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LES CLIMATS DU MIDI DE LA FRANCE
LA CORSE
ET
LA STATION D'AJJ\CCIO
MISSION SCIENTIFIQUE
AYANT
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OUJET
D'ETUDIER
L'IN lcLUENCE
DE
CLUIATS
sun J,ES AFFECTIONS CanONIQUES DE LA POITRINE
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��LE CLIMATS DU MIDI DE LA FRA CE.
LA CORSE
ET
LA STATION D'AJACCIO
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�OUVRAGES DU MÊME ACTEUR
Les Climats du midi de le France. Mission scientifique ayant pour objet
d'étudier leur infl uence sur les affections chroniques de la poitrine. Premier rapport à son Excellence le Mini Ire d'État. Paris, 1862 . In·18.
Id ées ct priucipes qui doivent présider à l'êlll lie des climats et de leur iulluence.
Stations de Hyères, Cannes, Nic e, Menton.
Influence des pays obaud. sur la march e de la tuberoulisation. Paris,
1851.
Mezos. Études sur l'emprison nement cellnl niJ'c ct la folie pénitcntiail·c.
3e éd itioR . Paris , 1858.
De la médioation laoto·ohlorurée dans les affections de poitrine. PaI"is,
\ 8GO.
Du Climat d 'Alger dan les affections chroniques de la poitrine. RapPoI·t
fait à la suitc d'unc mission médicale en Algéric, et présenté à son ExcPiIn -8.
lence le l\'I.inistre de l'Algérie ct des Colonies. 2 0 édition. Paris, l~GO.
(EX/l'ait des Annales d'IIygiène publique et de médecine légale.)
Chetnins d e fer et santé publique. Hygiène des Voyageurs et des Employé'. Pads, 1HG 1. In - J B jésus, 314 pages.
Les Eaux-Bonnes ( ~ ase-Pyrcné).
Voyage, - Topographie, - Climatologie , - Hygiène des Val étudin aires, - ValeUl' thérapcutique des Eaux,
Promcnades, - Rensrigncments. Paris, IS(j:l. In-1 H avec 2 cartes.
De la
Don-exi.t~
d e la
coliqu~
de cuivre. Paris, 1858. (A Il/wles d' Hy .
, torne IX.
giène publique el de nlédecine légale.) ~"séI'Î
Exist.-t-il uu e affection propr" aux ouvr iers en papiers peiuts qlli
l11:\nient le vert de Schwcinfurt. Paris, 1858. (AnI/ales d' lI!Jgiène publique
et de médecine légale. ) 2" série, tom\) X.
�LES CLIMATS DU MIDI DE LA FRANCE
LA CORSE
ET
LA STATION D'AJJ\CCIO
MISSION SCIENTIFIQUE
AYANT
poun
OUJET
D'ETUDIER
L'IN lcLUENCE
DE
CLUIATS
sun J,ES AFFECTIONS CanONIQUES DE LA POITRINE
econd l'a PPol't à S' ]l,c, le MinislI'e d'Étal
l'A.n LE DOC'l'ELR
PROSP ER
M I ~ 1> I ~ C l N
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�DEUXIÈME RAPPORT
A SON EXCELLENCE LE MINISTRE D'ÉTAT.
MONSIEUR LE MINISTRE,
Ma première pensée, en vous communiquant mon
l'apport sur l'influence des climats du midi de la France
dans les affections chroniques de la poitrine, avait été
de transmeltre à Votre Excellence l'expression des sentiments de s)'mpathie et de gratitude qui de to~e
part
encourageaient ma mission, et en consacraient ainsi
l'importance; mon premier devoir, en venant vous
rendre compte de ces nouvelles éludes, doit êlre de constateL' l'accueil qui a été fait à mes idées et aux conclusions auxquelles j'étais arrivé. Il ne s'agit nullement
d'obéir à un sentiment d'amour-propre; le bul à atteindre est plus élevé, car il faut déterminer la véritable
et la seule portée de ces investigations et de ces études.
Be or not ta be (être ou ne pas être), voilà toujours
l'alternative qui se dresse devant les climatologistes de
toules ces contrées .
Si j'ai rapporté fidèlement leurs pensées, si j'ai rendu
DE PIETnA
- SA,~T
.
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·
1
�LES CLlRI.\TS UU MIDI.
consciencieusement leurs aspirations, mon travail mérite d'être pris en considération; si je me suis mépris
et SUl' leurs communications et sur les résullats de leur
pratique, il est inutile de stationner plus longtemps SUl'
cette voie difficullueuse et sans issues,
]1
Dès le début de ma mission, j'avais eu le regret de
reconnaître que le programme tracé pal' l'Académie
impériale de médecine n'était pas immédiatement réalisable, car il n'existe pas actuellement, dans les stations du Midi, d'obset'vations météorologiques précises
et comparables, et l'on ne trouve nulle part un système
de vérificalion de décès analogue à celui qui fonctionne
si utilemeRt à Paris.
Ces circonstances m'ameuaient à dire: si la solution
scienlifique du problème ne peut être que l'œuvre du
temps, apI' s l'installalion préalable d'observaloires
complets (1), et le fonctionnement de statis tiques régulières (2), il fauclra pour le moment s'en tenir à des
(i) Le sanmt directctll' dc l'Observatoire de Paris ,'cut bien s'occuper de la rédaction dc l'instruction généralc qui dcvicndra, sans
contcstc, la loi de toutcs les obscrvations météorologiques, Les administrations locales s'cmprcsseront d'acheter lcs instruments qui
seront reconnus néccssaires, et les climatologistcs se l'eront un devoir de sc conrormer au programme si impatiemmcnt attendu de
111. Levcrrier. 1\1M. les maires et l\1M. les médecins m'cn ont donné
l'assurance formelle.
(2) L'idée dc la création des médecin s inspecteurs des stations
�IIAPPOIIT A
1II1NJ5TIlE D'ÉTAT .
3
résultats approximatifs, et profiter des ren~igmts
recueillis au près des praticiens les plus distingués .
« Ces notions ne constituent pas la science, mais elles la précèdent et la dirigent.
1)
III
Permettez-moi, M. le Ministre, de rappeler tout d'abord l'énoncé des cinq formules au développement
desquelles j'ai déjà consacré les dé/ails les plus circonstanciés :
A. Reconnaître l'heùreuse disposition des côles de la
Méditerranée;
B . Établir une dislinclion entre le séjour de la zone
dn litloral attenante immédiatement à la mer, et la zone
hibernales n'a pas fait beaucoup de progrès au ministère de l'agriculture et du commerce.
Je crains que l'on ne se préoccupe trop d'Inconvénients iohérent~
à la nature seule des inspections thermales; si la haute intelligence
de l\i. le Ministre pouvait consacrer quelques instants à l'examen de
celle question, elle serait immanquablement frappée des avantages
particuliers de la création que je sollicite, et qui se résument dans
ces propositions:
Plus de garanties aux malades pal' un sen ice sérieux de la médecine;
Possibilité de recueillir les documents relatifs à la météorologie,
à la statistique, aux épidémies;
Surveillance locale des principes de l'hygiène publique dans une
application mieux en tend ue;
Communauté d'idées plus suivie avec j'Académie impériale de
médecine et le Comité consullalif d'hygiène.
�LES
DU MID I.
CLl~.HS
des collines s'étendant à quelques kilomètres au delà
du rivage dans l'intérieur des terres;
C. Coordonner les id ées résultant d'une part de
l'examen de l'état pathologique; de l'autre, de la connaissance de la station d'hiver : adapter en un mot
chaque catégorie de malades à chacune des deux zones
indiquées, et dans le choix de celles-ci, se diriger selon
les particularités elles-mêmes de l'affection;
D. Se rendre de bonne heure dans le Midi, afin de
prévenir le mal dans ses premières manifestations, et
de l'arrêter dans ses évolutions successives;
E. Constater la régularité et la constance de tempéraLure de toutes ces localités, pendant la période de Lemps
compeise entre dix heures du ma~in
et trois à quatre
heures cl II soir (Joumée médicale) .
Les conseils que je donnais aux malades , aux médecins, aux administrations locales, n'étaient que les
corollaires dê ces principes nettement et simplement
formulés.
IV
Comment a été accueilli mon l'apport par l'A cadémie
impériale, par la presse et les confr-ères, et par la Société de médecine de Marseille? C'est ce que je vais
examiner successivement et d'une manière tr-ès-sommaIre.
Voici les conclusions présentées à l'approbation de
�RAPPORT AU JI1INISTRE D'ÉTAT.
l'assemblée, par lV1. le docteur Barth, au nom de la
Corn mission, composée de .MM. Louis Regnauld et
Barth (1) .
« En résumé, il résulte du rapport de M. de PietraSanta, dont nous venons de tracer une exacte analyse,
que l'au teur, parti de Paris le 1er février 1862, a, dans
l'espace de quelques mois, visité non- seulement . les
stations d'Hyères, Cannes, Nice et Menton, mais encore
une suite d'autres localités du littoral de la Méditerranée jusqu'à Livourne et Pise.
« Dans ce court espace de temps, il n'a pu recueillir
de documents nouveaux et plus pr6cis que ceux qui
sont consignés dans la science, et il se borne à signalel'
les avantages incontestés du séjour des phthisiques
dans les pays méridionaux pendant l'hiver;
« A proclamer l'utilité de faire cette émigration le
plus tôt possible, dès les premières apparitions du mal;
« A subdiviser ces stations en celles du littoral même
et celles des co1lines, les premières plus favorables aux
cas de phthisie avec prédominance lymphatiqlle, les
secondes pl us appl'opri6es aux tubercules avec éréthisme;
« A insister sur l'importance de limiter la journée du
malade à celle période comprise entre" dix heu l'es du
malin et quatre heures du soil';
« A émettre le vœu qu'il soit fourni de nouvelles
inslruclions, formulées par l'Institut ou par l'Observa(1) Bulletin de l'Académie impériale de Médecine . Pari,;, 1862,
p.103etsuiv.
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t. XVII,
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LES CLIMATS DU MIO I.
toil'e de Paris, SUl' les meille ures conditions dans lesquelles doivent être faites les observations météor ologiques ;
cc A deman der des instrum ents précis, contrô
lés et
comparés avec .ceux de l'Obse rvatoir e;
cc Et à propos er la création de Médecins-Inspecteu
rs
des stations du midi de la France" qui seraient spécialement investis de la mission de faire les relevés concer nant les conditions météorologiques, de solliciter des
munic ipalité s les statistiques mortua ires et de cor~es
pondre avec l'Académie et le Comité consul tatif d'hygiène .
Après celte analys e, l'Acad émie est à même de
formu ler avec connai ssance de cause l'avis qui lui est
deman dé, et votre Commission vous propose de répond re
à M. le Ministre d'État, que le rappor t de M. de Pietra Santa contÎl~
des appréc iations pratiqu es d'une utilité incont estée; qu'il signale des améliorations locales matérielles dont la réalisation ne peut avoir, pOUl'
les malade s et pour ces localités elles-m êmes, que des
résultats avantageux; qu'il émet des vœux sur lesque ls
l'Acad émie n'est point appelée à s~ pronon cer; et que
ce premie r travail laisse à désirer des relevés statistiques nouveaux, capables de faire mieux appréc ier les
avantages comparatifs des station s d'Hyères, Cane~,
Nice et Menlon, quant à leur influen ce sur les affections chroni ques de la poitrin e. »
Le point capital de ces conclusions, le plus impor tant
parce qu'il est le ~lus
ulile dans l'appli cation , pal'ce
cc
�RAPPORT AU M1N1STilE D'tH.T .
7
qu'il répond complétement au but que je désirais atteindre, c'est la constatation par l'illustre aréopage:
« qu e mon rapport contient des appréciations pratiques
d'une utiIilé incontestée . »
J'avais dit à la page 37 de mon travail:
« Il s'agit moins de constater des découvertes que de
vulgariser des notions reconnues efficaces par la grande
majorité des hommes les plus autorisés. »
Et à la page 39 :
« Ma préoccupalion constante, au milieu de ces difficiles recherches, a été de pouvoit' atteindre et signaler
dès à présent un but pratique, utile, immédiat. ))
J'ai aussi la satisfaction d'avoir' pu signaler dans les
diverses stations « des améliorations ma térielles au si
e fficaces pour les malades que pour les localités, ))
J'aurais vivement désÎr'é voü' adopter, pal' la Commission, les vœux que j 'ai émis au sujet des observatoires météorologiques et des médecins-inspecteurs.
