotion du voyageur arrivé au 'pied du rocher. Un saisissement inexprimable s'empare de lui à la vue
de la masse gigantesclue qui surploml)e et s'élève sur sa
tête à la hauteur efl)'ayante de 1600 pieds.
L'imagination s'épouvante de la hardiesse, de J'audace
de l'homme, atôme ambulant, qui conçut la pensée de IUllCJr
.12
�178
contre de tels obstacles et de se frayer une route au-dessus
des abimes que la nature semblait lui avoir défendu de
franchir jamais. On ne sait ce qu'il faut le plus admirer, ou
Jes horreurs de ces lieux désolés, ou les difficultés incroyables que le génie de l'homme a dÎt vaincre dans la construction de ce passage fameux.
Anciennement le chemin a dÎt être encore beaucoup plus
difficile qu'alljourd'hui. Tous les auteurs font mention du
danger que presentait ce passage. Munster avoue ingénument avoir tremblé de tous ses mem]Jfes en le traversant (*).
Le voyageur agité s'élance enfin dans le senlier étroit qui
longe la base du rocher et s'approche de la gorge qui sépare, dans toute sa hauteur, la paroi du Gemmi. C'est d'abord sur les crêtes qui bordent cette profonde fissure que
l'on s'élève insensiblement et qué des contours nombreux
conduisent à la grande galerie, 11 une élévation de 5800
pieds au-dessus de la mer (14,50 pieds au-dessus du village
de 'Loëche-Ies-Bains). On remarque encore aujourd'hui de
l'autre côté de la gorge une espèce d'échelle , fixéo à la
paroi du rocher et aboutissant dans une cavité dont ou
ignore l'origine , mais que l'on croit avoir été destinée à
abriter les gardes qui , dans les temps passés) où les guerres
étaient presque èontinuelles et les irruptions par le Gemmi
assez [réquentes) surveillaient l'arrivée ou le passage de
l'ennemi.
De la galerie) des zig-zag sans nombre [ont passer le
voyageur par mille sensations différentes ct les vues les plus
variées. Là) il s'enfonce dans la profondeur de la gorge; ici,
il glisse rapidement le long du flanc vertical de la roche
où un faible mur soutient ses pas. Sans voir jamais le chemin qll'il vient de parcourir ni celui qui lui reste à [aire, sans
CO) Ego non asccl1di huncmonlem ci/7'Ct
pag.547.
t1'Cm01'cm
ossit/m el corclis,
�179
voir le compagnon qui le précède ni celui (lui le suit, il
s'élève, en changeant mille fois de direction, comme s'il était
enfermé dans l'escalier d'une tour immense dont il remonte
les contours sans en connaître ni le fond ni la hauteur, ou
perdu dans un vaste labyrinthe dont rien ne lui montre l'issue. Après mille tours, mille émotions, des vues variées à
l'infini, pendant cette penible ascension, il arrive enfin an
sommet du Gemmi où un nouveau spectacle v~ se présenter
ü ses regards. Le plus haut point du passage du Gemmi
est à une élévation de 7095 pieds au-dessus de la m~r
A peu près 27lf,5 pieds au-dessus du village des Bains.
Un refug"e, construit en pierres, abrite quelquefois le passant
que la tempête ou la tourmente surprend dans ces lieux
solitaires.
Parvenu au col, le voyageur jouit, en se reposant, d'une
vue magnifique. Le vallon des Bains, tous les sites pittoresques de cc bassin remarquable, le village, le glacier et
les prairies qui l'environnent, le cours de la DaIa, les forêts
qui couvrent les côteaux, au levant ct au midi des Bains,
les rochers qui les couronnent, puis les vastes pâturages
des montagnes de Torrent et ,de Chermignon que nous avons
déjà parcourus: tont cet ensemble sc présente il lui comme
un seul tableau. ]vIais, s'il sort de ce cercle étroit, un spectacle bien plus grandiose et plus imposant se déroule à ses
reo-ards
dans le lointain. Les ma]'. estueuses sommités de la
o
chaIne méridionale dll Valais élèvent dans les cieux leurs
têtes orgueilleuses ou déploient sur leurs versans ou dans
leurs gorges des glaciers immenses. Parmi ces masses imposantes, on distingue sul'lout par leur grandeur colossale,
le Dôme, le Weisshorn, la Dent Blanche, La Blava, etc.
Quelques auteurs ont prétendu que l'on apercevait encore
de ce point le Mont-Rose, le Mont-Moro, le Cervin i c'est
n.
n M, Brl'l·!.told.
�f80'
Il'Il'e erreur. Ces pointes ont été confondues avec celles qui
fo,rment la première chaîne de la vallée de Viége, au-dessus
de Saas.
Pour celui qui a fait l'ascension du Torrenthorn et qui a:
joui de la vue uniclue 'de cette pointe, celle' du Gemmi perd
un peu de son intérêt, puisqu'elle rappelle, quoicLu'en plus,
p,etit nomI)fe, les objets vus de la première sommité.
Sur les plateaux'qui entourent le refuge et sur le ha~t
du
Gemmi croissent Draba Johannis lIost, Oxytropt's c/l.mpesb'is DG., A'mica scorpioid'es, AcOnÙttl111 hebegynwn Gaud'.
Drabri lomentosa Wahl., Al.~ine
caricifolia lVahl., Arenaria
bi(lora, Phacct (J'igida Jacq, , POlentilla minima llal., et
aurett L., Sedum atratwn, Saxi{ragaaspem bryoid'es Gaud.,
Gal'ium tenerwn, Aster alp'inus, En:gcron ttn'i(forum' r
Gnaphalùun Garpathiurn lValtL, , Artemisia mutellùw TVild.,
Cistinus spinosissimtlS Scop, , lIieraciwn 1'nt!Jbacewm Jacq. )
Gampanula valdensis All., VacC'irâum 'I.l liginoswn, Arbullts
alpincL el 'I.wa ursi, l'o;;;zia aLpina, Pedictdaris {oliosa DG,
Après avoir contemplé les merveilles que la nature a
Malées à ses yeux au sommet du Gemmi , le voyageur se
dirig'e, ~l travers les rochers dépouillés, vers le Daubensée.
Il aperçoit, sur sa gauche, la va te étendue du glacier de
Lammern (lui l'alimente et cotoie bientôt les bords bouleversés du lac, pOUl' arriver à l'auberge dll Schwarbach dont
nous avons déjà parlé, el ou il prend un peu de repos avanb
de continuer sa route vers Kandcrsteg et la '\Iallée de Fru-'
tigen.
T'
INDE . Lorsque la route en construction sera achevée' ,
lnden offrira un point de promenade d'autant plus fréquenté
qu'il est Il ulle petile distance et que l'on ponna s'y rendro
en voiture, Les personnes faiblos eL delicatcs, les malades
qlle des infirmites graves empêchent de marcher, les en1',111 1 trOtlVCI'Ont une distractioll sans fatigue et sans danger.
�Si l'on ne jouit pas, sur la route d'Inden, de vues aussi éterrdues que celles que présentent les points élevés que nous
avons signalés, les paysages rians et variés qui se déroulent
au regard du promeneur le dédommagent amplement de la
vue des glaciers et des colassales chaînes des hautes Alpes.
Le botaniste surtout pourra cueillir, sur le trajet qlli sépare
les deux villages, dans les prairies qni descendent vers la
Daia, en sortant des Bains, Geranium lividwn l'Hérit.;
après avoir traversé le ponl, Liliwn Jlartagon L. , Czackia
Liliastnun And., Phyteuma orbiwlare el lIa ller i All.• Laserpitium lati/olium L.
�AM.ÉLIORATIONS
ET CHANGEMENS DIVERS.
Dans la description des bains et de leurs dépendances, ,1
a été dit que les nombreuses imperfections qui existent
exig'eaient des modifications, et que l'introduction de quelques
réformes contribueraient au développement eL il la prospérité
de ces utiles établissemens. Les plaintes que font entendre
les baigneurs, si elles sont quelquefois exagérées, ont aussi
souvcnt un motif fondé. Il cst nécessaire d'obvier à plusieurs difficultés qui donnent lieu il des réclamations désagréables pour celui qui les fait eL pour celui à qui elles sont
adrcs ées.
L'organisation intérieure des bains demande des changemens essentiels. TOllt le monde est d'accord que les carrés
ne présentent pas toutes les conditions nécessaires de commodité, d'espace cL de proprete, non seulement, sous le rapport de la société, mais encore sous le rapport mCdical.
0115 voyons souvent dans une seule pi cine une Lrentaine
ùe malaùes de différens âges, de ùifférens sexes, dont le Lempérament el la maladie n'onL aucun rapport. Tous sont
plongés dans un bain dont la tempémLurc (29 il 30° R.) est
�183
la même. Les enl'ans et les femmes, d'une sensibilité excessive, doivent éprouver des effets tout autres que les personnes
âgées chez lesquelles la réaction de l'organisme est plus lente
et la vitalité moins irritable. On conçoit que telle alIection ne
demande pas un degré de température que supportera telle
autre et.vice versa. De là les accidens que l'on voit souvent.
Plusieurs personnes sont obligées de quiller le bain dont elles
ne peuvent supporter la chaleur; tandis que d'autres demandent à grands cris de l'eau chaude nouvelle et trouvent leur
hainlrop froid. Cette différence dépend sans doute de lrien des
circonstances. La sensibilité de l'individu, la nature de son
affection, l'époque de sa cure doivent modifier le degré de
température qui lui convient.
Il nait souvent des conflits entre les baigneurs et des réclamations aux autorités sur lesquelles il est fort difficile
de décider, avec le mode d'administration actuel. Il est donc
urgent d'établir une température différente dans les diverses
piscines. Celte température serait réglée par un thermomètre,
fixé dans un coin, et enfermé d'une grille. Les médecins pourront alors envoyer leur malade dans la piscine dont la température lui convient. Lor que la baignée est arrivée à une
certaine période, le malade sc rendrait dans une autre pi cine,
selon qu'il lui serait prescrit. Il pourrait ainsi modifier la
température de son bain. On éviterait par ce moyen l'inconvénient de voir des malades quiller les bains avant le temps,
ollla poussée se prolonger quelquefois au-delà de son cours
ordinaire, etc.
11 serait convenahle aussi de prendre des mesures pour
que l'eau fùt renouvelée pour chaquo hain. On comprend la
répugnance que doivent éprouver beaucoup de personnes pour
entrer dans une piscine où sont plonges, de quatre à dix
heures du matin, une trentaine de malades qui leur sont entièrement inconnus. Celte répugnance , bien nnturelle, doit
augmenter encore, lorsqu'elles sont obligèes d'entrer l'après
�18lj·
midi dans Ulle partie de l'eau qui a servi le mann; il moins
que l'on ne tienne aucun compte des excrêtions naturelles et
morbides d'un si grand nombre d'individus dans une masse
d'eau si peu considérable. CelLe améliol:alion est d'une néces:sité urgente. Elle est conforme aux hesoins et aux exigences
de la société moderne. Elle coùtera peu ·de frais. L'eau celld He au moyen de tuyaux dans un courant d'oau [roide
JUSqU'il la température voulue, entrerait dans la piscine, où
1In courant continuel serait établi. Un autre aVàntage rér
:;u1!erait de ces d.ispositions; c'est que l'eau, arrivant de la
source, avec tous les principes qui entrent dans sa compotion, n'éprouverait aacune modification par l'évaporation. Les
parties gazeuses dont la volatilité est extrême, exerceraient
leur acti())n immédiate sur l'organisme. C'est encore une ques;tion importante il étudier que colle de savoir si l'eau qui a
lI'eposé, pour le refroidissement, pendant plusieurs heures,
-dans une piscine, produit sur l'économie les mêmes effets
-que celle qui coulerait immediatement de la source} chargée
<le tous les élémens mineralisateurs. La différence flue les
anciens avaient déjà observée dans le bain des guérisons, où.
(le mode d'administration était en usage) c'est-il-dire où les
malades baignaient dans un courant d'eau continuel, merite bien d'être pri e en c(i)nsideration.
tes vestiaires qui existellt il côte des piscines ne sont pas
;as ez nombreux. Sans compLer qu'ils devraient êLre sépares
pour les soxes différen ,il ne peuvent suffire au fort de
la saison , où les bains sont remplis. Le premier inconvénient que cette disposition préselJ'te} est celui d'om pêcher
les' baigneurs do sortir du bain ù l'heure pre crite. Lorsque
trento personnes doivont passer au même vestiaire pour
'entrer et sortir du hain, 011 comprend qu'un retard plus ou
moins long empêche un grand nombre de malade de sortir
dll bain il l'heure qui leur est designée. Les ve. liaires de\V.raient toujours être chau(fés d'une manière uniforme et ' un
�l85
thermomètre devrait y être suspendu. Les parois de l'inté....
rienr pourraient être divisées en armoires numérotés et fermant il clé, où chacun pendrait son linge séparément en
entrant au bain. Ce n'est pas que celte mesure soit necessaire, parce que des soustractions pourraient avoir lieu,
ces cas sont très-rares. Mais souvent on égare sou linge
et pendant qu'vn le cherche en sortant du bain) on s'expose
à un refroidissement ou l'on fait altendre la personne qui
doit sortir Immediatement.
Les portes des 'Vestiaires qui ouvrent à l'extérieur de l'édifice devraient être s11pprimées. Pendant le bain des étrangers
peuventse glisser dans les vestiaires sans être aperçus) y commettre des vols ou autres abus. En sorlant du bain) pour
rentrer dans leurs chambres, les malades oublient souvent
de ferme_' ces porles; les vestiaires 'ouverts sc refroidissent,
et de là mille réclamations de l~ part des personnes qui suivenL
Les portes des enlrées principales devraient êlre doubles,
afin d'éviter les courans d'air. Au bain vieux, où elles n'existent pas) il n'est pas rare de voir les deux grandes portes
ouvertes en môme temps ct livrer ainsi pa sage à un courant
fort dangerenx et fort desagréable pour les malades.
Souvent les passans viennent, sans autre formalité)
prendre un bain de propreté avec les habitués de la piscine.
Ce bain de propreté n'est pas de nature à rendre l'eau trèspropre; les haigneurs font entendre des plaintes qui ne sont
pas sans fondomeut. L'établissement d'un ou de plusieurs
petits carres destinés aux passagers qui déSirent prendre un
hain) sorait une amélioration désirable. Elle ferait cesser un
abus inconvenant et qui donne lieu souvent il beaucoup de
réclamations.
Les voyageurs ont assez l'habitude de visiter les baIns
pendant que les malades s'y trouvent. Comme il n'existe
aucun règlement sur la matière) il Y en a qlli entrent avec
�186
une liberté vraiment insultante., comme s'ils allaient visiter
une exposition sur un marché. Il en est même qui procédent
avec un tel manque de convenance qu'ils laissent les portes
ouvertes en entrant, ne font aucun signe de politesse et considèrent les baigneurs comme des êtres mis dans l'cau pour
être vus. Des scènes violentes ont eu lieu souvent pendant
ces visites intempestives entre les baigneurs ct les curieux,
auxquels on a rappelé plus d'une fois les règles de la civilité et de la bienséance.
Ces scènes désagTéables auraient un terme , si on établissait un règlement en vertu duquel nul étranger ne pourrait
visiter les bains sans une carte de l'inspecteur et à des
heures fixes.
Une légère rétribution serait payée pour les cartes· d'entrée. Cet argent serait destiné à la caisse des pauvres.
La goutière (lui traverso le bain vieux est d'une grande
utilité, parce que chaque baigneur peut y prendre, sans
augmenter la chaleur. du bain, de l'eau pure de la source
pour laver des parties de la tête atteintes de maladies. Cette
disposition manque au bain neuf, où on .]'a déjà souvent
réclamée. Lorque les malades veulent tremper une éponge
ou prendre de l'cau d'une maniére quelconque, il en coule
toujours une certaine quantité dans 10 bain, ce qui augmente
insensiblement la température. Une goutière serait facile à
établir le long dos parois des carrés, dans la direction du
canal prifwipal.
La douche étant un des plus puissans moyens que mette
en usage la thérapeutique des caux minérales, son organisatioll doit attirer toute l'attention de la dir@ction des établtssemens de bains.
A Lotiche, les douches doivent subir de grands ohangemens, car, dans l'état aOluel, elles ne répondent pas aux
besoins de la médecine ni aux effets qu'on doit en espérer.
�187
Les cabinets de douches, au ûaù~
vieux surtout, sonl trop
étroits et trop sombres. Les personnes de haute taille ne
peuvent y prendre les positions convenables. Il manque d'espace aussi pour y placer les appareils nécessaires sans lesquels la douche ne peut être appliquée sur certaines régions
malades. Un autre inconvénient résultant de cet arrangement,
c'est que les baigneurs sont obligés d'y entrer et de s'enfermer
seuls. Si un accident arrive, ce qui n'est pas rare pour les
personnes qui prennent une forte douche un peu prolongée,
clIcs sont sans secours. Il est urgent d'obvier aux graves
accidens qui peuvent en résulter, en donnant aux cabinets
de douche assez de lumière, assez d'espace pour la position
des appareils divers ct pour qu'un doucheur ou une. doucheuse puisse y entrer avec le malade, comme cela se pratique ailleurs.
Les cabinets de douches ne sont pas assez nombreux.
Un grand nombre de malades en [ont usage. C'est le matin
ordinnirement qu'elle est appliquée. Il est impossible, pendant le fort de la saison, que tous les malades auxquels elle
est ordonnée puissent la prendre d'une manière convenable.
La hauteur de la douche doit être modifiée. Au bain neuf
ct au bain vieux la hauteur n'est Clue de neuf à dix pieds,
ce qui n'est pas suffisant ponr une douche à forte pression.
Une amélioration d'u'le grande importance serai! l'titablissement à Loëche de la douche écossaise. Ce n'est pas
ici le lieu de s'étendre sur les avantages thérapeutiques
qu'elle présento.. Les bons effets de la méthode perturbatrice dans 10 traitement d'un grand nombre d'affections sont
trop bien constatés, pour qu'on ne doive l)as désirer avec
ardeur son introduction à Loëcho.
L'introduction des bains à vapeur ou étuves est véritablement à désirer. Il est même étonnant qu'on ait lardé si longtemps il. introduire un mode d'administration dont les effets
remarquables sont bien constatés dans un grand nombre de
�188
maladies. L'action des étuves est d'une énergie étonnante.
Les parties gazeuses et volatiles Je l'eau sont beaucoup plus
pénétrantes que les parlies humides, leur action est plus vive
et leurs effets plus m(Jrqués.
Cette amélioration dont le besoin est généralemet senti
ne sera pas oubliée dans la construction du 1Jain neuf.
Le service des bains devrait généralement être fait
par des gens très-intelligens qui seraient soumis ~l un réglement et fi une surveillance exacte de la part de l'administnttion, pour tout ce qui concerne la branche de service dont
ils sont chargés. On ne verrait pas alors les domestiques,
occupés à toutes sortes de choses, oublier un malade au bain
et le laisser beaucoup plus longtemps qu'il ne devrait y
rester.
Les changemens et les réformes que nous venons de signaler si succinctement n'onl rapport qu'aux avanlages médicaux qui en rcsulteraient pour les malades. Dire les amélioralions à introduire pour l'amusement el la distraction des
étrangers, énumcrer loul ce clu'il Y aurait à faire pour leur
rendre le séjour de LOëche, assez trisle et ennuyeux du
reste, plus agréable, n'entre pas dans notre sujet.
Une bibliothèque publique, un ca]Jinet de leclure où l'on
trouveraIt les journaux, quelques nouveautés littéraires et
scientifiqlles, une salle pour les soirées et les réunions des
étrangers qui, souvent ne peuvent se voir à l'hùtel, le catalogue de tous les baigneurs avec leur adresse, le numéro
de leurs chambres pOllr faciliter les visites, sont des objets
faciles à introduire et (lue tout le monde verrait avec plaisir.
Les réflexions qui précèdent n'ont point été suggérées
par un esprit de critique, mais par le désir de contribuer au
développement et au progrès de Loëche-Ies-Bains, de faire
connaître les propriétés remarquables de ses sources prêdeuses, qui font sa célébrité et qui, sont la premièro condl~
lion de son brillanl ave·nir.
�189
Les vestiaires, les cabinets de bains et ceux des douches
devraient avoir des sonnelles pour appeler les gens de service ou les domesliques. On voit souvent les malades attendre beaucoup plus longtemps qu'ils ne devraient les personnes qui sont chargées de venir les sortir du bain.
Il arrive aussi que le malade, enfermé à la douche, ne sait
si le temps esL écoulé eL quand il doit se retirer , si personne
ne vient l'avertir. Si les personnes qui sont au bain l'oublient,
il peut prendre sa douche pendant un temps Irop long et
ne pas en retirer tout l'avantage désirable.
A Loëche, où les sources sont si abondantes, rien ne
seraiL si facilc que l'établissement d'une vasLe piscine de
natation, commc elle existe à Aix. Il serait trop long d'énumérer ici les nombreux avantages qu'on pourrait en reLirer
dans beaucoup d'affections. Le mouvement joint à l'action
des eaux doit puissamment seconder les modifications qu'c11es
opèrent dans ['économie. Les jeunes gens scrophuleux, difformes, dont les tissus lâches et peu developpés demandent
l'excrcice pour se fortifier, en éprouveraient surtout des
dfets salutaires.
.
-
' '!I>~-
-
�1
ADMINISTRATION
ET MESURES DE POLICE.
Les eaux minérales sont une source de prospérité vers
laquelle doivont se diriger toutes les forces actives des industries nationales; oar les sources de la santé peuvent devenir celles de la richosso C). Il ne faut donc pas s'étonner si
les gouvernemens de loutes les nations civilisées vouent la
pIns sérieuse attention à l'administration de leurs établissemens d'eaux minérales et travaillent de toutes leurs forces
à en favoriser le dévoloppbment.
Les thermos étant le rendez-vous ordinaire d'un grand
nombre d'étrangers de toutes les nations] il est nécessaire
que des réglemens do police étalJlissent une direction pour
leur conduite ct des mesures de surveillance à observer pendant
leur séjour aux eaux. Ces réglemens ont rapport] les uns
à l'administration des eaux proprement dite, les autres aux
diverses formalités à remplir par les étrangers pendant leur
séjour dans les établissernens thermaux.
Il ne sera pas inutile, surtout pour les personnes qui n'ont
(") Aliberl, Prc"cis historique des eaux millliralcs.
�191
jamais fréquenté les eaux deLoëche, de communiquer ici les
divers réglemens, décl'êts, tarifs, etc., arrêtés par les autotorUés cantonales ou locales et dont les dispositions sont
encore en vigueur aujourd'hui. Nous nous abstenons de toute
reflexion sur leur contenu; chacun peut facilement apercevoir
les lacunes nombreuses qu'ils renferment et combien ils
laissent à désirer.
1. . 01 SUR LE SEl\VICE ET LA POLICE »ES BAINS
DE LOËCHE.
LA DIÈTE DE LA UÉPUJJLIQUl? leT CANTON DU VALAIS.
Vu les anciens reglemens émanés de l'autorité souveraine,
Ordonne:
Art. 1. cr. Un inspecteur, à la nomination du conseil-d'Etat,
est chargé de la police des eaux de Loëche.
Art. 2. L'inspecteur règle, de concert avec les médecins
gradués qui fréquentent ces eaux, la température des bains.
Il veille à la salubrité et à la propreté des hâtimens.
Art. 3. Toute personne, qui prend les eaux, devra dans
les deux premiers jours· de sa cure, indiquer à l'inspecteur
ses noms, ainsi que le lieu de son domicile.
Art. 4,. Les bains seront ouvert chaque jour dès les quatro
heures du malin jusqu'à onze heures , et depuis deux heures
de relevée jusclu'à cinq heures.
Art. 5. Le nombre des baigneurs dans chaque. bassin
soit carré du bain sur la place, ainsi que dans le bassin.,du
couchant du vieux bain , est fi xé à vingt-cinq. Il sera de
tronle-cinq dans les carrés du bain neuf.
En cas de grando affluonce, l'inspecteur pourra porter co
�192
deux premiers hains et il
nombre jusqn'à trente dans l~s
quarante cinq dans le troisième.
Art. 6. Lorsque les circonstances permettront de réserver, pour l'après-midi des bassins, dont l'eau n'ait pas servi
le matin, l'inspecteur veillera il ce qu'oll salisfasse il cet égard
les désirs des baigneurs.
Art. 7. Personne ne peut entrer dans le bain sans être revêtu
d'une chemise longue eL ample, en éLofl'e de laine ou en toile
grossière, sous peine de deux francs d'amende.
La môme peine sera encourue 'par ceux qui n'y entreraient
pas, ou n'en sortiraient pas d'une manière décenle.
Art. 8. Pour l'entrée dans les bains on suivra son tour
d'arrivée SUl' la galerie, et pour la sortie, celui de l'arrivée des
domestiques.
Art. 9. Nul ne peut êLre servi dans les cabinets que par
un domestique du même sexe. Il est défendu, sous peine de
deux francs, à tout autre personne d'y entrer, 'pendant que
quelqu'un s'y habille ou se déshabille.
Art. 10. Les baignenrs seront attentifs il ne rester dans
e pour se déshabiller ou se
le cabinet que le temps néces~
es, qui veulent entrer
personn
rhabiller, afin que le autres
s d'attendre.
obligée
pas
aux bains ou en sortir, ne soient
Art. 11. Il sera assigné par l'inspecteur lm bain particnlier aux malades affligés d'ulcères, OlL d'autres infirmités qui
peuvent causer de la répugnance.
Il sera aussi désigné un ])ain particulier pour les pauvres .
• Ar!. 12. Les enfaus au-dessous de trois ans, et cenx donl
la propreté ne pourra ôtre certifiée par les personnes qui les
soignenf, ou qui, par des cris immodérés, fatigueraient les
baigneurs, ne seront pas admis dans les carrés ordinaires.
L'inspecteur leur désignera un emplacement particulier.
Art. 13. Les douches seront admiJ1istrées par les soins du
directeur des bains appelés communement Badmcister.
�] 9:3
On les prrnd d'après l'ordre d'entrée dans les carrè!.
L'établissement de la -douche sera organisé de manière il.
te que la personne qui la reçoit, ne puisse être aperçne de la
personne qui l'administre.
Art. ill·. Le badmeister devra être âgé de quarante ans J
marié ou veuf. Il devra parler français et allemand) et 'être
recommandable par sa probité.
Art. i 5. Lorsque le badmei tel' sera empêché, il se fera
remplacer pa r une personne agréée par l'inspecteur.
Le b:tdmeisler ne pourra pareillement employer pour le
service des bains) que des individus reeonnns aptes par l'inspecteur.
Ar!. 16. L'opération des ventouses se fera dans un bain
sèparé.
Art. f 7. Il est dCfelldu à quiconque:
De faire jaillir DU de jeter de l'eRu des bassins ou du canal) à peine de quatre francs j
De cracher dan les bassins) dan le canal) ou contre los
parois du bain, à peine d'un franc;
Dejeter dans les bassins quoi que cc soit qui puisse incommoder les baigneurs) il peine d'une amende de quatre
francs j
De siffler ou de fumer dan le bain ni dans les trottoirs
entre les carrés) à peine de deux francs.
Art. 18. E t pareillement interdit lout chant bruyant qui
pourrait causer quelque incommoditu aux baigneur , sous
peine d'encourir une amende de deux fr.
Art. 19. Tonte di cu ion en matière de religion est de
·même défendue, sous peine d'nlle amende de dix fr. à payer
par chacun de ceux qui y amont pris part.
Art. 20. Le actions indécento , les propos lihre ) et on
1.3
�19'"
g'énél'I\llout ce qui peut hlesser les mœurs et l'honnêteté,
sera puni d'une amende de quatre il vingt francs (').
Art. 21. Celles de ces actions ou paroles, qui seraient d'une
nature assez grave pour être poursuivies correctionnellement,
seront dénoncées aux tribunaux
Art. 22. L'inspeoteur, s'il est médecin, donnera les soins
de son art aux pauvres qui seront admis aux bains, tant étran,
gers qu 'indigènes
Art. 23. Il sera fait pour eux, ct notamment chaque dimanche, dans les auberges et maisons de pensions, des collectes qui devront être accompagnées d'une note indiquant
leur produit, note qui sera signee par les maîtres de ces maisons.
Art. 2l ,,-. Le montant de ces collectes sera remis au révérend curé, qui, de concert avec l'inspecteur ct un ou deux
baigneurs qu'ils s'adjoindront, en fera la ùistribution.
Art. 25. Ne seront admis il participer à ces collectes
que les individus qui prodniront des altostations de pauvreté, délivrées pilr les autorités de leurs comm unes. ,
Ne seront de même pas admis ceux qtli seraient entretenus par des établissemens de charité.
Art. 26. Les amendes prononcées par 10 présent réglement seront encourues pour chaque contravention, ct lenr
produit sera versé dans la cai se des pauvres.
Art. 27. Les plaintes et les réclamations de tout genre ,
qui pourraient s'élever relativement au service cles eaux,
seront adressées 1l1'inspeeteur.
C') Le r6g!rmrnl dc 1 ûOO fixnil tlllC amende de 5 écus pou l'
ks bnign UI'S qlli tenaienl ries propos indéccns ou ChOlll(lienl
dcs chonsous IUlhériennes (L1 (lh c l"i scl~
Lieder) ; Cl unc nmendc
de 5 Il. pOl1l' les pCI'SOIllH.'S de di(fprent sexe qui se baiguni('ul
d[llls la même piscine.
�195
Ar!. 28. Les contraventions aux présentes dispositiolls
lui seront pareillement dénoncées.
Art. 29. L'inspecteur portera ces contraventions il la
connaissance du juge local, délégué il cet effet , lequel prononcera sommairement et sans appel après avoir entendu les
intcressés. Il percevra les ·amendes dont le versement sera
f~it,
comme il est dit il l'article 26.
Arl. 30. Le ]Jadmeister et les gendarmes sorlt tenus de
dCférer Cil tout point aux ordres ({ui leur seront donnés par
l'inspecteur, cn vertu du présént réglement, dont l'exécution
lui est spécialement recommaudée.
Art. 31. Le présent règlem en t sera affiché dans l'iutérieur de chaque bain ct dans la salle il manger de chaque
auberge ct maison de pens ion, pour être execllte dans sa
forme et 1elleur.
Donne en diète il Sion le 5 d6cemlJl'e 1825.
(8 ltivent les signatures) .
HÉGUDlENT BU BAIN
m,s
]>AU V LlES.
La cOlllmission considérant. qu'il est conforme il l'in(enlioll
des bienfaiteurs el avantageux pour les pauvres clu'ull ordro
reg'ulier ct sévère soit établi pour les baigneurs pauvres,
Ordonne :
Art. l e,. Tout individn qui voudra sc baigner dans le
bain des pauvres devra, avant de commencer la cure, en
demander l'autorisation il M. l'inspecteur des bains.
Art. 2. Tout haigneur pauvre est tenu, aussitôt après
son arrivee il Loëche-les-Bains, de se presenter, muni de
certificats de pauvrefé en dues formes, il MM. le révérend
curé, à l'inspecteur des bains, et au rnécleein des pauvres.
Il doit en outre se rendre, chaque lundi, à une heure
après midi , dnns la demeure de M. le révérend curé.
�{96
Art. 3. Les baigneurs pauvres, aux heures fixées, doivent se présenter régulièrement à leur médecin et suivre'
ponctuellement ses prescriptions.
Art. [l,. Le linge nécessaire pour le hain est distribué 11chaque haig'neur pauvre par les soins de lVI. le révérend
curé. Mais lorsque la cure est terminée, il doit être restitué,
dans le meilleur état de conservation possible, pOUl' servir
u1térie Jremenl à d'autres pauvres.
Art: 5. Il esL expressément défendu,. même aux personneS'
du même sexe, d'entrer dans les vestiaires pendant CIlie quelqu'un s'y habille et s'y déshabille.
Art. 6. Il est défendu de mouiller les autres baign1ellrs
dans le bain, de cracher dans le bassin ou sur les parois ,
de fumer et de faire Irop de bruit.
Art. 7. Il est sévèrement défendu de, commetlre dans lebain des actions déshonnêtes, çl'y tenir des propos offensans, d'y chanter des chansons indécentes et irréligieuses,
en général, tout ce qUI est contraire aux convenances et aux.
bonnes mœurs.
Art. 8. Il est sévèrement défendu à tout pauvl1e, soit daHs
les maisons, soit sur les rues, de demand'er l'aumône aux.
baigneurs ou aux étrangers.
'l'oule contravention au présent règlement sera, selon Ta
gravité du cas, puni chaque fois, par la commission, par
une retenue proportionnee sur la valeur il distribuer, au
pauvre qui s'en sera rendu coupable.
Lo ëehe-·les-Bains , le 1 cr juillet 1839.
(SttÙ la sigl1at~r(J
} r
LE r.ONSElL n'ETAT,
Ayant rceor\llU que les dispositions de police relatives aux
yoyngeurs d,o l'étranger el de l'intcrieur , prescrites par la loi
�f 97
du 6 décembre 1808 et par le règlement spécial émané de
la Diète en date du5 décembre 1825, ne sont pas régulièrement exécutées aux bains de Loëche .
Arrête:
Ar!. ·1cr. Toutes les personnes tenant auber~
ou pension
aux bains de Loëche, sont astreintes à tenir registre de ceux
(lui logent chez elles, où elles inscriront le nom, la qualité 1
la patrie des voyageurs et le lieu d'où ils viennent.
Art. 2. Les dits maîtres d'auberges ou de pension reTlIellront tous les matins, à 8 heures au plus tard, à J'inspecteur des bains, la liste des personnes alTi vées la veille
et de celles qui auront IJuitté leur maison.
Art. 3. Pareille liste sera remise pal' eux aux gendarmes
chargés de les recueillir pour les transmettre à la direction
centra1e de police.
Art. lk Les contrevenans aux obligations érroncées aux
articles 1, 2 et 3 , seront passibles d'une amende de vingt
batz pour chaque contravention.
Art. 5. Ces contraventions seront portées à la conais~
sance du juge local qui est délégué à cet effet, et qui prononcera sommairement et sans appel après avoir entendu
les intéressés.
Art. 6. Les amendes seront perçues par l"inspecteur des
bains, qui en fera le versement dans la caisse des pauvres r
conformément au règlement de la. Diète du II, décembre
1825.
Art. 7. Le présent arrêté sera :;Iffiché dans l'intérieur da
chaque hain et dans la salle à manger des différentes auberges et maisons de pension.
Donné en Conseil d'Elat, à Sion, le 3 juin 1828.
(Sttivent les signatures.)
�198
.
"
VALAIS ,
U: CONSEI L]) ETAT DE LA llEPUllL lQUE ET CANTON DU
Voulant assurer aux perso nnes qui fr équontentles bains
de Lo ëche des moyens de transports sûrs, réguliers et à un
prix modéré , et les garantir de toutes les difficultés à cet
égard;
Vu la loi du 4 décembre 1807 , et les autres règlemens
postérieurs ;
Arrête:
Art. 1 cr. Il sera établi aux bains de Loëche , a Siene ,
au bourg de Loëche età Sarquenen, un commissaire chargé
d'assurer aux voyagours los moyens de transport dont ils
auront ])e50in.
Art. 2. Les propriétaires de chevaux et mulet, ûemeurant dans la commune, qui voudront se soumettre à conduire les voyag'eurs ct à en transporter les effets, a tour
entre eux : ct aux prix fi xés par le Larif ci-aprè s, se feront
inscrire choz le commissaire, qui en dressora la liste ct donnera à chacun d'eux \ln numéro pour régler leur tour de
ervico.
Art. 3. Les chovaux el mulets devront ètre exempts do
tout vice qui pourrail compromettre la SÙl'Oté des personnes.
. Les sell es se ront bien conditionnees, garnies de bonnes
sangle ct de courroies pOUl' attacher le porte-manteau; il
Y aura une bride ou au moins un licol en bon état.
Le commis aire ost spécialement cha rgé de cette police.
Il fera, aussi souvent qu'il le jugera nccessa ire, l'inspection
des moutures et de toutes les parties do l'cquipemont. Tout
soumiss ionnaire qui serail en dCfaut sur quelquo point , sorn
rayé de la lislo j u qu'a ce qu'il 50 soit mi on règle.
Art. lt·. Le soumissionnaire sera obligé de marcher sur
l'ordre du commissaire, à défaut de quoi il sera remplacé par le numéro suiyanL , et perdra son tour , il moin
�199
qu'il n'ait eu un empêchement légitime) ce dont le è' omis~
saire décidera.
Art. 5. Chaque cheval ou mulet de selle sera toujours
accompagné d'un conducleur n'ayant aucun défaut qui le
rende impropre à ce service. Il se tiendra il. la tête du cheval
et ne devra jamais le quitter.
Ces conducteurs ne pourront être au-dessous de l'âge de
'16 ans.
Les femmes ne seront reçues pour conducleurs que lorsqu'elles en uuront eté reconnues capables par le oommissaire.
ArL. 6. Le cheval .ou mulet de selle Ile pourra être chargé
d'un ~ porte-manu
ou valise de plus de 25 livres.
Celui de somme ne pourra être chargé de plus de 170
livres en une seule pièce, et de deux quintaux et demi en
deux pièces.
Art. 7. Les personnes du pays auront toujours la liberté d'employer d'autres chevaux et mulets (lue ceux des
soumissionnaires. Mais nul autre ne pourra en fournir, au
préjudice de ceux-ci, aux étrangers) sous peine d'une
amende de huit fran cs par cheval ou mulet, dont un tiers
aux paunes du lieu , un tiers au commissaire et un autre
tiers au profit des soumissionnaires ensemble.
Art. 8. Néanmoins les voyageurs auront la faculté d'employer les chevaux avec lesquels ils seront arrivés dans le
pays.
Art. 9. Il sera au si fourni , par les soins du même commissaire , des portebrs , lorsqu'il en sera demandé, soit pour
les personnes qui ne seraieLlL pas en élat de supporter le
cheval, soit pour transporter des eITets.
Le nombre des porteurs est réglé comme suit:
Pour nn enfant de cinq ans et au-dessous) un seul por-
�'200
leur i mais ill'ecevra un tiers do la tnxe dll tarir} de plus
que les autres porteurs i
Pour un enfant de 5 à i 0 ans, deux porteurs;
Pour une personne au-dessus de 10 ans, quatre porteurs i
Si elle est d'un poids au-dessus du commun, six porteurs i
Si cependant elle est d'un poids cxtrilordinaire, ct que
le commissaire le juge nécessaire, il pourra ajouter deux
porteurs et jamais de plus.
Art. 10. En cas de contestation au lieu du départ enlre
les voyageurs et les conducteurs, le commissaire en décidera, sauf recours, de la part des voyageurs seulement ,·au
juge local.
S'il s'élève quelque contestation pendant la course ou au
lieu de l'arrivée, elle sera décidée par le commissaire de ee
lieu, qui pourra prononcer la restitution au voyageu r d'une
portion ou de la totalité du prix de la course, suivant los
cas.
Si les plaintes des voyageurs sont de nature il donner
lieu il une peino plus considérable, s'il y a ou insulto grave
envers eux, s'ils ont éprouvé des dommagos en leur personne ou leurs effets, par la fauto du conducteur, ou par
le défaut dos montures ou de leur équipement, elles seront
portées devant le juge local qui prononcera définitivement.
Dans tous les cas, 10 prononcé se fera sommairement et
sans [rais.
Et s'il y a condamnation pécuniaire au profit du voyageur,
l'avance en sera faite par ]e commissaire r du lieu, sauf
son recours sur le commis aire du lieu du départ qui sc
fera rembourser par le soumissionnaire sur lequel portera
la condamnation.
.
Les plaintes coutre le commissaire lui-même seront pareillement portées devant le juge local.
�20i
Art. 1 i. Le prix du transport Mra payé entre lM main!
du commissaire du lieu du départ j conformement au tarif
ci-après.
Il sera payé en outre au commissaire une rétribution
d'un balz par porteur.
Deux batz par cheval ou mulet.
Art. 12. Lorsque les chevaux ou mulets auront été menés
sur la place, si les voyageurs, qui les auront arrêtés, ne
parlent .pas , ils paieront cinq balz par cheval.
Art. 13. Il est défendu de monter les chevaux eu mulets
.avec des éperons.
Les voyageurs ne doivent pas non plus ouvrir de parapluies·) élant à cheval , sa~
que le conducteur en soit prévenu.
Art. HI!. Tarif des chevaux, mulets et porteurs , dèsles
~ains
de Loëche aux lieux environnans et réciproquement :
Pour un cheval on mulet de selle ou de somme avec sail
conductewr.
.
( En parlanl il cruelle
A Sierre.
IWlJ~
qll e ce soit. )
35 Batz.
A SarqueneLl
26 »
Au bourg de Loëche et à la SOllste.
25
»
Au Schwarbaüh
30 ),
A Tauben
20 "
Au Stoc .
35
"
A Kandersteg
55 "
Les personnes qui reviendront avec le même cheval,
sans découcher , ne paieront que demi-taxe pour ce retour.
Du bonrg de Loëche ou de la Sonste.
A Tourtemagne
A Sierro
10 Batz
16 "
�202
I)oul' tes pOl'teurs de ptJfSOll1llfS.
( En
.
p ; lI't
~ lt
il f1t1t'lle Ilellre que ce soit. )
A Sierre
A Sarquenen
Au bourg de Loëche et il la Sous te .
A Kandersteg
Pmw les
pOf'tett7's
35
26
25
55
Il
)1
"
)1
d'effets.
Un quart de moins que pour les porteurs de personnei
Ils ne pourront être chargés de plus de [f·O livre l .
Art. 15. Les règlemens antérieurs concernant le transport des voyageurs qui fréquentent les bains de Loëc:le )
sont l'apportés.
Donné en Conseil d'Etat à Sion) le fO juin 1829.
(SuùJent les sigMtures.)
UÉCllE'f Él'ADUSSAN'l' UN TAUIF POUll LES BAINS
DE LOECIIE.
1"
Orand bain SWI'
ta, place
F.
Il sera payé par clJaquc personne pOUl' UIlO oure
de vingt-cinqjours
iO
Si la baignée dùt se prolonger au-delà de vingtcinq jours, il sera payé pour chaque jours en sus.
R.
If·O
2"
Bain neuf de lVerra.
Pour un cure de vingt-cinqjour
Au-delà de vingt-cinq jours il sera payé .pour
chaque jour en sus
10
. JW
�203
Carrés pm'ticulierli.
tel! petits carres particuliers se paient , salis
distinction du nombre de personnes , pour une
cure de vingt-cinq jours
On paie en outre séparement pour le bain,
par personne
Pour chaque jour en sus de vingt-cinq , il sera
paye ) s'il n'y a qu 'une personne .
S'il Y en a plusieurs ) elles paieront collectivement
4·0
10
i
60
2
3°
B(n'n vieux :
Pour ulle cure de vingt-cinq jours
Si elle excè.de vingt-cinq jours) il sera paye
pour chaque jour en sus
•
20
1/,0
Baùls p/'/$ pa1' ceux
Dans les ])aignoires
Dans les carrés .
ne {ont point de cure.
gt~i
60
4·0
5°
Douch
c.~
JI sera paye pour le service dcs douches :
De une a quinze minutes
Pour chflque (jinq minutes en SUR
30
10
()O
Ven/,nus/).·.
Pou r chaque applÏGatinn dr, ventouses il sera
raye
2 1/2
�204
De plus, pOUf le service des bain ' :
Dans les baignoires .
80
30
Dans les carrés .
Qnoique la durée d'une baigné.., soit fixée à vingt-cinq
jours, on payera cependant la taxe complète, lors même
qu'on n'aurait fait usage des bains que pendant dix-hui!
jours; mais si le terme est moindre il ne sera payé cIu'une
laxe par jour, et elle sera la même que celle établie pour
chaque jour excêdant le nombre de vingt-cinq.
. [\ sera fo.urni il chaque baigneul' unç tablel.te pour son
service dan~
le bain ; il sera payé pour ce meuble cinq bat
pour la durée de la baignée ) quelle qu'elle soi t.
Il ya pour les indigens , admis à la distribution des aumônes par la commission de ])ienfaisance , un bain particulier, ou ils peuvent [,liT(} La cure sans payer aucune retribution.
Donné en Diète , à Sion, le 8 mai 1837.
( Suivenl les sig nalures. )'
TAIIIF l' OU It LES PROllÈNADES DAN
I.ES ENVUlON
DE J.OECHE.
Pour un guide et Ull mulel , aller et venir compris :
Fr. de F'·.
•
Au Torrenthorn ..
8
6
Au Gukerhubel
Au-dessus du Pas du loup
3
Au~
Echelles d'Albinen .
2
Au pied du Gemmi .
Z
Au sOlTlmet du Gemmi .
4e;
Au SchwarbDch •
'I,
A la monta gne de Clavineu
6
Au glacier de la DaJa
Au Mayen.
3
A Feuilleret
l
la Cascade
·t
�BIBLIOGRAPHIE.
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SUI'
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i .~ et ali'is (ontibus rneDe SedU1Wrttm The/'ln
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�BRU NNE H ET PAG ENS TEC HEH
, Chemise he Analyse der Hei
lgttellen von Leulc, ùn ca.nton Wallis,
1827.
BEll CHT OU) (NI. le chanoine
), VI,'rsttch einer 'volllwmmll.en
Da.rstellung cler Leuker Bacler 1tndihl'e
l' 11/pographie (notice inédite).
BON VIN , nr, médecin à Loëche pendan
t la saison des eaux.
Notice sur les eaux minérales de Loëche,
Genève,
l
'183
l' .
Geologie der westlichen Schweizer Afpe
/!, Heidelberg une Leipzig, 1831",
FOIS SAC , Notice sur les
propriétés médicales des eaux
de Loëche, Paris, '1838 . •
ENGELHARnT , Naturschilclerungen, SiU
enziige, etc., BaseI,
18/1 ,0.
STU DHU ,
ND. NOlis ne flli sons pliS Illen tion
de lOll51e5 II1Jnuel5 des "OJlIgeur s en Suis se; le nombrp. en
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plus ou moi ns sm' Loë che - IesBain s, ses sour ces, elc.
- - -. -_-
'-
�TABLE
DES ~lATIÈ\ES.
Page
,
Introduction
Topographie
Histoire
Sources
Propriétés physiques et chimiques des eaux
Etablissemens de bains .
Propriétés médicales des eaux.
Mode d'administration des eaux
Precaution hygiéniques
Hôtels.
Environs de Loëche-les-Bnins
.P romenades
Le Torrenthorn
Le Gulœrhubel
Echelles d'Albinon
Feuilleret .
La Cascade
Le Mayen.
Fluh et le glacier de la Daia
Le Gemmi
Améliorations et changemens divers
Administration et mesures de police
Bibliographie
FrN.
IV
9
28
4,4
54
95
105
130
14,5
153
157
ibid.
ibid.
i 66
168
170
ibid.
171
172
173
182
190
205
�NOTICE
SUR
LES EAUX MINÉRO-THERMALES
DE LUX EUIL
�_ Corbeil, imprimerie de Créle. -
�NOTICE
SUR LES
EAUX MINÉRO-THERMALES
DE LUXEUIL
ET SPÉCIALE~NT
SUR LE BAIN FERRUGINEUX
PAR
LE DOCTEUR A. BILL OUT
A PARIS
CHEZ J. B. BAILLIÈRE,
LIBRAIRE DE L' ACAD É MIE IMP É RIALE DE MÉDECINI ,
Bue DnuteCeuille, J.O.
t857
�·
~
�NOTICE
SUR
LES EAUX IIINÉRO-TIIERMALES DE LUXEUIL.
Parmi les nombreux établissements d'eaux minérothermales que possède la France, il en est quelquesuns qui, 'tout en offrant à Ja thérapeutique les ressources les plus nombreuses et les plus réelles, sont
cependant moins fJ'équentés par les malades. La
cause de cette sorle de discrédit est évidemment dans
l'oubli où ces établissemenls sont laissés par les méde'cins, auxquels leurs nombreuses occupations ne
permettent pas d'aller s'assurer par eux-mêmes de la
valeur de telJes ou telles eaux; et comme ils ne sont
pas d'ailleurs édifiés sur cette valeur réelle, ils privent nécessairement leurs malades d'un moyen de
traitement souvent si efficace.
Ces réOexions me sont venues naturellement à
l'espril pendant le séjour que j'ai fait au magnifique
établissement de Luxeuil. Je crois rendre un véritable service à la thérapeutique des eaux minérales.
1
�!
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
en publiant une description succincte, mais exacte, de
cet établissement, et des améliorations qu'il subit en
ce moment sous l'habile direction de M. François, ingénieur des mines, cl1argé du service des eaux thermales de France.
Le travail que j'offre à mes confrères comprendra
une esquisse topographique de Luxeuil, la description
de l'établissement thermal, l'analyse des diŒérentes
sources qui l'alimentent et enfin quelques réflexions
sur leur action thérapeutique.
�DE LUXEUIL.
3
CHAPITRE PREMIER.
Esquisse topographique de Luxeuil.
Le cadre que je me suis tracé pour cé travail ne
me permet pus de m'étendre longuement sur la description de Luxeuil ancien et moderne, sur les monuments nombreux que celle ville renferme, sur les
vicissitudes historil[ues dont elle a été le théâtre; je
crois cependant utile de dire quelques mots de la ville
que doivent habiter les malades, qui viendront demander la santé aux eaux minéro-thermales de
Luxeuil.
1° Luxeuil ancien.
Les peuples anciens, souvent plus sages que nous,
croyaient siDcèrement à la vertu des eaux minérales;
ils avaient su les rechercher partout, et enfermer
dans un cercle de con structions ces précieux moyens
de guérison. De là l'origine de plusieurs villes. De là
sans doute aussi l'origine de Luxeuil qui se perd dans
la nuit des temps. Un e inscription trouvée le 25 juillet 1755, dans des fouilles failes aux bains, nous donne
une preuve authentique de l'existence de Luxeuil,
58 ans avant Jésus - Christ.
Voici cette inscri p tion :
LIXOVIT THRRM.
REPAR. LABIENVS.
IVSS.
C.
IVL. CAES.
IMP.
�4
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
Elle se traduit ainsi : Lixovii thermas 1'eparavit
Labienus, Jussu Caii Julii CœsU1'is imperatoris : il est
donc constant que Labienus lieutenant de César fut
chargé par lui de réparer les thermes de Lixovium,
Luxeuil.
Une autre inscription conservée comme la première, et qui décore comme elle le nouveau péristyle
de l'établissement, nous apprend l'exisLence d'un
temple voué à Bricia, lu déesse tutélaire de Luxeuil;
sans doute cette di vi ni lé n'était au tre chose que le
Breuchin, rivière limpide et poissonneuse que la
vénération des Romains avait entourée d'un culte
particulier.
Une [oule d'autres inscriptions, de médailles, de
restes de monuments consacre d'une manière authentique l'antiquité de la ville appelée tour à tour
Lixovium, Luxovium, Lixvi, Luxeu et enfin Luxeuil.
Ce que les Gaulois et les Romains avaient établi à
tant de frais devait être détruit par les barbares, et
plus tard encore par les chrétiens peu jaloux de la
santé et des soins du corps. Sur les ruines laissées
par Attila, Saint Colomban vint fonder un monastère
qui acquit bientôt une grande réputation et devint
une des plus riches abbayes de l'époque. C'est à Ja
tête de celle abbaye que vécut saint Valbert dont les
promeneurs vont encore aujourd'hui visiter l'ermitage à peu de distance de Luxeuil.
Pendant ce temps , les thermes avaient éLé complétemenL oubliés, et à leur place s'étendaient comme
un marai et des étangs presque pestilentiels; ce ne
fut qu'en 1768, qu'ils furent rétablis aux [rais de la
viUc ainsi que l'indique l'inscription placée Sur le
fron Lon du bâLi men t.
�DB LUXEOIL.
5
2° Luxeuil moderne.
La ville de Luxeuil est située à l'extrémité d'une
plaine délicieuse arrosée par les deux rivières de la
Lanterne et du Breuchin; elle est adossée au nord
au pied des montagnes des Vosges, qui la pro tégent contre les venls froids si funestes aux malades, mais eHe s'étend d'un autre côté au milieu
d'une campagne ' très-large, pleine d'air et de lumière. Je ne saurais trop insister sur cette position géographique si rare pour les villes où J'on
renconlre d'imporlantes eaux minérales. Sans vouloir
en effet citer ici tel ou tel établissement, je ne puis
m'empêcher de faire remarquer que souvent les malades qui vont demander lu sunté aux eaux minérales,
trouvent un empêchement réel duns la position géographique des villes qui les renferment. Assurément
la vue des montagnes élevées, en lourées de dangereux précipices est un speclacle bien digne de curiosité, mais n'oublions pas que nous avons affa ire d'abord à des malades qui se trouveront quelquefois
bien malheureux s'Hs ne peuvent trouver une promenade agréable qu'au prix d'une ascension pénible; à
Luxeuil au conlraire, les promenades, quoique très
pitLoresques, sont d'uo abord facile; plusieurs sont
situées aux portes même de la vllle. Les malades à
qui la marche est pénible peuvent donc, sans trop de
fatigue, se livrer à un exercice souvent si utile pour
les baigneurs. AjOllt.ons que les rues sont larges et
très-aérées, surtout celle qui est la plus rapprochée
de l'établissement et qu'on nomme faubourg des H.omains.
On trouve dans Luxeuil un grand nombre de constructions très remarquables: une des plus curieuses
�6
NOTICE SUR LES EAUX lIHNÉRO-THERMALES
est l'ancienne habitation du cardinal Jean Jouffroy,
ministre de Louis XI. Plusieurs écrivains et artistes
célèbres ont décrit cette maison; pendant la visite
que l'Empereur a fuite cette année à Luxeuil, des ordres ont été donnés pour qu'elle fût respectée et entretenue par des mains habiles. Les étrangers visitent aussi avec grand plaisir une autre maison située
en face de celle don t nous venons de parler, et dont
l'architecture remonte aussi au quinzième siècle.
A un de ses angles est une tourelle on ne peut plus
curieuse el admirablement respectée par le temps.
Nous citerons encore l'église paroIssiale, qui appartenait autrefois à l'abbaye; les ruines très curieuses
du cloître remonlant au huitième siècle; une maison
très remarquahle dans le style de la renaissance, et
enfin un grand nombre de construcLions particulières
qui fon t de ceLle ville u ne des pl us remarq uubles de
France, au poinl de vue de J'antiquité historique.
C'est surtout dans le quarLier le plus rapproché de
l'établissement et qu'on appelle le faubourg des Romains, que se trouvent les maisons destinées à loger
les baigneurs, ainsi que de très beaux hôtels, tels que
celui du l,ion Vert et du Lion d'Or, où l'on rencontre
tout le confortable et le luxe hygiénique si nécessaires
aux malades.
Ce fi uarLier est séparé de l'établissement par une
large avenue longue de 200 pas environ, bordée de
maisons parfaitement bâLies, et oITrant aussi aux baigneurs des logemen Ls commodes et agréables. En face
de la grille des bains est Je salon où l'on trouve salles
de biJIurd, de jeu, de conversation, grand salon de
danse; remarquons, en passant, que l'escalier qui
conduit au premier étage est très peu élevé, et d'une
ascension on ne peUL plus facile. Les fen~trs
don'-
�7
DE LUXEUIL.
nent d'un côté sur une campagne très étendue, et de
l'autre sur le magnifique jardin de l'établissement.
La vie matérielle est peu coûteuse à Luxeuil. Les
appartements sont on ne peut plus confortables, et le
service des tables d'h6te ne laisse rien à désirer.
On a reproché aux habitants de Luxeuil de n'avoir
point fait tout ce qu'il fallait pour la prospérité de
leur établissement; déjà, disait M. le docteur Revillout, à l'époque où il écrivait son livre (1.838), • il
n'en est plus de même aujourd'hui, tout le monde rivalise d'ardeur, et bientôt une nouv'elle ère s'ouvrira
pour cette ville si riche en souvenirs, si belle par le
sol qui l'entoure.
Assurément je dirai aussi que les habitants de
Luxeuil, sont d'un commerce très agréable, qu'ils
reçoivent les étrangers avec les plus grandes prévenances, la pIns grande aITabilité; je crains cependant
qu'ils ne comprennent pas encore assez qu'ils doivent
s'eITacer entièrement devant les étrangers, qui viennent pendant quelques mois de l'année apporter à
leur ville une prospérité réelle. Mais aujourd'hui que
l'État, en propriétaire habile et jaloux de la santé
publique, n'a pas craint de faire des dépenses considérables pour rendre cet établissement un des plus
importants de France, les habitants de Luxeuil ne
reculeronL devant aucun sacrifice pour rendre à
leurs bains leur ancienne réputation plus que jamais méritée.
)1
•
�8
NOTICE SUR LES EAUX M!NÉRO-THERMALES
CHAPITRE II.
Ébtblissement thermal.
Avant de décrire l'établissement thermal de J... uxeuil, je commencerai par combattre deux griefs qui
semblent au premier abord très importants, et qui
ont attiré et attirent encore d'injustes critiques à cet
établissement.
Avant que je vinsse à Luxeuil, j'avais entendu répéter que le bâtiment des bains est très élojgné de la
ville, puis, ce qui est bien pIns grave encore, que
chaque matin et chaque soir, il est entouré d'un brouillard très épais causé et entreten u par une triple allée
de magnifiques platanes, au milieu desquels il se
trouve situé : je tiens à faire enfin bonne justice de
ces bruits qu'on ne saurait trop démenUr.
Assurément l'établissement thermal est éloigné de
l'extrémité sud de la ville, mais je J'ai dit déjà et je le
répète, il n'est pas distant de plus de 200 pas de celte
partie de la ville la plus belle, la plus aérée qu'on appelle le faubourg des Romains et où sont situés, je
le dis encore une fois, les maisons et les hôtels destinés à loger les baigneurs. De plus encore, en face
de la grille du blHiment des bains, des deux côtés du
grand salon, se trouvent plusieurs maisons disposées
pour recevoir les malades, et un emplacement considérable pout en construire de nouvelles. Disons donc
et répétons-le bien haut: l'établissement thermal de
Luxeuil n'esl pas éloigné de la ville. Examinons main-
�DE LUXEUlL.
tenant s'il y a avantage réel à ce que le bâtiment des
bains soit construit dans le centre même des habitations et entouré de maisons qui bornent de tous côtés
l'air et l'espace; non assurément, et la légère distance
qui sépare l'établissement dont nous nous occupons
de l'intérieur de la ville, nous parait être plutôt un
avantage qu'un inconvénient réel.
Quant à la seconde accusation, elle est encore
moins fondée que la première; à une certaine époque
en effet le bâtiment des bains était entouré de grands
arbres, qui pouvaient entretenir ce brouillard humide qui n'existe plus aujourd'hui; l'administration
en a compris la cause, et a fait abattre l'allée d'arbres
située au nord de l'établissement, pour la remplacer
par un jardin anglais vaste et très-aéré.
L'établissement thermal de Luxeuil, est sans contredit un des plus beaux qui existent en France. Le
bât~men
qui renferme les bains et les différentes
sources est situé au milieu d'un magnifique jardin,
précédé d'une cour grandiose dans laquelle on pénètre par une grille magniOqlle, ornée d'un élégant
portail. Ce bâtiment se divise en trois ailes principales
qui contiennen t, en commençant par la gauche: le
logement du condcrge, le cabinet du médecin inspecleur et le bureau du régisseur des bains, le bain
des Bénédictins, le bain des Dames, le bain des Fleurs,
le bain Gradué, un salon d'allen te, le grand Bain, la
salle Neuve, la turbine, le bain des Cuvettes qui, recouvert depuis quelques années, sert de péristyle au bain
ferrugineux situé derrière lui, la lingerie, les cabinets
de douches ascendantes et enfin le bain des Capucins.
1 Bain des Bénédictins.
0
Ce bain contient un bassin ou piscine dans lequel
�t0
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
25 person~
peuvent se baigner à l'aise; on y trouve
des vestiaires très vastes et très bien éclairés, l'eau
de ce bassin comme celle de toutes les piscines de
Luxeuil, se renouvelle continuellement, avantage fort
rare dans les établissements thermaux; il est alimenté par deux sources doot la température réunie
est de 3ft. à 35° cenligrades.
2° Bain des Dames.
(
Le bain des Dames sert à alimenter les cabinets
de douches descendé,lOtes et ascendantes qui se trouvent dans cetle salle, les baignoires du bain des
fleurs, et une grande partie de celles du bain gradué. La source du bain des Dames la plus minéralisée de l'établissement jaillit d'une borne élevée
au milieu du bassin dans lequel on ne se baigne
plus aujourd'hui, sans doute à cause de sa température élevée qui est de 37° Réaumur. L'administration comprendra, nous l'espérons, qu'elle prive
ainsi les malades d'une ressource puissante, et rétablira la piscine du bain des Dames; il est des cas en
erret dans lesquels les bains à haute température
peu ven t rendre de très ,grands services aux malades.
M. Je docteur Turck de Plombières, m'a dit avoir
souvent retiré de grands avantages de l'emploi de ces
bains très cbauds, pourvu toutefois qu'ils soient administrés sous la surveillance du médecin . .Espérons
donc que celle ressource si importante sera bIentôt
rendue à l'établissement dont nous nous occupons.
La quan lité considérable de gaz azote pur, qui se
dégage de la source du bain des Dames a fait songer
à l'employer dans certaines aITections de l'utérus;
nous n'avons pas vu d'observa lion bien concluante en
faveur de ce mode de traitement.
�DE LUXEUIL.
3° Bain des Fleurs.
Nous ne décrirons pas en détail le bain des Fleurs
tel qu'il existe aujourd'hui, car il doit être entièrement reconstruit celte année, d'après les nouveaux
plans de l'ingénieur, M. François. Ce bain renferme
une source d'eau gélatineuse qui n'a point été utilisée jusqu'à ce jour. Cette source fournit 9000 litres
en 2l~
heures, elle pourrait donc parfaitement alimenter des baignoires, dans lesquelles on créerait
comme dans le bain ferrugineux des douches vaginales et des douches ft la tivoli.
4.0 Bain Gradué.
On est vraiment saisi d'admiration en pénétrant
dans la salle du bain Gradué. Cette salle, en effet,
est d'une architecture remarquable. Le bassin destiné aux baigneurs se divise en quatre compartiments, qui avaient autrefois chacun une température
diITérente, 26, 27, 28 et 29 degrés Réaumur. Je me
demande pourquoi l'on a jugé à propos de ne plus lui
en conserver que deux, 27 et 29. Il serait, selon nous,
très bon de ne pas se priver ainsi gratuitement de
ressources quelquefois fort imporlantes.
Autour dt;! bassin sont douze cabinets de bain et de
très beaux vesliaires pavés en asphalte et ornés de
vastes cheminées. Trois de ces cabinels sont alimentés
par l'eau du bain des dame, et peuyent aussi servir à
des bains de haute lempérature. Les cabinets du bain
Gradué ne renfermen l pas d'appareils de douches: il serait extrêmement facilecl'en établir, à très peu de frais.
Dans toute la longueur du bâtiment qui renferme
le bain des fleurs et le bain Gradué, règne une vaste
galerie, où les baigneurs se promènent en cas de mau-
�f2
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
vais temps. Cette galerie, qui s'ouvre sur la cour par
de vastes arcades, doit être vitrée dans toute sa longueur, et chaufIée par un réservoir d'eau chaude placé
sous le sol.
5° Grand bain.
Le bassin du grand bain est recouvert par des
dalles; il est formé de deux sources, qui fournissent 50,000 litres d'edu en 24 heures. Cette eau
est montée, au moyen d'une turbine, dans des réservoirs qui alimentent des appareils de douches et
quelques cabinets de bain très confortables, dans lesquels nous avons remarq lié des baignoires en tourées
de rideaux, luxe inusité dans la plupart des établissements thermaux. Les murs de ces cabinets doivent
être très prochainement recouverts de faïence blanche. On s'occupe de construire dans le grand bain des
cabinets d'inhalation et des appareils de douches à.
haute pression.
6° Salle neuve.
La salle neuve n'est qu'une dépendance du grand
bain. C'est dans cette sulle que l'on trouve les appareils de bains de vapeur, trop peu nombreux, et
qui ne sont ni beaux ni commodes. Elle renferme
aussi un cabinet de douche écossaise. Sans nul
doute, l'administration comprendra qu'il y u là une
lacune importante, qui devra être très prochainement
comhlée.
7° Bain des Cuvelles.
Comme nous l'avons dit tout à l'heure, ce bain est
aujourd'hui recouvert de dulIes, et précède la nouvelle construction si importante qui renferme le bain
ferrugineux et dont nous allons nous occuper en détail.
�DE LUXEUIL.
i3
8° Bain ferrugineux.
Au milieu du bâtiment principal de l'établissement thermal de Luxeuil s'élève une construction
nouvelle, destinée au bain ferrugineux. Elle se compose d'une salle oblongue, décorée avec luxe et
élégance, qui se ter.mine par deux autres petites
·salles en forme de rotonde, qui contiennent chaCune une petite piscine ou bain de famille, et un
vestiaire. En entrant dans le bain ferrugineux, on
trouve de chaque côté une élégante fontaine destinée
aux buveurs. Celle de droite contient l'eau ferrugineuse; celle de gauche, l'eau provenant du bain des
cuvettes, sur la nature de laquelle nous reviendrons
plus tard. Neuf cabinets sont disposés dans la longueur du bain ferrugineux. Je ne saurais trop insister
sur le confortable et le luxe de ces cabinets, qui rappellent les plus élégants établissements parisiens.
Chacun d'eux renferme une baignoire en granit rose
des Vosges, enfoncée dans le sol, et dans le fond de
laquelle on a disposé un appareil très commode pour
les injections vaginales. C'est aussi par un orifice ouve!'t dans le fond que l'eau fèrrugineuse arrive dans
ces baignoires; par ce moyen il n'y a aucune déperdition de gaz. M. le docleur Constan tin James remarque avec raison, en parlant des baignoires de
Néris, où le m6me système est adopté, que l'eau qui
y arrive a perdu les gaz qu'elle peut contenir pendant
son séjour dans les bassins de réfrigération. II n'en
est pas de même ici, car nous verrons tout à l'heure
que l'eau de la source ferrugineuse arrive dans la baignoire sans perdre ni sa chaleur ni les gaz qu'elle peut
contenir.
Avantla construction du bain ferrugineux, et avant
�t4
NATICE SUR LES EAUX MINÉL\O-THEBMALES
la découverte et le captage des nouvelles sources, l'eau
ferrugineuse alimentait quatre baignoires du bain des
Capucins, dont nous parlerons tout à l'heure. Cette
eau se trouve mélangée à des eaux étrangères, et sa
température n'était que de 15 à 1.6 degrés centigrades: il était donc complétement impossible de
donner des bains à une température aussi basse et
avec une eau dont le volume augmentait selon que
le temps était sec ou pluvieux. Pour obvier à ce
manque de calorique, on échauffait l'eau ferrugineuse
en lui faisant traverser une série de serpentins placés
au milieu de l'eau du bain des cuvettes, à ll5 degrés.
Aujourd'hui ce système de chauffage a été complétem'e nt abandonné. Les nouvelles fouilles dirigées par
l'ingénieur, M. François, ontamené la découverte des
yéritables sources ferrugineuses, à 80 ou t 00 mètres
du bâtiment principal. La température de cette eau,
prise à la source, est de 28 à 29 degrés. Cette source
est parfaitement captée dans un vaste réservoir de 50
à '60,OOO litres, pouvant se remplir dans les vingtquatre heures. Du bassin l'eau est amenée dans le
bain ferrugineux par des conduits en terre cuite vernissés et complétement isolés, pour éviter la déperdition de la chaleur; elle arrive à une température de
25 à 26 degrés duns les baignoires, qui reposent ellesmêmes sur une galerie échaulIée par l'eau du grand
bain, et conserve aillsi une chaleur suffisante pour le
service des bains et des piscines.
Le bain ferrugineux, tel que nous venons de le décrire, est évidemmen t construit clans les conditions
les plus favorables; nous lui reprocherons cependant
un seul inconvénient, la trop petite quantité de ses
baignoires, qui, celte année déjà, suffisaient à peine
au nombre toujours croissant des baigneurs. Cet in·
�DE LUXEUIL.
15
convénient a été prévu par l'administration, qui s'occupe en ce moment d'établir, à l'extrémité du bain
ferrugineux, une nouvelle salle circulaire, contenant
douze cabinets semblables àceux qui existent aujourd'hui. Cette salle sera disposée pour recevoir des baigneurs à l'ouverture de la saison prochaine.
9· Douches ascendantes.
Près de la lingerie, dont nou,s n'avons point à nous
occuper, et du bain des Capucins, sont placés les
cabinets de douches ascendantes. La galerie dans
laquelle ils sont situés se trouve presque complétement isolée. Chacun ,de ces cabi nets est parfaitement
éclairé; un courant d'eau circule au-dessous des
appareils de douches. Ce bâtiment, en un mot, réunit
toutes les conditions nécessaires si souvent négligées
dans cette pariie des établissements thermaux.
1.0· Bain des Capucins.
Ce bain renferme deux bassins séparés par une
cloison en pierre, et destinés aux baigneurs des deux
sexes. La tempéra lure de l'eau qui les alimen te est de
29 degrés Réaumur. Chacun de ces comparliments
peut contenir environ quinze personnes. Les vestiaires sont très vastes et' parfaitement éclairés; ils
sont ornés de grandes cheminées, surmonlées de
très belles glaces. Leur sol doit être très prochainement recouvert en bitume.' Aux quatre angles de la
salle sont des cabinets destinés autrefois aux bains
ferrugineux.
Nous avons dit que la piscine du bain des Capucins est divisée en deux compartiments, dont l'un est
destiné aux femmes, et l'autre aux hommes. Assurément, c'est là une grande amélioration, dont il fau-
�i6
NOTICE SUR LES EAUX l\UNÉRO-THERMALES
drait se contenter s'il n'était pas possible de faire mieux
encore. Mais nous savons qu'il existe à Luxeuil une
autre piscine très vaste, celle des bains des Bénédictins, située à l'autre extrémiLé du bâtiment. Ne seraitil donc pas posi~le
d'affecter l'une de ces piscines au
service des femmes, et l'autre à celui des hommes?
M. le docteur Constantin James, dans son intéressant
ouvrage sur les eaux minérales, dit, en parlant de
Luxeuil: « Il y aurait bien quelque chose à dire sur
cc l'usage où l'on est encore de se baigner pèle-mêle,
« hommes et femmes, dans les mêmes bassins. (Il
« parait qu'à l'époque où écrivait M. James la sépa« raLion du bain des Capucins n'existait pas encore.)
« Mais ce sont presque toutes personnes de l'endroit,
(\ surtout de la campagne; puis les choses se passent
avec une telle convenance, une telle réserve, et,
c( qu'on me pardonne l'expression, tous ces malades
« avaient de si bonnes figures, que je n'ai été nulle(c m ent choqué de ces bains pris eo commun. » Nous
accordons très volontiers à M. James que les choses
se passent avec convenance, que les baigneurs des
pi scines de Luxeuil ont de très bonnes figur es; mais
nous n'admettons pas que ce soient presque Ioules pe1'sonnes de l'endroit, SlLl'lOul de la cam.pagne. Et quand
en core cela serait, la raison ne nous paraît pas suffisante pour autoriser ce mélange des deux sexes . On a
dit au ssi que les bains en pi scin e di stincte pour chaque
sexe n'ont pas tout le piquant des bains en commun;
qu'on y rencontre moins d'animation, moins de gaîté.
Nous avons passé une saison aux bains de Néris, où
chacune des piscines est parfaitement distincte, et
nou s avons remarqué un enlrain, un abandon qui
nous paraissaient complélemE'nt incompatibles avec
le mélange des deux sexes. Revenons aux bains des
(1
�17
DE LUXEUIL.
Capucins, et espérons que l'administration sera de
notre avis, et affectera l'une des pisdnes au service
des fems~
tandis que l'autre sera réservée pour les
hommes.
Il n'existe pas d'appareils de douches dans le bain
des Ca pucins, mais jJ serait on né peut pl us facile
d'en établir dans les cabinels dont nous avons parlé,
qui étaient au trefois destinés aux bains ferrugineux.
,
ito Sources de l'établissement thermal.
Les sources que l'on trouve dans l'établissement
thermal sont au nombre de onze; sept son,t situées,
comme nous l'avons dit déjà, dans le bâliment des
bains ; ce son t : la sourc
~ des Bénédictins, la source
des Dames, la source gélatineuse située dans un des
angles du bain des Fleurs, la Source du bain Gradué,
la source du grand Bain
~ la source des Cuvelles, la
source du bain des Capucins. A 1.00 mèlres environ
au nord du bâtiment se trouvent les sources ferrugineuses. La plus abondante, qui est aujourd'hui captée, et ùont nous avons parlé à propos du bain ferrugineux, donne environ 50 à 60,000 litres d'eau
dans les vingt-quatre heurès, et peut, par conséquent, parfaitement suffire à l'augmenta lion du nombre de baignoires dont on s'occupe en ce moment.
La seconde, située à 60 mètres environ du bâtiment,
n'est pas encore entièrement captée; elle contie~
plus de fer que la première, mais su température
est beaucoup plus basse, eL elle ne fournit que 7 à
8,000 litres dans les vingt-quatre heures.
Enfin on trouve encore au nord-ouest: la SOlwce
d'llygie ou Savonneuse , destinée aux buveurs, et la
FOlltaine des Yeux, ù laquelle la tr~diLon
populaire
ütlache une vertu fameuse pour lu guérison des mat
�t8
NOTICB SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
ladies des yeux; elle est située au milieu de la grande
cour d'entrée, en face du péristyle.
Je ne parlerai que pour mémoire d'une petite fontaine située aussi dans la cour, connue sous le nom
de Fontaine des Abeilles. On raconte qu'une épidémie
de dyssenterie ayant sévi en 1.71.9 sur la ville et les
environs, l'eau de cette fontaine fit de tels prodiges
de guérison, l'affluence des buveurs y devint si grande,
qu'on fut obligé d'y envoyer des gardes pour maintenir l'ordre.
1.2° Salon des bains.
Le salon des bains n'appartenant pas à l'État
comme l'établissement thermal, a été décrit plus
baut à propos de la notice sur la ville de Luxeuil.
Nous avons parlé sommairement des difTérentes
parties qui composent l'établissement thermal de
Luxeuil, nous n'avons pas besoin d'ajouter que les
baigneurs y trouvent un service empressé et confortable sous la surveillance habile du régisseur
M. Dejean.
�DR LUXEUIL.
J
19
CHAPITRE III.
Analysc
dcs sourccs.
Les différentes sources qui alimentent l'établissement de Luxeuil ont été depuis longtemps l'objet
d'analyses importantes. En l'an VIII, Pierson, pharmacien à Épinal, paraît avoir le premier reconnu la
nature alcaline de ces sources. Vauquelin s'occupa
plus tard de l'analyse de la source du grand bain. En
1823, M. Longchamp publia dans les Anna.les de chimie et de physique l'analyse de l'eau de la source ferrugineuse. Plus récemment, en 1837, sur la demande
de M. Desgranges, maire de Luxeuil, et de M. le docteur Revillout, médecin inspecteur, M. Braconnot de
Nancy, correspondant de l'Institut, fit une analyse
complète des eaux de Luxeuil; plus tard encore,
M. le professeur Chevallier signala la présence de
l'acide arsénieux, confirmée par les expériences précises de M. le docteur Chapelain, médecin inspecteur actuel. Tout dernièrement enfin, M. le docteur
O. Henry fils a présenté à la Société d'hydrologie une
note sur la composition de certains dépôts qu'abandonnent les eaux minérales de Luxeuil. Nous nOlIs
occuperons d'abord du travail de M. Braconnot, pour
revenir ensuÏle à celui de M. O. Henry, auquel nous
attachons une très grande importance.
Sans entrer ici dans tous les détails analytiques
consignés par M. Braconnot dans les Annales de chimie el de physique (1'0série, t. XVIII! , nous nous bOr'De-
�20
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
rons à reproduire le tableau synoptique des proportions des substances contenues dans un litre de l'eau
de chacune des neuf sources.
M.le docteur Chapelain, dans son Traité sur Luxeuil
et ses bains, reproduit ce tableau en y faisant figurer
les diITérentes sources d'après leur degré de minéralisation; nous adopterons aussi cet ordre, qui nous
paraît préférable à celui qu'a suivi M. Braconnot.
TABLEAU .
�0,0436
0,0321
0,7471 10,0239 10,U68
0.7053 10,02:19 10, i442
0,5797
0,3754
Source cbaude du
bain gradué. .. ... 37
1
Eau du cabinet no 7
du bain gradué... 36 1°,6694 10,0220 10,1168
0,6376
56
Source moins chaude
du bain gradué ... 36
Bain ùes Cuvettes ... 46
Bain des Capucins .. 39
Eau savonneuse ..... 1 30 10,t098
4
5
6
7
8
9
Grand bain.........
0,0030
0,0012
chaux.
0,0970
0,0795
0,0050
0,0160
man~èse
j
olyde ;
de fer,
oxyde de
.lLUMln, ,
SILICI.
animale.
0,0671
0,0580
O,OHO
0,Oi5f
0,0660
fixe
USIDO
pour un
1litre d'eau
/
.J.T1h. 1
O,003i
10,0240
0,0034 10,075i 1°,0028
0,0020 10,0825 1°,0040
0,0018
0,0030
0,0019
Traces. 0,0004
0,0017
0,0020
0,0029
0,0028 10,0022
0,0240 0,0020
i ,0845
0,2751
0,0250 1Traces.
0,8tH2
0,5681
0,0022
0,9616
0,0024
0,0450
0,0504
0,0771 . 0,0024
0,0622 10,0025 10,977!
0,0805 · 0,0030
1,nao
l,i349
f,f649
------ - - - - - - -
1•• ONISIB.
.
0,0850 1°,0030 0,0033 10,0659 1 0,0025
0,1224 1°,0391 10,0571
1 0,0355
0,0152 0,H45 1°,0282
0,02U
1
0,0457 10,0785
3
0,0200 0,t499
0,7564
t
soude.
de
1
0,0473 10,0600
-
de
C... BO:UT. CUBO:'UTB
Bain des Bénédictins. 45
0,f529
soude.
de
SULPnl
2
0,02i5
potassium .
--- -
l
0,7707
?
..
de
cBLonu
sodium.
de
-
CBLO.OU
~
g
'!';
Bain des Dames .... , 47
1-
NOMS DES SOURCES.
Tn',leR" 8.>DopOque de8 8ob.IRlIceli cOllteDIICII dall8 1000 gramme. tle chncune dCIi soure!'s de Lnxeull.
CI3
NI
S
t""
:...
~
t::'
t"l
�~2
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
« En jetant les yeux sur ce tableau, dit M. Bracon-
not, on peut en déduire plusieurs faits remarquables
qui serviront à diriger l'emploi des eaux thermales
c( de Luxeuil dans les di verses maludies auxquelles on
c( les destine.
'
« 1° 0 n remarquera que les sou rces nO' 1, 2, 3 et 4« ont sensiblement la même composition, par les pro1{ portions des éléments qui les constituent, car les
« légères différences qu'on y observe ne sont vraisem« blablement dues qu'à des erreurs de manipulation
« qu'il est impossible d'éviter dans ces sortes de reC[ cherches. On peut donc conclure que ces quatre
cc premières sources proviennent du même réservoir
« souterrain ou centre minéralisateur;
« 2 u Que les sources nO' 5, 6 et 7, quoique prove« nant aussi de la même nappe d'eau, ont rencontré
« accidentellcment dans leur trnjet des filets d'eau
« pure qui on t altéré leur constitution originelle;
« 3° Que, dans la source n° 8, cette altération est
« beaucoup plus marquée;
« {Jo Enfin, que la source n° 9 est tellement appauCI vrie par son mélange avec l'eau pure, qu'elle peut
« être comprise parmi les eaux des sources ordift naires. »
De plusieurs sources, et surtout de celle du bain
des Dames, se dégage une quantité considérable de
gaz, que M. le docteur Revillout avait tout d'abord
considéré comme du gaz azote pur; M. Braconnot, en
faisant son analyse, avait supposé que ce gaz était de
l'acide carbonique, mais il a bientôt reconnu que
c'est en eITct dc l'azote. Voici, du reste, l'explication
qu'il donne de la production de ce gaz: « On suit, dit
« M. Braconnot, que les nuages qui se rassemblent de
« préférence autour des sommets les plus élevés, y
c(
c(
�DE LUXEUIL.
!3
« déposent de la pluie, dont une partie se rassemble
à leur surface pour former des ruisseaux, tandis
qu'une autre partie de cette eau filtre à travers les
« fissures des montagnes, et pénètre quelquefois à
« une profondeur extrêmement considérable, où elle
c( est échauffée par la chaleur que l'on suppose crois« sante avec la profondeur. Arrivée au réservoir où
cc s'opère la minéralisation, elle se sature des sub« stances qui sont en contact avec elle, et, comme
« parmi ces substances se trouve du protoxyde de fer,
« puisque nous avons reconnu que toutes les eaux de
« Luxeuil en contiennent une petite quantité, celui-ci
ct s'empare de l'oxygène que cette eau retient en dis«solution; d'où il résulte que l'azote seul qu'elle re« tenait aussi s'en sépare sous forme de bulles plus
« ou moins grosses, à mesure que l'eau approche de
c( la source et que la pression diminue. »
c(
c(
En faisant ]a description des différents bains de l'établissement thermal, nous avons omis à dessein un
fait qui trouve tou t na turellemen t ici sa place. Les eaux
de Luxeuil déposent sur les parois des bassins qui les
renferment une substance noirâtre, douce au toucher
qui se détache très facilement; cette substance est
d'autant plus abondante et d'autant plus foncée qu'elle
provient de sources plus minéralisées. Ainsi on la
rencon tre en grande é1bondance et presque noire sur
les pé1rois du bassin du bain des Dames. M. Braconnot a aussi analysé ces différents dépôts, et y a constaté la présence d'une très grande quantité de peroxyde demanganèse, 70 centigrammes sur2 grammes.
M. le docteur Chapelain, sans faire une analyse
quantitative exacte, a constaté l'identité des substances reconnues par l'habile chimiste de Nancy.
�24
NOTICE SUR LES EA UX MINÉRO -THERM ALES
, A l'époq ue où M. Braco nnot fit l'analy se des eaux
de Luxeu il, on ne s'étuit pas encore occup é de recherch er l'arsen ic qu',Qn a trouvé depuis dans un
très grand nombr e d'eaux minér ales; M. Je docteu r
Chape lain mis sur la voie par les nouve lles expéri ences
chimiq ues, s'occu pa de la recher che de ce métall oïde,
qu'il ne trouva que dans l'eau ferrug ineuse ; à l'époque où · lu nouve lle source ferrug ineu se fut découverte, notre honor able confrè re pria M. Braco nnot de
vouloi r bien faire une analys e nouveJle dont nous
donno ns un résum é succin ct.
Tableau des substanoes oontenuos dans
l'e
~ u
ferrugineuse de Luxeuil
d'après M. Braoonnot.
1° f.hlol'me de sodium .... . , ..... . ... .
2° Chlorure cie potassium ....... ..... .
3° Sulfate de SOlide........ ...•... . ...
4° Oxyde de mangan èse ....... ..... . . .
5° Carbouale de chaux ....... .•..... ..
6° Sidrate de chaux .•..... " ...•... ..
7° Magnésie. ·... .. ....... .•..... . " •.
8° Matière azolée....... ....... ...... .
!
9° Silice et albumin e ••.. " ...... " .. .
10° Oxyde de fer .....
11 ° Phosphate de fel'. • ....... ....... .
12° Arséniate de fer ..
0,2579
0,0021
0.0700
0,0220
0,0350
0,00 50
0,0070
0,01 00
0,0080
0,0270
0,11440
M. Braco nnot a remar qué que le fer dissou s dans
l'eau, au mome nt où elle sort de la source , est dans
un état inférie ur d'oxyd ation, mais qu'au contac t de
l'oxyg ène, il' passe il l'étal de sesqui oxyde , et se précipite en entrai nant les acides phosp horiqu e et arsénique.
L'oxyd e de manga nèse au contra ire est retenu dans
l'eau avec beauc oup plus de force. Si en effet, on analyse l'eau fen:ug ineuse séparé e de son dépôt, et ne
�25
DE LUXEUIL.
donnant plus aucun indice de la présence du fer, on
y constate par les réactifs la présence d'une quantité
considérable d'oxyde de manganèse.
L'ocre de Luxeuil ou dépôt produit par la source
ferrugineuse a présenté à l'analyse de M. Braconnot
les résulLats suivants: l'acide apocrénique et crénique ne sont plus retrouvés comme clans la première
analyse faite par l'auteur. Une partie de l'oxyde sesquiferrique est combiné à l'acide phosphorique et à
une petite quantité d'acide arsénique.
Une série d'expériences a dénoté la présence du
cuivre et des différentes matières dont le tableau se
rés ume ainsi :
52,288
Oxyde ferrique ........••...•••.••.•..
19,940
Phosphate ferrique ...•..••....•......
2,772
Arséniate ferrique ......•.... . .....•••
Matière azotée ..........••........... Quanlité indét.
Carbonate dc chaux .................. . 00,000
00,000
Oxyde de manganè c.... . . ..........•.
Cuivre ........... . ... · ............. . 00,000
Matières terreus ps étrangères ......•... 25,000
iOO,OOO
En terminant l' analyse du dépôt ocreux, M. Braconnot remarque qne l'eau ferrugineuse retient en
dissolution une quantité notable de manganèse, tandis que le dépôt ocreux n'en renferme que des traces,
et cependant, dit le savant chimiste: « ayant examiné
« il y a environ trente ans, la substance vernissée d'un
« brun noirâtre qui revêt les bassins de Luxeuil, je
« l'ai trouvée formée presque en totalité de peroxyde
de manganèse et de bal'yte ») Nous n'insistons pas en
ce moment sur cette remarque que nous considérons comme on ne peut plus importante et sur laquelle nous reviendrons dans le courant de ce travail.
�26
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO -THERM ALES
Arrivons maint enant au travail de M. O. Henry
fils, qui vient corroborer l'opinion ,que nous nous
sommes faite sur l'importance thérap eutiqu e des eaux
, thermales de Luxeuil en général, et surtou t du bain
ferrugineux.
M. O. Henry a opéré sur différents échantillons
de dépôts recueillis par M. François et par M. le docteur Chapelain. Ces dépôts sont au nombre de quatre .
1° Dépôt du bain des Dames.
2° Dépôt de la source gélatineuse.
3° Dépôt ùu Grand bain.
4° Dépôt de la source ferrugineuse.
Les trois premi ers de ces dépôts, dit M. Henry,
ont entre eux une très grande analogie; le quatri ème
au contraire présente des caractères très-différents.
De même que M. le professeur Chevallier, M. Henry
a constaté dans ces différents dépôts la présence de
l'arsen ic en quanti té peu considérable.
Voici le tableau comparatif des substances conte nues dans les trois premiers dépôts.
Silice ...... • ..•.. " ......•
Sesquioxyde de manganèse ..
Sesquioxyde de rel' ... " ....
Sulfate de baryte ....... ....
Silicate de manganèse ..... }
Baryte ....... ....... ....
Matière organique ou acide
cl'énique ....... ....... ..
Al'senic ....... ....... .....
Bain des dames. Source gélatineuse.
4,144
61,638
1,036
6,722
8i ,923
0,992
Grond bain.
21,461
:-12,671
0,916
Indices.
Indices.
32,iOO
9,344
44,952
1,020
1,082
Indices.
Traces.
Truces.
'l'l'aces.
Traces.
iOO,OOO
tOO,OOO
100,000
Le quatrième dépôt olTre des caractères diITérents : ,
�27
DE LUXEUIL.
sa couleur, au lieu d'être d'un brun foncé, est jaune
d'ocre. Voici maintenant sa composiLion chimique:
Silice .....•.•........•...•....•.....
Sesquioxyde de fp l' ••.•••••.•••.•••••••
Sesquioxyde de manganèse ............ .
Dépôt micacé ............•...........
SlIlfate de baryte .................... .
i5,62ti
61,035
0,563
10,125
lndices
~:.
i2,632
.~ .~:
}............. .
Arsenic ..•....•.........•.....•. " .,
Cuivre ...•...•..•.......•.......••..
Qnan lité notah le
Traces.
tOO,OOO
Nous voyons ici pr'édominer le fer, qui n'est qu'en
très minime proportion dans les autres dépôts, tandis qu'au contraire, l'oxyde de manganèse, si abondant dans les trois premiers, se retrouve à peine dans
le dépôt de la source ferrugineuse. Dans ce dépôt aussi
la quantité de l'arsenic a augmenté et des traces de
cuivre ont paru.
Nous ne décrirons pas ici les différents procédés
d'analyse employés par M. O. Henry. Nous constatons seulement avec lui que les eaux de Luxeuil contiennent du manganèse soit à l'état de bicarbonate,
soit à l'état de silicate de manganèse ou de manganate de baryte. Quant à l'origine de ce principe minéralisateur, l'attribuerons-nous comme M. Braconnot au passage des eaux de Luxeuil à travers un minerai formé de manganèse de bary te ? il existe en eITet
près de Saint-Dlez, non loin de Luxeuil une mine de
manganèse que Vauquelin a reconnue, mais dans laquelle il n'a pas trouvé de baryte. On trouve encore
dans la Haule-Saône d'autres minerais de manganèse
qui, quoique éloignés de Luxeuil, pourraient très
�~8
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THEBMALES
bien avoir doté ses eaux de ce principe si puissant.
Cette question peut être très importante au point
de vue aostractivemen t scientifique, mais il nous suffit
de savoir d'une manière bien positive que les eaux de
Luxeuil renferment du manganèse, et que le dépôt de
la source ferrugineuse renferme une moins grande
quantité de ceprincipe que le dépôtdes autres sources.
Les eaux des différentes sources thermales que nous
venons de passer en revue, sont toutes d'une limpidité eXtrême, un peu onctueuses au toucher, sans
saveur ni odeur, quelques personnes prétendent y
reconnaîLre une légère saveur fade, que nous n'avons
pu trouver avec quelque soin que nous les ayons
goûtées. Nous en exceptons cependant bien entendu
l'eau de la source ferrugineuse qui a un goût d'encre
assez prononcé, mais cependant peu désagréable.
Nous avons vu dans les différents tableaux analytiqlles
que nous avons reproduits, que les eaux thermales
contiennent une matière animale généralement connue sous le nom de glairîne de barégine. M. Braconnot pense que cette production qu'il considère comme
organique pourraitaonstituer un genre Lout particulier,
ne croissant que dans les thermes, et pour lequel
M. le docteur Foricbon de Néris a proposé le nom
de thermaline. Cette procluction se présente dans les
eaux de Luxeuil , sous la forme ùe grumeaux ramifiés
semblables il. certaines espèces de la famille des algues;
elle est sans nul doute analogue à cette sorte de végétation qu'on trouve si développée dans les eaux de
Néris, et que MM. de Laurèg et Becquerel ont si bien
décrite sous le nom de conferves (Uecherches sur les
conferves des eaux lhermales de Néris, 1855).
Nous remarquons du reste que cette matière se
rencontre surtout dans l'eau ferrugineuse, et qu'elle
�DE LUXEUIL .
29
n'existe qu'en très petite quantité dans les autres
Sources, cela tient évidemment à ce que ces dernières
se trouvent dans l'intérieur de l'établissement et
qu'elles ne sont pas par conséquent exposées à l'air.
Dans l'eau ferrugineuse au contraire dont la source
est en dehors du bâtiment des bains, cette matière se
dépose et fait partie de ce que nous avons nommé
le dépôt ocreux; c'est pour éviter cet inconvénient
que l'ingénieur M. François fait capter la source ferrugineuse dans un réservoir couvert n'ayant pas de
communication avec l'air extérieur.
Celle observation nous fournit une nouvelle analogie entre la matière organique de Luxeuil et les conferves de Néris qui n'existent que dans les ba sins exposés à l'air. « On ne rencontre jamais, dit M. de Laurès, dans les conduites souterraines que des portions
qui ont été entraînées par l'eau courante, mais qui
ne continuent pas à se développer. ))
Température des sources.
La température des sources de Luxeuil varie de
30 à 56 degl'és centigrades. Nous ne discuterons
pas ici sur différentes théories admises pour expliquer la thermalité des eaux, nous admellrons avec
le plus grand nombre des auteurs, que cette chaleur dépend du plus ou moins de profondeur des
réservoirs qui contienn nl ces eaux, et nous comprendrons aussi que les eaux de Lux uil partant toutes
d'une source mère perdent plus ou moins de calorique
selon les couches de terrain qu'el~
traversent. Disons
en même temps que la mCme explication doit être
admise aussi pOUl' leur différence de minéralisation.
Nous remarq uerons du l'este que le.l eaux voisines telles
que celles de Plombières, de Bains, de Bourbonne,
�30
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
renfer ment à peu de chose près les mêmes éléments
minér alisate urs que celles de Luxeuil, abstra ction faite
cepen dant de la source ferrugineuse. La différence
de tempé rature , de minér alisati on est due aussi sans
aucun doute aux différe ntes couches de terrain que
ces eaux ont traversées.
Nous ne préten dons pas dire cepen dant que ces
différentes eaux minérales doivent posséder des propriétés thérap eutiqu es identi ques, car, comme nous
le dirons plus tard, ce n'est pas seulem ent dans les
princi pes minér alisate urs que contie nnent telles ou
telles eaux que réside leur action réelle contre telle
ou telle maladie, nous désirons prouv er seulem ent
que, si l'activité comparative des eaux que nous venons de citer dépend de leurs princi pes minér alisateurs, Luxeuil assuré ment doit tenir un autre rang
que celui que lui ont donné bien à tort quelques auteurs. M. le docteu r Revillout a dressé dans son ouvrage un tableau compa ratif qui établit d'une maniè re
précis e que les eaux de Luxeuil ne le cèden t en rien
aux autres eaux therm ales de l'est de la France , nonseulem ent pour les princi pes minér alisate urs, mais
encore sous le ruppo rt du calorique intime , de l'électricilé eldes gaz qu'elles contie nnent (( puisqu e, ajoute
encore M. Revillout, l'analyse donne aux eaux deLuxeuil quatre fois autant de princi pe qu'aux eaux de
Plombières, puisqu e dans l'un etl'aut re établissement,
la tempé rature de l'eau dépasse le degré de chaleu r
que l'homm e peut suppo rter, puisqu e leurs gaz sont
les mêmes, à quelle cause faul-il donc attribu er l'es- .
pèce de discrédi t dans leq uel sont tombé s les therm es
de Luxeu il? » Assurément les choses ne sont pus aujourd' hui ce qu'elles étaien t à l'époq ue où M. le docteur Revillout publia it son livre (mars 1838). L'éta-
�DE LUXEUIL.
31
blissement thermal de Luxeuil appartient aujourd'hui
à l'état qui luia prouvé toute sa sollicitude. Les logements sont beaucoup plus nombreux et à proximité
des bains; aussi cette année déjà, le nombre des baigneurs a atteint un chiffre très élevé, et nous ne
doutons pas un instant que d'ici à quelques années,
l'établissement thermal de Luxeuil n'ait reconquis
son ancienne réputation.
�32
NOTICB St:JR LES EA.UX MINÉRO-THEltMALES
CIIAPITRE IV.
Des Pl'opl'i étés tbéralt eutique s «lc" eaux de , Luxeu
il
et de leul' Jllode d'a«im. illi,stra tion.
Si nous parcou rons les nombr eux traités sur les
eaux minér ales, nous y trouve rons bien des opinio ns
contra dictoir es, bien des théori es sur l'expli cation de
leurs vertus . Si d'un côté on fait jouer un rôle trop
impor tant à la chimie , à la matièr e médic ale minér ale
propre ment dite, il faut avoue r qu'on fait aussi trop
bon march é quelqu efois des agenls spécifiques qui
donne nt tant de ressou rces à la médec ine en .dehors
même de la pratiq ue des eaux minéra les. Pour bien
s'ente ndre, il faudra it selon nous faire une division
très impor tante et admet tre deux grande s classes
d'eaux minér ales: celles qui agisse nt par les princi pes
vérita bleme nt spécifiques qu'elle s renfer ment, tels
que le fer, l'arsen ic, l'iode, le soufre , le manga nèse;
et celles dans lesquelles ces agents ne se retrou vent
pas, ou n'exis tent qu'à des doses relaliv ement très
minim es et qui cepen dant ont prouvé leur action thérapeut ique réelle par l'expé rience médic ale, par l'observal ion des même s résulta ts, procla mée penda nt
une longue sui te d'anné es. Nous avons vu que l'établisse ment therm al de Luxeu il renfer me à lui seul ces
deux grande s catégo ries ~ eaux thel'~as
assez activement minéra lisées, mais ne conten ant qu'une quantité très minim e d'agen t spécifique propre ment dit,
et eaux therm ales se disting uant sulout par la pré-
�33
sen ce de deux de ces agents, le fer et le manganèse.
Nous nous occuperons donc séparément des propriétés
thérapeutiques, de ces deux divisions des eaux de
Luxeuil.
DE LUXEUIL.
§ {. Eaux de Luxeuil, il l'exception de la source ferrugineuse.
Les eaux de Luxeuil dont nous nous occupons en
ce moment, ont comme la plupart des eaux minérales, la propriété d'augmenter les forces vilales en
stimulant l'organisme; mais il faut avant tout que
leur emploi soit formulé d'une manière précise et subordonné à l'idiosyncrasie des malades, il leur tenJpérament. Les eaux de Luxeuil s'administrent en boissons, en bains, en doucbes et en étuves, ou bains de
vapeur.
1° De la boisson. - Les eaux de Luxeuil en boisson
sont d'une digestion assez fùcite, mais il faut cependant se garder d'en faire un usage immodéré. Certains malades boivent jusqu'à dix et quinze verres par
jour, c'est là un abus que le médecin ne sJurait trop
défendre, surlout si la muqueuse de l'estomac est un
peu susceplibled'irritation. Un ou deux verres le matin il jeun, el la m~e
quantité deux heures avant le
repas du soir suffisent parfaitement dans un traitement bien dirigé. Il est selon nous important que les
malades ne conlrüclent pas la paresseuse habitude de
se faire apporler l'eau chaude duns le bain toujours
un peu éloigné de la ource; celle recommandation
est peuL-être moins importante ù Luxeuil, où les
Sources se trouvenL touLes dan51'élablissernent. Nous
Conseillons cependant aux malades d'aller toujours
bOire à la source même, afin que l'eau n'ait perdu ni
de son gaz ni de son calorique. Les eaux de Luxeuil
augmenLent la sécréLion de la muqueuse gasLro-ins
�34
NonCE SUR LES EAUX MINERO- THERMALES
testinale et déterminent souvent un flux diarrhéique,
qui cesse de lui-même assez promptement; 'il survient
aussi quelquefois un peu de constipation causée par
l'augmentation de l'ubsorption intestinale, on doit
alors surveille attentivement l'administration de la
boisson minéra le, et avoir :recours à quelques lavements ou doucbes ~scendat
. IL est des personnes
chez lesquelles l'eau prise en boisson détermine un
malaise, une agitation générale, un embarras gastrique réel, elle ne devrai Ldonc pas être ordonnée indistincte men t à Lous les malades; mais il ne faut pas
oublier qu'elle rend souvent de très grands services.
On lu recommande avec le plus grand succès aux
personnes chez lesquelles on a constaté l'atonie, la
faiblesse de la muqueuse de l'estomac.
2· Des bains. - 11 n'est certainement pas d'établissemen t mieux disposé que celui de Luxeuil pour administrer les bains à des températures difJérentes,
baius frais, bains tièdes et bains très chauds. Nous
avons vu que les sources nombreuses que nous avons
décrites présentent des degrés de calorique très différents, et nous savons que la piscine du bain gradué à
elle seule peut offrir HUX baigneurs, dans un même bassin, quatre compartiments séparés à 27, 28, '2get 30·.
Nous n'oublierons pas non plus que la piscine du
bain des Dames, qui n'est pas employée 'i wjourd'hui,
pourrait très facilement être affecLée à l'administration de bains il haute température.
S· Bains {rais. - les bains frais agissent en ralentissant la circulation; ils peuvent cependant, s'ils ne
sont pus trop prolongés, êlre suivis d'une certaine
réaction plus manifeste dans les bains à une température plus basse. Ces bains sont essentiellement calman ts, mais ils ne semblen t pas devoir agir beaucoup
.
�DE LUXEUIL.
35
par les principes minéralisateurs qu'ils contiennent.
4e Bains chauds et tièdes. - Ce sont les bains qui
Sont le plus souvent employés, surtout dans les affections chron iques des voies digestives, dans les rhumatismes chroniques, dans les maladies des articulations, dans les engorgements de certains viscères,
dans les scrofules. On les emploie peu dans les maladies de la peau . M. le docteur Chapelain dit en avoir
retiré de bons eITets dans quelques aITecLions de cet
organe. Nous ne pensons pas comme lui, que les
heureux résultats qu'il a obtenus sont dus à l'onctuosité des eaux qui a assoulJli les téguments. Il serait
plus logique d'admettre que les eaux agissent par
leurs propriétés ordinaires, qui ne sont pas émollientes, et que, si elles guérissent certaines aITeclions de
la peau, c'est plutôt par une excitation légère et sub8titulive que par leurs propriétés onctueuses et émollientes.