Cette ol'ganisation aurait hâté le moment où l'on
pourrait apporter à la tribune académique des faits bien
co~stan
de guérisons,
Dans l'état actuel des choses, quel est le médecin qu i
a pu suivre les évolutions successives de la maladie, ct
tenir compte de l'action des agents thérapeutiques, contribuant, en dehors du climat, à l'amendement de l'affection?
L'impossibilitéde présenter des idées immédiatement
pratiques, corrohorées de chiffres et de statistiques,
con trôlées par des diagnostics précis, m'a déterminé à
�us
CLlnLHS OU MIOI.
m'écarter un peu du programme, pour appeler, dès
aujourd'hui, l'attention publique sur des éludes d'un
intérêt général, pour vulgariser des notions reconnues
efficaces, pour formule~'
des conseils utiles et vrais.
Au lieu de m'appuyer sur des statistiques plus ou
moins fidèles, j'ai invoqué le consensus omnium .
Au lieu d'insister sur les détails d'observations d'une
authenticité équivoque, j'ai mis en relief ce grand fait
de l'émigration devenant propriétaire, et s'installant,
à poste fixe, dans les stations où elle avait retrouvé la
santé et la vie .
v
Toutefois, les réserves de l'Académie devaient impressionner mon esprit et m'imposer l'obligation de
me recueillÎr de nouveau dans le silence de l'étude,
pour interroger ensuite, d'une façon plus pl'écise, les
modestes et savants confrères qui m'avaient éclairé de
leurs lumières . Ces circonstances ont modifié mon
itinéraire; et , avant de me rendre dans les Pyrénées,
alors même que VoIre Excellence me conviait, avec
tunt de bienveillance, à continuel' mes investigations,
j'ai voulu revoir et parcourir les principales localités
que j'avais visitées l'an dernier.
J'éprouve une bien douce satisfaction à vous annoncer, M. le Ministre, que les villes d'Hyères, de Cannes,
de Nice, de Menlon, ont adopté de la manière la plus
jl
�IUPPORT AU MINISTltE
1)'
in.n.
absolue les observations et les conseils que j'avais consignés dans mon rapport supplémentaire.
Les administrations locales se sont fait un plaisir
d'encourager la publi cation de mon travail, et de le
conserver comme un programme à suivre dans les
améliorations qu'il s'agira d' ùÜToduù'e , pour la plus
grande satisfaction des valétudinaires et la prospérité
mieux entendue de chaque station d' hiver.
Quant aux praticiens, ils ont reconnu dans les idées
capitales de mes études, leurs pensées et leurs aspirations; et s'ils m'ont laissé le mérite de les formuler
d'une manière précise et scientifIque, je leur reconnais
celui de leur application journalière.
L'existence, sur tout le liltoral méditerranéen, des
deux catégories de climats correspondant chacun à une
forme déterminée de la maladie, voilà donc le principe
fécond en conséquences des plus heureuses et des mieux
constatées (1).
(1) M. le docteur Farina, auleur d'un intéressant E ssai climatologique sur JlJellton, publié sous les auspices de M. Gavini, préfet des
Alpes-M.a rilimes, très-bienveillant pour tous ces travaux, s'exprime
en ces termes:
« Je crois que la division proposée par le docteur de PietraSanta, etl'applical ion quïl en fait aux différentes formes des maladies de la poitrine, sont fort justes et basées sur de consieu~
observalions cliniques.
« Je dois ajouter qu'elle coïncide parfaitement avec mes vues
pratiquesl ct qu'die correspolld, du reste, à Il marche des maladi cs
lentes de la poitrine dans notre pays.
« Dans les conseils que cet honoré confrère donne aux "alétuclinaires, il sc conforme en tout point à mes prescriptions.
« Il est nécessaIre que les malades changent de climat dès le
Commencement de leurs afl'eclions, et, après avoir choisi cclui qui
�10
LES CLllIATS DU MIDI.
.
VI
Je dois nécessairement passer ici sous silence les articles intéressants publiés dans les Revues scientifiques
et dans les journaux politiques, pal' les écrivains les
plus recommandables (L. Figuier, - Grimaud de Caux,
-l'abbé Moigno, - Léopohl Amat, - Amédée Lalour,
-Berigny, deVersailles, - Henri de Parville, --:- docteul' Bottini, - Victor Borie, etc.), ainsi que la volumineuse correspondance toujours sympathique de
MM. les Préfets, Maires, Médecins et Valétudinaires de
to utes ies classes sociales.
J'appellerai volontiel's votre attention sur un rappol'l
demandé par la Sociélé de médecine de Marseille à l'un
de ses membres les plus compétents. Mes confrères de
la cité phocéenne étaient très à même, par leur voisinage des stations d'hi ver, et par leurs relations de
tous les jours avec l'émigralion, de juger de l'utilité et
de la raison d'être de mes distinctions et de mes conseils.
Voici l{uelques passages du travail de M. le docteur
Bourgarel, point de départ d'une discussion très-inst.ructive, qui a mis en ' relief et consacré r i mpor·tance,
des conclusions :
pourra mieux leur convenir, ne se contentent pas d'y faire un séjour
de qu elques mois, maÏ5 bien d'y demeurer jusqù 'à la guérison radicule. »
•• ,.(>
/
�RAPpon T AU lIINISTII E D'ÉTAT.
Il ne m'app artient pas de discute r l'utilit é des créations proposées, mais quel que soit le moyen mis en
œuvre , n'est-i l pas permis de se deman ùer si le but
pourra être atteint , c'est-à -dire si, au bout d'un certain
nombr e d'anné es, grâce à une grande exactit ude dans
les relevés statisti ques et les observations météo rologiques , nous serons bien fixés sur la valeur relative de
stations de nos côtes, et si nous sauron s laquel le mérite
la p réfé t'en ce dans tel ou tel cas?
c( Ce qu'il
import e de connaH re, ce n'est pas le
nombr e des morts, mais de ceux qui paden t à la fin de
l'hiver , et, ce qui es t plus difficile, la durée de la guérison ou de l'amél ioratio n obtenu e.
c( Quant aux observ ations météor ologiq ues, pensez
vous qu'elle s amène nt à con taler des diIIérc nces bien
notabl es?
« Le fait le plus impor tant, fait bien établi
par
l 'auteu r du travail cl ont j 'ai l'honn eur de vous rendre
compt e, est cel ui-ci :
« Sur toute la côte, dans les bonnes expositions, la
tempé['atu ['e es t régulière et consta nte dans la périod e
compr i e entre dix heures du malin et trois ou quatre
heures du soil'.
« En résum é, dit M. Bourg arel :
« Je louera i la pmden ce dont l'auteu r a rait p.'euve
en évitant de se laisser aller' à un enthou siasme trop
promp t pOUl' quelqu 'une des localités qu'il a visitées,
el à un jugement précip ité. qu'il eût peut-ê tre ['egrelté
plus tm'd.
(C
�12
LES
.DU MIDI.
CLl~UTS
C'est un doux spectacle pour nos cœurs provençaux
que de voir un homme compétent proclamer l'excellence
de notre ciel, et de tous les séjours parcourus par lui
n'en préférer atlcun, parce qu'il les aime tous . ))
«
VII
Après vous avoir indiqué, M. le Ministre, le mouvement d'idées qui s'est manifesté à l'Académie de Médecine et dans la presse, à l 'occasion de mon premier
l'apport, je devrais, descendant de la théorie à l'application, aborder avec confiance l'étude d'un climat pel!
connu, mais très-digne de l'être, je veux dire le climat
d'Ajaccio.
TOl1tefois, il m'a paru nécessaire de la faire précéder
de deux chapitres qui en formeront pour ainsi dire la
préface, tout en complétant ce deuxième rapport.
Dans le premiet·, je signalerai la tendance des travaux
publiés en dernier lieu su l' la climatologie .
Dans le second, je constaterai l'influence réelle de
l'atmosphère maritime sur les affections chron iques
de la poitrine.
, •.1}
�RAPPORT AU MINISTRE n' ÉTAT.
VIII
ÉTAT ACTUEL DE LA CLIMATOLOGTE.
Les publicati.ons récentes relatives à la climatologie
sont aussi nombreuses que variées : dans l'impossibilité
de pouvoir les mentionner toutes, je m 'occuperai du
travail qui résume le mieux les notions acquises à la
science jusqu'à ce jour: L e climat d'Égypte, par le doc- ,
teur Sc1mepp, médecin sanitaire à Alexandrie (1).
Je me propose de l'analyser avec attention, ,en me
plaçan t au point de vue de la thèse que je so uti ens , afin
de mieux en déterminer l'importance .
Voici d'abord la réponse de notre honorable confrère
à ces deux questions :
Quelle est la meilleure méthode à consacrer à ces
études?
Quelles sont les dispositions d'esprit qu'il faut yapporter? .
(l Cette question si simple ùu choix d'un climat, que
tout médecin bl'evelé, ou même non breveté, résout si
aisément en présence d'un malade, es t cependant assez
complexe, et même, après avoir parcouru un grand
nombre de pays, apt'ès avait- étudié comparalivement les
(1) L'ouvrage, dédié à S. A. I. le prince Napoléon, est publié sous
le haul patronage de notre illustre collègue cl maître, le professeur
Rayer.
�LES CLIMATS IlU MIDI.
conditions cl imatériques des localités les plus vantées
elles plus recherchées, nous nous trouvons encore em barrassé pOUl' conclure, et nous sommes forcé de nous
recueillir avant de nous prOnoncer.
« Nous déclarons très-humblement, après bien des
hésitations, que nous ne possédons actuellement que
des documents climatériques très-incomplets, et encore ceux-ci sont-ils limités seulement à un très-petit
nombre de points du globe; d:un autre côté, la géographie médicale, née à peine d'hier, ne saurait, malgré
les données importantes qu'elle a cependant colligées
déjà sur queI(Iues zones terrestres, préciser davantage,
quant à présent du moins, la distribution des maladies
sur llo_tre planète. Il faudrait le concoUl's de bien des
dévouements, pOUl' élucider une foule de questions
graves qui ont été posées en partie, quoiqu'il y en ail
beaucoup d'autl'es qui ne soient pas mêJ;I1e formulées. »
Aprés avoir rappelé les candi tians que le père de la
médecine impose à un médecin instruit qui veut se
fixer dans une localité, M. Schnepp ajoute:
« Nous avons été frappé de ce que les connaissances
du médecin sont trop souvent exclusivement médicales,
et de ce que celles du climatologiste ne s'étendent pas
assez aux lois de la science biologique. Aux œuvres
de climatologie générale ou même sHéciale ne peu vent
plus concourir les récits de ces voyageurs qui ne font
que haverser les pays . Un cJimatologiste, sl,lÎvant nous,
doit être fixé n demeure, pendant une époque plus
ou moins grande, dans la localité même dont il veu t
. ..
.~
�n.~PORT
AU ~lIN1STRE
D'ËTAT.
15
étudier le climat; c'est à lui seul qu'incombe le soin
d'en parJer .
!I Pour formuler complétement notre pensée, nous
dirons que la climatologie est une de ces sciences qui
ne peuvent progresser ql;le par l'association des travailleurs.
« Nous ajouterions aussi très-volontiers, s'il était besoin de stimuler ces travailleurs, que, conformément
aux principes hippocratiques, le médecin qui se dévoue
ainsi aux intérêts de la science et à ceux de l'humanité
sert en même temps aussi ses propres intérêts. »
Cette argumentation n'est-elle pas de nature à confirmer mes vues au sujet de la création des médecinsinspecteurs des stations d'hiver?
Abordant un autre ordr:e d'idées, notre savant confrère formule les conseils qu'il croit être les plus opportuns, pour déterminer l'action des divers élémeuts
constitutifs des climats sur l'homme à l'état physiologique . Je transcris littéralement ces paragraphes:
{( Avant de discuter les avantages de tel climat pOUl'
une affection déterminée, en se basant sur les données
plus ou moins vagues de la température, de la pression
et de l'humidité de l'air, nous croyons devoir insister sur
le degré d'influence que peuvent exercer sur lp,s fonctions normales de l'économie vivante la chaleur humide ou sèche, un froid vif, un ciel brumeux ou serein,
la direction des vents prédominants, les variations modérées ou brusques de la pesanteur el de la température
de l'air.
�LES CLIMATS DU MIDI.
16
C'est faute de s'être entendu sur ces causes nombreuses de modifications climatériques qu'une foule
d'écrits sont restés discordants.
c( L'un accorde la préférence à une station monta«
gneuse dont il est l'cracle, l'autre loue les avantages
d'un port de mer don t il voud rait garnir la plage déserte; celui-ci vante une cité qui éblouit par les beautés
de la nature, celui-là admire tout dans un lieu célèbre,
où la mode se donne rendez-vous et que la fortune favOrise.
«
Partout, quand on va au fond des choses, quand on
se donne la peine de rechercher les 'motifs sérieux qui
recommand en t aux malades le choix d'un séjour d'hiver plulôt qu'un autre, quand on se demande pourquoi
on doit accorder à un climat la préfél'ence sur un autre,
on ne trouve que déceptions et découragement.
« La. climatologie médicale exacte et précise, basée
sur des chiffres, est une science née à peine d'hier; elle
a fait toutefois des acquisitions d'une certaine valeur,
que de nouvelles acquisitions viendront augmenter peu
àpeu. ))
Au premier abord, il y a pour le travailleur quelque
chose de Mcourageant dans l'exposition de ces deside-
Tata .
M. Schnepp énumère des difficultés réelles, puis, au
Jieu d'en atténuer les inconvénients, il en exagère la
portée. CommenL un esprit aussi distingué ne s'est-il
pas aperçu que chaque climatologiste, au moment de se
prononce!' sur l'in fi uence d'une localité , a fait dans son
,.1:
�nAPPOl\T At; ~I1'\5THE
D'ÉTAT.
17
forintérieude tra vail anal ytique qu'.il préconise; chacun
s'est demandé préalablement l'influence des divers éléments de l'atmosphère sur l'homme sain: Cen'estqu'après avoir connu les détails, les éléments, que l'on peut
s'élever par la synthèse à la connaissance des lois d'ensemble, des rapports généraux, des déductions, des
conséq uences.
Les reproches que 1\1. Schnepp adresse à ses confrères ne sont pas mérités; nouveau lui-même dans
ces études, il mulLiplie outre mesure ces difficultés
qu'il signale avec lant de vivacité; peut-être même, dans
son cabinet d'Alexandrie, n'a-t-il pas eu à sa disposition tou s les ouvrages pu bliés sur la matière?
Quoi qu'il en soit, si l'on voulait juger son livre d'éfprès les préceptes et les conditions qu'il exige pour les
autres, l'on arriverait de toute nécessité à la négation,
et son étude n'aurait pas de raison d'être.
Les conclusions de M. le docleur Schnepp sont aussi
désespérantes que les prémisses:
(( En nous basant, dit-il, d'une part, sur les condilions .cliœ.atériques de l'Égypte, de l'autre SUl' les données de l'observation pathologique, nous formulons et
posons en principe celte proposition:
({ Dès que votre malade montre des signes non équivoques de la tuberculose, gardez-yous de l'envoyer en
Égypte. »
Je ne puis pas plus admettre cette proscription absolue pour l'Égypte, que M. Schnepp n'admet l'enthousiasme intéressé pour telle ou telle station . •
DE PJETRA,SJ.NTA.
�LLS CLlMA1S DU MIDI .
18
11 Ya éviclemment des distinctions à établir , des circonstances atténuantes à mettre en reli ef.
Si M. Sch?epp avait pu consulter mon rapport sur le
climat d'Alger, rédigé d'après les instructions du Comité d'hygiène publique, présidé par M. Rayer, il aurait
vu comment on "pouvait atténuer les inconvénients, et
arriver toutefois à des notions exactes et par-dessus
tout pratiques . Si le savant médecin sani taire s'élait
préalablement livré à l'étude de l'influ ence du climat
SUl' les diverses phases de la maladie, il serait forcément ql'rivé à la constatation des faits que j'ai signalés
en Algérie, que d'autres avaient entrevus avant moi.
En thèse générale, les pays chauds, env isagés dans
"lem en emble, exercen t une influence fâcheuse SU L' la
marche de la tu berculisalion, ils en accélèrent le cours;
mais ce sont surlout les pays qui sont situés sous la zone
torride ~ui
jouissent de cette tl'iste prérogative . A mesure que l'on se l'approche de la zone lem pérée, il
s'opère une modification pathologique dans l' élément
morbide; la malad ie marche moins vile à Alger qu e
sous l' équateu t' , l'évolution de ses diverses phases est
moins l'api de (1).
(1) Voici les conclusions auxquelles m'avait co nduit une élud e
atten tive et l'Uisonnée de la question:
« L'h eureuse ilillucnce du cli.mat d'Algel' es t très-appréciab le
dans les cas où il s'agit, soi t de conjurc r 'les prédispositions , soi t de
combaltre les symptomes qui constituen t le prcmier degré de la
phLhisie.
_
Celte influence est con leslab le clans le deuxième drgré de la
tuberculose, alors surlour que les s~ mptO
es
gé n~\'aux
prédominent sur leti lé:;ion
~ localc" ,
(!
....
~
�llAPpon T AU MINISTR E D'ÉTAT, '
19
Se passe- t-il qu elque chose d'analo gue en Égypte?
y a- t-il quelqu e moJift cation t'elative aux diverses
phases .de l'affection pulmo naire? M. Schne pp ne nous
ledit pas .
Il proscr it un pays en bloc; c'est à peine s'il le conseille aux valétud inaires dont la constit ution a été détérioré e par les maladi es, les excès de trayail et autres,
el qui, sans lésion appare nte, ont besoin de trou ver
clans le milieu ambia nt une tempé rature douce, supplé menta ire de celle que leur économ ie est capabl e de
produi re.
La phthis ie sévit en Égypte dans la popula tion indigène; elle fait des ra vages effra-yants parmi les étrangers; mais n'exist e-t-il pas une périod e où cette influence du climat pourrait être salutai re? Dans quel
ordre se succèd ent en Égypte les phéno mènes morbid es
j'ai signalés à Alger? Dans quel ordre sc manife stent les effets thérap eutiqu es ou répara teurs du cLimat?
Voilà ce qu'il import ait Sl1l'tout d'établ ir.
AlTi van t ensuite à l'étude des zones dans leurs rapports. avec les diverses formes de la maladi e, il aurait
dé utile de recher cher l'influe nce d'lm séjour prolon gé sur le Nil, dans ces habita tions flottantes qui se
déplac ent, non pas précisé ment au gré des vents, mais
d'après la connaissance des condit ions locales de températu re et d'hygr ométri e (1) .
([llB
({ Elle est fatale au troisièm e degré, dès qu'appa raissent les phélIomr.nes de ramollis sement et de désorga nisation . ))
(1) Vous voguez libreme nt., sans soucis sérieux, su r ce magni(1
�LES CLIMATS DU MIDI.
~o
Les arguments tirés du consensus omnium et de l'émigration devenant propriétaire, n'ont pas attiré l'attention de M. Schnepp.
Ils ont cependanL une grande valeur dans celte nature
de recherches.
Je recommanderai à mon tour ces desiderata à mon
distingué confrère; s'il méditait mes objections, il se
persuaderait aussi qu'en accusant l'en thousiasme irréfléchi des autres, il s'expose lui-même au reproche
d'avoir obéi à des impulsions nostalgiques.
Le pessimisme ne vaut ni plus ni mieux que l'optimisme!
Je n'ai insisté sur ces déLailset sur ces critiques, M. le
Minislt"B, que pour mieux faire ressortir la direction .
nouvelle que mes travaux tendent à donner à l'étude de
la climatologie.
J'oMis à une conviction profonde, et je suis d'autant
plus porté à croire mes idées bonnes et pratiques,
qu'elles frappent par leur simplicité les esprits les plus
prévenus; qu'elles sont plus facilement assimilées;
à chacun celle réOexion involontaire:
qu'elles inspt~e
-
«
C'est très-juste, mais nous nous doutions de
tout cela! »
fiqu e fleuve, dans une atmosphère d'une indicible pureté, avec un
soleil presque constant.
\( Que si les soirées sont fraîc11es, si les matinées sont voilées par
quelque peu de brouillards, il est facile de se garantir de ces inconvénients, et les jours suivan ts se passent paisiblement pendant celte
longue naviga tion qu'interrompt souvent l'admiration pour les merveilles encore debout de l'ancien monde pharaoniql1e. »
(Docteur WJLLEMIN.)
�RAPPORT AU MIN ISTRE D'ÉTAT.
:2 1
IX
L'ATMOSPHÈRE MARITIME.
Des critiques, d'ailleurs bienveillants, m'ayant reproché de ne pas avoir fait précéder mes réflexions SUl'
la distinction des zones climatologiques d'une étude
préliminail'e SUt' l'influence de l'atmosphère maritime,
je vais m'efforcer de combler aujourd'hui celte lacune,
en abordant franchement le problème.
L'air de la mer est-il pernicieux ou utile?
Que de' dissertations sur ce sujet! que de travaux
contradictoires, pour ne pas avoir établi de justes
distinctions, pour ne pas avoir déterminé les principes
d'une ap'plication intelligente!
L'activité, la puissance thérapeutique de la b6se maritime daus certaines affections chroniques de l'organisme est des plus incontestables; mais, arme à deux
tranchants, elle se montre utile ou nuisible, selon les
cas où elle est indiquée convena} lemcnt ou mal à propos, car souveraine pour la forme torpide, elle est
désastreuse pour la forme éréthique.
Vous le voyez, M. le Ministre, nous retrouvons toujours le même ordre d'idées, mais c'est celle circonstance même qui en détermine toute.Ja valeur.
Pénétrons plus avant au cœur de la question.
Quels sont les avantages réels, incontestés, des pays
�22
LES t:UaI.lTS OU nliDI.
situés sur les bords de la mer et dans les régions tempurées de notre Europe?
Ils peuvent se résumer ainsi:
1 Température plus modérée, plus uniforme de l'atmosphère ambiante;
. 2 0 Pression atmosphérique constamment forte; maintenant, toules choses égales d'aillems, un équilibre plus
stable dans les fonctions du poumon;
3° Oscillations barométriques, thermométriques et
0
hygrométriques se faisant avec les amplitudes les plus
minimes . .
Maintenant, quelles sont les conditions spéciales de
l'air que l'on respil'e au bord de la mer?
Ce son.t :
10 Sa pureté plus considérable. - I l n'est pas chargé
de miasmes, il est con tammeut reno uvelé par les cou('ants qu;i, à heure fixe, se produisent sous les noms de
brise de mer, de brise de terre.
2° Sa plus grande oxygénation. - A volume égal,
sous une press ion atmosphérique plus constante, l'air
contient une proportion plus élevée d'oxygène, c'est-àdire d'ait' vital (pabulwn vitœ.)
3° Son odeur particulière. - Elle est due aux plantes
marines qui couvrent le rivage; ces plantes sont chargées de brôme et d'iode, éléments reconnus utiles dans
les affections strumeuses de toute sorte.
LlO Sa composition spéciale. - Il est imprégné de
sel marin. Ces légers dépôts proviennent des pa1"licules
d'cau de mer q.ui!(-soulevées pal' le sillage, puis entrai-
..
�HAPPOHT AU MINISTRE U'ièT.H.
liées pal' le vent, alors que la vague se bl'ise SUI' les
rochers de la rive, se vaporisent insensiblement à la
, surface des corps extérieurs, en y déposant des cristaux
de chlorure de sodium; ces par·ticules impel'ceptibles
sont transportées quelquefois pal'la bmme à la distance
de quelques kilomètres.
Les détails qu i précèden t, établissan l sans conteste
la Ilécessité de connaître, au moment de l'indication de
l'atmosphère maritime, la nature des divers tempéran'lents, je ne m'y arrêterai pas davantage; j'aime mieux
résoudre la question suivante:
Sur quelles opinions, sur quels faits s'appuie la
,croyance de l'utilité du sël (chlorure de sodium) clans la
phthisie? (à forme torpide, lymphat ique ou scrofuleuse,
bien entendu; car lorsque MM. Requin et Rochat'd invoquent l'influence fàcheuse des pal'ticules salines, qui,
pénétrant avec l'ail' dans les ramiricalions bronchiques,
portent l'il'l'itation SUl' ces muqueuses si délicates, je
dois penser qu'ils ont surlouten vue les formes él'éthiques
avec subinflammation et i/'l'itabilité nerveuse excessive).
Les. expér'iences les plus authentiques ont élé failes
el se font tous les jours su l' les animaux.
En Algérie, les Isméliles donnent un.e plus grande
quantité de sel aux moulons, afin d'arrêter chez eux les
premières manifestations des productions accidentelles.