Les bains tièdes aITr'en t évidemmen t de très bonnes
conditions pour l'absorption des principes minéralisateurs ct du calorique; Hs peuvent Nre impunément
prolongés pendant un temps as ez long. L'excitation
qu'ils produisent est très modérée, et suffit cependant
pour appeler le sang à la peau et réveiller l'activité
du système vasculaire.
5° Bains tl'ès chauds.- Lcs bains très chauds ont une
action excitantc très prononcée; nous avons dit qu'ils
Sont abandonnés depuis quelques années à Luxeuil,
mais nous ne saurions trop insister Isur la nécessité
de ne pas négliger cette ressource si puissante. En
eITel les bains très chauds, c'est-A-dire à une lempérature plus élevée de plusieurs degrés que celle du
sang, seront très ulilement emplo és toutes les fois
qu'il s'agira de déterminer ù la peau une excitation
�36
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
très énergique, au moyen de laquelle on obtiendra
une révulsion très prompte, une transpiration très
abondante; ils réussiront contre les rhumatismes
chroniques, contre quelques affections goulleuses.
Sans vouloir prétendre que la plupart de nos maladies sont dues à une afl'ection cULanée préexistante,
soit chez le malade, soit chez son père, au besoin
même chez ses aïeux, nous savons que certains dérangements de la sanlé sont dus sOl,lvent à la suppression
d'un exanthème; les bains chauds seron t dans ce cas
d'un très grand secours. Nous voyons en effet, que si
l'usage des bains tempérés détermine celte éruption
connue sous le nom de poussée ou de gale des eaux,
ce phénomène se produit surtout chez les personnes
à qui l'on a recommandé l'emploi des bains' très
cbauds, d'où nous pouvons conclure que ces bains
devront être très utilement employés pour rappeler
les affections culanées dont 10 suppression a pu Cé;lUser tant de désordres de la santé.
Puisque nous avons parlé de la gale des eaux, qu'on
nous permeLte à ce sujet une légère djgression que
nous croyons de quelque irJtérê t, au point de vue de
l'acLion des eaux minérales. Quelques auteurs ont
expliqué le phénomène de la poussée par le plllS ou
moins d'alcalinilé des eaux thermales; cette Lhéorie
ne nous paraît pas fondée sur une observation bien
attentive, car si nous comparons entre clles les eaux
de Vichy, de Néris, de Plombières, de Luxeuil, nous
verrons qlle la poussée des eaux est très fréqu enLe à
,Néris, un peu moins à Plombières et. lI. Lllxeuil et
presque nulle à Vichy; si main leDan L nous comparons les dHTérents degrés d'alcalinité de ces eaux,
pourrons - nous raisonnablement conclure que la fréquence du phénomène dont nous nous OCCLI pons, est
,
�DR LUXEUIL.
37
en faison directe de celle plus ou moins grande alcalinité?
Nous empruntons à M. Champion, de Nancy, ancien médecin inspecteur de l'établissement thermal
de Luxeuil, une observation de «paralysie desexlrémi-
tés inférieures, suÎle de gale répercutée, guérie par l'usage des bains chauds. ~
Le nommé Claude Bonpart, natif de Berleney,
« département de la Haule-Marne, fusilier dans la
{( 100· demi-brigade, fut aITecté de paralysie des
c( extrérnilés inférieures, suite de gale répel'Cltlée;
avait fait usage des eaux de
c( depuis vingt mois il
« Bourbonne sans succè . Arrivé à Luxeuil, il prit
« 1.5 bains à 27° Réaumur, sans soulagement maf« qué; mais une saison et demie de bains à haute
cc tempéralure el de douches ont appelé l'éruption
c( psorique qùi a élé lrai tée par les moyens ordinai.
c( res; ct, au bout de quarante jours, le malade a pu
« être envoyé au dépôt, quoique faible encore, mais
« entièrement guéri de sa para.lysie. »
Celle observation pourrait sans ùoute être un peu
plus détaillée et complète, mais elle n'en prouve pas
moins d'une manière très concluante que là où les
bains de Bourbonne ct les bains tem pérés de Luxeuil
avaient échoué, les bains à haute température ont
guéril li paralysie, en rappelant l' éru ption psorique disparue.
Lcsbains chauclssontnussi prescriLsavecsuccès, lorsqu'à la suite de [alignes ou d'excès de toutes sortes,
il sera nécessaire de réveiller les propriélés vitales de
la peau, et même de quelques organes; dans ce dernier ca surtout, le médecin devra surveiller avec une
granùe alleu1Ïon l'eITel de celle puissante médication,
afin de ne pas dépasser rexcilalion qu'il désire proCI
�38
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES.
duire. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que le bain
chaud ne doit pas être d'une longue durée; il est impossible au médecin de fixer d'avance le temps que le
malade devra retitet dans ce bain, il serait à désirer
qu'il pût toujours en surveiller lui-même l'administration.
Ce que nous venons de dire du bain chaud a pendant longtemps trouvé son application à J,ux.euil; ce
n'est donc point seulement une théorie que nous exposons, c'est le résultat de l'observation des médecins habiles qui, jusque dans ces derniers temps ont
été chargés de l'inspection de l'établisseme nt. Les ressources matérielles sont les mêmes aujourd'hui, la
piscine du bain des Dames peut encore recevoir des
malades, et nous ne doutons pas un instant que l'administration ne lui rende bienlôt son ancienne destinat·ion.
6° Douches. - Les eaux de Luxeuil sont employées
en douches descendantes, horizontales, ascendanles et
douches écossaises, ces dernières, comme nous l' avons
dit, son t très-peu nombreuses; mais il serait on ne
peut plus facile -d'en établir un plus grand nombre.
Les douches descendantes ou douches à percussion
sont on ne peut mieux disposées pour les besoins du
service, cependant on doit encore en conslruire de
nouvE.lles à haute pression. Leur température peut
être très exactement calcul ée , et ne varie pas comme
dans beaucoup d'aulres établissements. Ces douches
.peuvent être divisées en directes ou résolutives et indirectes ou révulsives. Les douches. résolutives, comme
leur nom l'indique, sont employées avec grand succès
contre certains engorgcmen ts chroniques, en réveillant l' acLi vité de}' organe malade; elles réussissen t aussi
dans les rhumatismes de la région lombaire, dans cer-
�DE LUXIWIL.
39
taines arthrites chroniques; mais nous ne saurions
trop insister sur les précautions avec lesquelles ces
douches doivent Mre,administrées; le médecin ne saurait trop en surveiller l'eITet que les malades ne peuvent souvent apprécier. Nous avons constaté plus
d'une fois que les douches ainsi dirigées sur le point
ou sur l'organe malade amènent une inflammation
dangereuse, quelquefois même une dégénérescence.
Les douches indirectes ou révulsives peuvent être
appliquées avec beaucoup moins de circonspection que
les douches résolutives; leur usage devra don'c être
beaucoup plus fréquentêt plussûr; on les emploie pour
réveiller les fonctions de la peau, ranim er la tonicité
des membres, activer la chaleur et la circulation,
dans toutes les circonstances enfin où l'organisme a
un ébranlement, une cel'laine sebesoin d~éprouve
COtISse. Si l'on doit éviter l'emploi des buins dans les
affections du cœur, du poümon et de certains viscères ,
on doit, à plus forte raison, proscrire les douches dont
l'action est excitante au plus haut degré.
Nous avons dit que les appareils de douches du bain
ferrugineux se trouvent dans les cabinets de bain, ce
qui permet uu malade de recevoir la douche sans sortir de la baignoire. Dans que:ques cabinets spéciaux
de douches, le malade reste debout ou assis sur une
espèce de sellette ass'z incommode; la prcmière disposition nous parait évidemment préférable, elle permet cependant assez difficilell1cnt au malüde de recevoir la colonne d'euu sur tous les points du corps: il
serait beaucoup mieux, selon nous, que chaque cabinet
de douches fût pourvu d'un lit de sang le, sur lequel
le malade serait étendu sans aucune espèce d'eITort
musculaire. C'est là une amélioration bien facile et
qu'il suffit seulement d'indiquer.
�40
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO -THERM ALES
Je n'ai pas besoin de dire que l'on varie à volonté,
le volum e et la forme de la colonn e d'eau en la faisant
passer à traver s différe ntes sortes d'ajou tages.
7° Douche ascendante. - Les douch es ascend antes
peuve nt être divisées comm e les douch es précéd entes
en directe s ou indire ctes; elles sont aussi, suivan t le
point vers lequel elles sont dirigé es, périné ales, rectales ou vagina les; les douch es rectale s et vagina les
peuve nt être intern es ou extern es suivan t qu'elle s
pénètr ent dans ces organe s ou qu'elIe s frappe nt seulement la vulve ou la marge de l'anus . Les douch es
ascend antes peuve nt souve nf rendre de très grands
service s là où les bains ont échoué . Les douch es rectales ne doiven t pas être consid érées comm e de simples la vemen ts, lorsqu 'on les em ploie con tre la consti pation ; les lavem ents dans cc cas agisse nt par leur
effet mécan ique et détrui sent l'effet sans reméd ier à
la cause ; la douch e rectale au contra ire, tonifie l'intestin, réveill e son activit é et s'oppo se le plus souven t
au retour de la consti pation . Nous avons vu des malades chez lesque ls l'atoni e du gros intesti n nécessilaH l'usage de purgat ifs répété s, compl éteme nt
guéris par l'usuge des douch es rectale s. Quelq ues engorgem ents du même organe dont la natllre nous
avait paru d'abor d suspec te, ont munif esteme nt cédé
à l'uclio n de ce moyen. C'est dans ce dernie r cas surtout que le médec in devra survei ller avec le plus
grand soin son malad e, car il peut surven ir pm'fois
des sympt ômes d'irrita tion qui seront pour lui une
bien éviden te contre -indica tion de l'empl oi de la doucbe ascend ante.
Les doueh es périné ales sont emplo yées contre certaines affections chroni ques de la vessie et de la prostate.
�DE LUXEUIL.
41
Les douches vulvaires et vaginales réussissent parfaitement dans certaines formes de métrite chronique,
dans la vaginite sub-aiguë: on les emploie aussi contre la maladie si connue sous le nom de pru rit vulvaire.
S, Douche écossaise. - La douche écossaise se compose, comme tout le monde le sait, d'un jet d'eau
froide succédant brusquement à un jet d'eau chaude
et réciproquement. Lorsque le jet d'eau froide a cessé,
la pea u tend à réagi r, et l' ea 11 cha ude vient encore
aider cette réaction , l'eau froide revient alors et trouve
la peau plus disposée à réagir encore; c'est ainsi que
l'on obtient une excitation très grande, un appel du
sang à la peau, un réveil de tout l'organisme. La douche écossaise doit êtrp. entièrement proscrite chez les
personnes très irritables; souvent aussi elle ne devra
pas être administrée aux malades, au début du traitement; il faudra déjà qu'ils aient été sonmis il l'usage
des bains thermaux et des douches ordinaires pour
être à m~e
de supporter la douche écos!:iaise, et d'en
ressentir les bons elTets.
II existe peu de moyens plus capables de rendre les
forces et comme la vie à certains malades: quelquesuns en effet pouvant il peine marcher, retrouvent une
souplesse incon 'n ue et supportent sans fatigue une
marche assez longue? après l'usage de la douche
écossais.
9° Des étuves ou bains de vapeur. - Quoique le nombre des étuves ne soit pas très considérable, on a
cependant constaté de tr s bons eITetsde leur emploi;
aussi verrons nous bientôt à IJuxeuil un nombre pll.!s
considérable de ces appareils auxquels on doit ajouter
aussi des chambres d'inhalation.
Les bains d'étuves sont surtout employés pour déterminer à lu peau une excita tion très grande ct une
�42
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
sueur abondante; ils peuvent être généraux ou partiels; comme les bains très chauds, ils demandent de
la part du médecin une très grande surveillance et ne
conviennent pus en général aux personnes délicates
et nerveuses. Pour éviter l'afflux du sang au cerveau,
les malades feron t bien de se mouiller le front et la
tête avec une éponge ou une compresse imbibée d'eau
froide pendant tout le temps qu'ils resteront exposés
à l'action de la vapeur.
Jusqu'ici l'expérience seule a prouvé le bon effet
des eaux de Luxeuil employées en vapeurs; il serait
à désirer que l'analyse chimique vint à son tOlIr éclairer cette pnrtie si importante de la thérapeutique.
§ 2 . Durée des bains.
Il est difficile d'établir des règles générales sur la
durée des bains; cette durée dépendra d'abord de
la température: les bains froids et très chauds devront être très peu prolongés, tandis que les bains
tempérés le seront sans inconvénient. Leur durée
habituelle est d'une heure ou deux; certains malades, cependant, ne pourront les supporter pendant
un aussi long temps. J'ai remar'qué sur mOkl)lême que
pendant mon séjour clans le bain, même tempéré, le
pouls, qui, après la première demi-heure, s'était sensiblement ralenti, manifestait une accélération rapide
dès que ce temps était dépassé. Il est <;lonc nécessaire
que le médecin, avant de fixer à son malade la durée
de son bain, en constate par lui-même l'e(]"et physiologique. Certains malades se trouvent parfaitement
bien d'un bain prolongé pendant plus de deux heures;
ils y restentd'auLant plus volontiers, lorsqu'ijs peuvent
le prendre en piscine; là, en effet, ils trouvent l'avantage de la conversa Lion générale, et, de plus, la tecn-
�DE LUXHUIL.
43
pérature toujours uniforme par le renouvellement
continuel de l'eau. Nous ne devons pas oublier qu'à
Luxeuil l'eau des piscines se renouvelle sans interruption. Dans quelques cas exceptionnels, on a vu certaines affections, entre autres quelques formes de
folie, céder à l'usage des bains tièdes prolongés pendant douze et quinze heures.
La durée des douches est d'un quart d'heure environ; les douches écossaises devront être plus ou
moins prolongées, selon le plus ou moins de promptitude de la réaction. Les douches ascendantes internes
devront être d'assez courte durée. Enfin , les étuves
ou bains de vapeur seront plus ou moins longues,
suivant qu'elles seront générales ou parLielles.
�/.4
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALKS
CHAPITRE V.
Propri étés thél'ap cutiquc s dcs dép&ts produi ts
l,ar lcs eauX.
" On a, selon nous, un peu trop négligé dans ces
dernie rs temps l!emploi des dépôts produits par les
eaux de Luxeuil. Les différentes analyses de ces dépôts que nous avons reproduites, nous metten t sur la
voie de propriétés thérap eutiqu es très impor tantes ,
et quoique depuis quelques années l'usage de ce résidu minéral ait été abandonné, l'"expérience l'avait
cependunt depuis longtemps consacré. M. Champion
de Nancy que nous avons déjà cité, dit avoir employé
avec le plus grand succès ces dépôts sur les plaies
et les ulcères de toute espéce , sur les tumeu rs des
glandes, sur les dépôls froids des articu lation s et
même sur certain s chancres vénériens.
Nous empru ntons encore à notre honorable confrère deux observations de malades traités par ces
résidus des eaux de Luxeuil.
CI Le nomm é Léopold Marc, de Malzev
ille, près de
« Nancy, âgé de 2~
ans, était affecté depuis 12 ans
cc d'ulcè res écrouelleux au visage, qui lui occup aient
cc toute la face du côté gauche. 11 y avait plusie
urs
« ulcères profonds qui s'éten daient depuis le nez
(c jusqu' à l'oreil le inclusivement et présen taient un
~ aspect hideux. Il me fut adressé pûr des personnes
« charita bles et je me décidai à l'entre prend re. Le
« foyer de suppu ration était si grand et fournissait
« si abond amme nt une matièr e visqueuse et caillée,
�DE LUXEUlL.
45
que je ne crus pas devoir insister sur la suppuration; mais il me vint en pensée de lui donner l~
gale à la tête, afin d'opérer la dérivation d'une partie de cette humeur qui fournissait les ulcères. Ce
moyen me réussit, et quelques jours après je COffimençai à appliquer des couches légères de pom« maùe minérale d'abord sur les sillons les plus
« saillants des ulcères, et ensuite, par degrés, sur
« les ulcères mêmes. J'employai en même temps un
« traÏlement dépuratif antiscorbutique réuni à l'u« sage des purgatifs fondants plucés à des intervalles
« convenables. La guéri on a été complète après
• trois mois de traitement; mais s'étant livré, pen« dant l'hiver, à tou les travaux de la campagne sans
« se garantir le visage, il lui était survenu qllelques
« croûtes isolées, que j'ai guéries facilement le prin« temps suivanl par les nlêmes moyens. ))
La seconde observulion de M. le docteur Champion, quoique beauconp plus courte et moins explicative, nous paraît encore plus concluunte :
« La fille X. de V..... , âgée de 12 uns, avait un long
« ulcère scrofuleux sur le larynx, avec des pu st ules
« et des glandes engorgées. Lu pommade minérule a
« encore ici été appliqllée avec le plus grand succès.
« La malade a été guérie complétemenl dalls l'es« pace de deux mois, cur la guérison de 1'1Ilt:éraLion
« a ramené les glandes il 1 ur volume normal. »
Forts ùe ces observations consciencieuses ct d'un
grand J.lombre d'autres semblables qu'il serait trop
long de rapporter ici, nous pouvons donc affirmer
que les dépôts des eaux minérales de Luxe,lil ont
rendu et peuvent rendre encore de très granus servic~s
il lu tbérUf)eulique.
«
«
((
«
«
«
�46
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TBERMALES
CHAPITRE VI.
, Propriété8 thérapcutiqucs tic l'eau ferrugineuse.
Nous avons dit que l'eau ferrugineuse de Luxeuil
peut être distinguée des aulres sources qui alimentent l'éLablissement thermal, parce qu'elle nous
semble devoir agir surtout par les principes spécifiques qu'elle contient; assurément nous retrouvons
aussi ces principes dans les sources que nous avons
décrites, mais l'analyse a constaté qu'ils n'y existent
pas dans les mêmes proportions, qu'ils n'y jouissent
pas des mêmes affinités, qu'ils n'en constituent pas
pour ainsi dire l'essence comme dans l'eau ferrugineuse.
C'est maintenant surtout que nous devons fajre
ressortir ce fait depuis longtemps constaté et que
M. le docteur O. Henry fils a si exactement démontré.
Nous avons dit et répéLé que si l'eau ferrugineuse de
Luxeuil exposée à l'air laisse précipiter une grande
quantité pour ne pas dire la totalité de l'oxyde de
fer qu'elle contient, l'oxyde de manganèse, au contraire, reste presque complélement dissous,' car on
n'en retrouve que des traces très minimes dans le
dépôt ocreux formé par l'eau ferrugineuse.
Dans l'eau des bains dont nous ayons fait un chapitre il part: bain des Dames, des Capucins, des C,uveltes, etc. le manganèse se retrouve à peine, parce
qu'il est tout entier dans le dépôt noi~tre
qui recouvre les bassins. Comment expliquer cette complète
�DE LUXEUIL.
47
différence, et n'avons-nous pas raison de dire qu'il y
a là des affinités complétement distinctes, qui suffisent parfailement pour justifier la division que
nous avons admise. Puisque le manganèse doit jouer
un si grand rôle dans les propiétés thérapeutiques de
l'eau minérale dont nous nous occupons en ce moment, il eût peut-être été préférable de donner à ce
bain un nom complexe qui rappelât l'existence du
principe manganésique: nous conserverons néanmoins celui que l'usage a adopté.
On a bien souvent discuté la question de l'absorption par la peau des principes minéralisateurs contenus dans les eaux: sans nous étendre longuement
sur ce sujet, nous en dirons quelques mots à propos
du bain ferrugineux le plus intéressé dans la question.
On a nié tout d'abord l'absorption de certains principes et surtout du principe ferruginéux, et cependant on a constaté que certains malades qui n'avaient
pu prendre en boisson ces agents spécifiques, en
éprouvaient des effets très connus après l'usage en
bain des eaux qui les contiennent. On a cherché alors
à imiter autant que possible leur Ilature ; après avoir
reconnu que les substances alcalines seules avaient
la vertu d'être absorbées dans les bains, on a associé
ces sllbstances aux principes réfractaires à l'absorption. M. le docteur O. Henry publie dans sa thèse une
série d'expériences très curieuses à ce sujet, D'abord, il a. expél'üuenté avec J'iodure de potassium, le
ferrocyanure de potas iUlU et le bichromate de polasse: qllelques traces d'jodure alcalin out seules été
retrouvées. Dans la seconde série d'expériences, le
Carbonate de soude a été associé aux sels précédents,
l'iodure et le bichromale ont été absorbés, le ferro-
�48
!l(OTlCE SUR LES EAUX M1NÉRO-THERMALES
cyanure seul n'a pa') passé; il y a donc une exclusion
réelle du principe , ferrugineux. Prenez garde, nous
dIt-on, le malade plongé dans le bain ferrugineux de
Luxeuil pendant autant de t2mps que vous voudrez,
n'absorbera pas un atome de principe ferrugineux.
L'objection est parfaitement fondée, et cependant le
malade retire évidemment de ce bain le bIenfait que
les préparations ferrugineuses seules procurent. Mais
cette eau, qlle nous donnons en bain, ne contientelle pas un autre principe qui a été absorbé et qui
jouit de propriétés thérupeuLiques analogues à celles
qui, jusqu'en ces derniers temps, ont été attribuées
exclusivement aux préparations ferrugineuses? Cet
agent, c'est le manganèse, qui, pour une raison que
nous ne chercherons pas à expliquer, reste dissous
là où le fer se précipite, le manganèse, qui a été absorbé par la peall, grâce aux substances alcalines avec
lesqllelles la nature l'a combiné pIns intimement
sans doute que le plus habile chimiste ne saurait le
fuire.
Disons le donc bien haut, l'eau ferrugineuse de
Luxeuil agit à la fois et par l'oxyde de fer et par
l'oxyde de manganèse qu'elle con Licnt.
Nons avons dit que les propriélés thérapeutiques
du manganèse sonl anulogues à celles du fer, entrons
maintenant dans quelques détails à ce sujet.
On sait que l'affinité du fer pour le manganèse est
des plus grandes; les minéralogistes nous ont appris
qu'on rencontre prcsClue parlout les deux métaux
réunis. Ce qui est bien plus important pour nous,
c'est qu'on les retrouve tous deux dans l'organisme
humain. Fourcroy el Vauquelin avaient trouvé du
manganèse dans les os, Gmelin dans le suc gastrique.
Plus lard, Millon, Wurzer, Marchessaux, ont trouvé
�49
DE LUXEUIL.
du manganèse et du fer dans le sang, et ont pu doser
ces deux substances par les méthodes d'analyse habituelles. M. le docteur Petrequin de Lyon, dans son
intéressant mémoire sur l'emploi thérapeutique du
manganèse, rapporte qu'il a constaté la présence de
ce métal, dans le pus de bonne nature. D'après toutes
ces expériences, il est bien évident que, comme le
fer, le manganèse fait partie intégrante des globules
du sang.
On comprendra maintenant que le manganèse doive
jouer en thérapeutique Lln rôle analogue à celui du
fer, je dirai plus: le manganèse réussira là où le fer
seul n'a pas réussi, il sera un adjuvaot, un complément du fer, peut-être même sera-t-il toléré par cerlains malaùes qui n'on t pu s'ha bi tuer à l'usage des
prépara lions ferrugineuses. N'oublions pas enfin, et
cela est très important, que les préparations. de manganèse ne sont point incompatibles avec les autres toniques; elles ne sont pas précipitées par le tannin et
peuvent être administrées (lvec certaines substances
astringentes qui altéreront les préparations ferrugineuses.
Assurément II est difficile de déterminer à que) genre
d'aITections spéciales convient le fer, à quel genre
conviendra le manganèse, de même qu'il est bien difficile de prétendre que tantôt le fer, tantôt le manganèse fera défaut dans les globules sanguins: il est donc
rationnel d'administrer en même temps ces deux
agents spécifiques. [eur réunion fournira évidemll1en t à la théra peu tique une de ses pl us merveilleuses
ressources. Déjà la pharmacie ,a publié de nombreuses
formules de préparations ferro-manganiques, mais où
trollv/'!fons-nous ces deux agents plus habilement
Combinés que dans les eaux ferro-manganiques de
\
.
4
�50
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
Luxeuil administrées en boissons, en baio.s, en douches descendantes et ascendantes.
Quelles sont maintenant les affections qui seront
combattues avec succès par l'eau ferrugineuse de
Luxeuil. D'abord et au premier rang, la chloro-anémie avec tout son corlége d'accidents que l'on a trop
souvent confondus avec des symptômes d'affections
organiques. Les malades aLLeints d'hyperlrophie du
cœur, d'endocardite avec épaississement, insuffisance
des valvules ne devront pas évidel1lment être envoyés
à Luxeuil, mais si l'auscultalion ne nous fait reconnaître qu'un souffle doux, moelleux, diffus, vaporeux,
si je puis m'exprimer ainsi, ayant son maximum d'intensité à l'orifice aortiq ue, se passan t après le premier
bruit, mais sans modification aucune du timbre des
bruits val vulai res, en voyons sans hésiter le malade à
Luxeuil, il y trouvera certainement la guérison" Il en
sera de même pour ceux qu'ont épuisés des perles de
sang abondantes, ou trop souvent répétées; l'écoulement sanguin non combattu est ~ lui seul la cause
d'un écoulement sanguin semblable, mais plus ahondant; peu à peu le sang perd louLes ses qualités plastiques, l'estomac ne recevant plus les matériaux dont
il a besoin devient moins apte à supporter un llIédicament quelconque, quelquefois même l'eau de Luxeuil
ne pourra lui êLre ndministrée en boisson. Dans ce
cas, il faudra commencer le traitelllent par quelques
bains, quelques douches qui suffiront quelquefois
pour ram~ne
la guérison, mais qui toujours rendront
à l'estomac l'énergie nécessaire pour supporter une
médication aussi importante.
Nous enverrons aussi aux bains ferrugineux de
Luxeuil ce nombre si énorme de malades aW,in(8 de
névroses de toute espèce, dues aussi à cet appauvrisse-
�DE LUXEUIL.
51
ment du sang, les gastralgiques, les dispepsiques, les
hypocondriaques. Les individus atteints de diarrhées
chroniques et rebelles, dues au mallque de tonicité
de la muqueuse intestinale, les blennorrhagieS chroniques, quelques affecLlons du foie, dues aussi à une
altération du sang, et à des accès répétés de fièvres
intermittentes, la cachexie scorbutique et scrofuleuse
trouveront toujours une amélioration notable et souvent une guérison complète dans l'usage des eaux ferrugineuses de Luxeuil.
Mais c'est surtout dans les affections propres aux
femmes que les eaux ferrugineuses rendront les plus
grands services. Nuus avons dit que dans le fond de
chacune des baignoires est un appareil à injection
vagjnale qui peut être mis ou reUré à volonté, les
malades peuvent donc sans sortir de leur haignoire
avoir recours à ce moyen de traitement si important.
Nous reviendroQ's aussi à ce propos sur une remarque
que nous avons faitc plus haut, lorsque nous constations que l'eau ferrugineuse a rrive de la SOL1rce j lIsque
dans le bain et pénètre par le (ond de la baignoire sans
avoir rien pu perdre des principcs qu'elle contient.
Parmi les affections utérines les plus fréqllen tes on
doit ranger évidemment ces engorgements du col et
de l'organe tout entier de nalure molle, blanche,
lymphatique, ces déplacements dûs au trop grand relâchement des ligaments; tous ces désordres seront
très promptement et très radicalement guéris par
l'emploi des injections vaginales, ljni à l'usage de la
boisson, des bains et de la douche. J'ai eu occasion
de rencontrer à Luxeuil une dame dont je ne puis
publier l'observation: celte malade arrjvée à l'établissement dans un état qui ne lui permettait pas de rester un instunl debout est par Lie au bout ù'un mois de
�52
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
traitement sans ressentir aucun des symptômes de
cette terrible affection.
Je n'ai pas besoin de dire que l'eau ferrugineuse
guérit d'une manière certaine la leucorrhée chronique, ainsi que le catarrhe urétro-vlIginal.
Nous craindrions de jeter de la défaveur sur les
bains dont nous no~s
occupons, en affirmant qu'ils
peuvent aussi guérir la stérilité, mais nous croyons
qu'ils peuvent revendiquer cette vertu à plus de titres
que beaucoup d'autres eaux minérales.
En effet, l'eau ferrugineuse de Luxeuil guérira la
stérilité touteS les fois qu'elle sera due à un état pe
débili té générale et à certains déplacements de l'utérus.
L'eau ferro-manganique en boisson ne devra être
prise d'abord qu'en assez petite quantité, soit au milieu de la journée, soit avant le repas; on pourra
égal~rnet
la prendre coupée avec le vin pendant les
repas. De cette manière, elle excite l'appétit et est
parfaitement supportée par l'estomac.
Les règles pOllr l'administration des bains et des
douches sont celles que nous avons déterminées pour
les autres eaux de l'établissement thermal, nous ne
reviendrons pliS sur ce sujet.
�DE LUXEUIL.
53
CHAPiTRE VII.
Uédecinc a.l.ill"allte.
Les auteurs de traités sur les eaux minérales se
sont, en général, peu occupés de la question très
importante, selon nous, de la médecine adjuvante du
traitement thermal. Si nous parcourons les observations recueillies par les médecins inspecteurs des établissements thermaux, nOlis constaterons que, bien
souvent, la guérison des malades peut être attribuée,
non pas à l'usage des eallX, mais il un traitement fort
énergique, qui souvent n'a aucune espèce de rapport
thérapentiqueavec les agents gé néraux ou spécifiques
que renferment les eaux minérales. Sonvent aussi
nous verrons ces mêmes médecins ajouter à l'cau
minérale certains agents qui en dénaturent comp létement la composition. C'est là, selon nous, faire une
trop belle part il la critique et justifier un peu l'opinion trop répandue que, si les bains d'eau minçrale
ne [ont pas de bLn, ils ne [ont pas de mal. Nous sommes certainement bien loin de prétendre que Je médecin ne doive pas venir en aide au traitement thermal, qu'on ne puisse ajouter aux bains des substances
très peu aclives par elJes-memes, tell es que le son,
l'amidon, etc. No(,)s ne voulons pas surtout, bien entendu, qu'une maladie intercurrente soit négligée
par la raison que le malade suit nn traitement thermal. Mais nous voudrions, avant tout, prouver aux
incrédules la vertu réelle des eaux minérales, et pour
�54
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO - THERMALES
cela nous croyons souverainement utile d'être très
réservé sur l' em ploi de la médecine adj u van le .
Il a été pendant très longtemps d'usage aux eaux
minérales de purger les malades au moment de leur
arrivée, afin de . les préparer au traitement. Cette
méthode a été, à tort ou à raison, complétement
abandonnée, muis ce n'était là, nous le répétons,
qu'une préparation et non pas de la médecine adjuvante. Aujourd'hui, quelques médecins qui blâment
cet ancien usage, et le trouvent tout au moins inutile, ne craignent pas de médicamenter leurs malades pendunt to u t le tem ps de la cure; la pl u part des
bains sont, d'après leur ordonnance, additionnés de
substances lrès actives et souvent même de médicaments spécifiques, tels que le soufre, le fer, l'iode.
Pourquoi alors, dira-t-on, déplacer votre malade?
ne pourriez vous pas aussi bien composer un bain
minéral de loutes pièces? A cette objection, on ('épondra, je le sais, qu'un bain d'eau ordinaire, auquel
on aura ajouté diITérentes subsumces médicamenteuses, ne remp li ra jamais les mêmes conditions que le
bain d'eau luinéro- thermal, aùditionné des mêmes
substances; on n'y retrouvera ni la chaleur naturelle, ni l'électricité, ni certuins gaz, ni en(jn ce quelqu e chose de particulier qui échappe il l'analyse, et
que les laboratoires pharmaceutiques ne sauraient
remplacer. Mais qui vous dit que les agents spéciaux
que vous ajoutez ne nuisent pas à ces diITél'ents principes, qu'il~
n'cn altérent pas la composition intime,
qu'ils n'en détruisen l pas les affin i tés, les' combinaisons.
Nous sommes convaincu, pour notre part, qu'il
est très utile de ne pas faire jouer un rôle aussi im-,
portant à la médecine adjuvunte. Assurément le médecin devra surveiller son malade, tempérer, s'il le
�DE LUXEUIL.
55
peut, l'excitation souvent produite par les eaux minérales, agir énergiqnement contre toute maladie intercurrente, mais il devra, selon nous, être réservé
Sur l'emploi d 'une médication active qui pourrait,
sinon annihiler, du moins affaiblir l'effet produit par
le traitement thermal.
Nous ne saurions trop répéter, enfin, que le ma lade auquel on a appliqué à plusieurs reprises, pendant une cure thermale, des révulsifs de toutes S01'tes, qu'on a ventousé chaque jour, qui a iljouté à
son bain d'eau minérale un e foule de substances médicamenteuses très actives, ne pourra évidemment
avoir un e confiance exclusive dans l'efficacité des
eaux minérales dont il a fait usage.
�56
NOTICE SUR LES EAU~
MINÉRO-TIIERMALES
CHAPITRE VIII.
SlLison thermale.
Il nous reste maintenant à dire quelques mots sur
l'époque de l'année que les malades doivent choisir
pOUl' prendre les eaux, et le temps pendant leq uel ils
doivent y rester. On ne s'entend malh eurel1 sement
pas très bien sur l'expression adoptée de Saison thermale. Elle s'applique, en effe t, tantôt à l'époque il laquelle on doit prendre les eaux, tantôt à la durée du
séjour; on dit: Faire une ou de ux saisons. 11 vaudrait beaucoup mieux, selon nou s, s upprimer ce mot
et lui rendre son sens vérituble en dehors des hubitudes thermales. Nous préféron s de b eaucoup le mot
cure des Allemunds adopté par M. le docteur Durand
Fardel, dans son remarquabl e ouvrage sur les caux
de Vicby.
Ce que nous dirons ici de l'époque il laquelle les
malades doivent preorlre les eaux pourrai Ls'appliquer
à tous les établissements thermaux , car l'babitude a
consacré le moment de l'année sa ns doute le plus
agréable, le pl us corn mode pour le voyage, 1 pl us propice aux distracLions de touLes so rtes. Mais il u'en
est pas moins vrai qLle les malades pourraient souvent
retirer les même bienfaits des eaLlX tberma les en y
venant même pendant l'hiver" pourvu toutefois CJue
l'établissemenL fût construit dans des conditions favorables. Nous avons vu, en décrivant l'établi ssement
thermal de Luxeuil, que la galerie qui longe le bâti-
�DE LUXEUIL.
57
ment situé à l'ouest, doit être chauffée et vitrée dans
toute sa longueur. Cette modification permettrait évidemment de recevoir des malades pendant l'hiver, il
est bien entendu cependant que la saison d'été sera
toujours préférable. N'oublions pRS qu'à Luxeuil, où
les malades n'ont point à redouter, comme nous l'avons dit déjà, la fraîcheur prématurée
des premières
1
et des dernières heures de la journée, la saison d'été
pourra commencer plus tôt et finir plus tard que dans
beaucoup d'autres éLablissements, ne présentant pas
les mêmes condi lions hygiéniques. A Luxeuil donc,
ce qu'on est convenu d'appeler la saison des eaux,
pourra commencer au pr mai et se prolonger jusque
dans les premiers jours d'octobre .
Nous avons dit qu'il était important de formuler le
traitement par les eaux thermales; cette formule
comprend évidemment la durée de la cure.
Tou t Je monde sait, et les malades saven t malheureusement trop, que l'usage, plutôt que les
médecins, a admis le nombre de vingt et un bains
comme terme nécessaire de la cure. Ce serait tenter
une grande révolution dans les habitudes thermales
que de vouloir changer quelque chose à cet usage.
Prenez garde, nous dit-on, si vous prescrivez aux
malades une plus longue absence, en dehors de
leu rs habi Ludes, de leurs in térêts, ils renonceront li.
venir prendre nos eaux. Mais d'abord nous admettons que nos malades considèrent le voyage aux eaux
minérales comme un traitemen t sérieux, qui doit
êLre dirigé et formul é par le médecin; el puis, d'ailleurs, nous serons souvent moins exigeants que l'usage, et nous ne demanderolls que quinze jours au
lieu de vingt et un. En général, ' le temps de la cure à
Luxeuil sera de quinze à Lrenle jours. Cependant dans
�58
NOTIcn SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
les affections causées par un appauvrissement du sang,
le traitement devra souvent être prolongé, et le malade se trouvera bien de faire une seconde cure, après
s'être reposé pendant quelques jours.
Ajoutons enfin qu'il appartient surtout au médecin
de délerminer d'une manière précise la durée du
séjour de ses malades, car cette durée dépend d'une
foule d'appréciations, que lui seul est à même de
comparer et de juger avec toute connaissance de
cause.
�DE LUXEUIL.
59
CHAPITRE IX.
Conditions l,ygiénicltlCS.
Nous ne terminerons pas ce travail sans parler des
conditions hygiéniques particulières que les baigneurs
trouveront aux eaux de Luxeuil, et sans leur donner
quelques conseils sur le genre de vie qu'ils doivent
adopter et la direclion qu'ils doivent donner à leur
traitement.
On a dit et répété que les conditions hygiéniques
particulières que les malades rencontrent aux eaux, le
nouveau genre de vie auquel ils sont soumis, l'exercice, la distraction, sont les véritables causes des
guérisons que l'on observe chaque jour dans les établissements thermaux; assurément ce sont autant d'éléments importants que la thérapeutique ne doit pas
négliger, mais ce n'est point une raison pour fermer
l~s
yeux à l'évidence et ne pas reconnailre les vertus
bien constatées des eaux minérales. Nous serons
moins sceplique et moins exclusif, et si nous accordons aux eaux thermales leur valeur thérapeutique
réelle, 1l0llS n'admellrons pas moins l'influence bien
posi Li ve des conditions hygiéniques don t il nOliS reste
à parler.
Ces conditions peuven t se résumer. dans le déplacement, le changement de climat, de genre de vie,
l'exercice et la distraction.
M. le docteur Durand Fardel, que nous ne saurions trop souvent cHer, fait la remarque fort juste
�60
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THEHMALES
que toutes choses égales d'ailleurs, les eaux minérales agissent J'une manière moins formelle sur les
habitants de la localité que sur les étrangers, puis il
ajoute: « à quoi füut-il attribuer cette condition 'en
« apparence défavorable des habitants des localités
CI. thermales? On avait cependant remarqué depui.s
« longtemps que si les, eaux minérales jouissaient de
« cette propriété spécifqu~
merveilleuse, dont on
(( s'est plû à les dotér avec tant de libéralité, les indi« gènes qui en peuplent les approcbes devraient être
« absolument exem pts des malâd ies qu' ell es seraient
« si bien aptes ù guérir. Ils ne münquent pas en effet
« d'en faire usage à propos 'des plus légères indispo« sitions; clans plus œun endroit même, ces eaux
« entrent pour une certaine part daos Iles usages
« don estiques, et enlIn il peut arriver comme à Vi~
{( chy, que la plupart des eaux potables se trouvent
« mélangées en certaine proportion avec les principes
« dominants des eaux thermales; ici le carbonate de
CI. soude, ail1èurs ùes sels de magnésie ou du fer.
« JI est clone vraisemblable qu'une partie de l'in« différence avec laquelle les malades don t nous par(1 Ions subissent J'action du
traitement thermal, est
« duc à l'usage trop fréquent ou trop habituel de l'cau
« minérale elle-m6111e ou de quell[ues-uos de ses
« princi pes cons ti tuan t5. JIais il n'est pas pe1'lT/is de dOll« ter non plus que ces mêmes malades ne se trouvent
« privés d'une notable partie de l'action médicatrice
« des eaux minérales, parce que l'usage de ces der« nières n'est accompügné pour eux d'aucun de ces
« changements qui complètent, pour les autres ce
« qu'on doit en t ndrc par traitement thermal. "
Celte observation de noLre savant confrère, qui
a été suivie par lui avec la plus grande attention
�DE LUXEUIL.
61
pendant plusieurs années, ne nous laisse aucun doute
sur la proposition importante que nous avons énoncée : les conditions hygiéniques particulières, auxquelles sont soumis les malades qui viennent aux
eaux minérales, ont uoe très grande influence sur
le traitement thermal.
Les malades que nous envoyons aux eaux de
Luxeuil ne devront donc pas oublier que leurs habitudes hygiéniques doivent être complétement changées, et que celte existence nouvelle est un complément indispensable de la thérapeutique des eaux
minérales.
La première précaution à prendre est d'abord de
se munir de vêtements très chauds; assurément,
comme nous l'avons dit, la posilion géographique
de Luxeuil n'expose pas cetLe ville il de très brusques changements de température, il est très prudent néanmoins de se prémunir contre le refroidissement qu'on ressentira toujours le matin et le
soir. Il est d'usage à Luxeuil, comme dans tous les
établissements thermaux, de prendre les bains et les
douches dans la matinée, avant le premier repas;
c'est là une coutume à laqu elle les malades feront
très bien de se soumettre; le matin en eITet, tous les
organes sont plus dispos par le repos de la nuit, la
digestion est complétement terminée, car le repas du
soir a été pris la veille à cinq heures; puis enfin le
malade pourra ainsi disposer de sa journée tont entière pOllf se livrer à un exercice salutaire et parcourir les environs si pittoresqnes de Lnxeuil.
Quelques médecins recommandent le repos au lit
après le bain, cette précaution est quelquefois nécessaire, mais nous la croyons en général au moins inutile. Nous ne la recommandons qu'aux malades qui
�62
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
prennent des bains de va peu r, et chez lesquels nOUS
voulons obtenir une transpiration abondanle; qu'on
peut favoriser encore par un bouillon ou une infusion
cbaude.
Quelques personnes éprouvent toujours dans le
bain, même tiède, une légère congestion à la tête;
il sera bon, dans ce eus, de mouiller le front avec une
éponge ou un linge imbibé d'eau fraîche. En sortant
du bain le malade devra se frictionner avec des linges
écbauffés et bien secs, et évHer avec le plus grand
soin le refroidissement.
Nous avons dit déjà qlle les buveurs d'eau doivent
aller la chercher à la source même, ce qui est on ne
peut plus facile à Luxeuil, puisqlle les différentes
sources se trouvent réunies dans l'établissement;
nous ne reviendrons pas ici sur le nombre de verres
qu'il convient de boire, et l'heure à laquelle ils doivent être bus, Quelques personnes qui digèrent assez
difficilement l'eau minérale se trouveront bien d'y
ajouter un peu de sirop ou de lail, muis nous répéterons ce que nous avons dit à propos de la médecine
adjuvante des bains, nous ne sommes pas du tout
d'avis qu'on doive ajouter à l'eau minérale, prise en
boisson, quelque substance médicamenteuse active,
qui en rendrait au moins fort douteuse la vertu thérapeutique.
, Tous les médecins inspecteurs des eaux minérales
se plaignent de la trop grande abondance de mets que
l'on sert d'habitude aux baigncurs. Les tables d'hôte
de Luxeuil doivent cerlainement encourir aussi le
même reproche; as urément la vélriélé des meLs permet au malade de faire Un choix sagement approprié
au régime qui lui est recommandé, mais le nombre
des convivcs es t considérable, le service se prolonge,
�DE LUXEUIL.
63
on reste fort longtemps à table, et nécessairement
l'on succombe à la tentation. Il serait plus prudent
peut-être de se faire servir chez soi les différents
mets permis par le médecin, mais on y perdrait cette
grande distraction de la vie en commun qui joue
aussi un si grand rôle dans la vie thermale.
Puisque nous avons considéré l'hygiène du baigneur comme la médecine adjuvante véritablement
utile, nous recommanderons spécialement l'exercice
rangé, comme les
qui peut, à très juste titre, ~tre
bains thermaux, dans la classe des excitants. Comme
eux, en effet, l'exercice accélère la circulation, développe la chaleur animale, donne à la peau l'énergie
vitale qui la défend contre une foule de maladies.
L'exercice doit, bien entendu, être proportionné
aux [orees du malade, et ne doit jamais devenir une
fatigue; pris après le bain, il entretiendra cette espèce
d'excitement général si favorahle. Parmi les distractions que l'on trouve aux eaux minérales, l'exercice
est évidemment la plus importante eL la plus utile. Si
nous écrivions une monographie de Luxeuil, nous
décririons avec détail les délicieuses promenades que
l'on rencontre dans ses environs, nous nous contenterons de répéter, une fois encore, que la nature a
tout disposé dans ce pays pour que le malade y trouve
facilement l'exercice salutaire, sans la filtigue.
L'établissement thermal de Luxeuil présente assez
de ressources pour que les baigneurs ne soient pus
obligés de se lever au milieu de la nuit afin d'obtenir une place dans les cabinets de bains ou dans
les piscines; cependan t, puisque nous conseillons en
général de prendre les bains et les douches avant
l'heure du premier repas, H devient nécessaire d'être
levé d'assez bonne heure. Cornille d'un autre côté, il
�64
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO- THERMALES
est utile d'établir une juste proportion entre le sommeil et la veille, les soirées ne devront pas non plus
être longtemps prolongées', et nous recommandons
aux malades de ne pas abuser des distractions qu'ils
rencontreront soi t au salon des bains, soit dans les
réunions particulières.
�65
DE LUXEUIL
RÉSUIUÉ.
Nous résumerons maintenant en quelques lignes les
divers renseignements que nous avons voulu donner
à nos confrères sur Luxeuil et sur son établissement
thermal.
La ville de Luxeuil, située à l'est de la France,
dans le département de la Haute-Saône, sur la limite
du département des Vosges, offre la position géographique la plus agréable et la plus salutaire; on y
arrive par cinq grandes routes, qui sont autant d'avenues et de promenades pour l'habitant et le baigneur.
Dans très peu de temps, le chemin de fer de Paris à
Mulhouse et celui de Nancy à Gray transporteront les
voyageurs il quelques kilomètres de Luxeuil. On trouve
dans l'intérieur de la ville des constructions très remarquables par leur caractère d'antiquité; les baigneurs y rencontrent aussi des hôtels et des logeménts
très confortables.
L'établissement thermal est assur6ment un des
plus beaux que possède la France; il est situé au milieu d'un vaste et magnifique jardin, qui offre une
promenade facile et peu fatigante. Le nombre des
différentes salles de bains est très considérable, et
nous avons vu qu'il serait très facile de disposer des
piscines séparées pour chaque sexe. Les cabinets de
bains, les vestiaires, les salles d'attente même offrent
5
�66
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES
des conditions d'élégance et de confortable qu'on rencontre rarement dans les établissements thermaux,
même les plus renommés . Une vaste galerie, vitrée et
chauffée dans toute sa longueur, permet aux malades
de sortir des différentes salles de bain sans risquer de
se refroidir, comme il arrive souvent sur des dalles
trempées d'eau, dans des corridors ouverts à tous les
vents.
Nous avons décrit surtout avec détail le bain ferrugineux de construction toute nouvelle et qui est
déjà trop restreint pour le nombre des malades qui
l'ont assiégé cette année. Nous savons que l'administration a pris des mesures pour que ce bain fût agrandi
dans de suffisantes proportions. Une construction
nouvelle doit aussi, d'après les nouveaux plans adoptés, remplacer la partie la plus ancienne de l'établissement, le buin des Fleurs, et remplir les lûcunes qui
pourraient encore exister. Nous apprenons qu'au moment où nous écrivons ces lignes, l'administration
vient encore de demander à l'architecte des documents nouveaux pour de nouvelles constructions.
Nous avons passé en revue les différentes analyses
des eaux de Luxeuil; nous avons vu que les sources
nombreuses qui sont enfermées dans l'établissement
même, sont alcalines il diITérents degrés, gélatineuses,
manganésiennes et ferrugineuses. Les dépôts formés
par ces sources ont aussi été examinés, et nOllS avons
vu comment ils se comportent différemment dans les
sources alcalines et dans la source ferrugineuse.
Pour bien comprendre les propriétés thérapeutiques des eaux de Luxeuil, nous les avons divisées en
�DE LUXEUIL.
67
deux groupes suivant qu'elles agissent par l'ensemble
des produits qu'elles renferment, leur thermalité,
leur gaz, leur composition intime; ou suivant que
leur action thérapeutique est due à un agent spécial
le fer, le manganèse.
Les ressources thérapeutiques des eaux de Luxeuil
ont été dans ces derniers temps un peu négligées, on
a cru devoir abandonner l'usage des bains à baute
température, et laisser dans l'oubli une source gélatineuse abondante, donll'emploi pourrait assurément
rendre de grands services. Nous ne doutons pas un
instant qu 'on ne songe à utiliser ces moyens si précieux.
On peut facilement varier la Lem pérature et la force
minérale des bains, selon qu'on emploie l'une ou
l'autre des différentes sources. Le bain gradué renferme une piscine divisée en quatre compartiments de
tem pérature différente.
Les eaux de Luxeuil ont la propriété bien évidente
de ranimer l'énergie vitale, d'exciter les fonctions de
la peau, et d'arriver ainsi à la résolution d'une foule
de maladies chroniques. Dans un chapitre à part et
plus délaillé, nous avons dit comment l'eau ferrugineuse de Luxeuil administrée soit en boisson, soit en
bains peut rendre les plus grands services, dans un
très grand nombre d'affections, et surtout dans celles
'lui dépendent d'un appauvrissement du sang. Nous
avons insisté surtout sur ce point que la grande quantité de manganèse qui reste en dissolution dans l'eau
rerrugineuse, lors même qLle le fer se dépose, peut ètre
absorbée par le malade, agir comme succétlan ée des
�68
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
préparations ferrugineuses, et souvent être tolérée
par des estomacs qui ne peuvent supporter ces préparations.
Après avoir formulé d'une manière précise le traitement thermal, nous avons dit quelques mots de l'époque et de la durée de la cure, et nous avons terminé
par quelques considérations sur les conditions hygiéniques nouvelles, que les malades rencontrent aux
eaux thermales de Luxeuil.
Nous aurions pu sans doute donner une plus grande
étendue à ce travail, décrire avec plus de détails la
ville de Luxeuil ancienne et moderne, discuter les dif.
férentes appréciations historiques adoptées par les
auteurs, offrir à nos lecteurs un tableau plus complet
des diITérentes constructions que renferme l'établissement thermal, et enfin joindre à l'étude des propriétés thérapeutiques des eaux minérales une série
d'observations recueillies avec soin. Tel avait été
d'abord notre but, mais en songeant à l'oubli dans lequel sont restées depuis Ion gtemps les eaux de Luxeuil,
nous avons voulu seulement rappeler leur existence,
chercher à réclamer pour elles le rang qu'elles auraient dû toujours occuper, nous réservant d'écrire
plus tard leur histoire détaillée, et de publier les matériaux que nous recueillons chaque jour.
Nons savons trop l'importance que l'on doit attacher à la thérapeulique des eaux minérales en général
pour traiter légèrement des questions encore si discutées; si nous avons émis quelques idées nouvelles,
que la théorie peut admettre, mais qui ont besoin
d'êlre appuyées par des considérations profondes et
�69
plus étendues, c'est que nous avons entre les mains
les éléments d'études approfondies et sérieuses qu'il
ne nous a pas été donné de développer ici. Nous
avons voulu avant tout dire à tous et surtout au corps
médical:
DE LUXEUiL.
L'établissement thermal de Luxeuil, est un des plus
importants de France, ses sources alcalines et ferrugineuses sont appelées à jouer un rôle immense dans la
thérapeutique des eaux minérales.
FIN.
��TABLE DES MATIÈRES.
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES DE LUXEUIL ••• •• •••. • ••. • •
CIlAP. 1. - Esquisse topographique de Luxeuil. . . . . . . . . .. . . . .
:1
i ° Luxeuil ancien........... ... ......... . .. ...... . .
a
2° Luxeuil moderne.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.•
Établissement thermal.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
X
JO Bain des Bénédictins...... .. . .. . . . . . . . . . . . . . . . ..
9
2° Bai n des Dames. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. i 0
3° Bain des Fleurs.. . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . .... 11
4° Hain grad ué.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1. f
5° Grand Bain ................. .. . .• . .... ...... . , ., 12
6° Salle Neuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
7° Bain des Cuvettes .................... .. ' ..... '"
12
8° Bain ferrugineux.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 ;{
9° Douches ascendantes..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ni
10° Bain des Capucin s.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Hi
1 i ° Sources de rétablissement thermal. .. ............ . , :17
12° Salon des Bains.. .. .. .... .. .. .. .. .. . .. ...... .... 1
CIIAP. III - Analyses des sources. . . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . Jn
Tableau synoptique des substances contenues dans t ,000 gram.
de chacune des sources de Luxeuil. .. " .... . ..... , '" .. 21
Tableau des substances contenues dans l'eau ferrugineuse de
Luxeuil, d'après M. Braconot.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. 24
Température des sources ..... •.......................... 29
CIlAr. IV. - Des propriétés thérapeutiques des eaux de Luxeuil
el de lem mode d'administration ......... .. . " ........... . 32
§ i. Eaux de Luxeuil à l'exception de la source ferrugineuse. 33
1. 0 De la Boisson. . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 33
2° Des Bains........... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 34
CnAP.
n. -
�72
TABLE DES MATI~RES.
3° Bains frais.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
4° Bains chauds et tièdes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5° Bains très chauds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
34
35
35
6° Douches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
7° Douches ascendantes . .. . ........ ... .. . . . . . . . . . . ..
8° Douches écossaises.. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
40
41
9° Des étuves ou Bains de vapeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
§ 2. Durée des Bains .. .............................. "
CHAP. V. - Propriétés thérapeutiques des dépôts pt'oduits pal'
les caux.. . .. .•.. . .. .. .. .. . .... . . . . . . . . . . . .. . . .. . . . . . ..
CUAL'. VI. - Propriétés thérapeutiques de l'eau ferrugineuse. ..
CHAI'. VII. -l\1édecine adjuvante.... . . . . . . . . . . .. . . .. . . . . ...
CHAL'. VIll. - Saison therm\lle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CUAI'. IX. - Conditions hygiéniques.. .. .. . . . . . . . . .• . . . . . .. ..
Résumé........... ........... .. .. ... .. ... . . .. .........
4(
42
CORUB IL. -
Tfl', DT sTéno DE
cnün:.
44
4(;
53
56
59
65
�DES
EAUX GAZEUSES ALCALINES
DE SOULTZMATT (HAUT-RHIN).
IUSTOIRE ET TOPOGRAPIllE DES BUNS DE SOULTZftlATT ET DE SES ENVIRONS.
ANALYSE DES EAUX. LEUll ACTION PHYSIOLOGIQUÈ, LEUR APPLICATION DANS
DIFFÉRENTES MALADIES ET LEUR ftlODE D'ADMINISTRATION. CONSEILS AUX
nUGNEURS. DES CUllES AU PETIT LUT. DES CUllES PAR L'EAU BALSAniQUE.
~ROFESun
PAR 31. LE Dr BACH,
AGnil~,
ANCIilN CUEF DElS TRAVAUX ANATOmQUIlS KT DE CI,INIQUE A LA
FACUI.Ti, Dll nlÉDIlCINIl DB STnASIIOUl\G, MÉDECIN EN çnEF AD/OUIT A L'1I0SPC~
CIVIL, MEMBRE DI! LA SOCIj,;TÉ DR MÉDIlCINE DE STRASIJOURG;
suivi
D'UNE NOUVELLE ANALYS.E DES EAUX DE SOULTZMATT
PA.IC. lU. BÉUJlA.lUI.-,
Licencié ès-sciellces, professeur agrégé 11 l'école supérieuro de pharmacie de Strasbourg;
et
DE LA FLORE DES ENVmONS DE SOULTZMATT
PAR M. KlRSCHLEGER,
Docleur en médecine, professeur 11 l'écolo supédcuro de Ilharmucic tio Stragbo1ll'g,
lIIlllta /'Cllasccntltl' qltœ jam
Qllro 1ll/.1lC sunt il! hOlw re.
,
cccidcl'e,
ca rlel/lq lle
1101\, Al's poc/ica .
A PARIS citez J , n. DAILLlÈRIl, libraire, rue Hautefeuille, li ;
A STRASBOURG, chez DEIlIVAUX, libraire, t'Ile des Hallebardes, ~4;
A COLMAR, chez GIlNG, lihraire; .
A MULHOUSE, chez Illsum, librau'(!.
,\ SOIll;rZl\lt\T'J', A J.'~TABLlSI
' :1\Ilf
:1853.
' )lES lIAINS,
�Strasbourg, imprimerie ITudor.
�Les eaux minérales, dit ALlUERT, sont une richesse
dont on doit compte à l'humanité. Ces paroles pleines
de philanthropie, adressées à tout le corps médical,
ont trouvé de l'écho; car chaque année voit paraitre
quelque nouvel ouvrage sur les eaux minérales. Tous
ces matériaux seront,je l'espère, un jour coordonnés
et serviront à édifier l'hydrologie, dont les fondements sont à peine posés. J'ai voulu, en publiarit cette
notice sur les eaux de Soultzmatt, apporter ma modeste part à cette œuvre si utile. Enfant de l'Alsace,
né dans un endroit qui touche à la vallée où sont
ces sources importantes, je m'estime heureux de pouvoir payer ce tribut à mon pays natal. MÉGLlN, mon
compatriote, ce célèbre médecin dont la science a
conservé le souvenir, a fait ressortir autrefois le
mérite des eaux de Soultzmatt. J'ai cherché à continuer l'œuvre qu'il a si dignement commencée. M.
BÉCHAMP, professeur agrégé à l'école de pharmacie,
a bien voulu ~e charger d'une nouvelle analyse de
ces eaux, notre savant botaniste alsacien, M. le
professeur KmSCIILEGEl\, de la flore des environs de
Soultzmatt; et enfin M. ARNOLD''', médecin des bains,
m'a communiqué des observations qui m'ont été fort
utiles. Je tiens à leur témoigner publiquement ma
reconnaissance. Qu'ils partagent avec moi la satis•Los observatIOns rrwl'quées l,e la lettre A ont été recueillies pal'
1\1 . Ani'iO.LD ; c e Jl e~ marquées LIe la lettre JI me sont propres.
�faction d'avoir fait mieux connaitre ct apprécier une
des sources les plus bienfaisantes de notre pays.
Les ouvrages publiés sur les eaux minérales ne
sont le plus souvent qu'une réclame en faveur de
l'établissement qu'ils préconisent et n'ont aucun caractère scientifique. Ils sont écrits pour le public,
et non pour les médecins. Dans cet opuscule, tout
en saçrifiant à la nécessité de mettre mon travail à
la portée de tous les lecteurs, j'ai cherché dans
quelques chapitres à aborder les questions les plus
ardues sur l'action physiologique et thérapeutique
des principes minéralisateurs contenus dans les eaux
de Soultzmatt, et essayé d'en déduire des conséquences pratiques.
.
Je ne sais si les idées que j'émets seront généralement partagées par tous les médecins; mais je
crois du moins avoir été utile en attirant leur attention sur plusieurs points de la science hydrologique qui sont encore aujourd'hui en litige.
Bien des imperfections, sans doute, se sont glissées dans cet ouvrage; mais elles seront facilement
excusées par ceux qui se livrent, comme moi, à
l'exercice si pénible de la médecine pratique. Ils
savent que les seules heures non interrompues que
nous donnons à l'étude et à la méditation sont celles
que les autres hommes consacrent au repos et au
sommeil.
J. A. BAVII.
Strasbourg, avril 1853.
A l'exempl e de J\fÉGLIN, je me suis souvent servi de locutions qui
llourraient J'aire croire que je suis médecin des bains de Soultzmatt ;
je n'y ai recouru qu e vour rendre la rédaction de l'ouvruge plus claire
ct plus facile.
-.-
�l'ABLE DES IIATIÈRES.
- ....PHEMIÈRE PARTIE. - INTRODUCTION. -Aperçu historique des Lains
de Soultzmatt, 2. - llibliographie ùe Soullzmatt (voir à la fin ùe
l'ou vrage, 273).
Chapitre 1.... - l'opograph'ie des bœins de Soultzmatt, 3. - PosiLion
des bains, Ih - Promenades, 6, - Florule de Soultzmatt (voir
à la fin de l'ouvrage, 261),
Chapitre II. - Géologie, Météorologie, 8.
Chapitre III. - Conseils hygiéniques atlX ba'if/neufs, 10. - Sur le
choix d'un bain, 10. - Époques oü l'établissement s'ouvro et se
ferme, 1'1. - De la durée des cures et de la manière de se nourrir, 12.
Chapitre IV. - Analyse des elIt/x de SoultzmatL 16. - Analyse de
l\fÉGLIN, 16. - Analyse de PERSOZ, 19. - Nouvelle analyse de
M. BECHAMP (voir à la fin de l'ouvrage, 23<1.).
Chapitre V. - Considérations gt!lIé1'ltlcs SUt· l'action méd'icamenteuse
des cat/x de Soultzmatt, 24. - Circonstances accessoires qui
favorisent leur action, 25. - Action des e!lUX gnzeuses alcalines, 26. - Opinions très-contradictoires des auteurs, 27.
§ ·Ior. - Action vitale du gaz acide carbonique et des dilférents :lcides
contenus dans les eaux g:lzeuses alcalines sur l'hommo à l'état
de santé et à l'état do maladie, 30.
§ 2. - Action vitale des alcalis contenus dans les eaux gazeuses alcalines sur l'homme ù l'état de santé et à l'état de maladie, 33.
§ 3. - De l'action spéciale et mOrne spécifique des cléments (principalement des alcalis) contenus clans les eaux de Soullzrnalt, sur
cortains produits solides ou liquides de notre corps et S\lJ' certains organes en particulier, 34.
J. Action des alcalis sur 10 s:lng; leur influence sur l'inflammation et
ses l)roduils, 36.
.
Il . De j'action cles alealis dans l'acle de j" digestion. Naniùl'e lJ'agir
�Ij
des eaux de Soultz1l1att, ~1. - Théorie pour expliquer ceLl
aetion, 42.
111. A tion des alcalis et de ' eaux do Soultzmatt sur le foie, 10 poumon et le cœur, 44. - Application des travaux de l\f. CL. BERNARD pour expliquer l'actIOn des alcalis sur ces organes, 44.
JV. Action des eaux gazeuses alcalines cie Soultzmatt sur l'organe
cutané, 50.
V. Action des eaux gazeuses alcalines de Soultzmatt sur la sécrétion
urinaire, 53. - Application des recherches et des expériences
de M. CL. BERNARD à l'action des eaux minérales sur ces organes,
53. - Nouvelle théorie sur l'action des alcalis pour expliquer la
destruction de l'acide urique, 58.
Chapitre VI. - Parallèle &ntre les eaWl; de Soultzmatt et plus'ieu1"S
eaux gazeuses alcalines, 6'1.
Chapitre VII. - Mode d'administration des' eaux de Soultzmatt, 65.
Des bains. Nos idées sur la thermalité, 67.
Chapitre VIII. - Des cures au petit taU, 71.
Chapitre IX. - De l'eau balsamique de Soultzmatt, 77.
Chapitre X. - Exportation de l'eau de Soultzmatt, 82.
DEUXIÈME PARTIE. - ApPLICATIONS TIIÉRAPEUTIQUES DES EAUX DE
SOUL'rZ~1A"
DANS LE 1'llAITEMENT DE CI~1TANES
MALADIES, 86.
Chapitre lOT. - De l'emplo'i des caux de Soultzmatt dctrls lcs congestions, 87.
§ 1·". - Pseudo-chlorose et névroses des capillaires artériels,
87. Description de cet état morbide, 88. - Parallèle entre celte
alTection et la chlorose, 89. - De son traitement par les caux.
do (Soultzmatt, 91. - Observations, 92. - Inconvénients de
lui opposer les eaux ferruginouses, 95.
De la cllloro5(). Des eaux de Soultzmatt clans cette maladie, 97.
§ 2. - De la prédominance veineuse (slal1ls venosus, crhœhlc VC11OsUa
l)
entrainant des congestions veineuses vers le foie ct le système de
la veine-porte, 10 cerveau et d'autres organes. États morbides
que ces congestions détetminent. - Action des eaux de Soultzmatt, 104. - Observatioll, 104.
1. AlTections du foie, 105. - Observations prouvilnt l'efficacité d s
alcalis et des eaux de Soultzmatt, 106.
A. Engorgement du foie avec ictère. Observntion , 109. - Engorgefnent du foie avec hydropisie. Observations, 1'11. - IIémorrhoïdes. Observations, '112.
.
Il. ArrecHons du cerveau et de la moelle épinière, 113. - In!luence
(\es maladies Llu foie sur ces alfecüons. Observations, 113. Actions (les caux. de SoulLzll1att. Observation , 117. - Danger
des caux fC\'I'ugineu ses. Observation , 120.
*
�vij
Des paralysies qui succèùent à l'apoplexie ; des avantages qu'on
peut retirer des caux de Soultzmatt. Observations, 121.
Chapitre Il. - Des eaux de Soultzmatt dans les affections de l'estomac
et des intestins, 123.
l. De la gastrite et de la gastralgi" 123.
10 Gastrite aiguë. Observation, 123.
20 Considérations pratiques sur la gastrite ct la gastralgie, 126.
Embarras gastrique. Observations, 131.
30 De la gastralgie, 133. - Observations de guérison, 138.
II. De l'entérite chronique et des a)Teclions scrophuleuses, 141.
De l'emploi de l'eau de Soultzmatt ct de l'cau balsamique clans
les diarrhées des adultes ct des enfants. Observations, 142. Des scropl1U les, 144.
CIH\!)itre III. - De l'emploi des eaux de SOtûtzmaU et de l'eau balsa7n'ique dans certaines affect'ions des poumons, 146.
T. De la bronchite chronique. Manière d'agir de ces eaux dans ceLLe
maladie, 148, - Observation, 149. - D l'cau balsamique dans
la bronchite chronique, 151. - Observations, 153. - De son
action dans la bronchite chronique des enfants, 156.
IL De la phthisie pulmonaire, 158. - Considérations anatomo-pathologiques sur celte maladie, 158. - Indications à remplir, 159.
- Action des caux de Soultzmatt ct du petit lait, 159. - De
l'cau balsamique contre l'hémoptysie, 162. - Observations, 163.
- De la guérison des vomiques par cette eau. - Observations,
165.
Chapitre IV. - De l'emploi de l'cau de Soultzmatt dans le 1'humatisme, 169. - Quelques considérations sur la thermalité, 169.
- Observations de rhumatismes de différentes espèces, guéi'is
l)ar les caux de Soultzmatt, i 70. - De l'état (lu sang clans le
rhumatisme articulaire aigu, 172. - Du mode d'action de ces
eaux, 174. - Du rhumatisme musculaire; opinions diverses
sur celle affection; manière d'agir des caux de Soultzmatt, 176.
Chapitre V. - De l'emploi des eauœ de Soultzmatt dans la goutte ct
la gravelle, 180. - Considérations théoriques ct pratIques sur
ces deux alTections, 180. - Manière d'agir de certaines substances pour la production ou la guérison de la goutte ct de la gravelle. Note sur l'action ùu café, 181. - Action 'des alcalis, 183.
- Application de la théorie que nous avons émise, 185. - Fautil guérir la goutte par les alcalis, 186. - Action présumable des
eaux de Contrexéville, 188. - Parallèle entre Vichy, Controxéville ct Soultzmatt, 189. - Observations de guérisons de gouLte
ct de rrruvelle pal' les eaux de Soultzmatt, 190.
Chnpitre VI. - De l'emploi cIe l'rem de Soultzmatt et (le l'cau lJal.ça-
�Yiij
mique dans le lrai/ cment du catan'he vésical, 192. - DescriptiOIl
de la maladie, 193. - Indications à remplir, 195. - Action de
ces eaux sur la muqueuse, 195, - sur l'urine , 196, - sur le
mucus, 197. - Ooservation, 199. - De l'eau balsamique dnn
cette maladie, 200. - Observations,.203.
Chapitre VII. - De l'emploi de l'emt de Soultzm att et de l'eau balsa-
mique dans les maladies de l'utérus ct de ses annexes, 204.
J. De l'aménorrhée et de la dysménorrhée, 205. - Description, 205.
- Origine de ces deux aJTections, 206. - Leurs traitements par
certaines médications, 207.
Effets analoguos obtenus par les
caux de Soultzmatt, 208. - Observations, 2'lO.
Tf. i\Jétrorrhagie. Considérations théoriques et pratiques sur t;ette
afTection, 212. - Observations, 2'13. - Des caux de Soultzmatt
dans les métrorrhagies tenant à la pléthore et à l'inflammation
Observations, 215. - A la stase de sang. Observation, 216. De l'eau lJalsamique contre les pertes utérines hors l'état rie gestation, pendant la grossesse et al)r(:s l'accouchement. Observations, 217.
.
Hl. Métrite chronique. Engorgements cie l'utérus. Description de ces
états morhides, 222. - Accidonts qu'elles entraînent, 223.Causes diverses. Engorgement il l'ûge de retour, 224. - Manière
d'agir des eaux de Soultzmatt, cles bains, cles bains de siége, des
injections, cles <louches, 225.
1V. De la leucorrhée. Cause de cette maladie, 227. - Manière c1'agir
des caux de Soultzmatt. Coup d'œil sur les indications à remplir,
228. - Observations, 229. - De l'eau balsamique. Observation,
230.
V. De l'hystérie. Des causes de cette alTection, 231. - Manière d'agir
des caux de Soultzmatt, 232.
ANA.LYSE QUALITATIVE ET QUANTiTATIVE DE L'EAU MINtnAL
E DE SOULTZ-
MATT,234.
FLonuLE DI!:S ENvmONS 01 ~ SOULTZMATT, 261J3IDLIOGRAPIIŒ DES LIVIŒS OlUGINAUX SUll ŒS EAUX DE
273.
SOULTZM.\TT,
�DES
EAUX GAZEUSES ALCALINES
DE SOULTZMATT.
PREIlIÈRE PAR'fIE.
Nous avons en France plusieurs sources minérales, dont
les propriétés bienfaisantes sont loin d'êlre appréciées à leur
juste valeur. Soultzmatt a jusques dans ces derniers temps
été de ce nombre. Mais depuis une dizaine d'années, grâce
aux améliorations faites par le nouveau propriétaire, ce
bain parait sur le point d'atteindre le rang qu'il mérite à
juste titre. En raison de la. puissance thérapeutique de ces
eaux, j'ai cru de mon 'devoir de conlribuer à étendre leur
réputation, en publiant sur cet Hablissement une notice où
je ferai connaître au public ct au monde médical le fruit
de mes observations et de mon expérience. Lorsqu'on saura
mieux les avantages qu'on peut retirer de ces eaux, nous
n'en pouvons douter, on verni chaque année affiuer il Soultzmatt un grand nomLl'c ùebaigneurs venant de divers points
de la. Francc ct d'autres pays. J-,es nouveaux moyens de
locomotion ayant aujourd'hui, pOUl' ainsi dil'e, eJfacé les
distances. on pourra sans peine arriver dans celle vallée.
Ainsi se réalisera une espérance bien légitime: cc sera de
voir grandir ]a réputation d'une SOUt'ce indigène que ses
propriél(>s mùdicales semblent apIlCl('r à un brillant avenir,
•
t
�2
et cesser ces migrat ions annuelles à des eaux étrangè res
pour payer un tribut qui de droit apparti ent à notre pays.
Ce n'est pas que Soultzmatt soit une source jusqu'i ci" à
peu près ignorée , il en est question dans différents ouvrages
d'hydro logie. Vers le milieu du siècle dernier" un médecin
distingué, M. le docteur MÉGLIN, publia une notice sur ces
eaux, ouvrage remarq uable pour l'époque à laquelle il parut. Il établit , dans des recherches faites dans SCllENCK,
que la découverte de ces eaux date du XV C siècle, vers le
même temps que les eaux de Gueberschwihr ont été perdues.
(Ces eaux sortaie nt du côté opposé de la même montag ne et
d'un terrain riche en mines de fer.)
La chroniq ue de J'établissement rappor te qu'autr efois
Soultzm att était le rendez-vous de tou't ce que la province
ct les pays environ nants possédaient de gens riches et titrés.
Les membres du conseil souverain d'Alsace quillai ent leur
résidence, les seigneurs Jeurs château x, pour venir à Soultzmatt, où ils étaient atLirés par ube société d'élite qui trouvait dans notre chàrma nte vallée le plaisir et la santé. Dans
ces derniers temps, l'analy se de nos sources a été faite par
le célèbre chimiste PEnso z; ce travail consciencieux fait
presse ntir, d'après les principes minéralisateurs qu'elles
contien nent, les ressources que la médecine peut en retirer.
MM. les professeurs RUIEAUX et TOURDES, l'un dans une
notice d'un style brillan t, l'autre dans un feuilleton de la
Gazette médicale de Strasb ourg, font l'élGge des eaux de
Soultz matt, et indique nt ses propriétés médicales. Nous
avons largem ént puisé dans ces deux écrits, dont nous avons
littéral ement reprod uit plusieurs passages.
~nû,
le docteu r BIÉCllY, ce digne représe ntant de ]a
médecine italienne en Alsace, a, dans un feuilleton récemment publié à Colma r, prouvé que les eaux de Soultzm att
ont des propriétés médicales analogues à l'eau de Sellers.
Ji est un fait qui fcra encore mieux ressortir le mérite réel
�5
de nos sources. Par suite de mauvaise adminisll'alion_, l'établissement des bains, déchu et presqu'abondonné, avait
été mis en vente. Les médecins les plus disLingués du HautRhin s'étaient formés en société pour l'acquérir, parce qu'ils
le regardaient comme destiné à obtenir un jour une réputation méritée. Des circonstances particulières les empêchèrent
de réaliser leur projet, et rétablissement fut acquis pal'
M. NESSEL. Le nouveau propriétaire, doué d'une grande sagacité et du désir bien arrêté de faire prospérer l'établissement à la tête duquel il était placé, ne négligea rien pour
le relever, et tout nous fait espérer que sous peu, grâce
aux améliorations nombreuses qu'il a déjà introduites et à
celles qu'il se propose de faire encore, il pourra luttel' avantageusement avec les autres établissements de ce genre le
plus en renom,
A utrefois les bains de Soultzmatt eUl'Cnt pour protecteurs
édairés les docteurs OSTEltTAG, MÉGLIN et MonEL, ces praticiens si regl'cllables, et dont le souvenir vivra encore longtemps en Alsace par les services qu'ils ont rendus à la science
et à l'humanité, Que nos médecins alsaciens, fidèles à cette
tradition, continuent à nous accorder leur bienveillant concoms. Ils prouveront ainsi qu'ils savent apprécier une richesse dont la natUl'e a gratifié notre pays, cl ils acquerront
un dl'oÏl bien légitime à notre vive reconnaissance.
CHAPITRE PREMIER.
'l'OIJogl'apllie des Jlaius tle Soultzulatt.
La jolie vallée de Soultzmatt commence au pied de la
pente orientale des Vosges, se dirige de l'Ouest à l'Est, ct
vient s'ouvrir sur le vaste bassin de l'Alsace, entre Rouffach
et Guebwiller, à quatre lieues Sud-Ouest de Colmar. Les
montagnes qn'elle séparc et qui de clJaque côté bOl'l1ent son
�horizon ne s'étendent pa~
cu deux charnes continues et parallèles. Coupées d'espace en espac.e, elles forment un groupe
de collines éparses et comme semées il'l'égulièrement entre
les cimes les plus élevées et la plaine. A leurs pieds, de
riches prairies en reçoivent les eaux et l'ombrage. De chaque
côté et dans toutes les directions, l'œil s'égare avec plaisir SUI'
ce riant tapis de verdure, dont l'immense et souple cordon
s'enroule autour de chaque mont isolé et dessine en cet admirable réseau le creux des vallons frais et tranquilles.
Liée à ce capricieux labyrinthe pal' des communications
nombreuses, la vallée de Soultzmatt paraît en être simplement la coupure principale , Tour à t01l1' rétrécie entre deux
'montagnes, ou élargie au niveau des vallées secondaires,
elle est arrosée dans toute sa longueur par les eaux pures,
rapides, intarissables de la rivière l'Ombach,
Le bourg populeux qui lui a donné son nom est assis
presque tout entier le long de deux quais d'inégale largeur,
séparés par le lit encaissé de la rivière, dont les eaux coulent
en bouillonnant sous les nombreux ponts et passerelles qui
en réunissent les bords.
A quelques centaines de pas, à l'Ouest de ce bourg, la
vallée se resserre entre deux montagnes qui s'élèvent à SOli
origine et semblent en défendre l'entrée. Ces deux monls
opposés, fJui se dressent, pour ainsi dire, côle à côte, ct
qui, par l'égalité de leurs proportions et la symétrie de leurs
formes, lie présentent comme deux gigantesques jumeaux,
paraissent avoir reçu jadis des consécrations bien différentes.
L'un, au Nord, est le IIeidcnberg, ou montagne drs Païens;
l'autre, couvrant la vallée au Midi, porte le nom de Grospfingtsberg, montagne de la Penteeüte.
Au pied de ces deux montagnes, sur un étroit espace horizontal qui couvre la jouction de leurs bases, l'établissement
des bains s'élève solitairement au fond de la vallée et détache ses blanches murailles sur un magnifique rideau de
�• verdure. Les bâtiments qui le composent s'étendent sur les
~JlIatre
côtés d'une cour spacieuse et rcctangulaire.
Ceux du Nord sont consacrés aux loges des bains et re couvrcnt les bassins des sources. (RAMEAUX. *)
Du côté opposé est le bâtiment principal: il est large,
spacieux. et commode; son exposition au Midi est des plus
favorables aux malades. Une vaste salle à manger, un salon
élégant occupent le rez-de-chaussée.
A l'Est, une avenue d'arbres grands et touffus annoncent
et semblent voiler celle délicieuse retraite.
A l'Ouest, au centre d'un jardin bien distribué, des vignes
sauvages, entrelaçant leurs pampres vigoureux, forment
une galerie verte et ombreuse autour du bassin d'Lm jet
d'eau, qui entretient dans ce lieu une agréable fraicheur.
Après avoil' arrosé une partie du vallon de Blumenslein ,
dans lequel eUe prend sa source, la rivière d'Ombach se
glisse entre le I-Ieidenberg et la montagne opposée, et
semble ne se frayer un passage qu'en déchirant leurs
racines. Bientôt elle sc parlage en deux branches, roulant
un égal v.olume d·eau. L'une, suivant une pente rapide,
ùescend dans le creux de la vallée, en occupant toujours
la partie la plus profonde, el dirige sa course sinueuse el
saccadée vers le pavil10n des baigneurs. L'aulre, s'écartanl
moins du niveau primitif, coule avec une vilesse plus uniforme, et se trouve bientôt comme suspendue sur le flanc
de la montagne du Midi, entre la forêt (lui monte vers' son
sommel et la nappe de prairie qui s'incline doucement el
tlescend jusqu'au ruisseau inférieur. Vis-à-vis les hains, un
bosquet semé de gazon s'étend entre ces deux couranls si
étrangement étagés. D'innombrables canaux conduisent les
eaux du ruisseau supérieur au ruisseau inmrieur, et dans
• Une grande partie de celle descl'iption est extraite Iilléralemellt de
l'ouvrage de 1\1. Jlnmeanx (Notico SUI' les caux minérales do Soulzmatl ;
Strasbourg, 1838). J 'a i ITII /l'y devoir rien chaugcr de pour de l'allércr.
�6
"
leur trajet de l'un à l'autre, ils s'éloignent, se rapprochent,
se croisent de mille façons, et forment un merveilleux réseau déployé sm' le premier plan du paysage, Ce bosquet,
renfermé comme une île entre les deux bl'as de la rivière,
se trouve lié par deux ponts jetés sur leur courant, d'un
côté par les bains, de l'autre avec la forêt qui couvre le
Grospfingtsberg et en couronne le sommet.
Si l'art n'a rien fait pOUl' livrer la montagne du Midi aux
courses des baigneurs, il a, pour ainsi dire, aplani le Heidenberg sous lems pas, Des chemins tracés avec une rare
intelligence, et sablés avec un soin extrême, commencent
bains, Toujours couà l'entrée même de l'établissement de~
chés sous des tai1lis de chêne, ils grimpent el serpentent
SUl' le revers méridional du mont, ct condniscnt jusqu'à SOli
sommet, sans faligue et sans effort. A mesure qu'on s'élève,
et à chaque repli du chemin, la scène change, les détails
se dessinent plus distinctement, et le panorama s'agrandit.
Mais rien ne peut se comparer au tableau qui se déroule
sous les yeux, lorsqu'on atteint le plateau qui s'élend SUl' le
sommet de la montagne, On se trouve alors sur un des
points d'une immense circonférence, formée par le~ Vosges,
le Jura, les Alpes et les montagnes de la Forêt-Noire. La
plaine, enfermée dans celte vaste ceinture, est coupée pal'
le lit du Rhin en deux parties inégalement étendues, mais
également riches et fertiles, L'œil suit la ligne éclatante du
neuve depuis les montagnes de la Suisse, d'où il débouche
dans la plaine, jusqu'au poinl où les collines des Vosges
vont, par de graduelles dépressions, se terminer à l'un de
ses bords. Des deux côtés, sur les rives, el au loin SUI'
toute l'étendue de la plaine, des villes populeuses, de beAux
villages, de nombreuses manufactures, deux noirs cordons
de chemin «le fer, SUI' lequel des machines à Yapeur sc
croisent incessamment, annoncent la riche sc, le lravail ct
l'industrie, C'c t un des plus magnifiquos points de vue des
�7
montagnes par l'immensité du tableau, dont on peut suivre
les détails et embrasser l'ensemble.
Si on descend le Heidenbel'g par son revers occidental,
ou si de l'établissement des bains on suit sur la base de la
montagne le chemin qui remonte le long de la vallée, on
arrive en peu d'instants au pittoresque vallon de Blumonstein. C'est un cirque évasé, au centre duquel s'élève gracietlsementle hameau du Wintzfelden et où l'Ombach prend
sa source. Le bloc de rocher d'où jaillissent les eaux forme
un léger pli de terrain à peine saillant sur la face ondulée
du vallon.
Tontes les collines qui environuent Soullzmatt, tous les
vallons qui se déploient à leurs pieds, peuvent devenir le
but d'une course qu~tiden.
Mais il est des excursions plus longues, entre lesquelles
se distingue celle qui a pour terme le ballon de Guebwiller.
Comme tous les points les plus élevés des Vosges, il doit
son nom à sa forme arrondie en portion de sphère et comme
eux encore il est accessible jusqu'à son sommet; sa croupe
blanchie de neige sc découvre à -peine pendant quelques
mois de l'année, et montre alors une terre végétale, froide
mais ricbe. Aussi nul arbre n'y étend ses racines; la végétation sc borne à quelques plantes alpines qui semblent
retrouver en ces hautes régions leur sol et leur climat naturels.
Celle montagne, qui domine sans exception toules les
sommités de la chaine des Vo ges, s'élève à U32 mètres
au-dessus du niveau de la mer. Sur l'un de ses (laucs, à 801
mètres au-de sus de Colmar, les eaux d'un lac dorment paisibles dans le vaste entonnoir qui les contient, ct dont les
parois se dres ent en qu lques points à plusieurs cenlaines
de mètre au-dessus de la surface de l'cau. La superficie
du lac a été évaluée à 75,000 mètres carrés, et sa profondeur moyenne à 33 mètres.
�Quelqu'imposante que soit ici la natul'c, quelque variés
que soient les tableaux qu'cHe présente à nos yeux, il est
encore un intérêt plus puissant, plus attractif, plus durable;
c'est celui qu'inspire l'industrie, sous toutes ses formes, à
tous les degrés de développement, avec tous ses perfction~
nements actuels et ses espérances d'avenir. Les plus beaux
établissements industriels du Haut-Rhin sc trouvcnt à une
faible distancé de Soultzmatt, distance que le chemin de fer
vient encore de diminuer. Mulhouse, Colmar, Wesserling.
Thann, Cernay. Guebwiller, Bübl, Münster, peuvent être
successivement visités pendant une saison.
A côté du mouvement et de l'activité qui animent les générations actuelles, en présence de leurs travaux, de leur
industrie, de leurs sciences, do leurs arts, il est curieux d'évoquer les souvenirs d'un autre âge, d'interroger les monuments qui nous en restent, de fouiller dans les ruines que
\e temps n'a pas encore entièrement rongées.
Peu de pays offrent à l'antiquaire plus de richesses que
les Vosges. Plusieurs de leurs sommités sont encore environnées de longues murailles qui nous paraissent des œuvres
de géants, et qui, dans leur nom de murs païens, rappellentl'ancienneté de leur origine. lei des autels druidiques,
seuls restes de la religion des Gaulois l là d'antiques abbayes,
symboles d'un culte plus récent ct d'une civilisation plus
avancée. l)artout les déuris des vicux donjons (lu moyen
<Ige, avec leurs traditions guerrières ct les ouvenirs des
temps barbares ~e la féodalité. (RJUlEAUX,)
CHAPITRE JI .
Géologie. 'Œ'lore eles can,irolll!l. lUétéoJ.·ologie.
Les montagnes tIc celle l'{'gioll SOlit compOSt'ps 11(' lrapl'c.
Ile porphyrc, de (lioritc el d'ctI/'I'tc.
�L'allcmance des tl'appes et des eUfites compactes constilue une grande partie du massif dont le ballon de Guebwiller
est le centre.
Le grès bigarré ne sc présente qu'à Osenbach. au NordOuest du IIeidenberg. Là se trouvent aussi d'abondantes
carrières de chaux et de plàtre, dont l'exploitation ne sc
l'alentit jamais.
Le muschclkalk recouvre le granit à Wintzfelden, ct il
est lui-même r couvert par le keuper.
La Flore des environs comprend une grande partie des
plantl}s qui composent celle d'Alsace, laquelle a plus de 70
familles ct près de 1500 e pèces. Soultzmatt élant situé
prè de la plaine et au voisinage des plus hautes cimes des
Vosges. on doit y trouver et l'on y trouye, en effet, dans
un faible rayon, des plantes appartenant il la France méridionale, ct la végétation des Alpes ct de la Laponie. Une
autre cau e de cette immense variété de plante rassemblée '
sur un même point, c'est qu'un grand nombre d'espèces c
trouvent uniformément distribuées sur une vaste étendue.
Elles ne semblent pa avoir, dans ces contrées, un li u
d'élection, une demeure invariable, et celle circonstance
<lui distingue essentiellement la Flore d'Alsace de celle de
la Suisse, la rapproche au contraire de la Flore j lalielllle.
La po ition des bain semble avoir été choisie ù'après
tontes les règles de l'hygiène. Protégés contre les vents du
Nord par le lIcidenh l'g, ils sont il couvert de CCliX du Midi
par la montagne opposée. et ces deux circonstances y l'enlIent la temp6rature moius variahle et ses variatiou moiu '
hru ques.
Les vents occidentaux t méridionaux l'emportent Cil 1'1'("
quence sur ceux de l'Est el du Nord; mais comme ils pa _
sent nr de hautes mOlllagncs presque toujours ('ouvertrs
(le lIeige. ils ne soument ur la vallée qu'après avoir perdu
IInc parti de 1 ur tl'mpérature rL tir lellr humidité', r{ ils
�10
ne causent pas alors celle chaleur humide et accablante
qu'on ressent trop souvent dans les plaines.
La température moyenne des quatre mois de mai, juin,
jtl1'llet et aoùt, pris ensemble, oscille, suivant les années,
entre 16 et 17 degrés centigrades: elle s'abaisse à mesure
qn'on gravilles montagnes, à peu près J'un degré par 150
mètres d'élévation.
Outre les vents principaux, il en exisle qui appartiennent à cette localité, comme à lous les revers orientaux des
Vosges. Pendant les beaux jours, et dans la saison des forles
chaleurs, un vent régulier se dirige le matin des montagnes
vers la plaine, et le soir il souffie de cen~ci vers les premières. La vallée de Soultzmatt s'étendant de l'Est à J'Ouest,
elle est sans cesse balayée doucement, dans toute sa longueur, par ce léger et double courant qui renouvelle et rafraichit l'air pendant toule la durée du jour.
CHAPITHE Ill.
Conseils bygiénifilles RUX bRigllellrs.
Les règles de conduite que nous aUons tracer sont à la
fois dans l'intérêt du baigneur ct de l'élablissement. Notre
prospérité dépend du succès de nos cures, et pour qu'elles
puissent réussir, il fauL que celui qui vient réclamer les
ell'els bienfaisants de nos caux, soit alll!int de maladies
pour lesquelles elles peuvont être utiles. Av.cc quelle légèreté
les malades, el souvent les médecins. ne donnent-ils pas la
préférence à teUe ou telle source! La proximité d'un établissement de bain, la société qu'on doit y rencontrer, le
plaisir, ]a répulation de confortable, sont souvent les seules
raisons déterminantes de volre choix. Un médecin trop complaisant sanctionne avec une facilité coupable un caprice
que vous payez au détriment de votre sanlé. Nos caux, pas
�plus que toute autre, ne comienncnt à tous les lemp{'raments, à toutes les maladies.
Les avantages qu'on peut relirer de nos sources étant
reconnus, il est indispensable que la cure soit dirigée par
un homme de l'art. S'il y a quelques règles générales à
suivre dans la manière de prendre les eaux, il y a une foule
de modifications à apporter dans leurapplicalion; celui-là seul
qui pendant de longues années a suivi les efi'els des eaux sur
un grand nombre d'individus et dans diverses maladies, peut
donner des conseils utiles. On dewa donc, en arrivant dans
l'établissement, s'adresser au médecin, pour lui faire connaître la maladie dont on est atteint. Il serait bien plus
avantageux encore qne chaque haigneur fùt muni d'une cspèce de hulletin, que tout médecin, au moment de son départ pour les eaux, se ferait un plaisir de lui délivrer. Notre
tàche alors deviendrail bien plus facile el nos succès plus
constants; cal' nous pourrions tracer sans tâtonnements la
marche à suivre.
L'époque la plus favorable pour les cures dans nolre étahlis cmenl commence au mois de juin et finit à la fin de
septembre. Il n'est pas rare cependant de voir, depuis
quelques années, nos bains s'ouvrir plus tôt ct sc fermer plus
tard, depuis que nous avons organisé les cures au pelit lait,
et surtout les traitements par l'cau balsamique. Le mois de
mai, pour peu que l'anoée soit favorable, est le plus beau
dans notre vallon si bien abrité. Les premiers J'ayons d'un
soleil chaud cl réparateur des force aUire les malades,
qu'une tl'Op longue séquestration obligée par les intempéries de l'hiver a si souvenl étiolés. Que de fois déjà nous
avons été l'heurelL témoin de véritables métamorphoses
op(~rées
en peu de temps par l'air bienfaisant ct pur qu'on
rc pire dans ces lieu ' où on venait par anticipation prendre
h· lait d'àne sc, le petil lait et l'cau de SoultzmuLlI
On fi . e ol'dinairemcJlt il trois iemainc le temps flu 'on
�12
doiL rester aux caux. CeUe limite ne repose que sur l'intervalle que Jes femmes ont il leur disposition pour prendre
les bains ct boire l'cau entre deux époques menslrl.l,elles.
On conçoit combien cette règle, basée sur un pareil motif, est souvent infidèle. C'est là peut-être une des causes
les plus fréquentes des échecs que l'on essuie dans les traitem~nls
pal' les eaux minérales. Car combien de personnes
renconlre-t-on, chez lesquelles on peut franchement et immédiatement appliquer la cure dans toute sa vigueur?
Qu'arrive-t-il? On cesse le traitement au moment où il
serait le plus important de le continuer, alors que la tolérance ct la saturation médicamenteuse et thermale commencent à se produire, et que le (ra vail moléculaire qui d<;lit
anéantir la maladie n'est pas arrivé à son apogée? Il n'y
a donc pas de limite fixe pour une cure; la seule qu'on
puisse admettre, est celle que pose le médecin qui a suivi
le malade pendant tout son traitement. Que penser après
cela de ceux qui se traitent par eux-mêmes. ou qui n'ont
pour conseillers que d'autres baigneurs aussi peu expérimentés qu'ils le sont eux-mêmes?
Généralement les personnes qui prennent les eaux sont,
à quelques exceptions près, douées d'un excellent appétit;
car la cure par elle-même est déprimante, surtout quand
cHe a été continuée pendant un certain temps. Nos organes
digestifs acquièrent alors un degré d'activité remarquable;
cc qui lient aux déperdiLions abondantes que nons éprouvons. Joignez à cela les promenades, le lever matinal, Je
séjour dans un ail' plus pur ct plus excitant que celui qu'on
respire habituellement; enfin, l'absence de préoccupations ou
d'un travail sél'ieux, ct on comprendra combien le moment
où on est appelé il réparer ses forces sera consiùél"é par la
plupart des baigneurs comme Uli acte important de ]a jOl1l'née.
Que chacun choisisse avec discernement ct l)l'Ildonce les
mets qui ne JH'IIVl'llt lui Nl'Ü nuisibl(' ; flll'il n'ouhlie pa les
�1::>
avisùu médecin, et se rappelle qu ' ull écart de régime pourrait compl'omettrc les Lons eH'cts qu'il est en droit d'attendl'e de la cure qu'il a entreprise, Mais, je dois le dire ,
une nourriture substantielle est la plupart du temps indispensable. L'expérience s'est prononcée à cet égard. 011
supporte sans inconvénient aux bains un dîner copieux
qui, hors des conditions dans lesquelles vous vous trouvez,
n'aurait pas manqué de vous incommoder.
Pour guider nos malades dans le choix des aliments,
nous extrayons de l'ouvrage de M, le docteur l{UIIN, de
Niederbronn, le passage suivant:
La nourriture la plus simple mérite la préférence; ce
sera du bouillon, du bœuf tendre, de la moutarde fine ou
autre hors-d'œuvre propre à favoriser la digestion : le meIon, les concombres, doivent être proscrits comme froids ct
indigestes. Après le bœuf, ce seront les légumes frais ct légers, tels que caroLLes, ch' corée, salsifis, pommes de terre
farineuses, asperges, pois verts, artichauts, choux-fleurs,
elc. Les épinards, les choux, les haricols, ne conviennent
pas à tous les estomacs. Pal'mi les entrées, on évitera toutes
celles aux sauces piquantes et grasses. Les viandes rôties
sont surtout aussi à recommander: ainsi le veau, le mouton,
la volaille, le gibier tendre; mais on évitera toutes les
viandes dures ou trop peu r,uîtes, salées ou marinées, fumées ou trop r.picées, la viande de porc, le foio, en génél'al, le rognon, l'oie, le canard, la charcuterie, ' à l'exceplion cependant du jambon qui, privé de son gras, possède d'excellentes qualités stomachiques ct digestives. Les
pâtés froids sont en général trop lourds pour les personnes
qui prennent les caux. En fait de poisson, on donnera la
préfél'ence à celui dont la chair est sèche, comme le brochet, la truile, la perche, clc. L'anguille est trop grasse ,
t peut rarement être permise. Les écrevisses sont un mels
de distinction en même temps que léger ct agréable . Qua nt
�à la salade, nous a "'ons observé que son usage ne con trarie
pas toujours l'effet de nos eaux, ct qu'elle peut être prise
toutes les fois que l'état de l'estomac ou 13. nature de la maladie ne s'y opposent pas. Les entremets et le dessert sont
ordinairement pour le luxe de la table. Le baigneur doit
d'autant plus se défier de lui-même lors de ce service, que
déjà rassasié il pourrait céder il des apparences séduisantes
et commeUre quelques excès. Les différentes espèces de pâtisseries, gâteaux, tartes, baignets, sont en général pell à
recommander . Les crèmes et blancs mangers ne peuvent
être permis que quand ils sont légers et convenablement
aromatisés. Les crêmes aux fraises, aux framboises, ct
toutes celles dans lesquelles il entre des substances froides
et indigestes, doivent être soigneusement évitées. Les poudings sont il préférer aux crèmes. Le baigneur peut encore
se permettre des œufs il la neige, des meringues, du biscuit,
des macarons, et surtout de la croquante ou du nougat.
Les compotes de fruits sont plus convenables que les fruits
crus: parmi ces derniers on évilera surtout les fmises, les
groseilles et les poires. Après le dîner, une tasse de café il
l'ca li est permise il toules les personnes qui en ont l'habitude et chez lesquelles celle boisson n'agite pas trop le système nerveux. (KUllN.)
Presque tous les malades boivent du vin: nous t1'oyons
pouvoir le permettre ct même l'ordouner, pour faire cesser
momentanément l'effet hyposthénisant des eaux. Beaucoup
de personnes boivent à table l'cau min~rale
mêlée au vin:
c'est une boisson fort agr6able, et qui peut aider à la cure,
à la condition qu'elle soit hien supportée; elle communique
au vin un pétillant très-agréable, qui le rapproche jusqu'à
un certain point du vin de Champagne. D'après la manière
de voir de l'École iLalienne, notre cau gazeuse détruirait en
partie l'effet trop excitant du vin. Il est cependant certaines
affections dans lesqnuJles on devra défendre ce mélange.
�15
Nous tenons antant que possible à ce que le souper soit
très-léger: c'est cc qui nous a fait proscrire les soupers en
commun, car nous avons pu constater qu'ils étaient préjudiciables. Une collation, composée d'un potage, de quelques légumes, d'une côtelette ou de poisson, est plus que
suffisante: l'estomac n'est point surchargé, le sommeil est
plus calme, et le malade plus apte à retirer le lendemain de
bons effets des eaux.
On doit, dans notre bain, gënéralement se coucher de
bonne heure, parce que la plupart des malades ont besoin
de plus de repos que dans la vie ordinaire : les bains, les
caux qu'on boit, fatiguent, dépriment. D'ailleurs, il est
indispensable d'être assez matinal pour suivre exactement
le traltement prescrit.
On devra toujours, en sc rendant aux eaux, se munil'
de vêtements chauds; car, pendant les cures, qui sont déprimantes, la sensibilité au froid est bien plus grande, et
pourrait avoir de funesLes effets.
Ces -détails pourront peut-être paraître fastidieux à quelques pel' onnes, mais ils ont une véritable importance, puis(lue, comme on le yoit d'après le passage que nous avons
cité, ils ont mérité l'attention du docteur KUIlN, l'un des
m(>decins les plus instruits, et par sa po ilion ]e plus capable
de pOl'ter un jugement en pareille matière.
Une des principales di tractions aux bains de SoulLzmatt,
sont des promenades variées, et qui presque toutes ont
potlr but des ites di!licieux. Quelque -unes sont assez éloigné' s pour (lu'ellcs ne puissent être faites à pied. On ] s.
fait alors à âne. Nous avons pris toutes les précautions pour
<Iue cet e crcice, qui est alutairc dans certaines affections,
puisse n'a voir aueun danger. Il est cependant à désirer que
la plupart des personnes con ultent le médecin pour savoir
si des promenades de cc genre ne peuvent leur être nuisibles.
�16
CHAPITRE IV.
A.nalysc tlCH caux ItlÎllé.'alcs · tic Soultz ... aU.
Les sources, au nombre de six, rassemblées dans un
étroit espace, vont se rendre dans autant de bassins de piefl'c
dont le trop plein s'écoule dans la rivière d'Ombach. L'usage a consacré les qualifications qui leur furent anciennement données; mais on a senti le besoin d'ajouter un
numéro particulier à chacune de ces dénominations primili ves. Celte double désignation se lit dans le tableau suivant:
NUOl tl l'O!t
Il es sources.
l'iOM S ANCIENS.
1 Source acidule. . . . . . . . . . . . . . .
2 Source cuivreuse .............
;) Source sulfureuse ............
4. Source purgative .............
ti Source d'argent. .............
6 Source d'or. . . . . . . . . . . . . . . ..
Sauerwasscl'.
](upfel'wasser.
Schwelfelwasser .
Purgienvasscr.
Silberwasser.
Goldwassel·. ,
De tous ces noms, le premier seul ne ment pas sur la
nature ou le~
propriétés des eaux; mais comme il convient
également à toutes les sources, on ne peul le donner à l'une
d'elles en particulier, sans faire supposer une dilférence (lui,
cn réalité, n'existe pas.
Les numéros, au contraire, ont L'avantage d'être pur/'menl indicateurs des bassins ou réservoirs, et d'être compIétement insignifiants à tous autres égards i à cause de ce
dernier caractère, on pourra toujours s'en servir sans rappeler des idées inexactes.
La première analyse régulière des caux de Soultzmall
est due au docteur MÉGUN, qui en puhlia la marche ct les
résultats, en 1779, dans,un mémoire dédié au baron de SPON.
Il est ùifficile de sc livrer à plus de recherches, de tenter plus d'essais, de montrer plus de sagacité que Ile l'a fait
�1i
cet habile m~tlecin
: aussi les erreurs qui 1I011S frappent au·
jourd'hlli dans son lravail doivent-elles être imputées. non
pas au savant, mais à l'état d'imperfection dans lequel la
science se trouvait alors.
Il résulte de son analyse quo les cinq premièrcs Sf)urccs
contiendraient:
1° Du gaz méphitique.
2° Du sel alcali minéral.
3° Une terre .Ibsorbanlc, Je natul" ('alcaire.
I~o
De la sélénite,
5° De la terre vitrifiable.
6° Un vestige de matière bitumineuse.
La sixième source, outre les principes précùJcnls, tien·
dmit encore du fer en dissolution pal' le moyen dll gaz méphitique, et devrait l'odeur d'œufs pourris, qui la caractérisait à ses yeux, à un gaz inllammable dout on ignorait , à
celle époque, la vraie nature.