LOI'sque le sacrificateur a tué l'animal, au moyen d'un /
Gouteau lranch:mt qui va de la gorge à la colonne verté·
hl'ale, il s'assure de l'intégri té des viscères, et il rejette
comme impurs les moulons flans le thol'ax desquels
�24
LES CLlMATS DU ' MlD !.
existent des poinls indurés, des adhérences ou des tubercules.
De temps immémorial , les bergers et les agriculteurs
font un usage journalier de sel pour les bestiaux, et lout
le monde connait les résultats satisfaisants que les prairies situées le lon g de la mer exercent sur la qualité des
chairs des moutons (gigots dits prés salés) qui parquent
et grandissent su r ces landes .
Il résulte d'observations précises et répétées que les
"aches qui trouvent dans les prairies de Loch Lomen en
Écosse, des pierres de sel gemme dont elles sont trèsfriandes, échappent aux atteintes de cetle terrible affeclion (la phthisie) qui fait tant et de si profonds ravages
dans leS étables de Paris el des grandes villes.
L'heureuse in(luence du sel chez l'homme n'est pas
moins réelle. Le docteur Cal'l'on attribue la rareté de la
phthisie en Suisse, à la coutume des habitants de donner
beaucoup cie sel marin aux vaches, Le docteur Miguères
m'avait fait observer à Alger que l'usage moins régulier ,
dans la population indigène, d'une nourriture où prédominait le sel (saumon, thon , sardines, morue), avait coïncidé avec une augmentation des affections de poitrine.
Les docteurs. Filippi et Galligo m'ont communiq,ué
des documents recueillis à Livourne et à Florence,
tendant à démontrer l'immunité cie la phlhisie chez la
population israélite de ces deux villes, malgré les mauvaises conditions h)'giéniques de le.ur installation, et par
le fait d'une nourriture animale plus substanlielle et
rendue plus ~piée
pal' des lavages successifs de la
..
�RAPPORT AU ~lINSTRE
D'ÉTAT.
viande dans de l'eau salée, afin d'enlever aux chait's les
dernières traces de sang.
L'Écriture sainte a dit: ({ Ne mangez pas le sang. »
La thérapeutique s'était emparée depuis longtemps '
de cet agent précieux. J'ai trouvé dans les vers de l'école
de Salerne une formule qui préconise le mélange cIe sel.
d'ea'u et de sucre (1) .
M. le docteur A. Latour a publié les excellents résultats qu'il a ret.irés du lait produit par des chèvres qui
ont été soumises préalablement à l'usage méthodique
du sel. MM. Bérut et Labourdette se sont emparés de
l'idée pour la généraliser. Ils ont soumis, l'uu et l'autre, des vacbes et des chèvres à une nourriture particulière, à un entraînement spécial, qui leur a permis de
ne pas diminuer la sécrétion du lait, tout en le conservant imprégné de l'agent médicamenteux.
Dans mon service des Madelonnettes, j'en registre tous
les jours des faits bien authenLiques d'amendements,
d'améliorations dlles à l'influence de la diète lactée
(lait additionné d'une cuillerée cIe sirop cIe cblorUl'e de
sodiu~,
représentant trois il quatre grammes de sel).
En dehors de celte méthode, Russell et, après lui, le
docteur Pollet ont employé avec succès l'eau de mer
dans la phlhisie; BecIcIves et le docteur Willemin, les
mets salés.
Loin de moi la pensée d'énumét'er ici les opinions
des auteurs qui se sont inscrits en faveur de l'efficacité
(1) L'école de Salerne, tJ"aduction en vers fran çais, par Ch. Meaux
Saint-Marc, avec le texte latin cn rega rd. Paris, 186 f, pages 232-233 .
�26
LES CLIMATS DU MIDI.
de l'air marin! L'expérience des siècles l'a consacl'ée
cie la manière la plus formelle. Hippocrate, Arélée,
4..I'istote, Pline, Galien, tous les médecins ùe l'ancienne
Rome conseillaient aux poitrinaires le séjour sur les
bords de la mer. Plus près de nous, Stokes, Williams,
Grans, Hufelanrl, Percival, Reid, Smith, Clark, Laennec,
citent des faits qui militent en faveur de cette doctrine.
Parmi les médecins de nos jours, je citerai avec plaisir
les docteurs Parola, Castellani, Bottini, Macario, Willemin, Schuepp, la phalange d'élite des médecins militaires qu i ont habi té l'Algérie.
Telle était la croyance la plus gén61'alement admise,
croyance basée sur l'expérience du passé, sur l'observation du présent, lorsque l'un de nos confrères les plus
distingués de la médecine navale, le professeur Rochard, est venu déplo)'el' hardiment la bannière de la
réactio~
et, la statistique à la main, résoudre négativement la question de pl'ix que l'Académie impériale de
médecine avait posée An ces (erme :
(( Délel'miner par des faits précis l'inOuence de la navigation et cles pTyS chauds SUl' hl mal'che de la phthisie
pulmonaire. »
Dans son mémoire, le docleUl' Jules Rochard déroule
IIne longue sél'ie de faits, de tableaux slati liques qui forment la base des convictions les plus déconrageantes (1 ).
Pour lui, les jeunes gens à poitrine faible, manifestement prédisposé à la phthisie, qui al'l'ivent dans les ports
(l) l>1émoÎ1"es de l'A fot/émie impérial e de méd.!cille. Paris, t 856,
75 et suivantes.
tome XX, p~ges
.
. ...-"-
.
�IlAPPOIIT AU Ml~tSTIE
n'ÉTAT.
:1.7
imbus des idées de Laennec, sonllous, ou presque tous,
voués à une mort certaine, s'ils tenlenl les hasards el
les fatigues de la mer. A bord des na vires, la phLbisie
marche plus rapidemeut qu 'à terre, et les hôpitaux des
porls, les infirm eries des escadres sont encombrés de
phlhisiques qui viennenL expirer là misérabl emen t, loin
de la famille, faLales et innocenles victimes de la mer,
des climats, d'une funeste erreur médicale.
« Il fauL de forles poilrines pour aspirer impun émenl
cet air tonique, vivifiant, chargé d'humidité, imprégné
de vapeurs salines et irriLan(es ; pour résiter aux brusques changements de température, aux Ol'ages el aux
tempêtes. »
Les statistiques de M. Jul es Rocbard sont aussi implacables pour la question de l'émigration vers .les pays
chauds. « Il n'est pas besoin d'arracher ces malheureux
phthisiques à un milieu qui leur esl hoslile, à des habiLudes invétérées qui enLretiennent le mal et le rendent
irrémédiable; il faut leur laisser traîner leur précaire
existence sur le sol natal, sU\' un sol qui, fut-il COllvet·L
des br.ouillards glacés du nOl'd, vaudrait encore mieux
que la chaleur dévorante des tropiques (1). »
(1) Voici, du reste, les principales conclusions du Mémoire couronné de 1\1. Jule, Bochard:
t o Les voyages sur mer accélèrenlla m,uche de la tuberculisalion pulmonaire beau co up plu s SOll\'ent qu ' il~ ne la ral enti :,sent.
2° Celle maladi e, loin d'l! tre J'are parmi les marins, est au cont.raire beaucoup plu s fréquentû chez eux que dans l'armée de terrr..
3° La phthisie marche à bord des navires avec plus de rapidill·
qu'à terre.
6° Les pays chauds, envisagés dans leur ensemble, exercent une
�28
LES CLIMATS DU MWI.
Il Ya dans le travail de M. Jules Rochard trois quest ions à examiner : l' infl uence de la navigation , - c.elle
de J'atmosphère marine, - et cell e de l' émigration dans
les pays chauds .
Lorsque ,L aennec préconisait les voyages sur mer , il
s'appu yail sur l'opinion des chirurgiens de la marine ,
qui avaient con staté dans des cas spéciaux d'affections
pulmonaires, un amendement et un commen cement de
guérison.
Il tenait comp
~ e aussi des idées de Boerhaave, de Cullen , de Grégory, qui recommandaient la n av igation
comme un exercice m odéré (œqualis , moderata e l continua) .
P o ur ~ d é t e rmi
ne r cetle ill flu ence, a u lieu cie l' étudier
SUl' des marins, c'est-à-dire SUl' des ind ividu s placés et
par leur genre de vie et par les nécessi tés du métier,
dans l e~ conditions hygiéniques les pl us défavorables,
il aurait fall u la sui \' re sur des voyageurs libres, naviguan t pr écisément dans le but d'améliorer leur sant é .
Afin d'élu cider la qu es lion , il Nail ind ispensable
d'avoir , à cô té de ces marin s à l' ~ xi s t enc
remplie
d'excès (l e tous genres, des jeunes gens en levés aux
veilles el aux faligues des gran des viIi es .
M. Jules Rochaed n e se l'approche-t-il pas de ces
idées dans cet aveu?
,
i uOl1 cnce rù.ch Cl1SC S UI' la llla r ch e de la tub cr culisation pulmo naire,
e l cn accélèrcnt le co urs.
go C'es t dans la pre mièr c périollc de lu phlhis ie qu' il y a li e u de
co nse iller l'émi gratiofl , Cl lJu'o n es t c n droit d'e n alle nd re d e bons
r és u\ a Ls.
•
• r
.1)
�TlAPPOTlT AU MINISTRE n'ÉTAT.
« Le
tu berculeux ne pourrait retirer des fruits de la
navigation, qu'er:( se plaçant à bord dans des conditions
hygiéniques spéciales, qu'en changeant de ,climat et de
localité au gré des saisons et des vicissitudes atmosphériques. »
C'est là précisément le tenain sur lequel il fall ait se
poser pour étudier l'inOuence thérapeutiqu e de la navigation. Dans ces circonstances, M. Jules Rochard aurait reconn u avec nous tous « que ce n'est pas la mer
qui est funeste aux marins phthisiques , mais bien leul'
genre Je vie. »
M. Jules Rochard so place aussi dans de mauvaises
conditions) quand il cherche l'action bienfaisante de
l'air marin, alors qu'il est respiré sur des bâtiments
toujours suspects d'encombrement, en l 'absence de
toute précaution hygiénique. (Passage instantan é de l'intérieur du navire, c'est-à-dire d'un milieu où règne un
air confiné, vicié, chaud et humide, au pont où s'agite
un air pur et renouvelé, où se succèdent le froid, les
vents, la pluie et les tempêtes.)
Au.ssi le rédacteur on chef cie la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, en ouvrant ses colonn es au mémoire couronné, l'a-t-il accompagné de
la profession de foi suivante:
« Nous ne pouvons consentir à déposer devant une
armée de chiffres, une conviction fondée sur des faits
positifs et rigoureusement observés.
« Les relevés de M. Jules Rochard ont le défaut de
substituer à une question particulière, simple, une
�30
LES CLIMATS DU nUDI .
•
question générale et tellement complexe, que le fait à
éclaircir ne peut plus être dégagé . ) .
Sur la question de l' émigt'ation, il faut encore établir des distinctions, car en préconisant les climats
chauds, le médecin a particulièrement en vue les pays
tempérés de notre Europe . Personne ne songe à envoyer ses malades wus les tropiques.
Voici du reste de sages réflexions du professeur
Forget.
({ Vous avez pris vos sujets d'observation et de sLatistique parmi de p.auvres soldats ou de malheureux marins
obligés à faire faction ou à travaille!' rudement sous un
soleil vertical, et voilà ce que vous nous donnez comme
preuve.de l'iafl uence pernicieuse sur les phthisiques ! 1)
Je ne me suis étendu aussi longuement sur le mémoire
de M. le docteur Jules Rochard, que paree qu'il a eu,
au mo~ent
de sa pu blicalion, un très-grand et légitime
retentissement.
NI. le docteur P . Garnier, qui a voulu le combattre
sur le terrain même des statistiques officielles de la
modalité dans les hôpilaux maritimes, est arrivé aux
conclusions suivantes:
1° L'influence de l'atmosphèl'8 maritime
SUl'
la tu-
berculisation, ne s'exerce pas uniformément padou t où
elle règne; elle varie sui van t les conditions dimat~r
ques du pays et des lieux.
2° Elle est très-manifeste dans les hôpitaux mat'itimes
cle Toulon, de Maclère, el dans plllSieUl's lieux situés
Slll' la Mécliterranée.
.
• r
..(,
�llAPPORT AU l\I INISTRE D'ÉTAT.
31
3° Ell e est nulle dans les autres hôpitaux maritimes
ùe France.
Chargé par l'Académie de médecine de lui rendre
compte du précédent travail, M. le docteur Blache,
avec un langage clair, précis, élevé, s'est efforcé de
maintenir la question dans les régions de l'application
pratique (1).
Il en a appelé des chiffres à l'observation clinique,
des statisticiens aux médecins.
Je ne puis résister au plaisir d'emprunter quelques pal'agraphes à ce remarquable et très-intéressant l'apport.
« Une observation minutieuse, active, l' œil toujours
ouvert sut' le mobile théâtre de la vie, serai t donc seule
capable de nous donner ce qui nous manque, ce qu'on
n'obtiendra jamais par la statistique, c'est-à-dire nonseulement les phénomènes, mais les rapports qui existen t
entre eux et leurs causes, leur évolution, leur pathogéuie, le mode, le degré, la mesure des mocFfications
que leur ont fait subir tels ou tels agents hygiéniques
d'une nature déterminée.
« ~lsi,
à une époque comme la nôtre, où les voyages
~'exécutn
avec tant de faciliié et si rapidement, où
les moyens de transpol't réunissent toutes les conditions
d'un confortable qui ira sans cesse en s'améliorant,
il n'est pas p erm is de croire que les puissants modificateurs h~ l giûnques
que présentent la navigation et ré··
migration resteront stériles ou n llisibles.
(1) Bulletin de l'Académie impériale de médecine. Pnris, l8til ,
lome XXVI, pnge 1'l8!f el suivanles.
�LES CLIM ATS DU niIDJ.
(( L'hygiène est suscepti.ble en quelque sorte d' une
perfectibilité indéfinie. Ellè marché jusqu'ici à pas de
géant. . .
(( Et la phthisie pulmonaire, cette terrible maladie
\ qui décime l'espèce humaine, qui n'est cependant pas
radicalement et fatalement incurable, CDmme certaines
diathèses, ne trouverait pas, à défaut de m6dicaments
d'une efficacité tDujo.urs cDntestable, dans l'air, dans
l'eau ou la terre, au vaste sein de la nature, des agents
assez actifs pDur la prévenir, l'arrêter DU du mDins ra-
a
lentir sa marche si cmellemenl pt'ogressive ! ! 1 NDUS ne
·le pouvDns croire. Qu'au lieu de dresser des statistiques,
Dn crée une science de l'émigration, si je puis ainsi
dire, up art des voyages ct de l'acclimatation! »
Tout commentaire détruirait l'effet de ces belles pal'oIes; elles formulent avec bDnheur un programme que,
pour m} part, je m'efforcerai toujDUt'S de r6aliser .
�PREMIÈRE PARTIE
STAT ION D'A JACCIO.
CHAPITRE 1er •
CLIMATOLOGIE.
Ah ! docteur) où est le beau ciel de
la Corse? Jejouis encore de ses siLes,
de ses monl~ges
. Je reconnais l'odeur qu'elle exhale!
(Napoléon à Sainte-Hélène.)
Je me pl'opose de démontrer que le climat de la ville
d'Ajaccio possède les conditions les plus favorables pour
constituer l'une des plus délicieuses stations d'hi ver du
midi de la l~ rance.
Ce climat tempér6, interm6diaire en tre coux de la
Provence et celui d'Alger, rentre nalGrellement dans la .
catégorie cles climals marins, jouissant comme eux de
la plus grande uniformité et de la plus ~rande
égalité
de tempéra tu l'e.
La position topographique de la ville détermine sa
classificalion dans le groupe lies zones maritimes, où
l'air est tonique, sec et stimulant.
Dt:
PI ET Il A- AliTA .
il
�AJACC IO.
La possibilité d'utiliser l'hiver les eaux sulfurées sodiques de la Calnaniccia, et la faculté de séjourner
pendant l'été au milieu de collines à la végétation fraiche et luxuriante, forment en outre des circon tances
très-appréciables, pour déterminer dans leurs préférences ces nombreu es caravanes d'êtres souffrants qui
quittent souvent la patrie avec les pIns tristes pensér,s .
J'espère atteindre mon but, en passant en revue, dans
une exposition simple et précise, toutes les question
qui se rallachent à la climatologie générale et à la patholoO"ie spéciale du pays.
Mes publications antérieures m'ayant appri
qu'en
pareille occurrence il fallait inléressCi' loul à la fois le
le médecin et le malade, l'homme de science el l'homme
du monde, je m'efforcerai:
10 De donner au premier tous les renseignement qui
peuvClat lui permettre de juger, par lui-même, de la
yaleur thérapeulique du climat en question;
20 D'éclairer le second par des conseils praliqlles el
les règles hygiéniques 1 s plus oppol'lunes.
Sachant aus i, par expérience, combien le valétudinaire s'j n lM esse à tou t ce qui l'entoure, dans le pays
où il recouvre le bien-être et la siJDlé, je con acrerai
quelques chapitres à l'histoire el à la géographie de la
Corse.
La tâ.che que je m'impose esl tr s-lourd , mais je
comple SUl' la bi meillance demes lecteurs, car je leur
appol'le, avec le désir ardent de bien faire, la ferme "0lonté de !'6u&sil'"
. ..
'-
�CLlMATOI.OG I E.
On donne le nom de climat à l'ensemble des conditions physiques qui résullent, pOUl' les différentes l'épions du globe, de leur situation l'espective ft la surface
ùe la terre, et qui sont de nature à exercer uue , influence spéciale su l' les êlres organisés ('l) .
Pour de Humboldt, l'expression de climat désigne, dans son sens le plus général, toute va['iation de
l'atmospi1ère qui affecte sensiblement nos organes, la
température, l'humidité , les oscillations du baromètre,
Je calme de l'ail' ou la direction variée des vents, le degré de la tension électrique, la pureté de l'ail' ou son
mélange avec des exhalatiolls gazeuses plus ou moins
lIuisibles, enfin, le degré de diaphauéité et de sérénité
du ciel, qui a une influenoe nou-seulement SUl' le rayonllement variable du sol, su [' la végélation des plan les
et SUl' la matUl'ité des fruits, mais aussi SUI' les sensations et la disposition psychique de l'homme .
Nous ,"oyons dans ce programme complet figurer
tl'ois élémen ls ,primordiaux se com binant en lre eux, et
constituant cet ensemble de forces qui s'exercent sur
la l'ace humaine, c'est-à-dire:
A. Le sol dans les différences de sa constitulion;
B. Les eaux dans les conditions de leur exislence;
C. L'ail' dans toutes les modifications qu'il subit.
C'est de ces notions exacles, qu'Hippocrate a tiré la
division qu'il a établie dans l'élude de ces phénomènes
(1) De Saussure, de Humboldl, AI'ago, Clurk et Zimmermann, tels
sonl les iIlu tres sa\'ants qui ont donne lu première impulsion aux
études climatologiqu es.
�36
AJACC IO.
(l'air, les eaux, les lieux) : division qui s'est conservée
toujours vraie à travel'S des siècles d'observation (1).
A. LE SOL .
Les li eux: comprennent la forme du
territoire, son orientation, sa composition géologique, les caractères dl" S:l.
végétation .
(H IPPOCllATE. )
La ville d'Ajaccio, chef-lieu du département de Ja
Corse , située par
41 ° 50' ~ (' de latitude N. ,
6° 23' 49" de longitude E. ,
tirerait son nom, d'après le vieux chroniqueur Jean
della Gros.sa, d'Ajax, fils de Télamon, l'un des héros de
la guerre de Troie.
Elle figurait sur la carle de Ptolémée sous le nom
d'Urcinium Ct) .
(1) Avant d'ab order l'étud e de chacun de ces trois chapitres, il
est bon de raire observer que la nature des climats est aussi déterminée par des éléments conslitutifs fixes (latitude, longi tude, altitude, exposition topographique, nature du sol), et pal' des éléments
variables (température, état hygrométrique, pression atmosphériqup ,
direction des vents, ozone, phénomènes électriques) .
(2) L'eUiplacement d'Urcinium était à la distance de deux kilomètres de la ville actuelle, dans l'intervalle qui sépare la chapelle
de Sain le-Lucie de la colline de Castelvecchio SUl' laquelle se voienl
les débris d'une forteresse.
C'est vers la fin du quinzième siècle que la ville actuelle fut portée, sur la pointe ayn~ée
dans la m er où elle s'é tale si coquelte~
..
-'
..
�CLIMATOLOGIE.
37
Elle est Mlje SUI' une pointe de terre qui s'avance
dans la mer; la ville est assise au pied de la montagne
fOt'mant UDe longue façade Sut' ce golfe, l'une des plus
magnitlques créations de la nature, qui s'ouvre sur la
Médi. terranée, en ' face de l'Espagne, sur le chemin de
l'Algérie.
Tous les voyageurs s'accordent à di.re qu'il rappelle,
par la lumière, le ciel, la forme générale et l'ensemble
des lignes, les merveilles de la baie de Naples.
Plus profond que large, rempli de pointes et d'anses,
le golfe a plus de 50 kilomètres de tour : « Nulle part
en Italie, disait Ottavi, la lumière ne verse sur l'horizon
cles teintes plus magnifiques; nulle part les vaisseaux
ne trouvent une bienvenue plus .invitante que sur ces
eaux, si bl'illantes par une belle matinée, le jour mollement assoupies, et constellées la nuit des étl)iles du
ciel. 1)
Un amphithéâtre circulait'e de montagnes granitiques
et élevées, aux lignes sévères, borne son horizoll : on
y arrive par une succession de collines gracieusement
élag~s,
dola plage sablonneuse que le flot nivelle, aux
sommets ab ru pts qui gardent dans leurs ravins des
neiges étel'llelles.
llIent aujourd'hui. J'ai trouvé dans les archives de Saint-Georges à
Gûnes un document portant que Paolo, frère du doge André Cenlul'ione de Pielra San la, avait été envoyé en 1501 comme commissaire
géné rn1 de la République (vicw'io), avec la recommandation expresse
d'imprimer la plus vive impulsion il la recollstruclion du préside
d'Ajaccio, pœsque complétemenl détruit dans le cours des guerres
inlestines qui avaient ensanglanlé la Corse.
DE PIETIIA SANTA.
�38
AJACCIO.
Ii faut, par' la pensée, se reporter au souvenir des lacs
splendides de la haute Italie pour se faire une idée de
ces spectacles de la nature toujours variés et toujours
nOl1veaux, qui jettent l'âme dans les douces émotions
du calme et de la rêverie. Et qui ne connait l'influence
précieuse que la beauté et la variété des lieux exercent
sur le valétudinaire? Car, dans toutes les affections
et sans sechroniques où l'organe s'altère lent~
cousses apparentes, l'esprit est disposé à la mélancolie.
Il importe alors que la régularité et la satisfaction
de la vie exLérieure réagissent d'une manière heureuse
et favorable sur la vie intérieure, en éloignant toutes
sortes de préoccupations.
Cet~
position tOP9graphique de la ville d'Ajaccio
nous la montre, d'abord abritée des vents du nord, jouissant des bénéfices des brises de mer et de terre, qui
s' établi~sen
successivement, de son sol échauffé par les
rayons du soleil, à la surface des flots moutonnant sous
les zéphyrs.
La nature constitutive du sol forme un élément important et digne de considération dans l'étude d'un climat; car, si un sol sablonneux ou crayeux permet la
prompte absorption de l'eau de pluie et convient davantage aux natures débiles, un sol argileux, traver'sé
avec difficulté, maintient à la surface une humidité
nuisible même pour l'homme qui se porte bien.
Pour mieux comprendre celle question, il ne sera
. pas inutile de demander quelques commentaires à la
géologie.
•
...1:
�CLiMATOLUG IE.
39
Cette science, qui nous montre en action la puissance
créatrice de Dieu, nous révèle les transformations diverses que la terre a subies pour arriver de son élat primitif à son étal présent, et nous fixe pour ,ainsi dire
l'ordre chronologique dans lequel ces révolutions ont
eu lieu, - Plus n'est besoin, pOUl' expliquer la formation de ce qui existe, d'invoquer des révolutions générales de la terre, des cataclysmes continuels du globe .
La considération des fossiles, et l'hypothèse de l'incandescence des parties centl'ales du globe, rendent compte
de tous les phénomènes.
Nous voyons, en effet, l'œuvre de la cl'6ation se perfectionner sans cesse entre les mains de son di vin
auteur; au sinistre chaos ~ucède
un globe encol'C incandescent qui se modèle en form es régulières et se
refeoidit assez pOUI' donner accès à la vie organique; sa
brûlante surface, d'abord rugueuse et nue, se couvre
peu à peu et se décore cl'al'busLes et de forêts.