Tl suffit de jeter un coup d'œil sur ces résultats p01l1' se
'onvaincre qu'ils ne sont pas au niv':u de la cience actuelle.
La présence du soufre et du fer, Jans la sixit'me source,
ne peut plus être aJmise. Le Jocteur MÉGLI lui-môme
l'ayant fait vider et nettoyer, on y trouva plusieurs suhstances putréfiées et du fer tombé pal' hasard. Après e lte
opération, les eaux perdirent leur odeur hépatique, et il ne
fut plus po sible d'y démontrel' l'exist nre Je principes fl'r·
rugineux. JI est vrai que plus lard l'au leur y décéla de nOI1veau ces principes, mais il est tn's-probahle ({ue l'cau qui
lui fut envoyée avait séjourné dans les tuyaux de la pompe,
En effet, si-, après avoir fajt nettoyer les uassins, on y
puise directement l'cau qu'on veut soumettre au ' analyses,
on ne peut y démontrer ni soufre ni fer. Il en est tout
autrement lorsque les ré ervoirs sont mal tenus, 011 que l'cau
a séjourné dans les corps de pomp . Lf' f ' .. t'st an Joute
2
�18
lilUrni, Jans ce ('ilS, par la lige du pi~lon
011 pal' les di"ers
scellements soumis à l'aclio.n de l'cau, taudis (l'te l'hydrogène sulfuré s'expliquerait par la réduction des sülfates mis
en présence de corps hydrogénés. Cette opinion est d'autant
plus vraisemblablr. que l'eau fournie par les premiers coups
de piston dégage une forte odeur d'hydrogène sulfuré ct
qu'on n'en trouve plus aucune trace dans celle que l'on
obtient ensuite.
Non-seulement le docteur MÉGLlN n'a pas déterminé les
proportions relatives de chacun des principes qu'il a reconnus dans les eaux de Soultzmatt, mais il n'a pas mèrne
assigné, d'une manière exacte, la quantité totale, la somme
de leurs éléments minéralisateurs. Les résultats auxquels il
est arrivé, à cet égard, sont trop variables pour inspirer
quelque confiauce. On peut en juger pal' le tahleau suivant, dans lequel nous avons exprinl~
en grains les quantités de résidus fournies à l'auteur par des évaporations
Ji verses ,:
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Alambic do vorre pOlir
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Vaissea u ùo torro vorIlissé P" la troisième.
VaSe do verre .
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Vaso do grès vernissé.
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Vaso de vorre.
1Vase de torro vernisso_
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Vuso do vorro.
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Id.
Id .
Id.
Id.
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no 1.
Id.
�10
Le docteur ~1t ; (;r.IN
avait été lui~Iè
frappi: tics cliU'él'llllCCS que nous venons de signaler; mais Ile croyanl pas
pouvoir les allribuer à des erreurs d'expériences. il fut con~
duit à penEcr que la composition des eaux minérales variait
nou-seulement selon les saisons, mais encore chaque jour de
l'année et à toute heure du jour.
sur \
Celte conclusion serait rigoureuse si les expél'i~ncs
lesquelles clle s'appuie étaient irréprochables, mais il n'en
est pas ainsi: on peut, on doit même supposer que les vases
évaporatoires dont se servait l'auteur furent atlaqués il des
degrés divers par les eaux minérales soumises à une chalelll'
plus ou moins violcnte; de là toutes les différences observées dans les poids des résidus.
Une preuve irrécusable de la ju Lesse de celle opinion.
c'est que les quantités de résidus qu'on obtient, en évaporant dans une bassine d'argent, sont presque tous rigonreusement identiques, si l'on opère sur l'eall d'une même
source, prise en égale quantité.
En "ré.:!umé, malgré les efforts et l'habileté de son auteur,
le travail du docteur MÉGLlN est fautif et incomplet.
1° Il indique dans les taux de Soultzmatt des principes
qui n'y existent pas: le (er. le sot,(/'e, le bitume.
2° Il en omet qu'elles possédcnt : la magné$ie.
3° Il ne donue pas les proportions relatives des slb~
tances réellement rencontrées dans ces eaux.
4° Enfin. il laisse dans la plus grande incertitude ur la
quantité totale de leurs éléments minéralisateurs.
Une nouvelle analyse était donc indispensable et pressante. MM. PERSOZ et COZE l'ont entreprise, et les noms
de ces deux chimistes nous sont un sûr garant de l'exacti~
tude ct de la précision de leur travail. Nous allons donner
la marche qu'ils ont suivie et {es résultats auxquels ils sont
arrivés.
Le tableau ci-contre repr('scnte J 'une manière synoptique
�20
l'aetion des réactif! sur les eaux. 11 faut maintenant l'in(erpré ter, en tirer toutes les conséquences qu'il peut fournir, ct
les formuler nettement, pùisqn'ellcs doivent êtl'e l'expressiol) de l'analyse quaWative.
10 Les floc, 5 e , 6 c, 7e et 17 e colonnes indiquent qu'il n'y
a, dans ces eaux, ni fer, ni argent, ni bitume, ni acide hydl'osulfurique ou combiné.
a. Dans les circonstances où l'on s'est placé, les sels de
fer auraient manifesté leur présence par un précipité uinassé
avec la noix de galle, 'flair avec le sulfure ammonique, blet,
avec le cyanure ferroso-polassique.
b. Malgré le beau nom donné il la cinquième source, la
présence de l'argent dans ses eaux n'était pas vraisemblable:
aussi l'acide hydrochlorique n'en a-t-il fait reconnaître aucune trace.
c. Si une matière bitumineuse avait été tenue en disol~
tion à l'aide d'une base alcaline, celte matière ~lUrait
été
précipitée par l'acide hydrochlorique, qui se serait emparé
de la base. .
d. Nous avons déjà dit que, puisées directement dans les
bassins ou réservoirs, les eaux n'offrent ni l'odeur ni la
saveur des œufs pourris. Celte circonstance prouve il clle
seule que l'hydrogène sulfuré n'y existe pas à l'état libre;
mais le tableau fait voir, en outre, qu'elles ne précipitent
pas les dissolutions de plomb en noir, et que par conséquent
l'acide bydl'osulrurique n'y existe ni à l'état libre, ni à l'état de combinaison.
2° Les caux de Soultzmatt contiennent des carbonates,
ùes hydrochlorates et des sulfates. Ces sels ont pour Lases la
potasse, la soude, la chattX et la magnésie.
a) Carbonates. Elles laissent déposer, par l'action de la chaJeur, une poudre blanche faisant effervescence avec les acide.~
:
le gaz recueilli est l'acide carbonique. Ce gaz sc dégage en('~re
lorsqu'on "erse un nci(le dans les eauxbouillies ct filtrées.
�21
b) IlydfOchlofates. Le' nitrate argenti qne fournit un pré-cipité abonda nt, et indique par là une assez forte propor tion d'hydrochlorates.
c) Sulfates. Le chlorur e barytiq ue ne donnan t qu'un pré.
cipité très-léger, annonce qu'il n'existe qu'une faible quantité de sulfates.
d) Potasse et soude. Après l'ébullition, les eaux verdissent
le sirop de choux l'ouge, et celle réactio n est nécessairement due aux carbonates de potasse et de soude : notons
qu'elles perden t d'abord, par l'action de la chaleu r, les carbonates de chaux et de magnésie. La deuxième colonne du
tableau, comparée à la troisièm e, fait voir qu'ava nt l'ébullition les carbonates alcalins sont saturés d'acide carbon ique
et existent alors à l'état de bi-carbonates.
e) Chaux. L'oxala te ammonique décèle une assez forte
quantit é de chaux : elle y est en partie à l'état de carbo·
/Iate, donll' existence se démon tre par les réactions des 8°,
9u , 1Oc, 11 c et 13 c colonnes.
L'eau minérale légèrement acidulée par l'acide nitriqu e
précipite pal' l'eau de chaux, ce qui démon tre l'existence
de la magnésie (12 c colonne).
Si l'on examin e mainte nant, d'une manièr e généra le,
l'efl'et des réactions sur les eaux de toutes les source s, el si
l'on compare ces réactions entre elles, on restera convaincu
<lu'il ne peut exister dans les diverses eaux, sous le rappor t
de la composition chimiq ue, que de très-légères différences.
MM. I>En oz cl COZE se sont a surés que les substances minéralisante conser vent à très-pe u près dans toutes les sources
les même proportions relatives, de sorte que les différences
qui s'observent entre les eau les plus fortes et cell qui
sont plus faibles s'expli queraie nt parfait ement en suppos aut
Clue ces d l'llières sont étendues simplement d'une certaine
fJ\lanlifé d'cau douce.
prelllier rait une fois
e·
COli
latù, ces dell:\ chimisles
Ollt
�22
humé leul' analyse quanlitative il l'eau des sources nOS 1 et
6, dont la composition est rigoUl'eusement identique el dont
les richesses sont peu différentes : les malières salines contenues dans le nO 1 sont à celles du nO 6 dans le rapport de
4·6 et '~1.
Le tableau suivant renferme les résultats auxquels on est
arrivé dans le dosage de chacun des élément8 salins contenus dans les eaux :
Bésultal de l'analyse 'l/tantilative des eaux de Soultzmatt,
EAU
na 1.
EAU
1000 gramme s ronfcnn ent :
A cide sulfuriqu e . . ... : . . ..
gl·.
0,071
0,041
2,58
0,198
0,15S
0,640
.0,0-:2
bydroch lorique .....
carboniq ue . . ... ....
t.:haux . . . ... . .. .. . .. ... ..
Magnésie .. . . ... . . . . . . . . ,
Soude. . . . . . . . . . . . . . . . . ..
l'otasse . . . . . . . . . . . . . . . . ..
20 litres d'cau 11 0 1, ovaporé s, out
,tonné pour résidu 46 gralUme s do
matière saline.
nO6.
1000 gramme s l'enferm ent :
S"·
Acide sulful'Ïtlue ..... .. .. .. 0,065
hydroch lorique . . .. . 0,031
carboni que..... . . . . 2,169
Chaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,178
Magnésie . . ..... , .... . ... 0,129
Soude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,556
Potasse ... . .. .. . .. . . . .. " 0,067
~O
litres d'eau n" 6, évaporés , ont
donné un ré sidu de 4\ gramme s .
Nous allons donner en peu de mots les procédés suivis
pour obtenir ces résultats el la marche générale de l'analyse . .
1 0 Quantité d'adde carbom·que. Elle a été délerminée pUI'
la mélhode de Murra y: l'eau avait été recueillie sur les
lieux el renfermée dans des vases parfaitement houchés.
2 0 Dosage de l'acide sulfurique. On a acidifié une certaine
quantilé d'eau concentrée par évaporation, et on l'a lraitée
par le chlorure baryliclue : le sulfale barylique précipité
ayant élé lavé et calciné, on en a conclu la quantité d'acide
sulfurique.
3 0 Proportion dtt chlore. Elle il élé assignée par un pro« ~ éd
analog ue: la liqueur rt'lduile el acidifiée il élé trailée
pal' le nitrate «J'argent, ct le chlorul'e arg ntiqllc l)r{'cipitù
�25
ayant été lavé ct fondu, a permis ùe calculer la proportion
du chlore.
4° Chaux. On a renùu acide une certaine quantité d'eau
concentrée par évaporation, et on l'a trailée pal' l'oxalate
ammonique : le précipité a été recueilli, lavé et calciné.
Le résidu â été transformé en sulfate calcique, duquel on a
déduit par le calcul la quantité de chaux . .
5° Magnésie. Les eaux ayant été concentrées et privées
de chaux par l'oxalate ammonique, on les a traitées par la
baryte caustique. Le précipité qui en est résulté contenait
tout à )a fois du sulfate et de l'oxalate barytique et de la
magnésie. Pour séparer celle base, on a traité par l'acide
sulfurique, lequel a donné naissance à du sulfate de magnésie soluble. La liqueur filtrée a donné, par le phosphate
d'ammoniaque, un phosphate ammoniaco-magnésien qui,
après avoir été calciné, a fait évaluer la magnésie.
6° Potasse et soude. Les liqueurs provenant de la précipitation par la baryte dans l'opération prérédente furent réunies aux caux de lavage et concentri'es, puis traitées par
l'acide sulfurique; il en résulla du sulfate barytique, insoluble, et des sulfates de potasse et de soude en dissolution:
ceux-ci furent évaporés il ec et calcinés pour en connaîlrn
le poids. Le résidu, exactement pesé, fnt de nouveau dissous dans l'eau et traité par le nitrate de baryte; iL en résulta un sulfate barytique qui, lavé et calciné, fit connallre
la quantité d'acide sulfurique contenue dans les deux sulfates
de potasse et de soude.
Les quantités relatives dc ces dettx bases (",rcllt alors calculées
en ayant égard à la di(/'érence qtti existe dans [enrs capacités
de saturation.
Un vice de celte analyse est de ne pas indiquer i réellement ces caux eontiennent des bicarhonate . M, BÉCIIA MI',
de pharrnal'i(', a ell )'ohligrall('e de COInprotesseur il l'(~coe
1.1('1' en 1 Irtic ,'elle Jacul1('.
�~4
D'apres ses recherches, lorsqu'on soulllet l'eau de SoulLzmatt à l'action de la chaleur dans un ballon de verre, il se
dégage de nombreuses bulles ,Je 'gaz, en même temps que
J'eau se troubl e: ce qui indique que la magnésie ou la
chaux existaient dans l'eau dissoute à la faveur de l'acide
carbonique, ou };lien qu'il existait du bicarbonate de soude,
lequel, en se décomposant par l'ébullition, devient carbon{l~
lIeutre, el précipite ainsi les se'ls de chaux ct de magnésie
à l'élat de carbonates insolubles.
Une nouvelle analyse ùes eaux de Soultzmatt était nécessaire; elle a été entrepl'ise pal' lU. DÉClIAl lIP. Dans un taIIleau comparalif, il met CD regard l'analyse des sourccs
gazeuses alcalines les plus en renom , pour démontrer que
"cl/es de Soultzmatt ne Jeur sont pas intërieul'cs pal' 1010
principcs minéralisateurs qu'elles contiennent.
CHAPIT1Œ V.
(J.alsh lératio I18 généra lcf!i sur l'actio n Itlédi caIIlCllt cusC des eaux IIlinér ale8 de Soultz luatt.
Les eaux minérales occupent la première place parmi les
remèdes dont l'eUicacité n'a jamais été démentie depuis l'anli'luité. Leur renommée, loin de diminuer, n'a fail qu'augmenler de plus CH plus; el de nos ,jours l'on peut di"{3 qu'il
est peu de maladies chroniques dans lesquelles on ne les
prescrive, cl le plus souvent avec avantage. Celui, ccpcndallt, qui voudrait rechercher la raison de ]a propriété sah,taire des eaux minérales dans les nombreuses théories
ju 'flu'ici professées pal' la plupart de écrivains d'hydrologie,
ou (lui voudrait essayer de trouver dans leurs écrits une
müthodc sOre pOUl' tlôduire ses indications curatives en rap·
port avec les caux, nous ne savons s'il se trouverait satisl'ail à la fin de ces l'c('hel'ches.
�•
25
Celte illlperfeclion capitale sur uo'c branche aussi imporlanle de la malière médicale aurait, cc nous semble, dt'!
aUirer l'attention de ceux qui, dans nos écoles, sont chargés de cet enseignement, et, à Jeur défaut, tous ceux ' qui
écriront sur les eaux minérales devront chercher à combler cette lacune.
L'action que l'on obtient de l'usage des eaux minérales,
prises aux sources mêmes, est due en partie à des circonstances acce oires au traitement, en partie aux eaux, de sor le
que, pour l'apprécier convenablement, il importe d'examiner la valeur des unes ct des autres.
10 Par cirwnstulIces accessoires, nous entendons le voyage,
le changement de domicile et quelquefois de climat, l'ail'
pur des régions des sources, la société qu'on y rencontre,
Ics nouvelles connaissances qu '011 y fait, Jes passion qu'on
y éprouve, J'oubli des soucis et des occupations. Les praticiens savent parfaitement combien ces diverses circonstauce illUuent sur la sanlé de malades. Lisez ce que dit
HORDEU à ce sujet: (ILe trailernent ùes eaux minérales erne ployées à leur source est, sans contredit, de Lous les se« cours de la médecine, le mieux en éla t d'opérer pour Je
6 physique et le moral Jes révolution nécessail'cs cl pos ibles
o ,Iaus les malatlies chroniques. Tout y concourt: le voyage,
q l'espoir de réu sir, la diversité de nourriture, l'air urLout
«'lu 'on re pire et qui baigne et pénètre Je corps, J'étonne& mcnt où l'on se trouve sur les lieux,
le changcmenl dl ~
"!'o(!nsaLions habituelles, les connaissanr.es nouvelles qu'ou
q Il,il, les pc li Les passiolls qui nai sen t dans ces occasions,
u l'tlOnnèlc liberté dont on jouit, tout cela change, uou)eft' erse, délruilles habitudes d'incommodités el de maladies,
~ auxquelles sout sujets les hanilanls de villes,»
Ces ci,'con lallec, SOllt si pui anles, que qllelrJllCs pcrSO/llll'S Jcs l' agcreul il re poinl, (Iu'elles leur allrinucnL Lout
dan les t'un', h)(lro-lllinl'ra\rs , pL J'('fu 'enl (oule inl1l1t'lI('('
�26
•
a\lx eaux ellcs-mêmes. Cetle fausse opinion est cependant
racilement comJJallue, si 1'011 veut bien réfléchir que ces
mêmes circonstances se rencontrent pareillement dans beaucoup de localités, sans qu'elles y produisent aucune de ces
eures presque prodigieuses ~e maladies graves et rebelles
aux autrcs secours de l'art comme les eaux. En effet, Ja
longue série des rhumatismes chroniques, des affections articulaires, des obstructions viscérales et d'autres, qu'on appelait autrefois l'opprobre de la médecine, sont loin de subir des modi fications sérieuses, et encore moins de guérir
par la seule influence de l'air et de la vie ch'\mpêtre et par
la distraction, tandis que lcs <louches, Jes bains, les boissons d'eaux minérales produisent tous les jours des guérisons. (BERTIN!.)
2 0 L'action méd'icatrice des caux est une question plus
délicatc et plus difficile à résoudrc. Puissions - nous. en l'abordant, ne pas rester trop au-dessous de nolre sujet; car
Je sa solution doivent déc(luler toules les applications thérapeutiques. Nous nous demanderons donc: Comment agissent physiologiquement les eaux gazeuses alcalines du genre de
celles de Soultzmatt; comment ajissellt-allos claus le traitement
des maladt'es? ,
.
Au point de vue de leurs élémcnts, toutcs lcs caux
gazeuses alcalincs sc ressemblent, à part, bien cntcndu,
leur tcmpérature, la na ~tÏl'e
et Jes proportions de ces éléments. C'est de l'acide (~arbonique
d'une part, de l'autre,
une solution parfaite de sels soùiques, additionnée de
quelques composés de magnésie, de chaux de silice, quelquefois dc potasse, el prcsque toujours de l'cr. L' "tal acLuel de
1I0S connaissances chimiques nc nous en allprcn
d pas davantage. Celtc science n'a pas encoro répondu ù toules DOS
exigences, car unc eau, compos "e al'tilicicllcment avec cc
déments l'st loin d'avoir Il's mi'lI1es propriH{'s qll'ulle cau
na.!ul'rlle.
�27
Il Y a ici quelque chose qui échappe à la chimie, l'al' on
voit souvent les plus petites quantités d'un élément contenu
dans les eaux agir avec beaucoup d'efficacité et de force,
tandis que d'autrefois les éléments minéralisateurs sonttrès-.
abondants, et devraient produire des empoisonnements, s'ils
étaient pris en même quantité dans nos pharmacies. C'est
là un secret de la nature que nous n'avons pas encore pu
pénétrer.
Les trois groupes primitifs de sels (sodique, magnésique,
calcique) dominent généralement, et parmi eux les composés de sodium ou de soude. La soude, la magnésie ct la
chaux n'affeclent ordinairement que trois formes.
Dans les eaux de cette espèce, la forme de carbonato,
d'hydrochlorate, de sulfate, est immanquable. On peut en
dire autant des autres éléments accessoires, qui paraissent
subir eux-mêmes l'action des acides carbonique, hydroc.hlorique el sulfurique.
L'acide carbonique est le dissolvant le plus général des
principes contenus dans ces eaux; cependant on ne lui a
Jlas donné, dans la plupart des ouvrages qui s'occupent de
C(~s
sources, toute l'importance qu'il mérite.
Si l'on est d'accord sur les éléments constituants, on est
loin de l'être sur leur mode a'action. Pour donucr unc idée
de la manière contradictoire dont les auteur l'ont appl",eiéc, nous croyons devoir citer quelques passages dc leurs
i'
T~tS.
Les caux gazeuses stimulent les nerfs ct l'organe cn '{:phaliquc. (ALJJlEJlT, p. XIV.)
Étant toutes plus ou moins excitantes, ces eaux minéJ'ales ne conviennent pas pendant les maladies aiguës, ni
dan celles qui sont accompagnées d'une irrilalion un Il 'li
vive ou d'un exc'ès d'irritabilitl'. (PATIS 1ER" p. ~ . 2, )
L' xp "ri lice m'a appris que nos eaux sont tonique,
npérili,v{'s, J('ghcllH'nt fondant' , OIH'tllClI, ' , l'aimant',
�28
Elles stimulent, éveillent l'oscillation des fibres, poussent
<I\'e(: force vers la circonférence. (BornoT - DESSERvlEUS,
Recherches sur les eaux de Néris, p. 102.)
Les eaux gazeuses ne conviennent pas dans les lésions
organiques du système artériel. Elles irritent vivement
lout l'appareil sang'uin, augmentent la disposition hémorl'hagique, la produisent même chez ceux qui ne l'ont pas,
ct déterminent souventl'anévrismedu cœur. (CUENU, p.129. )
D'autre part: des idées diamétralement opposées se
trouvent établies par des faits cités par les mêmes auteurs,
ct par d'autres non moins recommandables . .
Dissous dans l'eau, le gaz acide carbonique forme une
Loisson agréahle, rafraîchissante, regardée comme tempérante dans les maladies inflammatoires. (MÉROT et DELLENS.)
Nulle cau n'est plus convenable dans les affections des
voies urinaires, et même dans certaines maladies aiguës.
(l\fÉlloT et DEI.LENS.)
L'eau de SelLers est digérée facilement, occasionne rarement des congestions, ou la détermination du sang vers les
organes particuliers, qui, ordinairement sont imprégnés
t1'eau minérale. Cela fait qu'on l'administre souvent avec
a .. antagc daus quelques affections inflammatoires fébriles;
son <lction est généralement rafraîchissante, exhilariante,
altérante; elle améliore les sécrétions morbides dcs memLranes muqueuses, donnc de la tonicité aux glandes. pro\'of! ue l'a bsorp tion. On la }}rcscri t généralemen l, sans danger,
allx sujets pléthoriqucs el robustes. (LÉE.)
C'cst dan les maladies chroniqucs dcs poum~s,
en particulier dans ]a phthi ie pulmonairc, que l'eau <.le SelLers
(' l <.l'une grandc efficacité. Dans ceLLe maladie, on voit
JDI) Il1C, loI' que les autres remédcs ont cessé d'cxcrcer une
illfluence ravorable, ccllc eau produirc d'cxcencnls cffels.
Elle modilio hcureusemcnt les lllbcrcules, sans augmenter
l'irritation ÎnllaJOlllutoire qui les accompagne, et si la ma-
�29
ladie est compliquée d'inflammation, le liquide régularise
les sécrétions anormales, et prévient souvent la suppuration (HUFELAND).
VETTEn., parle très-avantageusement de J'eau de SelLers
contre les fièvres gastriques de l'été, contre les inflammations de la vessie.
M. CnE 'U, qui dans un passage précédent imputait aux
eaux gazeuses des propriétés qui devaient les faire rejeter
dans les affections du cœur ct des gros vaisseaux et du cerveau, s'exprime dans la page suivante en ces termes: Il est
évident que l'usage de ces eaux modère l'activité du cœur,
tempère la chaleur générale, régularise la circulation capillaire et ralentit les battements du cœur. (Page 333.)
Je me bornerai à ces citations, que je pourrais, au besoin, mulLiplier bien davantage. Comment le médecin
pourra-t-il se retrouver au milieu d'idées si divergentes?
Comment sortira-t-il de ce cahos ? Où trouvera-t-il quelque
lumière pour l'éclairer au milieu de ces ténèbres? Car on ne
peut en douter : tous ces passages si contradictoires sont
empruntés à des hommes qui ont vu, qui ont observé.
L'important cependant pour le praticien, lorsqu'il veut administrer ces eaux minérales, est de savoir si clles excitent
ct tonifient. ou bien si elles calment et agissent comme antiphlogistiques.
Cc n'est pas une affaire de pure théorie; car, s'il est vrai
que les caux gazeuses alcalines excitent, il faut s'en abstenir dans toutes les maladies d'excitation (goutte, fièvre,
phlogoses viscérales, aiguës ct chroniques, affections congestives de l'encéphale, dela moelle, etc.), et si, au contraire, elles sont calmantes ct antiphlogistiques, si elles dépriment les forces, pourquoi les employer dans les affections
asthéniques?
Les caux de Soultzmatt sont peut-être les plus favorahles
})our l'expérimentation; car il est difficile de trouy l' une
�30
eau minérale dont la composition présente plus de simplicité. La nouvelle analyse de ees eaux, par 1\'1. BÉCHAl\fP,
qui sera publiée à la fin de cet ouvrage, fera encore mieux
ressortir ce que j'avance. Nous n'avons réellement dans les
eaux de Soullzmatt que deux éléments importants : des
acides et surtout l'acide carbonique et des alcalis. Le fer y
est en quantité impondérable j il n'y a peut-être pas de
lIource qui en renferme moins, de sorte qu'on peut dans la
pratique considérer cette eau comme en" étant privée: on
n'y trouve aucun autre oxide métallique,
J'ai dû, pour bien apprécier l'action de ces eaux, étudier
les lhéories des différentes écoles sur la manière d'agir des
substances pI'Ïocipales qui y sont renrermées.
Je vais, m'adressant à toutes les théories, pnisant dans
chacune d'eUe ce qu'elle a de pratique et de positif, exposer ma manière de voir sur l'acLion des eaux de Soultzmatt;
de celle action je chercherai plus Lard, m'appuyant sur des
fails bien observés, à faire ressortir les cas dans lesquels
elles pourront être utiles.
Les eaux minérales oot: 1 0 une action vitale qui s'exerce
sur toute l'économie; 2° une action spéciale, spécifique même,
qui s'adresse à certains produits solides ou liquides de notre
corps ct à certains organes en particulier.
$ 1cr.
Âction vitale de l'acide carbonique et des autres acides
contenus dans les eaux gazeuse$ alcalines, sur l' homme à
l'état de santé et à l'état de maladie.
L'École italienne a, ce nous "s emble, le mieux résolu ce
problème. D'après ses recherches intéressantes, l'acide carbonique principalement exerce une action hyposthénisante,
déprimante et calmante sur le système vasculaire et sur le
système nerveux. Voici cc que dit G1ACOMINJ au sujet de
cct élément :
�:;1
Sous l'illtlllcnrc ,le l'acide l'arl.lOuiC(uc, la ciJ't'lIlatioll
s'abaisse de suite ct se ralentit; on éprouve comme un commencement d'ivresse ct de confusion dans les idées, des vel'liges et de la pesanteur à la tête. On ressent, en outre, une
grande envie d'uriner; l'on urine effectivement souvent el
en abondance. Si 1estomac est vide, on éprouve un sentiment de défaillance, un engourdissement, une pesanteur
dans les membres, au point de ne pouvoir marcher ou agir
qu'avec beaucoup de fatigue. Si l'on prend quelques aliments, ces phénomènes disparaissent aussitôt, et cela d'autant
plus promptement qu'on boit qu.elque peu de vin ou d'alcool.
Certaines maladies dans lesquelles le principe d'irritation
ou de phlogose est hien constaté, cèdent à l'action de l'acide
('arbonicrue, notamment celles qui sont le résultat des e, C{~s
de taLle, J'une alimentation trop succulente, trop irritante,
(~t qui consistent dans une sorte d'engorgement, de pléthore,
de phlogo$e de l'estomac, même dans les cas où ces cond itions morbides sc déclarent sous la forme de dyspepsie, de
faiblesse d'estomac, d'intolérance pour toutes sortes d'aliments, de sensibilité augmentée, de vomissements. La propriété déprimante ct antiphlogistique du gaz acide carhonique se montre surtout d'une manière évidente dans l('s
rualadies de la vessie et des reins, dont la nature est inl1am.
maloi,'c. Le gaz acide carbonique est dangereux pour {'crtaines personnes pléthoriques, parce qu'il détermine des congestion momentanées. Mais ces tas es de sang sont toutes
passives, et n'onl jamais, au déhut de la congestion au
moins, rien qui les rapproche Je l'inflammation. Cependant,
pour <'viter dans ces cas des accidents, il faut, avant d'cn
faire usage, comb~lre
la pléthore.
L'action de l'acide carbonique sur le système nervcu .
n'est pas moins évidente que celle qu'die exerce sur le système
anguin. Celle action est-elle directe ou ll'est-elle que lit
eonséquence de la première? c'e t ce que IlOU igllOl'OIlS.
�Toujours est-il que l'acide carbonique esl \111 des calmants
les plus efficaces. Donnez le soir à un enfant une poudrè
œrophore, il dormira aussi bien que s'il avait pris de l'opium, et vous ne l'aurez pas exposé aux dangers que souvent détermine cette substance.
aI'l'ête, comme on le sait, les vomisL'acide ~arbonique
semenls nerveux, Jes douleurs d'estomac, qui ne peuvent
(!tre attribués à aucune cause d'irritation.
Cc que nous disons ici n'est pas nouveau. MÉGLlN, dans
son ouvrage, s'exprime en ces termes: Je serais assez porté
il croire que nos .eaux onl une vertu vraiment calmante et
d'une manière particu!..
antispasmodique, qu'elles agise~t
lière sur le genre nerveux, en diminuant cette sensibilité
trop granrle dont paraissent jouir les nerfs, lorsque, par
l'effet d'une impression même légère, ils donnent lieu à des
mouvements irréguliers et disproportionnés. Ne serait-il pas
permis de soupçonner que c'est le gaz méphitique (acide
carbonique) qui donne à nos eaux la verlu calmante que
nous leur attribuons. Serait-il absurde de penser que ce gaz
a la propriété d'agir immédiatement SUI' les nerfs, et de
diminuer leur mobilité el leur sensibilité trop grande?
La vertu assoupissante et soporifique qu'ont dill'érenls
corps dans le moment qu'ils laissent échapper leur gaz mi'phi tique, tels que le charbon ardent, el.c., la vertu exci~anl
des liqueurs fermenlantes, l'abolition presqlle suhile du sentiment et du mouvement, lorsqu'on est frappé vivement par
le gaz méphitique qui émane des corps dans l'élat d'èllcrvescence, ùe fermentation et de putréfaction, la vertn anliémétique de la potion de Rivière, qui n'est autre chose que
Je dégagement du gaz méphitique par l'effervescence d'lin
acide avec un alcali, me semblent autant de preuves sll r
ItJsquelles celle conjecture est fondée. Quoi qu'il en soit, il
suffit que l'on sache que l'ohservation 1I0llS a Il'ansmis un
grand nombre de gu "risons surprenantes (l'alreclions hySlériques ct autre maladies nervetlses guéries par ce moyen.
•
�35
tes ~1I'es
acides, contenus dans le eaux de SOllltzmall,
ont, comme l'acide carbonique, des propriétés hyposlhénisantes.
$
2. Actt'on vitale des alcalis contenus dans les eaux gazeuses
alcalines sur l'homme à l'état de santé et ci l'état de maladt·e.
Qu'elles soient à l'état de carbonates, de bicarbonates ou
tle sulfates, la soude, la chaux, la magnésie, la potasse
qu'on rencontre dans les eaux gazeuses alcalines, n'exercent pas sur l'économie des actions dynamiques ditférentes.
POUl' l'École italienne, ces sels agissent intrinsèquement
d'après un seul et même principe, soit qu'on les considère
dans leurs effets généraux, soit dan leur action éleclive.
Je m'explique: comme oxide métallique, la soude n'a pas
par elle-même une action très-puissante, mais elle en emprunte beaucoup à l'acide qui la salifie. On peut même dire
qu'une grande partie de son énergie dépend de celui-ci. Aussi
celte école cro'L-eHe pouvoir étahlir a priori, et sans crainte
d'erreur, le degré proportionnel de chacun de ces sels d'après l'énergie connue ct les proportions quantitatives que
chacun des trois acides fournit à la composition des sel
en que tion.
Considérés séparément, les acides des sels sodiques exercent une action hyposthénisante sur l'arbre vasculaire, tandis que la oude et le autres alcalis paraissent par eu~
mêmes porter plus particulièrement leur action élective SUl'
J'appareil digestif; celle action est elle-même hyposlhénisante, comme celle de la plupart des produits métalliques.
1\ en résulte des sels il double action dynamique élective.
l'une gastro-entérique, l'autre cardiaco-vasculaire, et dont
le ré ultat définitif est toujours l'hYPoslhénisation à différents degrés.
D';lpn\ ces rccherdu's, que /lOtiS tlllrllellons rH partie au
;)
�moini, el dont nous ferons ressol,tir l'exactitude dans le
cours de cel opuscule, il n'est plus question d'admeure
toutes ces idées si disparates sur l'action des eaux gazeuses
alcalines. Et nous concluons :
1 0 Que les eaux de Soultzmatt, par l'acide carbonique,
les autres acides et les alcalis qu'elles contiennent, dépriment
le système sanguin, ralentissent le pouls, agissent comme hyposthênisantes et antiphlogistiques;
2 0 Que par ces mêmes principes elles stupefient, calment,
dépnment le système nerveux.
Ces conclusions reposent en grande parlie, comme on le
voit, sur les idées professées par l'École italienne; là s'arrêtent malheureusement ses recherches. Mais nous, qui,
. comme praticiens, sommes éclectiques, nous avons, cherchant partout à nous éclairer, consulté les travaux des
autres auteurs, les découvertes récentes de la physiologie
ct de la chimie organique, qui nous semblent à leur tour
destinées à éclairer le sujet qui nous occupe.
~
3. De l'ach'on spéciale et même specifique des el(!ments (el
principalement des alcalis) r.ontenus dans les eaux de Soultzmatt sur certains produits soh'des ou liquides de nolt'e corps
et sur certains organes en particul1'er,
Les eaux minérales versent dans Je sang les éléments
qu'eUes renferment. Ces éléments y arrivent pour la plupart
dans toute leur intégrité. Les recherches récentes faites
en Allemagne et en France Je prouvent d'une manière
évidente. C'est d'après ces expériences que nous comprenons l'action puissante que nos eaux exercent sur les matériaux du sang, sur certains organes cl sur certaines sécrélions.
Reprenant cn sons-œuvre les errements de nos pères.
qu' l'observation des faits avait conduits il de iMes d'hn·
�mllJ'isme, nouS allons, j'espère, pJ'()uver qu'ils n'étaient
peut-èlre pas tellement loin de la vérité qu'on pourrait le
croire : ils manquèrent seulement des connaissances nécessaires pour les étayer.
Je vais laisser parler l\fÉGLIN, dans son ouvrage sur les
eaux de Soultzmatt; il représente les opinions de son temps
Sur cm·taines propriétés de nos sources:
«AprèS avoir démontré, par tous les moyens les plus ap«propriés, les principes qui constituent les eaux minérales
«de Soultzmatt, il est aise de voir de quelle action la com«binaison de tous ces principes avec feau peut être suscep«tilJle dans l'économie animale; il est conséquemment
«facile de déduire de là les vertus médicinales ùe nos eaux,
«ct d'assigner les différentes maladies où elles peuvent être
« employées avantageusement.
({ Ces sources, comme éminemment alcalines ct légèrr(1 ment savonneuses, ont ces deux propriété principales: Iode
( délayer, d'exciter et de résoudre les humeurs épaisses,
« visqueuses et contenues dans les premières voies, et arrè«tées dans les e ' trémÎtés des vaisseaux ~t dans les différents
«viscère qui en sont composés; 2° de ramollir et de rel à«cher les fibres trop raides et trop tendues, ct de les J"a«mener à leur ton naturel. Elles conviendront donc dans
« tous les cas où il faut fondre et donner de la fluidité aux
(( humeurs épaissies, et corriger la trop grande rigidité (les
((fibres. Ain i prise intérieurement, tant qu'en forme d.,
bains. elll's seront très-propres à lever les embarras (lui
( onl lcur iége dans le syslème de la veine-porte, à 1'('( oudre les oh truelion des viscères, non-seulement du basventre, mais aussi des autres cavités du corps, dépendanl('
«d'un trop grande rigidité, et à guérir conséquemment la
I( foule de maux qui nais eot de la lé ion plus 011 moins conI( idérable des fonel iOIl
de cc "Îsccres.»
Cherchons il rajeunir Cl'S idée, anciennes sur l'action tles
«(
I(
�5G
eaux de l'espèce de celles de Soultzmatt; car If's faits s.ur
lesquels elles reposent sont vrais: l'explication seule en est
surannée.
. Nous invoquerons souvent les lumières que nous donnent
la physiologie et surtout la chimie. Sans doute, comme le
dit M. le professeur RAl\IEAUX, il faut bien se garder d'expliquer le jeu des fonctions de l'organisme par l'application
des principes que le chimiste déduit des expériences aUNqueUes il se livre dans son laboratoire, avec des instruments
inertes et impassibles. Mais il n'en est pas moins vrai que
les fonctions du corps vivant mettent en jeu la matière, que
l'elle-ci porte en elle-même ses conditions d'existence et de
réaction, et qu'ainsi elle ne peut décliner ses affinités avec
d'autres matières, alors même qu'elle se trouve associée aux
mystérieux produits de l'organisme. Ne voit-on pas, d'ailleurs, les effets des médicaments différer d'autant plus que la
composition chimique de ceux-ci esl plus di ll'éren te ? .Et
réciproquement l'analogie d'action médicatrice ne conduitelle pas logiquement à conjecturer l'analogie de composilion chimique.
1. Act'ion des alcalis SUt' le sang, leur influence
l'inflammalt'on et ses produits.
StW
Les alcalis s'opposent à la coagulation du sang. Il suffit
déjà pour cela d'un millième de soude caustique d'apr(>s
PllÉVOT et DUMAS. Certains sels, le sulfate de soude, le nitrate de potasse, les carbonates de potasse et de soude. en
empêchent ou en retardentla coagulation. En effet, ces agenls
chimiques dissolvent les globules du sang, môme le noyau
(lU'ils renferment. Ils dissolvent aussi la liqueur du sang, qui
clic-même est compos{Je de fibrine, qui y est dissoute, el de
sC'l'lIm, qui lient encore l'albumine en dissolution, les deux
dl'ment ('!an l ellx·m(\!TIrs olublc dans les alcalis. C
MULJ.EU.)
�57
Ces faits él~bis,
nous pourrons juger du rôle que jOllen t
les alcalis, pour comballre l'inUammation et ses proùuits.
Un organe enflammé contient plus de sang dans ses
capillaires, à quelque moment que ce soit de l'inflammation;
mais le mouvement de ce liquide à travers les vaisseaux
est tout à fait dillèrent à des époques diverses. D'abord le
sang nou-seulement affiue en ahondance vers le parenchyme enflammé, mais encore il repasse, sans de trop
grands obstacles, dans les veines. A mesure que l'inflammation fait des progrès, la circulation s'arrêle en premier
lieu dans quelques capillaires, puis dans un nombre de
plus en plus croissant, et au fort de la maladie tous les capillaires sont pleins dc sang vraisemblablement coagulé ou
dans tous les cas slagnant ct frappé d'uD mode quelconque
de décomposition. Les membranes qui ofl'rent une libre surface laissent épancher, au moment où la réplétion de leurs
capillaires est arrivée au maximum, la fibrine dissoute dans
le sang qui sc coagule SUI' la surface dc l'organe, ct y produit une fausse membrane. Quand l'exsudation ne peut avoir
licu, la matière coagulée s'ama se dans les capillaires des
organes eux-mêmes. Lorsque celle conge tion ne survient
que dans cCI'lains pOinl!! du système capillaire et qu'il rc le
ùes vaisseaux libres pour entretenir une circulation illcompIète, l'organe ne fait qu'augmenler de densilé; phénomène
qu'on appelle hépatisation dans le poumon, et ùHluration
ailleurs. Le travail local change aussi la matière entière
du sang, comme pourrait le faire un ferment, cal' la quantité de la fibrine augmente dans le sang inflammatoire et
presque toujours en proportion surprenante, ainsi qu'on le
savait déjà d'aprcs les recherches d'anciens observateurs, et
comme l'ont péremptoirement démontré ANDRAL et GAVARRET.
(Physiologie de MULLEt\.)
La médecine a trois moyen principaux pour arr tel' celle
production pathologique de lihrillc ct 1'0"1' Cil Mtl'uirc les
�38
effets nuisibles sur l'économie: la saignée par laquelle elle
l'élimine, la diète par laquelle elle l'empêche de sc reproduire, les alcalis par lesquels elle la dissout.
- Quand on fait longteml)s usage d'une eau alcaline, ou
des alcalis, le sang devient plus fluide par cela même qu'il
est rendu alcalin.
Si on abuse de médicaments de ce genre, ou que le sujet
auquel on les faiL prendre ait par une cause quelconque
le sang appauvri, il pourra survenir des hémorrhagies graves, parce que le sang transude à travers les parois des
vaisseaux qui le contiennent; c'est ce qu'on a observé chez
les diabétiques et chez les phthisiques déjà épuisés par la
maladie. Mais ils sont indiqués dans tous les cas où la
fibrine est en surabondance dans le sang, comme nous avons
prouvé que cela avait lieu dans l'inflammation. Lorsque
l'état inflammatoire tombe, la matière coagulable qui cons, tituait l'engorgement est reprise par les vaisseaux absorbants et peut disparaître entièrement; mais il n'en est pas
toujours ainsi, car l'irritation souvent persiste: alors la matière coagulable, loin de diminuer, est déposée en plus grande
quantité ùans le parenchyme de l'organe. C'est alors qu'il
est important ùe chercher à rendre le sang plus liquide,
Vlus alcalin, pour qu'il soit plus apte il pénétrer les engorgements qui, eux-mêmes composés de fibrine el d'albumine
coagulées, sont ramollis et mis dans des conditions indispensables il leur résorption. Celte explication n'a, ce nous
semble, rien qui répugne il la saine raison; nous l'admettons ct comprenons ainsi comment, sous l'influence des
caux de Soultzmatt, on voit diminuer ou se résouùre CIltièrcment des affections rhumatismales, des engorgements
des articulations, du foie, de la rate, des ovaires, de la matrice, des glandes môsenlériques, etc., elc. C'est pal' le même
J11 'caoisme que les membranes mlHlucuses des
bronches,
fIcs intestins, Je la matrice, (lui étai 'IH épaissies, indurées;
�59
que le séreuses malades et hypertrophiées, telles que le!i
plèvres, le péricarde, les membranes du cerveau et de la
moelle épinière, peuvent reprendre leurs caractères anatomiques et physiologiques.
On conçoit que ce travail doit être lent, et qu'un séjour
aussi court que celui qu'on fait aux eaux est souvent insuffisant. Mais la première impulsion donnée, l'œuvre commencée continue ordinairement. C'est là ce qui fait dira
avec raison que l'effet salutaire des eaux n'est souvent ressenti que longtemps après qu'on les a fréquentées.
Fréquemment l'irritation des membranes muqueuses ou
leur inflammation donne lieu à la sécrétion d'une humeur
séro-muqueuse, dans laquelle l'albumine prédomine souvent
au point d'amener leur concrélion : c'est là ce qui forme
lcs fausses membranes. Nous avons vu précédemment l'action des alcalis sur l'albumine et la fibrine: on comprendra
d'après ces données la possibilité de liquéfier ces produits
par l'eau de Sonllzmatl, et les avantages qu'on pourra en
retirer dans certaincs affections des membranes muqueuse
caractérisées par une sr.crélion glutineuse et tenace.
La sécrétion du mucus est aussi diminuée par les alcali '
pris pendant un temps même assez court. Ainsi nous avon
vu récemment chez un malade un catarrhe aigu de la vessie, qui n'avait pas diminué sous l'influence de différents
moyens, disparaître rapidement par l'administration de
l'eau de SoulLzmatt.
OnSERVA'flON. M. X .. .. avait été atteint d'un catarrhe
aigu de la vessie: la douleur avait cédé au traitement antiphlogistique, mais le dépôt muqueux persistait dans les
IIrines. J 'avais en vain essayé de le tarir par l'eau balsamique. L'idée me vint de donner tous les matins une houteille d'cau de Soullzmatt, ct le soir une bouteille d'eau
hal amique. Dès le econd jour, les urin s étaient devenu 5
daires, 1imllide ct 1l1calincs.
�-10
Ce fait prouve que nos eaux diminuent la sécrétion dl1
mucus; ce qui s'est passé pour la muqueuse vésicale, a lieu
pour les autres membranes de cette espèce. Voici, à noire
avjs, .ce qui sc passe: l'eau de Soultzmatt, l)ar ses propriétés
hyposthénisantes, dues principalement à l'acide carbonique
qu'elle contient, diminue l'inflammation de la muqueuse;
les alcalis rendent la sécrétion plus liquide: ces deux causes
l'éumes contribuent à la tarir.
'
C'est à celte diminution des sécrétions muqueuses pal' les
l'aux de Soultzmatt qu'il faut, en partie au moins, altI'ihuer les constipations qu'on remarque pendant qu'on en fait
usage.
Elles me paraissent aussi être entretenues par la grande
quantité de gaz qui se développent dans les intestins, et
dont la présence les empêche mécaniquement de réagir sur
les matières fécales. Enfin, l'abondance de la sécrétion urinaire ct des sueurs chez ceux qui font :usage de nos eaux
doit aussi entrer en ligne de compte dans la difIiculLé de
rejet Je cc produit excrémentitiel, qui devient plus solide.
Nous devons nous demander si la constipation est avantayeuse, ou si eUe a des inconvéll'ients dans les cures par les eaux
minérales de Soultzmatt?
Aux yeux de la plupart des malades, elle est désavantagl'use; car ils aiment généralement des eO'ots apparents et
Jont ils puissent se rendre compte. :Être purgé, leur paraît
le moyen le plus certain ct le plus héroïque d'être débarrassé de leur mal. Cependant, à quelques exceptions près,
il n'en est pas ainsi. Les selles allOndantes sont un moyen
II'0p prompt de se débarrasser des principes minérali alcurs,
qui sont rejetés du corps avant d'avoir pénétré toute l'éco·
nomie. Bien meilleurs sont d'autres émonctoires: la peau,
les reins, le foie, qui ne rejeUent ces principes qu'après les
avoir utilement et longuement (oIallor6s à leur profit pOUl'
cH'll'uiru la maladie. Ainsi lcs Cilll. de Ni 'dcrbroon " qui
�4.1
purgent, ne doivent il celle qualité que la moindre part de
h:lur action, comme le faiL très-bien remarquer un de no
médecins les plus éclairés, M. le docleur KUllN. MÉGLIN,
qui est du mème avis que nous, 'c~prime
en ce termes:
«On abuse quelquefois des purgatifs pendant l'usage des
« eaux minérales. Cet abus est pernicieux, en ce qu'il trouble
« nécessairement l'action des eaux et empêche conséquemIl Illent leur e[el. Qn emploie les purgatifs pendant l'usage
<1 tles eaux minérale
Jans la vue de les faire passer; on
«dit que les eaux ne passent point lorsqu'on sent des lassi« ludes, des pesanteurs et des gonflements d'e tomac, etc.,
« et lorsque les urines ne répolldent pas à la quantité d'eau
<! qu'on a prise; ces incommo(]üés, loin d'ètre toujours un
« mal, sont quelquefois un effet salutaire et indispensable
cc qui dépend de l'action des caux qui, trouvant un obstacle
"par l'engorgement des vaisseaux ct des viscères, travaillent
(l à s'ouvrir un chemin et à détruire les embarras qui s'op(, po ent à leur passage. Dans ce cas, il lie faut avoir d'autre
précaution que celle de ne pas faire boire une trop grande
« quanlité d'cau à la rois, jusqu'à ce que les obstacles soient
u levés et que les cau ' se soient frayé un librc pa sage.}) 11
,'a sans (]ire, cependant, qu'il faudra toujours entretenir
avec soin la liberté du ventre.
D'ailleurs, dans ]Jeaucoup de cas, nos caux minérales
sont employée dans des affeclions pour lesquelles il serait
très-dangereux de déterminer des diarrhées. Je ne citerai,
t'orume exemple, que la phtbisie pulmonairc.
l,
H. De l'action des alcalis dans l'acte de la digeslion. Manière
d'agir des eaux de Soultzmatt.
Les cxpériences physiologiques apprennent que Je alimellls arrivés Jans l'cstomac 1.1 transformcnt: 10 la fibrillt'
l'l Irs su\' lance aualogm' Cil mali 'l'CS alhuminoïde ,
�42
rendue s solubles par la pepsin e; 2° les matières féculacées
(insolu bles), en dextrin e et en sucre (substances soluble s),
par les acides norma ux de l'estomac aidés des matéri aux
fournis par la salive au bol alimen taire. L'ensem ble de ces
deux actions constitue la chymification. Le chyme , passan t
,flans l'intest in grêle, subit l'action alcalin e de la bile et du
suc pancré atique pour deveni r chyle.
Or, il peut arriver que, par une cause patholo gique, ces
acides soient trop abonda nts pour pouvoi r être saturés par
la bile et le suc pancré atique , ou que ces deux liquide s,
pal' défaut de sécréti on, soient en trop petite quantit é pour
produi re celle saturat ion.
Les acides peuven t être trop abonda nts par la transfo rmation du sucre en acide lactiqu e sous l'influe nce des matières albumi noïdes ; en effet, sous l'influence de l'album ine
ou de la caséine, le sucre de fruits se dédouble cn deux
équiva lents d'acide lactiqu e.
Sucre ou fl'ult • .
Acid e lucti tll1 C.
Cet acide lactiqu e, ag'issant SUl' l'hydro chlorat e de soude,
(léplace de l'acide bydl'oc hloriqu e, qui vient ainsi augme nter la masse de celui qui existai t déjà. La grande quantit é
d'acides produi ts ne pouvan t être saturés par les alcalis de la
hile et du suc pancré atique , coagul eront en partie l'albumine et les suùstances analog ues qui de"ÎendronL ainsi impropres à l'absor ption.
L'actio n des alcalis fournis par la bile et le suc pancré atique, ou bien, à leur défaut , ceux qu'on introdu ira dan.
l'estom ac, auront pour effet d'agir :
1 0 Sur les acides qui coagul aieut l'album ine, ct de la l'encire ainsi aùsorbahlc ;
2° Sur le sucre 1 pour le transfo J'mer com,me nous le
verJ'ons plus tard;
�3° Sur les matières grasses, pour les émulsionner, pour
les saponifier, de manière à les rendre absorbables.
La graisse ainsi convertie passe principalement dans la
grande cil'culalion par le canal thoracique : les veines
mésaraïques en absorbent aussi une certaine quantite. Ce
travail est opéré par le suc pancréaLique seul, la bile n'y
participe pas.
C'est ainsi qu'on pcut expliquer par nos connaissances
chimiques et physiologiques modc\'llcs le passage de MÉGLlN:
q Ces eaux, dit-il, détruisent la crudité acide, ct la crudité
«pituitcuse étant alcalinc à un degré si considérable, elles
,. doivent atténuer puissamment la ténacité de celte matière
«visqueuse ct glaireuse, donlles premières voies des enfants
(sont si sOl\.venl farcies, et qui Il'est, pour l'ordinaire, que
<t le produit de la mauvaise nourriture qu'on leur donne.
Q Ces eaux seront plus en état que tout aulre remède de dés\( obstruer les veioes Jactées, de lever les engorgements des
«glandes du mésentère. Elles ouvriront ainsi les voies du
Il chyle, et rétabliront les digestions.
CI La crudité acide est de toutes les causes des maladies
des enfants celle qui fait le plus de ravages parmi eux ct
(lui en emporte le plus grand nombre. C'est l'acide dans
o les première' voies qui donne lieu à ces déjections ver les
«qui tourmentent le enfants et qui les conduisent iu ensi« 1I1ement au marasme. Ces déjection sont quelquefois si
RCorro ives, qu'elles rongent le linge; de là ces coliques
~ plus ou moins douloureuses et quelquefois si violenles
"qu'clles déterminent les convulsions les plus afI'reuses et J~
«mort. ])
Nou avons expliqué par quel acte phy iologique et c11i
lIlique les acides doivent disparaître dans l'intestin grêle.
On conçoit comlJien leur présence, d'apr"s cela, doit êln'
Jlui ible; cal' il e t un fait physiologique bien élabli, c'c l
cjl\e t01lt meml rane m1lqueuse supporte mal ou même est
I(
�44
irritée par une sécrétion d'une autre natUl'c que celle qui
lui cst propre. Ainsi la salive inÎle la conjonctive. L'inles~
lin doit donc être irrité par des sécrétions acidcs, là où il
ne devrait avoir que des sécrétions alealines.
III. Action des alcalù et des eaux de Soultzmatt sur le (oie,
le poumon el le cœur.
Nous avons dit que le sucre étail un des éléments assimilables de la digestion: voyons ce qu'il devient sous l'in~
Iluence des alcalis, A cet effet nous invoquerons une séric
d'expériences très-intéressantes failcs par M. CLAUDE lER~
NARD dans ses leçons faitcs au Collége de France. Nous
croyons qu'elles jeUeront un grand jour sur le sujet qui
1I0US occupe.
1) Hors le temps de la digestion, le foie ne rcçoit de
sang que des artères mésentériques, il est alors pâlc et d'uu
volume peu considérablc.
2) Pendant le travail de la digestion, le sang venant
des artères mésentériques et du système de la ycine-porte, le
foie s'engorge artificiellement et augmente dc volume.
3) Du travail du foic naissent deux IJl'oduits llistincts,
la bile ct le sucre. On retrouvc cc Jernier produit même
chcz les carnivores. Le foie est donc un organe sécrétant le
sucre comme il sécrète la bile. Lorsqu'on ne le trouve ni
dans les artères ni daus les veines mésaraïques, on le retrouve dans les veines hépatiques simples.
li-) L'irritation de cCl'taines paI'lies de la moelle augmente la sécrétion du sucre. L'irritation générale ou locale
l'empêche souvcnt de sc former.
5) Le sucre formé llar le foie est détruit dans le poumon,
cl converti par )'oxigène de rail' respiré en acide carboJlique. Il n'en passe pas par les vaisseaux cbylifërcs, Le
sucre introduit dans la veinc jugulaire est, peu d'instants
apn:'s, rejetr pal' les urines.
�~a
l"
6) L'albuminc, qui rst un produit de la digestion, e t
également absorbée par les veines mésaraïques, ct n'arrive
dans la circulation générale qu'après avoir traversé le foie.
L'albumine qu'on introduit par la veine jugulaire est rejeté
par le urines,
7) Lcs alcalins ont la propriété, en étan t ingérés dans
les voies digestives et absorbés par les veines mésaraïques,
d'empêcher la formation du sucre.
Examinons d'abord ce dernicr fait, pour ne plus avoir à
nous en Occul)cr. Voici l'explication ingénieu e qu'cn donne
M, Bi CIIA ilfl> , dont j'ai invoqué les lumières à ce sujet:
Le sucre de fruit, ou le sucre de diabète, se représente
dans sa composition par la formule C 6 I16 0 6 ; celte formule peut 'exprimer par deu équivalents d'acide carboIllque, plus un équivalent d'alcool, savoir:
ucrc de fruile.
C6 II 6 0
=
6
Acide carbon.
2 CO 2
+C
Alcool.
4
II 6 0
2
A une haute température, en présence des alcalis caustiques, l'alcool devient acétato de potasse, avec dégagement
d'hydrogène, savoir:
Al cool.
+
l'On
~SCc
nl
8 tifl
C.
Acétate l10 potnssc.
+
lIydl'OR.
C4 11 6 0 2
liO, no = C4 IP 0 3, RO
l~ JI
Or, on sait que parmi les produits de la transpiration se
trouvent de l'acide acétique et de l'acétate de potasse ou de
soude, et que dan les intestins sont des gaz, parmi le quel
il exi te de l'hydrogène. Mais, dans la thérapeutique, ce
sont)e carbonates alcalins quc l'on emploie, ct lc plus
souvent lcs bicarbonatc , qu'on rencontre dans Je cau.
minérales. Or, ces compo é , dans une expérience de laboratoire, ne transformeraient pas l'alcool en acide acétique:
'n et-il de même dan l'économie?
S'il en était ainsi, l'explication n'aurait plu de valeur.
Mai il faut avoir égard au conditions particuli 'l'es dans
le ql1rllc. Je. réaction!! s'e(fectu('nl; sou l'inOnence de la
�4·6
VIC, ('es conditions doivcnt êll'e et sont tout antres. Pour
transformer, -par exemple, la fécule en sucre, sous l'influence des acides ou des fermenls, il faut une température
voisine de 80 degrés centigrades lorsqu'on opère dans le
laboratoire; la même transformation se fait à la température de 30 ou 32 degrés dans noIre économie, c'est-à-dire
à la chaleur normale ùe l'homme; car dans l'estomac existent des acides et des matières azotées qui certainement y
remplissent le même rôle que les mêmes agenls entre ll:!s
mains du chimiste, et cependant là il faut moins dc chaleur.
On peut donc, sans trop de témérité, avancer que, sous
l'inQuence de l'action vitale, les alcalis, même carbonatés,
déterminent la décomposition de l'eau en présence de la molécule d'alcool que renferme le sucre, pour la transformer
en acide acétique et en hydrogène, comme on l'a vu plus
haut.
La bile éprouve peut-être aussi des modifications imporlanles par l'action des .. lcalis. En effet, les expériences de
LIEBIG prouvent que la bile f,'aiche, privée de sa malière
colorante par des agenls qui n'opèrent pas chimiquement,
lie se compose que d'un acide (acide bilique) combiné avec
de la soude et une petite quantité de potasse.
01', l'acide bilique cst un acide très·faible, capahle , pal'
conséquent, d'abandonner à d'autres acides les bases avec
lesquelles il est combiné, surlout lorsqu'ils sonl énergiq\1l's,
comme les acicles lactiques el chlorhydriques.
La bile peut être neutre ou alcaline; on pourrait donc la
considérer comme un agent capable de concentrel' les alcalis
dans un petit volume, lorsqu'ils se trouvent" comme duns
les caux minérales, dilués dans de grandes masses de liquide,
el les pré'sentcr ainsi aux produits de l'ahsorption.
Le foie, comme le prouvent les expériences dc M. UEH,\J1l), est dan un ('lat d'hypertrophie momen
tanée pondant
Il) Irayail (le 1.. «ligeslioll, alors qu'il p.lalj()J'e
le principc
�H
iucré. Qu'une cause quelconque vienne à rendl'c ce (l'avail
plus actif ou plus Ilifficile, cette hypertrophie momentanée e
change en hypertrophie permanente, la fonction se pervertit, le système de la veine-porte s'engorge, et nous voyons
se développer celte série d'affections que les anciens appelaient avec assez de raison obstructions, hypocondr'ie, etc.
Trouver un moyen de rendre le travail du foie moins
actif, en détruisant, pour ainsi dire, sur place la sécrétion
qui le fatigue, nous paraît le moyen le plus propre pour
éviter l'engorgement. Or, nous venons d'expliquer comment
les alcalis introduits dans le système des veines mé araïques
et dans le foie ne tardent pas à détruire une portion notable
du sucre qui devait s'y former. Qu'une substance purgative
viellne de son côté agir sur la sécrétion biliaire, en excitant
son canal excréteur, le foie sc trouve ainsi débarrassé des
pl'Oùuits qui l'engorgent; el la bile versée en plus grande
abondance dans l'intestin amène, par les alcalis qu'elle
contient, la saturation plus rapide des acides du chyme.
Les faits sur lesquels repose cette théorie ne sont pa
nouveaux. A des époques déjà éloignées, les médecins connaissaient les avantages qu'on pouvait retirer des alcalis
dans les engorgements du foie; mais aucune des explications
qui avaient été données sur leur action n'était, à mou avi ,
au si satisfaisante que celle que nous établissons d'après I('s
recherches de M. BERNAuD. Nous les avons souvent soumises à l'expérimentation clinique, ct nous avons pu con tater avec M. le docteur REJlIET., de Brumath, dont le profond tact médical avait su appr"cier toute l'importance de
rechcnhes du savant professeur du Collége de Francc,
qu'aucun méùicamcnt n'est plus avantageux pour détruirc
les engorgements du foie, que le bicarbonate de soudt',
donu " it haute dose. Ce que nous avons obtenu par les
préparations pharmaceutique qui au bout de pell tIe temps
fnligllCmt l't'slomae, avee comhiell plu' d'awlIltagcs Ile doil-
�on pas l'obtenir par des caux riches en principes alcalins.
De ces expériences que nous avons formulées sous forme
de proposition, découle une autre conséquence: c'est que,
dans tous les cas où le foie sera engorgé ou malade, il faudra bien éviter une alimentation renfermant beaucoup de
matières féculentes ou sucrées; cc sera principalement au
régime des viandes qui ne sont pas trop excitantes qu'il
faudra recourir.
La quantité considérable de sucre à détruire par le poumon fait que cet organe se fatigue dans plusieurs circonstances qu'il n'est pas rare de rencontrer dans la pratique.
Chez le tuberculeux, la quantité d'oxigène qu'il faut pour
convertir le sucre en acide carbonique, la fatigue que le
poumon éprouve dans cet acte physiologique l'irrite et peut
déterminer la phthisie pulmonaire. Et lorsque le poumon,
par suite de la maladie qui le rend impropre à remplir intégralement les fonctions qui }ui sont départies, ne peut
plus convertir tout le sucre fourni en acide carbonique, 11e
voit-on pas le foie s'engorger ct devenir malade.
Partant de là, nous croyons pouvoir établir qu' un des
meilleurs moyens de prévenil' la phthisie imminente, est
d'avoir recours aux préparations alcalines, qui détruisent
daos le foie le sucre que le poumon n'aurait pu, qu'avc(:
peine et danger, convertir en acide carbonique.
C'est ainsi que nous expliquons, en partie au moins, l'efficacité bien reconnue des caux du genre de celle de Soultzmatt, dans cerlaines affections pulmonaires.
Si les alcalis aident à la circulation hépatique, cn agissant directement snI' le foie, il est encore une autre cause qui
la favorise. Nous avons vu qu'ils rendaient le sang plus
liquide, en sc combinant avec lui. Partant la .circulation
doit être plus facile dans tout le système veineux abdominal. N'est-cc pas ainsi qu'on pellt espérer obtenir fies modifications imporlantes dans toutes les maladies qui fiennclIl
�.1,!)
au ralenti sement ou à des perturhatio/ls quelconques ùan
cette circulation partielle. N'est-ce pas par des moyens de
ce genre qu'on modifiera le flux hémorrhoïdal, et une
menstruation douloureuse ou languissante.
De ces considérations, et d'autfl:ls que nous émeLlron
plus tard, en parlant de la sécrétion urinaire, découlent les
conséquences suivantes:
C'est que le sang qui n'a été privé qu'imparfaitement des
matériaux que le foie et les reins devaient en soustraire,
n'est plus un excitant assez puissant pour le cœur droit qui,
rl'agi sant mal, se laisse distendre d'une manière prcsclue
pa ive. Et lorsque ce sang, incomplétement hémotosé par
Je poumon, qui ne peuL suffire à détruire tant de carbone,
revient vers le cœur gauche, ce del'Dier, chez quelques
sujets à fibre molle, le chasse avec lenteur dans la circulation générale. Chez d'autre s, doués d'une fibre trop
contractile, il développo une énergie qui tôt ou tard tourne
à son détriment. On conçoit, d'après ces données, que les
eaux gazeuses alcalines de Soultzmatt puissent secondairement devenir efficaces dans cCI'laines affections du cœur. Et
sans entrer dans des détails que l'étendue de cct ouvrage
ne saurait comporter, n'avons-nous pas démontré que l'acide carbonique, contenu dans nos eaux. {>Lait hypostllllllisant du systeme vasculaire, qu'il ralenti sait le plus souvent
la circulation. IL Y aura donc des cas où nos eaux devront
agir par leur acide carbonique, d'autre où il sera pri'férable ùe faire prédominer les prillcipes alcalins pOlll' détruire, pour ainsi dire, ur place. des éléments qui ne
peuvent sans danger sc mêler au sang.
Enfin, d'après les recherches pratiques failes par 1\1. ]e
Dr NICOLAS, médecin à Vichy, les eaux alcalines auraient
la propriété de dissoudre les produits inflammatoires quc l'arlhrite ou la goulle auraient déposés sur le valvules du CŒur.
�IV. Action des eaux gazeuses alcal'ines de Soul/:;matt sm'
l'organe cutané.
La peau est nn tissu vivant dont le derme est la trame
et dans les mailles duquel se distribuent ûn riche lacis de vaisseaux sanguins et lymphatiques, des filets nerveux aboutissanl sous forme d'anses dans les papilles, qui ne paraissent
en être que la terminaison. Elle est donc un organe éminemment vasculaire, absorbant et nerveux. Par son nombre infini de glandes sudoripares d'où émanent des ·canaux sp iroïdes qui s'ouvrent dans les sillons papillaires; par ses
cryptes muqueux, par son appareil blennogène et chromotogène, elle est un organe actif de sécré,lion.
Liée par ses vaisseaux à la,circulation génerale, au système cérébro-spinal par ses nerfs, elle est pal' continuité de
tissu avec les membranes muqueuses destinée à subir tantôt
leur influence, tantôt à leur faire partager la sienne.
Tous les phénomènes pathologiques, toutes les maladies
dont la peau peul être le siége, me paraissent pouvoir un
jour être classés d'après cet aperçu général.
Que la peau soit profondément enflammée comme dans
certains eczéma, certains impetigo, il Y aura réaction sur
tout le système vasculaire. Qu'il y ail irritation, état maladif des muqueuses, la peau s'affectera (érysipèle urticaire).
Qu'un prurit violent s'empare de toule la surface, de toules
les papilles Ju corps, ]a réaction vers le <'.erveau pourra
produire des accidents nerveux et être poussée jusqu'au délire.
Ce sont là des exemples que nous pourrions multiplier bien
davantage.
Or, nous avons prouvé l'action pui~sanle
de l'acide carbonique et des alcalis en boisson ou sous forme de bains
pour détruire l'inflammation, pOUl' calmer Le système nerveux; on comprcndra dooe facilement les avantages qu'on
r ,tirera de uos cau , dans les afI'eclioTls du gellre de celles
�dont nous venon. de parler, urtout lorsqu'on se rappellera
que cc n'est pas seulement sur le système vasculaire et SUl'
le système nerveux qu'elles agissent, mais bien encore sur
les organes digestifs, comme nous l'avons démontré. Plus
de détails sur ce point me paraissent inutiles, chacun saura
en tirer d'utiles applications.
La sueur, comme toutes les sécrétions, est soumise au
système vasculaire ct au système nerveux. L'infiam!llation
de l'un, l'irritation de l'autre, la diminue ou la supprime.
!Uais qu'une cause quelconque amène une détente générale,
lels la syncope, les passions tristcs, certains actes physiologiques, cerlaines maladies, l'usage de quelques médicaments, aussitôt tout le corps se couvre d'une sueur abondante. Nos eaux, par leurs propriétés byposthénisantes ct calmantes, deviennent, d'après ce que nous venons de dire,
Ull moyen puissant de porter à la peau, et l'expérience est
vcnuc confirmer ce c]ue la théorie nou avait fait pressentir. D'ailleurs, la quantité plus grande de liquide qu'on introduit dans la circulation, peut aussi être une source de
J'auonuance plus grande de )a tmnspiration.
D'après Jes recherches de COLLARD DE !UARTIGNY, les
produits gazeux de la sueur sont principalement composés
de gaz a<!ide carbonique, d'azote, d'hydrogène en proportions tr "s-variables. La proportion d'acide carbonique est
plus grande lorsqu'on fait usage d'une noul'l'iture végétale;
dan )e cas contraire. c'est l'azote qui prédomine. La St·crétio)) cuta~ée
est donc à l'état de santé presque toujours
acide, mais elle devient alcaline par l'usage longtemps prolongé des eaux de Soulzmatt; il faut cependant pour cela
cn boire beaucoup. L'alcalinité des urine s'obtient plus
promptement que celle de la sueur. Cet effet a lieu, parce
que le lactates, les acétates de potasse el de soude qui se
produisent dans ce cas, sont naturellement à réaction alcaline plutôt que neutre.
�On n'a pas encore hien étuùié l'influence de l'acidité
exagérée des sueurs sous le point de vue pathologique; elle
ne doit cependant pas être indifférente dans certaines allectÏons générales qui se trahissent à la surface du corps. Je
ne citerai comme exemple que la miliaire qui, lorsqu'elle
est chronique, cède à l'action des alcalis pris à l'intérieur
et sous forme de bains. Ne serait-ce pas en employant des
eaux du genre de celles de Soultzmatt que, dans certaines
maladies analogues, la médecine pourrait espérer de trouver des ressources qu'elle a en vain cherchées ailleurs?
Quant aux affections de l'appareil blennogène et des
cryptes muqueux ct pileux d'une nature 's ouvent si tenare,
mais dans lesquelles on peut presque toujoUl's reconnaître
l'élément inflammatoire, ne doivent-elles pas éprouver dei
modifications avantageuses par l'action hyposthénisantevasculaire ct calmante des eaux de Soultzmatt?
Ainsi. pour prendre un exemple à la portée de tout le
monde, le pityriasis, celle affection furfuracée du cuir chevelu, caractérisée par la rougeur et la démangeaison de la
peau et par des pellicules qui sc reproduisent à l'infini, et
dont la terminaison fàcheuse est la chute des cheveux ou
leur amaigrissement, a jusqu'ici le mieux cédé aux préparations alcalines. C'est à des éléments de ce genre, dissimulés aux yeux du pul)lic sous forme de savons, de pommades aromatisées, d'eaux plus ou moins odorantes, que nos
coiffeurs cL nos inventeurs d'caux merveilleuses empruntent
une partie de leurs secrets.
En effet, ici les alcalis sont utiles; mais cc n'est pas en
les employant sur une si petite échelle et en les combinant
avec des substances excitantes, comme on le fuit ordinairement, qu'ils peuvent amener des guérisons dm'ables, pour
peu que la maladie soit invétérée. Mais que, se rcndant à
une source minérale du genre de celle ùe Soultzmatt, on
soumette penùant un certain temps la partie irritée à l'ae-
�[la
tion hyposthénisante et calmante de l'acitle carbonique ct
des alcalis qu'il tient en dissolution, qu'en même temps on
enlève ces sécrétions culanées qui sont irritantes, ou le
deviennent par la chaleur du corps, par ces alcalis pour en
former des savons solubles, ne peut-on point espérer d'obtenir des guérisons?
Et si un de ces vices, un de ces principes morbides, que
]a médecine admet sans pouvoir en formuler la nature , entretient ]a maladie, ne pourra-t-on pas la voir disparaître
du corps sous l'influence d'une cau qui s'adresse à tous les
i'monctoires, et imprime, comme nous l'avons vu, de profondes modifications à la nulrition.
Nos cau" exemptes de fer, répandent le calme sur
tout le sy tème va culaire et nerveux, enlèvent à la peau
ces feux, ceLLe artleur, ceLLe rougeur maladives que produit
l'excitation: elles la rendent fraîche, souple au toucher,
ct en dilatent les pores, tandis que les alcalis qu'elle contiennent détruisent localement la graisse qui lui enlève
. La nature ,
SOI1 velouté et lui donne un aspect luisant
comme on le voit, prévoyanle tians ses moindres détails,
nous a donné par les eaux de ce genre un cosmétique bien suPl·rieur à ceux que la spéculation ou la mode onl inventés,
et qui pre que tous ont l'inconvénient d'allaquer la peau eL
de produire des effets tout contraires li ceux qu'ils promeLLent si pompeusement.
V. Action des eaux gazeuses alcalines de Soultzmall sur la
sécrétion urinaire.
Pour r6soudre celle question, nOlis allons encore une fois
invoquer les lumières que nou fournit la ph}siologie, la
d,lÎmie motlerne ct la pathologie. Elles ont fait naître daus
notre esprit <tll 'Ique idé \ neuves qui pourront lrouvc,. de
applications pratiqucs.
�55
M, Cr" BERNARD a démontré qu'il est des vaisseaux veineux qui conduisent directement le sang de la veine-porte
dans la veine-cave inférieure. Celte dernière a des parois
musculaires très-prononcées chez certains animaux, et n'a
de valvules qu'au-dessous des veines rénales, valvules qui
empêchent le reflux du sang dans les veines iliaques. Ce liquide est ainsi refoulé dans les veines rénales, qui peuvent
devenir temporairement vaisseaux afférents, aussi bien que
les artères. Cette circulation. qu'il appelle hépato-rénale,
n'a lieu que pendant l'engorgement momentané du foie,
lors du travail de la digestion. Pendant l'état de jeûne, le
sang de la veine-porte passe en totalité par les veines hépatiques simp1es, pour se porter vers le cœur.
La disposition anatomique des veines azygos permellant
le passage du sang de la ~ein-cav
supérieure dans la
veine-cave inférieure, et réciproquement, peut faire que
ces veines deviennent une voie pour transporter et verser
Jans la grande circulation un sang qui, n'ayant pas été élaboré par le foie ou les reins, doit être nuisible il l'économie. Mais lorsque ces derniers fonctionnent acLÏvemel1t, le
sang dil'igé de haut en bas peut subir des modifications importantes et être débarrassé de principes qui doivent êlre
éliminés avant d'arriver au cœur.
Lorsque le sang aes veines rénales est porté vers les reins,
l'urine contient les matériaux de la digestion, qui ont été
absorbés par la vcine-porte; alors elle est claire', très-abondante, albumineuse et alcaline. Le sang a-t-il été fourni par
les artères rénales 1 l'urine est plus foncée, peu abondante 1
·t contient beaucoup J'urée.
Ces fails expliquent: 10 Pourquoi l'absorption des substances médicamenteuses ne se fait pas d'une manièro util'
poutlant hl temps Je la digestion, ct nOLIs indiquent le momeut (IU'i1 faudra choisir pOlir portel' les éléments minéfUlisaleurs dans la grande circulation et dans toute J'économie;
�M
ans celtc précaution, ils seron L immanquablement rejetés
en grande partie par les urines. 2° Connaissant celle voie
rapide d'excrétion, on pourra en profiter de différentes manières, à la condition toutefois de diminuer ou d'activer le
Iravail des reins. En le diminuant ct en cherchant à ne pas
encombrer la veine-porte, on empêchera les urines d'entrainer des éléments nécessaires à la nutrition de l'individu.
(Traitement du diabète et de l'albuminurie par un régime
animal et par les alcalis.) En l'activant, au contraire, en
même temps qu'on fera aITiver dans le système de la veineporte des matériaux qui engorgent momentanément les
veines hépatiques simples, on fournira à l'urine le moyen
de débarrasser le corps de principes nuisibles qui s'y ont
développés. (Traitement de ]a gravelle par le régime végétal et par les eaux gazeuses alcalines). 3° Comment, en agissant sur la sécrétion biliaire par les purgatifs. sur ]es urines
par les diurétiques, sur le sang par les alcalis, on peut
détruire des congestions veineuses de l'encéphale et de la
moelle épinière.
Nous fondant sur ces faits ct d'autres, que nons avons
signalé en parlant des usages du foie, nous nous expliquon
pourquoi on trouve souvent des traces de sucre et d'albuminc chez les ujets dont la circulation hépatique ou la
cil'clllation générale est languissante ou entravée. Une
expérience récente vient encore à l'appui de cc que nOlis
avan{'ons. Ainsi, 1\1. IlE PP , pharmacien en chef à l'hôpital
civil de Strasbourg, dont nous avons tous pu apprécier les
connaissances profonde et le recherches consciencieuses,
a reconnu la présence de l'albumine ou du sucre dans les
urines de ]a plupart des individus qu'on avait soumis à
l'action anesthélique du chloroforme.
Les eau de Soultzmatt, renfermant de la soude, et surtout de la polasse, possèdent des élémenl' pui sants pOUl'
l'xciter la sé J'élion rénale. Peu d'caux minéra le, disons-le,
�5ü
offrent ces deux alcalis il la fois, et la plupart des eaux acidules froides connues ne contiennent pas de potasse. D'après
les analyses publiées jusqu'à ce jour, il n'existe en France
qu'une seule source acidule CQntenant un sel potassique:
c'est celle de Pont-Gibaud (Puy-de-Dôme), et encore n'en
- offre-t-clle que des traces, tandis que dans les eaux de
SoulLzmatt elle est en quantité notahle. Sous ce rapport,
dIe a de l'analogie avec quelques sources de l'Allemagne
(Tœplitz, Iüeutznach, Pyrmont, Ems).
Nous altachons une grande importance il la présence
d'un sel alcalin de potasse dans une eau minérale, et ce
n'est pas sans raison. On sait que les divers liquides récrémentiticls, tels que la salive, la bile, le suc pancréatique,
etc., sont de nalure alcaline et doivent ce caractère à la
soude qu'ils contiennenL Or, celle-ci est principalement
extraile, par le jeu des fonctions, du sel que renferment nos
aliments ou qui les assaisonnent. Il faut donc qne, pal'
l'action des organes, il Y ait séparation des deux élémeuts
de l'hyùrochlorate de soude, et l'on conçoit que la présence
d'une base plus puissante que la soude favorise la séparation
Ile celle-ci. Il est donc rationnel de penser que les eaux de
Soultzmatt, qui contiennent une notable proportion de potasse, seront d'un merveilleux secours pour-activer ou modifier la sécrétion des fluides récrémentitiels. Ajoutons à cela
fille les sels de potasse n'entrent que pour une quantité extrêmement faible dans la composition des humeurs, qu'ils
seront rejetés de l'économie, et que leur départ, se faisant
par les voies urinaires, ils deviennent des agents diurétiques
d' une grande puissance. L'expérience a confirmé ces idées
lh(~oriques
émises par M. le professeur RAl\1EAUX, cal' les
caux de SOllltzmall portent exlrêmement aux urines. Nous
avons vu des malades eL des personnes bien portantes qui
se plaignaient même ùe ceLLe action ùucrgique. Les eaux de
Vichy, qui ont à pell pré la même composition chimique,
�;;7
sont loin de jouir de celle propriété au même degré; mais
aussi les eaux de Vichy ne renferment pas de potasse.
Lorsqu'il y aura anasarque, œdème, en un mot, des cas
d'hydropisie ou d'épanchement dans certaines cavités, on
comprend l'avantage qu'on pourra retirer de nps eaux.
Un des caractères qu'acquièrent les urines à -Soultzmalt,
c'est de devenir promptement alcalines: cinq à six verres
de celle eau suffisent pOUl' empêcher le papier de tournesol
de rougir, pour verdir le sirop de violette, et même pour
l'amener au bleu le papier de tournesol rougi par un acide.
J 'ai souvent répété ces expériences: elles ont toujours eu le
même résulLaL.
En parlant des travaux de M. BERNARD, nous avons vu
la quantité considérable de sucre qui se forme naturellemcnt dans le foie même chez les animaux qui ne font usage
que d'une nou1'l'iture azotée. L'homme se plaçant dans de
mauvaises conditions hygiéniques, peut, par une alimentation féculente, sucrée, pal' l'usage trop habituel de végétaux,
ou par des circonstances individuelles que nous ne pouvons
e~pliqur,
produire une trop grande quantité de sucre pOlir
qu'il puisse êtrc converti en acide carbonique. Il s'écoule
alors avec le urine, qui deviennent plus abondantes. Dans
celle maladie, qui porte le Jlom de diabète sucrée, de gluco.
s'Irie, le sang manque de l'alcaliuité nécessaire. La sueur,
qui se supprime, laisse, d'aprè "M. "MIAIIJ_E, dans le sang un
t'Il'ment acide de plus, de sorte que, d'après les travaux de
l\J~I.
DouclIAHnAT, CONToon, le sucre passe daris Je
silng sans y rencontrer as ez d'alcali libre pour être Jécompo é, et se retrouve dan les urines à l'état de matière
sucrée, analogue au suc/'e de raisin.
Douner une nour/'iture azotée, en y ajoutant l'usage ha
hituel tie bois oos alcalines, tel est le traitement conseillé
nt uivi avec uccè par 1\1. MIAIlLE, qui prescrivait le bicarhonate de soude. Nos cau ,' alcalines n'out pa encor été>
�tJS
employées dans une circonslance semblable, l)arce que ces
travaux, qui sonl récents, n'ont peut-être pas assez attiré
l'attention des médecins. Mais, nous n'en doutons pas, les
eaux de Soultzmatt, auxquelles il fauùrait peut-être encore
ajouter du bicarbonate de soude, sont destinées à rendre
de grands services dans celle cruelle maladie, à la condi.
tian, quelquefois, de ne pas êtr'e prises en trop grande quantité, pour ne pas provoquer une sécrétion urinaire trop
abondante.
Mais si, au lieu de suivre un régime végétal, l'homme,
tombant dans un excès contraire, sc nourrit de viandes
noires, de substances azotées, s'il boit des vins généreux,
s'il abuse des boissons alcooliques, et qu'il joigne en même
temps la paresse cOl'porelle à ces excès et à toutes les jouissances de la vie, il ne tarde pas à se former en lui une
grande quantité d'acide urique. Dans le principe, ce produit peul être neutralisé pal' la sueur, p~is
rejeté par les
urines sous forme de sable brunâlre, appelé gravelle, ou
bien encore éliminé pal' le saog menstruel; mais il arrive
un moment où l'acide urique, ne pouvant plus être rejeté
par les émonctoires naturels, ou n'ayant jamais eu de tendance à suivre celle voie, se porte sous la forme de goutte
SUl' différentes parties du corps, principalement SUl' les artieulations, et y dépose une malière facile à reconnaître pour
de l'acide urique.
L'urée ct l'acide urique sont à la vérité deux produits
normaux de la sécrétion des reins. Dans l'état de santé, la
production de l'urée l'emporte sur celle de l'aeide urique;
ce n'es t que dans les cas que nous venons d'indiquer que
ec demier produit prédomine.
L'expérience a depuis longtemps démontré que l'acide
urique est détruit par les alcalis. POUl' expliquer chimiquement cc fait d'ohservaLÏon, c'est encore à M. BÉClIA1I1P que
/lOtiS avons cu recours.
�S9
La composition de l'acide urique esl exprimée llar la
formule:
CIO Az4 IP 0 6 = acide urique.
Celle de l'urée par :
Az2 11 4 0 2
C~
=
urée.
L'urée peut se représenter par du cyanale d'ammolli'lque :
Urée.
C2 Az lJ4 0 2
Acide clonique.
=
C2 Az 0
+ II3
AmmoniOfl uc h ydra té.
Az) 110.
El, en effet, l'urée se dédouble eu acide cyanique et en
amUloniaque. L'acide urique peul se représenter moléculairement par de l'acide carbonique, de l'acide cyanh)drique,
de l'acide cyanique el de l'eau; en effet :
Acido uriquo.
CIO Az4 H1 0 6
= 2 C02 + 3 G~
Ac. c::u'b.
Ac. cynnhyùrique.
Az II
+ C2 Az 0 + no
Ar. cynnÎtltlc.
EAU.
De ce rapprochement résulte que l'urée est un produit
plus oxidé qUè l'acide urique, et qu'il suffirait que le terme
:~ C2 Az n, c'est-à-dire l'aciJe cyanhydrique renfermé dan
la molécule d'acide nriqlle pût donner naissance à de l'am··
JlIoniaquc pour que l'urée se reproduisîl. O.', cela est possible; en effet, l'acide cyanhydrique, en présence de l'eau
d d'un agent qui sollicite la formation de l'ammoniaque,
sc dédouhle en acide formique et en ammoniaque, car
Ac. 1')'ol\lI y<1I',
C2 Az H
-+
Enll.
3
no =
Ac. rormiquo.
C2 1I0 a
+ Az IP
Ammoninrlllc.
voilà donc de l'ammoniaque form~c,
et par suite la possibi lilé de la génération de J'urée.
De cc (Ille l'aciùe urique est un produit moins oxigéné
IIIIC l'urée, il ré ulLc celle con équcuce, urtoul i l'on adIllet que la nulrition est une vérita.ble combuslion (]e alimeuls absorbés qui 'opere dans nos organe par l'oxig'ènc
l'I'spil'é, il r '· ulLe) disons-noll , qu'une alim ntation trop
�60
substantielle, trop riche en carbone, comme celle des viandes, doit nécessairement engendrer de l'acide urique au lieu
d'urée.
Mais comment expliquer l'action des alcalis dans la gravelle? Voici comment nous concevons cette action. Les
alcalis commencent par dissoudre l'acide urique, et font
ainsi hientôt disparaître les symptômes les plus alarmants;
roais ils ne guériraient pas le malade, si celui-ci persistait à
suivre son régime habituel: aussi le médecin conseille-t-il
alors une alimentation végétale, c'est-à-dire un régime qui
introduit des aliments moins substantiels, et surtout moins
riches en carbone et peu azotés. Les alcalis n'e:v, continuent
pas moins leur rôle, et en transformant le sucre en acide
acétique, corps non assimilable ct carboné, l'oxigène introduit par la respiration est cn quantité suffisante pour détruire
cette partie des aliments qui n'est pas assimilée, et qui alors
se trouve éliminée par d'autres voies que les reins, ct
ceux-ci peuvent reprendre petit à pelit IClIT fonction habituelle, jusqu'à ce qu'enfin on obtienne une amélioration notable ou la guérison.
L'eau elle-même, qui sert de dissolvant aux principes
minéralisateurs que nous venons d'étudier, n'a peut-êll'e pas
assez attiré l'attention des médecins qui se sont occupés de
l'action des eaux minérales. Nous croyons avec l'École italienne que l'cau, prise en quanlitô notable, exerce SUl' notre
ol'ganisme une action hyposthéllisante par elle-même; que,
"ersée en grande abondance dans les organes digestifs, elle
est portée en partie au moins Ilans le sang, d'où elle est de
nouveau rejelée en entraînant des principes non assimilables
par les émonctoires naturels du corps. Joignez à cela les
dt'ls de réaction qu'elle produit sur la peau, et par son intermédiaire sur le système sanguin ct le système nerveux,
ct vous aurez toul le. secret des cures merveilleuses opérée
pa.!' l'hydrolhérapie. Cellc manière d'envisager ce syslème
��TABLEAU COMPARATIF DE QUELQUES EAUX GAZEUSES NATURELLES.
NOMS DES SUBSTA CES
Soullzmall.
MINÉRALISANTES.
(C.I'bon.tes. )
Sellcrs
ou
Sellz.
(CDlhen. tes. )
Acide carbonique libre ou à l'état
de bicarbonate
Carbonate de soude
de lithine
de chaux
de strontiane
de magnésie
de manganèse.
de fer
ull'ale de potasse
- tIe soude
- de chaux
de magnésie
Azotate
Chlorure de potassium
ù'ammonium
tIc sodium
de lithium
de magnésium
Bromure de ma~nésiu
Iodure de magn sium.
Borate de soude
.
Phosphate de soude
Acide silicique
Alumine . .
Acitle phosphorique
Peroxyde de fel' .
Silicule de soude .
d'alumine.
Matière organique .
hitumineuse
organique azotée. . .
Principo arsénical uni au fer sans
ùoule
Phosphate de chaux ou d'alumine
Acide arséniqueet hioxyde cl'étain
( Ilicnrbonntes.)
2,47213
0,67733
0,01233
0,29959
1,19240
0,72710
0,32220
0,957/,3
0,01976
0,43115
0,20618
0,27420
0,31326
.
0,01950
0,14773
0,02271
0,04300
Sellers
ou
-
Bussang.
nippoldsau.
1 ,9!~56
0,5974
'1,0290
2,9180
0,7700
1,1480
2,6206
0,00372
0,197
. ..
0,4640
0,3610
0,534.0
0,4180
0,1800
0,675
indices
0,220
0,14773
0,02271
0,0270
0,0160
0,1100
0,0260
0,0130
0,0390
0,07060
2,79600
0,07060
0,0800
0,04460
0,06501
0,06350
0,00890
1
0,04600
0,04800
}
0,009
.0,973
4,137
traces
0,277
traces
0,240
1 0,001
0,020
0,170
0,022
} 0,140
0,358
1 0,040
0,06501'
1
0,06350
0,0560
0,0380
0,0180
(Carbon.tes )
1,732
0,8800
0,1820
0,0680
0,0064
8,0900
traces
0,0440
0,0222
0,29,iQ
0,0238
0,120
inapproc.
(Carbonates. )
0,2606
0,2260
1
0,120
Soullzbacb.
0,1220
0,9780
0,2800
.
Griesbach.
2,0148
0,1060
traces
0,4628
traces
0,2260
traces
0,0896
1 inùices 1's~ni;le
1
0,00890
Kissingen.
Rakoczy.
(Bicarbonates ) (Cal·bonates. )
0,130
1,150
0,190
indice
2,0240
0,0180
Vichy.
Céleslins.
Contrexéville.
Ratron éc
ncidule.
(Carbonates. )
(Bicarbonates.)
(Bic.rhena tes.)
(Bicarbona tes. )
Sellz.
traces
J
AOTEURS
Soultzmall.
0,1312
..
2,630103
0,650464
0,004928
0,484750
0,1.76749
traces
0,023200
0,114707
0,009293
.
0,134256
0,056712
0,006250
traces
..
0,0182
indices
0,070
UÉCIA~Jl,
1
11iSCliOFF,
BBCII/\!IP,
IlISCIiOFF,
DARflllEL. KŒLfiEUTEII
0, HENIIY,
traces
OBSERVATIONS.
De la comparaison des colonnes de ce tableau, il résulte que nos eaux alsaciennes et
vosgiennes de Soultzmatt, Soultzbach et Bussang sont plus gazeuses que les eaux étrangcres
que l'on importe en France; sous le l'apport
de l'agrément, elles leur sont donc supérieures,
et égales sous celui de la riches~
en éléments
minéralisateurs, excepté toutefois Kissingen et
Rippoldsau. Mais ces dernicres serout toujolll'S
employées, de même que nos eanx de Vichy,
comme médicaments et jamais comme boisso n
d'agrément. Nos eaux ont donc cela de particu lier , qu'elles peuvent convenir à la fois dans
l'état de sanlé et de maladie.
L'analyse des eault de SoultzmaLL et de Seltz
est présentée de deux manières, afin que l'ou
saisisse plus facilement cc qu'elles ont de com·
mun el de différent, et aussi parce que les auteurs !les autres analyses ont présenté tantôt
des carbonates, tantôt des bicarbonates. Il scrait avantageux que les chimistes s'entendissent sur le Ulode d'arrangement qu'il convient
de donner aux !livers éléments d'une eau. Nous
croyo,lls que MM. Orpl!JU'ANN el DÉCUAAlI' ont
bien fail de présenter tous les carbonates sous
la forme de sels neutres anhydres. ·
Les uombres !lu tableau expriment des grammes, môme pour l'acide carbonique.
L'eau!le oultzmaLLcontient il 100 C. do tem- I
péralure plus d'uulitro d'acide carbonique non
comhino.
1
1
0, UENny,
KASTNEn, KOlLIIEU'fEIl
OPHI~
J \N,
:
,
1
�61
n'est pas une critiqu e; à l'hydro thérapi e apparti ent un hril·
lant avenir, du jour où, dégagée de ses théories sans valeur,
de cet enthousiasme ou de cette répulsion qui sont également cn dehors de la vérité, elle sera soumise à l'exam en
d'esprits sévères el que l'expérience et la raison auront mis
un frein à ses prétentions exagérées. Admel lant les avantages qu'on peut en retirer dans le traitem ent de certaines
maladi es, avant un an, s'élève ra pal' nos soins dans notre
vallée, près de la maison des bains, un établissement hydrothérapi que qui sera alimenté par les caux si froides de l'Ombach. Ce sera le premie r de ce genre qui aura été fondé en
Alsace.
CHAP ITRE VI.
.-al'al lele elltre les eaux tle Soultz lnatt et Itlu.
8ielll'8 eallx "azeu 8es alcali nes,
Nous croyons que le meilleur moyen de faire ressort ir
les avantages qu'on peut retirer des eaux de Soultz matt,
est de les compa rer à quelques caux gazeuses ct alcalines
les plus en réputat ion. Non que nous ayons la prétention
nous espérons démonde les placer en premiè re ligne. m~is
trer qu 'il est des cas où elles doivent mérite r]a préférence.
L'cau avec laquelle l'eau de Soultzm att a le plus d'analogie, est l'cau de Sellers , dont la réputat ion est si bien
établie . AUIJER T dit: «L'cau de Selters est servie sur toutes
\lIes tables de l'Europ e; sa réputat ion ne s'éteindra jamais ;
\l son gOÎll piquan t flalle agréab lement les papilles de la
1 «langue chez tous les peuples. D L'élablissement de Selters
expédie chaque année un million et demi dc bouleilles de
des deux con1 son cau, lant en Allema gne que dans le resle
tinenls.
On est en droit de s'étonnet' de voir dans notre pays celle
d'engoûmenl pour l'eau de Sellers , lorsquc du flan c
c pèc~
�62
d'une de nos montagnes des Vosges coule une source qui
ne lui cède cn rien par son pétillant, Pitr sa quanlité d'acide
carbonique et pal' ses bases alcalines. C'est le cas de dire
que nul n'est prophèle dans son pays. On prHère payer un
impôt onéreux à l'étranger pour boire une eau qui, venanl de fort loin, a souvent })erdu tout son gaz, parce
qu'elle est mal soignée ou qu'elle a élé recueillie depuis
plusieurs mois, plutôt que de choisir celle d'une source que
l'on croit sans valeur, parce qu'elle coule à quelques kilomètres du lïeu que l'on habite, ct que l'on peut, grâce aux
soins du propriétaire, avoir toujours fraîche ct gazeuse.
Quelques médecins in tl'Uits ont senti cet avantage, à Strasbourg surtout, où l'on pent dire (lue l'eau de SoulLzmalt
a à peu près remplacé l'eau de Sclters.
Dans la plupart des affections pour lesquelles on emploie
l'eau de SelLers, l'cau de SoultzmaLL doit être préférée, car
elle ne {'ontient pas de fer. Je sais bien que la quanlilé de
fer conlenue dans celle eau n'est pas considérable, mais la
chimie nous donne-t-elle toujours l'apprécialion thérapeutique de l'action des éléments contenus dans une eau
minérale? Ne voyons-nous pas chaque jour les eaux de
Griesbach guérir des chlorotiques qui avaient inutilement
pris 1 s préparations ferrugineuses les plus aclives de nos
pharmacies à des dose très-élevée? C'c t de la dilution
et des diOëreules combinai on j'himiques que dépend la
force curalive d'un médicament. Or, il est des maladies
dans lesquelles le préparations martiales ne sont jamais
innocentes, ct ce sont surtout celles pour lesquelles nOlis
pre crivons le plus ouvent l'eau de S ILer (affections inflammatoires aiguës, phthisies pulmonaires, cngorgement
chronique (le certains viscère ).
Nous avons autour de nous des ources gazeuses alcalincs
précieuses pOUl' certaines affection , mais qui Je craicnt
biell plus enror(', si l'on était plus prudt'nt dans le choi
�G5
qu'on, en fait. De ce nomb,'e sont celles de Bussang' el de
Soultzbach, qui ont une composition analogue à celle de
SelLers, car elles contiennent du fer dans une proportion
assez grande pour leur donner un petit goût d'encre; sous
ce rapport, elles ne sonl pas aussi agréables que celles de
Soultzmatt. Sur la rive droite du Rhin, dans la Forêt-Noire,
sont plusieurs sources qui, par leur quantité de gaz acide
carLonique, par les bases de soude, de magnésie et de
chaux, sont au moins aussi riches que celles de Soultzmatt,
mais qui toutes contiennent du fer; je veux parler de Griesbach, qui en contient beaucoup, de Rippolsau, PeLersthal,
Aotogast, qui en contiennent moins,
Comme on le voit, l'Alsace et les pays environnants sont
largement pourvus en sources gazeuses alcalines : on n'a
que l'embarras du choix, et celle richesse est un écueil, car
ilu'est pas indifférent, comme le croient certains médecins,
d'envoyer leurs malades à l'une o~ l'autre de ces sources.
Ces eaux seront inférieures à celles de Soultzmatt dans tons
les cas où l'irritation el l'inflammation n'auront pas été
complétement éteintes par le traitement antérieur. Cela est
facile li comprendre: on veut rendre le sang plus liquide,
on veut calmer l'érétisme et on introduit un élément ri'pal'ateur excitant, tel que le fer. Or, comme dans Leaucoup
de maladies, cc principe d'irritation l)eut subsister même à
l'état laIent, ne doit-on pas craindre qu'un agent atlssi
puissant ne vienne le réveiller. On peut dire 'd'une manière générale que plus on se rapprochera de la période
d'acuité de la maladie, plus de llureils elfels sonL à craindre.
Mais, comme on le sait, au bout d'un cCl'tain temps toule
affection chronique amène un état de débilité qui peut êlre
porté très-loin. Le malade s'affaiblit, son sang s'appauvrit,
cL on devrait alors, pour combattre les engorgements, les dégénérescences de tissu, pouvoir recourir aux caux gazeuses
a1ealines, mais leur action déprimante s'oppose à leur
�G4
emploi. Dans les cas Je ce geOl'c, on f'st heureux de Lrouver une eau qui, en même temps q~'el
produit des efl'eLs
analogues à celle de Soultzmatt, porte avec eUe dans l'économie un correctif, un élément réparateur.
Dans les cas où l'appauvrissement du sang est bien constaté, les caux de Soultzmatt doivent être rejetées, à moins
qne des complications parLiculièrei forcent d'y avoir recour. Ainsi, dans la chlorose franche, dans les écoulements
blancs qui ne sont entretenus par aucune inflammation, on
préférera avec raison les eaux de Griesbach, de Rippolsau,
de Soultzùach à celles de Soultzmatt.
L'École italienne a, à la vérité, aussi considéré le fer
comme un hyposthénisant du système vasculaire; mais les
faits sur lesquels repose cette manière de voir me semblent
susceptibles d'une autre interprétation, surtout lorsque nou
voyons cc qui se passe chez les sujets auxquels on a donné
intempestivement le fer ou chez ceux qui en ont fait un
usage Lrop prolongé.
Il est une autre cau minérale du duché de Nassau qui
jouit d'une grande réputation dans les affections de la poitrine. Je veu ' parler d'Ems. Ses sources sont au nombre
de trois, l'une froide, les deux autres chaudes; elles n'uferment identiquement les mêmes éléments que celle de
Soultzmatt dan des proportions trés-peu différentes. L'expérience a démontré que ces deux dernières sources ne doivent être employées dans les affections des poumons, ct surtout la phthisie au premier degré, qu'avec les plus grandes
précautions; souvent clics augmentent la fièvre ct délerminent des hémoptysies: cc qui est en partie dll à leur LhermaliLé. Quant à la source froidc, qui est celle qu'à notre
avis il faut dans cc cas préférer, elle ne diffère pas de ('clle
de Soultzmatt. Pourquoi alors aller chercher au loin des
{'ffet qu'on peut obtenir dans son pays?
Parlon encore de denx sourtes ayant une haute réputa-
�6~i
tion, Contrexéville et Vichy. La premii'l'e, sauf l'absence
presque complète d'acide carbonique, renferme les mêmes
ba cs que nos eaux, de sorte qu'en laissant échapper une
portion de gaz de celles de Soultzmatt, on a une eau presqu'analogue par ses principes alcalins. On pourra donc
guérir à Soultzmalt la gravelle avec autant de succès qu'à
Con trexéville; l'expérience esl venue confirmer ces vues
théoriques.
Nous sommes loin de vouloir placer Soultzmatt sur la
même ligne que Vichy. Cependant voyez l'analyse de ces
deux eaux et vous y trouverez, il quelque différence pré,
les mêmes principes minéralisateurs; c'est, comme à Vichy,
la chaux, la magnésie, la soude qui y sonl renfermées et
dont l'action, si bien étudiée par M. Cn. PETLT cl d'autre
médecins distingués, a acquis à ees eaux une rt"putation
européenne.
CHAPITRE VIL
Mode d'alhuillistratioll fies eaux de Soultz ... a".
Nous ne pouvons ici poser que de règles générales, laissant aux médecins qui enverront les malades aux caux, ou
31l médecin de l'établi seffienl, le soin tic porler des modifications dans le traitement que nous indiquons.
L'cau de Soultzmatt sc prend sous Pl'esque toules le
forme adoptées dans le établissements d'cau ' min('rales.
En hoi on, deux ources servent à cel usage. La source
principale, ource acidule (Sauerwassel) , est l'enfermée dans
]e Làtiment de droite ct entourée d'une grille; elle e lh'ès.
abondante et presqu'à Oeur de terre. .
La seconde, qui contielH moins d'acide carhonique, cl
qui c 1 plus faible, esl placée dans le bùtimenL principal.
L malade pel~t
prendre sit il hllil vencs d'eau dalls la
matinée; mais il doit, t1nns le premier, jours, es, ayer la
ii
�66
susceptibilité de son estomac, en n'en buvant qu'un ou deux
verres au plus. Il est rare qu'il soit avantageux de dépasser
les doses que nous indiquons. Cependant nous avons vu des
personnes qui portaient le nombre de verres jusqu'à quinze
et même plus. Nous n'autorisons généralement celte espèce
d'excès que dans les cas où nous tenons à porter beaucoup
aux urines. Il faut, en pareil cas, laisser échapper une certaine quantité d'acide carbonique pour éviter l'ébriété.
Pendant le temps qu'on boit l'eau, et même 101' qu'on a
cessé de boire, on se livrera à un exercice modéré qui favorise le' jeu des fonctions et amène l'effet diurétique, sans
lequel l'action médicatrice de ces eaux n'est pas complète.
Il est à observer que jamais il ne serait possible de supporter l'effet déprimant, hyposthénisant du gaz acide carbonique, si on ne se trouvait dans un air pur comme celui
qu'on respire à Soultzmatt. En se plaçant hors de celte acLion excitatrice, en sc renfermant dans une chambrc, ou en
choisissant un endroit très-abrité, l'cau porLe au cerveau et
jeLte dans un véritable état de stupeur.
Quelques malades ne doivent boire l'eau de Soultzmatl
que dépourvue d'une partie de son acide carhonique, afin
d'6viter l'excitation momenlanée que ce gaz produiL. A ccl
effet, nous faisons placer dans la chambre des malades de
l'cau pri e le soir à la ource, ct nous leur rccommandons
<le I1C la boi.'c quc le lendcmain . L'cau ainsi consel'Vée est
moins froide el convient parfaitement à ceux qui ont la
poitrine délicate. Lorsque les eaux excitent les bronches el
font tous er, nous conseillons d'y ajouter du lait. Mais,
comme le dit MÉGLI , ce mélange doit autant <{uc possible
être évité, parce qu'il altère eu partie au moins, l'action
cle l'cau. On y ajoute quelquefois du sirop de gomme.
Il est cles e tomaes qui supportent mal les caux; elles
pèsent et Mterminent le ballonnem nt du ventre. Un des
meilleur moyens de cl 'truire cet fret, qui renù la cure fa1
�Gi
tigante, et quelquefois difficile il continller, est de fairc
prendre aux malades, avant et après qu'ils ont bu l'eau,
une infusion aromatique: on choisit de préférence la camomille.
Nos eaux, comme nous l'avons fait pressentir, resserrent;
il n'est pas rare de les voir déterminer' des constipations
opiniâtres, Il faut faire cesser cet inconvénient, en faisant
avaler dans le prcmier verre d'eau minérale des doses plus
ou moins élevées de sulfate de magnésie, ou, mieux encore,
avoir seulement recours aux lavements, à moins d'indications spéciales; du reste, ce phénomène n'est pas constant.
On peul dire que les selles ne sont ni élugmentées ni diminuées chez la plupart des malades. II en est même qui
en éprouvent Ull effet purgatif.
Le calorique contenu dans les eaux thermales a, d'après
les recherches faites par M, UmtTRAND et d'après la manière de voir de l'École italienne, le même ef[ül que le
calorique que nous produisons artificiellement. Il excite,
élève le pouls, donne une sensation de malaise momentané,
et peut même, lorsqu'on ne prend pas toutes les précautions
nécessaires, faire naître des congestions cél'ébrales et d'autres accidents formidables. Il est donc un gt'and nombl'e
d'affections où les caux. minérales froides seront préférables.
supposant même que leur action soit lllus lente. Cela surtuut nous parait être vrai pour les caux gazeuses alcalines
du genre de celles de SoullzmaLL. On évite ainsi, en partie
au moins, ceLLe excitation primitive si fréquente chez les
malades au début du tl'aitement. Ainsi, il Vichy, cc De
sont pas les sources très-chaudes qui renden t le plus de
el'vices, mais bien la source ([ui n'est point thermale.
Ce que nous venons de dire s'applique à l'eau prise il
l'intérieur, mais SUl'tout quand on l'emploie sous forme de
bain. Une partie des principes qui se trouvent: dans nos caux.
(' t fixe et se retrouve, ù qUl'lqu· température qu'on les
�G8
chauffe. C'est la soude, la chaux, la magnésie, la potasse.
L'autre volatile s'échappe dès que l'cau est chauffée à un
cel'lain degré, c'est l'acide carbonique. Aussi éprouve-t-on
des effets très-différents, suivant la température à laquelle
on prend le Lain. Nous avons sur nous-même souvent fait
des expériences il ce sujet, et nous les avons répétées sur
nos malades.
Le bain, pris à une température de 28 il 29 degrés,
produit pendant le premier quart d'heure un état d'excitation. Le pouls s'élève, la face se colore; un état d'anxiété
s'empare du malade. Peu à peu le calme renaît; mais à la
sortie de l'eau on éprouve de la pesanteur, quelquefois des
vertiges, un grand état d'abattement ct de lassitude, un
certain besoin de dormir. Pris de celte manière, les bains
ont un effet débilitant momentané, ils dépriment par les
principes alcalins renfermés dans l'eau minérale. Nous indiquerons plus tard les cas où celle manière de procéder doit
être préférée.
Lorsque le bain est pris à une .température de 23 à 25
degrés, il ne produit plus ces effets d'excitation ct de congestion momentanée. On éprouve, en s'y plongeant, une
sensation de bien-être qui continue pendant tonte la durée
du hain; c'est un effet calmant. On se sent plus fort et plus
dispos. La tête est légère, les mouvements faciles; toutes
les fonctions prennent une plus grande énergie, l'appétit sc
fait sentir d'une manière impérieuse.
Ce mode d'administration des bains a aussi ses indications
spéciales; il est vrai de dire cependant que, si tous les malades supportaient les bains il une température peu élevte,
ils en retireraient de plus grands avantages, ils jouiraient de
l'action d'un des principes minéralisateurs des plus actifs,
l'acide carbonique. On devra donc presque toujours chercher à abaisser sucee sivement leur température: il est rare
qu'on n'arrive à c' résultat; ('eln . (J comprend facilement
�ti9
depui que nous avons Vu par expérience à quelle température basse les hydrophates font usage de l'cau froide.
L'efficacilé plus grande des bains de Soullzmatt pris à
une température peu élevée a déjà attiré l'atlention de 1\fÉGLIN et de M. WILLY, médecin à Mulhouse et associé de
l'Académie royale de chirurgie. (Cité par cet auteur.)
Ce médecin, qui se trouvait à notre bain pour rétablir
sa santé, y trouva un officier qui ne pouvait marcher qu'à
l'aide de del1X. béquilles, et encore avec la plus grande difficulté (il n'entre pas dans plus de détail sur la nature de
la maladie). Depuis quinze jours déjà, il avait fait mage,
sans aucun succès, des bains de Soullzmatt. 1\'1. 'VILLY,
qui le vit dans cet étal, attribua ce peu de succè à ce que
le malade prenait des bains à un degré de chaleur trop fort:
il lui conseilla de' ne prendre que des demi-bains, et seulement tièdes; il lui fit faire deux saignées, à quelques jours
de distance l'une de l'autre, parce qu'il avait observé des
signes évidents de pléthore, tels que la plénitude du pouls,
l'engourdissement des membres, le gonflement des veines,
des insomnies, etc. Les demi-bains tièdes procurèrent un
effet si prompt, qu'au bout de trois jours il put déjà abandonner ses béquilles; au seplième ou au huitième jour, il
marcha sans beaucoup de peine, une canne CD main, cl
dans l'espace de quinze jours, il s'en retourna chez lui bien
portant.
DEUXIl;~f
OBSERVATIO . Madame R .... avait depuis plus
d'un an une telle extinction de voix qu'elle pouvait à peine
sc faire entendre: cIl ne pouvait remuer le col qu'avec la
plu grande difficulté; lorsqu'elle était assise, on était obligé
de lui soutenir toujours la tête à l'aide de quelques coussins
pour ]a soulager. Celle dame avait aussi pris infructueusement le bains pendant une quinzaine de jours; ce que
M. "VILLY rapporte encore à la même cause, c'esL-à-dire il
la l'haleur tl'Op gTande du bain. Lui ayant con cil\' de HC
�ïO
prendl'e les bains qu'il la lempéralul'e du COfllS, elle put
d('jà, après trois ou quatre premiers bains, remuer le col
plus libl'ement ct se faire entendre assez distinctement; elle
fut en très-peu de temps enlièrement rélablie, ct jusqu'à
présent elle n'a pas éprouvé le moindre ressentiment de SOli
mal.
Généralement les hains doivent êlre pris le matin, et aillant que po sible à jeun. Deux causes principales font pl'é~
fi'rer ce moment de la journée. Les pores, plus Ouverts après
Ic sommeil de la nuit, sont plus aptes 11 absorber les principes médicamenteux contenus dans l'eau minérale. L'absorption est d'autant plus facile, que le sujet n'a depui '
longtemps pris aucun aliment. Celle faiblesse accidentelle,
Cjui naÎl de l'état de jeûne, permet aux éléinents minéralisatcurs de pénétrer dans toute l'économie. Enfin, une dernièrc considéra lion se trouve dans le danger qu'il y a, pour
quelques personnes, de voir leur digestion troublée.
Il egt des malades qui sont tellement impressionnables
au froid, ou lellement faibles, qu'ils ne pourraient supporter
les bains pris de très-bonne heure; d'autres enfin, et surtout \('s femmes délicates, ont besoin d'un repos prolongé;
eUes se trouveraient très-mal de sortir de leurs habitudes .
On ne prend ordinairement qu'un seul bain par jour;
mais il est des ca assez nombreux où le médecin devra en
l"aire prendl'c un plus grand nomhre. Ce mode d'admillistration des eaux, suivi dans quelques établi sements, il
amené d'e."ceUenls résultats. Cc sera surtout daus les atl'cctions de la pean, dans le rhumatisme invétéré, daus leS af..
fections de la vessie, dans certaines leucorrhées, en un mol,
,Jans tous h~s cas où on voudr:l ohtenil' nn effet déprimant,
hyposlh(.nisant, qlle Il's hains r(~pNlS,
longtemps prolong('s,
clcviendrOllt un moyen vraiment utile,
La douche est il la fois, tantôt un moyen pcrtuhal~I,
tanlôt un DIO Il ('aImant. Sa température l'lnt'{', la force
�71
du jet, son large Jiamètre, produisent une excitation vive
sur le point où elle est appliquée. Cette manière d'agir
c.onvient dans les cas où on veut produire une forte dérivation sur un point quelconque du corps, dans le but de détourner l'irritation fixée sur un organe voisin. Le rhumatisme musculaire et articulaire, certaines affections de la
moelle épinière sont efficacement attaquées en procédant
ainsi.
Mais la douche doit être faible, douce, en arrosoir, tiède,
dans les cas où il s'agit de porter directement son action SUl'
l'organe malade. Ainsi, ùans les engorgements de l'utérus,
les douches ascendantes sont très-utiles, à la condition d'être
appliquées avec les plus grandes précautions; données autrement, elles amènent de la douleur et souvent l'inflammation. On ne peut recommander assez de prudence aux personnes qui en font usage, et à celles qui sont chargées de les
administrer. Il en est de même dans le affections de l'estomac, du foie et de la vessie.
La douche fatigue généralement les malades, et ne doit
être donnée que pendant cinq à dix minutes, un quart
d'heure au plus, sur le même point. Le médecin devra
suivre allentivement ses effets .
ClIAPITlŒ VIII.
Del!! "u.'el'! n .... eOt InH.,
Pour traiter convenablement ce ujet, nous avons cru
devoir recourir aux lumières d'un médecin di tingu(',
M. IIlllTZ, professeur agrégé à la FaculLé de médecine de
Strasbourg, qui, conduil dans presque Lous les établissements
Je ce genre pal' son goût pOUl' la science ct pal' ties motifs
de santé, a su faire LOmD(1\' e6l'cI'herche cl son expérience
�au profit tle notre arL. Nous devons à sa hienveillante amitié
ce chapitr e intéressant de l'ouvrage que nous publions.
C'est en Suisse que les cures au petit lait tle chène ont
l)ris naissance. Pendan t longtemps confinées dans quelques
canton s, elles ont, depuis lin certain nombre d'anné es,
acquis une telle extension, qu'elles se sont naturalisées partoul où des circonstances topographiques favorables ont
semblé le permet tre.
1\1. NEssEL, homme d'initiative par excellence, a promp tement compris qne SoulLzmatt possédait tous les éléments
favorables à ce genre de cnre. L'exposition de la vallée,
fermée au Nord et ouverte au soleil, donne à l'air celte
douceur au printemps, celle précocité que recherc hent avec
avidité ceux dout les organes respiratoires sont irrités. Sur
ces montagnes qui lui servent d'abri, croissent en grand
nombre des plantes alpines , une mulLitude de labiées , de
lIaslursium el autres végéta ux, dont les propriétés bienfaisantes passent, pour ainsi dire, du lait de la chèvre dans le
sang des malades. Enfin, la similitude tl'action de l'eau de
nos sources avec celle du petit lait, qui, toutes deux, sont
propices aux poitrines irritées , font que nous pouvons
offrir aux malades un ensemble systématique tle moyens, où
l'art et la nature paraissent s'être donné la main.
Si, dans vos promenades, vous êtes conduit de la maison
des bains vers le fond de la vallée, cl que du pied du
IIeiden berg vous vous dirigez ' il droite, bientôt vous vous
trouvez comme enfermé dans un vallon silenci eux, bordé
lie toutes parts par des montagnes boisées. Sur ce tapis de
verdur e el de fleurs est assis le joli hamea u de Winsfeld 'JI,
en avanl duquel s'élève une colline, contre laquelle sout
comme suspendus de gl'oupes ùe chèvres blanches Je la
Suisse; c'est là 'qu'clics viennent brouler les plantes donl
l'arôm e passe dans leur lait. Tout près est la l'rnne où, la
/luit, cllcs yiennClll sc réfugier, 'l où 'l\e livr nt Icu .. -
�75
tétines aux mains d'un Suisse, habile dans l'art traditionnel
de préparer le petit lait. La prépaJ'alÏon, terminée au point
du· jour, arrive toute chaude à l'établissement à l'heure de
la distribution, qui est faite aux malades qui boivent le pelit
lait en se promenant. On le porte dans les chambres de ceux
qui, par un motif quelconque, ne peuvent les quiller ou
sont retenus dans leurs lits.
Avant de nous occuper des effets du pelit lait, disons
quelques mots sur ses qualités physiques et chimiques. Il
est constitué par le sérum du lait et doit renfermer nonseulement tous les sels et tous les principes fixes contenus
dans ]e lait, mais encore ]a partie aromatique et vo]atile
qui s'y trouve; d'un autre côté, il doit être débarrassé des
corps caséeux qui en forment la partie indigeste; il présente
alors l'aspect d'un liquide d'un jaune verdâtre opalin, demitransparent, d'une odeur qui rappelle celle de la chèvre, et
d'urie saveur légèrement sucrée, assez al}alogue à celle d'un
fort bouillon aux herbes. Il doit surtout n'avoir aucun goût
acide (ne rougir que très-légèrement le papier de tournesol).
Les effets immédiats et physiologiques du petit lait sont
les suivants: Il détermine d'abord une sensation de douce
chaleur à l'estomac; celte chaleur se répand bientôt dans
toute l'économie et dispose à une légère diaphorèse; au bout
d'une demi-heure des gargouiPements intestinaux, mais sans
colique, annoncent une action purgative plus ou moins
intense, suivant le nombre de verres qu'on a pris. Il est
quelques personnes qui, loin d'être relâchées par le petit
lait de chèvre, éprouvent un effet contraire, mais c'est
l'exception, et alors, en général, elles ne supportent pas
longtemps le pelit lait. En même temps qu'il agit sur les
selles, il porte son action sur les autres organes sécrétoires,
les urines sont légèrement augmentées, et la muqueuse
bronchique devient le siége d'une sécrétion plus abondaute,
ou perd l'il'1'ilation sèche, si elle en était affectée.
�7-1
Quand la cure du pelit lait a été continuée quelque
temps, son action résolutive sc fait sentil' d'une manièr e
plus notable encore ; les indurations des organes ct des
glandes diminuent ou cèdent quelquefois. La circulation
abdom inale, stimulée et facilitée par la sécrétion dont la
muqueuse est le siége, se trahit par une diminution du
gonflement du ventre , par une disparition de sa dureté ;
des hémorrhoïdes supprimées reparaissent souvent ct retrouvent leur flux régulie r; la sécrétion biliaire , notablement augme ntée, détermine ou favorise ]e dégorgement du
foie; des constipations opiniâtres font place à des selles régulières, Du côté de la poitrin e, le premie r effet produi t
est une plus grande abondance dans la sécrétion muqueuse
des bronches et par suite une expectoralion bien plus facile.
Comme conséquence, on voit diminuer l'irritat ion pulmonaire ; la toux sèche surtout est promp tement amendée par
le petit lait. Les malades éprouvent un relâche ment, un
sentiment de détente dans toute l'économie; l'excitation et
la fièvre se calment dans la même proportion,
De tous les elTets sur l'homm e, sain et malade, ainsi que
de la composition chimique du petit lait, ressort celte conclusion que ce remède est un pui sant rafraîc hissan t,
dont les caractères particuliers sont de résoudre les indura tions, de faciliter les sécrétions et d'apaiser les irritatio ns .
En elTet, le petit lait nous olTre, outre ses qualités balsamiques, toutes les propriétès du sérum du sang. c'est-à-dire
de la partie aqueuse ct alcaline de cc liquide , ct on conçoit
dès lors combien il doit être à la fois dissolvant et rafraÎchissant.
l..'expérience, ainsi que le raisonn ement, nou indique nt
en con équellcc quelles sont les maladies auxquelles il con"ient de l'opposer.
En premie r lieu, les irritatio n des bronche ct de POtlmons. C'est sur e maladi qu 'ont porl(- le ' premières ex-
�7 ,),·
pôriences faites en Suisse, il Y a un siècle, avec le petit
lait d'Appenzel, ct c'est leur heureu e issue qui a déterminô
le succès de cet établissement. On fera donc, avec beaucoup
de chances de réussite, usage de cc moyen toutes les fois
qu'une toux sèche, une expectoration difficile indiqueront
une irritation pulmonaire; dans les bronchites opiniàtres,
dans les phthisies, dès leur début. Mais il ne faudrait pas
croire que le pelit lait borne son action à éteindre l'irritation. 11 modifie très-avantageusement les sécrétions des
bronches ct change très-souvent un catarrhe puriforrne en
une sécrôtion purement muqueuse. Il conyient, par consé(lutJnt, toutes les fois qlle la sôcrétion hronchique est altérée, soit dans sa nature, soit dans sa quantité, ainsi que
cela arriye si souvent dans des l'humes invétérés, dans les
catarrhes su (foquants , dans les bronchites purulentes, etc.
Dans les obstructions du bas-ventre, qui comprennent des
états anatomiques si variés, le petit lait rend souvent d'utiles seryices; son action laxative, qui IJeut être longtemps
continuée, sans déterminer la moindre irritation, indique
son emploi dans les constipations par sécheresse et pare se
des intestins, dans les affections hémorrhoïdales, dans le
embalTas de la circulation de la veine-porte, dans les engorgements du foie, l'ictère et la suppression de la Wc. ) 1
n'y ft qu'une seule remarque à faire à ce sujet, c'est que,
dans toutes ces affections abdominales, le petit lait doit
a 'oir un effet purgatif; si cet effet manque ou est insuffiant, le peLit lait non-seulemrnt ne rend pas de services
utiles, mais ajoute souvent il l'embarl'as du vcntre. En grnéral (el ceci s'applique ù tous les cas où )'on emploie le
l)etil lait), son usage exige une certaine force digestive, ct
il ne faut pas l'employer chez de maladcs donl l'estomac
est faible ou nerveux , chez celL' qui n'onl pas d'apP"[it
,t dout la languc est chal'gèe. Dan ce cas, il dèlermin(O
des IHHlS 'or, des pe anlc1l1" et cl· l'anorexi . 11 e. t bon aloI'
�7G
d'employer d'abord l'eau de Soultzmatt simple, pour donner
du ton à l'estomac.
Dose el mode d'administration. - Il est bon de recommander aux malades d'aller graduellement et à doses croissantes en commençant le petit lait; un verre et même un
demi-verre suffisent les deux premiers jours pour les estomacs délicats. On arrivera ainsi, selon les facultés digestives
et l'exigence de la maladie, à quatre ou cinq verres par
jour. Une fois à cette dose, on prend un verre tous les
quarts d'heure; on se promène pendant les intervalles, et
on laissera écouler une grande heure entre le dernier verre
et le déjeûner. Quelquefois il est bon de s'arrêter après une
dizaine de jours et de ne reprendre la cure qu'après deux
jours de repos. Il est avantageux aussi de prolonger le
traitement au delà des vingt-un jours sacramentels, et il
vaut mieux interrompre par intervalles la cure. Enfin, il
faut être prévenu que l'effet curatif dans les bronchites ne
se prononce pas toujours, et qu'il est au contraire bien plus
fréquept de ne voir la guérison survenir que dans le mois
qui suit la fin du traitement; tout au plus voit-on l'amendement arriver dans les derniers jours de la cure. Celui
qui écrit ces lignes en a vu de nombreux exemples.
-
...-
�77
CHAPITRE IX.
De l'eau balsamique de 8ouUzma".
La découverte de l'eau balsamique a donné à l'établisse·
ment un nouvel agent thérapeutique puissant. dont l'expérience a d§jà sanctionné l'utilité. Voici comment M. ARNOLD, inventeur de celle eau, s'exprime dans l'ouvrage qui
a été publié à ce sujet:
L'eau balsamique de Soultzmatt n'était pas destinée dans
l'origine à sortir de l'établissement où elle se prépare. Je
me contentais modestement de l'administrer aux malades
de notre vallée et des environs et à quelques personnes affec·
tées de la poitrine. 'qui étaient envoyées à Soultzmatt pour
y boire le petit lait et l'eau acidulée gazeuse de la source.
Des médecins distingués de Strasbourg, de Colmar et de
Mulhouse, étant venus visiter successivement nos bains,
furent frappés des effets que j'avais obtenus pa~
l'emploi de
J'eau balsamique; ils désirèrent l'essayer à leur tour; je
leur en envoyai à plusieurs reprises, et il paraît qu 'ils ont
été très-satisfaits des résultats qu'ils ont obtenus.
Cette eau a l'apparence de l'eau de source la plus pure;
eUe est légèrement gazeuse, parce qu'on est parvenu dans
sa préparation à empêcher l'échappement du gaz qui se
trouve dans l'eau naturelle de SoulLzmatt. Grâce à cette
précaution, elle se conserve fort longtemps, sans s'altérer:
cc qui permet de la transporter à de grandes distances et à
la rendre à peu près inaltérable. Quand on débouche la ,
bouteille, elle ne mousse pas comme l'eau naturelle, mais,
comme beaucoup d'caux de ceUe espèce, elle renferme de
l'acide carbonique, dissous ou combiné.
L'odeur de l'eau balsamique révèle en partie, au moins,
les principes qu'elle contient; c'est l'odeur de sapin. Cela
•
�78
doit rassurer les médecins qui pourraient craindre de donner à leurs malades une préparation dont ils ignorent la
composition. La chose que je dois taire, c'est la manipulation qu'on met cn usage dans notre établissement, pour
obtenir, avec de pareils ingrédients, un liquide aussi agréable à la vue qu'au goût. Aussi, les mala()es qui en ont fait
usage, l'ont-ils baptisé, sans notre concours, du nom d'eau
de sapin (l'anrwnwasser).
En effet, pour préparer cette eau, je profite à une époque
déterminée de l'année de certaines parties d'un sapin trèscommun dans nos forêts, pour en extraire un principe aromatique que j'associe à un principe astringent et tonique,
retiré d'une plante de nos montagnes. Je fais dissoudre ces
deux principes dans une certaine quantité d'eau de Soultzmatt dans des proportions différentes, suivant l'indication à
remplir.
L'caubalsamique, introduite dans la bouche, communique
de prime abord une sensation de fralcheur très-agréable et
assez analogue à celle qu'on obtient avec une pastille de
menth e; aussi nous n'avons pas encore trouvé une seule '
personne, je ne dirai pas qui se soit refusée à la boire,
mais qui ne l'ait hue avec un certain plaisir ; ce qui présente un très-grand avantage pour son administration, qui,
dans certaines maladies. doit être continuée longtemps.
Les médecins qui ont souvent employé les balsamiques
savent combien il est difficile d'en continuer longtemps
l'usage. Donnez pendant huit jours du copahu ou de la
térébenthine à un malade, il faudra, ou qu'il soit bien désireux d'être guéri, ou bien peu sensible, pour qu'il ne repbusse avec horreur ces médicaments, ou que leur odeur ne
provoque des nausées. Il n'en est pas de même de l'cau balsamique; si l'indication l'exige, on peut. sans crainte de
fatiguer le malade, continuer indéfiniment son usage.
L'eau balsamique donne, peu d'inslants après l'avoir buc,
�in
une douce sensatiun lIe chaleur inlérieure qui se comru~
nique, seulement par degrés, à toule l'économie. On dirait
qu'un vin généreux vous ranime et amène un léger degré
d'excitation. Cet effet, à moins que la dose administrée ne
soit très-forte, est fugace et ne dure que quelq!1es instants;
il celle sensation en succède une autre moins agréable, il
est vrai, mais plus durable; c'est un faible sentiment d'astriction et de sécheresse dont le siége est surtout à la gorge.
Ces deux sensations distinctes expliquent à un certain point
la manière d'agir de ce médicament qui renferme un stimulant diffusible et un astringent; c'est, suivant moi, il ces
deux propriétés combinées que l'cau balsamique doit toutes
ses vertus curatives. J'ai eu l'heureuse idée de faire prédominer, dans la manipulation, tantôt l'un, tantôt l'autre de
ces deux principes. Ainsi, l'eau balsamique, contenue dans
des bouleilles marquées au cachet rouge, et employée surtout dans les affections pulmonaires, esl bien moins stimulanle que celle contenue dans des bouteilles au cachet vert,
qu'on préfère pour les affections des voies urinaires et pOUl'
les maladies des enfants, etc.
J'ai cru devoir signaler celle différence, parce qu'elle m'a
paru très-importante dans le traitement de cerlaines malaclics; c'est là ma réponse à ceux qui pensaient qu'on pouvait
indifIëremment se servir de l'une ou de l'autre préparation.
Je ne connais pas la nature intime du principe astringent
renfermé dans l'cal1 balsamique. Tout cc que je sais, moi
qui n'ai pas de laboratoire de chimie, ni de loisir pour faire
des recherches de ce genre, mais qui, pour les remplacer,
ai un vaste champ d'expérimentation, c'est que l'eau balsamique resserre les tissus. Peut-on en douter quand, en Cil
versant sur les plaies, j'ai pu arrêter promptement des hémorrhagies, ou quanll, la donnant à l'intérieur, je faisais
cesser des hémoptysies, des pertes utérines abondantes, ou
que je supprimais dgs flux muqueux.
�80
Le principe stimulant renfermé dans l'eau balsamique est
de la nature de ceux qu'on appelle diffusibles; son action
est due, sans doute, à la présence de l'arôme que renferme
la plante que j'emploie dans celle préparation, et quc je
suis parvcnu à y fixer.
L'action de l'eau balsamique sur le canal intestinal sain
paraît être il peu près nulle; elle nc produit, dans la plupart
des cas, ni constipation, ni diarrhées; avantage inappréciable pour un médicament qui doit être continué longtem ps.
Il n'en est pas de même dans les cas pathologiques; l'cau
balsamique paraît agil', surtout quand il y a supcrsécrétion,
ct ne contrarie pas l'action physiologiquc des membranes
muqueuses.
S'il est des organes sur lesquels les balsamiques paraissaient agir d'une manière avantageuse, c'est, sans contredit,
sur les organes génito-urinaires. Cependant, à l'état de santé,
l'influence de ma préparation se fait à peine sentir; ainsi
je n'ai pas remarqué qu'elle produisît le moindre effet sur
ces organes chez lcs personnes affectées de bronchites ou de
toute autre maladie ayant nécessité son administmtion. Fait
important, à mon avis, car il prouve que l'cau balsamique
n'agit d'une manière évidente que sur les organes devenus
le siège d'une sécrétion anormale.
La plupart des stimulants diffusibles exercent plus ou
moins leur action ur le système circulatoire en accélérant
le pouls. Je suis parvenu, aprôs de nouveaux essais, à obtenir l'eau balsamique (cachet rouge), qui, privée en grande
parlie de son principe timulant, n'est plus guère qu'un
astringent, qui agit à la manière du sucre de saturne, que
beaucoup de médecins considèrent comme un moyen plus
sùr que la digitale pour oéprimer cl ralentir la circulation;
avant ceUe modification, l'cau l.Jalsamiquc avait une application bien plus restreinlo, ct nons n'osions l'employer qu'avec
beaucoup d circonspeclion rt à faible dose, comme noS
�81
ohscrvations le prOuH'nt , dans les cus de fièvre hectique.
Ceux de nos conf'rôrcs qui la donneront aux malades fébricilants ne tarderont pas à sc coovaincre de celle vérité.
D'après cet ~perçl1
rapide, l'cau balsamique est un médicamentllouveau destiné à combattre une sl'rie d'affections
qui, par leur fréquenc~
et la tlifficu!té qu'on éprouve à les
guérir, font souvent le désespoir de la médecine. En indiquant un moyen qui exerce une aclion puissante sur les
sécrétions pathologiques des membrancs muqueuses, je crois
avoir rendu un service signalé à notre url. L'cau balsamique, en effet, guérit souvent le catarrhe pulmonaire
chronique, le catart'he vésical, la leucorrhée, la blennorrhagie chronique, etc. Elle al'l'ête, en resserrant les vaisseaux, bien mieux peut-être que la plupart des préparations
connues, les hémorrhagies des membranes muqueuses
(hémoptysies, menstruation trop abondante, pertes utérines
pendant l'état de vacuité, pendant la grossesse et après
l'accouchement, les hérnol'rhagies intestinales, l'hématurie,
etc.).
Mais là ne se bornent pas les effets bienfaisants de cc
nouveau méJicament. D'après des fails nombreux que j'ai
rapportés, il est très-efficace contre la phLhisie pulmonaire
il ses différents degrés. Nous avons cherché à établir pal'
quel mécanisme des guérisons presque inespér6es pouvaient
être obtenues. Si no idées sur ce point sonl fondées, 1I0US
croyons que c'est en supprimant la sécrétion pUl'ulenle rie
la membrane pyogénique, en un mot, en desséchant les
cavernes, comme LIENNEC en cile des exemples, et en empêchant ainsi la résorption purulente qui empoisonne pour
ainsi dire les phlhisifJlles, qu'on parvient à gnérir celle
maladie.
Cette préparation, exerl,,'anl lIoe action il. la fois tonique,
astringente et quelquefois stimulante SUl' l'économie, relève
l('s force , détruit certaine cachexies, le scorbut, la chIo6
�82
rose, les scrophules, qui tiennent à un appauvrissement ou
à une altération du S3D,g. Donnée à des doses élevées, elle
exciLe la sécrétion urinaire, agit sur le foie, et a ainsi fait
disparaître l'hydropisie. Enfin, comme nous l'avons démontré, elle guérit les ulcères atoniques, et peut être regardée
les opérations chicomme un excellent hémostatique d~ns
rurgicales.
Nous nous réservons de revenir plusieurs fois sur ce sujet
dans la seconde partie de ce travail.
CHAPITRE X.
EXllort"tioll tle l'e"tI tle SOultZID"tt.
Une eau agréable comme celle de Soultzmatt, aussi chargée d'acide carbonique, aussi riche en principes alcalins,
a mérité l'atlention des médecins par ses vertus thérapeutiques, en même temps qu'elle est devenue une des boissons de choix pour nos tables.
Strasbourg, ce cenlre de lumière et de population, a
donné naguère la première impulsion il toute la province.
Les médecins nous demandent nos eaux pour leurs malatles.
les hôtels les offrent aux nomhreux étrangers qui viennent
visiter les })ords du Rhin. et les meilleurs tables, les plus
fins appréciateurs du confortable leur accordent une juste
préférence. sur celles de Selters.
Fier de celle faveur, jaloux de la conserver, l'établisse·
ment de Soultzmalt a fait de nombreux sacrifices, pour
livrer au public celle eau dans son plus grand état de pureté.
On ne la rec.ueille que le matin et le soir, aux heures
du jour où l'état d'abaissement de la température s'oppose à
la tendance qu'a toujours l'acide carbonique \:ln excès à
se séparer des bases avec lesquelles il est combiné. C'est
dans des bouteilles de plus d'un litre de contenance, d'une
�forme élégante, d' une transparence parfaite, que l'eau est
renfermée. L'emploi d'une machine puissante, analogue il
celle qui sert à boucher les bouteilles de vin de Champagne,
du goudron appliqué sur le goulot, garantissent contre toute
détérioration. Malgré ces précautions, souvent la quantité
de gaz qui passe à l'état libre, repousse le bouchon ou fait
éclater la bouteille. Cet inconvénient ne nous a pas paru
suffisant pour adopter les cruchons dont on se sert pour
l'eau de Selters, la propreté nous paraissant une des premières conditions pour le succès d'une eau minérale. C'est
de plus la meilleure manière de faire apprécier la limpidité
et la pureté de nos caux. Par des soins minutieux de ce
genre, nous avons commencé à luUer avcc l'cau de Sellers,
à laquelle, dans notre pays, on doit reno,ncer, à cause de
son prix élevé et des droits auxquels elle est soumise.
Plus modestes sous le rapport du gain, plus désireux
peut-être d'être utiles, nous voulons que l'eau de Soultzmall,
qui est une des eaux gazeuses des plus agréables, puisse être
à la hauteur de toutes les fortunes. Grâce au chemin de fer
vallée, nous pourrons, dans vingt-quatre
qui touche à not~e
heures, et moins, livrer à Paris notre eau, presqu'an même
prix qu'on boit l'eau de la Seine, transportée à domicile.
L'ouvrier, l'artisan, qui trouve si difficilement un verre
de vin généreux, llourra relever sa boisson, en y ajoutant
l'eau de Soultzmatt, el en détruire ainsi les effets délétères.
Mais, dira-t-on peut-être, nous avons les eaux gazeuses
artificielles qui, à bas prix, remplacent très-avantageusement les eaux naturelles. Je répondrai à celte objection.
Nous avons en Alsace, et dans différentes provinces, des
maisons de commerce qui, avec des vins du pays, fabriquent
un vin de Champagne artificiel, en y introduisant par compression le gaz acide carbonique. Ces vins ont été peu
appréciés par les amateurs, 'car, au Lout de peu d'instants,
dès qu'on débouche la houteillç, le gaz acide carbonique se
�84-
ùégage entièrement, et le vin du pays repara ît. Il en ~st
de même avec l'eau de Sellers artificielle, le gaz s'échappe
rapidement, et l'eau qui a servi à la fabrication reste avec
ses défauls et ses qualités.
.
L'eau de Soultzmatt est dans les conditions les plus favorables pour être transportée et ètre conser vée; ne contenanl pas un atome de fer, elle ne donne jamais lieu à
ces dépôts ocrés, qui se forment généralement dans toutes
les caux feITugineuses.
De plus, les sels de fer altèren t la matière du boucho n et
déterminent la réduction des sulfates en sulfures alcalin s,
qui communiquent aux eaux minérales ferfllgineuses une
saveur et une odeur d'Œufs pourris insupportable.
Examinez les eaux de Griesbacb, de Uippolsau et autres
sources du même genre, après quelques mois, je dirai plus,
quelques heures ùe séjour en boutei lle, elles sc troublent
et cessent presque d'être l)Olables.
Il n'en est pas de même de celles de Soultz matt: au
bout de deux et de trois ans même, nous n'avons trouvé
aucune altération dans le gofit et la couleur de celles que
nous avions conservées dans nos caves. Combien y a-t-il
d'eaux qui puissent supporter celte épreuve? L'eau ordinaire
même, à moins de précautions toules particu lières, s'altèrc
au bout de peu de jours. La notre, par son acide carbonique el par ses bases alcalines, n'est pas sujette à cet
inconvénient. EUe pourra it donc très-avantageusement être
employée pour les voyages de long cours. Qu'une eau du
genre de la nôtre serail bien appréciée dans les contrées où
la chaleur esl excessive! Mais laissons là ces idées. qui,
sans doule. ne se réaliseront jamais . Occupons-nous seulement de ce qui est probable el facile, et du but que nous
voulons alleindre.
Tout le monde sait. plusieurs même d'entre nons ont
éprouvé comllien les eaux de la Scine sont funestes aux
�étrangers qui séjourne!lt pour la première fois à Paris. Elles
engendrent des dérangements d'estomac, des diarrhées, et
prédisposent à la fièvre typhoïde. Les hôpitaux de Paris
enregistrent chaque année malheureusement trop de faits
de ce genre. Et quelles sont les victimes? Ce sont ordinairement pour la plupart des jeunes gens de vingt-cinq à
trente ans qui viennent à Paris pour se perfectionner dans
les arts et les sciences, et dont les moyens d'existence sont
souvent assez précaires. Nourriture de mauvaise qualité,
mauvaise boisson, il n'en faut pas davantage pour altérer
la., santé. Si on pouvait parvenir à roumir à bon marché
dans la capiLale une eau pme, limpide, stomachique, ne
détruirait-on pas, ou au moins ne paralyserait-on pas en
partie une des causes les plus puissantes de maladie? C'est
un problème que sous peu nous allons résoudre bien plus par
humanité que par intérêt. La civilisation, en forçant les
hommes à se concentrer sur un même point, a servi leur·cupidité et leur intérêt au détriment de leur santé. Que ceUe
même civilisation porte à sou tour un remède aux maux
'Ju'elle a engendrés; que nos chemins de fer ne soient pas
seulement employés à transporter d'un point à un autre,
avec la rapidité de l'éclair, les produits de l'industrie, ou
à satisfaire la curiosité oisive des touristes, mais qu'ils
servent encore-à portel' au milieu des populations tous les
éléments de bonheur que donne la san lé.
Nous avons, nous sommes-nous dit, dans notre vallée
une source qui exerce sur l'homme, à l'état de santé et de
maladie, des eITcls bienfaisants : que celle source, par
l'intermédiaire des chemins de fer, profite au plus grand
nombre, et que ce soit au prix d'un modes le tribut, qui
ne puisse être onéreux pour personne.
l.'IN DE J,A 1'J\llJlIJÈRE l'AIlTJll.
�APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES
DES
EAUX: DE SO UL TZ MA TT
DANS LE TRAITEMENT
DE CERTAINES MALADIES.
--.
1)EUXIÈ~m
...PARTIE.
Toutes les théories que nous avons invoquées, toutes les
recherches physiologiques auxquelles nous nous sommes
li vrés sur l'action des eaux de Soultzmalt, seraien t stériles
si, comme nous l'avons plus d'une fois fait pressentir, clles
n'avaient des applications lhérapeutiques nombreuses. Il nous
reste donc, pour complé ter notre travail, à dire quelques
mols des maladies qui peuvent être traitées avec succès par
nos eaux gazeuses alcalin es, et à choisir, parmi les observations que nous avons recueillies , celles qui nous paraisscut
les pIns dignes d'intérêt ct les pIns propres à faire apprécier
le m6rile d, 1105 SOl1rces .
.
�87
CHAPl1RE PREMIER.
I)e l'eltlilloi des eaux de Soultz ... a" dRUS leM
eOllges'iolls.
Les caux minérales sont appelées, non à guérit' toujours
des maladies, mais à détruire certaines dispositions morbides, qui, à la longue, finissent par compromellre lentement le jeu des organes, et amener insensiblement les affections chroniques, qui n'ont pas, comme on l'a dit si souvent, l'inflammation pour unique point de départ. C'est à
notre avis une des plus belles applications thérapeutiques
des caux minérales.
On n'a peut-être pas assez étudié l'influence qu'exerce
la congestion dans la production d'un grand nombre de
maladies chroniques; le peu d'étendue de cel ouvrage ne
nous permeL pas d'aborder très-largement ce sujet.
La congestion esl une accumulation passagère et insolite
de sang dans le réseau capillaire. Elle tienl1 0 à une irritation
soit générale, soit locale; 2 0 à un défaut Je tonicité des
,'aisseaux; 3° à Ull obstacle mécanique; 1,.0 à la composition du liquide qui circule dans les vaisseaux.
Que ce soill'une ou l'autre de ces causes qui viennenl
à agir, il en rr.sulte des affections pathologiques chroniques
très -différentes, et qui devront être attaquées dans Jeur
point de départ, plutôt que dans les symptômes qu'eUes déterminent.
S;
1or. Pseudochlorose. Congesh'olls et névroses des capillaires
artériels.
Chaque année sc présentent dans les différents établissemenls de bains un certain nombre de personnes et surtout
de femmes, offrant une série de symptômes variés qu'ou
�88
ne peut rappor ter à aucune lésion organi que, à aucune
malaJi e décrite par les auteurs , et qui ont généra lement
résisté à tous les t!'aitements mis en usage, Ayant souven t
observé des cas de ce genre, je vais cherch er à en esquisser
rapidem ent le tableau. Ces quelques lignes ne seront , je
l'espèr e, pas inutiles aux médecins praticiens.
Sous l'influence de causes variées et souvent insaississables,
la santé se détériore, des troubles fonctionnels sc manifestent.
Dire le momen t où celte disp'osition morbide a comme ncé,
est souvent impossible. Au début cependant, les battem ents
{ju cœur prenne nt une énergie inaccoutumée qui se communiqu e à tout l'arbre artérie l et produisent des pulsations
fatigantes dans tons les vaissea ux; mais celle activité vitale
n'est pas continue, elle ne se l'ail sentir qu'à certaines heures
du jour, surtout dans l'après -midi. C'est un vérilab le paroxisme fébrile , qui Il' existe pas le matin, et dispara it ordinaire ment vers le soir. Dans ce momen t, le pouls bat avec
force, il est plein el rapide , la face se colore , la tête devient chaude et brûlan te; une chaleu r anormale envahi t les
extrém ités; des épistaxis sont fréquentes, En un mot, le
malade éprouve presque tous les symptômes d'une fièvre
inl1ammatoire éphém ère (fièvre angéïoténique).
Le sang, tiré des vaissea ux, est souvent riche en fibrine,
et se couvre quelquefois d'une couenne inflammatoire. Des
accès, tels que ceux que nous venons de ùécrirtl, se renonvellent irrégul ièreme nt et avec plus ou moins d'intensité , suivan t certaines causes que nous examin erons plt~s
tard.
1\ faut le dire, ces premie rs symptômes aUiren t à peine
l'attention du malade et du médec in, parce qu'on les attribu e
avec raison, sous certains rappor ts, à. l'âge de pubért é ou
à des causes puissantes, agissant sur le système nerveu x et
circula toire; on les néglige , el rareme nt ils sont traités à
leur début. Mais bielltôt survien t une série de phénomènes
�89
plus apparents, l)lus palpables, qui font ouvrir les yeux;
ceux-là ne peuvent plus nous échapper, ils sont devenus
canictéristiques.
Comme a dit BROUSSAIS, «la surexcitation et la conges\( tion morbides, actives ct partielles, sont compatibles avec
«la diminution gônérale de la somme de la vitalité. La di«( minution partielle de la vitalité entraîne toujours celle de
«la nutrition. Aussi à l'état d'excitation succède la langueur, la faiblesse, le dépérissement; les joues l'estent
quelquefois colorées, surtout par instants et sous l'influence
de la plus légère émotion; mais le fond du teint est décoloré,
d'uu blanc mal ou jaunâtre, le carmin des lèvres disparaît,
on dirait une véritable chlorose. Comme dans la chlorose,
en efl'et, il Y a des céphalalgies partielles, des névralgies de
différents organes, de la gastralgie, de la rachialgie, des
bystéralgics, des névralgies intercostales, etc. , de l'essouffiement.
Dans la chlorose véritable, il n'y a pas de fièvre; le pouls
('st rarement irrégulier, petit, misérable, et dans un autre
moment bien développé. On entend le souffie carotidien qui,
dans la pseudochlorosc, manque le plus souvent; cependant, je dois dire que je l'ai quelquefois rencontré. La région du foie, de l'estomac n'est pas douloureuse ou sensible
à la pression; l'appétit, dans la chlorose, persiste le plus
souvent; tandis que dans la maladie qui nous occupe,
les fonctions digestives sont rarement dans leur état d'intégrité, l'estomac supporte mal les aliments succulenls,
les toniques eL les excitants fatiguent, le vin cL les alcooliques inspirent souvent du dégoùt et sont nuisibles; il Y a
de la soif, une grande propension pour les boissons acides;
les gcnçi.ves ne sont point pâles comme aans la chlorose, la
langue est rarement ~eLt,
sa pointe est couverte de .papilles rougeâtres, elle a Ulle grande tendance à la SC'chel'esse.
l)
�DO
Généralement toutes les fonctions digestives s'exécutent
lllal; il Y a paresse intestinale, constipation; les malades
se l)laignent de battements artériels dans le ventre.
Les fonctions génératrices se troublent; chez la femme,
les règles, souvent trop abondantes au début de la maladie,
diminuent bientôt ou disparaissent entièrement, les désirs
se pervertissent ou même s'éteignent. Des pertes blanches,
la stérilité che7; la femme, l'impuissancs chez l'homme; chez
l'un et chez l'autre, la perte de la gaîté, une humeur fantasque avec quelques éclairs passagers qui rappellent le caractère d'autrefois, ct qui ne paraissent que sous l'influence
d'une excitation fébrile: tel est le triste et rapide tableau
de cette maladie, dont l'origine est souvent insaississable.
On dira peut-être que cette affection n'est que la chlorose à son plus haut degré. Je sais que l'École italienne a
voulu confondre ces deux maladies. mais nous ne pouvons
guère admeUre celle manière de voir. La chlorose véritable
n'existe que chez les jeunes filles; chez elles, la maladie
que nous décrivons est rare; cependant elle peut se rencontrer. Nous savons bien qu'on a admis une foule de variétés de chIo l'oses : ce que la théorie peut admettre, la
pratique le rejette ici, et avec raistm.
Cet état nous parait, d'après quelques recherches ana tomo-pathologiques, tenir à une subinflammation du sang
et à la congestion des capillaires artériels, sous l'influence
du système nerveux cérébro-spinal et ganglionaire.
Tous les organes, ce nous semble, fonctionnent mal,
parce que les uns reçoivent trop de sang, et que d'autres
peut-être n'en reçoivent pas assez; l'équilibre. si important
pOUl' que toute la machine fonctionne avec ensemble, est
rompu. Le système nerveux d'une part, le système sanguin de l'autre, paraissent se contrarier mutuellement; le
sang irrite les cenlres nerveux, ces mt'lmes centres impriment
à la circulation des perturhations nombreuses. C'esl ,ainsi
�!H
«lue naissent celle foule de symptômes variés, véritables
proLées où la science se trouve en défaut, pour leur assigner
une' place bien marquée dans le cadre nosologique et, ce
qui est plus fâcheux encore, laissent le médecin dans un état
d'hésitation et souvent d'impuissance.
Il peut bien y avoir quelquefois inflammation de la membrane interne du cœur et des vaisseaux, sans que l'anatomie pathologique ait pu confirmer celte conjecture. C'est que
celte affection, à · son début, n'entraîne pas la mort, el
lorsque, par une suite de péripéties, elle a profondément
miné la constitution, il ne reste I)lus que l'état cachectique.
00 pourrait cependant) dans les travaux de l'École italienne
sur la chlorose, trouver quelques autopsies qui tendraient à
démontrer l'exisLence d'endocardite dans les cas qu'elle considère comme des chloroses simples.
Les causes qui amènent cet état sont très-variées; nous
t'iLerons les plus fréquentes : les chagrins assez vifs pour
troubler profondement toute l'économie, les ennuis domestiques, la trop grande continence comme l'abus des fonctions de la génération, surtout l'habitude de la masturbation, l'usage immodéré des boissons alcooliques, un travail
€xcessif, les idées et les pratiques religieuses mal dirigées,
l'amour contrarié, etc., etc.
Voici, d'après notre expérience, la manière la plus avantageuso de combattre ccl élal maladif pour lequel nos ouvrages de médecine nous offrent si peu de ressources.
La saignée. employée au début, serait peut-être un des
moyens les plus efficaces pour combattre la maladie, mais
on n'est ordinairement consulté qu'à une époque où l'état
de faiblesse la rendrait préjudiciable.
l'employer, la médication qui réussit
Quand on ne pcu~
Je mieux, est celle des caux gazeuses alcalines non ferrugineuses. Elles rendent le ton à l'estomac, facilitent les digestions eLatlafjUent le mal à ·sa source, en détruisant l'état
�t2
subinflammatoire d'après le procédé que nous avons indiqué,
en parlant de l'action de l'acide carbonique et des alcalis,
principes prédominants dans les eaux de SoultzmaU. Ce
premier effet atteint, les fonctions se régularisent, la nutrition et l'assimilation cessent de languir, la menstruation devient plus facile, le système de la veine-porte fournit de
nouveau à la circulation générale les principes de la vie et
de la santé.
Je sais bien que ces e~p1icatons
seraient sans valeur pal'
elles-mêmes, mais la pratique est yenue en confirmer la justesse. Je veux à mon tour l'étayer par quelques observations recueillies ùans notre étahlissement.
OBSERVATIONS. Trois jeunes abbés sortis récemment du
séminairo vinrent à des époques difl'érentes à Soultzmatt. Je
réunis ces observations, parce qu'enes présentent beaucoup
d'analogie.
Ils avaient passé trois ans à se livrer il des - études sérieuses; leur vie avait été très-sédentaire et très-laborieuse;
les pratiques religieuses d'une part, de l'autre, les émotions
inséparables du sacrifice qu'ils avaient accompli avaient porté
.
une atteinte profonde à leur santé.
Ils étaient pâles, amaigris, toujours fatigués; ils marchaient le dos voûté, quoique le plus âgé d'entre eux eût
à peine vingt-six ans. Tantôt ils se plaignaient de bourdonnements d'oreilles, de céphalalgies parlielles, de vertiges, de resserrement de la gorge, de perte à'appétit. La
langue étaÏl naturelle, quelquefois un peu sèche; les digestions.se faisaient mal; il Y avait souvent des renvois acides,
de la pesanteul', du ballonnement du ventre, des constipations, des douleurs dorsales, des douleurs dans les membres,
des fourmillements dans les extrémités. Le pouls était hahituellement normal le matin; après le repas il devenait
at.:céléré; la face était plus ou · moins colOl'ée, et ces maJades, dont le cœur ballait iOllvelll avec force, é}H'ouvaient
�95
un élat d'anxiélù indicible. Le sommeil était quelquefoi»
calme, d'aulres fois très-agité.
J'appris alors que ce genre d'affections n'était pas rare
chez les jeunes ecclésiastiques à l'époque de leurs études au
séminaire, et je dois dire que je rai plusieurs fois rencontré depuis, surtout chez ceux qui avaient passé leur preIl,lière enfance à la campagne.
Je conseillai à ces malades de commencer la cure en buvant l'eau, en prenant des bains presque froids, et en se
donnant beaucoup de mouvement par des promenades même
fatigantes. Elle fut parfaitement supportée et amena promptement la guérison.
J'ai cherché à m'expliquer chez ces malades les bons
effets des eaux de Soultzmatt. L'acide carbonique, me
suis-je dit, a exercé une action sédative sur le système
nerveux ct circulatoire du sang. Les alcalis ont excité les
fonctions digestives, détruit l'acidité de l'estomac, activé la
sécrétion de la peau, ct imprimé par le foie des modifications à la circulation de la veine-porte, qui était languissante.
'
OnSEllVATION. Mademoiselle X .... , personne de trentecinq ans, avait passé par toutes les tribulations d'un célibat, que le cœur n'accepte qu'avec peine et que la société
tourue en ridicule. Jeune, jolie, difficile autrefois, elle n'avait
pu fixer son choix, et il était un peu tard pour choisir quand
elle s'aperçut de la faute qu'elle avait commise. Privée de ses
illusions, abandonnée peu à peu par le monde qui jadis
l'avait recherchée, clle tomba dans la tristesse et l'isolement;
sa santé se détériora, elle eut des congestions passagères
vers la tête, un état d'excitation fébrile sc manifesta bientOI, ses joucs pâlirent, elle maigrit; et il trenle-cinq ans,
à cel âge ou la femme est attrayante par sa force ct son
aplomb, où elle possède peut - être des attributs qui la
l)]acent dans l'esprit de beaucoup d'hommes au - dessus
�94
~
ùe la jeune fille, elle semblait marcher vers une précoce
vieillesse. Je n'essaierai pas de décrire én détail la foule
d'infirmités dont elle était atteinte: vertiges, pesanteurs
vers la tête, douleurs le long du dos, douleurs intercosfourmillements des
tales, tiraillements dans les me~brs,
extrémités inférieures, spasmes, troubles de la vue, gêne
dans la mâchoire, bourdonnements d'oreilles, baltemen(s
du cœur, ilTégularité du pouls, douleurs précordiales,
douleurs du côté de l'estomac et du foie, digestion souvent , difficile, tantôt appétit vorace, lantôt dégoût des alimenls, menstruations irrégulières et douloureuses, quelquefois leucorrhée; . nuits tantôt bonnes, tantôt troublées par
des cauchemars ou des insomnies. Je n'ai fait qu'éb:lllcher
rapidement ces symptômes variés qui, s'étant successivement surajoutés les nns aux autres, faisaient de la vie de
celle jeune femme un véritable supplice.
Comme on peut le prévoir, la médecine eut peu de prise
contre celte maladie, et la malade, faliguée de son médecin
autant que le médecin était fatigué de sa malade, vint, d'après son conseil, à Soultzmatt. Le dirai-je, bientôt eut lieu
une véritable m6tamorphose, à laquelle le beau site de
notre pays, les distractions que donne la société, n'curent
peut-être pas la moindre part. Bientôt nous pûmes consta(,el' les heureux effets du traitement. Le système nerveux ct
circulatoire se calmèrent, et nous vîmes, l'un après l'aulre,
disparaître tous ces symptômes qui jetaient le trouble dans
l'économie. Au bout de quinze jours déjà, la jeune femme,
fraiche, gaie, spirituelle, avait remplacé cet être que nous
avions reçu pâle, maigre, presque décharné, et dans un état
de torpeur physique ct morale.
C'est que l'acide carbonique avait calqlé le système nerveux, c'est que le sang avait repris s,on libre eours, et que,
sous l'influence des alcalis, la veine-porte, retrouvant ses
fonctions, la digestion était redevenue e'Xcellente. Puisse
�celle observation fixer l'allention des médecins; ils s'épargneront bièn des tribulations, bien des ennuis, et ne mettronl pas leur réputai~n
en 'jeu en venant combaLLre des
maux contre lesquels la médecine pharmaceutique est impuissante. Ce sont là des malades qui, de droit, appartiennent aux eaux du genre de cenes Je Soultzmatt.
OBSERVATION. Mademoiselle, B. .... , âgée de trente-trois
ans, nièce d'un curé du Bas-Rhin, vint à Soultzmatt pr(~
sentant des symptômes assez analogues à ceux que nous
venons de décrire' dans l'observation précédente. Son médecin avait épuisé à peu près toute sa science. Tantôt il la
faisait saigner, pour combattre des congestions momentanées qui semblaient ,devoir déterminer des attaques d'apoplexie, tantôt jlu~
donnait du fer et d'autres toniques pour
relever les forces; car il arrivait souvent à la malade de se
plaindre d'une faiblesse extrême; alors le pouls qui, quelques jours auparavant, avait été plein, vibrant, devenait
faible et filiforme. Découragé par l'emploi de tant de traitements inutiles, son médecin l'envoya à Soultzmatt. Au
Lout de dix jours, l'amélioration était tellement remarquable, que cette malade se crut guérie , Ses affaires, peut-être
u,n peu de nostalgie, la firent quiller les bains au moment
où elle était sur le point d'obtenir une guérison solide;
mais, infléxiblc dans sa détermination, cUe retourna chez
elle. Le mieux ne s'est continué que pendant quelques mois,
comme nous l'avions prédit. Celle personne n'a, à la vérité,
pas recouvré sa santé dans notre établissement, mais elle
en est partie bien convaincue que Soultzmatt est le lieu où
tôt ou tard elle pourra, quand elle le voudra, trouver sa
guérison.
Les eaux qui contiennent du fer ne conviennenl pas dans
les cas de ce genre, Voici deux observations recue.illies par
M. le docteur nACll, qui viennent il l'appui de cetle manière
de voir:
�H6
1
Je me trouvais à Griesbach, lorsque je fus consulté par
Mad. S .... , de Mulhouse '. pour sa fiUe, jeune personne,
qu'on envoyait ~ ces eaux pour la guérir de pâles couleurs
qui avaient resislé aux préparations ferrugineuses et aux
traitements les mieux institués, mais tous dirigés d'après
ce diagnostic. On avait même, en passant par Strasbourg,
consulté un médecin inslruit qui lui avait aussi conseillé les
eaux de Griesbach. Le traitement fut religieusement suivi,
et eut pour résultat de jeter la malade dans un état d'excitation indicible. A mon arrivée, on me pria de vouloir
bien donner mon avis sur cc qu'il y avait à faire. Je n'eus
pas de peine à reconnaître la maladie que je viens de décrire. J'envoyai cetle jeune personne à Uippolsau , source
voisine, qui est bien moins ferrugineuse; j'ordonnai le petit
lait. Au bout de huit jours. les accidents causés pal' l'emploi intempestif des eaux de Griesbach élaient calmés; un
mois suffit pour amener une améliora lion notable. S'ils avaient
apprécié à leur juste valeur les eaux de Soultzmatt, les
médecins qui donnèrent des soins à celte malade auraient
pu , sans beaucoup l'éloigner de chez elle, lui procurer une
guérison rapide: car nos eaux, dans ce cas, sont préférables à celles de Rippolsau. Mais, encore une fois, nul
n'est prophète dans son pays.
OnSEIlVATlON. Mademoiselle L .... , de Strasbourg' , âgée
de dix-neuf ans, grande, svelte, d'un tempérament lymphatique ct sanguin, comme on le rencontre si souvent en Alsace, avait toujours joui d'une bonne santé; elle était hiell
menstruée, et n'avait présenté aucun symptôme de ehlorose.
Vers le printemps de celte année, elle éprouva la plupart
des symplômes qui caractérisent la maladie que nous venons
de décrire. Elle avait du souffie carotidien et même du souffie
cardiaque. Le pouls s'élevait quelquefois à 150 pulsations
après les repas ou à la suite de l'émotion la 1)1u5 légère.
Les nuits étaient agilées; il Y a,'ai l, vers le matin, des
�97
sueurs abontlantes; l'appétit avait fléchi, la faiblesse était
extr.ême; le moral était dans un granù abattement. Cette
malade, que j'avais autrefois traitée, se trouvant accidentellement à la campagne, dut consulter un autre médecin:
il prescrivit le fer. Peu de jours après son administration,
le mal augmenta. Les préparations martiales furent tellement mal supportées qu'on se hâta d'y renoncer. Je fus
alors consulté pour faire cesser l'état d'excitation, qui était
arrivé à son apogée. J'aurais hien désiré recourir à la ' saignée; mais la dépression des forces m'empêcha ici d'employer ce moyen, qui, dans le principe, certainement aurait
été le plus efficace. Je prescrivis un régime lacté, qui fut
mal supporté, puis les acides, l'eau de laurier-cerise, à haute
dose, et l'eau ùe Soultzmatt. Des raisons, qu'il serait trop
long de détailler, me forcèrent de ne conserver que ces deux
derniers moyens. Je donnai des bains alcalins et émollients.
Au hout de peu de jours, l'état d'excitation diminua. Le
souille carotidien. l'élévation du pouls, devinrent moins
intenses. En un mot, cette prétendue chlorose s'évanouit.
Le fer aurait tué cette malade. Un régime doux, calmant, des préparations hyposthénisantes, l'eau de Soultzmatt, surtout, amenèrent la guérison. Ces deux observations
m'engagent à tlire quelques mots sur les cas de chlorose
où il convient de recourir aux eaux de Soultzmatt, ne
pouvant assez engager les praticiens à se défier de ces
états chlorotiques douteux, pour lesquels les préparations
martiales et les caux ferrugineuses son t un véri table poison.
DE 1.;\ CIlLOROSE VRl\IE (1);\LES COULEURS).
La chlorose est une affection qu'on ne rencontre li"anche
que chez les jeunes 'filles à l'âge de la puberté ; car lorsque
des symptômes simulant la chlorose sc manifestent chez des
on pellt
personnes plus âgées ou chez des femmes m~riées,
7
�D8
à peu près être certain, comme nous l'avons déjà tIit,
qu'on a affaire à une maladie d'un autre genre.
La chlorose tient à un vice de l'hématose et à une diminution de la partie rouge du sang et de la fibrine. Ses caraetères les plus tranchés sont indiqués dans tous les
ouvrages : nous n'avons pas à nous en occuper.
Les eaux de Soultzmatt ne sont peut-être pas les plus
efficaces dans les affections chlorotiques exemptes de toute
complication: pour celles-là c'est le fer et les eaux minérales
fermgineuses qui conviennent par excellence.
Mais lorsque la chlorose atLeint des sujets dont la constitution ne permet pas l'emploi des ferrugineux, ou que la
durée de la maladie a porté une atteinte plus ou moins
profonde aux organes digestifs; au système n~rveux,
ou,
ce qui n'est pas rare, qu'en abusant des ferrugineux, on ait
détérioré tout l'organisme et déterminé des congestions locales
sur différents organes, on trouvera dans les eaux de Soultzmatt un des moyens les plus précieux pour obtenir la guéflson.
alleint
La chlorose, comme on n'cn a qne trop d'ex~pls,
bien souvent les jeunes filles dont la poitrine est délicate,
ou qui sont scrophuleuses. Souvent même cette ehlorose
cache à un œil qui n'est pas hien exercé les prodromes de
la phthisie pulmonaire. Cet état morbide est parfois critique,
et doit être respecté par le médecin; je dis plus, ce n'est
qu'en cherchant à imiter, par une médication appropriée,
ce que quelquefois fail la natnre, qu'il peut arrêter la
marche de la phthysie galopante. L'administration des préparations ferrugineuses ne tarde pas à amener de l'excitation fébrile. de la toux. des congestions pulmonaires, des
hémoptysies. Dans les cas de ce genre, les caux de Soultzmatt, qui sont hyposthénisantes, nous ont paru être fort
utiles; elles arrêtent le travail d'excitation, et produisent
une espèce de chlorose artificielle.
�Si la poilrine est compromise, nous conseillons le petit
lail. Nous avons aussi, dans ces cas, employé l'eau balsamique (cachet rouge), surtout quand les menstrues étaient
trop abondantes, ou qu'il y avait des hémorrhagies nasales
qui compromettaient les forces. Ce traitement, sans doute.
n'attaque pas directement la chlorose, mais il met les malades dans dcs cond itions très-favorables pour la guérison.
L'air excellent de notre vallée, une nourriture substantielle,
des promenades à âne dans nos forêts de sapins, agissent
d'une manière bien plus avantageuse que ne l'eussent fait
des eaux ferrugineuses, dont J'activité pouvait devenir funeste. Les guérisons que nous oMenons chaque année sont
une preuve de plus qu'il ne faut pas toujours employer le
fer contre la chlorose. Détrui['C la cause qui amène ou entretient celte affection, c'est se placer dans la voie la plus
sûre pour la combaltre victorieusement.
Lorsque la chlorose a résisté aux préparations ferrugineuses, qu'elle s'est reproduite souvent, ou qu'on a, si je
puis m'exprimer ainsi, saturé de fer les individus, il vient
ordinairement un moment où ces préparations n'agissent
plus contre cette maladie. Bien plus, ce médicament exerce
le plus fâcheux effet SUl' la santé. Les digestions sont difficiles, la langue est sèche, l'estomac sensible, souvent il y a
des vomissements, perle complète d'appétit, constipations
.opiniâtres, état fébrile, congestions locales, hémorrhagies.
Les eaux ferrugineuses triomphent rarement d'un étal
semblable. Les eaux gazeuses alcalines sont, au contraire,
d'une utilité réelle. Elles rétaùlissent les organes digestifs;
les digestions deviennent plus faciles; quelques purgatiJs
salins sont utiles pour faire cesser les constipations; mais il
n'est pas rare de voir les selles se l'établir d'elles-mêmes,
et l'état d'excitation ct de congestion locale disparaîh'e.
ÛnSERVATION. Mademoiselle X .... , de 1-1.. .. , âgée d~
"ingt-deux ans, ét.ai t chlorotique depuis trois ans, ct avait
�'1 00
pris lIDC énorme quantité ùe l'cr, Il'cn obtenant jamais
qu'un mieux momentané, qui se manifestait par plus d'énergie et pal' moins de pâleur. Mais dès qu'elle cessait ce méùicament, les pâles couleurs reparaissaient. La menstruation
était presque nulle; on percevait le souille carotidien. Les
organes digestifs étaient tellement détériorés, que la malade
ne supportait qu'avec peine les aliments les plus légers; la
langue était rouge à la pointe; il Y avait des constipations
opiniâtres, un état de tristesse indicible. La malade fut
envoyée à Soultzmatt, où elle but pendant quatre semaines
les eaux, prit des bains frais, fit beaucoup de promenades.
L'appétit revint, toutes les fonctions commencèrent à reprendre leur force et leur intégrité; la chlorose disparut,
la menstruation se rétablit, et la malade a quitté l'établissement dans un état de santé parfaite. (B.)
Une des complications les plus fréquentes dans la chlorose
est la névrose de l'estomac ou d'autres organes. Lorsqu'elle
n'est pas portée à un haut degré, les eaux ferrugineuses,
qui toutes sont gazeuses et alcalines, peuvent parfaitement
convenir. Mais combien ne voit-on pas, chaque année, de
malades qui fréquentent ces sources, ne pouvoir supporter
ces eaux qu'avec la plus grande difficulté, et encore en les
prenant en quantités tellement faibles qu'eUes cessent d'être
efficaces. Nous connaissons des malades qui, après quinze
jours de traitement, n'avaient pas pu alTi ver à boire un
verre entier d'eau ferrugineuse. Il aurait souvent fallu deux
mois de séjour aux eaux l)our arriver il quelque résultat, et
on sail que malheureusement la saison est pour la plupart
des personnes limitée il vingt-un jours, à un mois au plus.
Le médecin qui prévoit la possibilité d'un pareil contretemps dans une cure, devrait, ce nous semble, choisir de
préférence une eau capable de rétablit' les fonctions digestivcs, sauf il recourir plus tard à UDe source plus active
dans cc genre de maladie. D'aillcurs nos eaux mettent pres-
�101
que toujours les chlorotiques en étal de pouvoir supportm'
le fer: il n'est pas rare que, vers Ja fin de la cure, nous y
recourrions avec beaucoup de succès.
Bien souvent, dans la chlorose, il y a des leucorrhées ou
des menstrues trop abondantes. Ce sont deux causes fréquentes qui entretiennent le mal et entravent les traitements.
Depuis la découverte de l'eau balsamique, nous combattons
ces deux affections par ce nouveau moyen, sans cependant
pour cela cesser l'usag'e de l'cau minérale. L'eau balsamique, comme M. An NOL]) le démontre dans un mémoire
sur ce sujet, tarit les leucorrhées les plus rebelles tant qu'elles
ne sont pas entretenues par une lésion organique. Elle a
aussi une action pui'ssante sur les menstrues trop abondantes. Nous engageons les médecins à lire dans cet ouvrage
sur l'eau balsamique le chapitre dans lequel il est traité de
ce genre d'afrection.
§ 2. De la prédominance veineuse (status venosus, erMhte Venosital des Allemands). entraînant des congestions veineuses
vers le {oie et le système de la veine-porte, le cerveau et
d'aut1'es organes. États morbides que ces congestions déterminent. Action des eaux de Soultzmatt.
Nous venons de voir l'effet fàcheux des congestions locales dans le système capillaire artériel. Quelque ' chose
d'analogue a lieu pour le système veineux, mais amcne
d'autres symptômes. Comme dans le cas précédent, cet élat
dn système veineux n'est pas dans le principe une maladie,
comme le fait très-bien observer M. le docteur l(ullN. Cc n'est
qu'une simple disposition morbide, de laquelle peuvent naître
une foule d'affections diverses, de symptômes variés. Voici
en quels Lermes ce médecin si distingué s'exprime sur cc sujet.
«Cet état, assez peu étudié en l<'l'ancc, où l'on sc dôbat en«core d'une manière lrop exclusive dans le cercle Ile l'il1'i-
�'1.02
«talion, a fortement alliré l'allenLlon des médecins alle«mands. Il dépend d'une hématose imparfaite, et consiste
«non-seulement dans une prédominance quantitative du sang
«veineux sur le sang artériel, mais encore et surlout d'une
«prédominance qualitative, ce qui veut dire que les carac«tères du sang veineux prédominent dans toute la masse
«sanguine. En effet, le sang veineux ne se transforme plus
«qu'incomplétement en sang artériel; ce dernier conserve
II plus ou moins les caractèl'es du premier, et ne perd pas
(( tout le carbone et tout l'hydrogène dont il devrait être dé«barmssé pour que l'hématose artérielle fùt entière et com«pIète. La cause d'un pareil désordre gît le plus souvent
«dans l'organe sécréteur de la hile.» De fait, tantôt c'est
le foie, tantôt c'est le poumon, le rein ou la peau qui,
remplissant incomplétement les fonctions qui leur sont départies, laissent séjourner dans la circulation générale des
principes qu'ils étaient chargés d'éliminer. De plus, ces
organes, quoique dans leur intégrité physiologique parfaite,
peuvent, par les conditions dans lesquelles l'homme est placé,
rencontrer des obstades qui contrarient leur action. Que l'air
soit vicié, peu riche en oxigène, comme nous l'observons pal'
les chaleurs excessives, le poumon ne reçoit pas assez d'oxigène pour décarhoniser le sang. Qu'une nourriture trop succulente, trop substantielle, trop riche en principes sucrés
arrive au foie par le système de la veine-porte, l'élaboration
départie à cet organe est incomplète, et le sang reçoit des
éléments qui, pônétrant dans la grande circulation, déposent
dans l'économie des principes nuisibles à l'équilibre général
indispensable à la santé (voir pages U" 53).
La paresse corporelle, si fréquente chez ceux qui abusent
d'une nourrilure sucr.ulente eL substantielle, les empêche,
surLout en été, lie sc livrer à certains exercices qui activeut
la circulation hépatique ct le jeu du poumon, de sorte que
ce sont ceux qui dcvraienl se ùonner le plus de mouvement
�105
qui s'en dOllnen( le moins. De cc défaut d'action LlaÎt l'obé.
sité cl les phénomènes de congestion veineuse que nous
allons décrire.
Les symlltômes les plus fréquents de la prédominance
veineuse sont une lenteur et une gêne de la circulation,
donnant lieu il des stases sanguines, des pléthores partielles,
surtout dans le foie el la veine-porte, fréquemment aussi
dans le cerveau et le poumon et dans d'autres organes; de
la des hémorrhoïdes, des congestions du foie, de la tête, de
la poitrine, des engorgements passifs, des dilatations variqueuses, etc.
La dyscrasie veineuse produit encore une foule de désordres dans le système nerveux, des accidents hypocondriaques, mélancoliques, des névroses gastriques, des symptômes paralytiques; elle est souvent l'origine du vice arthritique et de la gravelle" comme nous l'avons dit ailleurs
(page 58).
«Les individus qui en souffrent présentent plus ou moins
leur
«l'habitude cholérique, mélancolique ou phl~gmatique;
« teint est ordinairemeut brun-jaunâtre; la peau sèche, peu
«disposée à la transpiration; les cheveux foncés; le pouls
«est le plus souven t l'are, plein et parfois irrégulier; la
1( langue presque toujours blanche, gonflée, laissant voir l'im({pression des dents; l'appétit souvent prononcé, quelquefois
<rcependant variable j la soif peu marquôe; les urines rares
«et foncées; les selles peu fréquentes, plus ou moins solides,
«desséchées et brunâtres.}) (KUIJN).
Mais disons-le de suite, ces signes sont loin d'être constants, car lorsque cct état n'est pas héréditaire, mais
qu'il esl acquis par les écarts de régime que nous avons signalés, on ne retrouve pas tous les caractères qui viennent
d'être indiqués; alors, le plus souvent, la face est colorée
et a une teinte bleutltre qui prouve que l'hématose est
entravée et incomplète.
�104
Comment nos eaux peuvent-elles être utiles dans la congestion veineuse? C'est en agissant sur le système de la
veine-porte et sur la sécrétion urinaire, comme nous l'avons
démontré lorsque nous avons parlé de l'action des alcalis
sur le foie et sur les reins. (Page 1.. 4 et 53).
Dans les cas où la circulation est fortement entravée, et
lorsqu'on pourrait craindre de ne pouvoir modifier toute ]a
masse du sang, il sera inùispensable d'en diminuer immédiatement la quantÏlé par des émissions sanguines; les eaux
. agiront alors plus sûrement, et on n'aura pas à craindre les
effets primitifs du gaz acide carbonique contenu dans nos
eaux. (Page 31).
C'est une étude intéressante <tue de suivre l'effet des congestions veineuses sur les différents organes: elle a une haute
portée pratique, et les observations que je vais rapporter
prouveront mieux que toutes les idées théoriques les avantages qu'on peut retirer des eaux de SoulLzmatt.
L'état congestif à son début est à peine appréciable;
mais que les causes qui le déterminent viennent à agir d'une
Jllaniè're permanente, il en résulte un trouble général dans
toutes les fonctions, sans que souvent aucun organe soit
particulièrement affecté.
'
ÛnSERVATION. Malade presentant des congestions de la plupart des organes, traité avantageusement par les eaux alcalines.
- M. M ... , de Bordeaux. âgé de soixante ans, voyageant
pour une maison qui faisait le commerce de vin ùe Bordeaux
et de liqueurs, avait trop goûté sa marchandise en la faisant
autres. Il avait eu autrefois un excellent appôgoùler au~
lil, qu'il avait l'habitude de satisfaire aux meilleures tables
d'hôLe ùes villes où il passait. Jusqu'à l'âge de cinquante
ans, il se .'essenLit peu de cette manière de vivre; mais peu
f1 peu il 6prouva dcs congestions vers la tête, des éhlouissements, des verligcs; sa face et son nez surtout prirent la
teinle caraclüristique du gCIll'e d'excès auxquels il se Ih'l'ail.
�10i)
La circulation devint lente, quoique le pouls fùt plein; la
respiration était courte, ce qu'il alLribuait à son obésÏLé.
Il sè fit souvent tirer du sang; il éprouvait de la gêne
et souvent de la douleur du côté du foie; les digestions se
faisaient mal; il perdit· l'appétit, ce qui augmenta encore
sa propension pour les boissons fortes et les aliments de
haut goût. Il eut des hémorrhoïdes; la marche devint pénible, il avait des tiraillements dans les membres; les urines
• élaient chargées. Je lui conseillai des applications assez
fréquentes de sangsues à l'anus, l'usage du bicarbonate de
soude et des eaux alcalines artificielles, parce qu'il ne pouvait, en voyage, continuer les eaux de Soultzmatt, dont il
avait éprouvé les bons effets pendant un usage de quelques
jours, et surtout je l'engageai à renoncer à son régime trop
excitant. Il a suivi mon conseil: je l'ai revu depuis, et SOIl
état s'est beaucoup amélioré. (B.)
Si, continuant le régime qui avait amené cet état congestif, ce malade n'avait pas eu recours au traitement que
je lui ai conseillé, il est plus que probable que quelque
organe serait devenu le siége de l'un des Nals morbides
que nous allons décrire.
I. AFFECTIONS DU l'OIE.
Le foie, qui reçoit ses principaux matériaux de la veineporte, doit nécessairement être l'organe le plus menacé,
du moment où le sang qu'elle transporte n'est pas dans son
état physiologique parfait.
Nous avons indiqué théoriquement (pages lH et li.li.) quels
étaient les causes de viciation du sang de la veine-porte ct
fait pressentir les inconvénients qui en résulLaicnt pour le
foie. En même temps IlOUS avons posé, Cil nous fondant
sur la chimie, le mode d'action des alcalis, pour ramener le
sang à 'son élat normal. Voici des l'ails à l'appui de noIre
manièl'C de voir:
�106
Gêllc dans la cirClûation Itépatique. ConOnSEllVATION. gestions vers cet organe. Efficacite remarquable de l'cau dc Soultzmatt. - M. B., de Strasbourg, âgé de quarante-cinq ans,
d'un tempérament nerveux et bilieux, ayant le teint jaunâtre,
un peu d'obésité, un caractère irritable, se plaignait souvent
de douleurs vagues du côté droit; toute fatigue dans le jeu
du diaphragme; la lecture à haute voix, par exemple, avait
pour effet d'augmenter le mal. Il, me consulta, je ne pus
constater aucune augmentation notable dans le volume du
foie. Les digestions étaient assez laborieuses, surtout pour
le maigre; la viande était mieux supportée et ne donnait
lieu à aucun gonflement. Des ventouses furent appliquées;
plus tard j'ordonnai un emplâtre de vigo, et le bicarbonate de soude à l'intérieur; l'amélioration fut notahle, mais
elle ne persista qu'autant qu'on continuait le traitement.
Je conseillai alors l'usage permanent de l'eau de Soultzmatt, à jeun et pendant les repas. Chose digne d'être signalée, dès qu'une interruption est apportée dans l'usage de
l'eau de Soultzmatt, la douleur se fait sentir, mais à un degré fort léger. (B.)
Ici, comme on le voit il n'y a pas de maladie. Mais. en
abandonnant .à la nature une pareille tendance aux congestions hépatiques, n'a-t-on pas à craindre, par la suite,
quelque affection organique. C'est daus les cas de cc genre
que les effets des eaux me paraissent mériter toute l'attention du médedn; car il peut, par des moyens simples, prévenir des maladies chroniques, qui, si faciles à détruire à
leur début, présentent plus tarù beaucoup de gravité et
SOuvent sont au-dessus des ressources de l'art.
Quand la congestion Il duré un certain temps le foie s'engorge et peul devenir douloureux. Cet état entraîne des
tlésordl'es fonctionnels conlre lesquels les eaux de Soultzmall
peuvent êlre employés avec heaucoup d'avantages. Nous en
t'ilerolls plusieurs exemple.
�107
OnSJUlVATION. Engorgement dit {oie. Perte cl'appetil. Digestion des plus di{ficiles. Amat·grissemenl. Guérisonpar les eaux
cie Soultzmatt. - Madame M..... , de Strasbourg, âgée de
cinquante ans environ, avait autrefois cu une gastralgie Jonl
nous parlerons plus tarJ. Au mois de novembre 1851, clle
cut une arthrite aignë qui parcourut successivement toutes les
articulatioll5. A peine ce mal avait-il cédé, qu'il survint une
bronchite aiguë grave, à laquelle succéda un engorgement
ùu foie, facile à reconnaître il la percussion ct à la douleur
qu'on déterminait en touchant celle région. Des applications
ùe sangsues, des cataplasmes firent disparaître les accidents
inflammatoires. Mais les digestions restèrent difficiLes, il Y
avait une constipation opiniâtre qu'on ne pouvait vaincre
que par des I.lUrgatifs ou des lavements. Tout à coup surVint une hématémèse abondante qui jeta La malade dans
Un grand état de prostration.
J'attribuai cet accident à une difficulté dans la circulalion des veines hépatiques, car je connaissais un fait du
même genre, observé à la clinique de M. le professeur
SCllÜTZENDEUGEll; ce cas s'étant terminé pal' la mort, on
avait, à l'autopsie, pu constater la prés~nce
dt' caillots
oblitérant ces veines. L'hématémèse ne se reproduisit pIns;
mais les digestions restèrent difficiles, la constipation persista : je ne parvenais à La vaincre que par les purgatifs.
Après trois mois de malaùie, suivis d'une convalescence incomplète, je fus, dès que la saison le permit, heureux de
POUVOil' envoycr cclle malade à Soultzmatt. D'après les
idées théoriques que j'ai émises SUI' l'action de ces eaux, je
devais compter SUI' leur bon effet; dans celle circonstanco
je ne m'étais pas trompé. Un séjour de six semaines, pendant lesquelles la malaJe but l'eau de la souJ'ce et prit des
bains, amena Ulle guérison complète qui ne s'est pas ùéluentie. (n.)
OJJSEllVAl'lON. Madame Groshcitz, de Domach, âgée
�108
de quarante-cinq ans, avait un engorgement du foie, qu'il
était facile de reconnaître; le lobe gauche seul était voluruineux et scnsible à la pression; les digestions étaient difficiles, elle avait des constipations. Elle vint pour la première
fois à Soultzmatt en 1847; elle obtin t une améliora tion
notable, mais (',omme la maladie était assez ancienne, elle
crut, d'après les conseils d!:l son médecin, devoir de nouveau prendre nos caux. Elle vint pendant trois années consécutivement, resta trois semaines chaque fois à Soultzmatt,
où elle but l'eau et prit les bains: la guérison fut complète
et durable. (A.)
ÛnSERVATlON. - Madame V., de Beufeld, âgée de quarante-cinq ans, avait éprouvé des symptômes annonçant le
retour d'âge. Le foie s'était engorgé, les digestions étaient
souvent très-difficiles; il Y avait des signes évidents d'état
congestif; elle vint à Soultzmatt en 18 /,.7, Y suivit la cure
pendant trois semaines et guérit complétement. (A.)
ÛnsERvATION. -M. Smoll, d'Ûbm'cntzhcim, vint à Soultzmatt pour se débarrasser d'un engorgement du foie, paraissant tenir à la cause que nous venons de décrire ct qui avait
déterminé la pcrte complète de l'appétit et des digestions
très-difficiles, il était tourmenté de constipations opiniâtres.
Il but l'eau, prit des bains: les constipations disparurent
sans l'emploi des purgatifs, et il guérit après trois semaines
de traitemen L (A.)
Nous venons de citcr des observations dans lesquelles les
engorgements du foie ont disparu avec plus ou moins de
rapidité. Si notre manière de voir est exacte, nous croyons
pouvoir établir deux catégories d'engorgements du foie. La
première, qui a pour cause les congestions veineuses et l'altération du sang de la veine-porte. Dans ces cas tout l'organe est envahi, son volumc est quelquefois considérable,
rarement il est doulourcux, à moins que cet état n'ait amené
ulle inflammatioll subs('quc/lle. C· sont les engorgements
�{Of)
qui cèdent le plus rapitlemcut à l'usage de l'cau de Soultzmatt, parce que les alcalis contenus dans nos eaux ne tardent
pas, comme nous l'avons démontré, à modifier l'état du
sang de la veine-porte (page 44).
La seconde catégorie est celle où l'inflammation a été le
point de départ de l'engorgement: il est alors le plus.souvent
partiel, douloureux au début, il est même rare que la douleur ne persiste dans un point circonscrit avec plus ou
moins d'intensité. Les eaux de Soultzmatt ont dans les cas
de ce genre une action beaucoup plus lente, mais non moins
efficace. Elles agissent d'après le procédé que nous avons
indiqué en parlant de l'action de l'acide carbonique et des
alcalis sur l'inflammation et ses produits (page 38).
C'est ainsi que nous expliquons des fails dont M. DURANDFARDEL, en traitant des eaux de Vichy, n'a pas cru devoir
donner la solution.
A. Engorgement dtl foie avec ictère. - Parmi les symptômes
auxquels l'engorgement du foie donne lieu, l'un cles plus
sérieux est l'ictère. Nous n'examinerons pas ici par quel
mécanisme vital il pent sc produire. Lorsque cet élat morhide tient seulement à l'engorgement, il est curable à Soultzmatt, peut-être, aussi bien que par les eaux qui ont des
propriétés purgatives. Si Niederbronn a la réputation d'être
très-efficace coutre cc genre d'affection, cc n'est pas seulement 11arce que ses caux sont ])urgatives, mais aussi parce
qu'elles renferment des principes alcalins, assez analogues
il ceux qu'on trouve dans les eaux de SoulLzmatt. Dans ces
cas cependant, je crois qu'il est utile, contre l'avis de MÉGLIN, d'associer quelques purgatifs aux alcalins.
OUSEUVATION. Un jeune homme, âgé de trente ans environ, vint me consulter pour un engorgement du foie ct
un commencement d'ictère, qui se faisait reconnaître par
la coloration de la sclérotique et une légère teinte jaunàtl'c
de la peau. On lui avait fait inutilement prendre des !)ur-
�110
gatifs. Il prit le bicarbonate de soude, et fut guéri '1)ar ce
seul remède. Ce fait prouve l'utilité des principes minéralisateurs des eaux de SoulLzmatt dans les engorgements du
foie avec tendance à l'ictère. (B.)
OnSEltVATlON. 1\1. B.... , d'Éguisheim, âgé de cinquante
ans environ, était' atteint depuis plusieurs années d'un engorgement du foie, qu'on pouvait facilement reconnaître à
la percussion. Les digestions étaient difficiles; il Y avait
constipation. Tout à coup survint un ictère, qui résista aux
purgatifs. Il ,'int à Soultzmatt. Il y avait un an que ce
symptôme persistait; le malade avait beaucoup maigri,
mais n'avait point de fièvre, d'où je canclus que la maigreur tenait seulement au défaut d'assimilation. L'eau fut
prise à la dose de 8 à 10 verres par jour: elle eut un effet
légèrement purgatif. Bientôt, après quelques bains, l'ictère
disparut, mais l'engorgement du foie ne céda pas entièrement. Il aurait été indispensable, pour arriver à cc résultat,
que le malade restât bien plus longtemps aux eaux. (A.)
Dans des circonstances semblables, il faudrait" après une
cure ordinaire à l'établissement, prescrire l'usage de J'eau
pendant six mois et plus, avec quelques interruptions, pour
obtenir une guérison parfaite.
OBSERVATION. - Richtmüller, âgéde cinquante ans environ, habitant Soultzmatt, était, depuis plusieurs années,
atteint d'un engorgement du foie avec iClère, qui avait
résisté à tous les traitements. 11 était pauvre, ne vivait que
du travail de ses mains; la maladie le jeta dans la misère
la plus profonde. Je lui donnai tous les médicaments que
je croyais-pouvoir lui être utiles, mais son état ne s'étant
pas amélioré, je lui conseillai, en désesl)oir de cause, de
profiler de la facilité qu'il avait de sc procurer les caux de
Soultzmatt, et d'en boire ]llusieurs litres par jour. Mon avis
fnt suivi, et j'eus la satisfaction de voir, au bout de Irois
mois de IraÎtement, disparaître celle affection 'lui avait {'Ié
�Hi
si rebelle, ct aujourd'hui cc malade jouit d'une santé parfaite.
B. Engorgement du (oie avec hydropùie ascite. - Nous
avons- vu par quel mécanisme le foie s'engorge; que
ccL état soit porté au plus haut degré, il vient un moment où la circulation veineuse se trouve tellement entravée, que le passage dù sang à lra vers la veine-porte
est à pell près impossible. Or, toules les fois qu'une veine
principale est oblitérée, il arrive ce que nous observons
dans la phlébite, il se fait une infiltration séreuse; c'est là
la source de beaucoup d'hydropisies qui ne peuvent se dissiper que de deux manières différentes: 1 0 en rétablissant
le passage libre du sang qui momentanément ne pouvait
suivre son cours ordinaire; 2° en facilitant l'absorption du
liquide épanché, pour le soumettre à l'action éliminatrice
des émonctoires naturels du corps.
L'eau de Soultzmatt est, d'après les propriétés qu'elle
possède, et que nous avons cherché à faire ressortir (pages
-i . ~ . , 50, 53) appelée à satisfaire à ces deux indications. En
effet, elle détruit les engorgements du foie, active la sécrélion cutanée ct la sécrétion urinaire.
OUSERVATION. M. R ..... , cultivateur, âgé de cinquante
ans, était depuis plusieurs années alteint d'un engorgement
du foie dont la cause était assez obscure. Tl avait imparfaitement suivi plusieurs traitements, qui avaient été inefficaces.
Dans le courant de l'année 18!~O,
pendant l'hiver, il remarqua que le ventre devenait plus volumineux; la peau
était sèche, et l'excl'étion des urines peu abondante. 11 était
facile de reconnaître un commencement d'ascite. La plupart
des diurétiques ct les purgalifs qui furent employés n'amenèrent (Iu'llne amélioration momentanée. On lui conseilla
de se rendre à Soultzmatt. Après quelques jours de trailement, pendant Jesquels il bnl l'cau de la source à la dose
de 6 à 10 verres par jonr, il vit le cours des urines sc ré-
�H2
tablir, chaque nuit il avait des sueurs abondantes. L'ascite
disparut au bout de trois semaines. Je reconnus alors l'engorgement du foie, ce ' qui me détermina à faire continuer
l'usage de l'eau pendant longtemps. J'ai depuis revu ce
malade : l'engorgement du foie a presqu'entièrement disparu, et l'hydropisie ne s'est plus reproduite. (B. )
Il ne faut pas se le dissimuler, ce ne sera que dans des
cas de ce genre qu'on pourra espérer retirer quelque avantage des eaux de Soultzmatt. Car les eaux sont généralement
ntdsibles, lorsqu'il y a disposition à infiltration générale, et
que le sang sera profondément appauvri. Si des eaux du
genre des nôtres devaient être essayées, il faudrait plutôt
avoir recours à celles qui renferment du fer en proportion
notable.
Mais lorsque le foie remplit mal les fonctions qui lui
sont dévolues, il n'est pas seul à en souffrir; les désordres
qui en résultent ne s'arrêtent pas aux fonctions digestives,
comme on pourrait le croire par un examen superficiel,
mais, ainsi que nous l'avons déjà fait pressentir, il peut entraîner une foule de lésions très-diverses dont nous allons
parler.
C. lIémorrhoïdes. - L'anatomie nous démontre que les
veines hémorrhoïdales sont des vaisseaux de retour, qui,
pour la plupart, se terminent Jans la veine-porte. Que celle
circulation soit entravée, les vaisseaux hémorrhoïdaux se
congestionneront. Les eaux de Soultzmatt peuvent, nous 10
savons, lever ces obstacles. Un seul exemple, pris entre
heaucoup d'autres que nous pourrions citer, viendra confirmer notre manière de voir.
On EI\VATIO • lfémorrlwïclcs très-douloureuses. Guérison par les eaux de Soultzmatt. - M. II., figé de cinquante
ans, était all'ccté d' hémorrhoïdes, qu'il attribuait à une vie
trop sédentaire. Peut-être sa manière de vivre trop substantielle, son appétit presque vorace, n'étaient pas étrangers
�113
à cette infirmité. Depuis quelques années, il était devenu
obèse. A des époques plus ou moins éloignées, les boutons
hémorrhoïdaux qu'il avait au pourtour de ranDs s'engorgeaient et devenaient très- douloureux. Les sangsues, les
bains de siége, les bains généraux n'amenaient qu'une amélioration incomplète et momentanée. Il vint à Soultzmatt
pendant quatre ans, et fit chaque fois uri séjour de deux
ou trois semaines, suivi de la disparition presque complète
(Je son mal. Il est vrai de dire que, d'après nos conseils, il
changea de manière de vivre, et trouva moyen de se'créer '
des occupations qui le forcèrent de renoncer cl sa vie sédentaire. (A.)
IL AFFECTIONS DU CERVEAU ET DE LA MOELLE ÉPINIÉRE.
L'influence la plus funeste pour l'économie, lorsque le
foie fonctionne mal, est celle qui résulte du passage dans la
circula lion générale de principes qui donnent au sang ùes qualités délétères pour le cerveau et tout système cérébro·spinal.
C'est là un heau sujet ù'étude pour le médecin, el qui doit
fixer toute son allention. Les exemples que je vais citer, en
commençant par les plus simples et les plus clai,'s, feront
ressortir ceUe vérité, eL prouveront la Lrès-grande utilité
des eaux alcalines dans certaines affections cérébrales, celles
qui tiennent à la gêne de la circulation veineuse.
Madame X., âgée de trcinte ans, avait
OnSEUVATJON. un léger engorgement ùu foie. Les purgatifs el les alcalins
faisaient promptement disparaHœ cet élat; mais toutes les fois
que le mal se reproduisait, elle ùevenait triste, d'une irritabilité excessive, voyait tout en noir; la pensée devenait
moins prompte. En un mot, il y avait de légers symptômes
ù'étal de torpeur du cerveau. Ces phénomèncs cérébraux
disparaissaient dès que le foie cessait d'être engorgé. (n.)
Ainsi, du moment où le foie fonclionne hien, le sang qui
le
8
�114·
affiue vers le cerveau, possède les qualités d'exitabililé qui lui
sont indispensables. C'est là tout le secret d'origine 'de rh ypocondrie qui devra céder aux traitements qui agiront sur
le foie et la veine-porte. Soultzmatt est un bain fort précieux
pour ce genre d'affections, surtout si on se rappelle combien il est efficace dans les maladies nerveuses. (Pages 30
et 34).
ÛDSERVAl'lON. Madame H., de Strasbourg, âgée de
quarante ans environ, était tourmentée par des congestions
cérébrales qui avaient amené une espèce d'aliénation mentale; elle était hypocondriaque, voyait tout en noir, passai t
ses journées il pleurer, craignait de rester seule. Elle fut
envoyée pendant quatre années consécutives à SoulLzmatt ,
où elle se remit entièrement, en buvant l'eau et en prenant
des bains. (A.)
ÛnSEllVATION. M. M., de Hellerscblag, âgé de trentehuit ans, avait un engorgement du foie. Bientôt on ob!ferva
chez lui un changement de caractère : il s'éloignait des
siens, manifestait un dégoût profond de la vie, ne dormait
pas, ne mangeait plus et avait beaucoup maigri. Une de ses
idées dominantes était une profonde jalousie, qui était loin
d'être justifiée. Il vinL il Soultzmatt en 18!i,0, el y fit une
cure de ({uatre semaines. Je lui fis prendre ,des bains presque froids. Pendant son séjour il Soultzmatt, j'eus la satisfaction de voir disparaître cette mélancolie. L'engorgement
du foie aussi se dissipa: je crus utile, dans ce cas, ù'aso~
cier quelques purgatifs aux eaux minérales 'que le malade
buvait à la dose de six il huit verres par jour. (A.)
~'hypocndIie
s'est présentée à notre bain sans êlre toujours enlretenue par des symptômes évidents du côtô du foie,
mais elle n'en a pas moins cédé il l'action calmante de nos
caux, si puissante contre les all'ections nerveuses.
o.USERVA1'lON. - - M. X., de Sainte-Croix, âgç de trcotesept ans, 'vint pendant deux années à , Soultzmatl pOUl' y
�115
prendre les eaux. Il était tourmenté d'une foule d'accidents
hypo,condriaques, se croyait, à tort, atteint de toutes les
maladies connues. Il retrouva la santé et le repos après les
deux cures qu'il fit à nos eaux. Nous pourrions multiplie.:
à l'infini les exemples de cc genre. (A.)
Mais la viciation du sang de la veine-porte ne se borne
pas toujours il produirc des accidents nerveux semblables :i
ceux que nous venons de décrire: elle en engendre d'autres
qui souvent sont bien plus graves et peuvent devenir mortels . Quelques observations feront encore mieux comprendrc
la corrélation qui existe entre les altérations de la circulalioll
veineuse abdominale eL les affections du cerveau , eL rendront plus évidents les avantages qu'on peut retirer des
eaux de Soultzmatt en 'attaquant le mal à sa source.
ÛnSERVATION . M. X .... , âgé de cinquante-deux ans.
ayant le cou très-court. se nourrissant bien, grand amateur
de bière et de boissons fortes, dont il faisait souvent abus "
surtout le soir, menant une vie sédentaire, ayant l'esprit
l)resque toujours tendu par les affaires, éprouva, il y a quelques années, une douleur et une gêne dans la région du foie. '
Ses digestions étaicnt difficiles, mais l'appétit était excellent.
Bientôt on remarqua que son humeur éta it moins égale, il
s'emportait avec la plus grande facilité; il montra un peu
moins d'aptitude pOUl' les afl'aires et plus de paresse corporelle. Ces symplômes si peu tranchés n'attirèrent point l'attèntion. Comme il se plaignait toujours de la région du foie,
on lui faisait de temps en temps appliquer quelques sangsues
à l'anus et prendre des purgatifs, mais on ne modifia en rien
son régime habituel. Cependant, peu à peu son esprit devint plus lourd, il eut des verLiges " dcs éblouissements, le
Sommeil très-agité, le pouls plein, et tout à coup, après un
étourdissemont plus prolongé que ceux qu 'il avait eus prt'.
cédemment, la langue se trouva embarrassée, les mouvemenLs du bras et de la jambe gauche difficiles, ct le senti-
�HG
ment y devint obtus. C'était une véritable paralysie. On eut
recours il un traitement énergique: la saignée, des applications de sangsues aux lempes, des purgatifs, un séton à
la nuque, de la glace SUl' la lête. L'excitation peu à peu se
calma, le pouls devint moins fréquent et moins énergique.
Lorsqu'on fut maître des accidents cérébraux, le traitement
se reporta vers la cause qui avait amené le mal. On donna
du bicarbonate de soude dans de l'eau de Soultzmall ou
dans de l'eau de Seidlilz, pour obtenir de temps en temps
un c-ffet purgatif. Ce traitement eut le meilleur résultat pour
Je cerveau et le foie. Il fut encore aidé par l'application
d'un large vésicaloire sur la région hépatique. (il.)
Nous ne pouvons. dans les cas de ce genre, assez insister sur ce moyen : il produit d'excellents effels; ce qui,
d'après notre manière de voir, tient à ce que, toutes les
fois qu'on détermine une irritation artificielle sur la région
du foie. cet organe cesse de sécréter du sucre. comme le
prouvent les expériences de CL. BmlNARD. (Page 4.4.).
Ons~RvATI0N.
- Madame F., âgée de quarante-huiL ans,
avait éprouvé des symptômes d'engorgement ùu foie qui ne
furent pas combaLLus. A la suite de chagrins domestiques,
elle eut des congestions vers la tête, pOUl' lesquelles elle appliquaiL sOllvent des sangsues à l'anus. mais aucun traitement
régulier ne fut employù. UII jour, après uo étourdissement,
eUe eut une paralysie momentanée d'un des côtés de la face;
quelque temps après survint une apoplexie foudroyante qui
l'enleva. En employant un trailem~L
convenable. on aurait
probablemenl évilé celte terminaison fatale. (8.)
ÛnSERVATlON. Madame B.... , de Slrasbourg, âgée de
lrente-cinq ans, se plaignait depuis huil ans d'une douleur
dans l'h)'llOcondre droit. On reconnaissait un engorgement
de la partie moyenne du foie. CeLLe affection qui, du reste,
n'amenait aucun accillellt grave, fut négligée jusqu'au 1tI0meut où celle malade se. plaignit de vertiges et ùe conges-
�H7
tions vcrs la tête. Tout ù coup elle éprouva de la difficulté
dans la parole, des fourmillements et des engourdissements
dans le bras droit, et une hypocondrie des plus profondes.
Je fus consultô. J'ordonnai une saignée, des applications de
sangsues, des purgatifs: le résultat que j'obtins fut peu
apparent. Mais plus tard, dirigeant toute mon attention
vers la cause du mal, je conseillai l'cau de Soultzmatt, le
bicarbonate de soude ct deux légers purgatifs par ,semaine.
Celle malade, depuis qu'elle suit ce traitement, a éprouvé
une amélioration notable; mais dès qu'elle interrompt h'
traitement, elle éprouve de nouveltes congestions. (8.)
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que, si ,
dès le principe. on avait cherché chez ces malades à agir
sur le foie et SUl' le sang de la veine-porte, en employant
les alcalins ou les eaux de Soultzmatt, on aurait (wité les
accidents que je viens de raconter. Ji est vrai de dire que
les choses ne se passent pas toujours d'une manière' aussi
pl'a1ranchée, mais il n'en reste pas moins constant que le
ticien aÙentif ponrra souvent trouver dans les fonctions hépatiques la cause de troubles graves qu'il combattra avantales eaux alcalines. Les l'ails que je vais rapgeusement p~lI'
porter autorisent celte manière de voir.
épiOnSERVATION. Congostion vers le cerveau ct la moelle
uière. Amélioration notable obtenue pendant ,plusieurs années
par les eaux de Soultzmatt. - M. A ... , curé à B ..... avait
commencé à prendl'e de l'embonpoint vers l'âge de trente
ans. Une vic peu active, une nourrituresuhstantielle, avaient
déterminé quelques douleurs dans la région du foie cl amené
des digestions difficiles. Bientôt il éprouva des douleurs dans
une jambe; il crut avoir un rhumatisme, tandis qu'il devait
ces symptômes à dos congestions vers un point inférieur de
la moelle épinière. On lui donna le conseil d'aller à Griesbach. Ces bains ne lui procurèrent que lrès-peu de soulagement. Il resta 4lans cct élal jusqu'au moment olt pn!' de
�nombl'(Hlses préoccupations, le sang se porta vers le cerveau. Il eut alors la face colorée, des étoUl'dissemcnts, des
éblouissements, nn état de torpeur, de paresse physique et
intellectuelle; le pouls était plein; l'appétit, qu'il ne modérait pas loujoUl'S assëz, élait excellent. On lui conseilla les
eaux de Soultzmatt: il y vint pendant plusieurs années,
parce que la première cure qu'il y fit l'avait entièrement
débarrassé de son mal. Mais, d'une année à l'autre . les
causes qui avaient agi dans le principe existan~
toujours, il
était, ,\'ers l'élé, ramené à nos eaux, dont il était de"enu
vraiment enthousiaste. Mais quel que soit le mérite d'un
moyen, son efficacité, il ne peut, cn trois semaines; Juller
contre des causes qui. pendant toute une année, agissent
d'une manière permanente. Aussi finit-il par avoir quelques
aLlaques d'apoplexies légères: enfin il eo survint une qui
fut foudroyante et l'emporta. (A.)