Les continen ts et les mers prennell t leurs limites
définitives, et la terre revêt son aspect actuel de magnificence (1) !
Pendant toutes les périodes géologiques, quatre phénomènes principaux ont conLin uellemen t marché de
(1) Quelles sont les causes qui on t produit les reliefs actuels du
globe et réparti diversement SU L' sa surface, les continents et les
P<lux?
La cause primordiale, r,'est le refroidissemen t de la telTe el la
soliclificalion progressive de ses parlies inter nes encore liquid es.
La deuxième) qui a con tribué il former de vasles lerrains, réside
dans les dépOts séd imen taires des, caux, qui ont pOUL' résultat do
créer de nou vea ux continents SU I' le bassins des mers ancie~
.
�40
AJACCIO.
front : le soulèvement de la Cl'Oûte du globe ; l' émission
de malières ignées; l'émergence des eaux thel'mo-minérales ; et la production des dép ôts sédimentaires.
Ces notions justifient la division eI! trois group es des
matières minérales constituant notre globe (1).
Que l'on ne considèr e pas toutes ces .distinctions
comme étrangères au sujet , car il est très-important de
déterminer parfaitement la nature et les conditions du
terrain de la station d'hiver.
J'ai signalé les différences selon le pl us ou m?ins
d'humidité ; je vais fai m connattre les diffét'ences au
point de vue dn pouvoir absorbant de la chaleur.
Ce pouvoir diffère d'après la nature etIa couleur du sol.
M. Becquerel a déterminé par des calculs exacts
qu'en représentant ce pouvoir par 100 pour un sable
calcaire , il n'était plus que de 96 pour un siliceux, de
74 pOUl" une terre crayeuse , de 68 poUt' une argileuse,
de 64 pour le terreau des jardins.
Aux m o ~ i G ca li o n s du pouvoir absorbant de la ch aleur,
viennent se rattacher celles du rayonnement calorifiqlle
de la surface terrestre .
(1) t 0 Terrains cri:;lalli sés (pa r tie ùe la croû te terrestre primiti vem ent liquide par suite de l a ch aleu r ùu globe, cl soli di fi ée pal' so n
r efroidissement) ;
2· Terrains séd ime ntaires (p rovenant des débris di ve rs transportés
par les eau x, et su rtou t des dépôts de matièr es terreuses, silice,
m ag nésie, chaux, que des sources thermales ont déversées de l'intérieur du globe dans le sein des m ers).
3° Ten ains érup tifs (formés il toutes les époq ues géologiqu es pal'
l' éruption ou l'inj ection il travers tous les terrains de la m atière Jiu id e qui occupe
,Wlrti es int éri eures du globe) .
J.c:
�CLIMATOLOGIE.
41
Cet élément est aussi utile à connaître dans la classification d'un climat, que celùi qui se l'apporte à la latitud e.
Dans une des ,dernières séances de l'Académie des
Sciences, .M. Becquerel fl fait ressortir toute son importance; il a montré qu'à latitude égale, deux pays ont
des climats différents, selon qu'ils sont situ és près de la
mer ou dans l'intérieur des terres. - Sur les côtes de
Glenarn, au N.-E. de l'Irlande, latitude 54° 56, le
myrte végète avec la même force qu'en Portugal, en.
hiver, pendant que le raisin n'y mûrit pas l'été. SUl' les
côtes du Devonshire, des orangers en espalier portent
du fruit qui atteint une parfaite maturilé.
Je reviendrai sur le rayonnement terrestre à l'article
Température; pour le moment, je le signale dans ses
rapports avec la nature du sol, et sans craindre de me
répéter, j'établis que:
Les sols siliceux, calcaires, argileux, chargés d'humus, s'échauffent plus ou moins vile, selon qu 'ils sont
secs ou humides.
Les sols siliceux et calcaires possèdent, en outre, la
pl us grande facuIté de retenir la chal~ur,
en raison
d' une moindre concluctibililé, et conservent 'en été,
•
pendant la nuit, une température élevée .
L'humus, qui n'a pas le même pouvoir émissif, se
refroidit promptement.
Donc, il faut toujours avoir égard aux influences
locales .
POUl' ce qui concerne la campagne et les environs
�42
A.I.\ CeIO.
d'Ajaccio, j'y constate les ~ ond
i lions
les plus favorab les
au point de vue de la santé.
Le sol es t généralement calcaire, recouvert d' une
couche d'humus fécondant; ce n'est que dans la plaine
de Campo- cli- l'Oro que l'on retl'Ouve des terrains sédimentaires. Les plages sablonneuses du golfe ont un e
innuen ce d'autant plus heureuse , que la vie organique
végétale ou animale n 'y trou ve aucun aliment.
La superfi cie, en hectares, du canton d'Ajaccio , est
de 8520 ,92 .
En la divisant en tl'Ois catégories :
Terrains cultivés,
Terrains incultes, mai s culti vables ,
Terràins non susceplibles de culture,
M. Robiquet avait élabli de la manière suivante le ur
superfi cie relative :
Terrains cultivés.
En 0 li vi er s . . .
Vignes. ..
Bois. . .
Grains . .
Prés .. .
lucultes mais cult ivables.
Non susceptibles
de c ult ure .
24 ( 1).
526
237
929
37
i 7:i3
87
C887
6974
Eaux.
Rochers.
f,77
6\16
1273
Ces chiffres sont sensiblemenl modifiés aujourd'hui;
(1) Son u ni té c'est l e n ombre ùe di x dix-m illièmes de la sup erfitotale du territoire de ch aqu e canton (pour co nnaît t'e le nombre
absolu d'h ectar es que ces su perfi cies r el:llives r eprésentent, il fau drai tles m ulti plier pal' la su perfi ci e lotale du can lon auqu el ell es
appa rti enn en t). D'après cc calcu l le chiffre 24 re présente 26 h ectares d'oli viers, ii2G ~ Ci~ Ya ut Ù 4l~8
h ec lar es de vignes, e t,c.
~ ie
�CLIMATOLOGIE.
43
les défrichements se sont multipliés, et les lenain s
plus ou moins marécageux on.t été assainis et transformés.
Comme les plantes sont l'expression la plus directe
de la constitution élémentaire du sol, combinée avec
l'action modificatrice de l'air ambia nt, elles doivent
perme ttre d'appr écier l'état du climat et son influence
probable sur des êtres pl us élevés dans l'échel le (1) .
Cette influence de la végétation est des plus incontestabl es; les contrées dénudées sont plus sèches et plus
chaudes que celles où les bois abond ent; et la pluie,
presqu e inconn ue en Égypte, est devenue moins rare,
depuis que de grandes plantations y ont été faites.
Les arbres sont en outre de- puissants auxiliaires de
la salubr ité; d'une part, ils ont la vertu spéciale d'aspirer l'humi dité; de l'autre , pourvus de feuilles et
frappés par l~ soleil, ils restitu ent à l'atmo sphère
l'oxygène qu'elle a perdu.
La campagne des environs d'Ajaccio est aussi agréable que pittore sque; sa flore se trouve interm édiaire
entre.celle d'Alger et celle de la Provence.
(1) Les productions du sol son! étroitem ent liées à la nature des
habitan ts: les conditions de leur acclimatement sont communes, et
une admirab le harmon ie s'établit entre l'homm e et les plantes qui
l'entour ent.
Par leur nalure et leur nombre , elles caractérisent les divers
climats; par leur situation, elles moc'ifient les phénomènes météorologiques eux-lllêmes; par leurs propriétés aliment aires, eUes agissent sur la constitulion de l'homm e.
De Humboldt a parfaitement établi les rapports qui existent cntre
la phys ionomie des flores des diverses contrées et les climats auxquels clles correspondent.
�44
AJACC I O.
L'ail' est sain parce qu'il y est satbll'é de certaines
exhalaisons végétales, el les plantes prospèrent parce
qu'elles respirent un aidavorable à la végétation .
Cette réaction réciproque, qui constitue la loi de
l'harmonie des mondes, fait concorder la multiplicité
des plantes avec la fécondité du terrain; et n'est-ce pas
prouver la salubrité du climat d'Ajaccio que de montrer
l'épanouissement des produits des contrées les plus diverses? N'est-ce pas constater la douceur du ciel que
d'indiquer la présence de cef'laines plantes des tropiques?
Parmi les plantes tropicales qui s'y développent rapidement sans atteindre parfois une entière matmité,
je citerai le palmier, l'ananas, le bananier, la canne à
sucre, le coton, le tabac.
.
Les orangers el les citroniers, avec toutes lems va riétés",.sont cultivés en plein champ, sans autre protection que la douceur de l'air.
Ces arbres, qui charment nos sens, la vue, le goût
et l'odorat, offren t souven t à la fois et la fleur et le
fl'uit.
Les mandarines se multiplient ft vue d'œil, et les cédrats entrent déjà dans le commerce pom une exportation assez considérable .
La morfea (1), celte maladie qui décime en Provence
et en Sicile des plantations entières de bosquets odoriférants, n'existe qu 'isolément SUl' quelques al'bres.
(1) Poussière noire, l'ormée par des myriades d'insectes, qui rabougril la reuille, d~sèle
le ['rui 1 trend le bois stérile .
..
�CLUIATOLOGIE.
L'olivier, aux origines glorieuses (parce qu'il produit
l'une des substances les plus utiles à la vie domestique),
se développe lentement sur la hauteur des collines,
mais il aUeint des dimensions .considérables ,; ,sa production est inconstante (1) . - Il n'y a pas d'exemple
que l'olivier ait été gelé.
Les figuiers, les amandiers, les pêchers, les pruniers,
les caroubiers, donnent les fruits les plus variés et les
plus saVOUl'eux,
Les coteaux sont couverts de vignobles 'renommés:
le raisin brustiana rivalise avec les chasselas de Fontaineblea u,
Les céréales \ blé, orge, maïs) fournissent un rendement notable.
Dans les plantes aromatiques se rencontrent le cyste,
la lavand e, le genêt, la menthe sauvage, le thym.
La végétation arborescente est constituée en grande
partie par le myrte, l'arbousier, le lentisque.
Le laurier-rose et le laurier noble acquièrent des dimensions imposan tes.
C'est .aussi d'après les familles d'animaux répandus
sur une contrée que l'homme apprécie tout d'abord
et à priori les avantages qu'il peut trouver dans un
paIS.
Ce criterium sert plus encore de guide aux climatologistes qu'aux naturalistes et aux philosophes,
(1) Au moment des chaleurs de l'été de la Saint-Martin (noyem- "
bre), il sc manifeste un pelit ver blanchttll'c qui s'introdu it daos la
pulpe du fruit et le fail tomber à moitié délruit.
�46
AJACCIO.
00 trouve ici les individus propres aux pays tempérés .
D'après Robiquet, on coml) tait en 1825, dans l'arrondissement d'A.i accio :
25,580 têtes cie l'espèce bovine ; 209,420 cie bêtes à
laine.
Les chevaux sont d'une petite espèce, mais ils tiennent de la race arabe par les formes, la vi vacité et la
sobriété.
Il n'existe pas cl animaux féroces; parmi les animaux
sauvages, pas de loups, beaucoup de sangliers et peu
cie renards.
La chasse es t partout abondante; indépendamment
des oiseaux de passage (hirondelles, cailles, merles et
gri\'e~),
on renconlre en abondance le lièvre et la perdrix
rouge.
Il .
LES EAUX.
Les eaux formant l'une des données les plus importan tes dans les condi lions hygiéniques d'une localité (1),
.(i) Ces trois choses, J'ai!", les lieux, les eaux, renferment tous les
élémen ts de la question des climats.
l\1ai~
quelle aclion l'bomme peut-il avoir sur ces trois éléments?
i 0 L'homme n'a pas d'action su !" ["air, car en principe il ne peut
changer en rien la constilution géné rale de son atmosphère.
2° 'il a plus d'action sur les lieux, en faisan t circuler plus librellIent l'air dans les quarliers agrandis et tran sformés, sa puissance
sur les modifications de la salubrité qui en l'és ulle est limitée.
3" L'homme a tou te inOu ence sur so n eau : il est touj ours le
mailre de la choisir, ear il peut s'6lablir là où cet élémen t lui es t
offert dans de bonn es condi lions par la nature. (GlUillAUD DE CAUX.)
,
..
.~
�Cll MATO LOG I E.