OnsERvATION. - Congestions vers le cerveau et vers la
moelle épinière. Séjour aux eaux de Soultzmatt. Guérison. :M. B., de Pfaffenhoffen, <Îgé de cinquante ans emiro n,
ayant un état très-sédentaire, se nourrIssant bien, avait pris
de l'embonpoint. Les digestions étaient lentes. Bientôt il sc
sentit tourmenté par le sang; son pouls était plein et dUl';
pour faire cesser cet état fatigant, il avait recours al1X
saignées, al1X <1pplicatiolls de sangsues à l'anus et aux purgatifs. Il obtenait ainsi une amélioration momcntanée vers'
le cerveau; mais lin parcil traitement, amenant l'affaiblissement général, ne pl1t être continué. Alors les congestions
se reprodl1isirent; il eut des étourdissements, de la faiblesse
musculaire, une douleur dans une jambe. au point d'être
gêné dans la marche. La pensée était lente, la parole un
peu embarrassée. quelquefois de l'oppression, les digestions
se faisaient mal; )e pouls était toujours plein. Le médecin
ql1i fut consulté euvoya ce malade à SoulLzmaLl, où il but
l'cau pendant quatl'e semaines ct prit des bains tièdes. L'a~
�mélioration fut rapide, car au bout de ce temps la disposition
aux congestions avait disparu. (A.)
M. R. , de Nied ... , avait des congesOBSERVATION. tions cérébrales qui n'avaient cédé ni à la saignée, ni aux
et 1849. Il se
purgatifs; il vint à Soultzmatl en 18~·
trouva parfaitement de l'usage de nos eaux, en boisson et
. sous forme de hllins tièdes . (A.)
OnsERvATION .. - Conges t,ions vers la moelle épinière. ~ Usage
des eaux de Soultzmatt. Guérison. - M. B., âgé de quarante ans, d'une forte constitution, adonné à la boisson et
à des excès de tout genre, éprouva des congestions vers la
tête, des vertiges, des éblouissements. En même )emp( des
douleurs vagues se firent sentir le long du rachis; elles
étaient surtout prononcées vers les vertèbres cervicales et
lombaires. Ce malade accusait des tiraillements dans les
membres supérieurs et quèlquefois un certain engourdissement. Les mêmes phénomènes se produisaient dans les
extrémités inférieures; la marche était incertaine et gênée.
Dans les premiers temps, il suffisait de quelques jours de
repos et d'une vie calme pour faire cesser tous ces accirecours
dents. Mais bIentôt ils persistèrent, et le malade e~t
ft des - applications de sangsues à l'anus, bien qu'il eût
des hémorroïdes, à des ventouses scarifiées, à des hains
tièdes, et même froids. Ces traitemenls amélioraient toujours son état, sans le guérir. Il vint à Soultzmatt; on
le soumit à un régime sévère ct peu substantiel; on lui fit
boire l'eau de la source, à la dose de six et huit verres par
jour. La douche presque froide le Jong du rachis, des
bains à peine tièdes, eurent sur ce malade un eITet excellent; à la fin de son traitement) qui dura un mois, il
éprouva une amélioration qui sans doute se soutiendra, si
Je nouveaux écarts de régime ne viennent détruire les bons
effets des hains de Soultzmatt. (A.)
vers la moelle tlpin'Îère. PaCOl1gest~'on
OnSEJl.V41'10N. -
�120
;..
raplégie incomplète. Amélioration notable. - M. G., ùe Colmar, avait, il la suite de causes qui ne BOUS sont pas bien
connues, éprouvé des douleurs ùans la région dorsale. La
marche devint de plus en plus difficile. Effrayé de cet élat,
le malade cU,t recours aux traitements les plus énergi.ques ,
aux eaux les plus actives. Ces moyens avaient échoué; il
vint à Soultzmatt, but l'eau, prit les bains presque froids et
les douches. L'amélioration, au bout d'un mois, fut telle,
qu'il marchait, s'appuyant à peine sur une canne. (A.)
Nous pourrions multiplier les observations de ce genre,
mais notre seul but était de constater par des faits l'utilité
de nos eaux dans les congestions du cerveau cl de la moelle
épinière.
Ces réussites ont été obtenues, suivant notre manière de
voir, par les effets que l'acide carbonique et les alcalis exercent sur le sang.
.
Nou's croyons devoi,' indiq
d'une manière toute spéciale le mode d'administration de nos eaux pour les malades
sujets aux congestions cérébrales. Avant de se rendre à
Soultzmatt, ils feront bien d'avoir recours à la saignée générale ou à une application de ventouses ou de sangsues à
l'anus. Ils devront plus que tous les aut.res baigneurs choisir la saison la plus chaude, éviter les temps pluvieux; car
nos eaux, qui sont très-riches en acide carbonique, donnent
facilement lieu à des congestions, des pesanteurs vers la
tête. Il sera utile, pour ces malades, de ne boire l'cau qu'après avoir laissé échapper une certaine quantité du gaz qui
y est contenu. Les bains devront être à une température
peu élevée ct pris jusqu'à la hauteur des aisselles, eL il faudra avoir soin d'appliquer' un linge froid sur la tête penl/ant
touLe la durée du bain.
Les malades sujets aux congeslions cérébrales doivent
éviter avec soin les eaux ferrugineuses: c'esL ce qui n'a
malhcmeuscment pas toujours lieu. Les eaux de SouILzmalt
�J21
})euvcnt, jusqu'à un certain point, remédicr aux accidcnts
que des eaux mal choisies déterminent.
M. D .... , de C., sujet à des congestions cérébrales, à
des étourdissements, fut envoyé par son médeci'n à une
source ferrugineuse. Comme on· pouvait le prévoir, les congestions ne firent qu'augmenter, ce qui. n'empêcha pas le
malade' de suivre religieusement la cure qui lui était ordonnée. Tout à coup, après avoir Lu plusieurs verres d'eau, il
éprouva des vertiges et perdit connaissance. Il se hâta alors
de quitter le bain où on l'avait envoyé: il vint de son
propre chef à Soultzmatt, où il ,n'éprouva plus aucun accident du genre de ceux que nous venons de décrire. Mieux
est, il se trouva tellement bien, que depuis nombre d'années il revient ~l SoulLzmatt. (A.)
Puisse cet exemple, qui n'est pas le ,seul que nous ayons
recueilli, aUirer l'attention sur les inconvénients qu'il y a à
conseiller des sources ferrugineuses aux malades atteints de
congestions.
DES PARAI.YSIllS QUI SUCCÈDENT A .:APOPLEXIE. -
DEG AVANTAGES
Qtl'ON l'EUT llETlllER DES EAUX DE SOUI.TZ~·r,
Mais si la congestion est portée trop loin, ct que par des
causes' que nous n'avons pas à examiner ici, il y ait hérp.orl'hagie cérébrale, et par suite paralysie, peut-on espérer
quelque résultat heureux des bains de Soultzmatt? Voici
des faits qui répondront affirmativement à celte question.
Les premières observations que je citerai sont extraites
de l'ouvrage de MÉGLlN ;
IJ M. GUSSl\fANN, médecin très-habile et physicien à losis,
q heim, a cu la bon Lé de me marquer, au sujet des caux de
({ Soultzmatt, qu'il a.vait observé beaucoup ùe paralysies à
(da suite d'apoplexies guéries par leur usage. Il cite plus
particulièrement un chapelain ùe Uouffach qui, après avoir
« ('prouvé Hne paralysie parfaite il la suite d'une allaquc
(l'
�122
«d'apoplexie, fut conduit pal' son conseil aux eaux de
«Soultzmatt; il lui fit prendre les bains deux fois par jour.
<l Ail bout de trois jours, le senlÎment et le mouvement
Hevinrent déjà aux extrémités; le mieux-être alla toujours
( en augmentant; il vécut encore pendant deux ans, et
<l mourut d'une seconde attaque d'apoplexie.
(cMadame Ch .... , âgée de soix~nte
et quelquçs années,
« d'une constitution phlegmatique, après une apoplexie sé«reuse, perdit la parole e~ la moitié de son' corps resta para(( lytique; après l'usage de nos eaux, continué pendant
<l vingl-un jours, elle recouvra la parole et se servit facile«ment de tous ses membres.
({Madame Zurch ... , âgée de cinquante ans, d'un tempé«rament phlegmatique et d'une constitution très-replète, eut
«une hémiplégie parfaite à la suite d'une apoplexie; ellé fut
«transportée à Soultzmatt l'été passé (1778) et guérit par
I{ trente-trois bains de ces eaux. D
OnsERvATION. - Madame S., de S., avait eu de nombreuses épistaxis, cHe fut tout à coup frappée d'apoplexie;
une jambe et un br'as restèrent paralysés. On l'envoya à
Soultzmatt où elle but l'eau, ct prit des bains tièdes pendant un mois; au bout de ce temps elle put se servir de ses
membres. (A.)
OnsERvATION. - Eberhard, Antoine, de Soultzmatt, âgé
de soixante-dix ans, avait une hémiplégie du côté gauche
à la suile d'une attaque d'apoplexie; il ne voulut prendre
aucun médicament; mais il bull'eau de Soultzmatt pendant
cinq mois à la dose d'un litre par jour. Au bout du troisième
mois, les mouvements étaient rétablis. Peu de temps après
sa guérison, il succomba à une nouvelle alfaque, qui fut
foudroyante. (A.)
OnSEllYATION. - Négelé, de Westhalten, âgé de soixantedouze ans, eut une attaque d/apoplexie qui détermina une
paralysie dù côté droit. Il but pendal}t deux mois l'eau de
�Soultzmatt, ct c J'cmit presqu'enlièrcmenL Cct homme a,
trois ans après, succombé à une pneumonie. (A. )
Voir ce quc nous avons dit pages 44 et 38, pOUl' s'expliquer comment nos eaux peuvent être utilcs pour rendre
l'hématose complète, et empêcher ainsi de nouvelles congesLions el même favoriser la résorption quand un épanchement sanguin a eu lieu.
CHAPITRE Il.
Des eaux ele S oultzluaU d,ul" les affee'ioDiIS Ile
l'es,o ... ,,c et eles intestins.
1. DE LA GASTUITE ET DE LA GASTRALGIE.
10 Ga.çtrile aigttë. -
La gastrite aiguë intense exige des
agents thérapeutiques plus aclifs que les eaux minérales de
Soullzmalt; mais dans les cas où elle est légère, ces eaux
pourront être ulilement employ(lcs comme moyen curalif,
et seront toujours, q1lelle que soil la gravilé du mal, un
adjuvant puissant dans ceUe affection. Leurs propriélés rafraîchissantes et :mtiphlogistiques peuvent, comme on le
comprcndra facilcment d'après ce que nous avons avancé
ùans la première partie de cet ouvrage, crvir à combaUre
l'élut iullammatoire. Plus d'une fois, il nO\1S est m;rivé de la
prescrire pour calmer la soif, arrêter les vomissements,
alors qu'aucun autrû moyen n'avait réussi. Je citerai à ceUe
occasion nn exemple fort intéressant, qui prouve les avantages qu'on peut en reLirer.
Gastrite aiguë survenue pendant une grossesse. Jjtat des plus graves. Tmpossibilité d'admim'strcr aucun
médicamel1t. Gttél'ùon par les eaux de Soultzmatt.
Je fus
OnSERYATION. -
�'124
'lppelé, au mois d'avril 1852, chez une jeune dame, Mad.
de X., âgée de vingt ans; elle était enceinle de quatre mois
environ. Sa grossesse, dès le début, avait été très-pénible .
.Te la trouvai dans un état de faiblesse difficile il décrire;
elle ne pouvait supporter aucun aliment. La langue était
sèche, rouge, la soif inextinguible, le pouls à 135, la
peau chaude; la plus légère pression sur la région épigastrique lui causait de vives d01lleurs. Il y avait plus de deux
mois qu'elle n'avait plus supporté ~lIcun
alimenl, aussi la
maigreur était extrême. Les nuits étaient sans sommeil,
des sueurs nocturnes l'épuisaient, une pstite, toux fatigante
annonçait que la poitrine commençait à s'engager. Le médecin qui l'avait traitée avant moi ayant inutilemenl employé les moyens ordinaires pour arrêter les vomissements
el vaincre la faiblesse. avait cru réussir en conseillant le
vin de Champagne et le vin de Bordeaux. Ces boissons incendiaires eurent l'effet le plus fâcheux : elles augmentèrent la fièvre el aggl'avèrcnt la gastrite .
.T'eus recours à différents moyens qui oe furent pas supportés; j'avais, pour calmer la soif, conseillé il la malade
Je boire de l'eau de Soultzmatt. Dès le lendemain, elle me
dit que celte eau était délicieuse, qu'elle n'en boirait plus
d'autre, que c'était la seule chose qu'elle eftl supportée, Je
dus dès lors m'en tenir à l'eau de SoullzmaLl; deux bouteilles par jour suffisaienl à peine pour éteindre la soif.
Cependant, dès le quatrième jour, elle fut moins grande, et
.il y eut un peu de sommeil. On essaya un bouillon; il ne
fut pas rendu. Chaque jour je voyais avec inlérM quelques
changements heureux. Au hout de quinze jours. je commençai il nourrir la malade avec des potages. La saison
étant assez favorable, je conseillai l'air de la campagne.
j'ordonnai du lait de vache chaud, qui ne ful pas rejeté.
On continua l'cau de SoultzmaU (2 bouteilles environ par
jour). La gastrile disparul. L'alimentaI ion devint facile, ct
�celle jeune dame, clonl l'existence me paraîssalt gravement
compromise, ful rendue à la santé. (n.)
Celte observalion doit engager les médecins à avoir recours à l'cau de Soultzmatt non-seulement dans la gastrite
aiguë, mais dans toutes les affeclions inllamnialoires, avec
la même confiance que l'on accorde aujourd'hui si généralement aux eaux de Selters naturelles et artificielles. SCl1ENCI{
était déjà de eet avis; il dit que les eaux de Soultzmatt font
beaucoup de bien dans les maladies inflammatoires el malignes, lorsqu'on les donne en boisson. C'est. une ressource
il laquelle on ne pense pas assez souvent, alors que les malades vous supplient de leur donner une boisson rafraîchissante qui éleigne la soif qui les dévore. On leur prescrit une
limonade ou trop douce, ou trop acide, que l'estomac supporte mal, qui même peul être nuisible. Pourquoi ne pas
orclonner l'cau de Soultzmatt, qui exerce une action calmante et antiphlogistique.
Cette action antiphlogistique s'exerce même dans des cas
où on compte généralement fort peu SUl' l'efficacité des eaux
minérales. Je veux parlel' de l'angine chronique. Je citerai
ici un fait de ce genre, parce que je n'aurai plus occasion
d'en parler ; il m'a été rapporté par fCll M. le docteur
OSTERT AG.
Il avait été passer une saison à Soultzmatt; il Y était accompagné par une de ses domestiques qui depuis longues
années souffrait de maux de gorge. Deux ou trois fois au
moins par an, la maladie passait à l'élat aigu; la voix de
celte tille était toujours enrouée. Ce savant praticien ayant
épuisé tOllS les moyens possibles pour obtenir la guérison,
conseilla à celle personne de profiter de son séjour il
Soultzmatt, pour boire de l'cau de la source. Cet avis flll
suivi, et la guérison fut complète ct durable.
Il est probable que ]e môme eHet serail obtenu dans des
cas analogues, chez les chanteurs et ehrz les pel' onnes dOl1t ,
�126
par une cause quelconque, le larynx ou l'arrière-gorg'e est
fatiguée
2° Considerah'ons prah'ques sur la gastrite chronique et la
gastralgie (dyspepsie), - Nous ne nous occuperons que
de ces deux affections de l'estomac, qui sont celles qui
peuvent être traitées avec le plus d'avantage à Soullzmatt.
Car les eaux minérales, quelles qu'elles soient, sont d'une
efficacité contestable, lorsqu'il existe des dégénérescences
organiques profondes, telles que le squirrhe ou autres.
On se rend surtout aux eaux minérales pour cet état
qu'on désigne assez généralement sous le nom de dyspepsie.
«Mais ce mot, comme le font observer les auleurs du Compendimn de médecine prat1'que, qui, d'après son élymolog'ie,
«devrait servir uniquement à exprimer la lenteur et la dir« ficullé de la digestion, a élé employé dans des sens si difféHents par les auteurs, qu'il a perdu toute signification
«rigoureuse en séméiologie,»
, D'après l'examen' des fails et l'observation, on peut établir que l'estomac fonctionne mal, 1° parce qu'il est irrité
ou enflammé, 2° parce que le système nerveux, qui préside
à l'accomplissement de ses acles physiologiques, est perverti.
Ce sont là les deux causes qui dominent toutes les autres.
En cherchant, au milieu d'une foule de symptômes variés, à
remonler à la source du mal, on trouvera toujours, en définitive, qu'il a pour point de départ l'inflammation ou la
wJvrose. Presque toutes les fois qu'il y aura cu erreur dans
l'appréciation de l'une ou de l'autre de ces deux causes, le
malade aura à pàtil' du diagnostic malencontreux qui aura
été porté. Si dans nos ouvrages, les symptômes de]a gastri'te
chronique et de la gastralgie sont bien tranchés, au lit du
malade, il n'en est souvent pas de même, et le plus habile
peut s'y méprcndl'C, surlOullol'squ'il n'a pas eu à traiter la
maladie à son début. Cal' lorsque l'affection a dUJ'é un cei'tain tcrl'!Ps, il n 'cst pas rure de voir Ja gastralgie sc complic(
�127
quer de la gasll'ite chronique, ct vice versa. Alors il devient
difficile de préciser quelle est celle de ces deux maladies qui
a ouvert la scène pathologique ou qui prédomine Jans le
moment. Souvent la marche natu!'elle des choses amène
l'association de ces deux états morbides; et, il faut l'avouer.
nos traitements peuvent déterminer ces complications. Ainsi
a-t-on il combatlre une gastrite ehronique, la méthode anLÏIlhlogistique poussée trop loin ou un régime débilitant exagéré développe la sensibilité nerveuse, ct fait naître une
névrose (gastralgie), sans avoir réussi à détruire entièrement
l'élément inflammatoire. Traitez-vous une névralgie de l'estomac; elle paraît tenir à une chlorose, on administre les
préparations ferrugineuses; elle est rebelle, on persiste dans
le traitement ct l'on finit pal' déterminer une gastrite cluonique. D'autres fois, pour calmer la susceptibilité nerveuse,
on a recours à l'opium, dont chaque jour on augmente les
doses, aux stimulants diffusibles, dont l'action est toujours
plus oll moins irritante pour l'estomac, alors la langue devient rouge à sa pointe, la région épigastrique trahit une
sensibilité qui annonce un état inflammatoire. Après des
essais sans nombre et trop souvent infructueux, les moyens
pharmaceutiques .se trouvent non-seulcment impuissants,
mais nuisibles. J'ai généralement observé que toutes les fois
que, dans un assez court espace de temps, on n'cst pas
parvenu, par les agents pharmaceutiques, à guérir la gastrite chronique ou la gastralgie, il est prudent dc rCIlOIlcel' de bonne heure à ]eur usage, Il faut dès lors recourir il
la seule médication qui puisse s'adresser à la fois d'ulle manièl'C efficace à l'inflammation et à la névrose de l"estomac :
aux eaux gazeuses alcalines.
L'expérience est venue étayer celle proposition, qui, de
prime abord, pourrail paraître un peu absolue. Ne guériton pas à Vichy, par exemple, la gastrite chronique ct la
gastralgie, sous quelques formC1s qu'elles sc présentent. Cc
�1~8
fait pratique ne l)eut être révoqué en doule. Notre manière
de voir SUl' l'action des eaux gazeuses alcalines vient encore
la confirmer théoriquement. L'acide carbonique est un médicament hyposthénisant; il calme le système sanguin, après
y avoir déterminé une excitation fugace et passagère, il a
la même action sur le système nerveux, il endort la douleur.
Lorsque soit l'inflammation, soit la névrose pervertissent
les sécrétions de l'estomac, de manière à augmenter lenr
acidité, les alcalis, qui forment les bases de ces eaux, suffisentpour les neutraliser. et si un produit tenace, glutineux
s'est déposé sur la surface de la muqueuse, ils peuvent le
liquéfier et le dissoudre (p. 39).
Le choix des eaux gazeuses alcalines devra reposer sur
l'élat général du malade, sur sa constitution, sur son lempérament et sur l'intensité de la lésion locale. Pour la femme
faible, délicate, ayant des pertes blanches, le sang appauvri
par la longueur de la maladie, les eaux gazeuses alcalines
ferrugineuses devront être préférées; mais souvent, il faut
le dire, ces états sont trompeurs: on détermine de l'excitation, de la fièvre, alors qu'on croyait n'avoir pas d'accident
de ce genre à redouter. Je conseille donc dans les cas douteux de procéder avec prudence, et la prudence veut qu'on
essaie d'abord les cau alcalines exemptes de fer. Les eaux
de Soultzmatt ou celles du même genre auront presque
toujollrs les plus heureux effets. Dès que la gastrite ou la
gastralgie disparaissent, les organes digestifs fonctionnent
dans leur intégrité, l'assimilation se fait d'une manière convenable, et le sang puise dans les aliments ses principes de
réparation, qui sont préférables à ceux que le fer y dépose.
Chez les sujets sanguins, dans la force de l'àge, il sera dans
tous les cas inlprudeul de prescrire les eaux gazeuse alcalines fcrrugincuses. mIes s(~ronl
aussi contl'e-indiquées Ioules
les fois que la membrane muqueuse paraîtra être le siégc
d'ullcinOammation prononeée, que la langue sera rouge
�12H
sur toute sa surface, ou qu'elle présentera à sa pointe des
papilles rougeâtres; qu'il y aura sensibilité épigastrique et
un certain mouvement fébrile, des bouffées 'de chaleur vers
la face, de la sécheresse et de la chaleur mordicante dans la
peau me des mains.
Dans la gastrite chronique avec éLat fébrile et forte irritation de ,la muqueuse, les eaux de Soultzmatt même doivent être employées avec certaines précautions. Fortement
chargées d'acide carbonique, elles amènent une cour,te période d'excitation, et elles fatiguent l'estomac, quand on ne
laisse pas échapper, avant deles boire, une grande quantité du
gaz qu'eUes contiennent. Car ce gaz gonfle et distenq. l'estomac, et donne facilement lieu à des éructations pénibles, et
il cesse alors d'être véritablement calmant pou!' un organe
dont la distension est douloureuse.
Dans ce cas, c'est de l'action des alcalis qu'il faut d'abord chercher à profiter.
Ces malades devront commencer leur traitement en buvant
tout au plus, dans la matinée, deux verres d'eau privée de
son acide carbonique libre: si, malgré cela, l'eau fatigue,
on leur conseillera de faire suivre chaque verre d'une gorgée
d'infusion de camomille légère, ou d'ajouter un peu de sirop
de gomme ou de lait à l'cau qu'ils boivent. Vers le buitièJ'!lo
JOUI', il n'est pas rare de voir supporter parfaitement 6 â.
8 verres d'eau tous les matins, 1 à 2 verres le soir. Généralement, l'eau froide sortant de la source est très-bien tolérée par la plupart des estomacs; cependant on peut rencontrer quelques exceptions.
La constipation est assez fréquente dans la gastrite chronique; les eaux de Soultzmatt ne la diminuent pas au début
llu traitement; mais il ne faut cependant, qu'à la dernière
extrémité, avoir recours aux purgatifs; les lavements suffisent le plus souvent. Bientôt les selles se rétablissent,
dès que la maladie marche vers la guérison.
4
9
�150
Je me bornerai à rappOl'ter uu seul ex.emplè Je gastrite
chronique guérie par les eaux de Soultzmatt.
OnsERvAT ION . - Une jeune dame fort délicate, Mad. St.,
de Paris, était venue dans sa famille habitant l'Alsace, pour
changer d'air d'après le conseil de son méde(·in. Le voyage
fut mal supporté. Dès son arrivée, elle ful prise de douleurs violentes dans, la région épigastrique. Je fus appelé
à lui donner mes &oins. Elle me dit alors que, depuis un
an, elle avait beaucoup maigri el pâli, qu'elle avait perdu
ses forces, qu'elle éprouvait une douleur incessante dans l~
creux de l'estomac, que les aliments les plus légers lui faisaient mal et qu'elle ne pouvait plus supporter de corset.
En effet, la plus légère pression dans la région épigastrique
était fort douloureuse, la langue était rouge sur les bords
ct pointillée, elle· avait de la tendance à la sécheresse; les
lèvres étaient fendillées, la soif était continuelle, le pouls
était à 100; les mains étaient sèches et brCtlantes, le sommeil agité; il Y avait des constipations opiniâtres. Je ne
pouvais, vu l'état de faiblesse, songer aux émissions sanguines, je me bornai à faire appliquer des cataplasmes sur
la région de l'estomac, à faire boire de l'eau de Soultzmatt sucrée et à prescrire des lavemenls apéritifs. SOIIS
l'inOuence de cc traitement si simple, j'obtins de J'amélioration. L'cau de Soultzmatt surtout était pal'faiLement suppoJ'tée, et la malade la huvait avec une véritable jouissanee.
Bientôt les digestions devinrent plus faciles. Ce premier
essai couronné de succès m'engagea il conseiller à CCl te
malaJe de se rendre à Soultzmatt. Déjà habituée il celte
cau, elle la 'supporta parfaitement il la dose de 6 à 8 verres
par jour; elle prenait chaque jour un bain tiède d'une
heure et buvait l'cau à ses repas. Après un séjour de tl'ois
semaines, la guérison était complèle. Celle malade revint
à Sirasbourg, ne pouvant assez me remercier du bOIl conseil ,
que .le lui avais donné.
�151
Embarras gastrique. - l..'embarras gaslricltlc est unc désignation vague d'un état particulier des organes digestifs.
Sous l'influence de causes variées et souvent assez obscures,
mais qui, la plupart du temps, peuvent être rapportées à
des écarls de régime, à une vic sédentaire, à un travail
excessif, à des habitudes vicieuses dans la maniére de se
nourrir, ou bien à quelque affection d'un organe autre que
l'estomac, tels le foie, le pancréas. La bouche devient amère,
pâteuse, la langue se couvre d'un enduit blanc-jaunâtre,
surtout apparent quand le malade' est à jeûn, les papilles
de la pointe se développent parfois avec .tendance à la sécheresse, l'appétit llééhit ou disparaît entièrement, bien
qu'il puisse se conserver et même être exagéré, le goût se
déprave et fait rechercher surtout les substances acides ou
de haut goût.
La pression au creux dc l'estomac est souvent douloul'cuse; le premier temps de la digestion est pénible, accompagné d'éructations, de vomissements et de ballonnement
ùu ventre. Le malade est obligé de desserrer ses vêtements.
Tantôt les selles sont naturelles, tantôt il ya diarrhée, presque toujours constipation. Cct état des organes digestifs,
qui. trahit un degré d'irritation plus ou moins prononcée,
réagit sur toule l'économie; il détermine de la faiblesse gén{!rale, des insoru.nies,
quelquefois de petits mouvements
fébriles. Quelques purgatifs peuvent suffire pour faire
disparaître cette aft'cction promptement, mais assez souvent clle devient chronique et l'es le réfractaire aux traitements pharmaceutiques. Dès qu'on s'aperçoit de celle
tendance, il faut avoir recours aux eaux minérales. Il en
est plusieurs qui, à. juste titre, sont recommandées dans les
affections de ce genr~;
ce sont surlout les eaux purgatives;
mais la guérison peut-être obtenue d'une manière plus certaine ct plus solide pal' les caux gazeuses alcnlines ,(voir
p. 39, q·1 ct Mi.); car elles agissent sm' le sang et l'il'l'ila-
et
�152
Lion (p. 36). Elles liquéfient les sécrétions glutincuses et
muqueuses de l'estomac et les font disparaître (p. 39). Les
alcalis qu'eUes contiennent détruisent les acides de l'estomac
(p. 4.1), el lorsque l'engorgement du foie est la cause de
l'embarras gastrique, l'action qu'elles exercent sur cet organe, comme nous l'avons démontré par la théorie et pal'
l'cxpérience (p. 4 . ~, ) , amène la guérison.
OBSERVATION. Mlle Amélie Schmitt, de Strasbourg,
âgée de trente-cinq ans, d'une constitution délicate, mais
jouissant habituellement d'une bonne santé, fut prise, à la
suite de faLigues, d'un dérangement des organes digestifs.
Elle perdit complétement l'appétit; la langue se couvrit
d'un enduit blanc-jaunâtre sans rougeur des papilles; elle
se plaignait. d'un état d'amertume et d'empâtement de la
bouche. Il n'y avait point de sensibilité épigastrique, point
de fièvre, peu de soif; mais la malade avait un grand dégoût des aliments: ils donnaient lieu à des rapports acides,
ils lui pesaient sur l'estomac et produisaient du gonflement,
au point qu'elle craignait même de prendre un bouillon.
Point de constipation. Celte maladie me semblait devoir côder à quelques purgatifs; mais je m'étais ~rompé.
Après
avoir épuisé tous les traitements rationnels recommandés
en pareille circonstance, je me trouvai, au bout de trois
mois, aussi avancé que le premier jour. La maigreur et
la faiblesse étaient très-prononcées. C'est alors que je conseillai à eell!} malade de se rendre .aux bains de SoultzmatL.
Elle ne pouvait plus supporter aucun aliment. Elle commença par boire dans les premiers jours 2 verres d'eau de
la source, et par prendre des bains. Le traitement fut biell
supporté; mais, au bout de quinze jours, l'amélioration
était peu sensible. Ce ne fut qu'au bout de trois semaines
que l'enduit de la langue commença à disparaître, et que
l'appétit revint. Les aliments alors furent supportés. Six
semaines furent nécessaires pour obtenir une guérison com-
�153
pIète. A celle époque, celle malade buvait jusqu'à 10 verres
d'eau par jour; elle mangeait à la table commune, à laquelle
elle faisait parfaitement honneur, sans en être lè moins du
monde incommodée. (B.)
On peut dire généralement que ces embarras gastriques,
lorsqu'ils sont invétérés, sont longs à détruire, et qu'un
traitement de plusieurs semaines est presque toujours indispensable. J~ préfère le traitement par les eaux gazeuses
alcalines, parce qu'il est plus doux que celui par les eaux
salines purgatives. Car il est rare que cet état ne soit compliqué de gastrite chronique, soit qu'elle ait amené la maladie, ou, ce qui est plus fréquent, qu'elle ait été déterminée par les purgatifs, dont on abuse souvent dans celte
circonstance.
Il est une affection de l'estomac qui me paraît être l'ôtat
précédent à un moindre degré. Elle est caractérisée par des
digestions difficiles, des éruct~ions,
de la pesanteur de l'estomac après le repas, des constipations plus ou moins opiniâtres, la santé générale restant bonne: c'est un état pénible, mais non une maladie. Les eaux de Soultzmatt sont
d'une efi~acté
complète dans les cas de ce genre.
OnSEUVATION. - M. A., receveur des contributions indirectes à Strasbourg, était tourmenté par des digestions
difficiles, ce qu'il attribuait avec raison à la vie sédentaire
qu'lI menait. Je lui conseillai l'eau de Soultzmatt à la dose
de quelques verrçs le matin. Au bout de peu de temps, son
estomac fut remis complétement.
OnsEllvATION. - M. D., de Strasbourg, menant une vie
très-sédentaire, avait des digestions forl laborieuses. Tout
mouvement après les repas lui était pénible. Je lui conseillai
les eaux de Soullzma.tt; il s'en trouva parfaitement.
3° De la gastralg'ie. - Hien n'est commun comme de
rencontrer des personnes souffrant de l'estomac et des iutestins, sans qll 'il soit possible de découvrir la moindre l('siol1
�154·
appréciable Jes organes digestifs. C'est à celle maladie, fort
commune surtout chez les femmes, qu'on a donné le nom
de gastralgie, entéralgÙJ. Véritahle Protée, elle affecte les
formes les plus variées.
L'un des symptômes fort ordinaires de la gastralgie est
la douleur d'estomac; elle varie }lar son siège, son intensité,
sa durée et ses retours. Elle occupe le plus Sotrvent l'épigastre; et paraît correspondre à différentes parties Je l'estomac. Tantôt le malade la rapporte à l'orifice supérieur ou
au cardiaque et à la région précordiale; tantôt à la portion
pylorique, tantôt enfin à la région dorsale, à la partie qui
correspond aux dernières vertèbres dorsales. Un des caractères de la douleur gastralgique est de tendre à s'irradier
vers les organes environnants. Les sensations éprouvées
par les malades sont très-variables: quelques-uns vCCUSCllt
un malaise pénible et indéfinissable, une douleur obtuse,
contusivc; d'autres se plaignent d'un sentiment de constric!ion semblahle à celui que lll'oduirait une main qui serrerait fortement l'estomac. L'un compare la douleur à celle
produite par la dilacération; l'autre parle d'une douleur
poignante, lancinante, téréLrante. JI est des malades qui
ressentent dans l'estomac un froid glacial ou une chaleur
vive. Quelquefois la cardialgie est si intense qu'elle suspend les mouvements respiratoires et cause une dyspnt'e
fort grande.
La gastralgie n'est pas continue; elle revient par intervalles, s'exaspère souvent, lorsque l'estomac n'a pas reçu
d'aliments. Chez d'autres, au contraire, elle se manifeste à
l'instant même où le bol alimentaire a touché J'estomac, ou
bien seulemen t une demi-heure, une heure, quatre heures
aI)l'ès le repas. La douleur passe très-vile chez les uns,
J'autres la ressentent tout le temps que dure la digestion.
Tantôt elle sc montre seulement pelll]anl la nuit, (}('s le
malin, et tantôt le soif'; ('Ile II 'ofIi'e rien de rbgulicr claus sa
�marche, el cesse ou diminue d'intensité pour revenir avec
loute sa force à des époques plus ou moins irrégulières. Elle
est souvent intermittente. Les digestions sont difficiles ou
lentes (dyspepsie). Le siége de la douleur est du côté gauche
(cardialgie) .
Un 'sentiment d'ardeur et de chaleur, partant de l'estomac, remonte le long de la gorge et est suivi de l'expulsion d'une matière liquide, souvent acide et âcre (Pyrosis
soda). L'élat nerveux amène presque toujours l'exaltation de
la sensibilité, mais d'autres fois aussi il la déprave, et donne
lieu aux phénomènes désignés sous les noms de pica et boul~'
mie. Les nausées, la vomilurition, les vomissements, le hoquet, les développements de gaz doivent encore être rangês
parmi les symptômes fréquents de la gastralgie. La gastro1'hée asspz fréquente doit être étudiée dans le produit rejeté,
qui est le plus souvent acide, quelquefois alcalin.
Nous signalerons encore comme symptômes de la gastralgie la constriction du pharynx, le ballonnement du ventre,
les constipations opiniâtres, la pâleur et la . limpidité des •
urmes;
Lorsque la gastralgie fait des progrès, il peut survenir
des symptômes très-variés du côté du larynx. La voix s'altère et peut faire croire à une pp.thisie laryngée.
Il serait trop long de décrire tous le5 accidents nerveux
qui souvent viennent compliquer cette affection. Céphalal.
gie, étourdissements, éblouissements, troubles de la vision,
hallucinations de difi'érentes espèces; chaque minute amène
pour ainsi dire d'autres maux, tant le système nerveux est
mobile et impressionnable.
te système sanguin partage ce trouble général. La face
se colore; des houffées de chaleur montent au visage; toutes
les artères du corps hattent avec violence, ou bien ces batlements sont partiels. A combien d'accidents peut exposer
un pareil état, surtout ·si le médecin, croyant avoir il faire
�156
à une affection réellement inflammatoire, emploie la mé·
thode antiphlogistique.
Chose remarquable, malgré tout ce cortége de symptômes,
le malade rarement maigrit, à moins que le mal ne dme
depuis fort longtemps; mais si la vie n'est pas en danger,
la souffrance peut la rendre presque insupportable. Les individus ainsi affectés souvent s'isolent du monde, deviennent
hizarres, fantasques, et font le tourment de ceux que le devoir ou l'affection retiennent près d'eux. Il n'est pas rare
de les voir passer de la joie ct de l'exaltation la plus vive
au plu& profond découragement : ces états nerveux sont
souvent compliqués de trouMes fonctionnels des organes de
la génération.
Les causes qui peuvent produire la gastralgie sont très·
les at·
variées; cependant, nous croyons pouvoir toujr~
tribuer à un état d'éréthisme du système nerveux général
ou du système nerveux local. Dans la première catégorie
doivent être rangées toutes les causes morales qui ébran·
• lent ce système. L'éducation que la plupart des parents
donnent aujourd'hui à leurs enfants exerce sur eux la I)lus
fâcheuse influence; on cherche trop à développer l'intelligence au détriment de la force physique. Des êtres ainsi
élevés résistent mal aux travaux et aux passions qui, à
immanquablement leur partage.
l'âge de vingt ans, s~ont
Pour les jeunes filles, les règles s'établissent mal; elles
deviennent chlorotiques, nerveuses, ne peuvent supporter
aucune fatigue, aucune émotion. Les jeunes gens très-irritables se livrent à tous les écm;ts de leur imagination et
deviennent avant l'âge des êtres débiles ct maladifs. C'est
dans ces circonstances que naissent ordinairement les gastralgies et le triste cortége de maux qui les accompagne.
Les causes qui agissent localement pOUl' produil'e la gas·
tralgie sont nomhreuses : elles peuvent tenir à l'adolescence
comme aux excès dans la manière ùe sc nourrir.
�'137
Tous les médecins savent combien les affections nerveuses,
surtout celles de l'estomac, sont rebelles à nos remèdes; rarement il nous est donné d'enregistrer quelques cures ohtenues par les moyens pharmaceutiques, ou pour mieux dire,
le plus souvent les cures ne sont pas durables, tandis que,
chaque année, les sources gazeuses alcalines, et surtout
celles de SouHzmatt, comptent des succès incontestables.
Sans dou te, les moyens accessoires don t nous avons parlé,
'tels que les voyages, les distractions de tout genre, le changement d'air sont pour beaucoup dans les résultats qu'on
obtient; ils mettent les malades dans les conditions favorables il l'action des eaux.
En étudiant les phénomènes que les acides et les alcalis
exercent sur l'économie, nous avons vu leur influence puissante sur le système nerveux. Ces èlémenls minéralisateurs,
surtout l'acide carbonique, en si forte proportion dans ces
eaux, et l'acide borique, que M. BÉCIIA.J\fP vient de découvrir, calment, endorment la douleur de l'estomac, produisent une espèce de stupeur momentanée. On sait que souvent, pour triompher de certaines névralgies, il suffit de
parvenir une seule fois à obtenir la disparition de la douleur, pour qu'elle ne se reproduise plus. L'action de l'acide
carbonique n'a qu'un effet momentané, il est vrai; mais cet
effet se répétant chaque jour pendant un certain temps,
la susceptibilité nerveuse se truuve émoussée, et finit par
rectifier, si je puis m'exprimer ainsi, la direction anormale qu'a pris le fluide nerveux. La soude, base fixe de ces
eaux, est un véritable calmant, ainsi que les autres bascs
qu'on y rencontre, aussi bien que J'acide borique. Les anciens médecins insistaient peut-être plus que nous sur celte
propriété qu'a la soude.
Ainsi le docteur OSTERTAG, qui était un oracle pour la
plupart deR familles de Strasùourg 1 conseillait bien souvcnt
les caux de Soultzmatt dans la gaslralgie et les aO'cctiollS ·
�15:;
nerveuses Cil généml, pat'cc que, llisait-il, elles renferment
beaucoup de sottde.
Certaines précautions sont indispensables, lorsqu'on emploie les eaux contre la gastralgie. Le point important est
de faire pénétrer dans l'estomac le plus d'acide carbonique
possible. A cet effet, l'eau devra être bue au moment même
où elle est recueillie à la source. Sa frakheur ne doit pas
inquiéter; c'est une condition favorable à sa tolérance. Les
malades devront, dans les premiers jours, essayer leur force
digestive, l'ln commençant par de petites doses, qu'ils augmenteront le plus rapidement possible.
Les personnes affectées de gastralgie se trouveront Irèsbien des bains, il. la condition de les prendre à une température peu élevée (18,20,22 dègrés). Il n'est pas nécessaire d:y séjourner longtemps, mais deux bains par jour seront quelquefois très-utiles. J'ai retiré de très-bons effets
des douches fraîches le long du rachis.
L'alimentation devra être réglée d'après l'expérience qu'a
chaque malade de la tolérance qu'il a de certains mets plutôt que de lels autres.
Je terminerai par quelques exemples de gastralgies, qui
ont été guéries par les eaux de Soultzmatt.
OnSEltVATION. Madame M., de Strasbourg, ùgée de
trente-six ans, belle, grande, forte, avait toujours joui
d'une santé parfaiLe, lorsqu'à la suite de chagrins elle
fut prise de gastralgie; elle eut le malheur de tomber enlre
les mains d'un médecin médicamenteur par excellence, et
celle pauvre dame ne tarda pas à se trouver fort mal de
toutes les substances plus ou moins héroïques qui lui furent
administrées, Elle avait des douleurs atroces de l'estomac;
une goutte de bouillon lui était intolérable. Elle maigrissait
par inanition, sans avoir de fièvre et sans présenter de symptômes de gaslrite chronique, On eut l'heureuse idée de l'envoyer à Soultzm3~,
où elle hut d'ahord l'(\al! par petites
�I;;!)
quantités, un demi-vel'l'e par jour; c'était tout cc qu'elle
pouvait supporter au début du traitement. Bientôt les doses
furent augmentées; elle arriva il boire 6 à 8 verres, ct prit
chaque jour un bain, Au hout de trois semaines, les houillons et les potages étaient parfaitement supportés, Dans les
trois dernières semaines, celle malade avait recouvré toutes
ses forces; elle digérait tous les aliments servis à la table
commune, ct retourna chez elle, ne se ressentant plus de la
maladie qui l'aurait fait mourir. si, au lieu d'avoir recours
aux caux de SoulLzmatt, on avait contiuué à la gorger de
médicaments, (n.)
ÛnsERvATJON. - M. B., DégociaDt, à la suite de travaux
et de fatigues de tout genre, souffrait depuis deux ans de
maux d'estomac. Ses digestions étaient difficiles; il maigrissait ct commeDoait à deveDir hypocondriaque. IL vint me
cODsulter : je reconnus que toutes ses souU'rances tenaientà
_ UDe gastralgie. La langue était nette, la région épigastrique
insensible; il D'y avait point de soif, point de fièvre. Je lui
cODseillai les bains de Soultzmatt; il y resta pendant trois
semaines, ct obtint une guérison complète. (B.)
ÛnSERVATlON. - Mad. de W., de Mass ..... , fut, à
la suite de chagrins. prise d'une gastralgie se manifestant
par accès qui revenaient tous les jours. il quatre heures
de l'après-midi. Les médicaments employ('s par son médecin ayant été inutiles. elle vint 11 Soultzmatt en 1841.
Elle ne tarda pas à voir son mal disparaître sous l'inHuence de l'cau de la source prise eo boisson ct sous forme
de hain. (A.)
!\lad. Bloch, de Stl'asbourg, fut prise de gastralgie à la
suite d'une frayeur, Après avoir souffert pendant longtemps
de douleurs violentes peu de temps après l('s repas, ct avoir
essayé tous les remèdes qu'on emploie contre celle a ffec tio Il ,
clic vint à Soultzmatt, y passa (rois semaines, et fut (,IlLÏ~
"Cllienl di·ha ....asséc pa .. l'u age inlcl'Uc des caux lIliut' ..all's cl
�HO
lIes bains. Elle revient depuis trois ans . à Soultzmatt pal'
reconnaissance. (B.)
OnSERVATlON. - M. Bess. G., de Mutzig, me consulta
pour une gastralgie qui durait depuis plusieurs années. Les
digestions étaient très-pénibles, cc qui l'empêchait souvent
de manger. Il était triste, abattu; et quoiqu'il n'etît point de
fièvre, ni de soif, il était tombé dans un état d'épuisement
qui commençait à l'alarmer. Je l'envoyai à Soultzmatt: il
y obtint une guérison presque complète. Depuis plusieurs
années, il revint au bain, dont il a reconnu sur lui l'efficacité. (B.)
Nous disions que la gastrite chronique et. la gastralgie
. sont fréquemment réunies sur le même malade, ce qui rend
tout traitement pharmaceutique très-difficile. Les eaux de
Soultzmatt sont très-efficaces dans les cas de ce genre;
quelques observations recueillies dans ma pratique démontreront la vérité de ce quo j'avance.
Mad. V., de Saverne, âgée de trente ans, se plaignait
depuis plusieurs années de douleurs dans la région épigastrique. Ces douleurs augmentaient après les repas; mais
clles se manifestaient aussi hors le temps de la digestion.
La langue souvent était sèche, rouge à sa pointe. Des accidenls névralgiques do différents genres venaient compliquer
cet état, qui avait amené une grande susceptibilité nerveuse.
On pouvait facilement reconnaître deux éléments daos celte
maladie: une gastrite chronique et une gastralgie. Je ne
pus découvrir lequel de ces deux états avaiL existé au début.
J'ai tout lieu de soupçonner que la gastl'ite avait été proùuitepar l'administration iolempeslive de pl'épal'alÏons ferrugineuses, ùans le but ùe combattl'e une chlorose dont l'existence, pour moi, élait fort douteuse. Je conseillai à cette
malade de sc rendl'e aux eaux de Soultzmatt et d'y rester
pondant trois semaines; elle suivit mon avis, prit des bains
presque frais, el but l'cau de la source. Elle a oblenu llOC
�14·1
amélioration notable. Une seconde cure amènera induhilablement une guérison complète. (B.)
Mlle G., de Str., âgée de vingt-huit an1;, d'une constitution délica te, mal réglée, avall reçu une éducation qui développa en elle une grande susceptibilité nerveuse. Des
idées religieuses m,al dirigées, des chagrins de famille, etc.,
avaient rendu son caractère fantasque; elle s'isolait et fuyait
la société. Vers l'âge de quinze ans, elle commença à éprouver des symptômes de gastralgie, caractérisés par une douleur vive peu de temps après l'ingestion des alimen ts; bientôt elle ne voulut plus se nourrir que de bouillons el d'aliments qui ne pouvaient nullement convenir à son état. Une
gastrite chronique vint se joindre à la gastralgie: Les choses
allaient Je mal en pire jusqu'en 1845, époque il laquelle
je fus consulLé; après avoir essayé différents antispasmodiques, des calmants, etc., qui ne réussirent pas, je l'envoyai
à Soultzmatt. Au bout de huit jours, les fligestions se firent
plus facilement, et la sensibilité épigastrique disparut. Celle
malade changea d'humeur; chacun était étonné de voir celte
métamorphose. A près un séjour de trois semaines, cette
malade retourna chez elle; mais les mêmes causes qui euIrelenaient le mal se présentèrent de nouveau, ct celte guérison ne fut pas durable. (B.)
IL DE L'ENTÉRITE CHRONIQUJ~.
- DES AFFECTIONS
SCROPHULEUSES.
Ce que nous avons dil de l'efficacité des eaux de Soultzmatt dans les affections de l'estomac est, sous beaucoup de
rapports, applicable aux affections intestinales. L'action
de ces eaux modifie l'état de
antiphlogistique et ca~mnte
phlogose aiguë ou chronique de la muqueuse ou des intestins, et agit avantageusement sur les douleurs qui proviennent de troubles de l'innerva lion (voir p. 36 ct l .. 1).
�\1.2
Parmi les symptômes qui accompagnent les ' maladil's
intestinales, l'un des plus fréquents est la diarrhée. L'action antiphlogistique de nos eaux détruisant l'irritation, on
peut, sans crainte, chercher à arrêter une sécrétion qu'il
serait dangereux de supprimer, lorsque la muqueuse cst
le siége d'une inflammation pIns ou moins vive. Les eaux
de Soultzmatt, après avoir rempli celle première indication,
satisfont encore merveilleusement à la seconde; car nous
avons demontré (page I~O)
qu'elles disposent aux constipations. En elfet, chaque année, nous voyons à ce bain
nombre de malades se débarrasser de diarrhées chroniques
qui avaient résisté à tous les traitements les mieux dirigés.
Celle des enrants y est très-efficacement combaUue. Nous
.ivons cherché à expliquer par quel mécanisme on obtient
cct heureux résultat (voir p. 4.1).
ÛnSEnVATION. - Un enrant de Soultzmatt, à&,é de trois
mois, élait miné par une diarrhée chronique, qui l'avail ('t'duit au dernier degré de marasme; il ressemblait à un petit
vieillard. Tous les remèdes avaient été inutiles: le lait de la
mère et d'une autre nourrice n'avait plI arrêter le mal, qui
faisait des progrès rapides. Le passage de l'ouvrage Je MiGLIN l'evin t à l'idée de 1\1. NEssEL, propriétaire tles bains;
il en fit part au médecin, qui se hâta de recourir à l'el}u de
SouItzmaLl : l'enfant en l)rit par petites quantités, la valeur d'un verre environ par jour, ainsi que des bains d'cau
de la source. Bientôt les coliques sc calmèrent, la diarrhée
cessa dès le quatrième jour. Le traitement fut continué penJant quinze jours environ; il suffit pour amener une guérison complète.
.
La faeililé avec 1afluel Je on se procure l'eau de Soullzmalt permettra loujours d'avoir recours à ce traitement,
sans qu'il soit nécessaire de conduire les enfants à l'établissement, ce qui souvent serait impossihle.
ta d(orouyerte de re'au balsami(f\1C de M. AnNOT,}) nous
�14:5
olfl'e une ressource précieuse contre la Jiarrbée chronique
des enfants et des adultes, dans les cas ou l'cau de la source,
Lout en ayant calmé l'irritation, reste insuffisante. Nous
avons plusieurs fois pu constater que seule elle suffit, par
ses propriétés astrictives, dans les cas de dianhées muqueuses.
OnsERvATION (extraite Je l'ouvrage sur l'eau balsamique).
- Un enfant âgé de deux mois était, par suite d~ 'mauvais
allaitement (il avait eu trois nourrices différentes), alleint
de diarrhée avec muguet ct érythème des fesses. Il dépérissaitet avait les traits d'un petit vieillard. Je lui donnai l'eau
balsamique (cachet vert), à la dose de 6 cuillerées à café par
jour, associée à une goutte de laudanum. La diarrhée cessa
le quatrième jour, et quoique ceL enfant n'eut pas une trésbonne nourrice, il reprit des forces. Je continuai l'eau balsamique penda~t
un mois. (B.)
ODSERV~TlN.
- M. AIlNOLD traitait à Westhalten l'enfanL d'un nommé Michel Grœtz, âgé de six mois, ayant une
diarrhée chronique, qui l'avait jeté dans le marasme. Tous
les médicaments avaient échoué. Je me trouvais alors à
SoulLzmaU. M. ARNow m'ayant fait part de son embarras,
je lui conseillai de donner à ceL enfant l'eau balsamique
(cachet vert) dont il était l'inventeur, à la dose de 10 à 12
cuillerées par jour; il suivit mon avis. Au bout de deux
jours, la diarrhée était arrêtée, le petÎt malade se remit rapidement, et aujourd'hui il sc porte à merveille.
Des succès du même genre ont été obtenus par le même
médicament dans la diarrhée des adultes. Les cas ou l'cau
balsamique pourra être employée avec avantage sont indiqués avec beaucoup de précision dans l'ouvrage sur l'eau
intempestif de cc médicament
balsamique (p. 78), l'~mpJoi
actif pouvant avoir les conséqnences les plus fàchellses.
OJlSERVA'fION. - Mllu T., de Cernay, vint à SouHzmall
pour un dérangement d'intestins, qui durait depuis plus de
�'1-1:4,
huit mOlS. La langue était humide ct pâle; ,il n'y avait aucune douleur abdominale, si ce n'est au moment où le besoin d'aller à la selle se faisait sentir. Elle rendait alors des
matières renfermant des aliments mal digérés. Les nuits
surtout étaient fatigantes. Cet état avait amené de l'affaiblissement et de la maigreur; grand nombre de médicaments
avaient échoué. Elle but de l'eau de Soultzmatt, .mais sans
en obtenir un effet marqué. J'eus alors recours à l'eau balsamique (cachet vert), à la dose de 2 demi-verres par jour;
je donnai le soir 5 centigrammes d'extrait gommeux d'opium.
Au- bout de huit jours, la guérison était complète. La malade est encore restée .pendant trois semaines aux bains pour
reprendre des forces; elle a pu manger sans ménagement à
la table commune, et depuis j'ai appris que la guérison a
été durable. (A.)
Des scrophules. - En étudiant (p. 41) l'action des alcalis
• introsur la digestion, nous avons vu comment les aliments
duits dans l'économie peuvent devenir impropres ou insuffisants à la nutrition de l'individu. C'est de celle nutrition
imparfaite que DaÎt assez souvent, comme l'observation l'a
démontré, l'engorgement des glandes mésentériques (carreau) , qui plus tard amène surtout chez les sujets lymphatiques la diathèse scrophuleuse.
Les eaux de Soullzmatl, par leurs propriétés alcalines,
donneront à l'albumine, au sucre et aux graisses les qualités
nécessaires pour les rendre absorbables (p. 4.2). Celte première cause pathologique détruite, elles agiront sur l'engorgement lui-même (p. 36).
Les anciens. sans pouvoir, d'une manière satisfaisante,
sc rendre compte du mode d'action lies alcalins, les employaient souvent et avec succès dans les scrophules, ainsi
que dans cc qu'ils appelaient les obstructions. Voici, d'après
MÉGLJN, médecin remarquable du. siècle dernier, les idées
théoriques qui avaient cours à cette époque sur l'action
�thérapeutique des eaux alcalines de Soultzmatt Cil particnlier:
«Ces eaux, d'après leurs propriétés bien connues, doivent être d'un très-grand secours dans la ' plupart des maladies des enfants. Ces maladies, du moins le plus grand
nombre, dépendent de trois causes principales, savoir :
1 ° de la crudité pituiteuse dans les premières voies (a glutinosa sponlanea); 2° de la crudité acide (ab acida sponlanea);
3° des vers.
«Or, on ,'oit déjà, sans que j'aie besoin de le dirc, que
nos eaux étant alcalines à un degré si considérable, doivent
atténucr puissamment et rQmpre la ténacité de celle matière
visqueuse et glaireuse, dont Ic~ premières voies des enfants
sont si souvent farcies, et qui n'est pour l'ordinàire que le
produit de la ,mauvaise nourriture qu'on leur donne. Ces
eaux. à ce que je pense, seront plus en état que tout aulre
remède de désobstruer les veines lactées, de lever les engorgements des glandes du mésentère el de dissiper la grosseur et la dureté contre nature du bas-ventre, qui en est
l'effet; elles ouvriront ainsi les voies du chyle, elles rétabliront les digestions ct feront naître l'embonpoint aux extrémités émaciées cl atrophiées,.à mesure qu'elles dissiperont
la grosseur et la dureté de l'abdomen, qui est la cause de
la maigreur et du marasme des extrémités.])
MÉGLIN recommande aussi les eaux de Soultzmatt dans
les affections scrophulellses et rachitiques. Si l'explication
qu'il donne de leur action sur ces maladies a vieilli, le fait
pratique reste le même, le temps n'a même fait que le
corroborer; car nous avons souvent observé que les enfants
qui font usage de ces eaux ne tardent pas à en obtenir
d'excellents effets: leur appétit devient plus vif, leurs digeslions sc font plus régulièrement, leur teint s'anime, leurs
chairs perdent de leur bouffissure ct deviennent plus fermes;
leur ventre, de gros ct empâté qu'il était , devient souple,
10
�UG
enfin, leurs forces se développent, et ils reprennent sous
tous les rapports les apparences de la santé.
J'ai l'intime conviction que les eaux du g~nre
de celles
de Soultzmatt seront un jour préférées même aux eaux
iodées pour le traitement des scrophules à leur début, et
qu'on n:emploiera plus les eaux iodées que pour les cas où
la maladie sera arrivée à une période avancée. Je résume
ainsi mes iàées pratiques à ce sujet: Pour combattre le lymphatùme prononcé et la tendance à la tuberculisah'on, employez
les alcalins et surtout les eaux gazeuses alcalines, réservez les
eaux 1'odées pour les scrophules confirmées.
CHAPITRE III.
ne l'eolilloi tles eaux tic SOliltzlllatt et tle l'eau
baisalllique tians certaines affectiolls tlos .IOU.
010118.
1. DE LA DRONCIIITE CHRONIQUE (CATARRHE PULMONAIRE) .
La bronchite chronique, dans la plupart des cas, est une
'affection extrêmement rebelle; quelques auteurs ont même
prétendu qu'elle est incurahle. On serait peut-être plus dans
le vrai, si on disait que, le plus souvent, les moyens pharmaceutiques ne réussissent qu'incomplétement, et que, dans
ces maladies, comme dans les autres affections chroniques,
il faul moins compter sur eux que sur l'inlluence des changements de régime, d'habitation, de climat, el surtout sur
l'action de certaines eaux minérales. Aucun médicament,
cn effet, ne peut être continué assez longtemps pour obtenir
des cures radicales; tous fatiguent les organes digestifs,
inspirent du dégoClt, avant qu'on ait modifié profondément
l'état pathologique de la memhrane muqueuse; non que
pour cela je conteste l'action puissante de ccrtains médica-
�147
ments :' ils oolleul's indications, leur temps et leurs verlus
hien évidentes; mais, le moment passé, leur action devient
nulle et souvent nuisible.
Quoique plus d'une fois on ait prétendu le contraire, le
poiot de départ du catarrhe pulmonaire est toujours l'inflammation de la membrane muqueuse des bronches; mais
il serait souvent difficile de démêler un état inflammatoire
dans les lésions qui se présentent, si l'anatomie pathologique n'était venue éclairer ce point important.
La membrane muqueuse des bronches ne présente pas,
dans la bronchite chronique, cette coloration d'un J'ouge
vif dont elle est animée dans la bronchile aiguë; le plus
communément, elle offre une teinte violacée, grisâtre, brunâtre, qui est presque toujours plus prononcée à la partie
inférieure de la trachée-artère, au commencement des gros
canaux bronchiques, qu'en aucun autre point, circonstance
signalée par tous les pathologistes. En quelques cas particuliers, la membrane muqueuse est inég'alement colorée
par places. Au dire de LAENNEC, il n'est pas rare, chez
les vieillards surtout, et lorsque le catarrhe existe depuis
un grand nombre d'années, de trouver la membrane muqueuse très-pâle dans toute l'étendue des bronches, ou d'une
couleur jaunâtre mêlée à peine de quelques nuances de
rouge. Quelquefois les vaisseaux sanguins: qui rampent dans
l'épaisseur de la membrane muqueuse bronchique, sont à tel
point gorgés de sang, qu'ils se' dessinent par leur couleur
sous forme de sinuosités saillantes. Des mucosités puriformes
jaunâtres, verdâtres, plus ou moins épaisses, plus ou moins
adhérentes, quelquefois mêlées de bulles d'air plus ou moins
volumineuses, tapissent la membrane interne des bronches
et de l~ trachée-artère., Parfois la matière épanchée ressemble à du pus bien lié, analogue à celui du phlegmon (ANDnAL, Clinique médicale, 16, Ill, p. 222).
La membrane muqueuse Jes hronches suhit, il l'état d'in-
�'14,S
flammalion chronique, trois degrés d'altérations. Le ramollissement, l'ulcération et l'épaississement, auxquelles peut
succéder la dilatation. Ces différentes altérations amènent des
accidents divers et variables: le retour fréquent du catarrhe
à l'é'tat aigu. la bronchorrhée (expectoration abondante
d'un liquide spumeux). le catarrhe muqueux (expectoration
muqueuse et puriforme) . qui épuise et mine les forces du
malade; d'autres fois, c'est]e catarrhe pituiteux, le catarrhe
sec, et enfin le catarrhe suffocant, l'emphysème pulmonaire.
Toutes ces formes, dont l'origine est commune, ont chacune des symptômes particuliers. spéciaux, d'après lesquels
on peut facilement les reconnaître. L'étendue de cet opuscule ne nous permet pas d'entrer dans des détails de cc
genre, el nous renvoyons aux ouvrages qui traitent d'une
manière spéciale de ces affections.
.
Comment les eaux de Soultzmalt agissent-elles dans la
bronchite chronique? Dans les considérations générales auxquelles nous nous sommes livré. nous avons démontré que
les eaux gazeuses et alcalines ont de véritables propriétés
servir de l'exantiphlogistiques, qu'elles sont, pour nou~
pression de l'éc~e
italienne, hyposthénisantes. Elles peuvent
bien primitivement amener un peu d'excitation, mais elle
n'est que passagère. bientôt après commence, une action
plus durable; c'est de ralentir la circulation et par suite la
respiration, et de placer ainsi le poumon daos des conditions de repos relatif; moindre affiuence de sang) respiration moins active et plus lenle. Là ne se borne pas l'action et l'utililé des alcalis.
M. Cn. PETIT croit (brochure sur les eaux de Y-ichy.
1845, p. 8) que l'albumine el la fibrine que nous voyons
former la hase des engorgements chroniques. sont solubles
par les alcalis; qu'il est vraisemblable qu'en soum~
, lant
les malades à l'actiOJ) des caux de cette espèce, le sang
(1evient plus fluide par cela même qu'il est rendu plus al-
�149
calin; la matière coagulée qui constitue les engorgements
est alors plus facilement pénétrée et imbibée par lui, et se
trouve sous l'influence d'une action chimique qui tend à la
ramollir, à la faire passer de l'état concret où elle est à
l'état liquide, ce qui la met dans des conditions favorables
à l'absorption. Nous partageons en grande partie celle manière de voir à ce sujet (p. 36 à 40), et' c'est ainsi que
nous concevons l'améliora,tion qu'éprouvent certains malades atteints d'emphysème pulmonaire. Malheureusement
les effets qu'on obtient dans ces . cas ne sont pas durables.
En serait-il ainsi, si les malades se résignaient à faire usage
de ces eaux pendant un temps très-long, au lieu de se
borner à une cure d'un- mois au plus?
OnSERVATION. Mad. R., de Strasbourg, à la suite
d'une bronchite chronique négligée, éprouvait dè l'oppression et de la toux. L'expectoration, qui, dans le principe,
avait été abondante, avait beaucoup diminué j il n'y avait
point de fièvre. L'auscultation donnait tous les signes d'une
bronchite compliquée d'emphysème pulmonaire. Cette maladie n'avait point été améliorée par les différents traitements mis en usage. Je l'envoyai à Soultzmatt pour boire
l'eau de la source et faire. en même temps une cure par le
petit lait. Après quatre semaines de séjour au bain, les râleil
avaient cessé, la respiration était tellement facile que cette
dame pouvait gravir des montagnes escarpées sans éprouver
la moindre oppression. Elle revint chez elle, se croyant
guérie; mais, il l'entrée de l'hiver, une nouvelle bronchite
amena les mêmes accidents pour lesquels je l'avais envoyée
à Soultzmatt. (B.)
Comme je l'ai dit, une guérison durable ne pourrait être
obtenue qu'à la condition de faire pendant fort longtemps
usage de ces eaux, afin d'obtenir la liquéfaction et l'absorption de la lymphe plastique qui l'étrécit les bronches.
Un dcrnier elfct des alcalins est d'augmenter au bout de
�150
peu ùe temps la liquidité de la sécrétion bronchique. Dans
la pratique, c'est ordinairement le sel ammoniaque qu'on
préfère pour obtenir celte aclion; ma,is les mêmes effets
sont obtenus par les autres préparations alcalines. Cette
liquéfaction des mucosités bronchiques est une suite de la
diminution de l'inflammation de la membrane muqueuse;
car l"opinion commune des médecins est que les mucosités
sont d'autant plus tenaces, que, la membrane muqueuse
est plus profondément enflammée ou altérée.
A l'appui de ces considérations toutes théoriques, nous
apportons la sanction pratique des médecins anciens ',
qui obtenaient les effets les plus avantageux de l'emploi des
eaux de Soultzmatt ou aulres analogues. MÉGLlN dit particulièrement : «Les eaux de Soultzmatt sont efficaces dans
les engorgements pituiteux du poumon, dans l'asthme lli.
tuiteux et même convulsif, dans certaines périodes de
phthisies pituiteuses ct tuberculeuses dont on trouve dans
différents auteurs des exemples de guérison par le moyen
de pareilles eaux. b
Les eaux de Soultzmatt peuvent donc, comme on le voit,
faire cesser, quand elles sont prises pendant un certain
temps, l'élat de phlogose de la membrane muqueuse des
bronches, résoudre l'engorgement de la membrane et modifier la nature de la sécrétion muqueuse. Ces traitements
sont puissamment aidés par la cure au petit lait, (jui, d'après
ce que nous avons dit (p. 7 /.. ) , a, sous beaucoup de rapports, le méme mode d'action que les caux de Soultzmatt.
L'eaq doit être prise dès le début du traitement à do~cs
assez fortes, pour arriver rapidement à 6 à 8 verres par
jour, même à 10. Dans 10 commencement surto~
s'il y a
un peu d'élal fébrile, il faudra éviter la légère ébriété produite par le gaz acide carbonique, en le laissant échapper
en partie. Lorsqu'il y aura une grande suscoptibililé de
la muqueuse, on suivra le conseil de MÉGLIN, qui dil :
�«Dans ces cas, on pourra les marier avec du lait, si les circonstances l'exigent indispensablement; je dis indispensahlement, car je n'approuve point toujours la méthode de
couper les eaux minérales avec du lait; ce mélange, qu'on
emploie souvent sans nécessilé, peut avoir des inconvénients, et le moindre est de diminuer l'action des caux.»
Au bout de peu de jours, les malades s'accoutument à
prendre les eaux pures et à la température de la source,
sans que la toux soit augmentée.
Rarement, il faut l'avouer, les eaux de Soultzmatt, aussi
bien que toutes les autres eaux minérales, soit alcalines,
soit sulfureuses, thermales ou non thermales, aussi bien
que les cures au petit lait, amènent une guérison complète
de la bronchite; on obtient des améliorations notables, résultat déjà fort avàntageu , puisque MONERET dit, dans
son article sllr la bronchite (Compendium de médecine pralique) : dl y a peu de cas avérés de guérison d'une brou« chite chronique; celles qui se présentent avec les carac«tères les moins intenses résistent souvent opiniâtrement à
«tous les moyens qu'on leur oppose.»
CeLLe difficulté, parfois' celle impossibilité de guérir la
hronchite chronique par les eau'x de Soultzmatt, a donné à
M. ARNOLD l'idée d'associer au traitement par l'eau minérale le traitement par l'cau balsamique. M. le Dl' HIRTZ et
moi, après avoir pris connaissance de la composition de
ceLLe cau, avons cru devoir en préconiser l'usage, et pour
que cc traitement fùt exempt de tout danger, nous avons
cherché à le soumelll'c à certains principes pratiques qui
sont développés dans l'ouvrage qui a été publié sur l'emploi
de l'eau balsamique j.
1. L'enu bnlsamique és t une excell nte et ingénieuse IJréparation
\lont j'aurais bien voulu faire connaître la composition; mais ç'eût été
enlever à l'établissement de SoultzmatL une de ses sources de prospôrité. Les avanta ges qu e j'ai retirés de ce médiooment m'ont engagé
�152
Ainsi, lorsque, l)ar l'cau de Soullzmall ct le petit lait,
on sera arrivé à faire tomber l'irritation, à diminuer l'engorgemen t de la membrane muqueuse, à rendre les crachats
moins visqueux, on pourra avantageusement employer
l'eau balsamique. :Mais si l'on n'est pas arrivé à ce résulLat
primitif, celte cau sera presque toujours dangereuse. Dans
ces affections, on devra choisir le cachet rouge, qui est
moins actif que le cachet vert. La dose à employer au débu t est de 6 à 10 cuillerées par jour. Il ne faudra la dépasser que lorsque le malade se sera lentement accoutumé
il son usage, l'important n'étant pas d'obtenir la suppression prompte de }:expectoration, mais d'arriver petit à petit
à la tarir.
L'eau balsamique, comme son nom l',indique. renfermant
des substances résineuses, qui sont combinées avec les alcalis qui se trouvent dans les eaux de Soultzmatl, agi t comme
le copahu, le baume de tolu, ele.; on conçoit dès lors
qu'elle devienne un moyen puissant de diminuer les sécrétions. Nous avons vu les expectorations les plus abondantes
être supprimées après quelques jours de sqn administration
trop hardie; mais qu'est-il alors 'arrivé? De l'oppression,
Je la fièvre, de la sécheresse, de la toux. Je conseille donc
aux malades, dans la plupart des cas, de continuer l'cau
de Soultzmatt pendant tout le temps qu'ils feront usage de
l'eau balsamique, il moins qu'il leur soit prouvé par l'exil publier l'opuscule ayant pour Litre: Considérations pratiques SU?'
l'emploi de l'cau balsamique de Soultzmatt dans le traitement des affeclions catarrhales c/woniques ct des hémorrltagies des mcmbranes muqueuscs ; - de la phthisic pulmonU'ire et de certaines cachexies ,. - de
son usage dalls les maladies exlernes ct chirw'gicales, Mais l' peu de
synljlnthie que j'ai pour les remèdes secrets m'a emptlché <lo fairo
paraître cot écrit sous mon nom,
1\1. ARNOLD, s'étant ap f(,U qu'on nvait tenté d'imiter l'eau bnl 'amiqlle, conseille ~ toutes les personne qui dcsil' nt s' f111rOlllll'Cr de
s'a(ll'csser il 1. E St:L , propriétaire llo' hain de oultzlllatL.
�1ti5
pél'icncc que ce médicament n'a l)as sur cux un effet troll
actif. Le traitement doit surtout être surveillé avec le plus
grand soin dans les cas d'emphysème pulmonaire. Je vais
citer quelques observations où les eaux de Soultzmatt ont
été employées soit seules soit simultanément avec l'eau balsamique.
OnSERVATION. - M. Schulmeister, habitant les environs
de Lyon, fut envoyé, d'après mon conseil, à Soultzmatt en
1851. Il était, depuis longues années, affecté d'une bronchite chronique et depuis peu de temps d'un commencement d'emphysème pulmonaire peu considérahle. On entendait dans les deux poumons des râles muqueux abondants,
quelques-uns étaient très-fins. La respiration était difficile,
le pouls très-fréquent, la peau jannâtre; il Y avait de la
fièvre vers le soir, et un cOq'lmencement d'amaigrissement.
Dès les premiers jours', la fièvre torriha,. la respiration et
l'expectoration devinrent plus faciles. A la fin du traitemen t, qui dura trois semaines, il prenai t de 8 à 10 verres
(l'eau. Les râles, sous l'influence des caux de Soultzmatt,
avaient entièrement disparu dans le courant de la journée,
ils ne se faisaient entendre que le matin, avant que le malade eût expectoré quelques mucosités spumcuscs. M. Schulmeisler, que ses affaires rappelaient chez lui, quitta l'étahlissement au moment où, après cette cure préparatoire,
nous voulions lui faire prendre l'eau balsamique, mais il a
suivi ce traitement chez lui, ct nous savons qu'il lui a été
très-uLile. (B. )
OnSEllVATION. - M. Kiener, de Vedcnstein (Haut-Rhin).
était atteint depuis plusieurs années d'un catarrhe chronique
des poumons, suite de plusieurs bronchites aiguës. Tous les
matins la respiration était gênée, l'~xpectorain
abondante,
muqueuse. jaunâtre. Râles muqueux à grosses bulles, amaigrissement; l'appétit s'était conservé. JI resta en 18~ , 7 pendaut quatre semaines à l'étahlissement, buvant «le 6 à 10
�154.·
verres d'eau tous les matins. Au bout de ce temps, la bronchite avait à peu près disparu. (A. )
OnSERVATION. Mad. Pf., de Mulhouse, âgée de quarante ans, vint à Soultzmatt pour se débarrasser d'un catarrhe chronique qu'elle portait depuis plusieurs années.
L'expectoration était visqueuse, tenace, très-peu abondante;
elle avait habituellement de la dyspnée; la moindre cause
de refroidissement donnait lieu à un siffiement très -incommode, pendant lequel eUe suffoquait; l'auscultation révélait
des râles fins dans les dernières ramifications des bronches.
Il y avait des douleurs pectorales; le pouls était naturel.
Elle prit l'eau de la source pendant quatre semaines; au
bout de ce temps, les râles avaient à peu près disparu et
la respiration était devenue presque normale. Elle n'est
point revenue à Soultzmatl, aussi est-il probable que le
mieux se sera maintenu. (A.)
Mlle de V., âgée de trente-deux ans,
OnSERVATION. fut atteinte, il y a quelques années, d'une bronchite grave,
qui bientôt se changea en pneumonie double. Un traitement
énergique ne put empêcher la maladie de passer à la suppuration, et l'on put constater deux abcès pulmonaires à
la base de chaque poumon (souffie, gargouillement). L'expectoration fut très-abondante pendant deux mois environ;
mais la malade échappa à la mort et se remit en conservant
un catarrhe pulmonaire. Depuis celle époque, celle malade
eut souvent des bronchites aiguës, qui furent graves, mais
qui cédèrent assez facilement aux traitements que je mis en
usage. C,e pendant, en 1852, dans une attaque du même
genre, les médicaments, qui m'avaient autrefois réussi,
n'amenèrent aucune amélioration. La malade commençait à
être en proie à la fièvre hectique, des sueurs nocturnes
l'épuisaient; on entendait des râles muqueux abonùants
ilans toute la poitrine; l'expectoration était purulente, les
nuits étaienL sans sommeil. Craignant avec raison une issue
J
�H,;)
funeste, je conseillai il cette demoiselle, il laquelle je pol'tais
un vif intérêt, de se rendre à Soultzmatt. Je lui fis boire
le peLit lait et l'eau de la source, reposée, à la dose de 4· à
6 verres par jour. Dans la journée, elle prenait deux demiverres d'eau balsamique (cachet rouge), et plus tard deux
verres; le soir, de petites doses de morphine. Ce traitement
fut continué pendant cinq semaines et eut les meilleurs résultats; car celte malade, que la fièvre minait, qui se traînait avec peine, avait, à l'issue de sa cure, recouvré la force
et la santé. Dans les derniers temps de son séjour à SoultzIDatt, elle put partager les plaisirs des autres baigneurs.
I.orsque je la revis, je fus frappé de sa bonne mine et ne
pus assez m'applaudir du bon conseil que je lui avais donné.
(B. )
OBSERVATION. - J'eus occasion de traiter, conjointement avec M. CnAUl\IONT, médecin à Strasbourg, le nommé
H., boulanger dans cette ville. D'après les détails qui me
furent donnés, le malade était affecté depuis longues années
d'un catarrhe chronique contracté dans l'exercice pénible
de son état. Agé de cinquante ans tout au plus, il ne vaquait qu'avec peine aux travaux les plus légers; son teint
étai t jaune, son corps amaigri, sa respiration courte et
bruyante: ce fut dans celte position qu'il fut atteint d'nne
pneumonie double à laquelle il échappa. Le traitement de
cette maladie intercurrente eut pOUl' effet de diminuer l'intensité de la bronchite; mais, malgré tous les moyens que
nous employâmes, il conserva un râle muqueux abondant
danS' les grosses bronches, des râles plus tins dans les dernières ramifications bronchiques; il Y avait absence presque complète de la respiration vésiculaire, si ce n'est aux
sommets; dyspIiée excessive, expectoration puri forme des
plus ahondantes, maigreur, pouls pèlit, fréquent. Nous envoyâmes cc malade il Soultzmatt; il n'y resta que quatre
semaines, vour y hoire Je ' petit lait, l'cau de la source et
�156
l'eau balsamique. Peu à peu, l'expectoration diminua et
devint muqueuse, la dyspnée presque nulle, les forces revinrent, le visage prit un aspect moins jaunâtre, et ce
malade put faire des promenades dans les montagnes sans
. être trop essouffié. Il revint à Strasbourg, où il continua
encore pendant quelque temps l'usage de l'eau balsamique.
J'ai depuis peu revu cet homme: il continue à jouir d'une
assez bonne santé, et son affection chronique n'a pas fait
de progrès. (B.)
.
L'eau balsamique est un remède excellent dans la bronchite chronique des enfants. J'ai exprimé mes idées pratiques à ce sujet daus l'ouvrage qui a été publié sur l'eau
balsamique.
([ Comme on le sait, chez les enfants cette affection n'est
pas rare. Plus irritables, plus sensibles que les adultes
aux impressions atmosphériques, surtout par suite de la
manière dont on les élève aujourd'hui dans les villes, on
voit à chaque instant survenir chez eux des bronchiLes, des
l'humes. Pour peu que ces atfeclÏons ne soient attaquées au
début, ou que l'enfant soit d'une constitution molle ou
lymphatique, la bronchite aiguë passe à l'état chronique.
On entend alors des râles muqueux dans toute la poitrine;
la vic de l'enfant, la plupart du temps, n'est heureusement
pas en dang'er, à moins qu'il ne survienne, comme cela est
assez fréquent, une alfection inflammatoire iQtercurrente;
mais il pâlit, il maigrit, il devient débile et mou, en un
mot, il ne prospère pas, parce qu'il respire mal. Les. mères
s'em'aient, le médecin est consulté: il prescrit un vomitif;
Je mal disparait alors comme par enchantement; tous les
râles cessent; on croit avoir triomphé; mais le lendemain,
auscultez de nouveau. le petit malade, et vous retrouverez
les mêmes râles que la veille. Que fait-on? On a récours à'
ùe nouveaux vomitifs, au kermès, au soufre doré d'antichaudes aromatiques qui, soit diL en
moine, aux ju~sion
1
�1Si
passant, faliguent beaucoup l'estomac, détruisent l'appétit,
augmentent la maigreur et finissent par inspirer une telle
répugnance, que l'enfant se déb;lt, s'agile et refuse de pren~
dre les médicaments. Vous pourrez facilemcnt vous afrn~
chir de tous ces ennuis en suivant le plan de traitement que
je vais indiquer.
a Faites vomir renfant, afin de débarrasser ses bronches
d'une manière plus prompte, mais ne réitérez pas souvent
le vomitif. Le lendemain, commencez à administrer l'eau
balsamique (cachet vert), que les enfants suppdrtent parfaitement à la dose de trois cuillerées à bouche trois fois par jour.
Une bouteille suffira le plus souvent pour obtenir la guérison.
, OBSERVATION. Cl Je donnai des soins à un enfant de cinq
ans, un peu lymphatique, pour une bronchite chronique
dont il était affecté depuis plus de six mois. Cet enfant était
tourmenté d'une toux fatigante, surtout vers le soir; le
matin, elle était grasse; l'expectoration, que je parvins
quelquefois à examiner, était jaune; l'auscultation faisait
découvrir dans les deux poumons un râle muqueux abondant. La plupart du temps le malade n'avait point de fièvre;
mais la moindre cause d'excitation, le moindre refroidissement faisaient naître l'élat fébrile. Je voyais avec chagrin
cc petit être, déjà assez frêle, maigrir ct s'étioler, devenir
triste et perdre l'appétit. Le peu d'effet que j'obtins des vo~
mitifs et des autres préparations d'antimoine me donnèrent
l'idée d'employer l'cau balsamique (cachet vert) à. la dose de
trois cuillerées à bouche le matin ct le soir, ayant soin de
la faire édulcorer. Il cst à remarquer que ce médicament fut
pris sans aucune répugnance. Une bouteille suffit pour ob~
tenir la guérison; elle fut durable, car, depuis un an, mal~
gré l'hiver, la toux n'a plus reparu.» (B).
�IL DE LA PUTIIISIE PULMONAIRE.
L'origine du tubercule, cause première de la phtbisie pulmonaire tuberculeuse, est encore fort obscure. Nous connais·
sons néanmoins la plupart des circonstances dans lesquelles
il naît et les conditions qui favorisent son développement. II
est un produit de nouvelle formation, déposé dans nos organes, où il peut rester à l'état de crudité et n'exercer aucune
influence fâcheuse sur la constitution; mais le plus souvent
et presque constamment, il est soumis à un travail qui tend
à le ramollir et à le liquéfier. M. GENDRIN (Histoire anatomique des inflammations, t. II, p. 599), dit: «Si la maI! tière tuberculeuse est déposée sans inflammation dans noS
«organes, la phlegmasie des tissus ~Jlvironats
se remarque
(/. toujours, lorsque le ramollissement des tubercules s'opère,
(/. et ce ramollissemen t semble dépendre de l'infl.ammation.»
Si l'opinion de cet auteur peut être soumise à quelques
exceptions, il n'en est pas moins vrai que la phlegmasie du
poumon est fréquente, lorsque le travail d'élimination corn·
mence. Une preuve qu'alors une phlegmasie s'est déclarée,
c'est qu'on trouve dans le sang une augmentation de fibrine
analogue à celle qui caractérise les autres phlegmasies, et
qu'ill1'est pas rare de rencontrer des pneumonies lobulaires
autour des masses tuberculeuses. Nous voyons en elTet, lorsque ce travail commence, que les vaisseaux qui environnent
le tubercule se congestionnent et deviennent plus nombreux:
c'est une espèce de fiuxus sanguin circonscrit qui se fait autour du tubercule: Par suite, il se forme le plus souvent une
membrane fongueuse molle, friable, que la moindre cause
peut rompre; sa déchirure livre passage à la matière tuherculeuse liquéfiée et mêlée de pus. Si un vaisseau se trouve
en rapport avec celle matière, il est usé et donne lieu il des
hémoptysies. Le produit cacoplastique une fois rejeté, le
�159
phthisique devrait guel'll' et guérit en effet quelquefois ;
mais le plus souvent il n'en est pas ainsi, parce qu'il est
rare que le travail pathologique que nous venons de décrire
ne se répète sur les tubercules environnants, lorsqu'ils existent, ù 'où résultent d'abord toutes les petites cavités isolées
qui, venant à se confondre, forment ces vastes cavernes
qu'on rencontre chez les phthisiques. La caverne se tapisse
souvent d'une véritable membrane pyogénique, qui sécrète
presque toujours du pus de mauvaise nature. Aussi l'abon-
dance de la sécrétion épuise le malade; ses qualités delélères l'empoisonnent par resorption. Tous les soins du médecin devront
donc tendre :
1° A empêcher les tubercules de se former;
2° Lorsqu'ils sont formés, de les empêcher de se mmollir;
3° Lorsqu'ils sont ramollis, de favon'ser la cicatr'isation.
Une hygiène bién entendue, certains médicaments, certaines eaux minérales peuveut remplir en partie ces indications,
, L'établissement de Soultzmatt, pour le climat que nous
habitons, place les malades de cc genre dans les conditions
les plus favorables, pour prévenir ou retarder le développement des tuhercules pulmonaires, ct même quelquefois
pour les guérir. Un coleau, abrité du nord, comme le conet tous les médecins, des exercices doux
seille M. ClO~fEL
et modérés, des promenades à âne dans des forêts de sapin,
le lait d';lnesse, le lait de chèvre, le pelit lait, tout enfin
- se trouve réuni dans ce bain pour remplir les conditions int1ispensahles que chacun indique et réclame vivement, mais
que la nature et le désir d'être utile ont seuls pu grouper
Sur un même point. Mais Soultzmatt a encore quelque c.hose
de plus : c'est son eau minérale et son eau balsamique
dont nous allons apprécier et analyser les bons effets.
Nous avons vu (p. 41) comment los eaux alcalines, modifiant les matières alimentaires qui doivel t sp.rvir à la nu-
�160
trilion, les l'endent propres à être assimilées. pr, faciliter
cette assimilation, c'est fortifier l'organisme, c'est empêcher souvent la formation des tubercules, c'est, en un mot,
l'emplir notre première indication.
Tous nos traitements, tous nos soins doivent, lorsque les
tubercules existent, tendre, comme nous l'avons dit, à empêcher l'état congestif, l'irritation ou l'inflammation dcs
tissus au sein desquels ils sont déposés. Or, nous avons
cherché à démontrer, dans des considérations générales ct
en parlant de la bronchite, que les eaux gazeuses et alcalines avaient des propriétés hyposthénisantes, qu'elles ralentissaient la circulation et la respiration, qu'elles étaient
rafraîchissantes, qu'elles diminuaient la plasticité du sang
(voir p. 31 à 33). Ne sont-ce pas là les effets que nous
cherchons à obtenir par l'emploi de la plupart de nos médicaments? Mais lorsque le ramollissement commence, qu'il
y a déjà des hémoptysies, que des accès de fièvre commencent à se faire sentir, c'est encore le cas d'avoir recours aux
eaux de SoulLzmatt. Ne pouvant plus enrayer le ramollissement du tubercule, on a encore ]a chance d'em'pêcher J'inflammation de se propager aux parties environnanles ct de
déterminer la fonte d'un plus grand nombre de tubercules,
s'ils existent. Souvent on parvient à faire cesser la fièvre qui
mine le malade; en un mot, on peut espérer de convertir la
phthisie pulmonaire à marche rapide en phthisie à marche
plus Jente. On obtient ainsi par les eaux de Soultzmatt des
effets analogues à ceux de ]a digitale, du sucre de saturne,
de l'alun, de l'eau de laurier cerise à haute dose, de l'émétique, etc., etc. Mais quelle différence entre ces moyens,
destinés à arriver au même but! Les uns détériorent promptement les organes digestifs, amènent l'inappétence, la
diarrhée, tandis que les autres ne fatiguent pas l'estomac ct
réveillent même. l'activité digestive. Il nous a semblé que,
pour ohtenir l'effet dont nous parlons, l'eau de Soultzmall
�'1Gl
mérite d'être placée presqu'au premier rang. Elle n'est pas
excitante comme les eaux thermales de celte espèce; puis,
ce qui est fort rare, elle ne renferme pas de fer, substance qui est peut-être la plus funeste aux phthisiques. On
peut donc, sous ce rapport, la donner en toute sécurité.
C'est une eau qui est calmante par excellence, parce qu'elle
renferme des éléments hyposthénisants : l'acide carhonique,
l'acide boriqué, sulfurique, la soude, la chaux, la magnésie, la potasse (voir l'analyse de M. BÉCllAMP).
Une autre considération doit encore faire recourir aux
eaux de Soultzmatt. Nous avons vu que les alcalis, et surtout le bicarbonate de soude, ont la propriété d'empêcher
la sécrétion d'une portion du sucre qui, formé dans le foie,
doit être converti en acide carbonique dans le poumon. Le
travail de cet organe se trouvant par conséquent bien amoindri, il éprouvera moins de fatigue (voir p. q.4).
'Ajoutez à l'action des eaux les cures au l)etit laiL, qui,
comme nous l'avons dit, ont une manière d'agir à peu près
analogue à celle des eaux de Soultzmatt, et vous aurez institué un des traitements les plus rationnels contre la prédisposition à la phthisie et contre la phthisie au premier degré.
Nous conseillons généralement dans celle maladie de mélanger lin peu de lait chaud à l'eau de la soUrce, pour la
rendre moins froide; mais nous renonçons à ce mélange,
dès que l'eau de la source ne détermine pas la toux. La
quantité d'eau que nous faisons prend l'e est très-variable:
cepenJant no'us évitons de donner des doses trop élevées,
rarement plus de 3 à q. verres, pOUl' ne pas fatiguer les
organes digestifs. Il est prudent, dans les premiers jours,
de faire boire aux malades de l'eau qui a été puisée ]a
veille à la source; on la fait placer dans leur chambre
pendant la nuit, pour' qu'elle soit moins froide et conLienne
de plus petites quantités d'acide carbonique. Les malades
qui prennent en même temps du petit lait doivent le boire
11
�de bonne heure; l'eau de la source ne sera alors administrée
que dans le c.ours ùe la matinée et vers le soir; ils en boil'ont aussi à table, si elle est bien supportée. Nous proscri"ons en général les bains dans les affections pulmonaires.
Mais nous avons hâte de le dire : si les eaux de SouHzmatt enrayent la marche de cette cruelle maladie, aussi bien
qu'aucune autre source, comme celles d'Ems , . les eaux de
Bonnes, elles ne donnent pas la guérison. Tout ce que nous
sommes en droit de leur demander, c'est d'aider favorable ment le travail de la nature dans l'élimination du tubercule,
tout en modérant les effets fâcheux de ce travail sur la c.onstitution. Mais lorsque le tubercule est ramolli, l'établissement de Soultzmatt offre-t-il quelque ressource pour cicatriser ou dessécher la cavité qui a. succédé à l'élimination
du tubercule?
M. ARNOLD a été conduit par la voie de l'expérimentation à la découverte d'un médicament qui nous a paru,
d'après nos propres observations, être très - avantageux
pour combattre la phthisie pulmonaire arrivée au second et
au troisième degré: c'est l'eau balsamique. Cette préparation a un effet analogue aux autres substances balsamiques;
mais elle a sur elles un immense avantage par la facilité
avec laquelle ene peut être administrée aux malades. Elle a
produit des effets réellement remarquables, qui ont été consignés dans l'ouvrage qui a été publié il ce sujet. Depuis
celle époque, l'usage de celle eau a pris une grande extension el a souvent répondu à l'atlente du médecin, dans l'hémoptysie et dans les cas où il existe des vomiques. Dans
. l'hémoptysie, l'eau balsamique agit en exerçant sa propriélé
styplique sur les vaisseaux capillaires entr'onverls ou sur la
membrane fongueu se qui laisse échapper le sang. Son action
de l'élixir acide
est analogue, sous cerlains rapports, il cel~
de Han~r,
de l'alun, du sucre de saturne; mais elle est plus'
utile, comme nous l'avons ait aiUeUl's, parce qu'on peut dOI1-
�ner des doses d'eau balsamiquc comparativement plus fortes;
eUe est plus durable, parce qu'elle peut être cmployée indéfiniment. Nous savons les heureux effets qu'on obtient dans
les hémorrhagies externes, par exemple, par l'eau de Pagliari, qui n'est qu'une substance résineuse associée dans
certaines proportions à l'alun, et M. le Dr Sl\1ITU a publié
daos le Btûlelin de thérapeutique un excellent article sur
l'emploi des préparations térébenthinées dans l'hémoptysie;
il prétend, par ces substances, combattre la diathèse hémorrhagique. Mais on peut sans crainte affirmer que tous
ces médicaments sont loin d'offrir le même avantage que
l'eau balsamique, qui peut être prise impunément et à trèshaute dosé, sans fatiguer l'estomac; elle mérite la préférence
sous tous les rapporls. Je vais en citer deux observations
seulement, renvoyant à l'çHlvrage sur l'eau balsamique, où
se trouvent consignés uo grand nombre de fa ils où elle a été
employée.
.
ÛnSEllVATION. -- Je me trouvais l'année dernière à
Soultzmatt (1852), lorsque je fus appelé chez un jeune
homme aUeint de ramollissement tuberculeux; il venait
d'être pris d'un accès d'hémoptysie; il rendait le sang à gros
bouillons par la boucbe et par le nez; je n'avais aucun m(!dicament sous la main: je lui fis boire, daos l'espace d'une
heure, un litre d'eau balsamique (cachet vert); au second
verre, l'hémoptysie était arrêtée. (B.)
Voici un second fait fort intéressant que j'ai consignô
daos l'ouvrage sur l'eau balsamique:
«M. Wernick, jeune homme de vingt-cinq ans, employé
chez MM Seltz ct Parrot à Strasbourg, marchai t d'un pas
rapide vers le dernier degré de la phthisie pulmonaire. Né
d'un père qui a succ<Jmbé à celte maladie, il était SUl' le,
point d'avoir bientôt le même sort, lorsque ses chefs me
prièrent de lui accorder mes soins. Voici quels étaient les
symptômes généraux et les signes Slélboscopiques : Amaigris.
<
�164
sement, pouls à j 20, sueurs colliquatives, toux fréquente
et grasse, expectoration abondante, purulente, fétide, matité sous la clavicule gauche, râle cavernuleux, bon appétit.
(Je lui donnai du sucre de saturne de 10 à 15 centigrammes
par jour.) Ce médicament, qui est continué pendant dix jours,
diminue la fièvre (pouls à 90), et supprime à peu près les
sueurs. Alors j'administrai l'eau balsamique (cachet rouge),
à la dose d'un demi-verre, trois fois par jour. J'en continuai
l'usage pendant deux semaines. Une absence que je fis m'ayant
empêché de voir ce malade, je fus frappé, quand je le revis,
de sa bonne mine et du retour de ses forces. Le pouls était
à 84; les sueurs avaient disparu; l'expectoration avait diminué des deux tiers; la toux était devenue rare; la voix
était encore résonnante, mais les râles étaient à peine sensibles. Le malade me dit alors qu'il "éprouvait un point douloureux dans la poitrine, et qu'il avait vu quelques stries de
sflng dans ses crachats. Le traitement fut continué. Le lendemain matin il me fit appeler; il venait toul à coup d'avoir
une hémoptysie abondante; le sang n'était pas arrêté quand
je vins près de lui. Je lui fis boire par verre, d'heure en
heure, l'cau balsamique (cachet rouge). Au premier verre,
l'hémorrhagie était arrêtée; à ma visite du soir, je lui ordonnai de vider la bouteille pendant la nuit.
«Je le revis le lendemain matin: il venait d'avoir une
nouvelle hémoptysie très-forte; une poignée de sel dans de
l'eau ne l'avait pas arrêtée. Je fis de nouveau reprendre
l'eau balsamique (cachet vert), à la dose d'une bouteille par
jour, parce qu'il n'y avait l)as de fièvre. L'hémorrhagie
s'arrêta de nouveau, et comme le pouls était hémorrhagique,
j'en fis continuer l'usage pendant deux jours encore à ces
doses élevées. J'ai ainsi à la fois obtenu par ce médicament
la cessation complète de ce fàcheux accident, en même
temps que j'ai à peu près supprimé l'expectoration. Ce
jeune homme jouit aujourd'hui d'une bonne santé.» (B.)
�165
Pour arrêter l'hémoptysie, il convient d'employer le cachet vert, qui est plus styptique. Si l'hémorrhagie est peu
abondante, j'administre l'eau balsamique par cuillerée à
bouche toutes les heures; mais quand, par son abondance,
elle inspire des inquiétudes, je ne mets pour ainsl dire point
de limites dans la quantité que je fais prendre au malade;
une ou deux bouteilles dans les vingt-quatre heures me paraissent alors nécessaires.
L'eau balsamique, dans la phthisie pulmonaire confirmée,
présente un autre avantage: c'est d'agir sur la membrane
pyogénique, comme nous allons chercher à le démontrer.
. La guérison de la phthisie par les seules forces de la nature n'est pas impossible. LAENN EC, et après lui un certain
nombre d'auteurs recommandables en citent des exemples:
tantôt c'est par la transformation de la membrane qui sécrète du pus en une membrane muqueuse, fibreuse ou cartilagineuse, qui forme la paroi de kystes persistant; tantôt
par le retrait de cette membranc, qui donne lieu à de véritables cicatrices. La phthisic pulmonaire, disons - nous
(ouv. cit., p. 33), guérirait peut-être bien plus souvent, si
la membrane pyogénique avait le temps de se transformer
en une membrane d'une autre nature; mais le malade meurt
d'épuisement et de résorption purulente, avant que celle
nouvelle organisation, qui est le complément de l'évolution
du tubercule, ait eu lieu. Il ne nous paraît pas impossible
de hâter, de déterminer ces modifications de la membrane
pyogénique, et si un moyen peut amener ce résullat, c'cst
sans contredit l'emploi de l'eau balsamique à haute dose
et longtemps continué.
Car, en étudiant l'action de ce .médicament dans le catarrhe pulmonaire, nous avons vu avec quelle rapidité il
modifiait l'élat môrbide de la membrane muqueuse , et
supprimait la sécrétion du pus et du mucus. Ce phénomène
n'est pas moins constant dans la phthisie pulmonaire que
�'16G
dans le catarrhe. On peut donc regarder l'eau balsamique
comme un médicament qui arrête la formation du pus et
contribue à convertir la membrane pyogénique en une
membrane sécrétant un liquide muqueux de consistance- et
d'aspect variés. Le pus étant modifié sem moins nuisible à
l'économie. De plus il est probable que les vaisseaux absorbants éprouvent, par l'action astrictive de l'eau balsamique,
un état de resserrement qui arrête leurs fonctions d'absorption.
Nous nous bomerons à citer deux exemples remarquables
de phthisie au troisième degré, guéries par l'eau balsamique,
renvoyant à l'ouvrage cité, où se trouvent consignés un
grand nombre de faits du même genre.
OnSERVATION. <l'M. Graff, âgé de trente-quatre ans,
fabricant il Stosswihr, vallée de Münster, était arrivé en
18q·6 au demier degré de la phthisie pulmonaire. Ce fut
au mois de juin de la même année qu'on m'appela pour la
première fois. Sa famille et toutes ses connaissances le regardaient comme perdu. tous les médecins instruits, consultés à ce sujet, avaient déclaré que le mal était incurable.
On s'adressa il moi, sans doute, parce que j'avais obtenu
dans la vallée de Münster quelques succès dans le traitement de ces maladies.
d'hésitai, quand je vis le malade, à entreprendre un traitement aussi chanceux; mais, chIant aux supplications qui
me furent failes, je donnai à ce malade qui était dans le
dernier degré de marasme, qui rendait un demi-litre de pus
par jour, que la fièvre minait, que la diarrhée colliqualiye
(~puisat,
je lui donnai, dis-je, l'eau balsamique, associée à
l'extI"ait gommeux d'opium. J 'étais six lieues de l'endroit
qu'habitait M. Gralf, et ne pouvais le voir que Lous les
quinze jours. La seconde fois que je lui renJis yi ite, je fus
frappé du mieux sensible qui s'était opéré. L'expectoration
était moindre, la diarrhée et les sueurs avaient cessé, les
1
*
�Wi
forces commcu{'uicnt à revenir. Je le vis ainsi, à !les iuterva Iles très-éloignés, jusqu'au mois de mai de l'année 18"·7.
plus de fièvre; il était redevenu fort et vaAlors il n'~vait
quait à ses affairés. Je l'auscultai, il portait une caverne
dans laquelle on entendait un léger gargouillement. Le malin, l'expectoration qui était à peu près nulle, était muqueuse. En 1851, la maladie a paru vouloir se reproduire;
j'employai de nouveau le même remède, et j'eus encore le
bonheur de sauver une seconde fois le malade; le 20 août,
il est venu à notre établissement pour y passer quelques
semaines. On peut toujours constater la présence de la vomique qui était considérable autrefois. Mais jamais, en
voyant cet homme, on ne ('roil'ait qu'il a été dans une position aussi fàcheuse. Cepcndant, je dois le dire, il conserve
de l'expectoration gélatineuse, il est un peu.essouffié quand
il marche, mais, du reste, il se porte bien. (A.)
ODSEIlVATION. - <lM. Meyer, de Balschwiller (llautRhin), âgé de dix-neuf ans, était atteint de phthisie pulmonaire. Il était arrivé au troisième degré de cette cruelle
maladie. L'expectoration était abondante; l'auscultation
indiquait une caverne du côté droit au sommet du poumon,
et -des tubercules ramollis du côté gauche. Les extrémités
inférieures étaient œclématiées; une diarrhée colliquative et
tous les symptômes de la fièvre hectique épuisaient le maJude. Il recevait à celte époque (1840) les soins de M. le
docteur DEYDEIl, qui lui-même était affecté de cette maladie, à laquelle il a succombé. Tous deux, lui disait-il, nous
sommes atteints du même mal, et tous deux nous succombel'ons: pour nous pas d'espoir.
à un ami dévoué
Cl Ce pronostic fàcheux fut communiqué
qui, ayant entendu parier des cures inespérées que j'avais
obtenues, m'adressa ce jeune homme. Il fit mieux: comme il
était de Soultzmatl, il le logea chez lui, Je fus touché de
<:c dévouement d'un camarade envers son camarade, et ne
t
�tGS
négligeai rien pour concourir à celle bonne action. Je lui
prodiguai tous mes soins; il prit pendant quatre mois consécutifs l'eau balsamique associée à l'exti'ait gommeux d'opium, par cuillerée à bouche toutes les deux heures. Ce
traitement eut un plcin succès, car aujourd'hui ce jeune
homme, auquel un médecin instruit ne donnait plus d'espoir, jouit d'une santé florissante. Il a pu reprendre ses
études, s'est fait prêtre, et est actuellement vicaire à Allkirch, où il se livre avec ardeur à l'état pénible que sa vocation lui a fait embrasser. » (A.)
Comme dans le traitement du catarrhe pulmonaire, il
nous paraît utile, et même souvent indispensable, d'associer
l'eau de Soultzmatt au traitement par l'eau balsamique,
pour combattre en même temps l'éLat fébrile qui aœompagne les lésions de ce genre, et pour ne pas obtenir une
suppression trop rapide de la sécrélion habituelle. C'est un
point SUI' lequel nous ne pouvons assez insister.