47
je vais procéder ~ l' étude attentive des trois états, sous
lesquels elles se présentent:
Ct . Mer qui baigne les rivages;
~. Sources et cours d'eaux qui alimentent la ville;
a. Vapeurs répandues dans l'atmosphère, et se résolvant en pluie.
ex. Celte magnifique nappe d'eau aux couleurs d'azur,
qui s'étale sur les gracieux contours du golfe méditerranéen, influe d'une manière sensible sur le climat de
la ville .
C'est elle qui envoie la bienfaisante brise de mer qui
se lève 'vers dix heures du matin, et qui tempère si notablement la chaleur du jour.
C'est vers elle que s'établit, après le coucher du soleil, la brise de terre, ce courant qui se précipite de la
surface des collines échauffées.
Quelles admirables conditions pour le renouvellement instantané et continu de l'air que l'on respire, air
tour à tour imprégné des senteurs des algues marines,
ou des parfums des fleurs de citronniers et d'orangers!
On sait que la composition chimique de l'eau de la
Méditerranée diffère un peu de celle de l'Océan ,
Elle contient une plus grande quantité de chlorures
de sodium et de m::.tgnésium, sans pader de quelques
hrom,ures alcalins qui lui seraient propres .
Les différences de température qu'elle présente avec
l'air amb iant ne sont pas considérables, et les oscillations thermométriques très-peu étendues .
~. Le golfe reçoit les eaux de deux vallées pl'inci-
�48
AJACCIO .
pales, situées dans les montagnes, en face de la ville, la
vallée de Prunelli au sud, et la vallée de la Gravona au
nord .
Les deux torrents qui donnent leur nom aux contrées
qu'ils traversent, jaillissent de la même montagne, le
Monte Renoso, et viennent. mêler leurs eaux douces et
claires à celles de la ,mer, sur la même plage de Campo
di l'Oro: la Gravona, non loin du fort d'Asprelto, après
un parcours de 38 kilomètres; le Prunelli, près de la
tour de Capitello. La Gravona n'a que des ruisseaux pour
tributaires. Dans son parcours de 42 lülomètres, le Prunelli reçoit un torrent important, le Zipetoli, à la partie
supérieure de la plaine de Campo di l'Oro, il s'adjoint à
un bras
~ asez
considérable de la Gravona, et ainsi réunis,
ils coulent paisiblement à travers l'étang de l'Enfer.
Les aulres ruisseaux qui viennent se déverser dans le
golfe, p~ndat
l'hiver et l'automne, sont le Tofanato,
l'Agosto, l 'Albitrone, le Forcone et le Scudo .
Depuis longtemps il a été question d'amener à Ajaccio les eaux de la Gravona par un canal de dérivation ('1); mais c'est en dernier lieu, et après beaucoup
àe vicissitudes, que le proj et patronné par l'Empereur a
été étudié, discuté, approuvé pal' le conseil d'État, consacré par un décret du 31 décembre '1862, qui nxe la
dépense totale à 930,000 francs.
(1) Par ol'dre exprès de l'empereur Napoléon {Cr lIne somme de
1,500 francs avait été mise SUI' le budget cie 1800 il la disposition
de M. l'Ingénieur Dupeyrat pour étudier un projet d'alimentation
d'une prisc d'cau dans ce lorrcnt .
de la ville, au mo~cn
• • ,.I:!
�49
CLIMATOLOGIE.
Le canal destiné à la fois à l'arl'osage des' campagnes
environnantes, et à l'alimentation de la "ille, ama une
longueur de 18 kilomètres .
Il pourra amener en ville un volume de 341itres par
seconde, ce qui correspond à 200 litres par jour et pal'
habitant.
La ville d'Ajaccio, pendant les premières années de
ce siècle, n'était alimentée que par de grands pnits de
constL'Uction génoise, et par une citerne de la capacité
de 2 millions de litres .
A l'époque de la première campagne d'Italie, le général Bonaparte s'était déjà préoccupé de la nécessité
de doter sa ville natale d'eaux publiques de bonne qualité (1).
Il poursuivit à travers mille attel'moiements sa bienfaisante pensée, et le 1cr novembre i 807, il signa le décret portant à l'article 15 : (( Les eaux de Cannelo seront conduites dans la ville et dans la citadelle à nos
frais (2). »
(il J'adopte avec plaisir cette heureuse express.ion de M. Grimaud
de Caùx; elle e~t
plus générale et plus significative que celle employée jusqu'à ce jour d'eaux poLables.
(2) La correspondallce de ' apoléon 1er fournil des preuveg multipliées de celle sollicitude.
En 1ROi, il écrit au commissaire gélléral Miot :
« Une loi va autoriser Iii commune d'Ajaccio à vendre une partie
de ses biens pOllr se procurer de l'eau. Il
En 1.802, il invile le ministre Chaptal:
(( A destiner également 50,000 francs par mois pour continuer
les travaux commencés pour faire venir de bonnes eaux à Ajaccio. Il
« Mon intention, mande-t-j) à Berthier œrs t 803, est de fournir
des eaux à Ajaccio; les habitants et les troupes sont exposés à en
DE PIETnA-S~N'f.
4
�AJACCIO .
50
Les sources amenées à Ajaccio, en vertu de cette plllSsante initiative, sourdent dans la montagne de Pozzo .
di Borgo; assez nombreuses, elles prennent les noms
des bassins générateurs, Tombababo, Favale, Annunziata, AI~one,
' Canneto.
AGn de remédier aux pertes d'eaux, aux infiltrations
pluviales, à l'introduction des racines des plantes voisines dans les conduites, on les a canalisées en tuyaux
de tôle bitumée, dont les joints peu nombreux sont
étanches et imperméables.
Comme l'appauvrissement des sources est en rapport
direct a vec le déboisement de leurs bassins, l'administration des ponts et chaussées , toujours paternelle et.
bj env~
lant
e, a enclos et ensemencé en pÎns mari limes
49 heclares de terrains.·
Prises au point d'émergence, ces eaux sont de bonne
(Iualilé; malheureusement leur débit u'est pas considérablê, il diminue très-sensiblement en été: au mois
de septembre 1862, il descendait à 66 litres par minute,
soit environ 7 litres par jour et par habitant.
Toutes ces sources, qu el que soit leur volume, arrivent
h un château d'eau, situé sur la montagne de Cannelo,
où s'opère la répartition entre les différents services el
les divers gemes cie besoins de la population (grands
manqu er l'été, ou à en boire de mauvaises; au lie u de 700 conduites
en terre, il fau l en envoyer 8 à 10,000. Il
Il termine ai~s
sa le ttre du j 1 mars iROS au général Morand:
« Faites finir l es quais elle canal d'Ajaccio. Il
Enfin, le 31 mai 1805, par une missive datée de Milan, il demande
à Crétet un mémoire sur les travaux publics de la Corse.
. ..
~
�-~
..
--------
..
~
-~
,
._-
. ~
0.5
CLIMATOLOGIE.
1
SCIENce S M*OICAL.ES
DE
~Y
i
résel'voirs contenant 4,000,000.d tl'es,i
~ ~eriè
la caseme Saint- François; fon taines
rue Sainte-Catherine, du chemin de ceinture; l'obinelfl
de la Caserne; Fontaine de la place du Marché .)
Quelles sont les condilions que l'hygiène demandr
aux eaux destinées à l'alimentation de l'homme?
Une hrillante discussion s'est élevée à l'Académie de
médecine, à l'occasion d'un rapport du docteur Poggiale; au milieu d'opinions divergentes, il s'est lrouvé
des principes admis par tous les orateurs, à savoir :
Une ean potable de honne qualité, doit remplir la
tl'iple condition d' être agréable à boire, propre à la préparation des aliments et au savonnage.
La qualité dépend de la composition chimique et des
propriétés physiques.
Une bonne eau doit être claire et limpide, tempérée
en été, fraiche en hi ver, sans oùeur ni saveut', neutre,
c'es t-à-dire complélement inerte, n'incrustant ni les
conduites qu'elle parcourt, ni les vases qui la l'enferment. Son deg,'é h~ / dl'otimérque
ne dépassera pas 25°,
Convenablement aérée, elle tiendra en dissolution 20 II
22 centimèlres cuhes d'azole, 9 à 10 centim èlres cuhes
d'oxygène , 20 à 25 centimètres cubes d'acide cUl'honique, par litl'e. Il faut ensuite (Iu 'elle ne contienne que
<.les traces de matières organiques.
Les eaux de Callnelo, examinées à la source, répondent parfaitement au programme que je viens d'énoncer; les inconvénients signalés autrefois, inconvénients
qUl dépendaient de conduiles et d'aménagements im-
l
�'
..
AJACCIO,.
parfaits, disparaissent insensiblement, grâce aux soins
assidus des. .ingénieurs chat'gés du service hydraulique.
. L'introduction dans les ménages de filtres ordinaires formerait le complément de ces améliorations.
La classe aisée fait un fréquent usage d'eau puisée
aux sources de Lisa et du Salario, que des femmes
transportent en ville dans de grands vases de ,'erre
(dames-jeannes) recouverts de paille et de feuillage. Ces
eaux sont excessivement légères, très-agréables à boire
et très-diurétiqu es.
Il n'est pas nécessaire de discuter la question de sa. voir s'il faut donner aux eallX de source la préfét'ence
sur celles de rivièt'e; les conclusions du rappol't de
M. Poggiale (1) établissentclaü'ement, quesilalimpidité
des eaux de source jointe il l'uniformité de leur tempéraluL'e milite en lem faveur, et même leur assure la
préfère.nce, il faut cependant reconnaître que les eaux
de rivière sont plus pures, plus aérées, plus rich es en
sels et plus digestibles; malheureusement leur filtration en grand présente d'énormes difficullés.
Si donc les habitants d'Ajaccio trouvent dans les
sources de Call11eto les éléments d'une boisson hygiénique (2) 1 ils résenel'Ont pour les besoins urbains ,
agl'icoles, industriels et de propreté domestiql1e,
('1) {Iullelin de l'Académie impériale de Médecine, 1. XXVIII.
(2) 1l faut !l'affirmer qu ' une eau est propre aux u sages b~ g i é ni·
ques, qu'a près s'~ l re assuré par une e nqu
~ te,
que ce ux qui en boil'ent n'éprouveul aucun inconvé llient de son usnge, et que leul'
constitution et leur santé n'en ont reçu aucune modification
fitcheu se.
.
(Annuaire de ' Eal/x de France, 1851 . )
. ..
.~
�CLIMATOLOGIE.
53
les eaux plus ou moins torrentielles de la Gravona.
L'importance des pluies est d'autant plus marquée
dans la détermination d'un climat, qu'elles impriment à l'atrnosphèl'e des qualités padiculières en rapport avec leurs caractèr'es, et qu'elles modifient par là
le fonctionnement ph-ysiologique de l'organisme. Si les
averses d'été répandent autout' de nous une douce frai:cheur, les pluies froides de l'automne impre sionnent
désagréablement le système cutané.
En réfléchissant à la formation des nuages chargés
de pluies, on se rend compte de la rareté relative de cet
hydl'Ornétéore en Corse (1) .
Le vapeurs que le soleil enlève aux étendues cIe
l' tlantique, condensées sous la forme de nuages clans
les parties hautes de l'atmosphère, traversent le détroit
de Gibraltar, et sont jetées par les vents d'ouest sur
les premières terres qu'elles rencontrent.
Par suite de la position de l'île, comme point isolé
au milieu de la mer, il arrive que les vents violents
chassent les nuages par-dessus les montagne, et cellesci n 'offrent pas assez de surface pour les retenir au
mom ent où ils vont se résoudre en pluie (2).
(1) La chaleur atmosphérique fait évaporer la partie la plus légère des amas d'eau répandus à la surface de la terre: lorsque
viennent à se condenser les vapeurs qui résultent de celte espèce de
distillation, elles ~e précipitent, retombent en gouttelettes, el sont
ainsi restituées à la terre qui les a~it
fournies.
(2) En certaines années, il s'est écou lé jusqu'à huit mois sans
une goutte de pluie, quoique la moyenne annuelle soit de 22 à 23
pouces, c'est-à-dire 2 pouces de plus qu'à. Paris; mais l'inégale répartition de cette cau et son ér:oulementtrop brusque, en diminuent
beaucoup l bienfait,
�AJACCIO.
Pour apprécier l'influence de la pluie sur le climat,
il faut considél'er le temps qu'elle met à tomber (temps
qui varie dans la zone tempérée et dans les régions
chaudes) et la quantité d'eau qui se répand à la surface
de la terre . Ces deux termes sont dans un rapport inverse .