La publication de l'ouvrage sur l'eau balsamique a amené
à l'établissement quelques malades qui étaient arrivés à la
dernière période de la plJthisie pulmonaire, et qui n'avaient
plus que quelques jours à vivre. L'eau balsamique, aussi
peu que tout autre moyen, n'a pu les sauver. Quelques-uns
cependant ont obtenu une certaine amélioration, .mais qui
n'a été que de très-courie durée.
Il me reste un mot à dire.. sur l'emploi de l'eau de Soultzmatt dans le dernier degré de la phthisie pulmonaire. Elle
ne saurait convenir au malade qui est profondément épuisé
par la fièvre, dont le pouls est devenu petÏl et fréquent, et
dont les intestins commencent à se déranger. Il ne s'agit
plus ici de combaLlre l'inflammation, de déprimer le pouls,
de ralentil' la circulation, tout ce qui abaisse les forces, active la résorption purulente et J'end la mort plus rapide.
Nous conseillerions vlutôt à ces malades les eaux qui peuvellt donner dl' la plastieité au sang, tandis que le caux
�169
ùe Soullzmatl, rendant le sang plus liquide, pourraient
contribuer à faire naître des hémorrhagies qui sont toujours fatales.
CHAPITB.E IV.
De l 'el"I.loi tles eRUX tle SoultzII1Rtt tlalls le
l')lUD1Rtislne.
Plusieurs eaux minérales jouissent d'une réputation européenne pour la guérison du rhumatisme; cependant, si nous
examinons leurs élmen~s
minéralisateurs, nous trouvons
qu'ils sont à peu près les mêmes, et assez souvent en
moindre quantité que ceux que nous rencontrons dans des
eaux qui sont loin d'être regardées comme aussi efficaces.
Leur puissance provient donc en grande partie de leur
thermalité. Mais si cette thermalilé othe certains avantages,
ce qu'on ne saurait nier, elle a aussi ses inconvénients, c~r
si ces eaux sont résolutives à un haut degré; elles sont aussi
excitantes et peuvent devenir funestes dans plus d'une circonstance. Aussi, plus d'une fois, elles ont ramené l'état
aigu des arthrites lorsque l'inflammation n'était pas encore
complétement éteinte, et ce qui est plus grave, elles peuvent
déterminer des accidents mortels chez des individus prédisposés aux congestions, aux maladies dn cœur et des gros
vaisseaux. Elles peuvent également devenir funestes dans
toutes les maladies organiques par J'excitation qu'clics produisent.
Si les eaux thermales étaient les seules qui aient le pouvoir de guérir le rhumatisme, il n'y aurait pas à hésiter, il
faudrait toujours envoyer nos malades aux sources de ce
genre. Mais, par des faits et par la théorie, nous allons
chercher à démontrer qu'il n'en est pas ainsi. Je dirai plus:
il n'y a pas de source l'enfermant des principes alcalins qui
�no
ne puisse compter chaque année des guérisons bien avérées.
Et J'hydrothérapie, qui est peut-être appelée à guérir à elle
seule plus de rhumatismes chroniques que les eaux thermales les plus en renom, n'est-elle pas un argument des
plus puissants contre l'efficacité exclusive de la thermalité.
<r Les eaux de Soullzmatt, dit MÉGLIN, ont produit de
<l bons effets dans les douleurs rhumatismales et arthritiques.
<l M. GUSMANN, médecin très-habile et physicien li Ensis«heim, a eu la bonté de me marquer au sùjet de ces eaux
«qu'il avait observé beaucoup de guérisons par leur usage ...
«~'y
joindrai encore quelques faits qui son t de la connais«sance de mon père 1, parmi lesquels il y en a qui regar({dent particulièrement la sixiême source 2 .l>
OnSERVATION. M. de P. , chevalier de Saint-Louis,
âgé de cinquante et quelques années, d'un tempérament vif,
d'une constitution robuste et d'un embonpoint ordinail'e, fut
attaqué de rhumatisme universel, qui, au moindre mouvement, lui faisait souffrir les douleurs les plus c'ruelles; cet
élat de souffrance dura pendant plusieurs années. Ayant
inutilement employé tous les remèdes pharmaceutiques, on
l'envoya pour dernière ressource aux eaux de Soultzmatt.
Les bains de ces eaux, dont il fit usage pendant trois semaines, le rétablirent, de manière que, depuis six ans qu'il
s'en est servi, il n'a eu aucune atteinte de ses rhumatismes.
OnSEIlVATlON. La femme de l'aubergiste de la Croix
blanche il Cernay était sujelle, depuis quatre ans, à des rhumatismes vagues, qui se portaient le plus souvent vers la
tc!te avec des symptômes très-fâcheux .. Il survint une perte
d'appétit totale, la maigreur devint extrême. Elle Lul, d'a'1. M. l\lJ!:GLlN, père, a l)ratiqué autrefois avec distinction la médecine à Soultz (llaut-l1hin).
, 2. Nous avons clémontré que loutes les sources fie Soultzillatt avaient
la même C0I111)osition; la distinction (rue fait M. MÉGLIN est lIonc sans
valeur.
�17l
près les conseils de M. MÉGLlN père, de l'eau ùe la sixième
source; elle fit en même temps usage des bains pèndant
quatre semaines: le rhumatisme disparut, l'appétit, les forces, l'embonpoint revinrent; elle fut enfin rétablie en parfaite santé.
M. WILLY, médecin à Mulhouse ct associé de l'Académie
royale de chirurgie, très-digne à tous égards de la réputation dont il jouit, a bien voulu me faire part de quelques
observations sur nos eaux dans une lettre qu'il m'écrivit à
ce sujet. Il se met lui-même li la tête de ses observations;
il rapporte qu'après avoir été attaqué de douleurs rhumatismales des plus violentes, généralement dans toutes les parties supérieures du corps, accompagnées d'accidents les plus
graves, et après avoir employé les remèdes les plus appropriés à son état et administrés par les mains les plus habiles, il se rendit enfin aux eaux de Soultzmatt, aussitôt
que son état le permit; il en eut un tel succès que tous les '
baignèurs furent étonnés d'un réta~lisemn
si prompt et si
marqué. Il prit ces eaux pendant deux années consécutives
pour mieux assurer sa gUérison- et pour prévenir les rechutes; depuis ce ~emps,
il jouit d'une santé aussi parfaite qu'il
puisse la désirer. Ces trois observati.ons sont extraites de
J'ouvrage de MÉGLIN.
OnsERvATION. - M. B1eicher, ancien notaire à Soultzmatt, était alteint d'un rhumatisme articulaire chronique,
qui avait déterminé le gonflement des articulations des genoux et des pieds, il marchait avec peine et douleur. Chaque changement de temps exaspérait son mal, qu'il attribuait à un séjour prolongé dans une chambre humide qui
lui servait de cabinet de travail. Après deux saisons de bains
faites en 1836 et en 1837, il obtint une guérison complète.
(A.)
OllSERVAl'lON. - M. nresch, de Sondernah, âgé de
vingt-sept ans, élait affecté d'llTl rhumatisme ('hronique des
�172
muscles de la poitl'ille qui gênait la respiration et les mouvements. Après différents traitements inutiles, il vint â
Soultzmatt en 184.5, prit 35 bains, but l'eau de la source,
et fut guéri. (A.)
OBSERVATION. M. Huntzinger, de Westhalten, était
atteint d'un rhumatisme lombaire (lombago-chronique) qui
durait depuis plusieurs années. La douleur était surtout
excessive dans la région sacrée; la marche était devenue
pénible. Fatigué de traitements inutiles, il vint à Soultzmatt
en 1842) prit une saison de bains (boisson, douches, bains)
et ohtint une guérison complète. (A.)
OnSERVATION. M. Stœss, propriétaire à Soultz (HautRhin), âgé de quarante ans, souffrait depuis longtemps
d'une sciatique qui lui causait de violentes douleurs et gênait
la marche. Il usa de divers traitements qui restèrent sans
effet. Il vint à Soullzmatt, but l'eau, prit des bains et des
douches el guérit parfaitement. (A.)
Les observations que je viens de citer et que je pourrais
multiplier bien davantage, prouvent d'une manière irrécu.
saMe que le rhumatisme chronique peut être traité avantageusement par les eaux de Soultzmatt : je crois même
qu'elles peuvent être très-utiles dans les rhumatismes articu·
laire et musculaire aIgus. Le rhumatisme articulaire aigu
surtout est évidemment une affection in!lammatoire; la meilleure preuve est l'élat couenneux du sang. Chacun sait que le
caillot que fournissent les saignées, lorsque le rhumatisme
articulaire sc trouve parfaitement développé, est ferme, contracté, recouvert d'uue couenne qui s'organise rapidement
en une sorte de membrane résistan te, épaisse de !~, 6, 8
millimètres; les bords du caillot sont ordinairement renversés; il floUe au milieu d'une sérosité parfaitement limpide,
jaunâtre ou verdâtre. «Dans le rhumatisme fébrile, di t le
([célèbre S1'OLL, la couenne du sang fut toujours très-inHam«maLoire ct si épaisse qu'on apercevait à peine un peu de
�175
(/ sang ou de partie rouge. Celle couenne était moins con
«sidérable-et moins épaisse dans toutes les 'autres maladies
«inflammatoires, quelque graves qu'eUes fussent.»
SYDENllAlIl avait déjà dit que la couenoe rhumatismale
ressemble ~l la couenne pleurétique comme un œuf à un œuf
(sicut ovum ovo). Les recherches de M. ANDRAL et GAVAlUlliT
sont encore plus explicites. «Il est une maladie, dit M. AN«DRAL, qui, à beaucoup d'égards, semble différer des inflam<l maLions ordinaires, ct dans laquelle cependant la fibrine
«obéit à la même lqi que dans celles-ci, je veux parler du
«rhumatisme articulaire. S'il est aigu, la fibrine augmente
(ld'une manière constante, ainsi que me l'a démontré l'ana«lyse du sang de quarante-trois saignées: une fois le chiffre
« li" six fois le chiffre 5, quinze fois le chiffe 6, treize fois
«le chiffre 7, trois fois le chiffre 8, Irois fois le chiffre 9 ct
«deux fois le chiffre 10, tandis qu'à l'état de san té, la pro«portion moyenne de la fibrine est de 2 à 5 millièmes.})
. Si le rhumatisme articulaire n'est plus que sub-aigu, la
fibrine cesse de s'élever autant, bien qu'elle dépasse généralement la limite supérieure de son étal physiologique.
Nous devons encore signaler l'état des urines dans le
rhumatisme articulaire aigu. Dans le cours de la maladie,
elles sont très-colorées et laissent déposer un sédiment briqueté toujours très-considérable; elles sont rares en général,
ct d'autant plus rares que les sueurs ont été abondantes.
Elles se troublent très-peu de temps après leur émission,
sont hourbeuses ct rougissent alors très-fortement le papier
de tournesol.
M. MAIlTIN SOLON (Mémoire sur remptm' du nt'traie de polasse dans le rhumatisme articulaire aigu, Bull. de thérap.)
a démontré que les urines étaient très-acides, qu'elles déposaient abondamment de l'acide urique rouge et des urates
mêlés à une petite quantité de mucus.
Après la douleur articulaire et la fièvre, l'état du sang
M
�1i4
et des urines Jans celte maladie fournit 'les indications les
plus positives. Aussi, toules les médications les plus en re·
nom tendent toujours à agir soit sur le sang, soit sur les
urines, soit sur les sueurs. Que fail-on par la saignée? On
diminue la fibrine. Que fait-on par le nitrate de potasse, le
tartre stibié, l'iodure de potassium, l'ammoniaque, etc. ? On
cherche à liquéfier la fibrine et à agir sur les urines ou la
transpiration.
Mais le nitrate de polasse, l'ammoniaque, etc. , ne sont
pas les seuls sels qui liquéfient la fibrine; cette propriété
appartient à tous les sels alcalins, surtout à ceux qui ont
pour base la soude et la potasse. Le bicarbonate de soude
ne le cède guère sous ce rapport au nitrate de potasse ni à
aucun autre; j'ai fai t quelques essais avec cette substance,
mais ils sont trop peu nombreux pour faire autorité. Je vais
cependant citer un cas de guérison remarquable obtenu par
ce médicament:
•
OnsEllvATlON. - M. V., épicier à Strasbourg, fut atteint, il Y a quelques mois, d'un rhumatisme articulaire
aigu général; toutes les articulations principales furent successivement affectées de la manière la plus douloureuse.
L'état fébrile très-prononcé me força à pratiquer plusieurs
saignées; toutes les fois, le sang se couvrit d'une couenne
inflammatoire épaisse. Les purgatifs, le nitrate de potasse
à haute dose amenèrent une amélioration momentanée.
Mais bienlôt survinrent de nouvelles douleurs et du gonflement des articulations; le ma] se concentra surtout sur les
deux genoux et le poignet du côté droit. L'état de faiblesse
du malade m'empêcha d'avoir recours à de nouvelles sai~
gnécs; le nitl'ate de potasse et les purgatifs avaient fatign é
les organes digestifs; l'idée me vint alors de donner l'eall
de Soultzmatt, dans laquelle je faisais prendre quatre cuillerées à café de bicarbonate de soude. Au bout de cinq
jonrs, cc traitement fil entièrement tomber la fièvre e~ dis-
�paraître les douleurs articulaires; il fut encore continué
pendant dix jours et amena Ja guérison ..
On peut, ce me semble, élablir que celle substance doit
avoir le 'même mode d'aclion que le nitrate de potasse, cl
(ln 'elle présente encore sur lui un certain nombre d'avantages, car l'acide carbonique calme, endort les douleurs, provoque la transpiration; Je bicarbonate de soude l'alentit la
circulation par son acide carbonique et par sa base (la soude);
il liquéfie la fibrine du sang; le bicarbonate de soude agit
s1lr la quantité des urines ct sur leur qualité, il les rend
alcalines et détruit l'acide urique.
01', l'acide carbonique, les sels sodiques et polassiques et
autres sc trouvent en quantité aSsez notable dans les eaux
de Soultzmalt. Le malade trouve donc dans ces eaux nonseulement une boisson rafraîchissante et agréable, mais
encore en même temps des principes minéralisateurs qui ont
une action puissante contre le rhumatisme. Etsion crainLque
ces principes ne soient pas en assez grande quantité dans ces
caux pour .pouvoir agir d'une manière prompte et efficace,
rien n'empêche d'y ajouter des quantités plus ou moins
considérables (10 à J5 grammes) de bicarbonate de soude,
médicament bien moins dangereux et bien moins désagréable que le nitrate de l)oLasse, qui, au bout de peu de jO!lrs,
inspire du dégoût et fatigue l'estomac; j'ai plusieurs fois
suivi cette pratique, en faisant mellre maLin et soir, dans
un \'cne d'cau de Soultzmatt édulcorée, une, deux et même
trois cuillerées à café de bicarbonate de soude; dans le couranl de la Journée, je faisais boire l'cau sans addition.
Si les eaux de Soultzmatl peuvent être utiles daos ]e rhumatisme à son plus haut degré d'acuité, à plus forle raison
le seronl-elles dans les cas où la maladie a cessé d'être douloureuse, sans êlre entièrement guérie, état qu'on reoconLre
Souvent dans la praLique, eL auquel on a donné le nom de
rhumaLisme articulaire chronique, étaL dans lequclles arti-
•
�'176
culations restent plus ou moins engorgées, les mouvements
gênés. et quelquefois un peu doulourellx : ce qui, pour le
médecin, veut dire que la membrane synoviale, les capsules
fibreuses sont encore dâns un élat d'irritalion,ou qu'il y a
eu dépôt de matière plastique et de fausses membranes.
Si l'irritation est entièrement éteinte, les eaux thermales
soit salines, soit sulfureuses, amèneront une guérison plus
prompte que les eaux gazeuses alcalines froides; mais malheureusement nous ne pouvons pas toujours nous assurer
de ce fait d'une manière certaine, ce qui serait cependant bien important; car l'excitation que déterminent les
eaux thermales peut réveiller les douleurs et l'inflammation;
les exemples de ce genre sont assez nombreux. Tandis que
des eaux plus douces, renfermant les mêmes principes résolutifs que les eaux thermales, peuvent, sous forme de bains,
de douches ou de boissons, procurer une guérison plus lente
à la vérité, màis plus certaine.
Je voudrais donc ne voir employer les eaux thermales
que dans les affections articulaires anciennes, qui n'ont plus
aucune tendance à passer à l'élat aigu, ou qui ont résisté
aux eaux minérales froides, ct qu'on n'y eût recours que
pour résoudre les anciens produits de l'inflammation chez
des sujets qui n'ont aucune prédisposition à la pléthore, à
l'apoplexie, aux affections aiguës ou chroniques du système artériel; ce qui est bien rare chez les personnes qui
ont des rhumatismes graves.
On ne se borne pas, dans les différents ouvrages de
pathologie, il donner le nom de rhumatisme aux maladies arliculaires, on l'étend à des affections étrangères
aux articulations, ct qui paraissent résider dans les muscles
elles nerfs. Les rhumatismes de cc genre sont caractérisés
par une douleur souvent très-vive. fixe ou erratique, augmentant par la contraction des muscles, souvent même par
la simple pression, et jusqu'à un certain l)oint soumise .
�'li 7
aux influences atmosphériques. L'anatomie pathologique
nous fournit peu de données sur c.clte affection à l'état
aigu. Nous n'avons pu l'étudier que par les lésions et les
désordres consécutifs qu'elle entraîne. M. FER RUS s'exprime
ainsi sur ce sujet : «Dans le rhumatisme chronique, les
«faisceaux mus~lex
s'atrophient et quelquefois se rétrac«tent; de là, ces difformités qui surviennent dans les mem«bres des malades en proie depuis longues années à des
<l,douleurs rhumatismales, difformités ou contractions qui
«leur ont fait donner le nom de perclus. Jl Il sc fait aussi
dans les aréoles cellulaires qui entourent les fibres musculaires des dépôts d'une sécrétion gélatiforme jaunâtre, diaphane, analogue à de la gelée de viande assez consistante.
Certains rhumatismes musculaires affectent parfois la
forme aiguë; mais ils ont toujours urie assez grande tendance à passer à l'état chronique; ce sont ces aŒections
qu'on rencontre surtout chez les anciens militaires, les hommes forts et vigoureux, et chez tous ceux qui ont été soumis longtemps aux vicissitudes atmosphériques; c'est dans
les cas de ce genre qu'on a trouvé les lésions anatomiques
dont nous avons parlé.
Il n'y a peut-être de commun entre le rhumatisme musculaire et le rhumatisme articulaire que le nom. En eŒel,
comme le dit M. !"LEURY dans le Compendium de médecir,e
pratique, 1. VII, p. 406, quoi de plus dissemblable que crs
deux maladies; le rhumatisme articulaire est une phlegmasie aiguë violente, caractérisée par l'accroissement de la
fibrine et par tous les symptômes qui appartiennent aux
inflammations les plus tranchées. Dans le rhumatisme musculaire, on ne trouve point les symptômes généraux et locaux qui sont communs à toutes les phlegmasies. On est à
se demander, avec M. 'RofllE, si le rhumatisme musculaire
n'est pas une névralgie. Les affections que les auleurs ont décrites sous le nom de rhumatisme nerveux, telles que le Jom12
�178
hago, les douleurs vagues qui occupent les membres dans
leur continuité., l'hémicranie, nous paraissent être des affections de nature nerveuse; ce sont des névropathies. Ce qui
le prouve, c'est qu'elles ne sont jamais - accompagnées
de gonOement ni de rougeur, qu'elles ne provoquent aucune réaction sympathique; que la pression, loin de les accroître, les diminue le plus communément; enfin qu'elles
sont intermittentes el vagues. Elles ont, en un mot, tous
les caractères des névroses, et n 'offrent aucun de ceux des
phlegmasies. M. CRUVEILHIER n'hésite pas non plus à considérer celle affection comme une névralgie; il fait remarquer que les douleurs musculaires ont la plus grande analogie avec celles qu'excitent les affections de la moëlle et des
rameaux nerveux. La seule différence qui existe entre les
douleurs rhumatismales et névralgiques, c'est que celles-ci
suivent un trajet bien dP.lerminé, parce que les branches
des nerfs sont plus isolées et plus volumineuses, tandis que
ce sont les fibrilles nerveuses les plus t~nues
el s'irradiant
dans les muscles qui sont le siége de la douleur dans le
rhumatisme.
Pour mon compte, d'après ce que j'ai dit (p. 87, 101), en
parlant des congestions, je crois que beaucoup de douleurs
(lue l'on regarde comme rhumatismales tiennent à des congestions artérielles ou veineuses, se faisant vers certains
points du système cérébro-spinal et même du système nerveux ganglionaire.
Ces citations, tirées de différents auteurs recommandables, ces opinions que nous avons émises nous-même, donnent à réOéchir sur la nature de certains rhumatismes. Je
n'essaierai pas de discuter et de résoudre des questions de
ce genre dans cet ouvrage, mais j'ai cru devoir reproduire
ces passages, afin d'en tirer une conclusion importante:
c'est qu'il reste encore à décider si certains rhumatismes
tiennent à un état de phlogose, ou à un état nerveux ou à
,
�'179
un état de congestion. Jusqu'à ce que ce point soit jugé,
je considérerai comme imprudent d'envoyer certains malades affectés de rhumatisme chronique ~ des eaux thermales
actives, telles que Bourbonne, Bad'Im, Plombière, etc., car,
si la maladie tient à un état de phlogose, de congestion ou
d'irritation spinale, je préfère des eaux plus douces, ayant
une action antiphlogistique et ne pouvant pas amener d'excitation. Si le rhumatisme est une névrose, qu'il dépende
d'une simple affection nerveuse, quel traitement sera plus
efficace que celui par les eaux gazeuses et alcalines; ce que
j'ai dit au sujet de la gastrite et de la gastralgie est ici
également applicable au rhumatisme. Et s'il tient à une
congestion soit artérielle, soit veineuse, nous avons démontré (p. 87) les avantages qu'on peut retirer des eaux de
Soultzmatt.
Ces considérations, que je ne fais qu'effleurer, sont dignes
de l'attention du médecin; elles ont souvent fait l'objet de
mes méditations.
Lorsque les rhumatismes musculaires chroniques fort anciens auront déterminé les lésions a,natomiques dont nous
avons parlé, sans doute, des eaux thermales seront plus
efficaces pour détruire ces produits gélatiniformes et autres;
froides, douches, bains,
mais les eaux gazeuses alcin~s
boissons seront, comme l'expérience l'a démontré, d'une
efficacité inconleslahle, quoique plus lente, pour obtenir ]a
résolution de ces engorgements formés par une lymphe plastique de nouvelle 'formation (p. 38).
�'ISO
CHAPITRE V.
De l'elul,loi .Ies eaux tle Soultz ..u\tt dausl" goutte
et .a gravelle.
.
La goutte est une maladie générale, rémittente, aiguë ou
chronique, don~tlieu
à un travail morbide local qui affectc
spécialement les articulations, surtout celles du pied, et
ayant pour effet d'y produirc de la douleur, du gonflement,
de la rougeur, se propageant aux tissus ambiants. Un caractère non moins essentiel de la maladie est celui qui résulte
de la sécrétion d'une matière saline qui se dépose au pourtour des join tures.
Quant à la gravelle, elle est caractérisée par la présence
ùe petits graviers de couleur variable, mais le plus souvent
rougeâtre, rendus avec les urines ou se déposant bientôt
après leur émi5jjion, tantôt sous forme pulvérulent.e , tantôt sous forme cristalline. Dans le premier cas, elle porte
le nom de sable, dans le second, elle conserve celui -de graviers, calculs.
Plusieurs pathologistes de nos jours, revenant aux idées
des anciens, admetlent que la goutte est une maladie constitutionnelle et qu'elle est l'expression d'un vice humoral.
Tous les auteurs qui ont ô'crit sur la goutte attribuent la
production de cette maladie à l'abus des boissons stimulantes,
au passage d'une vie active à une vie sédentair,e et surtout
à l'usage d'une nourriture succulente plus copieuse que ne
l'exigentlesbesoins du corps. Ces causes tendenIPévidemment
à établir un état de réplétion, de pléthore générale. Cette
doctrine a été développée par M. ROCITE, qui fait consister
)e principe arthritique goutteux dans une surabondance de
sucs nutritifs, d'où résulte la prédominance dans la masse ·
sanguine de l'acide urique ou au moins des éléments qui
tenflent à le rormer. On sait en effet que, plus un individu
�181
prend d'aliments azotés, plus il sc forme chez lui d'aëidc
urique. Cet excès d'acide peut, pendant quelque temps, être
excrété par les urines ct la transpiration cutanée, mais il arrive un moment où ces voies d'excrétion, ne pouvant plus sul:'
lire, il va, suivant une prédisposition spéciale, se déposer sous
forme saline dans les reins, pOUl" former la gravelle; dans
les articulations, pour produire la goutte et les tophus. Aujourd'hui il est généralement admis que la grave]Jc rouge
est formée d'acide urique et que les concrétions arthritiques'
sont principalement formées d'urates de soude et de chaux.
Il est également admis que les sueurs des goulleux sont d'une
acidité très-prononcée et que leurs urines, au moment de
leur émission, sont très-acides, qu'elles déposent ordinairement un sédiment briqueté, composé d'acide urique.
D'après CnllLlus, l'acidc urique augmente dans les urines
des goutteux de 69 il 112 millièmes, ce qui fait presque
le double. On ne doit donc pas être éloigné d'admettre que
la cause prochaine de la diathèse goutteuse puisse résider
dans la présence d'un excès d'acide urique dans les liquides
de l'organisme.
Mon opinion est qu'il est des substan'ces qui provoqucntla
goulle, en fournissant au sang' les matériaux qui peuvent
produire un excès d'urée ou d'acide urique. Qu'il en est
d'autres qui la provoquent en meltant les reins dans des
conditions telles qu'ils ne peuvent plus éliminer l'urée qui
se forme constamment dans l'économie; tandis que d'autres,
facilitant l'excrétion de ces produits, deviennent autigoutleuses. Dans la première catégorie, sont compris lous les aliments et les boissons très-azotés. Dans la seconde, les substances qui diminuent celle excrétion, le café 1, les vins du
1. Quelle est l'action dl! CAFÉ ? Cette ques tion m'a été si souvent
adressée que je crois utile de chercher à la résoudre , d'autant plus
qll 'ell e l'entre dil'ectemenl. dans le suj et qui m'occupe,
Le t;a fé agit sur le sys tème nerveux, En FJ'ance généraloment on Je
�182
Midi et peut-être le Ihé. Dans la tr.oisième, les anligoulleux
spécifiques, le colchique d'automne, le vin blanc du Rhin,
les feuilles de frêne, le cassis, les bourgeons de sapin, elc.
J'émets ces idées avec la plus grande ·réserve; mais si
elles étaient vraies, elles pourraient être ferliI'es en applications praliques; ainsi le Dr HENRY DE MANCHESTER a observé qu'une ,potion renfermant de la térében:thine el de
l'opium faisait couler l'acide urique en abondance. De ce fait
il résulterait que l'eau balsamique de Soultzmatt serait un
puissant moyen pour éliminer la gravelle. Mon attention
ne s'est pas jusqu'ici portée sur des expériences de ce genre,
considère comme un excitant, un tonique, un stimulant. Comment,
en efTet, ne pas aùmeLLre cette opinion lorsqu'on voit le café, peu après
son ingestion, ranimer, exciter le cerveau, empêcher de dormir, allumer l'imagination, rendre plus agile, l)lus spirituel, plus éloquent.
Cependant ces observations sont, jusqu'à un certain point, sans valeur, car on a négUgé de tenir compte des circonstances dans lesquelles on se trouve lorsque le café produit des effets si merveilleux.
C'est au sortir d'un repas copieux, largement arrosé de vins forts
et généreux qui ont momentanément congestionné le ccrveau; c'est
après un travail intellectuel excessif qui a produit sur l'organe encéphalique un etTetap.alogue. Dans ces cas, le cerveau est dans les mêmes
conditions que lorsqu'il est sous l'influence de l'opium, c'est~à-dir
lorsqu'il est congestionné.
:Mais si ces observations portent sur l'homme placé dans des conditions inverses, c'est-à-dire, lorsqu'il est à jeûn, nous remarquons
des phénom nes bien difTérents. Le c:lfé, pris le matin, produit à peine
une excitation légère qu'il faut en grande partie attribuer au calorique; bientôt le pouls devient plus lent de quelques pulsations, plus
mou et plus ample. Une ou deux heures après l'ingestion du café, les
personnes faibles surtou t éprouvent une sensationde vide: ce qui a faiL
dire que le café creuse. Ce phénomène est moins tranché si l'individu
est vigoureux ou s'il :l eu soin d'ajouter au café du lait et clu pain.
Si On prend une tasso de café au milieu de la journée, lorsqu'on est
fatigué par le travail des affaires, ct que l'estomac soit vide, on sent
aussitôt une lassitude générale, les jambes deviennent tremblantes,
les genoux lléchisscnt, les bras et les poignets restent pendants et
tremblants, le ponls faible, et vous éprouvez un étaL de malaise général qui disparaît nprès le repas. (Annales de thé"apcuUq1tC méd'icalc
el chirurg'Îcale, publir.es pal' le D" HOGNE'I' rA , L. 'il, 1. Il)
�185
qu'il serait facile de répéter, et qui donneraient à Soultzmatt un grand avantage sur ,beaucoup d'autres bains dans
le traitement de la goutte et de la gravelle.
Longtemps avant la découverte de l'acide urique dans
l'urine des goutteux, les alcalis avaient été recommandés
dans le traitement de la goutte par plusieurs médecins.
HOFFMANN, VAN SWIETEN, DEDOIS (de Rochefort) en avaient
reconnu l'utilité; mais ces substances ayant été employées
à l'état de pureté, ne pouvaient être données qu'à faibles
doses, pour ne pas fatiguer l'estomac. COLDORNE, FALCONNET,
médecins anglais, avaient déjà remarqné, vers la fin du
e. «Lorsque
ZIMMERMANN avait fait la même observation sur lui-mêm
«je prends, dit-il, plus de deux tasses de café, je me trouve alTaibli;
«elles me causent des mouvements hypocondriaques, des tremble«ments, des étourdissements et certaine timidité qui m'est insuppor«table. Je vois arriver la même chose à ceux qui se portent bien dès
«qu'ils en prennent plus qu'à l'ordinaire.»
Ces faits sont d'ulle observation facile; chacun l)eut les répéter.
Mais pénétrons encore plus en avant dans cette question. Nous venons
de voir que le café rillentit le pouls et déprime les forces; mais il a ·
encore d'autres eITets physiologiques que nous allons étudier. L'ingestion du café à haute dose diminue l'appétit, ralentit la digestion et
amène des troubles du côté de la respiration simulant l'asthme; le
nombre des inspirations et la quantité d'acide carbonique exhalé pendant l'expiration sont diminués, la perspiration pulmonaire devient
plus faible, le sang est plus noir dans les veines, et les globules rougissent plus difficilement à l'air. (BOCKER, Beitrœgc zur Heilkunde ins;
besondere zum J(rankheits-Genus, Mittel- und Ar.znei-lVi1'kungslehre
1849.
,
médicale
l'Union
dans
D
BERNAR
C.
M.
par
analysé
1849.) Ouvr.
La sécrétion de l'urine est légèrement augmentée ou reste la même,
m'ais J'urée et l'acide uri quo y diminuent en quantité notable. (BOCKEH,
ouvr. cité.)
Ce' ralentissement dans la circulation, dans la respiration et dans
certaines excrétions, fait, comme 10 dit BOCIŒR, que la métamorpbose
ùestructive des organes se trouve diminuée, et l'homme qui prend du
café est placé, si je puis m'exprimer ainsi, dans des conditions qui le
rapprochent des animaux hibernants.
De ces faits physiologiques, nous concluons: Que l'homme à jeCrn,
on qui est dans un grand état de faiblesse, voit sa faiblesse augmenter
par l'usngê du café ; il (] vient plus nerveux, plus débile, parce que le
�'l S4·
siècle demier, que les alealis son t d' autant mieux supportés
qu'ils sont plus saturés par l'acide carbonique. On conçoit,
d'après cela, l'avantage qu'on peut retirer des bicarbonates
alcalins, surtout de ceux de potasse et de soude, qui agisse:t;lt si puissamment sur l'acide urique. Nous avons cherché
à donner l'explication de ce fait d'observation (p. 59).
M. Cn. PETIT, médecin inspecteur des eaux de Vichy, a
publié plusieurs mémoires fort intéressants, où il a établi
par des faits l'efficacité des alcalis dans le traitement de la
goutte et de la gravelle.
S'il a trouvé beaucoup de contradicteurs, c'est qu'il n'a
pas réellement posé la question sur le terrain où elle doit
être placée. Nous lui accordons que l'urine, étant rendue alcerveau ne reçoit plus assez de sang. - Pour eelui qui a fait un repa frugul et peu sub tantiel, le cufé est un faux aliment, qui le soutient, parce qu'il remlla métamorphose destructive des organes moins
active et que les IJrincipes nutritifs sont moins rupidement assimilés.
C'est ainsi que les p:m l'l'CS peuvent tromper la fuim qui succède I)ien~ôt
à un repas insuffisant.
Lorsql).e le cerveau est congestionné et reçoit trop de sang à la
suite de travaux d'esprit ou d'excès de table, l'action dépressive du
café dégage le cerveau ct rend l'intelligence plus active.
Ceux qui sc livrent à la bonne chère et prennent dn café pour en
atténuer Jes fâcheux errets commettent une faute qui tôt ou tard tournera il leur détriment. Le repas du pauvre produit peu de principes
sucr~,
peu d'urée et d'acide urique; celui du riche, au contraire, en
produit beaucoup. Or, le café, ralentissant la métamorphose desImetive des organes, il. en résulte que le pauvre, oulre le plaisir
qu'il trouve à prendre ceLte boisson, reLire fructueusement de son
repas moùeste lous les principes assimilables, tandis que Je riche
retient dans la masse du sang du sucre, de l'urée et de J'acide urique,
que, par ses excès, il y a déposés en abondance, et dont le café contrarie l'élimination: ces principes ainsi retenus dans le sang donnent
naissance aux gouttes, aux congestions ct il une Joule d'incommodités. Pour résumer aussi brièvement flue possible tout cc qui précède, nous dirons ù ceux qui nous demandent quelle eSll'action du
cufé:
Le pmw/'e y pwise Ut! aliment, le SelVa!!t des idées, l'énervé la {aiMesse, le qas//'onome U1l1WiSOI!.
�'185
caline, soit capable de dissoudre l'acide urique qui sc ùépose
sous forme de concrétions ou de sable dans les reins et la
vessie; mais, pour peu que ces concrétions aient acquis un
certain volume, il est à douter que l'urine, quelque alcaline
qu'elle soit rendue, ait la propriété de les dissoudre.
Voici, en peu de mots, comment nous comprenons l'action des alcalis dans la goutte et la gravelle rouge. Celle gravelle et certains calculs sont exclusivement formés d'acide
urique et d'urates d'ammoniaque. La goutle consiste en un
dépôt d'urate de soude qui se fait spécialement dans les articulations. Les calculs le plus souvent se forment d' une
manière purement mécanique. Dans le rein, l'acide urique
' se dépose dans les bassinets; la première action des alcalins
est de les désagréger, en dissolvant la matière animale qui
en est comme le ciment; le calcul désagrégé est ensuite entraîné par l'urine ou dissous à l'élat d'urate basique. Dans la
gravelle, à l'état de sable, celle dissolution est immédiate.
En effet, les sels alcalins il aciùes faibles, les carpon ales, les
borates surtout, même lorsqu'ils sont en dissolution étendue,
dissolventl'aeide urique.
Jusqu'ici, ces idées sont, à i)eu de chose près, celles de
M. PETIT; mais, dans notre explication de l'aclion des alcalis contre la gravelle eL la goutte, nous allons plus loin.
Nous admettons une action qui est plus importante ct plus
féconde, c'est celle de prévenir la formation de l'acide urique.
Nous nous croyons fondé à l'admettl'e, parce que l'urée a été
trouvée dans le sang, ct qu'il est probable que l'acide urique
existe dans celui des graveleux et des goutteux; comment,
sans cela, pourrait-on expliquer les dépôts d'urate acide de
soude qu'on rencontre chez ces derniers? Or, nous avons
cyanhydrique, dont la molécule
montré cumment l'aci~e
existe dans l'acide urique, peut, sous l'influence d'agents
divers, se transformer en acide formique el en ammoniaque.
C'est donc dans le sang lui-même qne les alcalis vont s'at-
�186
taquer à l'acide urique, s'il est formé, ct s'opposent à sa formation, lorsque celui qui y existe a été détruit (p. 59).
Supposons, ce qui est possible, que l'acide urique ne
se forme que dans les cas où le rein est irrité ou dans un
certain degré d'inflammation, les eaux gazeuses alcalines
telles que celles de Soultzmatt, par cette action antiphlogistique et calmante dont nous avons si souvent parlé, les remettront dans des conditions telles que leur sécrétion redeviendra normale, et la maladie se trouvera ainsi attaquée
'
dans sa cause.
Tous les médecins sont loin d'êlre d'accord sur un
point cependant très-important: c'est celui de savoir s'il
faut chercher à guérir la goutte par les alcalins. M. PuuNELLE, médecin inspecteur des eaux de Vichy, croit que
ce traitement par les bicarbonates alcalins est très-utile dans
la goutte interne; qu'il est inefficace ct même nuisible contre
la goutte externe. dl arrive, dit-il, que les caux de Vichy,
«après avoir surexcité vivement les voies digestives, finissent
«par allumer une fièvre plus ou moins intense; la goutte
«articulaire peut et doit même disparaître alors, mais par
«un effet métasyncritique et nullement par la spécificité du
«moyen employé. Peu importe au malade comment la chose
«arrive: toute la question est de savoir si celte disparition
«de la goutte est sans incov~(l.
C'est uniquement au
«temps qu'il appartieut de le décider.»
, Ces idées, émises d'une manière assez vague et obscure,
nous semblent peu fondées, ct la question peut, à notre
avis, être résolue de la manière suivante: Il faut toujours
'Chercher à guérir la goutte, mais en évitant de nuire, ct
on ne nuira jamais en surveillant et dirigeant convenablement l'action des caux. La plupart des gouLteux, comme '
on le sait, sout prédisposés à la plétllore et, par suite, aux
congestions vers difl'él'ents organes. Or, administrer des
doses considérables d'eaux aussi riches en principes minéra-
�187
lisateurs que le sont celles de Vichy, c'est risquer de produire ou de ne pouvoir empêcher des accidents redoutables,
retour de l'état aigu, phlogoses internes, etc. Mais si ces
accidents ont pu se présenter il Vichy, nous n'en <'.royons
pas moins, d'après ce que nous avons dit précédemment,
que les eaux gazeuses alcalines seront toujours utiles et nullement dangereuses dans la gouLLe et la gravelle (p. ·58). à
la condition qu'elles ne soient pas trop chargées de principes
minéralisateurs, qu'elles agissent lentement et qu'elles soient
froides.
Il n'y a qu'un cas où l'eau thermale devra être préférée,
à la condition toutefois de ne pas être nuisible sous d'autres
rapports, c'est celui où il s'agira de détruire l'engorgement
chronique des articulations et les dépôts d'urate de chaux
et de soude. Mais encore combien de fois arrivera-t-on à ce
résultat? Ne sera-t-on pas toujours exposé à réveiller les
douleurs?
Ces considérations doivent engager les médecins prudents
à conseilfer aux gouLLeux des eaux gazeuses alcalines froides, analogues à celles de Soultzmatt. Prises en boisson ou
sous forme de bains et de douches, à une température qu'il
sera toujours facile de graduer suivant la susceptibilité du
sujet, elles seront très-efficaces.
Le but principal étant d'introduire dans l'économie une
assez grande quantité de principes alcalins, les eaux devront
être prises à des doses plus élevées que dans la plupart des
autres affections: 10 il 15 verres dans le courant de la matinée peuvent être permis au malade, à la condition qu'il
laisse échapper le gaz acide carbonique, qui déterminerait
l'ébriété. Dans cette maladie, on fera bien de boire de l'eau
minérale même aux repas, et de prendre des bains.
Nous donnons comme dernier conseil aux goutteux d'être
plus sobres à table que les autres baigneurs, et de vouloir
hien, de temps cu temps, se l'appeler qu'un médecin an-
�188
gluis, LonllE, dans une dissertation qui a pOUl' titre: Probabilitas curandi podagrarn per al·imenla, cite les exemples
de quatre goutteux qui sont parvenus à faire cesser leurs
accès violents en adoptant le régime végétal, et en s'interdisant l'usage de la viande et des boissons alcooliques.
Voici une observation qu'on devrait citer à tous les goutteux: LmuTAunrapporte l'histoire d'un goutteux, âgé d'environ soixante ans, qui, après s'être livré sans réserve à tous
Jes plaisirs de la ,'ie, était devenu perclus de ses pieds et de
ses mains; il crut, dans un bon moment, qu'il était temps
de penser à l'avenir et de réparer par une vie mortifiée et
pénitente les fautes de sa jeunesse. Dans ce pieux dessein,
il se condamna à un régime très-austère et ne se permit
pour toute nouqiture que des haricots cuits sans assaisonnement, du pain et de l'eau. Son goût, blasé par la bonne
chére. souffrit, comme on le pense, beaucoup de cc
changement; son estomac même refusait absolument celte
nourriture insipide; il ne s'en mit pas en peine et attendit
avec beaucoup de courage la faim qui lui fit trouver assez
bon ce qui lui avait d'abord paru détestable; il s'accoutuma
insensiblement à sou nouveau régime, et il eut dans la suite
la double satisfaction d'avoir apaisé les troubles de sa conscience et d'avoir guéri radicalement, sans y avoit' pensé,
une goutte ancie.nne et cruelle, recouvrant même l'usage
des pieds et des mains comme dans la parfaite santé.
On place toujours les eaux de Contrexéville en première
ligne pour combatlre la gravelle; nous sommes loin de vouloi,' nier leur efficacité, car chaque année 'nous y envoyons
un certain nombre de malades atteints de cette affection.
Mais nous attribuons à ces eaux une action antre que celle
des ()aux de Vichy. Nous présumons que les eaux de Contrexéville guérissent la gravelle d'une manière loute difféJ'ente, parce qu'clles favorisent la séparation de l'acidc
lIl'ique, cc qu'ellcs uoivent aux principes qll'cllcs l'enferment,
�180
d'cau qu'on fail boire aux
et surtout il la grande q~tanlié
malades. De plus, quelques auteurs, CIVIALE entre autres,
ont allribué la formation de l'acide urique à une irritatiou
légère du rein; n'est-il pas possible que les eaux de Contrexéville placeut ces organes dans celle condition? J'ai recueilli
dans ma pratique deux fails qui semblent confirmer cet te
manière de voir.
OnsERvATION. - Un jeune homme des environs de Colmar vint me consulter pour une a[ection des voies urinaires
caractérisée par une douleur dans la région des reins et
par des dépôts de matière muqueuse dans les urines; il
n'avait aucune sensibilité de la vessie; jamais il n'avait
rendu de sable. Je l'envoyai à Contrexéville d'Olt il revint
guéri; mais il me rapporta une grande quantité de sable fin
rougeâtre qui n'était que de l'acide urique qu'il avait rendn
pendant son traitement.
OnSlmVATION. - M. X., sanguin, puissant, vivant bien ,
se rendit à Contrexéville pour des raisons autres qu'un état
maladif. Il lui vint en idée de prendre ces eaux; jusqu'alors
ses urines avaient été parfaitement claires. Dès les premiers
jours du traitement, il rendit du sable, et il en trouva dans
ses urines tant qu'il continua la cure.
Le sable ayant été rendu chez ces malades en poudre
lt'ès -fine, je me crois en droit de conclure qu'il ne provenait pas d'un dépôt ancien qui se serait produit dans le rein.
Si ('CS faits, qui sont trop peu nombreux, se présentent souvent à ce bain, ne pourrait-on pas en infèrer que les
eaux de Contrexéville conviennent bien plus dans la goulle
que dans la gravelle.
Cc qu'il y a de certain, c'est que nous voyons ceux qui
prennent les eaux de Contrexéville pour l'une ou l'autre de
ces maladies rejeter une grande quantité de gravelle ou de
sahle pendant leur traitement. M:lÎs malheureusement cc
n'est pas toujours de l'acide urique il l'état pulvérulent qui
�190
est expulsé avec les urines, ce sont souvent des graviers et
même de petits calculs qui, franchissant les uretères avec
difficulté, donnent lieu à des coliques néphrétiques atroces.
Les malades, à la vérité, sont généralement très-satisfails
de ce résultat, parce qu'ils sont débarrassés d'un calcul. Mais
l'effet que l'on se 'propose d'obtenir par les eaux de Vichy
et de Soultzmatt n'est-il pas préférable? Ces eaux peuvent empêcher la formation de l'acide urique, désagréger
les concrétions dont le mucus est ]e ciment, et enfin dissoudre en partie au moins l'acide urique qui existe dans les
reins. Je ne veux pas refuser à Contrexéville d'avoir aussi
les mêmes propriétés jusqu'à un certain · point; mais les
principes minéralisateurs capables de produire ces effels sont
en tous cas autres, plus faibles et bien moins abondants que
dans les eaux de Soultzmatt.
Si je voulais établir un parallèle enlre Vichy, Soultzmatt
et Contrexéville, je dirais que Vichy est plus actif pour dissoudre la gravelle et l'empêcher de se produire, Contrexéville pour l'expulser, et que SQultzmatt, par ses principes
minéralisateurs, possède à la fois, mais à un degré moindre,
les propriétés des deux autres.
Je terminerai par quelques observations qui prouveront
l'efficacité des eaux de Soultzmatt contre la goutte et la gravelle.
OnsERvATION (extraite de l'ouvrage de MÉGLlN). - M. N ~ ,
major de hussards, sujet à la goutte, souffre dans ses accès
en même temps beaucoup de la gravelle; il se sert ordinairement des eaux de Soultzmatt, qui ]e soulagent aussitôt,
en expulsant une grande quantité de gravier par les urines.
OnsERvATION (extraite de l'ouvrage de MÉGUN). - La
femme d'un particulier d'Orschwir a éprouvé les bons effets
de ces eaux dans la néphrétique; cette femme était sujette
à cette maladie depuis plusieurs années; les symptômes
dans les accès étaient violent.s; elle éprouvail des douleurs
�'191
extrêmement vives, une fièvre considérabl,e , des vomissements, etc. Tous ces ~cidents
ne sc terminaient que par la
sortie de quelques graviers plus ou moins gros; elle prit
l'année dernière les eaùx de Soultzmatt, et depuis deux ans
elle n'a eu aucune attaque.
OBSERVATION. M. Hechinger, maire à B. (HautRhin), grand chasseur, était atteint de la goutte. Elle se
manifestait le plus souvent au gros orteil du pied droit;
quelquefois elle envahissait d'autres articulations. Chaque
année il avait deux ou trois atteintes de goutles très-douloureuses, qui le clouaient sur son fauteuil pendant quatre
à cinq semaines. Il vint à Soultzmatt en 1836 et 1837, Y
fit chaque fois une saison de trois semaines, pendant laquelle il buvait l'eau à haute dose, et prenait des bains.
Les attaques de goutte ont depuis cette époque presque entièrement cessé. (A. )
M. T., colonel en retraite, venait à
OBSEllVATION. Soultzmatt pour combattre des accès de goutte dont il avait
beaucoup souffert. Les eaux mitigèrent considérablement
celle affection. Mais, comme la plupart des goutteux., il
avait la gravelle ro.u ge, qui, le plus souven t, était rejetée
SO\1S forme de sable. De temps en temps aussi, il rendait des graviers qui donnaient lieu à des coliques néphrétiques violentes. Les eaux de Soultzmatt firent entièrement
cesser ce dernier accident ;'" vers la fin de la saison, qu'il
prolongeait au delà de trois semaines, ses urines cessaient
de déposer du sable et devenaient parfaitement claires. Celte
amélioration se continuait encore pendant un certain temps
après son départ du bain, mais, vers l'hiver, la gravelle
reparaissait; l'été le ramenait à Soultzmatt, dont il eut toujours à se louer; toujours aussi il fut fidèle à notre établisSement. (A.)
.
OBSERVATION. M. X., employé retraité d'une administration, souffrait depuis longues années de douleurs né-
�192
phrétiques, qui se reproduisaient fréquemment; ses urines
étaient toujours chargées de sable et contenaient de temps
en temps de petits calculs; il -éprouvait constamment une
pesanteur dans la région répondant· aux reins. Son médecin
l'envoya à Niederbronn; il n'en retira aucun effet. Depuis
plusieurs années, il vient à SoulLzmatt, prétendant qu'aucun
bain ne saurait lui être plus utile. Dès les premiers jours,
]a douleur des reins disparaît, le sable coule en abondance,
et il se trouve dégagé sans avoir de coliques néphrétiques.
Vers la fin de la saison, les urines deviennent claires, et il
repart, n'éprouvant plus aucun des accidents qui l'amènent
à Soultzmatl. Le sable se montre encore de temps en temps,
mais il n'est plus sujet aux coliques néphrétiques. En un
mot, son état est tellement amélioré, qu'il ne vient plus
guère à notre hain que par reconnaissance. (B.)
CHAPITRE VI.
De l'etUI.loi Ile l'eau tic Soultz ... att et Ile l'eau ',al8a'''ÎfJue IlaliS le eatal'l'Jte vésical.
Lè catarrhe vésical ou cystite muqueuse est ordinairement le résultat d'une inllammation aiguë de la membrane
muqueuse de la vessie passée à l'état chronique. Celle maladie est caractérisée par la préSence d'un mucus plus ou
moins épais et abondant dans les urines. Cet étal pathologique <le la vessie s'établit de deux manières différentes: ou
ou, au conil parait subitement ct sans aucun pr~ome,
tI aire, il commence par des symptômes très-légers, qui,
pendant un temps variable, vont chaque jour en augmentant de gravité. Dans les premiers cas, les phénomènes inflammatoires sont ordinairement assez intenses, au moins
dans le début, ct la mala<lic parcourt brièvement toules ses
périodes; c'est le catarrhe vrsic<lJ aigu. Dans l'autre cas ,
�105
la maladie présente dès son invasion un défaut d'activité,
une langueur qui .peut faire présager son état chronique,
quoiqu'il ne soit pas rare de voir, pendant sa longue durée,
quelques exacerbations passagères. (FERRUS.)
Hors la période d'acuité, comme je l'ai dit autre part 1,
le catarrhe vésical assez souvent n'est pas une' maladie très"
douloureuse: il peut exister des années sans compromettre
l'existence des individus; cependant il est peut-être urie des
affections les plus pénibles et les plus désagréables; il exerce
une fâcheuse influence sur le moral, comme presque toutes
les maladies des organes génito-urinaires, il engendre chez
le malade la tristesse, la propension à penser à son mal,
ou à en parler; ce qui tient à ce qu'il y a toujours là quelque chose pour le lui rappeler. Mais cela est-il étonnant?
Tantôt ce sont des pesanteurs au périnée, des douleurs vagues ou assez vives dans la région hypogastrique, augmentant et devenant très-intenses souvent par une cause légère.
Tantôt le besoin plus ou moins fréquent d'uriner, soit pendant le jour, soit pendant la nuit; ce besoin, qui peut se
reproduire à des épo(Iues très-rapprochées, et qu'il faut satisfaire promptement, force les malades à fuir la société,
surtout celle des femmes, et à renoncer quelquefois à des
positions avantageuses. Ce qui tourmente généralement
beaucoup, c'est la présence des mucosités contenues dans
les urines; voyez ces pauvres catarrheux, avec quel soin,
quelle persévérance, ils examinent à chaque instant du jour
le dépôt qui se forme au fond du vase, pour savoir s'il augmente, s'il change de couleur, etc ... ; ils s'étudient avec le
plus grand soin, pour trouver toutes les causes hygiéniques
qui peuvent leur nuire ou leur être utiles : autre supplice
de leur vie, car alors ils renOllcen t à une foule de plaisirs
auxquels ils étaient accoutumés, parce qu'ils savent par ex1. COlls-ide'ralions pmtigues
SIn'
l'emploi Ile l'eau ualsamique.
15
�19Ji·
penenc e que, le plus souven t, ces plaisirs n'ont pas é16
étrangers au mal qui les tourmente. Malgré ce soin, des
circonstances qu'il est à peu près impossible d'é.viter, ramènent l'état aigu, de véritables cystites qui cèdent ordinairement aux traitements, mais qui ont l'inconvénient de laisser
à la membr ane muqueuse un degré plus profond d'alléra tion; ainsi, l'on peut dire que toutes les fois que des accidents de ce genre se développent, le catarrh e c11roniqne a
fait des progrès. Après des années passées dans ce triste état
de santé, le malade s'affaiblit, sa constitution se détério re,
il maigri t, son teint s'altère , la fièvre hectique le mine;
les urin.cs deviennent félides; tantôt il ne peut les rètenir ,
tantôt on est obligé d'avoir rccours à la sondc. Celte position, comme on le conçoit, ne peut durer longtem ps, elle
entraîn e la mort.
Les causcs du catarrh e vésical sont très-variées; tantôt
clles sont internes et générales (rhumatismes, éruptions
cutanées, suppression d'un écoulement), tantôt elles tiennent
à la présence de corps étrangers dans la vessie (calculs, corps
venus ùu dehors ), tantôt à un obstacle mécan ique, dont le
siége est dans l'urètre (engorgement de la prosta te, retrécissements).
On peut affirmer que l'inflammation est presque toujours le
point de départ de cette affection, ct en groupa nt. en analysant les différentes causes qui pcuvent ]a produi re, nous
serons toujours amené à admeUre (lue l'inflammation, soit
primiti vemen t, soit secondairement, n'y est jamais étrangère, quelles que soient les différentes transformations anatomo-pathologiques qu'aien t subies la muqueuse.
L'urine , dans celle maladie, acquiert des caractères spéciaux; elle perd de sa transparence cL prend des couleurs
très-variables; ainsi, chez le plus grand nombre des malades,
elle se montre d'a11ord d'une couleur lactesc ente, puis elle
passe chez quelqucs-uns à la coulcur fauve ou orangé e,
�'1%
quelquefois aussi elle contient du sang; mais, dans un temps
plus avancé de la maladie, elle reprend chez tous les individus sa couleur naturelle, seulement elle est un peu moins
limpide. Mise dans un vase et refroidie, elle donne promptement une forte odeur ammoniacale, et bientôt, surtout si la
température est un peu élevée, elle devient légèrement aeide.
Pendant le refroidissement, la totalité du liquide se sépare en
deux parties: l'une gélatineuse et souvent pUl'iforme, gagne
le fond du vase; l'autre, en plus grande quantité, reste audessus; mais, au bout de 'vingt-quatre à trente-six heures,
il se fait dans l'intérieur de la première partie un dégagement de gaz, qui, en la rendant d'une pesanteur spécifique
moindre, en fait surnager une portion. Cette humeur muqueuse est, par ses propriétés chimiques, à peu près la
même que dans toutes les autres affections catarrhales, mais
son aspect cn diffère singulièrement. Dans l'élat chronique,
ce mucus a une analogie apparente avec l'albumine de
l'œuf; cependant les réactifs m'ont prouvé que le mucus
de la vessie ne renferme pas d'albumine.
Faisant abstraction de certaines causes mécaniques (cal.
• culs, rétrécissements) qui réclament les secours chirurgicaux,
tout traitement rationnel du catarrhe vésical repose SUI' trois
indications principales:
1° Calmer l'irritation ou l'inflammation de la muqueuse;
2° Agil' sur la quanÜté et la qualité des urines;
3° Dissoudre le mucus, empêcher sa reproduction.
Nous avons si souvent démontré que les éléments minéralisateurs renfermés dans les eaux de Soullzmatt combattent l'irritation et l'inflammation, qu'ils peuvent calmer les
douleurs et par conséquent le ténesme et la sensibilité de
la vessie, qu'il devieQt superflu d'insistel' sur ce point
(p. 30 et 36).
Dans les cas où l'inflammation chronique aura produit
un certain degré d'altération de la muqueuse, des eaux
�196
minérales du genre de celles de Soultzmatt seront capables
de les modifier ct de les guérir (p. 38).
Les sources de Sou1tzmatt, on le sai t, jouissen t de propriétés diurétiques très-prononcées. Il est impossible de
boire quelques verres de ceUe cau, sans éprouver le besoin
d'urine r abonda mment ; on conçoit les avantages qu'on
peut retirer de ceUe action puissante qu'elles exercent sur
les reins dans le traitement du catarrh e vésical. La vessie,
en erret, recevra une urine claire, limpide et peu excitante
(p. 30, 53), qui, se reprod uisant incessamment, tiendra le
mucus en suspension, le dissoudra même en grande partie
etl'ent ralner a au dehors.
Mais si l'urine est modifiée dans sa quanti té, elle l'est
encore plus dans sa qualité. Ce liquide , comme la chimie
le prouve, est à réaction franchement aciJe, et conserve ce
caractère longtemps après son émission. C'est au bout de
quelques jours seulement qu'elle acquie rt une odeur ammoniacale, qu'elle réagit à la manière des alcalis, et se coune
d'une pellicule mucilagineuse blanch e, dans laquelle, aussi
bien que sur la paroi externe du vase, se ùéposent de p(Jti~
cristaux qui sont du phosphate ammoniaco-magnésicn.
Notre urine, à l'état physiologique, est aciùe; chez
queJques herbivores elle est alcaline. Nous pouvons amenm'
celle dernière réaction chez l'homm e, en le 'plaran t dans
certaines conditions spéciales.
M. CLAUDE BERNAllD a démon tré, éomme nous l'avons
dit (p. 53), en parlan t de la circulation hépato-rénale, que,
du moment où le sang des veines rénales est porté vers les
reins, l'urine est claire, albumineuse et alcaline. Nous avons
encore un autre moyen certain d'obtenir l'alcalinilé : c'est
de soumettre les individus aux préparations alcalines, ou
mieu encore de leur faire boire des caux de celle nature.
]}our confirmer celle expérience, je fis prendre de l'cau de
Soullzmt\tl il plusicur personnes, leur recommandant de
�197
ne pas "boire d'autre eau; les urines qui furent recueillies
avaient une réaction fortement alcaline. J'insiste sur ce
point, car il est important pour le sujet qui nous occupe,
parce que le mucus vésical se comporte d'une manière bien
différente avec les urines, suivant qu'elles sont alcalines ou
acides.
Le mucus est un produit qui n'a pas encore été assez
étudié, ce qui tient à ce qu'il est de nature très-variable.
Tous les mucus ne sont pas solubles dans l'cau; cependant
celui de la vessie, d'après mes recherches, s'y dissout presque complètement. Founcll.oy et VAUQUELIN disent que le
mucus des narines est soluble dans les acides, celui de la
vésicule du fiel l'est dans les alcalis, d'où les acides le séparent. Le mucus vésical et des organes génitaux n'est pas
soluble dans les urines acides, mais il l'est dans les urines
alcalines, d'où les acides le séparent. On peut donc déjà
admellre théoriquement que le mucus vésical doit être dissous par les eaux de Soultzmatt. L'expérimentation directe
vient confirmer cette manière de voir. Ayant recueilli Illusieurs grammes de mucus vésical filant chez un de mes
malades affecté de catarrhe vésical très-intense, je le versai
dans un verre d'eau de Soultzmatt: le liquide fut troublé,
mais les 7/8 du mucus furent dissous. Au fond du vase
se déposèrent quelques flocons, qui furent coagulés par
l'acide acétique. Ce précipité fut placé sous le microscope:
il était formé de débris de cellules épithéliales, de mucus,
et surtout de sels qui étaient simplement agglomérés.
Il n'était pas suffisa!,lt de démontrer que le mucus vésical
sc dissout dans les eaux de Soultzmatt, il fallait encore
prouver que cc mucus est dissous dans l'urine dé ceux qui
font usage de celle cau. Un de mes malades me servit parfaitement pour cette expérience. Je traitais un jeune homme
affecté d'un catarrhe vésical, survenu il la suite d'une cystite aiguë, Je mucus; qui sc d6posait au fond du vase étail
�108
peu abondant, pour le. tarir, j'avais employé les balsamiques,
qui étaient restés sans grand effet: d'après les idées que je
viens d'émeUre, je lui fis boire de l'eau de Soultzmatt; jusqui avaient donné une réaction acide
qu'alors ses uri~es
devinrent alcalines, le mucus, dès le second jour, ne se
déposa plus au fond du vase; mais ce ne fut que quelques
jours après l'administration de cette eau minérale que les
urines restèrent entièrement claires. Ce sujet était précieux
pour ce genre d'expérimentation; car il est certain que, si
"j'avais fait mes recherches sur un malade ayant un catarrhe
vésical très-intense, je n'aurais pu qu'à la longue juger de
l'effet des eaux de Soultzmatt et n'obtenir peut-être qu'un
résultat douteux. Lorsqu'on donne les eaux alcalines contre
les catarrhes de la vessie, il faut en faire un usage permanent, car l'alcalinité dans les urines ne persiste qu'à cette
condition; au bout de quelques heures, comme je l'ai constaté, elles redeviennent acides. On conçoit d'après cela que
ce n'est pas un séjour de trois à quatre semaines à des eaux
minérales alcalines qui pourront amener la guérison d'un
catarrhe vésical, pour peu qu'il ait un certain degré d'intensité. Il n'y a de guérison possible par ce moyen qu'en se
résignant à boire ces eaux pendant plusieurs mois. Or, une
eau minérale très-active ne pouvant être continuée fort
longtemps, on sera obligé, en pareil cas, de choisir parmi
celles que leurs qualités rendent propres à servir de boisson
habituelle. Il en est peu qui remplissent aussi bien ces conditions que les eaux de Soultzmatt.
De ce que les urines restent quelquefois longtemps troubles pendant l'emploi de l'eau minérale, il ne faut pas conclure trop promptement que ce moyen soit inefficace, car il
est démontré que certains mucus, dont jusqu'ici on n'a pas
pu apprécier parfaitement la nature, sont capables de troubler l'eau, en quelque minime quantité qu'ils y soient mêlés.
Cc n'est donc pas d'après le trouble des urines qu'il faut se
�·199
guider, mais d'après le dépôt qni se forme au fond Ju vaSe
où les urines ont séjourné pendant un certain temps.
On peut se demander s'il n'y a aucun inconvénient pour
la vessie à recevoir constamment des urines _alcalines: c'est
un point qui n'est pas encore bien décidé; je crois, pour
mon compte, que, si les urines avaient toujours une alcalinité très-prononcée, la vessie pourrait en souffrir. J'ai eu
occasion de soigner une dame qui éprouvait des douleurs
dans la vessie dès que je lui administrais du bicarbonate de
soude, pour combattre une affection du foie; il est vrai de
dire que cette malade souffrait de la gravelle. La vessie,
étant ainsi accoutumée depuis longtemps à la présence d'une
urine très-acide, avait sans doute de la peine à supporter
sans être irritée une urine devenue alcaline.
Les fails de catarrhe vésical guéris par le seul usage des
eaux alcalines sont assez rares; j'en possède cependant quel.
ques exemples: celui que je citerai a été recueilli à Soultzmatt.
OnSEllVATION. - M. S., du département de la Moselle,
âgé de soixante-cinq ans, était affecté depuis plusieurs années d'un catarrhe vésical, survenu à la suite d'une cystite
aiguë. II avait inutilement employé un grand nombre de
médicaments. L'affection n'était pas très-douloureuse, mais
elle commençait à l'épuiser; ses urines contenaient un mucus abondant. Ce fut dans ces conditions qu'il vint à Soultzmatt; il Y resta pendant quatre semaines, hut l'eau de la
source à la dose de 6 à 10 verres par jour, et prit des bains.
Ses urines, qui étaient fétides, ne tardèrent pas à devenir
claires ct inodores, le dépôt diminua petit à petit et finit
par disparaître entièrement. Le malade n'est plus revenu à
Soultzmatt; nous ignorons si sa guérison s'est maintenue.
(A. )
Ce n'est pas tout de modifier le produit morbide, en
agissant pour ainsi dire chimiquement sur lui, il faut en-
�200
core chercher à changer l~ mode de vitalité de la membrane muqueuse. Cet effet, comme nous l'avons dit, peut
quelquefois être obtenu par les eaux alcalines, mais le plus
souvent il faut avoir recours à une action plus .puissante en
s'adressant plus directement il la muqueuse. Soultzmatt est
parvenu à remplir celte indication de la manière la plus
heureuse par la découverte de son eau balsamique. Et chaque année elle peut se flatter d'enregistrer des résultats
qu'on chercherait en vain ailleurs.
Après avoir souvent réfléchi à l'insuffisance des nombreux
moyens indiqués dans nos ouvrages de médecine pour combaltre cette maladie, après avoir apprécié la nomenclature
d'un grand nombre de substances qui, tour à tour, ont eu
de la vogue et sont tombées plus tard en discrédit, nous
nous sommes. èonvaincu que, de tous les médicaments qui
méritent quelque confiance, les substances balsamiques doivent occuper le premier rang; ainsi le cachou, la gomme
kino, le heaume de la Mecque, le styrax, sont donnés en
pilules ou en potions: l'on en ohtient d'assez bons effets,
mais ce sont des médicaments qui ne tardent pas il fatiguer
l'estomac. La térébenthine est généralement regardée comme
une des substances les plus 'efficaces dans le traitement de
cette maladie, mais souvent il faut la donner à la dose de
dix jusqu'à quarante-huit grammes par jour pour obtenir
la guérison; encore échouc-t-on la plupart du temps, parce
qu'il est indispensable d'en continuer longtemps l'usage;
il est assez rare, comme il est facile de ]e concevoir, de
trouver un malade qui puisse pendant plusieurs jours con·
de
tinuer un semblable médicament, feIL-il même masqu~
la manière la plus ingénieuse; l'estomac se révolte, il survient des indigestions; des vomissements, de la diarrhée, et
l'on se voit forcé de renoncer à une substance qui ne peut
réussir qu'à la condition d'être employée pendant un certain
temps; ôn a aussi conseillé la tcré))cnthiue cn lavcments,
�en frictions, en vapeurs; mais on conçoit qu 'on ne pent
guère compter sur de pareils moyens. Aussi, dès que j'eus ·
connaissance de la composition de l'eau balsamique, je
jugeai a priori qu'elle devait remplacer avantageusement
toutes ces substances et 'rendre des services signalés dans
les affections catarrhales de la vessie, du moment où il n'y
aurait pas d'inflammation prononcée. J'engageai l'établissement à faire tous ses efforts pour ohtenir une préparation
fortement chargée en principes balsamiques, m'engageant
à lui fourni,' les premiers malades qui seraient soumis à son
usage. Lorsque l'on eut satisfait à mes désirs, j'envoyai à
Soultzmatt un jeune homme alleint de catarrhe vésical,
jeune homme auquel je portais un vif intérêt; j'avais un si
grand espoir dans la réussite de ce moyen, que je n'hésitai
pas à l'engager à se rendre à Soultzmatt. Mes IJrévisions sc
réalisèrent, et il obtint une guérison complète. Dès qu'il
apprit que je me proposais de publier un travail sur cc sujet,
il eut hâte de me remettre son observation; je la transcris
ici telle qu'il a bien voulu me la communiquer.
<lM. R .... , âgé de vingt-un ans, ressentit en 18U., à la
suite d'une course forcée, une douleur sourde à la vessie et
'de fréquentes envies d'uriner, suivies d'inflammation et de
catarrhe de ]a vessie; il fut soumis à un traitement convenable, et quatre mois après il était rétabli, L'année suivante, en automne, à la suite de la-jaunisse, ses 'urines devinrent âcres et chargées; le besoin d'urincr était fréqucnt,
douloureux, brûlanL, et une nouvelle inflammation sc manifesta, mais fut de courte durée; à celle époque, on le
sonda, pour s'assurm' si l'inflammation n'était pas occasionnée par la I)résence d'un calcul; celle cause n'existait pas,
mais il y avait un engorgement de la prostate, qu'aucun
traitement ne fit céder, ' En 18~,
il sc fixa à Strasbourg:
son élat paraissait s'améliorer; il pouvail vaquer à SèS occupalions. Au mois de juillet de la même année, après avoir
�bu un verre de vin de Bourgogne, il fut pris d'un besoin
d'uriner qu'il ne put satisfaire qu'avec peiné et des efforts
douloureux; il éprouvait comme une crampe de la vessie,
el était obligé de prendre toutes sortes de positions pour
uriner. Il consulta M. le docteur BACH, qui lui passa une
bougie; dès cette époque, il s'habitua à se sonder lui-même
. deux fois par jour, pour faciliter l'émission de l'urine et
combattre les spasmes; mais l'introùuction des bougies entretenait une irritation continuelle, ct il n'en obtenait pas le
résultat voulu. Enfin, le 1 cr mai 1850, son état était tel,
qu'il dût garder le lit; il ne renùait plus l'urine que goutte
à goutte et tous les qu~rts-d'he;
les spasmes étaient si
violents, que la sonde ne passait plus; les douleurs étaient
atroces et la difficulté d'uriner telle, qu'il était obligé de
chercher toutes les positions pour accomplir celle fonction.
Malgré les boissons émollientes, l'urine était brûlante et laissail un dépôt de trois à quatre centimètres d'épaisseur ùaos
le vase. Enfin, il était pâle, amaigri, extrêmement faible;
le sommeil avait disparu, ct quand parfois il s'assoupissait,
il était obsédé de cauchemars an'reux; éveillé, il était cn
proie au désespoir, et désirait qu'une mort prochaine vînt
mettre un terme à ses souffrances.
Il Un traitement énergique, habilement dirigé ct très-rigourcusement sui vi, n'eut pas de résultat; les organes malades étaient rebelles à toute espèce de médication. Le médecin lui prescrivit l'usage des eaux de Soultzmatt et de
l'cau balsamique; il commença à boire de l'cau balsamique le 5 août. d'abord à petites doses, ensuite en augmcntant graduellement. Dès le premier jour, il cessa l'emploi des bougies; le huitième, le catarrhe avait disparu;
les urines étaient claires, à part un léger nuage en suspension; les spasmes avaient cessé, ct il n'éprouvait de temps
en temps qu'une douleur vague et de peu de durée. Le
douzième jour, Ulle circonstance impérieuse le fOfl,:a de
�203
quiller les bains; néanmoins, pendant un an, celle amélioration s'est à peu près soutenue.
0: Il revint aux bains dans le courant de ceUe année (1851),
et de toute celte affection douloureuse il ne lui reste plus
qu'un besoin d'uriner un peu fréquent. Quoi qu'il en soit,
me dit ce malade en terminant sa leUre, dùt ma guérison
s'arrêter à ce point, je ne la considérerais pas moins comme
remarquable, en ce qu'elle est due uniquement à l'effet de
l'eau de Soull:zmatt, et surtout à l'eau balsamique qui
m'a été administrée et dont elle a fait ressortir les propriétés
merveilleuses. »
Je vois très-souvent ce malade: il est depuis entièrement
guéri de l'affection qui le rendait si malheureux.
On SE RVATION. - M. G .... , de Colmar, âgé d'environ
cinquanle ans, venait depuis deux ans aux bains de Soultzmatt; j'ignorais quelles étaient ses infirmités; il ne me consullait pas. Celle année, il revint à l'établissement, et pendant la première huitaine il ne me parla point; il se contentait de boire l'eau de la source et de prendre des bains.
Un jour il m'accosta, et me raconta que depuis six ans il
était tourmenté par un catarrhe de la vessie; que chaque
matin les urines avaient un dépôt muqueux, abondant, que
leur émission était souvent pénible; je n'osais questionner
M. G .... sur la cause première de ceLLe infirmité, qui avait
miné ses forces et affaibli sa constitution au point qu'il ne
pouvait faire la moindre promenade sans se fatiguer promptement. Je me hâtai de lui conseiller l'emploi de l'eau balsa~ique
(cachet vert); il commença par en prendre un verre,
puis deux, pui,s trois verres par jour; chaque jour aussi je
lui fis prendre un bain prolongé et boire de petites quantités d'cau de la source; je pus constater à chaque visit
une diminution notable dans la sécrétion anormale; au bout
de dix jours celle sécrétion avait disparu et les urines ét.1ient
pal'failement claires. Les forces revinrent promptement, el
�204
ce malade, qui marchait avec peine, put faire, sans se fatiguer, une promenade aux carrières d'Ossenbach, qui sont
dans la montagne et distantes de près de cinq kilomètres de
l'établissement. Ses affaires l'ayant forcé de quiUer les bains,
je lui conseillai .de continuer pendant quelque temps rem·
ploi de l'eau balsamique. En me quittant, il ne put s'empêcher de me dire avec une expression de reconnaissance:
L'eau balsamique est la plus belle découverte' qu'on ait pu
faire pour ceux qui sont affectés de catarrhes de la vessie.
(A.)
CHAPITRE VIL
De J'elnl,Doi tic J'CRU .lIe Soultz..,,,tt et tic J'cau bals'.I.tique ""IlS Jes ...aJ".lies .Ie J'uté..·us et .h~
ses
a .... exes.
Si nous envisageons d'une manière très-générale les causes
de la plupart des malaùies de l'utérus, nous sommes conduit à admeUre :
1 0 Que les lésions de la menstI'uation et les bémorrhagies
utérines tiennent à un défaut d'équilibre entre la plasticité
du sang et la perméabilité du tissu utérin (aménonhées,
dysménorrhées, métrorrhagies);
2 0 Que l'affiux de sang vers la matrice, qu'il soit actif
ou passif, amène, s'il est permanent, ou la stase du sang
ou l'inflammation de ccl organc; qu'à ces deux états pathologiques succèdent les engorgements, les ulcères et les dégé·
nérescences.
Ces deux propositions pourront paraître trop allsolues,
et ma manière de traduire des phénomènes vitaux trop mécanique; mais j'espère pouvoir en démontrer la justesse pal'
des faits pratiques ct en déduire des considérations de nature à expliquer l'action de certains traitements cl surtout
�200
de certaines eaux minérales, dans les affections de l'utérus,
spécialement dans la dysménorrhée, l'aménorrhée, les métrorrhagies et les engor.gements, etc.
l. DE L'AMÉNORRlIÉE ET DE LA DYSl\fÉNonRuEE.
L'aménorrhée est constituée par l'absence, la diminution
ou la suppression des règles; la dysménorrhée, par leur
écoulement difficile ou laborieux. Ces deux affections se
montrent non-seulement à l'époque de la puberté, mais
encore elles peuvent, sous l'influence de causes diverses,
se présenter chez la femme adulte et même chez celle qui
approche de l'âge du retour.
L'aménorrhée donne quelquefois lieu à des symptômes
soit généraux, soit locaux; mais il 3rJ'ive aussi que ces
symptômes manquent complétement, tandis que dans la dysménorrhée, ils sont toujours plus ou moins évidents.
LISFRANC en a tracé le fidèle tableau : «Lassitude spon« lanée, frissons, douleurs de tête et des lombes, ver«tiges, épistaxis, oppression, toux, hémoptysie, coliques,
((cardialgie, nausées, vomissements, hy*rie, lipothymies,
((chlorose, douleurs utérines inflammatoires ou nerveuses.
«Cûs symptômes et ces maladies peuvent sc prolonger plus on
«moins longtemps. Dans la plupart des cas, on les observe
«seulement aux époques. J'ai vu un très-grand nombre de
«femmes éprouver des douleurs atroces; qui leur faisaient
«pousser des cris; elles occasionnaien t de violen tes convul«sions, à la suite desquelles survenait une syncope dont la
«durée était effrayante. Ces malheureuses femmes étaient
«ohligées de garder le lit plusieurs jours; elles attendaient
«leurs règles avec une .grande anxiété et une véritable ter«reur. Quand la matrice a été soumise pendant longtemps
«à de pareilles erises, dans lesquelles les malades disent que
« cet organe semble s'agiter, se mouvoÎl' dans le bassin, re-
�206
q monter du côté du ventre au-dessus du pubis, comme s'il
((voulait traverser la paroi antérieure de l'abdomen, il est
«fare qu'il ne soit pas tôt ou tard affecté d'engorgement.
a Si nous remontons à la cause première de ces accidents,
«nous trouvons qu'ils sont le plus souvent dûs à une cona gestion sanguine trop développée ou à une grande exaHa«tion de .l'innervation siégeant sur l'utérus et causant un
«excès d'irritation qui s'oppose à l'exercice des fonctions
«de cet organe.))
Pour résumer ces idées et être plus explicite, je les traduirai ainsi: le sang qui congestionne l'utérus ne peut le
traverser, parce qu'il y a défaut d'équilibre entre la plasticité du sang et la perméabilité de l'utérus, perméabilité
qui est enrayée soit par l'altération des tissus, soit par
celle du système nerveux. C'est ce qui explique comment
des accidents pOUl' ainsi dire identiques s'observent 'tantôt
chez des femmes pléthoriques et nerveuses, ayant l'apparence de la santé, tantôt chez des femmes pour ainsi dire
anémiques, faibles et délicates.
J'ai déjà plusieurs fois parlé de ]a plasticité du sang
et de la dysménorrhée; mais
comme cause de ~ménorhe
peut-on bien invoquer cette cause, alors que des auteurs
ont nit: que le sang des règles rcnrermât de la fibrine. Cette
opinion est une erreur. La présence de la fibrine a été constatée dans le sang menstruel par DENIS et llom:uARDAT,
et sa coagulation n'est plus aujourd'hui un fait douteux
dans la science. Mais la ql!antit.é de fibrine qu'il renferme
doit varier, comme celle de la masse générale du sang, sui-.
vant une foule de circonstances tenant à la conslitution, au
régime alimentaire et à l'état de santé de l'individu. S'il est
riche en fibrine, l'écoulemen t menstruel sera généralement
moins abondant. Les femmes taillées en force, grandes,
vigoureuses, sont en général moins réglées que les femmes délicates; car toute cause qui amène l'augmentation de
�207
la fibrine dans le sang diminue l'écoulement menstruel, à
moins que l'utérus ne soit placé dans certaines conditions
spéciales qui accroissent sa perméabilité. Tout ce qui diminue la fibrine, la saignée par exemple, tend à rendre les
règles plus abondantes. Je pourrais citer nombre de faiLs à
l'appui de ce que j'avance.
Si un sang menstruel riche en fibrine transsude d'une
matrice qui n'a pas une grande susceptibilité nerveuse, cet
écoulement n'aura d'autre inconvénient que d'être peu
abondant, il ne sera pas douloureux et ne produira d'autre
accident que ceux que peut amener la pléthore générale;
mais si la matrice est d'une susceptibilité nerveuse exquise,
si elle est engorgée ou hypertrophiée, la femme éprouyei'a
de violentes douleurs, et le sang traversant mal les vaisseaux sanguins, la congestion et l'engorgement de l'utérus
devront augmenter à chaque époque menstruelle.
C'est dans le but de combattre les accidents dé'p endanl de
cette trop grande abondance de fibrine dans le sang. qu'ont
été institués des traitemenLs efficaces, sans qu'on se soil
peut-être toujours bien rendu compte des motifs qui les faisaien t réussir.
La saignée, rangée avec raison en première ligne, pourra
suffire seule pour rendre l'écoulement des règles facile, surtout lorsqu'elle sera pratiquée peu de temps avant leur apparition. C'est le traitement conseillé par LISFRANC, qui
employait la saignée spoliative dans les, cas où il voulait enlever beaucoup de fibrine au sang, et la saignée dérivative
dans les cas où il se proposait seulement de détourner le
sang de la matrice. Je dois avouer que je n'ai jamais bien
fompl'is la valeur de cette distinction, quoique j'aie un
grand nombre de fois employé ce traitement. Je m'explique
d'une autre manière l'action efficace de la saignée dérivative.
A mon avis, elle agit absolument de la même manière
que les saignées spoliatiycs. J'ai remarqué qu'elle prodni-
�208
sait peu d'effet sur les personnes fortes. et qu'elle agissait
d'autant mieux qu'elle était pratiquée Sllr des femmes délicates' ou déjà affaiblies par la maladie. Quoique chez ces
dernières le sang ne soit pas très-riche en fibrine, il l'est
encore trop pour l'organe qu'il doit traverser; chez elles,
une pelite saignée est suffisante pour l'appauvrir considérablement et le rendre apte à traverser le tissu utérin,
sans exalter sa sensibilité nerveuse. Celte médication, il
faut l'avouer, n'est pas sans inconvénient et n'atteint pas
toujours le but. Il arrive plus d'une fois qu'on détériore
ainsi la constitution, sans détruire la maladie. Le mercure
et l'iode sont des médicaments qui sont généralement employés pour liquéfier le sang: ils agissent à la manière de
la saignée; mais nous savons tous combien leur usage peut
entraîner d'inconvénients.
Ne voulant ou ne pouvant plus agir sur le sang, on cherche, comme dernière ressource, à agir sur le système nervelu utérin. Vient alors la série des antispasmodiques, des
narcotiques, dont le moindre inconvénient est de n'avoir
qu'une action temporaire. Joignez à cela les injections de
différentes espèces, les frictions, les cataplasmes, les bains
de bras. les pédiluves, les bains, les lavements, ct vous
aurez épuisé tous les moyens conseillés et employés èn pareil cas.
D'après ces considérations, quelle que soit la médication
adoptée, si elle est rationnelle, elle aura pour but, suivant
les cas:
1 0 D'augmenter ou de diminuer la plasticité du sang;
2° D'agir sur l'organe ntérin, soit eD ramenant le tissu
de la matrice à son état normal, soit en stimulant ou en
calmanll'élémepl nerveux.
Voyons jusqu'à quel point certaines eaux minérales, et
surtout celles de Soultzmatt, peuvent remplir ces indications.
Les caux gazeuses alcalines ferrugineuses conviennent
�20l)
parfaitement pour la jeune fille anémique dont le sang c t
pauvre en fibrine ct en globules sanguins. Elles donneront
à tout l'organisme, et spécialement aux organes digestifs,
une énergie vitale, qui s'étendra jusqu'à l'utérus. C'est ainsi
que nous comprenons leur action dans l'aménorrhée, particulière aux jeunes filles . Griesbach, Rippolsau, Soultzbach
sont appelés dans ces cas à rendre des services signalés,
tandis que Soultzmatt pourrait non-seulement être inefficace,
mais même devenir dangereux. Les eaux de Soultzmatt
sont au contraire bien plus avantageuses dans la plupart des cas de dysménorrhée, car dans celle aITeètion,
comme nous l'avons dit, il s'agit presque toujours de diminuer la plasticité du sang, de calmer la susceptibilité nerveuse de l'utérus, de diminuer son état congestif, son inflammation ou son engorgement. Or, nous savons que ces eaux
rendent le sang plus liquide, cn agissant sur sa fibrine,
qu'elles n'augmentent pas les globules du sang, qu'en même
temps elles imprègnent le corps d'une plus grande masse de
liquide, comme toutes les autres eaux minérales. Le sang,
ainsi modifié, sera plus apte à traverser l'ulérus (p. 36).
L'acide carbonique, l'acide borique, les alcalis, surtout
la soude, calmant le système circulatoire et le système nerveux, détruiront, endormiront la susceptibilité de l'utérus;
le sang pourra alors affiuer vers cet organe sans réveiller la
douleur, el si la matrice, à la suite des causes que nous
avons indiquées, est dans un élal d'inflammation chronique
ou d'engorgement. les eaux de Soultzmatt, soit en boissons,
soit en bains ou en injections, ont la propriété de résoudre
les produits nouveaux qui se seront déposés dans les mailles
de son tissu. Ainsi. sous l'influence de ces principes minéralisateurs, le sang étant rcndu plus liquide, la matrice
étant revenue à son élat normal, l'équilibre sc trouve rétabli entre la plasticité du sang eL la perméabilité dtl tissu
utérin; les règles reparaissent ct cessent d'être douloureuse.
14
•
�•
210
Je citerai quelques observations recueillies Jans ma pratique et aux bains de Soultzmatt, à l'appui des idées que je
viens d'émettre sur l'action de c.es eaux.
OBSERVATION. - Mlle M., âgée.oe vingt-deux ans, d'une
bonne constitution, forte, sanguine, haute en couleur,
éprouvait des d'ouleurs violentes à chaque époque mens1ruelle; le sang était peu abondant et très-coloré. Après
avoir suivi différents traitements qui tous avaient pour but
de fortifier ]a constitution, et pris par conséquent des préparations ferrugineuses, elle vint me consulter. Sa figure,
quoique rouge. exprimait la souffrance, et elle commençait
à éprouver quelques-uns de ces symptômes que nous avons
décrits en parlant de la pseudo-chlorose; elle avait de la
gastralgie, une grande excitabilité nerveuse, le pouls assez
plein et fréquent; il ne me ful point possible d'e x3JlI.i nCl'
l'utérus. Je conseillai à cette jeun~
personne de se rendre à
Soultzmatt, de boire l'eau, de prendre des bains presque
frais, de faire de grandes promenades à pied ct surtout à
âne; elle suivit mon conseil, passa six semaines à Soultzmatt; eUe eut ses règles pendant son séjour au bain: elles
furent à peine douloureuses.
Je vis cette jeune fille à ~on
retour, et lui donnai le conseil de continuer encore longtemps l'cau de Soullzmall, de
prendre des bains presque frais avec de la soude. J'ai à différentes reprises pu me convaincre de l'efficacité durable du
traitement que je lui avais conseillé. J'ai allrihué )e succès
obtenu à ce que les eaux de Soullzmalt avaient diminué la
plasticité du sang et calmé la susceptibilité nerveuse de l'utérus. (B.)
OnsERvATION. - Mad. R., âgée de trente ans, douée
d'une grande sensibilité nerveuse, d'un tempérament sanguin assez prononcé, jouissant habituellement d'une bonne
santé, éprouvait des douleurs extrêmement vives à chaque
époque menstruelle; ces douleurs, dans les deux premiers
�211
jours, étaient à leur apogée ct allaient en diminuant jusqu'à la cessation de l'écoulement. La malade était obligée
de garder le lit, ct aucun moyen n'était parvenu à la calmer. Il n'y avait point d'engorgement de l'utérus, mais cet
organe était doué d'une sensibilité très-grande, que le mariage avait été loin de diminuer, Quoique mariée depuis
plusieurs années, celte dame n'avait jamais eu d'enfants.
Quelques saignées pratiquées avant l'apparition des règles
avaient un peu mitigé les douleurs; mais un semblable
moyen longtemps continué me paraissant de nature à augmenter la susceptibilité nerveuse déjà si prononcée, je fis
prendre à cette malade l'eau de Soultzmatt et du bicarbonate de soude à la dose de deux cuillerées à café par ,jour,
Je lui prescrivis des bains de soude. Ce traitement, continuù
pendant tout un été, amena la gu6rison, (B.)
Mad. B., de Uouffach, <Îgée de trenteOnSEllVATlON. trois ans, d'une assez bonne constitution, avait, depuis plusieurs années, des époques menstruelles très-orageuses ct
abondantes, Je pus constater un engorgement du col utérin.
Elle vint à Soultzmatt pendant plusieurs années, ct obtint
la guérison de l'engorgement et la disparition des douleurs
qui sc présentaient à chaque période. Elle buvait l'cau,
prenait des bains prolongés ct faisait des injections émollientes ct narcotiques. (A.)
OnSERVATION. La femme d'un juif de Soultz, âgée de
vingt-deux ans, d'un tempérament vif ct fort sensible,
éprouvait depuis trois ans des suppressions de règles; par
intervalle, les suppressions étaient accompagnées d'accès de
vapeurs les plus violents et d'une fièv\'e continue avec redouhlement; les pertes succédaient alternativement aux supdes douleurs sempressions; elle rendait des caillots ~vec
blables à celles qu'on éprouve pour accoucher; elle avait
fait usage sans succès de tous les remèdes que d'haJ,j}es médecins lui avaient ordonnés; le teint devint plombé, la bouf-
�212
fissure survint, en un mol, la cachexie était déjà parvenue
à un degré très-considérable, lorsqu'on lui ordonna de prendre les bains de Soultzmatt et de boire l'eau de la 6° source.
Quatre semaines ·de l'usage de ces eaux la rétablit au mieux
(tirée de l'ouvrage de MÉGLIN).
Je citerai une dernière observation, extraite de l'ouvrage
de MÉGLlN, qui prouve, comme nous l'avons dit ailleurs,
que l'aménorrhée, tenant à la chlorose, peut, dans certains
cas, être fort bien guérie à Soultzmatt.
OnSERVATION. - Mlle B., d'Altl{Îrch, âgée de dix-huit
ans, eut l'évacuation menstruelle pendant trois ans, mais
très-irrégulièrement; elle devint chlorotique, il y avait lassitude, difficulté de respirer en montant les escaliers, suffocations, battements de cœur, syncopes, maux de tête insupportables, bouffissure, etc. La cachexie était déjà si avancée
qu'on craignait pour la vie; elle prit pour dernier remède
les bains de Soultzmatt et but de l'eau de la 6° source. Au
Lout de vingt-six jours, tous les accidents disparurent, les
digestions se l'établirent, et elle fut remise parfaitement.
II. DE LA MÉTRORRHAGIE.
Dans la métrorrhagie se rangent tous les écoulements
sanguins anormaux fournis par la matrice, soit aux époques
menstruelles, soit hors le temps de la menstruation, soit
enfia pendant la gestation ou après l'accouchement, et même
après l'âge de retour. On voit que je prends cette dénomination dans sa plus grande extension. L'utérus qui, à l'état
normal, est un des organes les moins riches en vaisseaux
sanguins, étant placé dans de certaines conditions ou sous
l'influence de certaines maladies, acquiert une grande vascularité; on conçoit ainsi comment, dans ces différents états,
il est sujet à fournir tant de sang. Mais, à côté de celte disposition dont l'organe eslle siége, il en est une autre qui
�21:;
est digne d'attirer notre atlention : c'est l'élat du sang, non
qu'il nous soit donné, d'après nos connaissances actuelles,
de juger d'une manière certaine, par l'examen du sang, de
la disposition à l'hémorrhagie, mais, dans la pratique, nous
parvenons assez souvent, d'après certains symptômes généraux que présente la constitution, à décider si l'hémorrhagie
peut être aUribuée à la richesse ou à la pauvreté du sang,
si elle est active ou passive. Il est des cas où cette distinction
est facile; mais souvent il nous est impossible de l'établir,
et nous n'arrivons que par le tâtonnement à résoudre la
question. Elle est cependant d'une grande importance pratique pour l'application de certaines médications ou pour
l'emploi de certaines eaux minérales : ainsi, les eaux de
Soultzmatt, qui sont très-avantageuses dans les cas où l'hémorrhagie utérine tient à l'exubérance d·activité et richesse
du sang, seront très-nuisibles dans les cas où le sang s'écoule
des vaisseaux, parce qu'il es~ trop liquide, et qu'il est dans
les conditions de celui des chlorotiques.
Deux faits pratiques, observés aux bains de Soultzmatt,
rendront évidente et palpable l'importance de la distinction
que je cherche à établir.
OnSERVATION. - Mad. X, de Strasbourg, âgée de trentecinq ans, mère de plusieurs enfants, d'un tempérament sanguin, d'une bonne et forte constitution, avait, jusqu'à l'âge
de trente-deux ans, joui d'une santé parfaite; elle se plaignait cependant d'être tourmentée par le sang. Ses règles
étaient abondantes ct duraient pendant six jours. Sans cause
connue, si cc n'est des grossesses el quelques fausses couches,
clle commença à éprouver de la pesanteur dans le bas-ventre, des douleurs dans la région lombaire, les époques
menstruelles se prolongeaient pendant quinze jours et même
pendant trois semaines, de manière à ce qu'il exislaÏl il
peine huit jours d'intervalle entre chaque période; de plus,
clJe avait de pertes blanche .
�214·
Je fus consulté; le toucher et l'examen au speculum me
firent découvrir un léger engorgement de l'utérus, surtout
du col, sur lequel je constatai une petite érosion. 'Quelques
cautérisations avec le nitrate acide de mercure, des saignées
spoliatives et dérivatives, des injections émollientes froides,
des bains, l'iodure depotassium à l'intérieur firent disparaître
l'ulcération et l'engorgement de la matrice; mais tous mes
efforts furent inutiles pour diminuer notablement l'abondance des règles; eUes duraient toujours plus de dix jours,
et l'écoulement leucorrhéique ne fut pas supprimé.
Craignant avec raison que celle exubérance d'activité et
de richesse dn sang ne ramenât les accidents dont j'avais
triomphé, ~t ne me souciant pas de continuer l'emploi des
saignées, j'envoyai cette malade à Soullzmatt, lui conseillant de boire de l'eau de la source, de prendre des bains
presque frais et de faire des injections avec l'eau minérale.
Sous l'influence de ce traitement, qui fut suivi penda.n t
deux saisons, chacune de trois semaines, la tendance aux
congestions disparut, les règles ne durèrent plus que six jours
et ne furent plus trop abondantes, l'écoulement Llanc fut à
peu près tari; l'ulcération ne s'est plus reproduite et <:,ette
dame jouit d'une parfaite santé. (B.)
OnsERvATION. -- Une jeune fille pâle, Ifiaigre, chlorotiblanches abondantes et perdant be;luque, ayant des fl~urs
coup do sang à l'époque menstruelle, fut envoyée à Soultzmatt. Cette eau, prise pendant quinze jours, la jeta dans
un grand état de faiblesse, les pertes blanches devinren t
plus fortes, l'époque menstruelle vint avant le temps marqué par la nature et fut très-abondante; la faiblesse devint
considérable. Elle fut obligée de renoncer à l'usage des eaux.
(TI. )
On voit d'après ces deux exemples, choisis entre ceux
qui sont à ma connaissance, combien le médecin peut être
utile ou combien il peul nuire au malade, suivant qu'il a
�Licn ou mal apprécié la cause el la na turc de la maladie,
qui déterminent le choix d'une eau minérale.
Soultzmatt sera avantageux dans les hémorrhagies liées
à un état de pléthore, de congestion, alors qu'il faudra chercher à rendre le sang plus liquide et à calmer la circulation
générale; ce sera ainsi que ces eaux agiront chez les femmes
jeunes, fortes, ayant des engorgements plus ou moins ronsidérables de l'utérus.
OBSERVATION. Mad. R, de Cernay, âgée de trenle ans
environ, d'une constitution forle, ayant eu plusieurs enfants, vint à Soultzmatt en 1843, pour des pertes utérines
se manifestant hors le moment des époques. Je ne pus l'examiner au speculum; mais tous les symptômes. qu'elle pré-·
sentait me firent présumer un engorgement de l'utérus. Un
séjour de six semaines aux eaux de Soultzmalt amena la
disparition- complète des accidents qui l'avaient déterminée
à se rendre à no lre bain. Elle bu t l' ea u à la dose de 6 à 10
verres, et prit chaque jour un baiD. (A.)
OBSERVATION. Mad, H., de Soultzmatt, peu forle,
mais d'un tempérament sanguin, ayant eu Illusieur enfants
et fait quelques fausses couches, éprouvait de ]a pesanteur
dans ]e bas-venlre; elle avait des pertes blanches, assez
souvent remplacées par des pertes rouges; l'utérus était
engorgé, il n'y avai t point d'ulcération apparente au co1.
Je lui conseillai de faire usage pendant quelques semaines
des caux de Soultzmatt, qu'elle prit en boisson et en bain;
tous les accidents que nous venons de signaler disparurent
entièrement. (A.)
Dans les cas que je viens de ciler et que je pourrais multiplier, c'est évidemment aux modifications apporlées à la
plasticité du sang deve."u moins riche ct 100ins exci lant pOUl'
l'utérus, qu'il faut attribuer la résolution des engorgements
ct la cessation des hémorrhagies.
Mais il est uoe autre série d'hémorrhagies utérines pOUl'
�21G
lesquelles les eaux de Soultzmatt sont très-avantageuses. Ce
sont celles qui tiennent à des congestions presque passives
vers cet organe. On les observe assez souvent de l'âge de
trente-cinq à cinqua,nte ans, qui est l'époque de la vie où le
sang, chez la femme comme chez l'homme, se porte surtout
vers le bas-ventre. 1.. es vaissèaux de la matrice ont la même
tendance à s'engorger que les vaisseaux du rectum. L'activité que les alcalis impriment à la circulation de la veineporte (voir p. 44) explique comment les eaux de Soultzmatt
peuvent être utiles dans les cas de ce genre. Aussi nous les
conseillons aux femmes qui approchent de l'âge de retour,
dans le but d'empêcher cette stase dl!. sang veineux, qui
•exerce sur la ma trice une si fâcheuse influence. Car si l'on
ne régularise cette circulation abdominale, dans beaucoup
de cas, l'utérus se congestionnera, d'où résulteront les engorgements et les hémorrhagies, accidents dont il est souvent difficile de triompher; si c'est l'hémorrhagie qui survient, ce n'est pas sans une certaine appréhension qu'on
cherche à l'arrêter chez les femmes à l'âge critique, ct les
moyens que nous avons à no'lre disposition pour atteindre
ce but ne sont pas toujours efficaces. C'est douc la tendance
à l'hémorrhagie, ou pour mieux dire à la congestion, qu'il
faut en pareil cas chercher il détruire de longue main, et je
crois que les caux de Soultzmatt sont de nature il produire
cet effet.
OnsERvATION. - Mad. V., de M., vallée de Massevaux,
arrivée à l'âge de retour, souffrait depuis plusieurs années
d'un engorgement du foie; eUe avait des hémorrhoïdes
fluantes; ses règles étaient régulières, mais leur abondance
la faliguait beaucoup; elle était alors obligée de garder le
lit. Elle vint à Soultzmatt en l'année 184·4· pour y prendre
les eaux. Sous l'influence de celle cure, le foie se ùégorgea; mais ce qui fut surtout digne d'intérêt pour nous,
c'est qne ses menstrues devinrent bien moins abondantes,
�217
ce qu'elle nous apprit l'année suivante à son retour aux
eaux. (A.)
J'ai cboisi ce fait, parce qu'il explique bien ce qui se
passe cbez certaines femmes qui éprouvent des pertes utérines vers l'âge critique, et qu'il nous indique comment,
pal' l'usage d'eaux minérales bien choisies, on peut faire
cesser cet état morbide.
Si la nature du sang peut déterminer les pertes utérines,
certaines conditions, dans lesquelles se trouve le système
nerveux, peuvent aussi les produire: GENDRIN dit qu'on les
observe souvent cbez les femmes nerveuses, et LISFRANC,
lorsqu'il y a excès de sensibilité des organes génitaux. Il
sera plus d'une fois fort difficile de bien apprécier si l'exaltation nerveuse est, dans ces cas, cause ou effet; mais le
doute n'entraînera aucun danger, si, au lieu d'abuser des
narcotiques el des antispasmodiques, on a recours aux eaux
gazeuses alcalines, qui sont un des calmants qu'on peut
toujours dans ces cas employer sans nuire aux malades.
L'bémorrhagie utérine peut aussi tenir à un élat patbologique de la malrice ou de ses annexes ou de la membrane
muqueuse qui la tapisse; c'est un sujet dont nous nous occuperons plus lard. Qllelles que soient les causes de l'hémol;rhagie, et quel que soit le traitement mis en usage pour les
combattre, il arrive assez souvent dans la pratique que l'on
échoue, tantôt parc"c que les moyens ordinaires sont inopportuns, tantôt parce qu'ils sont insuffisants. On est alors
plus d'une fois obligé d'avoir recours à des médicaments
qui agissent sur le tissu utérin sans doute en le resserrant,
mais dont l'action intime sur la matrice ne nous est pas
bien connue.
Notre établissement possède un médicament qui peut être
considéré comme un des meilleurs hémostatiques. C'est l'eau
balsamique, qui, étant préparée pl'incipalement avec le sapin, renferme nécessairement une certaine quantité de téré-
�218
benlhine, et on sait que celle substance est efficace pOUl'
arrêter les hémorrhagies, quoique sa manière d'agit' soit
encore problématique.
Mais, comme nous l'avons déjà dit plusieurs fois, il est
impossible de donner longtemps la térébenthine, qui est
un médicament fort désagréable, ct qui ne tarde pas à fatiguer l'estomac.
Il y a dans la préparation de l'cau balsamique des procédés
qui lui donneront toujours un grand avantage d'administration et d'aclion sur les autres médicaments du même genre.
J'ai employé, avant et depuis la publication de l'ouvrage sur
l'eau balsamique, celte eau dans les hémorrhagies utérines
de différentes espèces. Quelques observations que je vais
citer prouveront qu'elle peut être utile pour arrêler les règles trop abondantes, les pertes utérines pendant la grossesse
ct au moment de l'accouchement et après qu'il a eu lieu.
ûnsERvATION. - Mad. E., âgée de trente-deux ans,
d'une très-belle constitution, d'un embonpoint prononcé,
accoucha, il ya dix ans, sans aucun incident remarquable;
deux ans après, nouvelle grossesse suivie, au bout de trois
mois, d'un avortement avec perte de sang abondante, qui
dura deux mois et fut très-difficile à arrêter. Depuis cc
temps, les règles, venant toute's les cinq semaines, s'arrêtent
chaque fois très-difficilement, et souvent ne laissent que
quelques jours d'intervalle entre deux époques; d'autres
fois elles disparaissent pendant deux mois pOlir revenir
avec plus d'impétuosité et d'opiniâtreté que jamais. Un
examen souvent répété des parties génitales, tant par le .
toucher que par le speculum, n'a jamais révélé le moindre
dérangement organique, tout au plus croit-on reconnaitre
un peu de relâchement du col utérin. Les moyens les plus
variés furent tour à tour employôs; les astringents externes
. cl internes, les fomentations froides, le tamponnement, les
injections, la cautérisation du col utérin, l'application par
�210
le tampon de poudre ct de teintures astring'e ntes, de colophane, de tannin, d'alun; à l'intérieur, le seigle ergoté, les
acides minéraux, l'ipécacuanha, la saignée répétée. Quelquefois ces moyens agissaient temporairement, d'autres fois
ils restaient complétement inutiles, et plusieurs fois l'hémorrhagie n'a cessé que quand la malade, épuisée de sang, pâle
et sans pouls, était dans une demi-syncope permanente.
Plusieurs praticiens virent la malade, entre autres M. le
professeur STOLTZ. Elle était encore nne fois dans cet état
au commencement de l'hiver dernier. Depuis six semaines,
les règles s'étaient converties en une hémorrhagie permanente; le sang partait tantôt .par jets, tantôt en caillots; iL
traversaÏl les tampons trempés dans une forte solulion de
tannin; il résistait et à l'emploi des poudres d'ergot et à.
celui des acides minéraux. Dans cette conjoncture, j'eus
l'idée d'administrer l'eau balsamique; la malade prit trois
verres par jour (cachet vert), et dès le même jour le sang
s~arêt.
On continua l'usage de ce moyen encore durant
trois jours, au bout" desquels la malade put se lever, quoique
très-faible encore. Deux mois après, les règles revinrent, et
par précaution, la malade prit d'elle-même quelques verres
de celte eau; tout se passa naturellement. Vers le printemps,
Mad. E. fit un voyage à Paris; pendant son séjour, elle
~ut
SQS règles qui cessèrent au bout de dix jours. Cet élé,
pendant mon absence au mois de juillet, il Y eut une nouvelle disposition à l'hémorrhagie; les règles tendirent à se
prolonger, déjà quelques caillots de sang, signes précurseurs, commençaient à paraîlre : elle prit sur elle de faire
usage de l'eau balsamique, qui cul encore pour efi'et d'arrêler le sang. Depuis elle sc porte très-bien. (Observation
communiquée par M. l~ Dr HlR1'Z.)
OnsERvATION. - Mad. S., de Strasbourg, avait eu des
couches nombreuses et difficiles et avait fait deux fausses
couches dans l'espace de six ans. Quoiqu'elle fût d'une Lonne
�22(Y
constitution, el~
avait conservé une certaine faiblesse de la
matrice. Elle avait des pertes blanches, et ses règles étaient
devenues tellement abondantes qu'elle était obligée de garder
le lit. Je lui avais donné des soins dans toutes ses couches,
elle me consulta encore pour ces pertes sanguines. Je lui
conseillai de boire, deux jours avant les époques, une bouteille d'eau balsamique (cachet vert). J'étais, après ce con·
seil, resté longtemps sans la voir. Je fus frappé, quand elle
vint me rendre visite, de sa bonne mine; elle me dit que
depuis quatre mois elle prenait l'eau que je lui avais ordonnée; que ses règles étaient bien moins abondantes et ne
coulaient que pendant trois jeurs; que l'écoulement blanc
avait beaucoup diminué; je l'engageai à continuer un traitement qui lui avait élé si utile. (B.)
OnsERvATION. - Mad . Bloch, de Soultzmatt, âgée de
trente-huit ans, mère de six enfants, avait perdu ses règles
depuis dix semaines. Tout à coup il parut des caillots de
sang; la sage-femme ne put constater l'élat de grossesse,
mais, dans le doute, je conseillai le repos le plus absolu;
mais sc reproduisit à p!usieurs reprises.
l'hémorrhagie ce~sa,
Un jour elle devint tellement abondante, que la malade eut
des faiblesses; alors je lui donnai l'eau halsamique à la dose
d'une cuillerée à bouche toutes les heures. Elle n'en avait
pas pris une hou teille que le sang ne reparut plus. Je la
revis quelques semaines plus tard; le ventre s'était développé, et il me devint facile de constater que celte femme
était enceinte de plusieurs mois. (A.)
J'ai retiré de celle cau un excellent e[et dans les perles
utérines survenues après l'accouchement; j'en citerai deux
cas recueillis dans ma pratique.
OnSEUVATlON. - Louise N .... , de Strasbourg, âgée de
tren te ans, accouchée à peinu depuis six jours, avai t cru
pouvoir, sans inconvénients, reprendre ses occupations,
comme elle l'avait fait dans ses couches précédentes. Tout
�22t
à coup elle fut prise d'une hémorrhagie tellement abondante,
qu'elle perdit connaissance. Je ne pus, lorsqu'on m\appela,
de
me rendre immédiatemen t près d'elle, mais j' ordna~
• lui donner de demi·heure en demi-heure l'eau balsamique
(cachet vert), à la dose d'un verre. A mon arrivée, deux
heures après, elle me dit qu'après avoir pris le premier
verre, le sang s'était arrêtée. Il est vrai de dire qu'en faisant coucher cette femme, on avait peut-être déjà fait cesser
une des causes du mal. (B.)
ÛnsERvATION. - Mad, H., de Phalsbou"rg, enceinte
pour la quatrième fois, vint me consulter pour savoir
comment elle ·pourrait prévenir des pertes abondantes qui
survenaient immédiatement après l'accouchement. C'était
avec un sentiment de terreur qu'elle voyait approcher l'épo. que de la délivrance; car, dans ses couches précédentes,
elle avait failli succomber à des métrorrhagies que ni les
astringents, ni le seigle ergoté, ni les applications froides,
ni les injections, ni même la compression de l'aorte n'avaient
pu faire cesser. Le sang ne s'arrêtait que lorsque le pouls
était devenu misérable et que des syncopes presque mortelles et durant pendant plusieurs heures avaient mis sa
vie en danger. J'étais fort embarrassé de .donner un conseil utile, lorsque ridée me vint de lui prescrire l'eau balsamique. Voici la manière dont elle en fit usage: Dès que
les premières douleurs de l'enfantement sc firent sentir, elle
commença à boire de l'eau balsamique (cachet vert) , un
verre environ loules les demi - heures; elle la continua
après l'accouchement. L'hémorrhagie tanl redoutée n'eut
pas lieu comme dans les couches précédentes, et cette dame,
à laquelle il fallait ordinairement plus de deux mois pour
sc remeUre, était snr pied au bout de dix jours. (B.)
�222
III. MÉTRITE CHRONIQUE. ENGORGEMENTS DE L'UTÉRUS.
La métrite chronique et l'hypertrophie simple de l'utérus
sont deux maladies très-fréquentes ehez les femmes mariées
ct surtout chez celles qui ont eu des enfants; elle peut cependant se rencontrer chez les personnes qui ne sont pas
dans ce~ conditions.
«Ces malades, comme le dit LISFRANC, éprouvent des douleurs obscures gravatives dans le bassin; elles se fon t sentir
sympathiquement sur les mamelles; la station debout, sur
les tubérosÎtés ischiatiques, la marche, l'équitation, les promen'ades en voiture, le coït, les augmentent; on observe des
écoulements blancs, des pertes rouges plus ou moins abondantes, plus ou moins fréquentes, tantôt continues ou remittentes, d'au Ires fois intermittentes; la face devient pâle
ou couleur jaune-paille, les malaùes s'affaiblissent et maigrissent ordinairement beaucoup; dans quelques cas d'exceplion, elles conservent leur fralcheUl', leur embonpoint et
leurs forces; il n'est pas rare de voir l'innervation exaltée. J)
On rencontre assez souvent des femmes qui, n'étant plus
dans la première période de la jeunesse, n'ont jamais eu
leurs règles, ou qui les Qnt perdues longtemps avant l'époque
que la nature a assignée à l'âge de retour. Chez -les unes on
peut invoquer l'atrophie de la matrice, mais chez la plupart, ce caprice apparent de la nature lient à l'engorgemen't
utérin. Suivant LlsrRANc, «l'aménorrhée est souvent un
symptôme des affections morbides de l'utérus. Sur douze
femmes, dit-il, n'ayant jamais eu leurs règles, nous avons
évidemment constaté une augmentation de volume de la
matrice ct presque toujours un excès de sensibilité de cet
organe; toutes présentaient les symptômes qui accompagnent
les engorgements utérins. » Ainsi, cbez certaines femmes, les
�225
règles manqueront ou seront h'ès-douloureuses, parce que
la matrice engorgée est devenue imperméable au sang; mais
chez d'autres, l'engorgement de la matrice amène un état
tout contraire; leurs règles deviennent souvent trop abondantes, parce que l'engorgement, principalement formé par
la vascularisation de l'organe, le rend plus perméab!,e, ct le
prédispose ainsi aux. hémurrhagies.
Non-seulement les règles, comme nous vènons de le dire,
peuvent être trop abondantes ct douloureuses dans la métrite
chronique et l'engorgement , mais encore ces deux maladies
peuvent devenir une cause de stérilité; et lorsque la conception a cu lieu, elles exposent aux fausses couches, et l'on
peut même affirmer que c'est de là que proviennent fréquemment les avortements, qui ne dépendent pas' d'une
cause traumatique. Je pourrais citer un grand nombre d'observations à l'appui de cc que j'avance. Tous les médecins
sont d'àccord sur ce point, et reconnaissent qu'on ne parvient à faire cesser cette tendanc'e fâcheuse qu'en faisant
disparaître préalablement l'affection de l'utérus. C'est dans
les cas de ce genre que les eaux minérales bien choisies
donnent souvent assez promptement des résullats qu'on
n'obtient qu'avec difficulté par des traitements toujours lents
et fort pénibles à suivre.
La métrite chronique ct l'engorgement ont peu de tendance à marcher spontanément vers la guérison; ces maladies, lorsqu'elles ne sont pas traitées convenablement,
peuvent durer peqdant dix ct quinze ans, laissant les personnes qui en sont aUeintes dans un étal de faiLlesse et de
langueur, jusqu'à cc qu'enfin elles deviennent funestes,
en amenant des dégénérescences graves, souvent au-dessus
des ressources de l'art.
Nous croyons devoir nous abstenir ici d'énumérer les
signes 'locaux auxquels )e médecin, par 'un examen direct,
arrive à reconnaître ces deux affections; ils sont indiqués
�224
dans tous les ouvrages spéciaux sur les maladies de l'utérus.
Sans entrer dans de grands détails sur les causes de ces
deux maladies, nous pouvons dire que la matrice, dont la
vie fonctionnelle est bien plus courte que celle de tous les
autres organes, est obligéé, pendant sa période d'activité, de
racheter, pour ainsi dire, ses deux temps de repos par un
travail excessif. Tantôt c'est l'époque menstruelle, tantôt lcs
rapports des deux sexes, bientôt la gestation, puis l'accouchement et les différents accidents qu'ils peuvent entraîner,
qui entretiennent cet organe dans un état de fluxion, de
congestion ,pour ainsi dire permanent. Telle est l'origine fréquente de la métrite aiguë et de la métrite chronique et de
l'engorgemen 1.
L'engorgement ne procède pas toujours de l'inflammation de la matrice; il n'est pas une 'conséquence nécessaire
de la métrite chronique, cependant on peut dire que, chez
la femme jeune encore, elle en est presque constamment
le point de départ. Mais vers l'âge de retour, les choses paraissent souvent se passer diJTéremment, la matrice devient
le siége de congestions passives. N'ayant plus ses fonctions
organiques à remplir, son tissu se resserre, devient moins
perméable au sang; cependan t le, sang n'y affiue pas en
moindre quantité, surtout dans le système veineux, qui,
à cet âge de la vie, prend, comme dans les au Lres parLies
du corps, un plus grand développement. Sous celle affiuence
presque mécanique, l'utérus s'engorge. Assez souvent, à
des époques plus ou moins éloignées, il pa~vient
à se débarrasser du sang qui le congestionne, et alors surviennent
des pertes abondantes, qu'il est quelquefois difficile et souvent dangereux d'arrêter. Si celle voie d'élimination lui
manque, et que la nature ou l'art ne lui en fraie aucune
autre, la matrice, restant sous le poids de cet Hat pathologique, s'engorge de plus en plus, et alors surviennent,
comme dans l'engorgement produit par la métrite chronique,
�225
les dégénérescences de tissu, les produits de nouvelle formation, sur lesquels certaines constitutions, certaines diathèses,
certains vices dans les humeurs exercent une si funeste influenc.e.
Quoique ces produits de l'inflammation chronique des
tissus complexes, tels que la matrice, soient fréquents,
nous manquons de faits pour en déterminer exactement les
caractères anatomiques. Nous ne pouvons établir par quelles
transformations successives a dû passer cet organe, pOUl'
acquérir une augmentation de densité, de ténacité et de pesanteur beaucoup plus grande qu'à l'état sain; ce. n'est
qu'en nous fondant sur les phénomènes qu'on observe dans
les différentes phases de l'inflammation aiguë que nous pouvons les apprécier approximativement.
Tout ce que nous avons dit de l'action des eaux de Souitzmalt, en parlant des inflammations chroniques (p. 36), est
également applicable à la métrite chronique et à l'hypertrophie de l'utérus. Nous avons vu, en parlant de l'aménorrhée, de la dysménorrhée et de la métrorrhagie, comment nous concevions la possibilité d'obtenir par ces eaux
un effet résolutif (p. 205) ; nous croyons donc inutile de nous
étendre plus longuement sur ce sujet.
Il est un point pratique très-important dans le traitement
de ces maladies par les eaux minérales : c'est de savoir
employer avec le plus d'utilité les bains, les bains de siége,
les injections et douches ascendantes.
Les bains d'cau minérale sont généralement très-avantageux dans les affections de l'utérus; mais ils Ile le seront
qu'à la condition d'être employés d'après les indications que
nous allons tracer.
Dans aucun cas, les bains à une température (rès-éle~
(30 degrés) ne seront convenables, siles personnes sont faibles
ou nerveuses; ils les exciteraient d'abord et ensuite les affaibliraient davantage; si elles sont pléthoriques, ils détermine15
�22G
raient une excitation générale et des congestions locales, qui
se font alors de préférence vers la matrice. Le bain froid ou
seulement frais est rarement bien supporté; il refoule le sang
qui, presque toujours dans ces cas, se portera vers l'utérus;
ils ne sont applicables que si la maladie ayant déjà cédé
aux traitements antécédents, on n'a plus qu'à calmer le
système nerveux par l'acide carbonique et à rendre par le
froid du ton à tout rorganisme.
Le bain tiède est celui qui mérite la préférence; il faudra
le graduer suivant la susceptibilité individuelle. Lorsque la
matrice aura conservé une grande sensibilité soit nerveuse,
soit inflammatoire, les eaux minérales devront encore être
mitigées par de la gélatine ou de l'amidon. La durée ordinaire du bain est assez difficile à fixer; il est des malades
qui ne peuvent y rester plus d'une demi-heure: on peut
dire en général que. du moment où ]e bain ne fatigue pas,
il doit être prolongé non senlement pendant une heure,
mais même au-delà, en ayant toujours soin de le maintenir
à la même température. Si un bain aussi prolongé ne peuL
être supporté, il sera très-avantageux d'en prendre deux
par jour de plus courte dùrée. C'est ainsi qu'on arrive à
calmer souvent, mieux que par tout autre moyen. l'état
phlegmasique eL nerveux, en imprégnant pour ainsi dire
]e corps de liquide et en y faisant pénétrer les éléments minéralisateurs des caux cIe SoultzmaLt. Dans les affections de
l'utérus, beaucoup de femmes reprennenL leurs règles avec
la plus grande facilité. surtout lorsqu'elles sont sujettes à la
métrorrhagie; cc n'est pas un motif absolu pour cesser les
bains, si les perles ne sont pas trop 'abondantes; car il est
des cas où le bain pourra les faire cesser, en calmant l'irritation locale ct la susceptibilité nerveuse.
Les bains de iége doivent généralement être rejetés; il
e t trop difficile d'en bien graduer la température, pour qu'ils
ne deviennent pas une cause d'amux direct du san er vers
�l'utérus. S'ils sont Lrop chauds, ils congestionnent; s'ils sont
trop froids, la réaction qu'ils déterminent amène souvent
le même résultat. Les inje cLions surtout, faites à deux ou
trois reprises pendant qu'on est dans le bain, sont à recommander aux malades. Je n'en dirai pas autant des douches
ascendantes, qui sont, chez la plupart des femmes, la cause
d'excitations qui peuvent amener les effets les plus fâcheux.
IV. DE LA LEUCORRHÉE.
Celle maladie 'est produite soit par une phlegmasie, soit
par une irritation, soit enfin par une simple injection de la
muqueuse ou bien encore par une fluxion sanguine pouvant
siéger en même Lemps sur la vulve, sur le vagin, sur la
face interne de la matrice et des trompes utérines, d'où nait
un écoulement blanc désigné sous I.e nom de {lueurs blanches.
de perles blanches. La leucorrhée se montre le plus souvent
sur le vagin; eUe est moins commune dans la matrice et
sur la vulve; on la voit rarement dans les trompes utérines.
Les femmes mariées en sont plus spécialement atteinles;
commune à l'âge de la puberlé, on l'observe assez peu souvent chez les enfanls; elle est assez fréquente chez les vieilles
femmes (L1SFRANC).
Si nous remontons aux causes premières qui produisenL
la leucorrhée, nous Lrouvons qu'elles sont à peu près les
mêmes que celles des affeclions de l'utérus, donl nous venons
de parler.
.
Ainsi la leucorrhée peut tenir à un élal de faiblesse générale ou locale, et chez plus d'une jeune fille dont le sang est
trop pauvre pour donner lieu à un écoulement rouge, il se
produit un écoulement' blanc; et cela d'autant plus qm'
l'organe utérin cl la muqueuse sont depuis longlemps (lans
un élaL (l'atonie plus prononcée.
�228
Lo.rsque la leuco.rrhée tient il l'inflammatio.n chro.nique
de la matrice o.u à so.n engo.rgement actif, le sang tro.p riche
se po.rtant avec abo.ndance Yers la mab'ice, l'irrite, ct celte
irritatio.n réagissant sur la membrane muqueuse utérine détermine les pertes blanches. Vers l'âge de reto.ur, ce n'est
so.uvent ni la faiblesse, ni l'irritatio.n o.u l'inflammatio.n ,
mais une simple stase du sang vers l'organe utérin qui
amène celle maladie.
Si la leuco.rrhée a so.n siége dans le vagin, elle tient également tantôt à un état anémique primitif o.u co.nsécutif,
tantôt à un état d'irritatio.n o.u d'inflammatio.n.
Cette maladie peut en outre être pro.duite o.u entretenue
par certaines causes spécifiques, par certaines diathèses: le
squirrhe, le cancer, les affectio.ns vénériennes, dartreuses.
etc., do.nt no.us n'avo.ns pas l'intentio.n de no.us o.ccuper ici.
Les eaux de So.ultzmatt jouissent d'une grande réputation
dans la leuco.rrhée, comme dans toutes les maladies de l'utérus. «Elles seront, dit MÉGLIN, d'une très-grande utili(é
dans l'éco.ulement douloureux des menstruatio.ns o.u leur
suppressio.n to.tale, qui reco.nnaît po.ur cause l'engo.rgement
piLuiteux de la matrice, par co.nséquent dans la stérilité qui
en est la suite, dans les pertes mêmes qui so.nt aussi trèsso.uvent l'effet de l'o.bstructio.n de ce viscère, dans les /lueuTs
blanches et les pâles co.uleurs qui naissent enco.re de la même
cause. BACCARA, physicien de Colmar ct très-habile praticien
de so.n temps, dit, dans une leUre il M. GUÉRIN" avoir vu de
très-bo.ns effels de ces eaux dans les maladies de la matrice,
,
dans les fleurs blanches, etc. J)
Si nou~
résumo.ns les idées des anciens, des mo.dernes, et
les nôlI'es en particulier, no.us so.mmes amené à co.nclure
que la leuco.rrhée lient o.u à un état de faiblesse génél'ale
o.U lo.cale, ou à une stase sanguine vers l'o.rgane utérin, o.U
il un élat de plétho.re o.U d'irritatio.n locale. Ces étals peuvent se comhiner entre eux de différentes manières i cc sera
�220
au coup d'œil exercé du médecin qu'il appartiendra de démêler celui qui domine les autres, afin de pouvoir lui appliquer le traitement convenable. Ainsi il est des cas où il
s'agira de relever les forces, de tonifier, de rendre au sang
les principes qui lui manquent, puis d'agir sur la membrane
muqueuse, en lui imprimant une nouvelle activité vitale
qui resserre les tissus j on atteindra ce but par les toniques
de différentes espèces, par les préparations martiales et
surtout par les eaux ferrugineuses, par certains médicaments
astringents (élixir de Haller, alun, eau balsamique [cachet
vert] , etc.); mais si celle action portée sur toute l'économie
est insuffisante, le traitement local par les injections toniques et astringentes en deviendra le complément (alun,
sulfate de zinc, ècorce de chêne, tan, cau balsamique, etc.).
S'il Y a pléthore générale, irritation ou inflammation 10cale, tout traitement tendant à diminuer: la fibrine et à
appauvrir momentanément le sang, trouvera ici son application. La saignée en première ligne, assez rarement applicable, puis les préparations alcalines et surtout les eaux
gazeuses alcalines exemptes de fer devront être mises en
usage. Les bains ordinaires, les bains alcalins, les injections
émollientes et plus tard alcalines resteront rarement sans effet.
Ce seront encore les eaux de ce genre qui seront appelées à rendre des services signalés, lorsque la leucorrhée
tiendra à des stases sanguines qui, d'après cc que nous avons
dit, ne sont pas rares vers l'ùge de retour.
C'est ainsi que nous nous rendons compte de l'action des
eaux de Soultzmatt dans certaines leucorrhées; quelques
observations recueillies à ce bain seront le complément pratique des idées que nous venons d'émettre.
OBSEUVATION (extraite de l'ouvrage de MÉGLlN) . - Madame V., âgée de quarante ans, d'une constitution délicate,
sujelle à des accès de vapeurs très-fréquents, exténuée par
des pertes hlanches lrès·abonde
~ depuis plusieurs années,
•
�230
u'avait éprouvé aucun soulagement des remèdes ordinaires
les mieux administrés; le marasme était déjà un symptôme
urgent. On lui fit faire usage de nos eaux; elle prit les bains
et pour boisson les eaux coupées avec un sixième de lait,
ce qui lui rendit la santé qu,'elle conserve encore aujourd'bui.
OBSERVATION. - Mad. Ch., de Colmar, vint à Soultzmalt pour un écoulement blanc très- abondant. Celle dame
jouissait d'une bonne constitution; il nous fut impossible de
l'examiner. Notre bain lui fut très-utile, car, après un séjour de quatre semaines, l'écoulement leucorrhéique avait
entièrement cessé. (A.)
OnSERVATION. - Mad. B., âgée de trente-cinq ans,
ayant eu quelques enfants, avait une leucorrhée très-abondante, qui paraissait tenir à un eng"orgement de l'utérus . .
Elle vint à Soultzmatt en 1843, Y :lit une saison pendant
laquelle elle but l'eau, prit des bains ct des injections avec
l'cau de la source. EUe en obtint le meillèur résultat, car la
leucorrhée disparut entièrement. (A.)
L'eau balsamique (cachet vert), prise à l'intérieur et en
injections, sera fort utile dans certains cas de leucorrbée
tenant à un état de faiblesse et de relâchement des muqueuses, surtout lorsqu'on aura fait cesser, par l'emploi des
eaux de Soultzmatt, l'irritation, qui sera toujours une contre-indication pour l'usage de l'eau balsamique. Je me bornerai à citer une seule observation prise parmi celles que je
possède.
OnSEUVATlON. Leucorrhée, suite de couche, ayant résÙlté à tous
les traitements pendant dix ans. Guérison par l'eau balsamique.
Madame .... , femme d'un officier, habitant Haguenau,
âgée de vingt.huit ans, mariée depuis onze ans, était accouchée naturellement à l'âge de dix-neuf ans. Forte ct
ayant toujours joui d'une bonne sanlé jusqu'à celle ôpoque,
clIc avait cru pouvoir se dispenser Je toutes les précautions
�251
qu'on prend ordinairement. Elle s'était levée dès les premiers jours, et n'avait pas tardé à reprendre ses occupations. Après le retour des règles, elle remarqua qu'elle conservait de la pesanteur dans le bas-ventre el des douleurs
dans la région sacrée; les rapports sexuels étaient douloureux; entre chaque époque il y avait un écoulement blanc,
abondant; elle pâlit et maigrit. Après avoir consulté, dans
les différentes villes où elle se trouva, plusieurs médecins
dont les traitements avaient été inutiles, cette dame réclama
mes conseils : je reconnus un engorgement chronique de
l'utérus, qui fut combattu par de petites sflignées dérivatives avant l'époque menstruelle, des bains généraux, des
cataplasmes et des injections émollientes. L'engorgement
céda au bout de trois Jnois; mais la leucorrhée ayant persisté, elle prit l'eau balsamique de Soultzmatt à la dose de
deux verres par jour; elle en faisait à peine usage depuis
dix jours que déjà l'amélioration était notable; au hout d'un
mois, l'écoulement avait cessé. (B,)
V. DE L'IIYSTÈRIE.
El) plaçant l'hystérie parmi les affecLÏons de l'utérus, je
ne prétends pas chercher à établir que cette maladie a \oujours cet organe pour point de départ. Mais, comme le dit
LISFRANC, (( il est impossible de nier l'influence très-com«mune de la matrice sur la production de l'hystérie; mais
«en est-elle la cause constante? Tous les médecins qui vou«dront observer avec impartialité partageront celte opinion.
L'hystérie est due à l'irritation d'un ou de plusieurs vis«cères; elle tient assez souvent ft l'innervation exaltée" et
(( enfin on rencontre un point de départ SUI' l'axe cérébro«spinal.»
OueHes que soient les causes qui amènent l'hystérie, il
(!
�252
en est une qui les domine toutes, c'est la susceptibilité ner- .
veuse portée à son apogée , et que la moindre excitat ion,
soit physique soit morale , est capable de réveiller. Lorsqu'on dit que l'hysté rie est une névrose de l'utéru s, on n 1est
peut-êt re pas bien loin de la vérité, non que cette maladie
corresponde toujours aux lésions des organes génitau x de
]a femme, mais l'utéru s, doué d'une sensibilité excessive et
ayant des sympathies bien établies avec tout le système cérébro-spinal et le système nerveu x ganglio naire, est, plus
que tout autre viscère, susceptible de déterm iner soit primitiveme nt, soit secondairement, des troubles de l'inner vation.
Or, chez la femme, depuis l'âge de la puberté jusqu'à celui
de retour, que de causes réunies pour exalter le système
nerveux. utérin. Dans la chlorose, c'est un sang appauv ri,
qui laisse prendr e au système nerveu x une prédominance
qui lui est funeste. Enlevez trop de sang à une personne
nerveu se, son système nerveu x s'exalt era; aux pertes utérines trop abonda ntes, que de fois succède l'éclampsie nerveuse. Que des conditions inverses se présen tent, qu'un sang
trop abonda nt, trop riche aillue ,'ers l'utéru s, le congestionne
ou l'engor ge, cet organe , doué d'une grande susceptibilité
nerveuse soit naturel le, soit acquise , 'porte par ses sympa thies, avec la rapidit é de l'éclair, la perturb ation dans l'innervation de certains organes, el donne ainsi lieu à tous ces
phénomènes si variés ct si bizarn~s
que nous observons dans
les attaques d'hysté rie.
Évitan t de parler ùes différents traitements plus ou moins
heureu x qu'on a institués contre celte maladi e, je me bornerai à faire ressortir les avantages qu'on peut retirer des
eaux de Soultzmatt dans une affection pour laquelle les médicaments sc sont si souvent montrés impuissants.
L'acide carbonique, l'acide boriqu e, les sels de soude ct
de potasse exerce nt sur le système nerveu x une aclion calmante qui ne saurait être contestée; sans doute, cet efret
•
�235
n'est pas immédiat, comme celui de l'opium et de quelques
autres préparations qu'on appelle antispasmodiques, mais
si les résultats qu'on obtient sont plus lents, ils sont certains
ct plus durables. Si l'hystérie tient à une grande susceptibilité nerveuse, qui ait l'anémie pour point de départ,
ce seront les eaux gazeuses alcalines ferrugineuses qu'il
faudra choisir; mais si cette anémie n'a été que secondaire,
qu'elle ait par exemple pour origine une irritation des organes digestifs et surtout de l'estomac, les eaux gazeuses
alcalines, telles que celles de Soultzmatt, rétablissant la
force de l'assimilation, l'anémie disparaîtra; le sang redevenu riche dominera la susceptibilité nerveuse de l'utérus,
qui avait succédé à l'appauvrissement du sang, et l'hystérie pourra ainsi disparaître.
Si l'innervation, au contraire, est accrue par l'amux d'un
sang trop riche ou par des stases sanguines passives vers
l'utérus, l'acide carbonique contenu dans les eaux'de Soultzmalt aura pour e[et de calmer les nerfs; les autres principes minéralisateurs qu'elles renferment tendront à liquéfier le sang et à détruire l'engorgement utérin, s'il existe.
S/il y a stase dans les veines, le système veineux abdominal
étant activé et n'ayant plus à charier qu'un sang débarrassé
en grande partie de principes nuisibles et peut-être excitants
pour l'organe qu'il imprègne, la matrice se trouvera décongestionnée, le système nerveux rentrera dans le repos, et
le calme succèdera à l'exaltation.
�QUALITATIVE ET QUANTITATIVE
DE
L'EAU MINÉRALE ALCALINE GAZEUSE
DE SOULTZlYI1I.TT (11.&.UT-RllIlW),
lPar JIt. 2l. fllid)llmp,
Ilhal'macien , licencié ès-sciences , professeur ugrég6 à l'école s upoirieuro
de pharmacie do Strasllourg.
- -Si l'on connaissait parfaitement toutes les couches de
terrain que traverse une eau minérale, avant de surgir à la
surface du sol, on pourrait prédire, avec une certitude presque mathématique, la compositiou de cette eau, je veux
dire la nature des substances minéralisantes qu'elle contient,
sans rien préjuger d'ailleurs sur leur moùe d'arrangement.
L'cau, cet admirable véhicule, peul, en effet, dissoudre
presque toutes les substances connues.
On doit admeUre que la solubilité el l'insolubilité d'une
suJ)stance dépendent de la masse du dissolvant.
Observation. - L'excellente ct consciencieuse anal yse de ~ f. BÉ-
n'é tait pas entièrement achevée; l'auteur voulait y mettre la
dernière main , lorsque des circonstances particulières me forcèrent
il livrer mon travail ù l'impression. C'es t ce qui m'a déterminé) ü
mon grand regret, il placer co travail à la fin de l' ouvrage.
CfI M1P
�255
La dissolution d'ailleurs n'est pas toujours le fait de l'affinité. Elle tient le milieu entre la cohésion et l'affinité. M. Dumas l'attribue à une force qu'il nomme force de disol'U~·n.
Par conséquent, on doit reconnaître que celle force croît
avec la masse du liquide qui agit sur une substance donnée.
Tel sel, tel corps n'est réputé insoluble que l)arce qu'il
exige de grandes quantités de liquide pour se maintenir
~ 'on
dans l'état de dissolution, pour que la {orce de disol'U
l'emporte sur la force de cohésion qui sollicite ses molécules.
Mais indépendamment de la masse du véhicule, la solubilité et l'insolubilité sont encore modifiées par un grand
nombre de causes.
La température d'abord; par exemple, la solubilité du
nitrate de potasse est croissante avec la température jusqu'à
une certaine limite de saturation; celle du nitrate d'ammoniaque est indéfiniment croissante; celle du sulfate de soude
croît jusqu'à environ 36 0 , pour décroîlre au delà de celte
température.
La pression que supporte l'eau, lorsqu'elle vient de gran«les prOfondeurs, fait qu'clic peut contenir beaucoup d'acide
carbonique dont l'action modifie d'une manière remarquable
le pouvoir dissolvant de J'eau. On peut expliquer ainsi comment certaines eaux donnent des dépôts dés qu'elles viennent.i l'air, ct ne supportent plus dès lors que la pression
atmosphérique.
Il peut se faire qu'en dehors de la présence de l'acide
carbonique, la pression fasse varier la force dissolvante de
l'cau elle-même.
La présence de substances de nature fort diverse, organiques ou inorganiques, peut modifier profondément le pouvoil' dissolvant d'un liquide, sans qu'on puisse dire s'il y a,
ou non, action chimique, dans l'acception rigoureuse dumot.
C'est ainsi que l'acélatede peroxyde de fer, l'ammoniaque
sons l'influence d'un excès de phosphate de soude, dissolvent,
�236
en présence de l'eau, l'arséniate et le phosphate de peroxyde
, de fer. La présence du phosphate de soude en excès détermine l'insolubilité plus complète du phosphate double de
lithine et de soude; l'hydroehlorate d'ammoniaque diminue
la solubilité de l'alumine dans l'ammoniaque, etc.
Ces fails font comprendre comment des substances très- _
dissemblables de nature et de propriétés peuvent cependant
coexister dans une même liqueur, dans une même eau minérale.
L'acide silicique, cet acide si faible en présence de l'eau,
que l'acide carbonique, l'acétate de soude et le chlorure de
sodium précipitent à l'élat gélatineux de ses dissolutions
alcalines, cet acide si insoluhle dans son éla t normal peul
cependant se trouver dans une eau en présence de l'acide
carbonique et du chlorure de sodium.
L'alumine, cette hase si faible et si insoluble, qui ne se
combine pas avec l'acide carbonique, que les carbonates alcal ins précipitent, de ses dissolutions, l'alumine peut cependant se trouver dans une cau minérale à côté des carbonates
de potasse et de soude.
Les substances les plus insolubles qui constituent les ro~
ches de différentes formaLions peuvent donc exister à l'état
de dissolution parfaite dans une eau.
Par conséquent, pour le progrès de l'analyse des caux minérales, il serait avanlageux de connaître avec une précision
suffisante ]a nature des terrains que traversent ces caux.
parce que de ]a nature des terrains traversés on pourrait
conclure celle des corps ùissous.
La question de l'arrangement des divers éléments d'une
cau minérale est certes une de celles qui mériterait le plus
d'être résolue, autant sous le point de vue scientifique pur
que sous celui de la thérapeutique.
L'Académie impériale de médecine, a proposé une queslion de prix, ainsi "l1oncée :
�257
«Trouver une méthode J'expérimentation chimiquel}rOpre
à faire connaître dans les eaux minérales les corps simples
ou composés, tels qu'ils existent réellement à l'état normal. l)
Dans l'état actuel de nos connaissances, ce problème me
paraît insoluble.
,
En effet, d'après les réflexions qui précèdent, on voit
comment la présence d'un composé donné modifie la force
de dissolution de l'eau. Combien le problème devient-il encore plus compliqué lorsque le nombre des substances augmente dans la proportion où elles se trouvent dans les eaux.
minérales!
Il Y a plus, l'ordre de tendance d'une base pour plusieurs
acides différents varie avec la quantité d'eau en présence;
par exemple, un mélange fait de nitrate de soude et de
chlorure de potassium sc transforme en nitrate de potasse
et en chlorure d~ sodium, lorsque la masse d'eau diminue.
D'après cela, en supposant le problème résolu pour une
liqueur de concentration donnée, il fatidrait recommencer
pour un autre état de dilution; or, il est clair que cet état
peut être varié à l'infini.
Enfin, une autre condition pour la solution de ce problème est la suivante, et celle donnée me paraît en réalité
la plus importante à connailre :
SUIJposons une dissolution contenant des bases, des acides
et des sels.
'
n faudrait trouver moyen de déplacer tel acide non combiné, sans le faire entrer dans une combinaison, sans cela on
pourrait dire que le sel obtcnu est le résultat d'une douhle
décomposition. Il en est de même d' une base non combinée.
Lorsqu'on a une dissolution saline, on déplace à volonté
l'acide par un autre acide, la hase par une autre hase.
Dans ce cas, on est convenu de dire que celle base ou cet
acide existait réellement dans la dissolution saline.
POUl' affirmer qu'un sel sc trouve cn effet dans une dissolu-
�238
Lion où ~xisten
en même temps d'autres sels, il faudrait
pouvoir déplacer un sel, tcl quel, comme on déplace une
base ou un acide. Et encore cet ordre de déplacement pourrait varier avec la quantité d'eau, avec la nature des sels cn
présence, comme il varie pour les acides ct pour les bases.
Je suppose qu'on parvienne à trouver, pour tous les cas,
une substance sans action chimique, à l'aide de laquelle on
précipite à volonté une substance dissoute; on ne pourra
pas toujours affirmer que hl corps précipité existait tel quel
dans la dissolution, car il aura pu se former en vertu de
l'une des lois de Berthollet.
L'alcool, ajouté à une dissolution de biphosphate de chaux
détermine la précipitation du phosphate neutre ct retient
l'acid!'l phosphorique; dira-t-on que l'acide phosphorique ct
le phosphate neutre étaient séparés dans la liqueur?
Mais de ce que ce problème ne peut pas être résolu en
général, est-ce à dire que, dans certaines limites, pour des
cas particuliers, on ne puisse pas faire des hypothèses trèsplausibles et vérifiées par l'expérience? Non certes, ainsi
que nous le verrons il propos de l'analyse de l'cau minérale
alcaline gazeuse de Soultzmatt.
�239
ANALYSE CHIMIQUE
DE L'Ei\U DE
SOULTZ~IA.
La source de l'eau minérale de Soultzmatt s'écoule d'une
masse de grès vosgien au pied du versant méridional de la
montagne appelée Ileidenberg, à 275 m au-dessus 'du niveau,
de la mer ct à 3 m,57 au-dessous du sol.
PROPlUÉTÉS PHYSIQUES.
Température de l'eau. - Le 6 juin 1852, à 6 heures du
matin, la température ambiante étant de 12°,2 C, celle de
l'cau à sa sortie des tuyaux était de 10° C. A huit boures
du SOil', ]a température de l'air ambiant étant de 111.°, celle
de l'eau était encore de 10°.
La température de l'eau est donc constante dans ces limites de temps. Il paraît cependant que la température de
la source peut varier, car M. Dallbrée, doyen de la Facullé des sciences de Strasbourg, a trouvé 11 °,5, le 25
juillet 18~ · 8.
Limpidité. - La limpidité de l'cau est parfaite; elle ne sc
trouble pas par le repos. De l'cau conservée pendant six ans
par M. le docteur Ebrhardt, de Benfeld, est reslée aussi
claire que le jour où clic ful recueillie; aussi ne se fait-il
jamais de dépôl sur les bords de la source, ni dans les
tuyaux.
�240
Odeur, saveur. - L'odeur est nulle; la saveur aigrelette,
agréable. Cette eau est, en effet, fortement gazeuse; l'acide '
débouche
carbonique s'en dégage avec abondance dès qu'~n
une bouteille; sous ce rapport, elle est bien supérieure à
l'eau de Seltz, dOQt on fait une si grande consommation,
et l'on pourrait avec de grands avantages la remplacer par
celle-là, tant sous le rapport de l'agrément que sous celui
de l'économie.
Quantité d'eau {ourm·e. - La source est très-abondante;
elle rend 110 litres par heure, d'une manière presque
.cobstante.
Densité. - Après avoir laissé se dégager spontanément
tout l'acide carbonique l~bre,
par une exposition prolongée
à l'air, la densité prise à la température de 17°,6 C a été
trouvée être
~:!
= 1,00183. Un litre d'cau deSoullz-
malt, privée de gaz libre, pèse donc 10011!1·,83.
PROPRIÉTÉS CHIMIQUES.
ANAlYSE QUALITATIVE.
Le papier de tournesol rougi par les acides ct le sirop ùe
violetles ne manifestent rien d'abord; mais bientôt par le
ùégagement de l'acide carbonique, le premier bleuit et le
second verdit.
Il est facile de montrer (lue l''Cau de Soultzmatt contient
des carbonates, des sulfales, des chlorures.
On peut aussi faire voir, sans difficulté, la présence de la
chaux, de la magnésie, et même celle des alcalis.
Mais, pour éviter les répétitions, je n'en dirai pas davantage relativement à l'analyse qualitative, renvoyant pour
les différents corps à ce qui sera dit dans la partie concerIlant l'analyse quantitative.
�24-1
Recherche des gaz. -'- Un hallon eL son tuùe de dégagement, jaugeant ensemble 1 1,426, a été rempli d'eau au
sortir du tuyau. ' Par l'ébullition prolongée de l'eau dans le
ballon, les gaz ont été expulsés et reçus dans un flacon
contenant de la potasse caustique. Une très-petile quantité
(moins d'un centimètre clJbe) n'a pas été absorbée.
ANALYSE QUANTlTATlYE.
Dosage de l'adde carbonique. -
Dans plusieurs flacons,
contenant chacun 20 grammes d'une dissolution concentrée
de chlorure de calcium et 30 grammes d'ammoniaque
exempte de carbonate 1 on a introduit, le même jour, à la
source mê~,
au sortil' du tuyau et à l'ai.de d'une pipette
jaugée, 264 centimètres cubes d'eau.
La dissolution de chlorure de calcium ammoniacal, qui
était limpide, a immédiatement donné naissance à un abondant dépôt d'une grande blancheur. Les flacons, parfaitement bouchés, ficelés, n'ont été ouverts qu'à Strasbourg.
Les dépôts des divers flacons, recueillis sur des filtres
pesés, rapidement lavés, ont été séchés à la température de
100 0 , jusqu'à ce qu'ils ne perdissent plus de leur poids. On
les a pesés ensuite.
Le 10 1' flacon, rempli à 6 1/2 hc'ul'es du matin) a donné . . . . . . . 19",889 de précipité.
Le 2 0 nacon, rempli à 2 j /2 heures de l'après-midi, a donné . . . . 1g", 97,5
Le 3° flacon, rempli il 9 heures
du soir. a donné . . . . . ' . . . . J GI, 89(l
!) ~ , . )
Moyenne. . . '1 ~
760
I ' , ~20
26". centimètres culles donnent donc 1s", 920 de preclpité, renfermant tout l'acide carhonique de cetle pori ion
16
�24·2
d'eau. C'est dans cc précipité que j'ai dosé la quantité totale de l'acide carbonique. Pour effectuer ce dosage, je
me suis servi du petit appareil que M. Frésénius a imaginé
pour l'analyse des carbonates dont les bases forment des
sulfates insolubles. Ce petit appareil, que tout le monde
peut facilement construire, ne pèse pas plus de /j·0 à 50
grammes. J'y ai apporté un petit changement qui écarte
toutes les chances d'erreur. En voici la description:
A et B, deu'X tubes en verre
mince, à l'extrémité desquels on a
soumé une boule; chacun de ces
tubes contient à peine 40 grammes
d'eau; C, tube droit, muni d'une
boule à la partie supérieure et effilé
à la partie inférieure; D, petit tube
fermé par un bout que l'on place
verticalement dans )a boule B, cl
clans lequel plonge l'effilure du tube C. E, tube abducteur
plongeant par la grande branche au fond du tube A. F, tube
droit s'ouvrant dans l'air; gg bouchons en liége fin.
En A on met de l'acide sulfurique monohydraté, en
quantité suffisante pour que son niveau dépasse un peu le
diamètre horizontal de la boule. En B on introduit, à
l'aide d'une carte, un poids connu de la substance à analyser et quelques gouttes d'eau, pOUl' humecter fortement
la poudre: on place le petit tube D, on remplit le tube C
et sa boule d'acide nitrique pur de concentration moyenne;
on bouche l'extrémité de C avec un tampon de cire, ct on
ferme l'appareil, en ayant soin que, si une gouLlc d'acide
tombe, elle soit reçue dans le petit tube D. On accroche
tout l'appareil pal' le fil de cuivre G au crochet d'une
bonne halance, et on lare l'appareil ainsi disposé. La
tare étant faite, on ouvre le tube C en enlevant le tampon
cle cire; l'acide nitrique S't'coule, l'emplit le tnhe D, dé-
�borde, et va agir sur le carbonate. On arrête l'écoulement
de l'acide à volonté, en plaçant le tampon de cire sur l'ouverture du tube C. Par celte disposition. on voit qu'il est
impossible qu'une seule bulle de gaz puisse s'échapper par
le tube C, et qu'aucune gouUe d'acide ne peut réagir sur le
carbonate pendant le pelit intervalle de temps nécessaire
pour fermer l'appareil. L'acide carbonique passe par le
tube E, se dessèche dans l'acide sulfurique et s'échappe
enfin par le tube ouvert F. Lorsque le dégagement a cessé,
on chauffe un peu la boule B, on aspire en F pour enlever
l'acide carbonique qui remplit l'appareil et pour le remplacer ainsi par de l'air; on laisse refroidir l'appareil et on
le pèse de la sorte dans les conditrons de la première pesée.
- La perte de poids donne la quantité d'acide carbonique
dégagé.
Après avoir mêlé les trois précipités qui avaient été séparément recueillis, quatre expériences, conduites comme il
vient d'être dit, ont donné les résultats suivants:
1. ogr,518 de prée., ae. carb. = ogr,215 p. % "·1,506
»
»
= Ogr,288 » ".1,08/i.
II. osr,701
Ill. ogr, 915
IV. 0 8",9565
»
»
l>
»
=
=
OK",373
Ogl
',! ~01
»
!j·0,760
lJ.1 ,920
165,270
Moyenne. . . .
4.1,318
A l'aide de ces données, on trouve qu' un litre d'cau contient 3 g",0038 d'acide carbonique ou bien 2 s",9983 pOUl'
1 000 grammes.
Dosage des mcaières fixes. - Celte détermination a été
faite en évaporant des quantités variables d'eau, au bain
marie, dans une capsule d'argent. Le poids du résidu a légèrement varié. Si la dessiccation est prolongée pendant une
ou deux heures, à la température de 100°, on observe des
variations notables: cc qui tient d'une part à la volatilisa-
�24·4-
d'une ' petite qu~ntilé
d'acide borique, ainsi que je le
dirai à propos de la recherche de cet acide, et aussi parce
que lès bicarbonates ne se changent pas assez vite en carbonates.
Voici les résultats de deux dosages:
ti~n
T. /j.50 m lit. d'eau ont donn é 0, 717 de rés., soit p.1000gr 1,5904.
lL - 1 litre
1,5 79
»
1,5761
3,1665
Moyenne . . . . 1,5832
Le résidu desséché est blanc; lorsqu'il a été chauffé pendant longtemps, il prend un aspect un peu argileux.
Le dépôt qui se fait pendant l'ébullition de l'eau est d'un
blanc éclatant; rien n'y fait soupçonner la présence du fer
ou d'un métal à oxide coloré.
Ce dépôt, formé par l'ébullition de l'eau, ne contient pas
de sulfate, lorsqu'il a été bien lavé, tandis que la dissolution qui a filtré contient tout l'acide sulfurique avec l'acide
chlorhydrique à l'état de sulfates et de chlorures.
La liqueur séparée du dépôt après la concentration
n'élant formée que de carbonates alcalins, avec les sulfates
et les chlorures, il est clair que ceLLe . liqueur ne pent
plus contenir de bases dont les carbonates sont insolubles;
cependant, il Y existe encore une trace de magnésie, probablement à l'élat de sel double. - On peut y démontrer la présence de ceLLe base, en traitant la liqueur par le
phosphate de soude, après avoir sursaturé par l'acide chlorhydrique, saturé lui-même ensuite par l'ammoniaque en
excès: il se forme un louche manifeste que, vu l'état de
dilution de la liqueur, on ne peut attribuer qu'à la formation du I)hosphate ammoniaco-magnésien.
Dosage de l'acide sulfurique. - L'eau de Soultzmatt, acidulée par l'acide nitrique, est à peine troublée par le chIo·
rure de baryum.
�2,Mi
L'eau rendue acide par l'acide nitrique a été cOllcentrée
à une douce chaleur et précipitée par le chlorure de baryum;
le sulfate de baryte lavé, des~éch
et calciné a été pesé avec
les cendres provenant de la combustion du filtre. Voici les
résultats de d~ux
dosages:
I. 2 litres d'eau onl donné
II.2
J)
0,1~62
de sulfate de baryte.
0,4.76
L'acide sulfurique correspondant
=
J)
J)
0!!'1' 159
os": 16li.
1
og·· ,323
Moyenne . . . Og" ,1615
Cette moyenne donne 0&" ,0806 d'acide sulfurique pour
1 000 grammes d'eau.
Acide chlorhydrique. - Ce dosage a été fait en acidulant
l'eau par de l'acide nitrique parfaitement exempt d'acide
chlorhydrique. La liqueur a été précipitée pal' le 'nitrate
d'argent en excès, après quoi on a laissé le chlorure se réunir en masse dans un lieu chaud. Le chlorure lavé et desséché a été fondu et pesé, après y avoir réuni le résidu dc
la combustion du filtre.
Résultats de quatre opérations:
J. 200 eco d'eau ont donné 0,036 de chlorure, soit acide
chlorhydrique pour 1ooog·· . . . . . . . . . . .
Il. 300 eec d'eau ont donné 0,052 de chlorure,
soit acide chlorhydrique pour tOOo sr • • • • • •
Ill. 500"cC d'eau ont donné 0,085 de chlorurc,
soil acide chlorhydrique pour 1000&" . . . . . .
IV. 100 S1' d'cau ont donné 0,017 de chlorure,
soit acide chlorhydr'iquc pOUl' 1000s" . . . . . .
0,04·57
0,04·39
0,04·31
0,04.32
0,1759
Dont la moyennc est. . . 0,04,39
�246
Acide silicique. - Pour doser cet acide, l'eau a été évaporée à siccité, après avoir été sursaturée par de l'acide nitrique; le résidu, légèrement chauffé au bain de sable, 'u
été repris par l'acide chlorhydrique. L'acide silicique, recueilli sur un filtre, a été lavé, desséché, calciné au rouge,
réuni aux cendres du filtre et pesé.
Deux expériences ont donné:
I. 1 litre d'eau a roumi 081',059, soit p. 1000sl' 0,0589
li. 600"
li
o g l · ,0~
. 1,
Il
0,0682
0,1271
Moyenne pour 1000gr d'eau . . 0,0635
Reoherche et dosage de l'acide borique. - Pendant la concentration de l'eau (celle qui devait servir au dosage de
l'acide sulfurique) dans un ballon de verre incliné, dont la
tubulure était garantie de la poussière en la recouvrant
d'lm verre à expèrience, je remarquai que les gouttes d'eau
condensée, en tombant le long du col du ballon, laissaient
cn s'évaporant une traînée de substance solide. Je pensai
que ce pourrait être de l'acide borique.
Cette substance, recueillie autant que possible, donna en
erret une faible coloration verte à la flamme de l'alcool et
de l'esprit de bois.
Ceci se passait au mois de juillet 1852.
L'existence de cet acide dans l'eau de Soultzmatt a été
mise hOI's de doute et dosé très-approximativement dela manière suivante, à l'aide de l'ingénieux moyen proposé par
M. Rose:
200 grammes de liquide provenant de l'évaporation de
20 litres d'eau réduits à 1770 grammes, ayant Hé rendus
fortement aeides par l'acide chlorbydl'ique, et essayés par le
papier de curcuma, d'après la méthode de M. Rose, la coloration rouge-urun caractéristique n'a pas été obtenue. J'ai
�247
alors saturé de nouveau par du carLonale de soude pur en
excès et évaporé jusqu:à réduction de moitié. Le. résidu
sursaturé par beaucoup d'acide chlorhydrique a laissé déllosel' du chlorure de sodium.
La liqueur acide provenant de ce traitement a été de nouveau essayée par le papier de curcuma. Ce papier, après
avoir été desséché à t 00°, se colora fortement cn rougebrun.
J'ai essayé comparativement les réactifs que j'avais employés, savoir l'acide chlorhydrique et le carbonate de soude,
je n'ai pas obtenu la coloration du curcuma; mais en ajoutant dans ces substances une goutte d'acide borique en dissolution concentrée, la coloration se produisit.
Les réactifs employés étaient donc exempts d'acide borique.
La même liqueur, mêlée d'alcool, donna des signes non
équivoques de coloration verte à la flamme; mais on pouvait penser que la flamme bleue de l'alcool et la présence
du chlorure de sodium détermineraient la produclion de la
teinte verte de la flamme.
Lorsqu'on se sert d'esprit de bois, la même cause d'incertitude n'existe plus. La Hamme de cet alcool est blanche
en efI'el; aussi, la coloration verle fut celle fois si manifeste,
qu'une personne non prévenue ne s'y trompa pas.
Je n'ai pas fait de dosage particulier de l'acide borique;
cependant, comme, d'après M. Rose, le célèbre professeur
tle Berlin, le papier de curcuma indique un millième au
moins d'acide borique dans une liqueur, voici comment, trèsapproximativement, j'ai calculé la quantité de cet acide qni
existe dans l'eau de SoulLzmatt.
J 'ai composé une liqueur artificielle sc rapprochant au
tant que possible de la naturelle, en dissolvant un gramme
de borate de soude , . (Bo03)2NaO, 10 110, dans un certain
volume d'cau (200 centirnètres cubcs). Je rcndis celle dis-
'.
�248
solution aussi acide que l'autre, et j'y plongeai une bande
de papier de curcuma. La nuance rouge que prit ce papier
était plus foncée que celle obtenue avec la dissolution naturelle.
Pour obtenir une teinte identique, il me fallut étendre la
liqueur artificielle d'une certaine quantité d'eau .distillée.
Or, le "olurne pour lcquella teinte est devenue identique
mesurait 400 ccc • Ce "olume de liquide contenait un gramme
de horate ou Ogl',365 d'acide borique, dont le quart est
Ogl',0912. Donc, les 100 grammes de liqueur naturelle,
correspondant à 2 1,26 d'eau, contenaient la même quan~
tité d'acide borique.
D'après ce dosage, que je donne sous réserve expFesse,
1
2 ,26 d'cau minérale contiennent OS",0912 d'acide borique
et 1000g ,·, ogr,OU.93. - Mais je crois celle quantité inférieure ci celle qui existe réellement, à cause des perles que
l'on éprouve dans les longues évaporations, ct que l'on n'é- .
"îte pas tout à fail, même en ajoutant un excès de c!lrbo-:nate de soude.
Acide IJ1wsphorique, alumine, peroxyde de (er. - Lc dôpôt
insoluble qui se forme par la conccntration de l'eau minérale, ai-je dit plus haut, est d'une parfaite blancheur. 20 li.
tres d'eau ont donné, après avoir été évaporés il moins de
deux litrcs, j ORI·,3q·5 de dépôllavé et desséché à 100°,
De cc résidu, 6 gr , 065 on t été dissous dans l'acide chlorh.ydrique; la dissolution ayant été évaporée à siccité, le ré~
sulLat, après avoir été repris par l'acide chlorhydrique, a
Jaissé un résidu d'acide silicique.
La liqucur filtrée, acide, a été additionnée d'hydrochlorate d'ammoniaque en excès el trailée dans un flacon houché par un léger excès d'ammoniaquc. De ccLte manière,
en évitant le contact de l'air, il s'est formé un précipité
d'apparcnce gôlatineuse ct très-légèrement ocreux. Ce précipité
recueilli 1 rapidement lavô, desséché, pesait o ~ r, 1 05 après
�24·!)
incinération du filtre et calcination au l'ouge. Le résidu a
été traité dans la capsule de platine même"par de l'acide
ehlorhydrique; ia dissolution a pris la couleur caractéristique du chlorure ferrique; il est resté un résidu insoluble,
qui était de l'alumine devenue inattaquable par suite de la
calcination.
La dissolution jaune donna par le cyanoferrure de potassium un précipité hleu franc, et par le sulfocyanure de potassium la coloration caractéristique rouge-sang.
Une autre partie de la dissolution traitée successivement par l'hydrochlorate d'ammoniaque, l'ammoniaque et
le sulfate de magnésie donna un trouble blanc non équivoque, que je ne pus allribuer, dans ces circonstances, qu'à
du phosphate ammoniaco-magnésien ou à du phosphate ferl'Ique.
Les OS",105 corresponùent à 11',725 d'cau minérale;
1000s" contiennent donc 0 61',00893 d'un mélange de phosphate ùe fer et d'alumiue.
La quantité de fcr qui existe dans l'eau de Soullzmatt
est si minime, que le mot trace exprime encore trop; il faudrait dire qu'il en existe moins que des traces. Cependant,
l'eau avait été évaporée ayec précaution dans une bassine
d'argent; le filtre qui a servi avait été layé à l'acide chlorhydrique.
IJour lever tous les doules, pour me mettre à l'abri de
toute trace de poussière, voici comment je m'y pris: Trois
litres d'cau ont été concentrés dans un ballon de yerre blanc
dont la tuhulure était recouverte d'un yerre à cxpcrience ;
le dépôt et l'eau ont été reçus dans un verre et layé là, à
l'cau distillée, par décantation.
Ce dépôt après avoir été dissous dans le même verre l)ar de
l'acide chlorhydrique bien pur, je trouvai que le sulfocyanure
donnait la coloration rouge-sang- caractéristique. La plus
gl'ande parlie de la dissoluliou, séparée pal' le repos d'Un
�2~)O
peu d'acide silicique, a été introduite dans un flacon bouché et traitée successivement par de l'hydrochlorate d'ammoniaque, de l'ammoniaque et de l'hydrosulfate d'ammoniaque; il se forma un précipité gélatineux de couleur verdâtre (alumine salie par du proto-sulfure de fer); ce précipité ayant été recueilli, lavé, desséché, calciné dans une
capsule de platine et dissous dans l'acide chlorhydrique,
donna encore, par le sulfo-cyanure de potassium, la coloration rouge caractéristique.
L'eau de Soultzmatt a donc cela de remarquable sur
toutes les eaux minérales gazeuses, qu'elle renferme moins
que des traces de fer. C'est celle remarque qui m'a fait rechercher ce métal avec quelque insistance.
On peut donc dire, d'après cc qui précède, que l'eau
minérale gazeuse alcaline de Soultzmatt est une cau non
ferrugineuse, et qu'elle peut être utilisée dans toutes les maladies pour lesquelles ce métal est contre-indiqué.
Chaux. - La liqueur d'où l'acide silicique avait été séparé, encore très-acide, a été additionnée d'hydrochlorate
d'ammoniaque, saturée d'ammoniaque en ex ces et enfin
traitée par l'oxalate neutre de celle base. L'oxalate de chaux,
bien lavé, desséché, calciné à l'air au rouge naissant, s'est
transformé en carbonate de chaux, qui a servi an dosage.
Un autre dosage a été fait eu transformanll'oxalate en sulfate:
1. '1 lit. (j'cau donne OS",297 tic cal'b ., soit chaux p. '1000s" 0,1GGG
11. GOOeee
)
OS",188)
0,175:3
m.GOOeee
»
OS",237ùesulfalc,
»
O,Hl22
0,50'\.1
MoyeJ\ne . . . 0,1 G803
Magnésie. - La liqueur, encore très-ammoniacale, d'où
la chaux avait été séparée, a été traitée par le phosphate
de soude en excès. Le précipité de phosphate ammoniaco-
�251
magnésien, lavé, desséché, transformé pal' la calcination en
pyrophosphate de magnésie, P05 2 MgO, a servi au dosage
de la magnésie.
Deux expériences ont donné:
1. -1 lit. d'cau 0,279 de pyrophosph. , soit magn. p. '1000gr 0,1008
0,0973
II. GOOeec » O; IGI
0,19S1
Moyenne _ .. 0,0991
Lithine. -
La lithine existe dans l'eau de Soultzmalt.
Pour la découvrir, j'ai fait évaporer 12 litres d'eau.
Après avoir séparé le dépôt, fai évaporé de nouveau, à
siccité, avec un excès de carbonate de soude pur. Le résidu,
après avoir été redissous et filtré, a été trailé par un excès
de phosphate de soude pur. Ayant encore une fois évaporé
à siccité, fai repris le résidù salin par de l'eau froide contenant un peu de phosphate de soude: tout ne s'est pas dissous; le résidu était du I)hosphate de soude et de lithine.
Le phosphate lithico-sodique, à caùse de l'isomorphisme
des deux bases qui le constituent, peut contenir des quantités
variables de soude et de lithine; il ne peut donc pas servir
au dosage de la lithine, d'après l'observation de M. Ral11melsberg. Je me suis donc contenté de prouver que j'avais
affaire à un sel de lilhine, par tous les caractères indiqués
dans les auteurs. Je dirai seulement que, l'ayant transformé
en sulfate de lithine, j'ai constaté que la flamme de l'esprit
de bois, aussi bien que celle de l'alcool, se coloraient en
rouge-carmin bien évideut.
Mais comme la quantité de phosphate double était trèspondérahle, je me suis décidé de doser directement la lithine.
J'ai fail deux dosages: dans l'un, j'ai transformé les bases
alcalines en sulfates, après avoir séparé par l'ébullilion
toules les parties insolubles. Les suIfa les calcinés au rouge,
bien exempts de bisulfates, ont été épuisés par de l'alcool à
�95° bouillant. J'ai obtenu du sulfate de lithine, possédant
tous les caractères de ce sel.
Treize litres d'eau ont d.onné 0,044 de sulfate de lithine.
Cette quantité ne me paraissant pas d'accord avec celle que
j'avais obtenue du phosphate lithico-sodique, j'ai fai t un
nouveau dosage, en transformant celle f~is
les bases alcalines en chlorures. Ces chlorures, desséchés et calcinés, ont
été élmisés par un mélange d'alcool absolu ct d'éther.
3 1,96 d'eau ont donné 0,056 de chlorure de lithium, ce
qui représente 0,0194delithine et pour 1000g,·, OS'·,00li·89.
Le résidu de l'évaporation de l'alcool éthéré était trèsdéliquescent, il communiqua à la flamme de l'alcool et il
celle de l'esJ)I'it de bois une belle couleur rouge-carmin
franche; sa dissolution enfin précipitait IJar le phosphate de
soude.
.
Potasse et soude. - Ces deux bases ont été dosées direcLement et indirectement.
Dans le premier cas, l'eau a éLé trailée pal' un excès de
chlorure de baryum, portée il l'ébullition et rendue alcaline
par un excès d'eau de baryte. Après fillration, la liqueur a
été traitée par un léger excès de carbonate d'ammoniaque.
La nouvelle liqueur, séparée du précipité, a été évaporée
à siccité dans une capsuJe de platine, et le résidu calciné
au rouge pour chasser le sel ammoniacal. - Ce, traitement
fournit les chlorures de potassium, de sodium ct de lithium,
anhydres.
600 centimètres cubes d'eau minérale ont donné Ogr,626
ùe chlorures. Ces chlorures, dissous dans peu d'cau, ont été
lI'aités par un excès de bichlorure de platine; le mélange,
évaporé au bain marie sans dessécher complètement, a été
repris par l'alcool absolu; le chlorure double, lavé à l'alcool
sur un filtre pesé, a été séché à 100°. Le chlorure platinicopotassique pesait Og" ,255, ce qui représente OS'·,Oq·732 de
potasse anhydre, eL pOUl' 1000 " d'cau minérale 0,07872.
�2ti5
Si du poids 0,620 on retranche 0,7l~8
de chlorure de
potassium, équivalent à O g r,2l~5
de chlorure double, il reste
0,54512, qui représente le poids des èhlorures de sodium
et de lithium, soit osr, 9068 pour 1000«r d'eau; ce qui, en
tenant compte de la lithine dont le poids est connu, donne
0,li.7723 d'oxyde de sodium pour 1000gr d'eau.
Pour faire le dosage indirect, 1500··· d'eau ont été traités comme précédemment, et les bases alcalines transformées en sulfates. Ces sulfates, calcinés dans un creuset de
platine avec un peu de carbonate d'ammoniaque pour faciliter le départ des dernières traces d'acide sulfurique, pesaient 1gr, 806. - Dissous et traités par le chlorure de
baryum, ils donnèrent 2gr , 900 de sulfate de baryte calciné au rouge et réu~i
aux cendres du filtre; 2,900 de slllfate de baryte contiennent Ogl',9963 d'acide sulfurique. Du
poids 1,806 ôtant 0,02765, poids ~u sulfate de lithine,
contenu dans 1500ccc d'eau, ilresle 19r ,7784 mélange de
sulfate de potasse et de soude. D'ailleurs 0,02765 de sulfate
de lithine contiennent 0,02029 d'acide sulfurique; 0,9963
- 0,02029 = 0,97601 est donc le poids de l'acide sulfurique combiné avec la potasse et la soude.
Dans l'équation connue
(S03)
S03 RO
X
1
T
(p -x) 503_
S03 NaO -
7T
mettant p = t, 778 l,., 7T = 0,976 et pour les symboles
chimiques leurs val eurs, on a :
40 x _ !~O(1
87,1 /-
,7784- x) = 0 976
71,2
'
d'où x = 0,2253 poids du sulfate de potasse et
11-.x= 1,77fH-O,225:3 = 1,5531 poids .lu sllifale de
�soude ct pour 1OOOg,' d'cau f potasse = 0,08105
!sonde = 0,45232
0,07872
Potasse [ 0,08105
fO,47723
Soude t 0,45232
0,15977
0,92955
La moyenne des deux dosages pour la potasse est 0,07989
»
))
la soude est 0,4·64·78
Je dois dire que j'ai vainement recherché l'iode dans
cette eau, malgré les plus grands soins et l'emploi des méthodes les plus sensibles qui ont été indiquées dans ces derniers temps.
L'arsenic n'y existe pas non plus, L'essai à l'appareil de
Marsh, fail successivement avec le dépôt formé par l'évaporation de 5 litres d'eau et avec la partie liquide réduite il
un petit volume, n'a pas donné trace d'anneau,
Résultat élémentm're de ranalyse quantitative de' l'eau de Soultzmatt, source J.
1000 grammes (l'cau contiennent:
Gaz non ahsorbaùles par la potasse: Traces,
Gr·ommes.
Acide carbonique , ,
«
sulfurique",
Il
chlorhydriqne "
Il
silicique...,
Il
borique .. "
«
phosphorique, alumine, peroxyde de fcr.
Magnésie
Chaux,
Lithine
Sonde ,
Polass\),
2,99830
0,08060
0,0 1.,390
0,06350
0,4.l~93
0,00890
0,09910
0.16803
0,004·90
0,l~6478
0,07989
�Pour me guider dans l'arrangement qu'il convient de
donner à ces divers éléments, j'ai encore fait une expérience
qui consiste à chercher combien d'adde carbonique est
' l'eau bouillie.
combiné aux bases alcalines ~ans
Pour cela, de l'eau a été portée à l'ébullition et réduite
à la moitié de son volume. Après avoir filtré, pour séparer
le dépôt, et lavé celui-ci, la liqueur réunie aux eaux de lavage a été partagée en deux parties égales. Dans l'une,
rendue acide par l'acide nitrique, on a ajouté du nitrate
d'argent, afin de doser le chlore qui y existait.
Dans l'autre, on a ajouté de l'acide chlorhydrique en
excès, et après avoir évaporé à siccité au bain de sable, on
a repris par l'eau, acidulé par de l'acide nitrique et précipité par du nitrate d'argent. Ce second dosage de chlorure
donne un nombre plus grand que le premier, d'une quantité proportionnelle à l'acide carbonique qui consti tuait les
carbonates, et qui avait été déplacé par l'acide chlorhydrique.
600 CCC de liqueur, provenant de 900 cCC d'eau minérale, ont
été partagés en deux parties égales. Vune des moitiés a donné
0,19l~
d'acide chlorhydrique normal; l'autre moitié, après
le traitement par l'acide chlorhydrique, etc., donna l sl',006
de chlorure d'argent. Dans (In second dosage, avec la même
quantité d'eau, le poids du chlorure d'argent était j 8·,008.
La moyenne des deux nombres est j 81',007, dont l'équivalent en acide chlorhydrique est 0,2559. La différence
0,2559 - 0,0194 = 0,2365 représente évidemmen t l'acide
chlorhydrique, qui a déplacé l'acide carbonique des carbonates. La proportion cm: C02 : : 0,2365 : x = 0, U25
donne, pour la quantité d'acide carbonique combiné aux
alcalis dans 4·50 CC '; d'eau minérale, ogr,U25. Dans 1000 s"
d'eau, ceUe quantité d'acide carbonique devient Ogl·,3161O.
1
•
�Groupement méthodique des éléments de l'eau de Soultzmatt.
•
L'eau concentrée par la chaleur se sépare en deux parties: l'une, liquide, qui conti'ent de l'acide carbonique, de
l'acide borique, de l'acide sulfurique, de l'acide chlorhydrique, de la potasse, de la soude et de la lithine; l'autre,
solide, renferme l'alumine, la magnésie, la chaux, l'acide
silicique et des traces d'acide phosphorique et oe fer.
Comme conséquence de l'expérience, on peut admettre
que toutes les bases du dépôt préexistaient dans l'eau à l'état
de carbonates rendus solubles par l'acide carbonique.
D'autre part, il est clair que, dans la partie liquide, exisdes carbonates et des borates.
tent des sulfates, des chloru~es,
Nous admettrons, ce qui sera vérifié, que l'acide sulfurique
est combiné avec la potasse, ct le reste de l'acide avec de
la soude; que l'acide chlorhydrique est combiné avec de la
soude, et enfin que le reste de la soude avec la lithine sont
à l'état de carbonates.
Voici le tableau de cet arrangement, avec les élémenls
du calcul. Les équivalents adoptés sont ceux dont s'est
servi M. R. Weber dans le calcul de ses tables a lomiques ,
pour faire suite au traité d'analyse de M. H. Rose.
�2;)7
. . . . . O,07989}
SuIfat c ·1ue po tasse. . . . . li potasse
acicle sulfurique.
O,OG7S4
== 0, Ir7"
J. (
.)
- } == 0,01 27G
Acide sulfurique pour la soude. {~:
0,01276
soude . . . . . . O,OOD95}
0 02"'71
1acide sulfurique. 0,01276 == , ,, '
.. O,03752} == 0 08-1A2
Hydrochlorate tle soude.l so~cle
aClClo cm 0,!~39
,l
SuIfate (e
l Sou de. . . . "
Chlorure de sodium anhydre . . . . . . . . . . . . . ,
Borate de soude. . . . . . {So~cle.
0,07060
°
'.' . . . O,02008}_ OGI::O 1
aCide ]JOnque . . 0,04493 - , v
0,00995J
Somme de la soude employée .. f 0,03752
0,02008
. 0,~G75
Sonde pour acido car])oniquc·1
~:i
.-
== 0,06755
l == 0,39723
0, 39723
Carbonate tlo soucie.
~soude
. . . . . . 0,397231 - 0 67"3"
1acide carbonique
0,280'10 1 -
,
("
,
0123"
..,
°
Carbonate de lithine.
. . . . . . O,OO".90} _
{lithine
acide carbonique 0,00743 -
Carbonate de chaux.
chaux . . . . . . 0, f6803} - 0 2991':0
{acide
carLonique 0,13-156 - , i).
Carbonato de magnésie
. . . . O,09910} - 02061
{ magnésie
acido carbonique 0,10708 - ; }"
CI
çmmo de l'acide carb. employé.
~;
O,28010l
:::: 0,526'17
0,10708
O,52G17
Acide cnrbonique libre ct il l'étal de bicnr- { 2,99830 - }_ 2":-2 "
bonale
0,52617' - , J. { 1"
2, 17213
Acide carbonique uni à la soude . . . .
»
lithine ... .
• Onll1lfJ .
0,28010
0,00743
0,28753
17
�2ti!:l
D'après le tableau précédent, l'eau de Soultzmatt contient
donc, pour 1000 grammes:
Acide carbonique libre et à l'état de bicarbonate
Carbonate de soude .
Il
de lithine . .
de chaux . .
l>
de magnôsie .
Sulfate de potasse .
l>
de soude . .
Chlorure de sodium
Borate de soude. .
Acide silicique. . .
2,47213
0,67733
0,01233
0,29959
0,20618
0,14-773
0,02271
0,07060
0,06501
0,063nO
Acide phosphorique
Alumine . . ' . . .
Peroxyde de fer. .
0,00890
1'.
.
Somme des parties fixes .
1,57388
Autre arrangement, cn supposant les carbonates à l'élat
de bicarbonates.
1000 grammes d'eau contiennent:
Acide carbonique libre.
Bicarbonate de soude. .
l>
(le lithine .
l>
de chaux .
de magnésie.
»
Sulfate de potasse . . . .
de soude anh)'dre.
»
Chlorure de sodium . . .
Borate de soude anhydre .
Acide silicique . . .
Acide phosphorique 1
Alumine . . . ' .
. .
Peroxyde (lc fer. .
1,94596
0,9574·3
0,01976
0,4·3115
0,31326
0,14-773
0,02271
0,07060
0,06501
0,06350
0,00890
�Conclusion.
L'cau dc Soultzmatt est donc assez gazeuse, puisqu'ull
litre conlient près ùe 2 grammes d'acide carbonique libre.
Le litre d'acide carbonique à 0 0 de température et
760
de pression, pèse 19r,9666 d'après M. Regnau1t; à la même
température et sous la même pression, 1gr, 94·596 de ce gaz
représentent 989 cco ,81. A la température de la source, c'està-dire à 10 0 et sous om,76, ce volume devient 1026 ,09.
L'eau de Soultzmatt, à sa température norma le, tient
donc en dissolution plus d'un litre d'acide carbonique; aussi
voit-on de mnobreuses bulles de gaz se dégager en pétillant,
dès qu'on débouche une bouteille qui a séjourné dans un
milieu plus chaud.
Vénfications. - Par l'expérience directe, j'ai obtenu ,
pour la somme des parties fixes. . . . . . . . . 1,5832
La somme faite des éléments sép~rment
dosés. 1,5739
D'autre part, l'expérience indique que ogr,31610 d'acide
carbonique sont combinés avec les alcalis; mais d'après ce
qui a élé dit plus haut, il est clair que la soude et la lithine
seules existcnt à l'état de carbonates dans l'eau bouillie. 01',
la somme de l'acide carbonique uni à la soude et à la lithine
est 0,2875 3. Il est clair aussi que l'acide chlorhydrique a
dO. déplacer l'acide borique, comme il a déplacé l'acide carbonique, c'est-à-dire qu'à ce nombre 0,2875 3 il faut ajouter une quantité d'acide carbonique équivalente à 0,04!.. 93
d'acide borique. - Or, 0,041.. 93 d'acide boriquc représentent dans le borate de soude (Bo03) 2NaO, 0,014·16 d'acide
carbonique. On a donc:
am,
000
Acide carbonique uni à la potasse et à la lithine 0,2875 3
Acide borique uni à la soude, cxprimé en acide
carbonique . . . . . . . . . . . . . • . . . 0, t 4·16
°
0,30169
�200
La légère différence observée vient de ce qu'une petite
quantité de magnésie se trouve à l'état de sel double dans
la liqueu r alcalin e, et vient ainsi augme nter le poids de
l'acide chlorhydrique dans le dosage total.
Si cela est vrai, on voit bien qu'il fallait, ainsi que je
l'ai dit ailleur s, que l'acide sulfurique fût tout entier uni à
la potasse.
Le groupement généra l que j'ai donné est conforme aux
faits de l'expérience; mais je ne crois pas que, dans l'eau
naturelle, il soit absolument le même. Je suis porté à croire,
au contra ire, que tous les acides sont indifféremment combinés avec toutes les bases et toutes les bases avec tous les
acides. Ainsi je crois que l'eau. dans son état norma l, contient de la potasse à l'état de carbon ate, de sulfate et de chlol'ure; mais que par le fait de l'évaporation il s'établ it dans
l'eau un état d'équilibre tel, que les éléments sont groupés
comme je l'ai indiqué.
�FLORULE
DES ENVIRONS DE SOULTZMATT
(UAUT-IUIlN) ,
PAR LE PROFESSEUR JURSCHLEGER,
Ii'Q_
Peu de contt'ées' présentent une végétation plus curieuse,
plus riche en plantes l'arcs que le canton de RoufI'ach, Les
environs de Soultzmatt sont surtout remarquables par le nombre et la variété des végétaux. Dans l'espace de quelques lieues
carrées, on trouve les terrains les plus divers. La montagne qui
sépare le fond de Soultzmatt ùu vallon de Soultzbach, se compose de granit, de diorite et de gl'auwacke; le fond lui-même
est couvert pal' le ten'ain triasique avec ses trois éwges:
marnes irisées, muschelkalk et grès bigarré, Entre Wintzfelden el Soultzmatt, le muschelkalk prend la dm'eté el la
consistance du marbre; à Osenbach domine le Sl'ès bigal'l'é
avec ses belles pétl'ilicalions, semblables li celles de Soultz-lesBains, Le gl'ès vosgien constitue les flancs des montagnes des
deux vallons situés immédiatement derrièl'e Soullzmatt. A l'Est
de Soultzmatt reparaît le muschelkalk et constitue des collines
élevées de 340 à 580 mètres d'allitude. A WesthalLen et OrschWyhl' apparaît le calcaire jurassique ou la molasse calcaréosiliceuse. Ainsi, dans un espace de quatl'e lieues carrées nous
u'ouvons la végétation des terrains granitiques, arénacés, argileux et calcaÎl'es. La superficie est couverte de magnifiques
hautes-futaies, dans les terrains d'ol'igine ignée; de vigoureux
taillis sur le gl'ès vosgien et SUl' le muschelkalk. Des pâturages
rocailleux se trouvent SUI' le calcaire jurassique et le muschel! alk; des champs ct des yignes SUI' le gl'è bigarré et )e !Œupel';
�2û2
de magnifiques prairies dans le fond des vallons. - C'est à teu
M. le docteur l\fllllLENBECK que nous devons la connaissance des
plantes rares de cette contrée. - Nous allons donner la liste
des plantes les plus rares qui ornent les bois, les forêts, les
pâturages rocailleux et calcaires. Nous commencerons par une
herborisation à faire derrière Soultzmatt, au muschelkalkmarbre et aux montagnes granitiques ou dioritiques. Puis,
nous passerons au Sl'ès vosgien qui occupe la plqs gl'ande SUl'face aux environs immédiats de Soultzmatt, SUI'tout au I-Ieidenberg et au Plingstberg.
L'excursion au Büchsenberg, colline de calcaire jurassique,
se fait en allant directement de Soultzmatt à Westhalten;
après être sorti de ce village, on prend la route de Rouffach;
les rochers abruptes de cette colline surplombent pour ainsi
dil'e la chaussée. C'est là que se trouvent les plantes les plus
rares de l'Alsace, par ex. : les Artemisia corymbosa, Ilelian-
.themum Fumana, l'rinia vulgaris, Arenaria fascic'ulata, Stipa
pennata, 11utchinsia petn13a, etc.; de là on passe le ruissE:au
pour aller au Bollenberg, puis à Orschwyhr, d'où l'on retoul'De
à Soultzmatt. C'est une course d'un après-midi. Une autre
fois l'on montera sur la colline de muschelkalk, située entre
Soultzmatt ct Pfaffenheim. On peut continuer la route jusqu'au
pèlel'in3ge et à la chapelle de Schauenhourg, situé sur du gl'ès
vosgien. On y jouit de la vue la plus admirable. Quant à la végétation, elle y est, comme partout sUl'le gr'ès, d'une désespérante
uniformité. Du Schauenhourg on pent passel' la montagne ct
descendre sur Osenbach, pour voil' les belles carrièr'es ùe grès
bigal'l'é .
Herborisation à faire derrière Soultzmatt, en se di1'igeant vers
Wintzfelden ou Osenbach et en suivant le chemin qui conduit
à Soultzbach, jusqu'à 800 mètres d'altitude.
Anemone lIepalica.
RanuncultlS nCl1IorOSllS.
Aqnilegia vulgari
Aciœa spicata ,
.~
}<'orêts.
Bois du muschelkalk .
Bois.
Forèt .
�263
Arabis brassicœj'ol'mis.
hirsttta.
arenosa.
per(oliata.
Canlamine impcttiens.
Dentaria pinnata.
l'ldaspi alpestre.
Tecsdalia nttdicaulis.
lJolygala serpillacea.
Lychnis Viscaria.
sylval'ica.
Cerastitt'l'n brachypetalu'/1l.
l'ri(olium alpesI1·e.
Genista pilosa.
sagittalis.
Vicia pisiform'is.
dttmetorum.
Ol'obus tttberos1ts.
niger.
Spi1'œa Antnc14s.
Potentilla micrantha.
recta.
Coloneastér vttlgm·is.
Aronia rotundi{ot-ia.
Sorbus A1·Îa.
tonnillalis. '
Pnmus Padtls.
Epilobittm sp'icatmn.
molle.
montanttnl.
Sedum 1·eflexum.
Telepkiwn.
llex Aqui{olittm.
Chœrophyllum hi1'sulttm.
D01'onicum Pardalanclws.
Cincmria spatlmlœl'olia.
Senecio sylvaticus.
sarracenictls.
J/ypochœris mact/leau.
Prenanthes Ptt1'lnt/'ca.
Forêts rocailleuses.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Champs sablonneux.
Bruyères uu grès vosgien.
Grès vosgien.
Forêts humides.
Lieux secs.
Bois gramineux.
Bois rocailleux.
Pàturages.
Forêts el buissons.
Idem.
Forêts.
Idem.
Idem.
Forêts et rocailles.
Idem.
Idem.
idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Rnisseaux.
Forêts .•
Bois.
Forêls.
Idem.
lIo!Jsluu[cn.
1"01'6ls.
�264
Seseli Libanotis.
Bois du muschelkalk, derrière Osenbach.
Laserpitium lati{olium.
Idem.
Centau-rea montana.
Forêts gramineuses.
nigra.
Idem.
Sambucus racemosa.
Idem.
Rocailles du IJohstaufen,
Valeriana triple? is.
Campanula Cervicaria.
Forêts.
Galittm t·otundi{oliurn .
Idem.
Phyleuma nigrwn.
Idem.
Myosotis sylvatica.
Idem.
Calaminlha oflicinalis.
Bois et rocailles.
Vinca minor.
Idem.
Pyrola minor.
Idem.
Atropa Belladonna. Assez commun dans la forêl, sur le chemil).
flui conduit d'Osenbach à Soullzbach,
Digilalis purpurea.
Forêts.
ocht·oleuca.
]clem.
tttteu.
Idem.
Veronica montana.
Idem.
Euphorbia dttlcis.
Idem.
Epipactis lati(olùt.
Idem.
Idem.
Neottia NicltIS-Av~.
Orchis maculata.
Forêts humides.
bi{ol-ia.
Idem.
11wsÏttm Linophyllum.
Forêts J'ocaillousos.
Daphne Mezel'cum.
Uem.
Anthericwn Liliago,
Idem.
r'amosmn,
Idem.
Lilium Martagon.
Assez commun dans les forêls gramineuses,
FOl'Ols.
Convallaria verticitlata.
Luzttla maxima.
Idem.
Carex maxima.
Idem.
Poa sylvatica.
Uem.
Pcstuca sglvatica.
Idem.
que les espèces les moins communes,
Nous n'avons ~iLé
habilant plus spécialemenl ces régions. Nous recommanùons
plus parliculièrement aux promeneurs botanisles de suiv"e le
chemin d'Osenbach à Soultzbach; arrivé SUI' la hauleur, il la
Wolfsgl'ub, de suivre un chemin qui se dirige vel's le Nord,
�26;'
ayanlla ruine dc I-Iageneck cn vue ct de mal'chel' dil'ccLement
VCl'S ce château ruiné; de se dil'igel' vel's SoulLzbach et de dînel'
à l'établissement des eaux; de l'evenir l'après-midi, en partant à quatre heures, par le gl'and chemin de la vallée de Wasserbourg et de remonter vel's la W olfsgrub, pour descendre
on suivra un sentier qui
sur Osenbach. - Ou bien ~'Osenbach
se dirige vers la ruine du I-Iohhattstatt ou Truchsess en passant
par le Hasenberg. La l'uine du I-Iohhatlstalt est un dcs points
les plus curieux de ce chaînon qui du St,'obberg se dil'ige
jusqu'à la ruine du Hohlandsberg. On peut e'1co1'c dcscendl'e,
dîner à Soultzbach, polU' revenir par le chemin sus-indiqué.
Excursion botanique aux collines de calcaire jurassique et de
muschelkalk, situées entre Pfaffenheim, Westhalten et Orschwyhr (Bollenberg et BïlChsenberg, ~tc.)
Los noms sni vis d'ull M.
SOIH
Anemone Pulsatilla.
PapavCl' hybl·idu11t.
COl'ydalis tuberosa.
bl/lbosa.
Fumm'ia Vaülantii.
Neslia paniculata. M.
Rapistr~m
rugosum.
/lutchinsia pet1Ylia. M.
Helianthemum Ft//mana. M.
gultatmn. M.
Arenaria fasciculata. M.
Linum tenui{olium.
Allhœa hif'snla.
Geranium sanguinellm.
Diclamntts albus. M.
Medicago minima.
J'ri{olittm ochroletlclI11l.
n,bans.
C01'onilla Ements.
Colnlea arbo,.escl~
Geni.qta pilosa.
celles découverlos parle Dl'
MIIIILIlNDllCK.
Pâturages.
Pfaffenheim, vignes.
Vignes.
Idem.
Idem.
Champs du muschellwl! .
Idem.
Bollenbel'g, BücJJsenhcl'g.
Büchsenbel'g, elc.
Grès vosgien.
nücbsenberg.
Collines.
Idem.
Idem.
Büchsenhcl'g.
Colline.
lclern.
Idem.
lderl/; commull.
Collines.
Idem.
�'::2GG
[(fthynls Apltaca.
hù's!tltts.
luberostls.
J?1'agaria coUina.
Potenlilla j·ceta.
obscw'a. 1\'1.
cinm'ca. M.
Roset pimpinelli{otùl.
- pumita. .
- rubiginosa.
- tomentosa.
Aronia rotundi{olia (l'Amélanchicr).
Hemiar'ia hÙ'sttla.
Saxifraga granlllata.
Caucalü dattcoides.
Pettceda1wm alsaticl/ni (Aoùt).
Cervaria (Aoùt).
Seseli bienne (Juillet).
Trinia vulgar·is. M.
Falcaria Rivini (Été).
Galium glallcurn.
Asperula cynanchica (Été).
Scabicsa Columbctl'ia (Juillet),
Chrysocoma LinosYj'is (Septembre).
Inuta salicina (Juillet).
Fitago gallica. M. (Juillet).
PYj'ethrltrTI corymbosum.
Anthemis tinctoria (Été).
Achillea nobilis (Été),
Artcmisia corymbosa. M. (SeJ)l.-ocl. )
Calendala at·vensis.
Centaurea paniculala.
l1arkhausia /((1'(lxaci{o[ia.
Cl'epis tectorurlt (Été).
J1icracium llr'œaltwll.
prœmorsulII.
Cltoncll'illa juncea (Été).
Lactt/cet Scariola (Été).
Speculat'ia arv61lsis (Été) .
Call1panttla jlcrsici{otia.
Champs,
Idem.
Idem.
Collines.
lclem.
Bollenherg.
Idem.
l dern.
Idem.
Idcm.
Idem.
Collines.
Collines calcaires.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Bollenherg, BüchscnlJerg.
Collines.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idom.
Champs.
Collines hoisées.
Champs et vignes.
Collines.
Colline du Bücbsenberg,
Vignes.
Collines.
Idem.
Champs.
Collines.
Idem.
Iclem.
Idem.
Cbam!)s.
Collines.
�2G7
Campan:lla glomcrala (Élé).
Gentiana cruciala. (Été).
Lilhospermwm purpw·o-cœntleum.
Physalis AlIwkengi (Été).
.Dig'italis l~tea.
Orobanche Galii.
Teucr;;'.
Picridis.
Veronicu latifolia.
prostr·ata.
Euphrasia lutea (Juillet).
Salvia Sclarea. M.
Teucrium Cltamœdrys (Juin).
montanum (Été).
Botrys (Été).
Stachys t'ccta (Été).
Melittis Melissophyllum.
Brtt'I'tella gmndiflora (Juillet).
Globular'ia 1)'lllgaris.
Rumex pulcher (Été).
Eupltorbia verrucosa.
dulcis.
Stellem Passel'ina (Été).
Orchis hircina.
(t18ca.
cinerea.
simia.
pyramidalis.
OpAr'Ys myodes.
ctmni{er·a.
ame/mites.
Spiranthes autumnalis.
Cephalanthera l'ttbr'a.
1Jallens.
l!.pipactis at1·orubens.
his gC1'Inanica.
1itlipa sylves tris .
Anthericum ramosum.
SciUa autumnalil;. M.
Ornithogalurn IlIttallS. 1\1.
Collines.
Idem.
Idem.
Idem.
Collines boisées .
Collines.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Vignes à Westhalten.
Collines.
Idem.
Champs et vignes.
Collines.
Collin cs boisécs.
Idem.
Idem.
W csthalten, bord de la route.
Collines calcaires,
Idem.
Collines el champs.
Collines.
Idem.
Idem.
idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Vignes.
Collines .
Collines; ll'è -commun.
Vignes.
�2GH
AlliwlI olcl'aceum.
- - vineale.
sphœrocephalum.
Luztlla vernalis.
Forsteri.
Cm'ex ornithopoda.
montana.
humilis. M.
glauca.
Stipa pinnata. M.
Phlcwm asperum.
Andropogon Ischœmum (Été).
Sesleria cœrulca.
Festuca Pseudo-M,vuI·us.
Melica ciliata.
Bromus patulus.
Poa bulbosa.
Avena pratensis.
Vignes.
Idem.
Idem.
Collines boisées.
Idem.
Collines.
•
Idem.
Bollenberg.
Collines; commun.
Büchsenberg; raro.
Vignes.
Collines.
Collines calcaires.
Idem.
Idem.
Collines el champs.
Idem.
Collines.
Excursion botaniqu/J au Ballon de Soultz, en juillet-août.
Ce Ballon, haut de 1400 mètres au-dessus du niveau de la
mer, est une des montagnes les plus intéressantes. POUl' y aniver, en pal'tant de Soultzmatt, on passe par Saint.Gangolphe
à Dühl ou à Luttenbach. On fera bien de P!endl'e un guideporteur et de se muoiI' de vivres et de vin. Le mieux, c'est de
partir à quatre heut'es du matin, afin d'êtl'e à Luttenbach à six
heures; il neuf heures on sera arrivé au Lac du Ballon et vers
onze heures à la cime. Nous conseillons de consacrer un second
jour à celte cou t'se, de passer la nuit il la Delchenhüll, de voil'
le level' du soleil le lendemain, de se rendl'e à la t'uine dn
Freundstein, puis à celle du IJerrenfluch; de descendl'e dans le
vallon de Steinbach; de là à Cemay où l'on pourra prendre )e
dernier convoi pour Rouffach. - Jamais excursion botanique
n'aura été plus fl'uctueuse et plus riche en plantes alpestres;
nulle pat't on n'aura joui d'un spectacle plus, beau et de sites
pins grandioses. Tout.efois si l'on )lC connais ait pas les Joca-
�~69
lités ct si l'on cl'aignait de s'égarer', il l'audl'ait ll'ouver un bon
guide à Luttenbach, Néanmoins avec une bonne carle et une
1)ous50le on peut très-bien s'en tÎl'er sans guide.
Liste des plantes 'rares du Ballon de Soultz et des montagnes
avoisinantes.
Anemone alpina.
Tête du Ballon, couvrant toute la cime.
Ranunculus aureus.
Pâturages.
aconiti{ol'itIS. Bords des ruisseaux; rochers humides.
Cime du Ballon.
Trollius eU1·opœus.
Aconitum Lycoctonum.
Rochers et rocailles.
Napellus.
Idem.
Actœa spicata.
Forêts rocailleuses.
Lunaria 1'cdiviva. li'orêts, surLout dans le vallon de Steinbach.
Dentll1'ia pinnata.
Forêts humides.
cligitata. Forêts et rocailles, surtout dans les vallons
de Rimbach, Jungholz, Freundstein, Steinbach.
Ballon; rocailles.
Thlaspi alpestre.
Arabis Turl'ita.
Vallée de Steinbach.
Geranium sylvaticum.
Forêts et pâturages.
llype1'icmn dubiwn.
Idem.
Viola lutea. (La Pensée des Vosges) couvrant tous les pâturages.
palustl'is.
Marais tourbeux.
Polygala se7pillacea.
Pâturages.
Drosera t·otundi{olia.
Marais tourbeux.
Silene rupestris.
Rochers ct rocailles.
IJianthus deltoides.
Rocailles et pâturages.
superbtls.
Pâturages.
Mespilus Cotoneaste7'.
Idem.
PrUnllS Mahaleb.
Vallon de Steinbach.
Spirœa A7'uncus.
Forêts humides.
Potentilla crocea.
Pâturages.
Rocailles.
micrantlta.
Idem.
Rttbus saxatilis.
Idem.
Rosa alpina.
Idem.
- rubri{olia.
Idem.
- pimpinellil'olia illCl'llIis.
Circwa alpilla.
Forôts humides.
�270
Rochers.
Rochers près de la ferme dite Haag ;
aux ruines du Freundstein et du Herrenllucb.
stellaris.
Ruisseaux; rocbers humides.
cespitosa.
nocbers enlre la montagne de Hartmannsweiler et au Freunùstein.
Forêts rocailleuses.
Ribes alpinum.
Pàturages.
Mcum athamanticum.
Pàturages rocailleux.
Lascrpitium latifolili'TII.
Pâturages humides.
Angclica pyrenœa.
Escarpements.
montana.
Rocailles.
Bupleurum longi{olium.
Rocailles; cime du Ballon; Freundstein
Seseli Libanotis.
et Herrenlluch.
TUlsilago alba.
Bords des ruisseaux.
Arnica mOlltana.
Pâturages.
Sedttm anll!twn.
Saxi{raga Aizoon.
For~ts.
Centaurea montana.
Doronicttm Parclalanches.
Idem.
Cacalia albi{rons.
Idem.
Sonchus alpinus.
Idem.
Forêts; l'are, au-dessus du Lac, etc.
Plumicri.
llieracium aurantiacum (Goldbliimle). Vers la cime du Ballon.
blattarioides.
Storkenkopf.
paludosum.
Bords des ruisseaux.
llypochœris maculata.
Cime du Ballon.
Cm'lina acaulis.
Gustiberg; pâlllragos.
Lonicera nigra.
Forôts.
Valerian a tripteris.
Rocailles.
Scobiosa lucida.
Idem.
Pâturages.
Galium hercynictlm.
Rocailles.
alpestre.
Forèls.
rotttndifolium.
Idem.
sylvalicWln.
Cime du Ballon.
Ja&ione perennis.
Idem.
Phylewma lanceolatwn. VILL.
Escarpements et fo1'618.
Cmnpanula latifolia.
For6ls derrière Murbach.
Cef·vicaria.
Forôts.
Pyrola minor.
folundifolia.
Idem.
SCCltn([Ct.
Idem.
�27-1
.Digilalis p1t11Jlwoa.
Forêts.
ocll'l"olouca.
Rocailles.
lutea.
ldem.
Linaria str'iata.
Idem.
Melampyrum alZJestre.
Idem.
Pedicularis {oliosa.
Très-rare vers la cime; rocailles.
sylvatica.
Marais.
Scrophularia vernalis. Fl'eundstein; forêt de Hartmannsweiler,
Balbisii.
Vallée de Steinbach.
Ehrhartii.
Bords des ruisseaux.
Idem.
Mentha viridis.
Champs sablonneux.
Galeopsis ochroleuca.
Forêts gramineuses et rocailleuses.
Cynoglossum sylvaticurn.
Rumen; montanus.
Forêts.
Thesium alpinum.
Rocailles.
Myosotis alpestris.
Cime du Ballon.
Andr'osace carnea (Juin).
Cime du Ballon; l'une des plus rares
plantes des Vosges.
Gcnt'iana lutea (Juillet).
Pâturages.
campeslris (Septembre).
Idem.
Orchis globosa.
Idem.
albida.
Idem.
vÙ'idis.
Idem.
sambucina.
Vallée de Steinbach, etc.
Listera cOl'dala.
Forêts moussues.
Epipogium Gmelini.
Forêts; très-rare.
Forêts et pâturages.
Lilium Mar'lagon.
Escarpements du Banon.
Allium Victorialis.
Escarpements ct pâturages.
N arcissus Pseudo-N arcisslts ,
Forêts.
Convallaria verticillata.
Idem.
Luzula maxima.
Pâturages.
nigricans.
Ruisseaux et marais.
Juncus ~Ilignosu.
Forêts.
Elymus europœuI.
Idem.
Calamogrostis sylvatica.
Idem.
Poa sylvalica.
Idem.
Fcstt/ca sylvatica.
Sables granitiques.
Festuca Lachenalii.
l"orêts.
Cm'cx pendula.
Pâturages.
stellulata.
�272
Pàturages.
Carex leporina.
Frcundstein.
divulsa.
Bords des ruisseaux.
pulica7·is.
Forêts.
Blechnttm Spicant.
Pàturages.
Botrychium Lttnaria.
Rochers.
Asplenittm Adianthttm nigt'u1JI .
Idem.
septent:ionale.
germanicttm.
Idem.
Idem.
Aspidium Oreopteris.
aculeatwm.
Forêts.
{Watatum.
Idem.
Allosttnts crispus.
Rocailles vers la cime du Ballon; trèS-l'arc.
Lycopoditlm clavatttm.
Pàturagcs.
annotinwm.
Forèts.
Selago.
Rochers.
�273
BIBLIOGRAPHIE
DES LIVRES OHlGINAUX
sun
LES EAUX DE SOUL'l'ZMA'l'T .
SCIIENCK, Salivallis Acetosellœ. Mirwral-Beschreibung eines mineralischen Sauerbrunnenwassers zu Sultzmatt. Basel, 1617,
in-8°. Ouvr3ge tl'ès-ral'e, que nous n'avons pu nous pl'Ocul'er.
F. A.
GUÉRIN.
Disse1'tatio de fontibus medicatis Alsatiœ. Strasbourg, 1769, p. 54-45.
Le chapitre consacré p31' GUÉRIN aux eaux de Soultzmatt
est très-considél'able. Très-bonne descl'iption topographique et
historique des environs et de l'établissement. Qualités des
eaux des divel'ses sources. GUÉIllN fit quelques expél'iences
chimiques et il en conclut que la quantité d'eau se rapporte
aux matières minérales comme 640 à 1, et que dans le résidu,
l'alcali minéral (la soude) se rapporte aux matières terreuses
(chaux, magnésie, argile et sil'ce) comme 5 à 1. Puis il passe
à la partie thérapeutique et cUl·ative. C'est GUÉRIN qui cite déjà
les observations de guél'isol1s opél'ées par les docteurs HOFEIl
de Mulhouse, BACCARA et EnRIlART de Colmar, moyennant l'eall
de Soultzmatt .
.T. A. MIi:GLIN, Docteui' en médecine. Analyse des eaux minérales de Soultzmatt en Tlaute-Alsace. Strasbourg, 1779.
lt SI'JELniANN venait d'allalyser les e3UX de Rippolds:lU. C'est
sous la direction de ée célèbre professeur de l'Univel'sité de
StrasboUl'g que Mf.:GJ.JN entr'eprit, en 1777, l'analyse des caux
acidnles de Soultzmatt. Elle a été faite sous l'inOnence c1rs doc-
�274
trines de l'école chimique de S'fAHL, Néanmoins il est très-éton·
nant qu'avec les moyens d'analyse que l'on possédait en 1778
on ait pu arriver aux résultats obtenus paI' MÉGLIN. Ce savant
médecin indique longuement tous les procédés qu'il a suivis
dans cette analyse; il conclut à la fin que l'eau de Soultzmatt
renferme t ° du gaz méphytique (acide carbonique) qui donne
le goût aigrelet; 2° du sel al/cali minéral qui en forme la base
(carbonate de soude); 3° une terré absorbante de nature calcaire' (carbonate de chaux et de magnésie); 4° de la sélénite
(sulfate de chaux); n° dela terre vitrifiable (silice); 6° un vestige de matière bitumineuse. Ainsi, il Ya 80 ans, avant la révolution opérée en chimie par LAVOISIER, MÉGLIN est parvenu
à découvrit' les principes essentiels de l'eau de Soultzmatt !
Dans la 6° source de Soultzmatt MÉGLIN a constaté la présence
du fer dissous dans du gaz méphytique. L'auteur insiste trèsspécialement SUl' la présence du fer dans cette source, connue
sous le nom vulgail'e de Goldwasser. MÉGLIN indique à la page
55 les moyens pal' lesquels il est paI'venu à constater le fer.
Après avoil' traité de l'analyse, l'auteur passe aux propriétés
tllérapeutiques; à la manière de prendre les eaux et les bains.
Résultats curatifs obtenus par SCUENCK; ceux que le docteUl'
DOFER de Mulhouse constate dans une lettre à GUÉRIN; les heureuses cures signalées à MÉGLIN par les docteUl's BACCARA et
EHRHART de Colmar, WILLI de Mulhouse, GASMANN d'Ensisheim.
Enfin notl'e auteur termine pal' la narration de plusieul's guérisons remarquables qu'il a obsel'Vées lui-même à Soultzmatt,
Ce mémoire sur les eaux de Soultzmatt est un véritable chef·
d'œuvr e, quand on pense à l'époque où il fut écrit; il est un
des plus remarquables de celte époque où la chimie analytique
commençait à naltre seulement,
Notice su,. les eaux minérales de Soultzmatt, pal' le docteul'
RAMEAUX. Su'asboul'g, 1838.
Celle notice est due à la plume élégante ct spirituelle d'lIll
des plus savanLS pl'ofessclII's de la Faculté de St1'3sbolll'g. Après lI11e inLl'oducLion dans laquelle l'autelll' insiSll} SUI' la
�27t;
pl'éférence 11 donne!' aux eaux minél'ales naturelles, il passe fi la
topogl'aphie de l'établissement des bains de Soultzmatt. II décI'it la contrée avec les couleurs les plus suaves et les plus délicates. - Dans le chapitre qui traite de l'analyse de l'eau,
1\1. RAnlEAUX rappelle les tl'avaux. de MÉGLIN et objecte que le
savant docteur y a trouvé du fer, du soufl'e et du bitume. La
6e SOUl'ce ayant été nettoyée, on n'y aurait plus retrouvé le fer.
Puis vient l'analyse de MM. COZE et PERSOZ déjà indiquée dans
le travail de M. BÉcnAMI'. Ces MessieUl'S ont tl'ouvé des subslances minéralisatrices échappées 11 MÉGLIN; des chlorures; ùes
sels de potasse et de magnésie. La notice de M. RAMEAUX se
termine par des considérations thél'apeutiques très-ingénieuses.
Remarquons néanmoins que MM. COZE, PERSOZ et RAMEAUX
insistent principalement SUI' l'absence totale ou absolue du fer
dans les eaux de Soultzmatt. 01' cette absence n'est pas absolue;
car MM. CUEVALIER et SCHJEUFFELE et M. BÉClTAMP l'y ont trouvé
à des doses infinitésimales. MM. CHEVALIER et SCIJJEUFl'ELE y
ont même constaté des traces arsénicales.
FIN •
. '
��,
EAUX MINERALES
DE VICHY
�- .)- ......c>--o-"AnI _ , TYI'OGII"'111IIK MAtJl.ng
-
_ _ .-"Jo~
ln
nr
~ NO
U·-
II,
IItJf: 1111 1111'01.1, Il II_
�NOTICE MÉDICALE
,
EAUX MINERALES
DE VICHY
PAlUS
ViCTOR MASSON , LlBIUUH: I ~ nl'
l8 5 LL
: un
��NOTICE MÉDICALE
SUI\ LES
EAUX MINÉRALES
DE VICHY.
- --<tê :>-- - -
1.
Vichy st une petite ville du département de l'Allier,
il vingt kilomètres de Gannat, soixante de Moulins, trois
cent quatre-vingts de Paris (quatre-vingt-quinze lieues)
el ù l' embranchement des routes de Moulins à Nîmes,
ct de Gannat il Vichy. Elle est située dans un petit
vallon sur la rive droite de l'Allier, et bordée de coteaux
et de collines qui s'élevant en amphithéâtre et couverts
de vignobles, d'arbres frLlitiers et de champs en cul-
�-2-
ture, offrent à la vue le tableau le plus riant et le plus
animé. L'ail' y est pur, le climat doux, les abords faciles.
Ces circonstances jointes à l'efficacité incontestable
des eaux minérales y amènent chaque année un grand
nombre de malades: ce sont les eaux les plus fréquentees non-seulement de la France, mais peut-être
même de toute l'Europe.
Les Thermes de Vichy paraissent avoir été connus
et exploités depuis une époque fort reculée; la tradition en fait remonter l'origine aux Homains.
La ville est divisée en deux parties: la ville ancienne
et la nouvelle. L'ancienne, plus rapprochée du fleuve,
se compose de mai ons assez mal bâties et de rues
étroites. La nouvelle, séparée de l'ancienne par une
longue place plantée en avenue, s'en distingue bien
davantage ncore pal' l'élégance de ses constructions
qui représentent d'immenses hôlels Ol! logent les malades. C'est ci l'extrémité de cette partie de la ville que
s'élève le bâtiment thermal.
Commencé en 178[1, grilce à la munificence de Mesdames Victoire el Ad laïde, tantes du roi Louis Vl,
et terminé en 1829, il 011'1' pal' son al' bitectur , ses
vastes proporlioDs, l'organisation des bains et ln magnificence des salon , des ressource de tout genre allx
personnes qui viennent y rétablir leur santé.
La saison cie ' eau ' commence le 15 mai ct fini! Ir
15 s pLembr. II Y a lin médecin inspecL ur cl cl LlX
médecins in p cLoul'R nd.iojt~
�-3-
II.
L'établissement thermal avai,t été construit dans la
prévision d'avoir il fournir de lJ5 à 50,000 bains par
saison, mais l'affiuence des malades a été telle dans
ces dernières années, que le nombre des baignoires et
l'eau thermale même devenaient 'insuffisants. Ne pouvant pourvoir par lui-même à ces besoins urgents, le
gouvernement en 1853 a abandonné à des concessionnaires pour un laps de Lemps de trente-trois année ,
J'exploitation des Thermes de' Vichy à des condiLions
exprimées dans un cahier des charges qui garantit ;\ la
fois les inLérêLs du trésor et ceux de la santé publique:
c'est ainsi qu'il s'est réservé Je droit exclusif des travaux relatifs tl l'aménagement des eaux, ;\ l'entretien
et il la conservation des sources.
Augmenter le nombre des baignoires, et se procurer
l'eau minérale en proportion suffisante pour saLisfaire
aux besoins actuels du service eL h de futures exigences
faciles Il prévoir, tel a été le premier soin des concessionnaires.
Co n'était pas l'eau minéral qui {'ai ait défaut Il Vichy, mais bien l'exi L nee des moyens suffisant de
caplagc cl cI'iIlllénagement dos eaux. D s travaux im-
�-4-
portants ont été commencés et exécutés d'abord sur
trois sources principales: la Grande-GTille, le PuitsCarré, la Source-Lucas. Les difficultés ont été 'surmontées avec un bonheur extrême par M. François,
ingénieur en chef des mines, et les résultats ont dépassé toute attente. Car la G1'Clllcle-G1'ille, qui ne
donnait que 6,000 litres par vingt-quatre heures, en
donne aujourd'hui, ù la sonde de fond, 9?, 000, et h
un mètre au-dessus du sol de la galerie, lt.6,000. Par
une circonstance remarquable et inattendue, l'cau de
la Grande-Grille, qui n'était qu'ù 31. degrés, s'est
élev6e, par s~ite
des travaux, à hO degr6s, retrouvant
ainsi la température qu'elle avait présentée, il y a environ un siècle, aux premiers observa Leurs Lassonc cL
Desbrest.
Le PUilS-CM'l'é fournissait 1. 77 ,000 h 1.80,000 litres
par vingt-quatre heures, il en fournit aujourd'hui
2lt.0,000.
Le Puits-Lucas donnait 81.,000 litres; bien que lef;
travaux d'am6nagement en cours d'exécution ne permettent pas encol'e de faire un jaugeage exacL, on
l'estime approximativemenL il 1.50,000.
On a dû r6servel' pour la campagne prochaine les
,travaux relaLifs à la SO'lLl'ce-de-l' lIôpital, une de
celles dont le cap Lage est certain menL le plus imparfait ct dont le d6biL acLuel est de l~8,0
litres. Il e t.
'permis d'espérer qu'il sera au moins doublé.
Oès celte année, la réunion de tODLes le source~
�-5-
fournit pour les besoins du service médical une quantité d'cau minérale qu'on peut évaluer à plus de
500,000 litres par jour.
III.
1es sout'ces naturelles de Vichy sont au nombre de
sept:
,
La Crande-Grille;
l.e Grand-Puit -Carré;
Le Petit-Puits-Carré, ou Puits-Chomel;
Le Gros- Boulet, ou Fontaine-de-I'Hôpital ~
Le Petit-Boul t, ou Pontaine-des-Acacias;
La Source-Lucas;
La Source-de -Célestins, ou du Rocher.
Par le forage, on a obtenu les puits
De Brosson,
D'Hauterive,
De Lardy,
De Dames.
Les sources de Vichy, aussi bien que les eaux jaillissanLes d'Hauterive ct des Dames, ont une origine
commune; elles sourdent toutes du calcaire d'cau
douce qui forme le fond de la vallée de l'Allier, mais
ell s proviennent évidemment des terrains primordiaux, ct probablement elles fOl'lnent, (lU contact de
�-fj-
ces terrains et du dépôt lacustre, une nappe plus ou
moins étendue ; elles arrivent ensuite à la surface ell
traversant les couches du terrain tertiaire soit par les
fissUl'es naturelles existant dans ce tel'rain, soit pal'
les orifices qu'on peut y ouvrir artificiellement.
Les eaux sont toutes extrêmement alcalines: très
limpides elles ont une saveur de lessive qui n'a rien
de désagréable à cause de l'acide carbonique qui
s' trollve en grande quantité : en se dégageant de
certaines sources cet acide simule une véritable ébullition .
.La source des Célestins il un goût piquant et aigreleL. La source des Acacias eL de Lucas, cell e du PuitsChomel dégagent une légère odeur d'acide sulfhydrique qui trèsfugace et inappréciable iL l'analyse ,
disparaît il très peu de disLance du point même d'olt
sourdent les eaux.
IV.
Ana ly '6es autrefois pal' Hnulin, DesbresL, Geoffroy, Mossier, et dans ces trente d rnières années pal'
MM. J,ongchamp, Berthier et Puvis, O. Henry, les
sources de Vichy onL présenté à toutes les époques une
C()1TlPO ition chimique à peu près identique.
Depuis, d'après le ordres du gouvernement, M. O.
Henry a faiL l'analyse de cinq source", lu Gl'andeGl'ille, Brosson, LUl'dy, des Dames, d'Hauterive.
�6,535 \
0,0736
Silice. . .. . .... ...... . ........ . .. .. .
1
6,533 1
0,003 \
0,0721
U ,47~
0,5700
0 . 08~:l
0,3i88
4,98 \ 4
Gram.
4,981 i
0,3-i98
0,0819
0,5700
0,472-5
0,0029
Grammes.
Lit.
Lilre.
0,\99
CA RRE.
GRI LLE.
0,4ï 5
PETIT PUITS
du
CR.\ NDE
de la
Carbon ale de soude . .... ............
- de chaux . ... ... ..... . .. . .
- de magnésie ....... . ..... .
Chlorure de sodium .... . . •. •... . .. .
Sulfate de so ude . ........ .. .. .... .. .
Oxyde de fer. .. . . ... . . •... . .. . .... .
Acide carbonique ....................
-
CONTE:oiCES D.\NS LES EAUX.
SUBSTANCES
-
G
R
PUITS
6153~
7
0, \725
0,0000
0,0726
4,98H
0,3 129
0,08G7
. 0 ,1;700
Gram.
O,âl.i
L it.
C.\ RRE.
, \ ~D
du
O 2
6,68 1\
0,0020
0,0178
0,4~
0,0952
0,0126
O,52~3
0,0513
Gram.
0,i91
6,7.i6i
0,0 \70
0.0 '.10
0 , ~02
0,5668
0,0972
0,0426
6,6678
0,3933
0,0029
0,0'15
5,0863
0,5005
0,0970
0.1>163
Gram.
5,0513
Gram.
. ~ S.
0,6\9
LUC
LH.
0,51tO
L II.
A.CA. ClAS.
L' HOP ITAL.
Lil.
des
de
SOURCES
6,~J
0,0009
0.H 31
'0,2754
0,5790
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0,Q725
Gram.
0,a6~
LiL.
CÉLESTINS.
des
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LES EAUX.
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D . ~lI
Acide carbonique libre ..........•..... . ........ ,
lIiC<lrboll3teS anhydres de soude ..................
de potasse ............... .
de cbaux •.......•........
de magnésie. . . . . ....•...
de strontiane ........ .... .
de Iilbine .................
Oxyde de fer (sesquioxyde) ............ . ........
de manganèse .. ...................... . ...
Sulfates anbydres de cbaux ......................
de magnésie ..................
de 50ude .....................
de potasse ...... . ...... . ......
Cblorures de sodium . ..................... . ..
de potassium .........................
Iodure et bromure alcalins .......................
Phosphate calcaire ou alumineux ........ .. •. .. .••
Silica te de soude .......... ... ....... ... ........
d'alumine .......... , .. " ..........•....
Principe arsenical .................. ...• . . .. .. . .
lil .
I
GRANDE GRILLE.
O,~
BROSSO:-l
( NOUVELLE ) .
lit.
0,272
LARDT .
lit.
o,oot
gr.
4,1:57'
indices.
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0,001
0,091
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0,107
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indices.
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Indices.
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indices.
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6,282
6,70.'
~
Première
nAIITEIUVB.
So.urce Brosson.
O,O{lO
T
0,050
sensibles.
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indices.
5,2W
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0,511
I--jj;:'
r
1
1
6,865
�-9-
On voit figurer dans cc tableau des produits nouvellement signalés, tels que les iodures et bromures
alcalins, la lithine, lastronliane, le silicate de soude,
le manganèse, un principe arsenical,. Ces substances,
quoique en très petite quantité, ne sont certainement
pas sans action SUl' l'économie animale,
Un nouveau tl'a va il , préparé i\ l'école des 'hnes,
doit. prochainement apportcr d'importantcs rectifications dans ces diverses analyses, eL contribuer, par
l'"indication plus précisc des principes minéralisatclll'1;,
il mieux faire comprcndrc les effct thérapeutiques c\rs
différcntes sources.
En outre des prindpcs minéralisateurs, les eauX' de
Vichy contiennent unc substancc gélatineuse et filante'
(glail'ine), véritable conferve qu'on rencontre dans la
plupart des eaux minérales: ellc csl surtout manifeste
il la sourcc dc l'Hôpital , qu'elle recouvre d'une écume
verdâtre. M. Vauquelin ~ trouvé qu'elle avaiL beaucoup d'analogie de composition avec l'albuminc.
La source la plus riche en bicarbonate de soude est
celle des Célestins. La fJ1'Ctllde-G ,..ilfe, le Puits-Chumel, le G/'cwd-Puits, ont unc compo ition prcsque
identique. Les deux sourccs les moins chargées d bicarbonate sonL Lardy et des Dames; mais pal' compensation elles contiennenL de bien plus forles proportions
dc principes ferrugineux, qui s'y tl'ouvenb il l'éLat de
bicarbonate de protoxyde (bi-carbonate fcrrcux). Il
grand nombrc d'essais répétés avcc le plus grand soin
�- 10\
.. ur la composition de ces deux sources, ct de. résultats
cliniques multipliés ont démontré que la source des Dames est plus ferrugineuse que la source La1Yly.
Toutes ces eaux, par suite de leur refroidissement
au contact de l'air, déposent une certaine quantiLé de
leurs principes minéralisateurs. Elles donnent naissance il des concrétions plus ou moins abondante
dont il est très facile de reconnaître les cal'acLères chimiques. Ces dépôL finissent souvent par obsLruer les
canaux et s'oppo Cl' à l'écoulement des eaux; aux Célestins ils ont formé un véritable rocher. Dans les bassins des sources Lard!} et des Dames, on recueille un
sédimenL ocreux d'un rouge plus ou moins foncé.
Les sources onL des degré forL difTérenLs de Lempérature, et à certaines époques d'observatiolls elles onL
offert sous ce rapport de notables variations. En généraI, cc sont les sources les plus abondantes qui sonL
les plus chaudes, ct les plus froides sont colles qui
donnent le plus mince filet: ainsi le PuitS-Ca1Té, Id
Grande-Grille, qui fournissent par JOUL' 2l~0,O
et
96,000 liLres de liquide, ont ll.a et aO° de chaleur (la
Gmllde-Grille a augmenté de 1.0° de chaleur depuis
les travaux qui ont décuplé son volume d' cau). La
source des Célestins, qui débite environ 500 liLres e11
vingL-quatrc heures, e t à peu près froide et marque
1.5 à 16°. ] 1semble que, pour LouLes, leur arrivée plus
ou moins rapide il la sur'félce de la Lerr fasse varier
�-HIa quanl.ité de cha leur qu'elles ont puisée au réservoil'
commun.
v.
La célébriLé et la vogue dont le eau de Vichy jouissent depuis des siècles, sont justifiées par l' énergie de
leurs principes minéralisateurs eL par l'eflicacité de
Icurs propriétés médicales.
Facilement absorbées ct porlée' pal' la circulaLiol1
dans Lous nos organes, dans Lous nos Li sus, ell e...: agi!:i!:iCht, comme la plupal'l des cau, minérales, Cl i produisanL une excitation plu ou moins forte qui a pOUl'
elTet immédiat de réveiller la viLali Lé de tissus ct de~
fonctions, de produire, comme disniL Bordeu, LltI l'emontemenL général. Cette action commune fait que le:.:
maladies les plus différenLes LrouvenL dans la même
cau minérale une modification sa lutaire.
Mais conclure de ces e1l'ets généraux que LouLes Ie.f\
caux minérales agissent d'ulle manière idenLique, quo
c'e L LoujoUl's par la soule excitation des fonctions de
l'économie qu'elles mo lifienl les condiLions mOl'bidc~
générales ou locales auxquelles on les oppose, c'est
n'envisagel' celte imporLante question que d'un seu l
côté, c'est méconnaître les secours si précieux que les
tru vaux modernes des chimisLes onL fournis ù la physiologie el ù la thérapeutique.
�-12 -
S'il est bien certain que toutes le caux minérales
ont des propriétés communes, il n'est pas moins certain que chacune d'elles a une action spéciale qui dépend de la nature des principes chimiques qu'elle tient
en dissolution. Dans les cas où les alcalins conviendront, les acides ne pourroT)t rendre les mêmes services;
les éléments purgatifs 'ne pourront être substitués aux
éléments toniques, astringents, pa' plus que le fer ne
pourra être substitué au soufre, etc., etc.
Donc les eaux minérales dans lesquelles prédomineront les alcalins, ferrugineux, sulfureux ou purgatifs,
auront chacune un mode d'action qui leur sera propre;
el c'est une erreur capitale que de croire pou voir le!:;
remplacer les unes par les autres, ou les employer indistinctement avec un égal succès.
VI.
Il n'est pas possible aujourd'hui de nier l'influence
des agents chimiques SUl' l'économie; grâce aux progrès d la sei nco on doit admettre que les principaux
phénomènes de la vic, respiration, combustion, ca lorification, digestion, assinülation, sécrétion, sonl un e
suite ll on interrompue de l'é,lctions chimiques.
l)al'mi les agents chim ique' qui font partie des principe ' immédials des anim aux, il e11 cs!' dont ID présence
�-13 -
est aussi nécessaire ù certaines fonctions que l'oxygène
est nécessaire à la respiration.
Les alcalis entre autres ont été reconnus indispensables aux phénomène d'endosmose, de combustion,
de digestion, de sécrétions; ils contribuent il mainte- '
nir le sang dans le degré de viscosité nécessaire pour
rester propre à l'endosmose, l'exosmose, aux différentes compositions et décompositions qui constituent
l' existenûe; ils donnent aux matières sucrées et amyloïdes introduites par l'alimentation, la possibilité de
s'unir ù l'oxygène ct de prendre part aux fonctions de
respiration et de calorification; ils fluidifient les éléments de la bile, les empêchent de s'épaissir, de se
concréter, de former des calculs; ils émulsionnent et
saponifient les matières grasses; ils entretiennent les
digestions inte. tinales, facilitent les sécrétions, et président ainsi il tous les actes de nutrition et d'assimilation.
VIL
'Les eaux minérales chargées de principes alcalins
seront donc pl'opre il maintenir ou tl l'établir les conditions nécessaires ù l'intégrité de lu sanLé.
Et en première li gne de au minérales alcalines, on
doit placer 1 sources de Vichy; ce ont cell es qui
contienn nt le plu de pl'incipes minéralisateurs. Le
�~
14-
bi-carbonate de soude y existe en proportion si considérable, qu'il doit être admis comme l'élément principal, essentiel de leur action. Sous ce rapport, l'effet
thérapeutique est tout à fait en harmonie avec l'analyse, car les sources les plus fortes sont celles qui renferment le plus de sel alcalin. Les autres sels s'y trouvent à dose si minime, qu'il n'est pas possible jusqu'à
présent d'en préciser l'efficacité.
Cependant, l' eau artificielle, composée seulement de
bi-carbonate de soude, fatigue beaucoup plu~
l'estomac
et ne donne point des résultats aussi prompts et aussi
sûrs que l' eau naturelle, surtout bue à la source. Cela
dépend en grande partie de ce que l'eau naturelle contient le sel de soude entièrement à l'état de bi-carbonate de soude, tandis que l' eau art.ificielle est fabriquée
avec un sel non complétement saturé et mélangé de
carbonate neutre ct de sesqui-carbonaLe. De plus, il
peut exister entre les éléments multiples el variés qui
constituenl les sources, une sorte de combinaison spé.
ciale qui fail de l'eau de Vichy autre chose qu'une
simp le di solution alca line, el lui donne des propriétüs
particulières.
C'esl ninsi que la température élevée des sources ù
Vichy. 1" grande proportion de bi-carbonaLe de soude
et. de ga~
acide curbonique qu'elles contiennent, les
1'00ndent, parmi tOlltes celles de la même 'lasse, des
plus précieuses pOUl' la thérapeutique. On ne saurait
conl.0,Rl01' le:- remarquables modifications organiques
�-15 -
qu'elles produisent, et l'influence qu'elles ont sur certaines maladies.
Elles sont employées en boissons, en bains et en
douches.
Le moment le plus favorable pOLlr les boire est le
matin; l'estomac est alors oomplétement débarrassé
d'aliments, et se prête mieux ù l'absorption du liquide
minéral. I . cs eaux doivent être bues à la source, c'est
le plus sûr moyen de leur conserver toute leur efficacité. Il faut éviter l'abus, car si elles sont tolérées à
très haute dose par quelques malades, elles peuvent
être pour d'autre très difficiles ù supporter. Elles ont
pour effet : augmentation de l'appétit, digestions plus
faciles ct plus promptes, a similation plus complète,
selles plus régulières, urines plus faciles ct plus abondantes, amélioration de la nuLrition, accroic;;sement des
forces, sentiment généra l de bi n-êLl'e.
D'anciens auteurs leur ont otLr'ibué ù tort des propriéLés pUl'gativ s; sui vont la plupart cles observa Leurs,
elles produis nL plutôt la constipation. Ce n'est guère
que dans quelques idiosyncrasie:; exceptionnelles, ou
affections particulières cl s voies digestives, ou enfin
pal' l'abu , qu'elles produisent l'efl'et purgatif.
En bains elles imprim nt aux fonctions de la peau
un nouvelle activité, auO'ment nt la transpiration,
rétablissent d'anciens /1~IX,
d'anci l111es éruptions, et
provoquent même Ull exanthème artificiel lorsque les
immersions sonl trop prolong l,CS. Les bain exercent
�-16 -
une double action: stimulation de l'appareil cutané,
pénétration des principes minéralisateurs dans l'économie pal' absorption de la peau. Par conséquent il
y a nécessité de compléter l'action des boissons par
celle des bains.
La boisson et les bains agissent sur l'ensemble de
l'économie, les douches sont un agent de stimulation
locale: il y en a de plusieurs espèces, douches descendantes, ascendantes, écossaises c'est-à-dire alternativement chaudes et froides.
VIII.
Outre le mode excitant commun ù la plupart des
eaux minérales, le eaux de Vichy ont une action spécifique qui leur e t propre: c'est la lIlodification chimique qu'elle déterminent délns l'économie par l'introduction des sels alcalins.
Chez tous les malades, les sécrétions, même celles
qui auparavant 6taient naturellement acides comme
les urines et la sueur, acquièrent promptement d '1'
qualités alcaline, quelle lU soit la nature de la maladie, ct quelle qu oit. la ourc dont on ail faiL
usage.
M. Ourcel a rait un grand nombre d'observations
qui dérnontrr.nl êlVÛ Cju Ile facilité c s caux l'end nl
�- 17-
l'urine alcaline: l'nlralinite est pl ' ou moins prononcée
eL prolongée suivant la quantiLé de boissons, de bains,
ct suivant les individu. Un bain, deux verres d'eau
minérale, suffisent le plus souvent pour la faire parît~
pendant plusieurs heures. Aussi la plupart des personnes qui prennent chaque matin quatre ou cinq
verres et qui se baignent en outre tous les jours, sont
assurées d'avoir les urines alcalines pendant tout le
temps qu'elles font usage des eaux minérales.
L'expérience a démontré que l'urine peut resteJ
alcaline pendant des mois entiers, non-seulement sans
donner lieu il aucun accident, mais en contIibuant au
contraire au bien-être et au rétablissement de la
santé.
ta nature des sécrétions doit être considérée comme
l'expression de ce qui se passe dans l' économie tout '
entière : il n'est pas possible de constater la modification des sécrétions sans admettre la modification du
milieu oll puisent ces écrétions. Le sang est modifié
comme les sécrétions, et il est plus chargé de prin~
cipes alcalins: mais si l'on sc l'appelle que la. omme
des éléments alcalin est beaucoup plus considérable
que la somme des éléments acides dans les humeurs
de l'économie, et que c'est dans un milieu normalemont alcalin que s'accomplissent les réactions et mulïltions organiques, on comprendra comment les alcalins même en excès entr'uÎneront des dangers moins
grands et moinf> rapides que les éléments acides, et
�-
18 --
comment les animaux pourront en ingérer ct conserver une plus grande proportion sans apporter de modifications fâcheuses à leur état général de santé.
IX.
t
•
Il ne faut pas croire que l'alcalinité de l'urine soit
un phénomène d'élimination, semblable ù celui qu'on
observe pour beaucoup de substances alimentaires,
médicamenteuses ou toxiques, el que le bi-carbonate
de soude soit pour nos organes un corps étranger dont
ils onl hâle de sc débarrasser. La soude ne peut être
considérée comme un corps étranger non a similablc
pOUl' l'économie; elle rail au conlraire partie des prin
~
cipes immédiats qui concourent à la formation et il l'entretien de notre nalure. Elle doit donc demeurer en
quantité suffisante pour l'équilibre des réactions chimiques; sa proporlion ne peut varier sans donner lieu
à de graves désordres; mais l'augmentation sera moins
funeste que la diminution, parce que les eJTets de l'augmenLation pourronl être balancés par l'abondance d s
sécrétions, tandis que les cfT Ls de la diminution ne
trouveronl dans l'économie mêm aucun compensation, aucun remède. On peul parfaitement accorder
que les sécrélions éliminent comme corps élral)gcl'
l'excès d' aica li, mais 110n l'alcali lui-mêm " car alors
�19 -
l'organisme tendrait sans cesse à éliminer un de Sj3S
principes constituants, ce qui est physiologiquement
impossible dans l'élat normal. Quoi qu'on ait dit de
cette élimination des alcalis par les sécrétions, ce phénomène signifie. que le sang est plus alcalisé qu'au moment où l'urine était acide, et que l'économie peut
comporter une forte, proportion de sels alcalins sans
que la santé en souffre, ce que prouvent les herbivores
dont les urines sont toujours forlement alcalines.
C'est seulement après avoir satisfait à tous les besoins de compositions et de décompositions chimiques
que 'le sel alcalin des eaux de' Vichy se rend dans les
urines, non ü l'état de simple carbonate ou de sesquicarbonate comme on l'a prétendu, mais bien à l'étal
de bi-carbonate non décomposé.
x.
Toutefois il ne peut pas être indifTérent de changer
et les sécrélions du corps et le milieu chimique dans
lequel s'accomplissent les principaux phénomènes de
nutrition. Dans quelles limiles devra-t-on se maintenir pOUl' délerminer la modification exactement nécessaire il combattre la tendance maladive, et à rétablir
la constitution normale des humeurs?
MM. Magondie et Trousseau onl attiré l'attention
•
�- 20-
médicale sur l'abus des alcalins, ils ont rappelé que
pris en grande quantité, ils influent sur la composilion
du sang, le rendent plus fluide, le décolorent, établissent la cachexie, la pâleur, la bouffissure générale, les
hémorrhagies pas ives, un amaigrissement irréparable,
donnant ainsi lieu à des accidents bien plus graves et
plus irrémédiables que ceux de la maladie qu'il s'agissait de guérir, et causant autant de mal que l'abus du
mercure, de l'iode et des ferrugineux.
Ces considérations ont parfaitement justes: l'abu
de tout médicament actif e L il craindre, et sous ce rapport on ne peut impunément faire abu des eaux de
Vichy. Mais il faut sc hûter de bien établir que jamai
à Vichy on ne voitse développer ceLLe cachexie alcaline,
ce cortèg funèbre d'accidents qui constitueraient Ilon
plus une médication, mais un véritable empoisonnement, comme l'a dit justement M. Durand Farde!.
L'abus, en supposant qu'il existât, e trouve compensé par l'abondance des sécrétion : le double courant
d'introduction ct d' élimination sans cesse renouvelé
permet sans inconvénient de porter ft des do cs énormes la proportion d't!léments alcalins.
Cependant si, dans certains cas pathologiques, dans
cerlaine GonstilulÏol1s, on peut supporter sans inconvénient et même avec avantage l'ingestion journalière
d'une grande quantité de boisson alcalines, dan
d'a utres circonstances de maladi s ou de régim , on
�-
21-
ne peut admettre sans accidents des doses même très
minimes.
Cette différence tient à la composition même des
liquides de l'économie chez les personnes qui font
usage des eaux: l'alimentation succulente, alcoolisée
et presque exclusivement animale, le défaut de transpiration, d'exercice musculaire et de combustion intraviscérale, donnent lieu gén6ralement, chez les gens
riches et sensuels, chez presque tous les habitants des
villes, à la prédominance des acides et il un excès d'éléments nutritifs et plastiques qui engendrent goutte,
rhumatisme, gravelle, pléthore, etc., maladjes trouvant leur soulagement et leur guérison dans la médication alcaline. Tandis qu'une nourriture insuffisante
ou presque exclusivement végétale et des sueurs exagérées chez les habitants des campagnes, ta fièvre,
les affections putrides, etc. , chez certains malades, ont
suffisamment modifié ou appauvri les humeurs, pour
qu'une addilion même assez faible d'éléments alcalins
ne puisse être facilement tolérée.
XI.
Les eaux de Vichy, en rendant le sang plus al,calin,
lui font perdre une partie de sa coagulabilité; elles
attaquent l'albumine, la fibrine, et amènent prompte-
�-
22-
ment la dissolution de ces substances. Si le sang, devenu moins plastique, sc meut avec plus de liberté
dans ses canaux, si de plus il a acquis la propriété de
djssoudre les deux principaux éléments qui forment la
base de la plupart des engorgements chroniques, on
est bien près de connaître pal' quel mécanisme les eaux
de Vichy sont fondantes, résolutives, antiplastiques,
désobstruantes.
}I est donc extrêmemenL important de bien distinguer la double action tonique et chimique de ce eaux
dans l'application qu'on veut en faire au LraiLement des
diverses maladies.
Pal' leurs propriétés exciLantes et toniques, elles seront contre-indiquées dans toutes les maladies inflammatoires aiguës, dans les ca où des inflammations
chroniques onL une tendance à reprendre de l'acuité,
dans ceux où les viscères sont alteints de désorganisations graves dont les progrès sont ordinairement
hâtés par tout ce qui accélère la circulation; au contraire, elles seront favorables dans les aIrections chroniques, et toutes les foi qu'il s'ag ira de porter une
stimulation particulière SUl' les organes, d'acLiver la
circulation, d'exciter les sécrétions, de régulari cr la
nutrition et l'assimilation.
Pal' leurs propriétés chimiques, ell es conviendront
dans Lous les cas d'engorgements, d'ob ll'uctiOJlS cl s
vi c' l'es, de calculs biliaires, maladi du foie, g]'a~
velle, ca lcul s urinaires, cystite 'hronique, goutte,
�-
23-
rhumatisme, diabèLe, etc., etc. Mais elle!, devront
être employées avec beaucoup de réserve et de prudence chez les individus anémiques ou cachectiques
qui, tout en profitant des vertus stimulantes, ont à redouter la modification chimique qui aggraverait leur
état.
Elles sembleraient également à craindre dans certaines maladies qui ont pour résultat la trop grande
ténuité ou dissolution du sang; cependant l'observation
pratique démontre qu'elles apportent les plus heureuses modificaLions dans les constitutions lymphatiques, scrofuleuses, tuberculeuses, dans les convalescences, dans l'albuminurie, etc., etc.
Les principes ferrugineux qui existent dans la source
Lardy et surtout dans la source des Dames, rendent .
parfaitement compte des succès obtenus dans la chlorose, l'aménorrhée, eLc., etc.
Toutefois l'action de ces eaux est éminemment complexe, cL souvent il esL Lrès diHicile de bien spécifier
ce qui appartient aux combinaisons chimiques produites pDr l'eau minérale, ou à la réaction physiologique
des organes . .
XII.
Les sources de Vichy, considérées l'OUS le rapport
des résultaLs fournis pal' l'analyse chimique, présen-
�- 24 -
tent une analogie, une identité de composition, qui
pourrait faire conclure à la même identité thérapeutique. Cependant elles ne sont pas également supportées
par les malades, et elles offrent dans leur açtion sur les
organes des différences notables.
« Les sources de Vichy, dit M. Lucas, présentent
c( dans leur emploi médical des différences bien plus
(1 importantes qu'on ne pourrait le croire d'après l'aC( nalyse chimique; et, bien qu'il soit difficile d'établir
( à priOl'i la raison de ces différences, des observa« tions nombreuses, renouvelées depuis vingt-trois
ans, ne me laissent aucun doute à cet égard. »
(1
§ - La source de la Grande-Grille, ainsi nommée
porce qu'elle est entourée d'une grille de fer, esL située;) l'extrémité Est de la. galerie Nord du grund
Établissement thermo 1. Elle fournit en grande partie
l'cau qui est mise en bouteilles ct transportée dans les
divers pays de l'Europe; elle n'est employée qu'en
boisson, ct marque 39 à lIO° de chaleur.
Elle est administrée avec succès dans les affections
lymphatiques, les maladies des voies digestives, les
engorgements du foie et de la rate, les obstructions
viscérales, dans les calculs biliaires, la gravelle, etc.,
etc. Elle a des propriétés plus excitantes que le. sources qui l'environnent; aussi le docteur .Desbrest disait
anciennement: « Cette source doit êtr préférée toutes
I( les fois qu'on a besoin d'agir et de remuer plus effi-
�- - 25 -
cacement la machine, et de mettre ses organes dam;
« le plus grand jeu. »
§ - Le Grand-Puit~
carré et le Petit-Puits carré
ou Puits-Chomel sont au milieu de la galerie Nord;
ils ont une température de 4.0 il ll1to. Le Grand-Puit~
est presque uniquement a(Tecté au service des bain.
Le Pnit~-Chomel
est réputé posséder des propriétés
spéciales pour certaines affections de la poitrine eL cie
l'estomac.
Ces deux source ', en quelque sorte solidairci:i l'LIlle
de l'autre, sont employées Cil bains et en boisson;
dans cc dernier cas, elles son t sou ven t coupées avec
du lait, de l'eau gommée.
Elles sont prescri tes aux persolllles aLteinte5, outre
les affections qui les appellent particulièrement ü Vichy,
cie catarrhe pulmonairQ, cie dyspnée nerveuse, ou simplement de usceptibilité des organes respiratoires.
Elles sont supportées par des malades auxCjueb œj'tain es contre-indications ne permettent pas de boire
l'eau des autres source sans inconvénient ou sans
danger.
«
§ - La source de
l' Jfôpital doit son nom au voi inage de l'hôpital civil . . ur la place Rosalie. Elle a 35°
de température, ct offre beüucoup d'ana logie avec la
source de la Grande-Grille; mais elle est moin ' exci-
tante et convient mieux aux malades délicats, susceptibles, nerveux, ou disposés aux congestions ct aux
�- 26-
hémorrhagies. Elle agit principa lement dans les affections des voies digestives, pesanteur d'estomac, digestiOlls difficiles, inappétence, gastralgie, dyspepsie, etc.
l . a différence de propriétés thérapeutiques de l' Hôpital et de la Gmnde-Grille s'efface par la transportation et la conservation; l'eau de la Gmnde-G1'ille
convient alors dans beaucoup de cas auxquels elle ne
serait pas applicable ù Vichy même.
§ - La source Lucas ct la source des Acacias ,
situées en face de l'hopital militaire sur la route de
Cusset, ù cent mètres environ de l'élablissement thermal, ne donnaient que de très petites quantités d'eau
avant que M. François entreprît des travaux de captage il sept mètres en contre-bas du sol. Par suite de
ces travaux les deux sources réuni s uonnent actuellement 150,000 litres pal' jour.
Cette cau présente plus que toutes les autres sourccs unc légèrc odeur d'acide sulfhydrique qui n'est
appréciable que prè du griffon, et disparaît t;omplétcmOllt pal' le tran 'port. Elle contient plus de substances minérales; pal' sa composition chimique ct ses
lI'cts thérapeutiques elle sc rapproche beaucoup de
la source des Célestins.
~
-
La source des Célestins ou du Roche1' est il
['extrémiLé de l'anel n Viehy, sur la l'ive droite de
l'Allie r : 011 y arrive pur la berge de l'A [lier ou pur
�,
-"1.7 -
l' escalier taillé dans le roc formé des sédiments calcaires déposés par les eaux. D'un très mince volume
aujourd'hui et marquant il peine 1.5° de chaleur, clle
présente un léger excédant d'acide carbonique et de
principes minéralisateurs, fournis surtout par la silice
et le bi-carbonate de soude. Bien que plus excitante,
ell e est plus agréable il boire, ct ,Souvent plus fa cile il
tolérer il cause de sa température. Elle ne convient
pas aux personnes nerveuses, irritables, aux femmes
hystériques, vaporeuses, etc. ; elle est ordonnée dans
les affections des reins, de la vessie, dans la gra velle,
les calculs urinaire , la goutte, le diabète.
Il n'y a plus ù craindre que celte source cesse de ,
couler; les nouveaux fermier de Vichy ont acheté le
clos voisin, el, sous la direction des ingénieul's de
l'État, ont l'ail faire des recherches qui ont amené il
. la surface du so l et en abondance des caux identiquement pareilles.
~ JI existait h Hauterive, village distant dè six
kilomètres de Vichy, suL' la rive gauche de l'Alli.er,
deux sources connues depuis longtemps et employées
en boisson par quelques habitants de la localité. Une
des deux sources ayant cessé de couler ü la surface
du so l, le propriétaire, M. Brosson, fit pratiquer des
sondages qui ont donné lieu tl des sources jail~
.. antes
dont le produit approximatif est de quatre-vingt-six
mèlres cubes par vingt-quatre 11 ures. Ma lgré leut'
�-
28-
différence de température beaucoup plus basse, 15 à
16°, ces sources doivent sans doute au point de vue
géologique, se rattacher au groupe général, et offrent
beaucoup d'analogie avec les eaux de Vichy, surtout
avec celles des Célestins.
tes sources et l'établissement thermal d'Hauterive
achetés par l'État, ont été concédés aux nouveaux
fermiers; de même que le puits th'osson, qui, ouvert
en i8LJlJ., entre le parc de l'établissement thermal et
la rive droite de l'Allier, déverse actuellement la totalité de ses eaux dans les réservoirs du service de::;
bains.
§ - La source des Dames, obtenue i'l l'aide de
la sonde, est sur le chemin de Vichy à Cus et, ell suivant le cours du Sichon. Le eaux de ce puil' sont
fel'rugineuses alcalines et gllzeuses, froides et marquant il peine 15 à 16°; elle ont une saveur très sensiblemenL atramenlaire; elles jouissent de propriétés
médicinales Irès énergiques et toutes spéciales en raison de principes ferrugineux qu'elles contiennent en
plus grande quantité que la soutce Lm'dy, située dans
l'enclos des Célestins, et dont la composition presque
identique a été indiquée.
Elles sonL très sa lutaires aux constitutions affaiblies,
épuisée , au~
convalescents, aux fiévreux, aux personJles chlorotiqu s, lymphatiques, etc.
�-
21) --
XIII.
Telles sont les indications que semble avoir sanctionnées l'expérience pratique dans l'application thérapeutique des différentes sources de Vichy. Toutefois
on comprend qu'on peut facilement y apporter de
nombreuses modifications. En raison de l'analogie de
leurs vertus médicales et de leur composition chimique, ces eaux doivent dans beaucoup de cas présenter les mêmes avantages, les mêmes résultats;
aussi il ne s'agira que de choisir chaudes ou froides,
fortes ou faibles, celles qui seront le plus facilement
tolérées.
Par leurs propriétés excitantes et altérantes à la fois,
les mêmes sources offrent souvent les plus grands
contrastes; suivant la nature des personnes et des maladies, elles déterminent calme ou excitation, sommeH
ou insomnie, diarrhée ou contispation, elles apaisent
ou réveillent certaines douleurs, fortifient ou affaiblissent, font maigrir ou engraisser, etc.
11 y il donc nécessité absolue de toujours soumettre
aux médecins la direction d'un traitement que seuls ils
peuvent onvenablement apprécier.
�-
·,
30 -
XIV.
Il est une question fort débattue, fort controversée,
celle de savoir si l'on doit bannir de Vichy pendant
toute la durée de la saison, le vin, le lait, la moindre
goutte de vinaigre dans la préparation des mets, et
surtout les fruits. On pense que ces subsLances plus
ou moins acides peuvent détruire l'efncacité du traitement thermal.
Ces craintes n'ont aucun fondement. Depuis lon gtemps les expériences de Wœhler, de Millon, etc., ont
parfaitement démontré que les acides organiques, tartrique, citrique, lactique, oxalique, malique, etc., contenus en grande proportion dans la plupart des fruits
et notamment des fruits rouges, se détruisent, se brûlent dans l'économie en laissant pour résidu des carbonales alcalins. C'est ainsi que les raisins, les fraises,
rendent l'urine fortement alcaline et peuvent opérer
des cure dans cer'laines alTeciions de la vessie, dans
la gravelle, la goutLe, elc.
Le vin p1'6senle des réactions semll ab les : par son
mélange nvec l'cau minéra le il se d6composo immédiatement; la partie ac.ide, constituée par des tarLrates
acides de potas e (crême de lat'l1'e ), déplace avec effervescence l'acide carbonique, s'empare de ln base,
�-;\1-
et donne lieu à du tartrate double de potasse et de
soude (sel de seig'/'tette) , qui bientôt par la combustion
intraviscérale est converti en carbonate de potasse et
de soude. Dans ces transformations du vin, il n'y a rien
de contraire à l'action des eaux de Vichy: l'observation journalière prouve que l'urine s'alcaJise aussi
promptement et même plus promptement par l'usage
de l'cau de Vichy coupée avec un quart de vin, que
pal' l'usage de l'eau de Vichy pure; en effet les pl'in- .
cipes alcalin du vin viennenL s'ajouLer ~l ccux de l'eau
minérale.
Le régime que les malades doivenL suivre il Vichy
n'empnmLera donc rien de particulier à IR nature chimique du traitemenL thermal, il devra constamment
être subordonné aux phases mêmes. de la maladie cl
allX be oins de l'organisation.
xv.
Une auLre question est celle des eaux transportées;
il est cerLain qu'elles se conservent parraitem<;lnt el
même plusieLlI' années; elles sont généralemenL fournies pal' les sources de la Grande-Grille, dc l'Ilôpita 1
ct des Célestins. Tout en perdant leur chaleur naLurelie, Iles ne subis ent aucune décomposition, et font
de longs voyages, t.ravers nt les mers sans aucune ail
�- 32-
tération de leurs principrs. Bien qu'clIcs produisenl
souvellt de très LUJ ~ s tire!", el:C's Je p<'u\'ulL ji1 , I ~ üis
remplacer les eaux prises ù la source; mais elles sont
très utiles comme complément de traitement.
XVI.
MM. les dodeurs Petit, Barthèz et Durand-Fardel,
spéciaux, ont suffisamment
dans d'excellents o~VI'ages
déterminé l'influence souveraine des eaux de Vichy
dans les affections des voies digestives, les maladies
du foie, les calculs biliaires, les engorgements abdominaux, les différentes altérations de la vessie, etc., etc.;
cette notice a pour but de dissiper les doutes, de combattre les préjugés qui se sont élevés au sujet de l'efficacité du traitement de Vichy dans certaines affections, telles que la goulte, le 1'/mmatisme, la gravelle, les ca.lculs twinaù'es, l'albuminurie, le diabète,
s-
La goulte, le 1'humatisme, ont les plus grands
rapports avec la gravelle et les calculs urinaires: ces
maladies fraternisent par l'alternative, la coexistence de
leur accès, par l'élément commun de leur organisation, l'acide mique et ses compo és; par l'identité d
1 ur développement sous l'influence des mêmes cau es:
l'intempérance, la vie
l'ex'''s de matériaux nl1triL~,
1
�-
il3-
sédentaire, etc. Quelles que soient les opinions, quels
que soient les débats de praticiens fort distingués sur
la nature de la goutte, sur les crises, les dangers même
qu'elle présente, il résulte d'observations nombreuses et
parfaitement constatéc,s que la médication par les eaux
de Vichy, aidée d'un r 'gime convenable, a les effets les
plus avantageux dans le traitement de la goutte. Elle
, ne parvient que rarement, il est vrai, à guérir radicalement la maladie, et, dans quelques cas, particulièrement dans ceux de goutte fortement constitutionnelle,
héréditâire, elle se montre peu puissante; mais en généraI elle diminue la fréquence, la longueur, l'intensité
des accès, atténue ou fait souvent disparaître les accidenls locaux qui en sont la conséquence. Bien qu'elle
ne puisse toujour dissoudre les nodus et autres concrétions tophacées déposées autour des articulations,
elle Lriomphe assez facilement de engorgements qui
proviennent de la raideur des ligaments ct de la contraclure des muscles. Si lu prudence conseille de
suspendre Je traitement il. l'approche ou pendant la
durée d'une allaque, il a été main les fois constaté que
lorsqu'un malade est atteinl d'un accès de goutte pendant qu'il prend les eaux de Vichy, les douleurs sont
moin vives et elles dur nt moins de temps que dans
les autres atlaques.
Enfin les goulteux ont une tolérance remarquable
pour les eaux de Vichy, ils boivent ordinairement les
plus forles, cel les des Célestins, et souvent en quan.3
�- 34-
tité considérable, sans qu'il en résulte ni gêne ni accident. Il est très important pour eux, après leur départ
de Vichy, de continuer l'usage des boissons alcalines,
sous peine de perdre rapidement les bienfaits du traitement thermal, qui, pour une plus grande garantie
de succès, devrait être recommencé pendant deux ou
trois années consécutives, selon le besoin.
§ - Pour l'album'intlTie, comme pour la goutte, il
suffit de signaler les résultats pratiques obtenus dans
ces dernières années.
Le passage des matières albumineu es dans les
urines est désignée sous le nom d'albttrnill1l1'ie, de
néph1'ite albumiueuse. Cette maladie a pOUl' caractère
constant: appauvrissement considérable des matériaux du sang, désordres graves dans la circulation, hydropisies partiell es ou générales. Que la viciation des humeurs de l'économie soit primitive,
qu'elle soit secondaire, qu'elle précède ou qu'elle suive
la maladie des reins, elle constitue certainement le
danger principal, danger contre lequel il faut sc hâter
d'employer toules les ressources de l'art. L'expérience clinique a constaté que ['albuminurie, arrivée ;'1
un certain degré, et ne se compliquant pas d'altérations profondes organiques, peut encore oifI'Îl' les plus
heUl'euses chances de guérison; ct qu'alors Je eul
traitement à lui opposer e t un régime tonique, fortifiant, fortement animalisé, as ocié aux vins généreux,
�-
35-
aux boissons alcoolisées, aux préparations amères et
ferrugineuses, aux eaux minérales; propre enfin à ranimer les forces digestives, régénérer les éléments albumineux, reconstituer l'état normal des humeurs de
J'économie.
Or, les eaux de Vichy, par la stimulation produite
sur la peau et sur la membrane gastro-intestinale, par
la modification imprimée aux fonctions d'assimilation,
d'innervation et de sécrétion, ont paru réunir les conditions les plus favorables pour combattre le dépérissement incessant des albuminuriques. Quelques malades y ont été envoyés avec doute et circonspection,
et bientôt ils ont éprouvé une telle amélioration, ils
ont présenté des cures si merveilleuses, que l'on doit
considérer les sources de Vichy comme un des plus
puissants auxiliaires du traitement de l'albuminurie.
§ - Pour bien apprécier l'action des eaux dans la.
gravelle, les calculs twinaires, le diabète, il est nr.cessaire de conna1tre les difiërenls travaux qui, dans
ces derniers temps, ont contribué à éclaircI' la nature
et le traitement de ces maladies.
�-
36-
GRAVELLE, CALCULS URINAIRES.
§ - Longtemps avant toute théorie chimique sur
laquelle on pût baser le traitement de la gravelle et
des ca lculs urinaires, on li vait reconnu que l'usage
des boissons alcalines et surtout des eaux deVichy,
était avantageux dans la plupart des alfections ca 1culeuses.
Les malades, affect6s de gravelle ou de calculs, qui
se rendent à Vichy pour prendre les eaux, éprouvent
une amélioration très sensible dès les premiers jours:
les urines deviennent immédiatement alcalines; sécrétées plus abondamment et sans douleurs, elles dissolvent, entraînent les matières glaireuses et purulentes
résultant des muqueuses irriLées; elles cessent bientôt
d'être boueuses, fétides, pour devenir limpides; et en
même temps l'hématurie, les accès néphrétiques, les
douleurs des reins, des uretères, de la vessie, désordres occasionnés par la présence de calculs, se calment, se suspendent; le sommeil. l'appétit, les [orees
renaissent: et tel malade, qui il son arrivée ne pouvait
se tenir sur ses jambes, est capable 11 moins de quelques jours de se livrer ;\ un exercice salutaire.
§ - La propriété des eaux de Vichy et en généra l des so luiiol1R alcalines d'alcaliser fortement l'u-
�-
37 -'-
rine, conduisait assez rationnellement à l'idée de la
dissolution des calculs vésicaux, puisque par ce moyen
on les mettait en contact avec un liquide qu'on pouvait
supposer avoir sur 'eux une action chimique.
Cette dissolution des calculs par les alcalis avait été
admise dès les temps les plus reculés: les remèdes
proposés comme lithonlriptiques, tel que les coquilles
d'escargot tant vantées par Pline, le fameux spécifique
de Mlle Stephens, l'eau de chaux de Wyhtt, la potion
de Saunders, la tisane de Mascagni, la solution maetc., ne doivent leurs sucgnésienne de Brande, et~.,
cès constatés qu'à l'action dissolvante des carbonates
de soud' et de potasse qui s'y trouvent ou qui se forment après leur ingestion dans l'économie.
De plus on s'était assuré que portées directement
clans la vessie, les solutions alcalines pouvaient attaquer les calculs et en diminuer le volume. Berzélius
avait sanctionné de on autorité scientifique ces tentatives souvent suivies de uccès, en disant dans son
Traité de chimie, tome 7, page 13lJ.: « La meilleure
injection est une dissolution tiède d'tme partie de carbonale potassique dans 90 ou 100 parties d'eau à laquelle 011 ajoute un peu de mucilage végétal. Cette liqueur agit sm tous les calculs, quelle que soit leur
composition. )
Il était donc établi par les faits pratiques que les
alcalis soit en boissons, soit en injections, exerçaient
J'action la plus favorable sur les concrétions ca lculeuses,
�- 38-
lorsque M. le docteur Petit entreprit une série d'expériences fort remarquables pour prouver que les caux
de Vichy, en tant qu'eaux minérales fortement chargées de bi-carbonate de soude, étaient propres à la dissolution et à la désagrégation de tous les calculs urinaires.
« Les eaux de Vichy, dit M. Petit dans son remarquable traité sur le mode d'action des eaux minérales
de Vichy, n'agissent pas seulement en augmentant la
sécrétion de l'urine et en facilitant par ce moyen l'entraînement des graviers: leur véritable effet dans ce
cas, leur effet le plus prononcé, c'est, en communiquant leurs qualités chimiques iL l'urine, d'offrir aux
graviers un liquide dans lequel ils peuvent naturellement sc dissoudre ou se désagréger dans un temps
plus ou moins long, qui est en rapporL avec leur volume ct leur composition chimique. »
cc On ne saurait, ajoute M. Petit, apporter trop d'attention au rôle que joue le mucus vésical; ce mucus
se mêle ~l la substance calculeuse, s'inlerpose entre
ses molécules, en augmente la force adhésive, en un
mol sc comporte à la manière du cimenl. [l y a pal'
conséquent dans le même calcul une sorte d'agglutillntion de la maLièl'e animale cL de la matière saline.
Or les caux dissol vent la ma.lière animale, ct pal' sllite
dissocient la partie saline, laquelle privée de son ciment, e dépose par petites lamelles ct est rendue avec
les urines; de cette manière elle.s p uvcnL agir ur' les
�- 39-
calculs phosphatiqnes, surtout sur ceux de phosphate
ammoniaco-magnésien, presque aussi bien que sur
ceux d'acide urique.
« Donc sans avoir d'action chimique sur les éléments d'un calcul, quelle que soit d'ailleurs sa composition, les eaux de Vichy par la désagrégation des
divers ingrédients des calculs peuvent peu à peu les
diminuer et donner lieu à leur expulsion naturelle hors
de la vessie. »
§~
Les expériences de M. Petit ont été répétées
et discutées par des commissions de l'Académie de
Médecine et de l'Académie des Sciences.
Bien que les conséquences en aient été diversement
jugées, il n'en rêsulte pas moins des rapports de Messieurs A. Bérard, O. Henryet Pelouze, des faits certains, qui peuvent être ainsi résumés:
1 0 L'eau minérale naturelle de Vichy agit d'une
manière irrécusable sur les calculs des voies urinaires.
2° Les calculs mis directement en contact avec l'eau
des ources de Vichy offrent des traces évidentes de
l'action dissolvante et désagrégeante de ce liquide; et
les calculs mainLenus dans la vessie sont attaqués de
même par l'urine, lorsque celle-ci est devenue alcaline
par suile de l'usage des eaux thermales de Vichy prises
en bains et en boisson.
&0 Les preuves en sont acquises par l'altération
même qu'ont subies les concrétions urinaires rendues
�-
40-
par les malades; par la diminution de volume, diminution signalée à l'aide du cathéterisme et de l'inspection directe; par la présence de substances en dissolution, formées aux dépens des nouveaux principes que
contiellt l'urine et aux dépens des éléments du calcul
avec lesquels ils sont combinés.
flo L'action des bi-carbonates alcalins s'exerce encore plus sur le mucus et les matières animales qui
servent à souder entre elles les particules des calculs,
que sur ces calculs eux-mêmes.
5° Cette dissolution et désagrégation de leurs principes peuvent avoir pour résultats, soit leur expulsion
naturelle hors de la vessie par les urines, soit leur plus
gl'ande friabilité qui devient très favorable aux elTorts
mécaniques de la lithotritie.
6° On doit admetLre comme proposition générale
que, pendant l'administration des eaux de Vichy, la
sanLé des calculeux s'améliore, eL que les voies urinaires
ne subissent pas c!'alLérations qui r ndraient ultérieuremenL plus graves les opérations chirurgicales.
§ - Ainsi l'efficaciLé de' eaux de Vichy l;ontre la
gravelle ct les calculs urinaires doiL être COll sidérée
comme une vérité démontrée.
Toutefois on il soulevé une objection très grave: on
a prétendu que l'u age de ces eaux minérales pouvaient
favoriser et augmenter le dépôt des phosphates de
chaux et de magnésie clans les urinClS, ajouter cc dépôt
�- 41-
aux différents calculs existants déjà dans la vessie, et
produire ainsi des calculs alternants. (Ma1'cet,
PTout, etc.)
Bien que cette objection ait été déjà victorieusement
combattue par plusieurs auteurs et notamment par
M. Petit, bien qu'elle ne s'appuie d'aucune démonstration scientifique, qu'clle n'ait aucun fondement de
crédit, cependant elle est encore acceptée par quelques
praticiens. C'est pourquoi il est indispensable de traiter
la question du traitement de la gravelle et des calculs
urinaires par les eaux de Vichy, avec des développements assez complets pour écarter tout préjugé, touLe
erreur, et porLer la conviction dans les esprits.
§ - Le fait constant et certain, c'est J'amélioration
de santé chez les malades qui font usage des eaux
thermales de Vichy, quoique ces malades n'aient pas
des affeclion identiques sous le rapport du siége, du
volume et de la composition chimique de la gravell e
ou des calculs urinaires.
La gravelle et les calculs se développent tantôt avec
des urines acides, tantôL avec des urines alcalines. Ne
paraîtrait-il pas rationnel d'opposer aux urines acides
des boissons alcalines, et aux urines alcalines des boissons acides?
Il fauL d'abord xaminer i la science peut expliquer d'ulle manière satisfaisanLe comment un même
�- 42-
remède peut, dans des affections si di1Térentes, offrir
des résultats semblables.
Une démarcation bien distincte doit être établie
entre les différentes espèces de gravelles et de calculs,
admises par les auteurs; elles peuvent toutes être
réunies en deux groupes principaux: 1.° Celles qui sont
déterminées par l'acide urique et ses composés; 2°
celles qui résultent des dépôts phosphatiques de chaux,
de magnésie, d'ammoniaque, formant des combinaisons binaires ou tertiaires.
- Gravelle et calculs uTiqe~.
- 1-,a gravelle
urique, la gravelle rouge, la seule qui soit une véritable gravelle, c'est-tL-dire la seule qui provienne d'une
disposiLion générale, d'une diathèse de l'économie, reconnaît pour cause la présence de l'acide urique en
excès dans les urine.
L'acide urique sc forme naturellement dan' les humeurs de l'économie; il doit dans les conditions nol'mu les de santé, passel' Ù un état plus avancé d' Oxy·
du Lion pour donner naissance il l'urée; mais si la
nourriLure, les habitudes sédentaires, le d6füut d'exercice ct d'o ygénaLion, üugmentenL d'une part la pl'OporLion d'acide urique, ct d'autre part diminuent ses
chances d tranf'ormaLioll en urée, il se précipitera en
Lrès grande quanLilé dans les urines dont il sc sépare
sous la forlTle d'un sédimenL couleur de brique, en molécules plus ou moins 'onsidérables (lui, sc réunissant
~
�-
43-
et s'agglutinant à l'aide du mucus, peuvent former des
calculs dans les reins ou la vessie.
Dans cette diathèse urique les urines conservent
leur couleur naturelle d'un jaune plus ou moins foncé;
elles restent généralement limpides, et sont toujours
acides, plus ou moins.
Le premier effet des eaux de Vichy est de rendre
les urines alcalines, en introduisant dans l'économie
une grande quantité de bi-carbonate de soude. L'acide
urique, qui a la propriété de se dissoudre dans les alcalis, décompose le bi-carbonate de soude partout où il
le rencontre, s'empare de sa base pour former un urate
de soude qui, plus soluble que l'acide urique, se dissout
dans les urines et est ensuite expulsé avéC elles.
En raison de cette dissolution continuelle de l'acide
urique par le bi-carbonate, il y a nOI1- eulement obsLacle ù la formation des graviers et des calculs uriques,
mais il y a encore action manifeste SUl' les calcul'
d'acide urique ou d'urate de chaux déjà formés dans
les reins ou dans la vessie; ces calculs e couvrent
d'une couche d'urate de soude donl le conlact onctueux modifie ]' ttpreté de leur surface et facilite le glissement il tra vers les organe urinaires. Cette couche
d'urale de soude, il mesure qu'elle sc di souL, se reforme par le conLact d'un nouveau liquide alcul in ; ct
par ceLLe destructioll successive le calcul peul perdre
assez de son volume pour être cxpul 6 pal' les voies
naturell ::i, ou même se fondre quand il esl très pelit.
�-
44-
Tous les observateurs s'accordent à dire qu'une ou
plusieurs saisons des eaux de Vichy favorisent l'expulsion des graviers et paraissent contribuer à en prévenir la formation pendant plus ou moins de temps;
c'est qu'en effet les eaux non-seulement neutralisent
la diathèse urique et l'empêchent momentanément de
se manifester, mais encore modifient les causes organiques de sa production en rendant les urines acalines
avant leur arrivée dans les reins et la vessie.
Cette explication chimique de l'action des eaux de
Vichy sur la gravelle et les ' calculs uriques est admise
par to ut le monde: l'expérience et la Lhéorie se réunissent pour proclamer dans ces circonstances les bons
effets des eaux de Vichy.
§ - Mais en est-il de même pour les dépôts et les
calculs à base phosphatique ?
Dépôts phosplzntiqucs. - On est convenu d'appeler gravell e blanche, gravell e phosphatique, la maladie des voies urinaires dans laquelle les urines boueuses,
fétides, déco lorées, lais ent déposer une plus ou moins
grande quantité d phosphate de chaux el de phosphaLe <1mmoniaco-magnésien, tantôt sous forme de
poussière blanche, tantôt sous forme de graviers irréguliers, anguleux et de consistance variable. Ce dépôt
dans la vessie peut donner naissance ü des calculs
formés de la combinaison double ou triple de ces bases:
calculs de phosphate ammoniaco-magnésien ; calculs
�...:.. 45-
de phosphate de chaux mélangé au pho~ate
ammoniaco-magnésien, dits calculs fusibles beaucoup plus
fréquents que les premiers.
Dans ces cas les urines sont tOlljours neutres ou alca lines, et il est constant que les graviers de 'cette
nature reconnaissent comme point de départ, des
urines trop peu acides pour tenir en dissolution les
éléments salins qui les constituent. Cependant il est
parfaitement démontré pour tous ceux qui ont observé
l'urine des malades soumis il l'action des eaux de Vichy, que cette urine devient d'autant plus claire qu'elle
est plus alcalisée, et que dans cet état elle ne laisse
pas précipiter les sels qu'elle contient. •
§ - Malgré l'évidence de ce faiL important, c'est à
l'occasion des dépôts phosphatiques que se sont présentés les objections, les erreurs, les préjugés contre
l'emploi des eaux de Vichy.
Les plus grandes dissensions se sont sou levées entre
des praticiens fort habiles, et li Vichy même des deux
médecins inspecteurs l'un M. Petit, fort de ses expériences ct de ses observations pratiques, assurait l' avan tage des eaux contre toute espèce d'affection calGuleuse; l'autre, M. Prunelle les proscrivait comme
dangereuses et propres ;\ déterminer la formation de
nouveaux graviers.
Ce débat, ainsi qu'il a été déjà dit, a été soumis aux
académie des Sciences ct de Médecine. On a repro-
�-
46-
duit les objections anciennes de Prout et de Marcet:
que les eaux de Vichy, en neutralisant les acides libres de l' urine, pouvaient favoriser et augmenter le
dépôt des phosphates de chaux et de magnésie, ajouter
ce dépôt aux différents calculs existants dans la vessie;
que loin de faire dissoudre les calculs déjà formés,
clles devaient plutôt concourir à en augmenter le volume.
D'après MM. Civiale et Leroy d']~tioles,
on aurait
il craindre:
1. Certains dépôts d'urate de soude;
2 J.a précipitation de phosphate de chaux et de
phosphate ammoniaco-magnésien SUl' des noyaux d'acide urique;
3 La précipitation de carbonate de chaux sur des
ca lculs d'oxalate de chaux;
fLo La formation d'une gravelle de carbonate de
chaux et d'urate de chau , en sorte que l'on ferait succéder une diathèse il une autre.
C'est aux chin1istes, comme l'a fort bien dit M. A.
Bérard dans son Rapport ;\ l'académie de Médecine,
11 apprécier la valeur théorique de ces objections.
0
0
0
§ - Or, les connaissanc s chimiques démontrent
pal'faiLement que ces objections n'ont aucune val ur.
J-,e8 eaux de Vichy n peuvent, dans aucun cas, donner
lieu à des dépôts d'urate de soude, parce que ce sel
est parfaitement soluble; ell es :{le peuvent non plus
�-
47
déterminer la précipitation des sels de chaux et de
magnésie contenus dans l'urine, ainsi qu'il va être
démontré; et lorsque cette précipitation s'effectue, elle
est complétement indépendante cles eaux de Vichy.
Pour bien comprendre les effets chimiques des eaux
de Vichy, il faut se rappeler les expériences de M. Darcet, et celles toutes récentes de M. Mialhe, sur les modifications qu'occasionnent dans le liquide urinaire le
bi-carbonate de oude et l'ammoniaque.
Le bi-carbonate de soude, l'eau de Vichy, versé
dans des urines normales acides, ne détermine aucun
précipité; il se fuit un échange de bases entre les phosphates acides en dissolution dans l'urine et le bi-carbonate introduiL, de sorte qu'il se forme du phosphate
de soude et des bi-carbonates de chau ct de magnésie,
tous sels solubl es et parfaitement stables il la tempétature animale, ne précipilant que pal' 1'6bullition.
L'ammoniaque versée dans des urines normales,
acide!;, donne un précipilé plus ou moins abondant
Cormé par du phosphate de chaux, du phosphate de
magnésie, eL par une ceyLaine quantité de phosphate
d'ammoniaque. 1 es deux premiers étaient en dissolu·Lion dans l'urine h l'éLaL de phosphates acides: le dernier a pl'is naissance au momeJJL où les deux phosphates acides ont passé ù l'état de phosphates neutres
insolubles, en laissant en libCl'té leul' excès d'acide
phosphorique qui s'est uni ê) l'ammoniaque.
�- 48-
§ - Les urines alcalisées par les eaux de Vichy
prises en boissons ou en bains, présentent exactement
les mêmes réactions.
Par suite de l'introduction du bi-carbonate de soude,
elles sont claires, limpides, et ne donnent lieu il aucun
précipité; si on les soumet à l'ébullition, on chasse
l'excès d'acide carbonique qui tenait les bases en dissolution et balançait la puissance de l'acide phosphorique; ce dernier, en présence de carbonates simples,
reprend ses bases de chaux et de magnésie, et [orme
un précipité auquel se joint une plus ou moins grande
'quantiLB de carbonaLes; précipité absolument semblable ù celui qui prend nai sance lorsqu'on chaufl'e un
mélange d'urine normale et d'eau de Vichy.
L'ammoniaque ajoutée ù ces urines alcalisées, détermine immédiatement un précipité abondant; les
bi-carbonates de chaux et de magnésie, aihsi quo le
phosphate de soude sont décomposés; il sc forme des
phosphates neutres in olubles de chaux, de magnésie
et d'ammoniaque, propres il constituer le calcul phosphatique triple, appelé calcul fusible.
Donc en dehors comme en dedans de l'économie,
c'esL seulement sous l'influence d l'u'1lmoniaque que
se forment les dépôts phosphatiques.
§ - Voilà des l'aiLs chimiques incontestables, examinons comment ils pourront rendr compLe des acci-
�- 49-
dents qui se présentent chez les malades affectés de
dépôts phosphatiques.
D'abord l'affection des voies urinaires désignée sous
le nom de gravelle phosphatique n'est point une gravelle; elle ne dépend pas, ,comme la gravelle urique,
d'une diathèse, d'une disposition générale de l'économie, elle est toute locale et a pour siége la vessie.
Tous les chirurgiens et M. Leroy d'Etiolles lui-même
s'accordent pour reconnaître que les dépôts phosphatiques ne se rencontrent que chez des personnes atteintes de catarrhe vésical, chez lesquelles l'urine est
altérée et retenue dans la vessie par un obstacle i:t son
cours; et que la maladie dite phosphatique qui se manifeste alors, est une suite même de l'état inflammatoire de la vessie.
Or toute::; les foi qu'il existe, soit pal' la présence
d'un calcul, soit directement, catarrhe vésical, altération de tissus, sécrétion purulente, rétention de l'urine,
il se forme dans la vessie des produits ammoniacaux
résultants des sécrétions mêmes ou de la transformation
moléculaire de l'urée. Ces produits ammoniacaux dor.
nent lieu aux mêmes réactions chimiques qui résulteraient de l'introduction directe de l'ammoniaque dans
le liquide urinaire à l' état nOl'm:l1.
Ainsi avant leur séjour ù Vichy les malades affectés
de dépôts phosphatiques présentaient nécessairement
les phénomènes suivants: les urines sortaient des reins,
il l' état normal, contenant des phosphates acides de
�-
50-
chaux et de magnésie en dissolution; dès qu'elles arrivaient dans la vessie elles trouvaient des produits ammoniacaux qui les décomposaient et donnaient naissance à des précipités insolubles de phosphates neutres
de chaux et de magnésie, s'unissant avec le phosphate
d'ammoniaque; lesquels étaient chassés avec les urines,
ou bien s'aggloméraient pour former des calculs.
§ - Dans cette période de la maladie les bi-carbo'nates de soude ne sont pour rien, c'est en dehors de
leur présence et de leur influence que naissent, sc forment, s'organisent les dépôts phosphatiques.
L'ingestion de l'eau de Vichy va-t-elle aggraver
ces ,circonstances et donner lieu ù des dépôts de phosphate ammoniacal plus abondant?
Nullement, tOut au contraire elle doit peu ù peu les
faire disparaître, et c'est ce que l'expérience prouve
tous les jours.
Dès que les malades prennent l'eau de Vichy, 1eR
urines sont modifiées, elles perdent leur acidité, deviennent alcalines, ne contiennent plus de phosphates
de chaux et de magnésie qui tendraient à se précipiter
dans la vessie, car avant d'arriver ù cet organe ils ont
été transformés en bi-carbonates de chaux et de magnésie, sels solubles; les urines seraient donc excrétées d'autant plu limpides qu'elles sont plus alcalisées,
si ell s ne trouvaient dans la ve 'sic même des conditions d d6compo.ition.
�-
51-
Ces conditions sont les produits ammoniacaux déterminés soit par l'altération des tissus, soit par la
décomposition même de l'urine. En présence de l'am- moniaque les bi-carbonates de chaux et de magnésie
ainsi que le phosphate de soude sont décomposés: il se
forme des phosphates neutres, insolubles, de chaux et
de magnésie, unis au phosphate d'ammoniaque, qui
donnent lieu il des précipités tout à fait semblables à
ceux qui existaient avant l'ingestion des eaux de Vichy.
Ainsi les eaux minérales ' n'ont rien changé aux
conditions existantes, elles ne peuvent les aggraver,
pourront-elles les modifier?
Certainement, car en introduisant dans l'économie
une grande quantité d'eau; en augmentant et renouvelant sans cesse la sécrétion eL l' écoulement des liquides urinaires, ·dissolvant les mucosités purulentes,
modiftant les surfaces malades, arr tant ainsi la [01'mallon des produits ammoniacaux, elles enlèvent peu
ù peu toute cause de précipités, ct attaquent la source
même de la maladie.
§ - Tant qu'il existe des produits ammoniacaux,
le::> urines resLent chargées le précipités; il se peut
même que dans les premiers jours, les dépôts calcaires
abondants, parce qu'aux sels existants nasoient pl~s
turellement dans l'urine, viennent se joindre les sels
contenus dans l'eau ,minérale; mais, il mesure que sc
modifient les membranes, et que cesse la sécrétion
�-52-
ammonjacale, les urines s'éclaircissent et ne forment '
plus de dépôts.
M. Prunelle avait fait une observation exacte lorsqu'il disait: « C'est dans le cas de diathèse phospha- .
tique que les malades rendent d'autant plus de graviers qu'ils boivent davantage d'eau de Vichy. Ceux-ci
se forment dans la vessie, car si l'on supposait qu'ils
arrivassent des reins, il faudrait que ces organes eussent
une capacité plus grande que celle de l'estomac. » Mais
il s'était trompé sur les causes mêmes de ces accidents,
il attribuait aux eaux de Vichy ce qui n'était dû qu'à
la présence de l'ammoniaque dans la vessie.
Aussi M. Petit répondait-il avec une extrême justesse : « Les calculs phosphatiques s'observent dans
des cas où l'on n'a point fait usage d'alcalins; et si les
eaux de Vichy leur donnait naissance, on devrait
trouver un plus grand nombre de ca lculeux parmi les
personnes qui se soumettent à la médication alcaline. »
§-
Il est donc impossible d'attribuer aux eaux de
Vichy et aux bi-carbonates en général la moindre part
dans le dépôt et les ca lculs formés de phosphates doubles ou triples d'ammoniaque, de chaux et de magné ie.
C'est il l'ammoniaque seule, créée accidentellement
dans la vessie, que l'on doit nécessairement rapporter
ces précipités.
Dans ces cas, l'ammoniaque, loin d'être augmentée,
tend h diminuer de jour en jouI' et ;) disparaître com-
�-
53- '
pIétement par l'influence heureuse des bi-carbonates
sur les tissus altérés.
§-
Maintenant, qu'al'rivera-t-il pour les calculs
phosphatiques déjà formés dans la vessie? Peut-on espérer que les urines qui les baignent, conservent assez
d'éléments bi-carbonatés pour agir sur leurs principes
constituan ts?
Oui, sans aucun doute, car la quantité d'eau minérale ingérée, si elle est sufftsante, répondra parfaitement à. tous les besoins de compositions et de décompositions chimiques qui ont été indiquées, et les urines
contiendront encore une forte proportion de bi-carbonate de soude non décomposé qui viendra directement
agir sur le calcul lui-même, soit par la dissolulion de
ses parties muqueuses, soit par la décomposition de
ses principes attaquables.
On a faussement avancé dans ces derniers temps
que les urines des buveurs d'eau de Vichy ne contenaient pas de bi-carbonates, qu'elles ne contenaient
que des carbonates neutres. Ce fait est impossible en
lui-même, car les sels de l'urine ne sont solubles que
dans les bi-carbonates alcalins; la démonstration en
est facile: soumises à l'ébullition, ces urines se troublent immédiatement et donnent lieu à un précipité
abondant; c'est, comme il a déjà été dit, parce que
l'ébullition a chassé l'excès d'acide carbonique qui
tenait les bases en dissolution, et balançait la puissance
�-54-
de l'acide phosphorique; ce dernier, en présence de
carbonates simples, reprend ses bases de chaux et de
magnésie, et forme un précipité auquel se joint une plus
ou moins grande quantité de carbonates. Donc, les
urines sécrétées limpides et ne formant pas de dépôt,
contiennent les principes minéralisateurs à l'état de
bi-carbon a tes.
§ - D'après ce qui vient d'être exposé, il n'est pas
possible d'admettre que les eaux de Vichy puissent
donner lieu à une précipitation de carbonate de chaux
SUl' les calculs oxaliques, attendu que les urines ne
contiennent alors que des bi-carbonates solubles de
chaux et de magnésie.
Elles ne peuvent pas davantage déterminer SUl' le
calculs d'acide urique la déposition de phosphates
triples de chaux, d'ammoniaque et de magnésie, attendu que les circonstance qui fonL naître ces calcul
alLel'l1ant sont tout à fait indépendantes de la présence des eaux de Vichy, qui, au contraire, tendent
à les atténuer et à les faire dispara1Lre.
De plus, il résulte d'expériences directes ct d'observaLions praLiques que, sous l'influence de ces eaux minérale , les calculs composés d'acide urique eL d
phosphate ammoniaco-magnésien peuvent être détruits
soit par dissolution, soit pal' désagrégation; que ceux
d'oxalate et de phosphate de chaux pourront être désagrégés Lou tes les fois qu'ils seront mélangés d'acide
�-
55-
urique et de phosphate ammoniaco-magnésien, à cause
de l'action que les alcalis exercent sur l'acide urique, '
et à cause de l~ facilité avec laquelle ils désagrégent
J'e phosphate ammoniaco-magnésien; que les calculs
exclusivement composés d'oxalate et de phosphate de
chaux, heureusement fort rares, pourraient encore être
attaqués soit dans leur base, soit dans le mucus qui
leur sert de lien.
§ - Il est évident qu'actuellement l'efficacité des
eaux de Vichy contre les dépôts et calculs phosphatiques doit être admise par les médecins comme par
les chimistes, et qu'elle n'est pas plus contestable que
l'efficacité contre la ,gravelle et les calculs uriques.
C'est par une même action chimique, par l'introduction d'une grande quantité de bi-carbonate de soude
dans l'économie, que les eaux de Vichy sont propres
il toutes les affections calculeuses des voies urinaires.
Elles modifient l'état pathologique de la muqueuse
vésicale, fluidifient le mucus sécrétés, et, en agissant
SUl' la composition du sang, en prévenant la formation
soit de l'acide urique, soit des phosphates neutres,
elles changent la constitution des principes urinaires
de telle sorte qu'en arrivant aux reins et ù la vessie,
ils ne contiennent plus de substances insolubles propres ù former des précipités.
§-
Ainsi les faits pratiques et les déductions chi-
�-56 -
miques concordent pour sanctionner ce qUE' l'expérience et l'observation avaient déjà démontré, pour
renverser les préjugés enfantés par une fautive appréciation des phénomènes.
Les malades n'ont rien à craindre des dangers chimériques qui leur étaient présentés : dans au~n
cas
les eaux de Vichy ne peuvent aggraver leur position;
toujours au contraire elles détermineront une amélioration certaine, si ce n'est une guérison complète.
DIABÈTE SUCRÉ.
§ - On désigne sous le nom de J)iabète ou Glucosurie la maladie principalement caractérisée par une
excrétion excessivement abondante d'urine plus ou
moins chargée de matière sucrée.
Ces urines inodores, d6colorées, semblables à du
petit lait clarifié, présentent une densité Lrè '-remarquable, et lorsqu'elles sont mises en 6bullition avec
une dissolution de pota sc, d soude ou de chaux,
elles prennent une couleur brune rougeâtre d'autant plus foncée qu'elles contiennent une plus grande
quantité de matière sucrée.
Elles sont accompagnées de sécheresse de la bouche, soif inextinguible, fDim exLl'ûordinail'e, aboli lion
�-
57 -
.
des forces corporelles,' de la vision, des facultés génératrices, absence de sueurs, constipation, amaigrissement, dépérissement général, enfin de tous les désordres consécutifs de la consomption et de la phthisie.
Le point de départ de ces désordres, c'est l'urine
sucrée; mais quelle est la cause de celle-ci?
§ - Il Y a quelques années à peine l'affection diabétique était regardée comme un phénomène bizarre,
inexplicable, comme un caprice de la nature en souffrance; rarement observée, inconnue dans ses causes,
dans sa nature, elle restait un de ces mystères impénétrables à la science, inaccessibles il la thérapeutique.
Pour expliquer la formation et la présence du sucre
dans les urines, on invoquait toutes les maladies, toutes les hypothèses: irritation des reins, gastrite chronique, affection spéciale des voies digestives, suroxygénation des humeurs, aberration des forces assimilatrices, agent particulier existant seulement chez les
diabétiques, etc., etc.
La multiplicité des remèdes qui lui ont été oppo és
sans succès donne la mesure de leur impuissance.
Cependant l'expérience avait constaté que, dans
certains ca , ]' eau de chaux, les boissons alcalines,
avaient calmé la soif et produit quelque amélioration.
Aussi dans ces derniers temps, soit en raison de l'action des caux minérales sur les fonctions assimilatrices,
�- 58-
soit en raison des recherches sur la nature et la guérison du diabète, un grand nombre de malades a été
envoyé aux eaux de Vichy.
Tous y éprouvent en peu de temps une très-grande
amélioration, s'ils prennent les eaux minérales en quantité suffisante; le sucre disparaît peu à peu, puis compiétement des urines; la soif s'apaise, la vision reprend
son intégrité, les forces générales renaissent, la constipation fait place à des selles bilieuses d'abord, puis
régulières, le calme succède au malaise, le sommeil à
l'insomnie. Après quinze ou vingt jours de traitement,
les malades peuvent modifiei' l'alimentation il laquelle
ils sont assujettis, reprendre avec modération l'usage
du pain, des pommes de terre, des féculents, sans voi)'
reparaître le sucro dans les urines.
Ces faits sont constants, ils sont signalés par les malades, par les médecins; seulement ils sont interprétés
de différentes manières: les uns ne veulent voir dans
ceLte amélioration obtenue qu'un résultat de l'action
Lonique, des pl'opl'iéLés excitante que po sèdent presque toutes les eaux minérales SUI' la peau, les sécrétions et les foneLions en général; les autres tout en accordanL l'efficacité de cette excitation, trouvent dans
la composition chimique, dans l'alcalinité des eaux de
Vichy, la véritable cause des modifications heureuses
déterminées dans l'élat des diabétiques.
Dans cette affection, les eaux de Vichy sont donc
�- 59-
acceptées par tous soit comme un adjuvant très-utile,
soit comme un remède spécifique et souverain.
§ - Pour bien démontrer l'importance et la nécessité
du traitement alcalin, il convient de faire succinctement l'exposé des différents travaux qui dans ces derniers temps ont cherché il expliquer l'origine du sucre
dans les urines.
On sDit que toutes matières contenues dans l'urine,
existent déjà formées dans le torrent circulatoire, ct
que devenues inutilisables pOUl' l'économie, elles passent à travers les reins comme à travers un filtre, pour
être expulsées par l'appareil génito-urinaire_
L'existence du sucre dans l'économie à l'état normal, physiologique, est un fait reconnu: cc sucre est
uivant les uns le résultat d'une tranformation des alimenls amylacés; suivant les autres le résnltat d'une
'écrétion du foie.
Il a élé prouvé CJue les aliments amylacé', pour pouvoir être digérés et assimilés, sont tranformés en dextrine ct en glucose ous l'influence d'un ferment spécial
c1écouverL par M. Mialhe, la diastase animale existant
dans le liquides salivaires ct pancréatiques. D'après
M_ Mialhe, cf\LLe transformation s'effectue autant ct
plu par la aLi ve que par le uc pancréatique; d'après MM. Bouchardal et Sandras, ell e n'aurait lieu
que par le suc pancréatique.
De son côté M. Bernard, Cil montrant pal' des expé-
�-
60-
riences sur des animaux vivants, que le foie contient
toujours une quanttté de sucre paraissant indépendante
du genre d'alimentation auquel on a soumis l'animal,
conclut que le foie est l'organe sécréteur du sucre.
Ainsi le sucre, le glucose,' existe normalement dans
l'économie, qu'il vienne du foie comme le veut M. Bernard, ou qu'il soit le résultat de la transformation des
matières féculentes comme le soutient M. Mialhe qui
repousse les idées et conclusions de M. Bernard, et
n'admet le foie que comme organe condensateur -et
nullement comme organe producteur du glucose.
§-
Maintenant comment se fait-il que dans l'état
normal de santé le sucre ou glucose ne se rencontre
jamais dans les sécrétions, ct qu'il disparaisse si rapidement du sang que peu d'heures après son introduction il ne laisse point ~e traCes appréciables? Comment est-il décomposé, détruit pour servir aux besoins
de l'économie?
Ici nous sommes en plein domaine de la chimie;
tous les auteurs, Prout, Dumas, Liebig, etc., ont divisé les aliments destinés à la nourriture des animaux
en trois classes: aliments azotés, végétaux, graisseux.
Les aliments azotés (fibrine, albumine, caséum,
gluten), sont dits aliments plastiques, parce que destinés à l'entrelien et à la réparation des organes de l'économie, ils Ile doivent poinl disparaHre par la combustion intra-viscél'ale; et tout en s'unissant à l'oxy-
�- 61-
gène, en s'oxydant en plus ou moins grande proportion, ils ne prennent qu'une part fort restreinte il la
respiration et à la production de la chaleur animale.
Les al'iments végétaux (amidon, sucre) sont dits
aliments respiratoires, parce que se brûlant presque
entièrement dans leur coniact avec l'oxygène, ils prennent la plus grande part aux phénomènes de respiration et de calorification; phénomènes auxquels viennent
également concourir les aliments gras et huileux.
Or si le produit de l'alimentation végétale, le glucose, qui existe dans l'économie, cesse de s'unir ù
l'oxygène pour servir à la respiration et il la calorification, si devenu corps étranger et inutilisable, il passe
en nature dans les sécrétions, c'est qu'une cause puissante, anormale, empêche sa décomposition: c'est
alors un fait pathologique, suite d'une perturbation
des phénomènes chimiques qui s'accomplissent ordinairement dans l'organisme.
Cette perturbation, M. Mialhe l' explique par le défaut d'alcalinité suffisante dans les humeurs de l'économie animale;
M. Bouchardat, par une modification pathologique
dans la digestion et l'absorption des féculents;
M. Cl. Bemnrd, par une lésion spéciale du système
nerveux;
M. Alvaro Reynoso, par la gêne des phénomènes
respiratoires qui déterminent une combustion incompiète du glucose.
�- 62-
Toutes ces causes peuvent effectivement exercer
plus ou moins d'influence sur l'apparition du sucre
dans les urines; mais l'observation démontre que la
plupart des diabétiques n'ont ni une modification des
fonctions digestives, ni une lésion du système nerveux,
ni une maladie des organes respiratoires au moins
primiti vement, et que, dans tous les cas, les alcalis
déterminent une amélioration incontestable. Or, natUTam mOTboru.m cu.l'aliones ostendunt, et, sous ce
rapport, les faits semblent donner complète raison aux
opinions de M. Mialhe.
§ - Pour M. Mialhe, la transformation des féculents
eu sucre n'est pas un phénomène accidentel, pathologique, propre aux seuls diabétiques; c'est au contmire
un phénomène normal, physiologique, résultaL nécessaire des fonctions digestives, Cette transformation
s'opère exactement de même chez le diabétique et chez
l'homme en santé, ous l'influence de la salive et du
suc pancréatique. ~eulmnt,
chez l'un le glucose est
décomposé en présence des alcalis contenus dans les
humeurs animales, tandis que chez le diabétique, il y
il défaut ct' alcalinité suffisante, el conséquemlncnt point
de décomposition,
Comme causes principales de cette diminution d'alcalinité on doit admettre l'abus de liqueurs acide,
l'alimentation exclu lvemenl azotée cL la suppression
�-
63-
de la transpiration, émonctoire destiné à éliminer les
acides de l'économie.
La nécessité des alcalis pour la décomposition du
glucose est démontrée par des expériences directes en
dehors de l'organisme; chauffé avec la soude, la potasse ou leurs carbonates, le glucose forme des combinaisons qu'on est convenu d'appeler glu cosales,
combinaisons éphémères qui se détruisent presque
aussitôt en donnant lieu à la production de matières
brunes ou noires.
ChauiTé avec des phosphates alcalins, le glucose ne
donne lieu à aucune décomposition, il aucune coloration,
semblables à celles qui s'effectuent en présence des
carbonates; parce que le glucose peut bien déplacer
des acides faibles tels que l'acide carbonique et l'acide
sulfhydrique, mais il ne peut chasser de leurs combinaisons les acides forls tels que l'acide phosphorique,
l'acide sulfurique.
De plus, M. Mialhe a constaté que, conLrairement ci
l'opinion admise par tous les chimistes, le glucose n'a
pal' lui-même aucune affinité poUl' l'oxygène, que seul
il est incapable de décomposer, de réduire cerlains
oxydes mr'!Lalliques; qu'il n'a d'action sur le bioxyde
et les sels de cuivre, soit il froid oit il chaud, qu'autant qu'il est en présence d'alcalis libres ou caI'bonatés, lesquels le transforment en matières ulmique ',
seules propres à absorber l'oxygène et à opérer la ré.
duction.
�-64-
De ces faits chimiques incontestables, il tire les
conclusions suivantes :
Le glucose doit, en dedans comme en dehors de
l'économie, être soumis aux mêmes lois chimiques;
Il ne peut s'unir à l'oxygène qu'après avoir été décomposé, par l'intervention indispensable des alcalis
libres ou carbonatés, en de nouveaux produits: acides
ulmique, formique, glucique, mélassique, qui forment
avec les bases de nouveaux sels;
J~a
combinaison de ces produits avec l'oxygène est
une véritable combustion (comme celle des citrates,
des tartrates, etc.) qui donne lieu à des résultats toujours identiques, eau, acide carbonique, matières ulmiques;
Dans l'organisme, c'est le liquide sanguin qui
fom·nit les éléments de décomposition et de combustion : carbonates alcalins et oxygène; si ces éléments
sont en quantité suffisante, le glucosé se détruit compIétement eL ne laisse aucune trace; s'ils sont en quantité insuffisante, le glucose non assimilé est rejeté par
tous les appareils de sécrétion.
M. Mialhe fait observer qu'en dehors de l' action
spéciale des carbonates alcalins, Lout ce qui favorisera
ou arrêtera les phénomènes générau de combustion
intra-vi cérale, exercera la même influenc sur la de truction du glucose. Sous c rapporL, il reconnaît la
grande part que peuvent avoir à la production du diabèle les altérations du système nerveux indiquées par
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M. CI. Bernard, et il est parfaitement d'accord avec
M. Alvaro Reynoso, qui a démoiltré que lorsqu'une
cause quelconque vient il troubler la respü'ation et gêner l'hématose, il y a combustion inpomplète, et par
suite passage d'une plus ou moins grande quantité de
sucre dans les urines. De sor le ql\e tout ce qui activera
la circu lation ct ln respiration (marche, elforts musculaires, air vif eL pur) sera favorable ct indispensable à
la de, truction complèLe du gluco e.
Donc, pour remédier II l'affection diabétique, il faudra replacer l' économie dans les conditions nécessaires
à la décomposition et à la combustion du glucose, en
administrant les caI'bonates alcalins et en activant les
phénomènes de circulation ct de respiration.
§ - Cette théorie de M. Mialhe est, de l'avi mêlTie
de ses contrad icleur , hardie eL ingénieuse; ffi1:tÏb \
disent-ils, elle est renversée pa r U1,1 fait important: c'est
que le . ang des diabétique n'esl, jamais acide ou
neutre, il reste toujours alcalin.
A ceLLe objection, M. Minlhe répond: Si le sang
des diabétiques resLe alcalin, et cependant s'i l est impropre " lu décomposiLion du glu cose, c'est qu'il a une
anomalie particu 1ière d'alcaliniLé.
A l'étal de santé, l'alcalinité du sang est déterminée
par d s carbonates al, alins et un peu par des phos~
phates alea lins; ces derniers, malgré leul' propriété
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de bleuir le papier rougi de tournesol, ne sont point
admis par les chimistes comme substances véritablement alcalines, et de plus ils sont impropres il dé'composer le glucose.
Or, chez les diabétiques, le sang reste alcalin parce
qu'il est riche en phosphates et pauvre en carbonates,
et la portion d'alcalinité déterminée par les phosphates
est complétement nulle pour la destruction du glucose
qui ne peut s'effectuer qu'en présence des carbonates.
M. Mialhe rapporte que cette opinion a déjà été
émise (on lit dans l'ouvrage de M. Rayer sur les maladies des reins, 1 cr vol., p. 263 : « On .a dit que le
phosphate de chaux était en excès dans le sang des
diabétiques» ), il est persuadé qu'elle sera confirmée
quand on aura pu recueillir une assez grande quantité
de sang diabétique pour en faire l'incinération comparativement au sang normal; et il maintient que le
diabète reconnaît pour cause un vice d'assimilation du
sucre par insuffisance d'alcalinité dans l' économie, ct
par alcalinité il entend les bases alcalines libres ou
carbonatées, et nullement les phosphates alcalins.
§ - Telle est la théorie de M. Mialhe; on ne saurait
se dissimuler qu'elle est très-séduisante et qu'elle repose sur deux faits incontestables : d'une part, la
transformation de la fécule en glucose par la diastase
animale; d'autre part, l'action ct alcalis SUl' la ma-
�- 67-
tière sucrée. Sans doute, on voudrait une démonstration directe du défaut d'alcalinité, ou plus exactement
de !a diminution d'alcalinité du sang; mais on est
obligé de reconnaître que cette théorie conduit à une
thérapeutique vraiment efficace, et qu'elle doit appeler toute l'attention des physiologistes et' des médecins.
Le traitement de M. Mialhe est la conséquence de ses
opinions; pour guérir le diabète on doit s'efforcer de
rétablir l'état normal des humeurs viciées et l'ordre naturel des fonctions assimilatrices, en introduisant dans
l'économie l'nlcali qui fait défaut, et en expulsant les
acides qui prédominent.
Pour remplir la première indication on peut administrer l'eau de chaux, le ca,rbonate d'ammoniaque,
le lait de magnésie, le bi-carbonate de soude, l'eau de
Vichy; ce qu'il importe, c'est de faire parvenir une
quantiLé sufOsante d'alcali dans le sang. Si l' ea u de
Vichy, le bi-carbonate de soude, ont été spécialement
reco .TImandés, c'est qu'ils ont été employés avec le
plus d'av(:l.l1tage.
Pour rétablir la transpiration on mettra en usage les
bains alcalins, les bains de vapeurs, la flanelle, les friction , les sudorifiques, en un mot tout ce qui peut favori el' la sécrétion cutanée et la rendre plu abondante;
en même temps que pal' la marche, les efforts musculaire", on activera la (',il' ulalion Lla r sp iration pour
�-{j8-
déterminer des phénomèmes plus complets de combustion intra-viscérale
Quant il l'alimentation qui peut exerce!' une grande
influence, il faut observer que le régime animal usité
comme c~ratif
de l' affection diabétique, ne constitue
qu'un traitement palliatif, et que ce n'est que par l'emploi simultané des sudorifiques et des préparations alcalines qu'on peut espérer de maîtriser la cause première du mal; aussi les féculents ne doivent pas être
entièrement proscrits, mais seulement réduits de moitié ou du tiers, car il est évident que ce n'est pas la
saccharification de la fécule qui constitue la maladie
elle-même, mais bien la tendance qu'a le sucrc il passer dans le urines sans êLre décomposé, tendance qui
existe quoiqu'on n'introduise plu de matières féculentes dans l'économie.
§ - M. Bouchardat tout en n'admettant pas les
idées de M. lVlialh e, reconnaît que « la diminution
») d'alcalinité du sang chez les diabéllquc doit sans
» contrcdit, avoir pOUl' e11' t de rendre moins rapide
» la destruction du glucose qui parvient dans la cirlation, et que dan certain es conditions de la glu» cosul'Ïe on doit chercher h augmenter l'alcalinité du
sang. ») .Pour a l'ri ver i ce buL, non-seulement il
cons ille l'emploi des eaux de Vichy, mais il cherche
il dOll.ller naissance dans J'économie il LUl • plu. grande
quantité de \)i- arbollate d , oud Cil subsLilllHUl le ci1)
)1
�-
69-
trate et le tartrate de soude au sel commun dans tous
les aliments des di al étiques.
Voici du reste comment il s'exprime, dans son Traité
du Diabète sucré, en 1851, sur l'influence des eaux de
Vichy:
« Dès18Uje pl'escrivaislesalciüins à mesglucosu» riques, et depuis cette époque j'ai tous les ans en) voyé quelques-uns des glucosuriques que je dirigeais
}) passel' unesaison à Vichy. Ainsi avant que M. Mialhe
» ail rien écrit sur cette maladie, je prescrivais les al·» calins aux glucosuriques; je les prescrivais nOll
» comme méthode de traitement exClusive, mais
>l comme un simpl e adjuvant qu'on ne devait pas
» négliger, soit pour faciliter et régulariser la diges» tion, oit pour rendre possible . l'utilisation d'une
» plus grande quantité de féculents, soi,t pour préve}) nif ln formation d'un excès d'acide urique qui suc» cède sOllvent au gluco 8 . »
§ - Ainsi qu'on adopte la théorie de M. Mialbe,
ou qu'on pr6fère les idées de MM. Bouchardat, CI. Bernurd, Durand-Fardel, etc. , qui ne reconnai sent comlU~
résultat du traitement thermal que l' xcitation génél'al, la tonicité particulière développée dans l'économie des diabétiques, il n' n résulte pas moins que de
toutes les caux minérales, les eaux de Vichy étant les
plus chargé 's de principe::; bi- 'urbonatés, constituent
si CP n'm;1 le s ulet vé"itablt: Ll'ilil.l'l1ll'nl de l'ail 'cLion
�-
70-
diabétique, au moins la médication la plus favorable,
celle qui jusqu'à ce jour a présenté les résultats pratiques les plus satisfaisants. Elles possèdent des vertus
toniques tout aussi puissantes que les bains de mer et
les autres eaux minérales, et de plt~
elles ont l'avantage d'ajouter à cette action générale d'excitation,
l'action spécifique qui les caractérise. Par les alcalis
qu'elles introduisent dans le liquide sanguin, elles reconstituent les conditions chimiques nécessaires à la
vie, à la dissolution et à la sécrétion de la bile; elles
rendent la transparence aux humeurs qui sous l'influence des acides avaient pris une apparence laiteuse,
et par suite rendent à la vision sa force et sa clarté;
elles déterminent l'assimilation du glucose et rétablissent ainsi la sDnté; conséquenœ dc l'état normal de
l'organisme.
Des malades diabétiques depuis assez longtemps,
sont revenus de Vichy dans on état d'élmélioration extraordinaire; d'autres chez le quels l'affection commençait, ont été guéris comme par enchantement dans
un espace de temps très-court.
Quelques semaines de séjour et de traitement i:t Vichy suIfisent pour paralyser, faire di paraHre une maladie con, idérée naguère comme Ï11c'UTable et loujOU1'S rno1'lelle; et lors même que la cause première
ne pourrait être complétement détruite, lorsqu'il yaurait néces ité de continuer loin des sources l'usage des
CilUX de Vichy, il faul, convenir qlle la ce saLion des
�-71accidents morbides, la réintégration des forces, le bienêtre, obtenus à l'aide d'un remède qui n'est ni désagréable ni assujettissant, doivent être considérés comme
un incontestable succès et un véritable bienfait.
· ....
.... ....
80CIIITi
.,.e
SCIENCe s ~OICAL&S
OF
·.. r ... .,
--._--
��TABLE DES MATIÈRES.
Vichy . .•..... . .. . ... . . . . . ... .. . ..... .. .. .. .. ..... .... . . . . . ..
Travaux exéc u tés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Sources .. ... ... . . .. . . ........... , ... . .. , . . .. . . . . .. . . . . ... . . ..
An alyse, propriétés cbimiq ues et physiques.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Spécialité des eaux minérales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . '" . .....
Emploi, action générale.... . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Action spécifique, alcalinité des sé!'.rétions.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Influence SUl' l'économie.. ...... ... . .. ... .. .. . .. '. ........... .
Indications et contl'e-indications .. .. . " . .. . . . . . . ..•. . . . .... . . ..
DifTél'ence des sources.. . . . . . . . . . . . . . . .......• . . .. . .. . ........
Gl'ancle gl'ille . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Puits cal'l'é, puits chomel. .. . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Hôpital. . .. . ... . . ...... ... . .. .. .... .. .. . .... . . . ....... . .. .. . .
Lucas et Acacias . . .• . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. . ....
Célestins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Hauteri ve, Bros on .. .. . .... , . .. . . . .... .. . . '" . . . . .. . .. . .. . . ..
Dames, Lardy.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .... . . ...
Nécessité d'une direction médi cale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Régime . . . . .. . .... .. . .. ..... .... . . . .. .. . .. ....... .. . ........
Eaux transportées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
~tud
e pal'ti culi èl' de l'action des ea ux SUI' :
La go utte, le rhum atisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . ... . ..... .. ..
L' albuminurie ... . . , ' " .... . .. '" . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .. ... . ..
La gl'avelle et les calculs urinaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
t G1'(Ive lle et culculs 'Uriqu es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . . . ..
tt Dépôts pltosplw tiques . . . . . . . . . . .. ... ... ...... . . . . ... . ..
ttt Résllmé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Lu Diabète sucl·6.. . . ..... . . . . . . . . . . . .. .. . . ....... . .... . .. .. . "
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56
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
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Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
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A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Loèche-les-Bains (Suisse)
Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Vichy
Soultzmatt (Haut-Rhin)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Grillet, Joseph-Hyacinthe
Billout, Alphonse
Bach, Joseph-Auguste (1809-1886)
Béchamp, Antoine (1816-1908)
Kirschleger, Frédéric (1804-1869)
Title
A name given to the resource
Les sources thermales de Loèche au canton du Valais
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Calpini-Albertazzi
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1845
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) TH 615.853 GRI
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Crénothérapie – France -- Vichy (Allier) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France -- Soultzmatt (Haut-Rhin) -- 19e siècle
Eaux minérales -- Suisse -- Loèche-les-Bains
Eaux minérales -- France -- Vichy (Allier)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
VII-207 p. - [1] f. de pl.
application/pdf
Description
An account of the resource
Demi reliure bleue, dos plat, filets dorés, pièce de titre dorée. Titre-auteurs au dos : "Eaux minérales Grillet Billout Bach". Dédicace autographe de l'auteur sur fausse page de titre de "Notice sur les eaux minéro-thermales de Luxeuil" : "A mon honorable confrère le Dr Delarrousse.". "Les sources thermales de Loèche au canton du Valais" contiennent une bibliographie. Relié avec : Notice sur les eaux minéro-thermales de Luxeuil et spécialement sur le bain ferrugineux / par le Dr A. Billout. Paris : Baillière, 1857. - 72 p. ; Des eaux gazeuses alcalines de Soultzmatt (Haut-Rhin) / par le Dr Bach, … Suivi d'Une nouvelle analyse des eaux de Soultzmatt / par M.Béchamp, … Suivi de De la flore des environs de Soultzmatt / par M. Kirschleger, ... Paris : Baillière, 1853 - (VIII-275 p.) ; Notice médicale sur les eaux minérales de Vichy. Paris : Masson, 1854 - 71 p.
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Les_sources_thermales_de_Loeche_832584
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Crénothérapie -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France -- Soultzmatt (Haut-Rhin) -- 19e siècle
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