, Voici un tableau indiqua:qt le nombre de jours de
pluie" pour une sér'ie de trois années. Les obsel'vations
ont été recueillies avec beaucoup de soin pal' M. Dupeyrat, ingénieur en ch ef des ponts et chaussées : ses
importants travaux seron t toujou ['s consultés avec plaisir pal' les climatologistes.
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D'apr'ès les
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- - - 27
44 146
1·~
de M. NosaJowski, profes-
�CLIMATOLOGIE.
55
seur de physique au collége Fesch , la moyenne générale des journées de pluie, du mois d'octobre au mois
d'avril de chaque année (1854 à 1858), a été de dix
Jours.
En arrivant cet hiver à Ajaccio, j'ai commencé pal'
installer dans une chambre au troisième étage, du collége Fesch, à l'exposition convenable du nord, un petit
observatoire météorologique, muni d'insll"Uments précis et variés, que j'avais eu soin d~ comparer d'avance
avec ceux de l'Observatoire de Paris.
C'est M. le comte Bacciochi, qui, dans une pen ée
toute patriotique, a bien voulu me charger de l'acquisition desdits instruments, qu'il se propose de placer
dans un pavillon spécial de son château des Cannes. En
attendant, nous devons àl'obligcance de M. le pl"Ofessem
Charles Guérin la constatation précise d'observations
météorologiques, recueillies, avec une assiduité digne de
tous éloges, d'après le programme que je lui ai fourni.
Du mois de février au mois de juin, lenombl'edejou,'s
de pluie a été de 21 (13 en mars, 1 en avril , 7 en
mai~.
La quanti té d'eau tombée est représen tée pal' 140 mm , 50
(56 mm ,75 en mars, 4 mo\25 en avril, 64 mm ,50 en mai).
�06
AJACCIO.
,
C. LAIR.
La météorologie et la hotaniq ue, si éloignées l' une de l'aulre dans la hiérarch ie des
sciences, doivent l!lre considl1rées comme
deux sœurs dar.s l'hal'mo niem ensemb le de
la nature.
(DE HUMBOLD T.)
On donne le nom d'atmo sph l'e à la masse d'air qui
entom e la le ne de loute part, et dan laquel le s'agite nt
les êtres vivants l'épandus sur sa surfac e.
L'hom me étan t lié à cette atmosp hère pal' des rappor ts
néce saires, non intel'l'ompus, il s'ensu it que les divers
élémen ts qui la con tituent doivent agir d'une manih e
imméd iate sur l'ol'ganisme (1). Mais si la pureté de
l'air lui est indisp ensabl e, alors qu'il est dans un état
physiologique et norma l, elle lui sera bien plus utile
pendan t les phases de la maladi e.
Une atmosp hère limpid e, un ciel sans nuages , pl'Oduisen t une sensati on très-se nsible sur les dispositions
indiyid uelles, et exerce nt toujou rs sur nos fonctions une
influen ce bienfa isante; rien ne peut se compal'er à la
gaielé et à la liberté d'espri t que donne au valétudinail'e
un beau jour de sol il. Autan t une belle joul'llée
réjouit l'âme, aulant la érénité du ciel égaye le caractèl'e t lonifie le corps, autant les nuage qui obscur cissent J'horiz on, et la pluie qui l'inond e, porten l au recueiIJement el à la tl'ist sse.
(1) es principes sont constan ts (électric ité, lumi~'e,
chaleur , etc.)
ou accidentels (miasmes, émaoali ons ou gaz délétères) .
.r
�CLl~IATOGE.
Ajaccio se distingue pal' l'admirable pureté de son
atmosphère; l'éclatante couleur du ciel circonscrit par
celle couronne de hautes montagnes, l'éblouissante
splendeul' de l'air qui se reflète dans ce vaste lac d'azur,
rappellent les teintes vives et lumineuses des atmosphères équatoriales.
De Humboldt, pour prouver l'influence bienfaisante
et l'acLion énergique de la lumière sur le corps, nous
appl'end qu'il n'avait trouvé que peu ou poiut de difformités chez les Caraïbes et les Tnrliens il la peau fOl'Lemen Lcolorée.
L'état de sérénité du ciel est de beaucoup Je pMnomène le plus constant à Ajaccio; les jours nuageux
sont l'exception, et encore durent-ils rarement toute la
journée, comme le démontre le tableau sui vant :
ETAT DU CIEL
OBSEnvt PENDANT THOIS ANNÜ:S PAR Al. DUPEvnAT.
couvert le loir.
31
24
35
31
qu
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22
25
26
2::1
18
llO
1 !~
Janvier ... '" ... . .
Février....... . ...
Mars .............
Avril. ............
Mai ............. .
Juin .. . ..........
Juillet. ..... . .....
Aoùt ......••.....
Septembre ........
Octobre ..........
NovembJ·e ........
Décembre .........
et
vice versa.
1.7
55
49
hl
21.
22
2:)
I~09
Moyennede l'année.
DelU matio
Beau
loui le jour.
1.36
17
Cou'Yert
lout le jour.
12
1i
H
i3
i
5
9
;;
20
12
~6
HI
32
20
269
89
2"HI
{:l3
51
�AJACCIO.
OBSERVATIONS FAITES EN MARS, AVRIL ET MAI
i863,
PAR M. CH. GUÉRIN.
Mars . .... . .......
9
12
10
Avril. .... .. .. ... .
20
7
l'liai ..............
14
9
3
7
2f:!
':l0
Tota\. ....
!~3
c'e"t-à-dire 43 fois beau sur 92 jours.
Ces résultats concordenl avec les pl'écédents.
TEMPÉRATURE.
La tempér'ature d'un lieu, c'est la valeur numérique
(exprimée en degrés de l'échelle thermométrique) de la
qua::1fité de chaleUl' contenue dan son atmosphère.
L'homme vit, pl'ospèl'e et se perpétue dans toutes les
zones LCI're tres el sous touLes les latitudes, mais selon
que l'üllpl'ession que fait éprouycr au corp humain la
masse d'air qui l'environne est plus ou moins sensible,
élevée (1) .
on (lit que la t mpél'alul'e est 'plus ou moi~
Cet élément météorologique domine nécessairement
tous les autres dans la constitution des climats, cal' les
mutations atmosphériques qne déterminent ces périodi(1) Dans les pays chauds, le corps esl bien plus sensible à ces
modifications de t mpérature que les instruments les plus délicats
ùe physique. A égale hauteur de la co lonne thermométrique, on a
plus froid en hiver sous la latitude des pay:; chauds que dans les
zones tempérées. précisément à cause de la sérénité de l'air ct de
sa ten 'ion moindre. Les savants de J' xpédilion d'Ëgypte ont plus
sou[fert du froid au Caire, le thermomètre étant Il 5° au-dessus de
zéro, qu'en Europe dans les zones tempérée ', alors que lu colonne
thermométrique 6.tail à 6 el 7° uu-dessous de zéro .
..
�CLIMATOLOGIE.
09
cités mensuelles, constituent dans leul' succession lu
régularité des saisons.
Il importe donc de connaHl'e d'une part le clegré de
cbaleur de la station pendant les mois d'biver , et d'autre
pal't les variations que l'organisme doit subir, pOUl'
tenir compte de la discordance qui existe entre la températu re réelle el la se,nsation de froid éPl'ouvée (1).
De là résulte la nécessité de determiner en même
temps la température mo)'enne d'une station (c'est-àdire l'expression dernière représentée par un seul chiffre des influences thermométl'Ïques auxquelles ell e est
soumise), et les limites exlrêmes de la température les
maxima et les minima.
La première nous fera mieux apprécier les conditions
de la journée médicale si utile aux valétudinaires .
Les autres nous exp liqu eront comment ces variations
bl'usques et inslantanées deviennent les causes immécl iales de la plupart de nos infil'milés (2) .
Celte étude nous conduit à reconnaître à Ajaccio :
10 Deux saisons: l'une chaude et sèche, l'autl'e tempérée;
(l) Il ne faut jamais perdre de vue qu e nou s ne jugeons des
influences de chaud ct de froid, que par leurs relations avec les
c t~
l'habitude, et que, par
tempér::ttures dont nous avons co nlra
conséquent, les témoignages de nos sens s'accordell t rarement avec
les indicalions fournies par les instrumenls,
(2) De t(lU tes les cOlldi tions de l'air atmosp hérique, nulle n'cst
au ssi préjudieiahle aux plithislqUCS que les vicissitu des continuelles
de la température; il Il 'importe quelle période, dans n'importe
quelles circonstances, ce qui leur est avant . tout nécessaire, c'cs'
une temp Iralure égale el uniforme.
�60
AJACCIO.
2° Dans l'ensemble, un climat doux et tempéré quoi-
que plus chaud, plus constant que celui des côtes de
Provence;
3° Des vicissitudes atmosphériques à certains moments de la journée (lever de l'aurore et coucher du
soleil) ;
4° Des abaissements da température, en rappol't avec
les conditions thermométriques de la joumée et les
oscillations de la colonne barom6trique.
OBSERVATIONS THERMOMÉTRIQUES
AJ ACC IO. -
1809
A
1813. -
M. DUPgYRAT, INGÉNTI\UII EN CHEF.
TlIERMOMÈTIIE Ht
~ AUMR.
18 10.
I SII.
Juin .............
Juillet. ....... .. ..
Août. ............
Septembre ........
Octobre .. ....... . .
Novembre ........
Décembre . . . ......
7,59
7,20
10,87
10,90
15,33
16,0:\
17,97
17,47
17 ,35
-14,93
12,02
864
6 ,77
9,76
'10,18
'13, '13
15,57
19,27
Moyenne de ['année.
12,80
Janvier ...........
Février ... ........
Mars .............
Avril.•. ...........
Mai .......... ... .
-"-
'-
(MOYENNES).
181 ~.
7,02
9,50
9, 14
12,39
14,64
17,97
-18 ,96
19,47
n,69
19,!~
19,31
'17,78
15,5411,65
1 :~
'10,79
7,79
7,03
8,33
9,96
H,77
15,18
'17 ,95
'18 ,90
18,H3
17 ,56
1.4,75
11,35
8 ,43
13,82
13,45
14,~8
1~,48
, 74
- ."..-
Les 3 années
réuuies.
----
La moyenne 13,45 Réaumur correspondant à 1.6°,81 een tig.
Dans ces trois années, la différence entre les plus
grands maxima et les plus petits minima Il été de
23° Réaumur ou 2'6°, 30 centig .
•
...f!
�61
CLIMATOLOGIE.
OBSERVATIONS DE 1. NOSADOWSKl
MOYENNES MENSUEI.LES
(Recueillies à l'angle de la rue de la Cathéd"ale et de la place Bon.parte. )
Série de G année.
Co.
Janvier . . , ..... . .. . .
Février . . ..... .. . .. . .
~lars
. . .... . . ...... .
Avril . ............. .
. ... . ....... . ... .
Juin ... . .... . ...... .
~rai
Juillet ..... ........ .
Août .... .... . ... . .. .
Septembre ... . ...... .
1 ~ri8J.
TEMPÉRATURE MOYENNE ilES SAISONS.
10,25
'i 1,78 Hiver. . . . . . . . . . . . . . . J 2,03
'12,46 Printemps ...........• 1!),07
14,6:.1 Été................. 24,20
18,1(1 Automne..... . .. . . . . 18,93
22,09
TEMI't:RATuns ~ IOY
EN
DE L'ANNÉE.
24,87
17°,55
centig.
25,66
23 ,2 1
Octobre ... ......... . Hl.44.
Novembl'Cl .......... .
Décembre .......... .
li Sa' "
14., 15
11 ,7 1
TEMI'ÉnATUnF. MOYENNE DE LA SA
I SO~
IHUEnNALE .
14°,34 centig.
Ce résultats n'ont pas besoin de commenlaires
puisqu 'en déflnitive les malades trouveront à Ajaccio
pour tempét'alure moyenne de la saison d'hiver, le degré
thermométrique que l'on a signe à la température ordinaire d'une chambre à coucher'.
Non-seulement celle douce Lempér'ature est constanlé , mais encore les passages d'une saison à une autre se font d'une manière gl'udL1ée, et sans violentes
secou ses de la colonne mel'curielle.
La différence entre le chiITre plus élevé des moyennes mensuelles (août 25°, ûû centig.) et le plus bas
(janvier 10°,25 cenlig.) n'c l que de 15°,41.
,
La difl'érence enlre la moyenne de l'hiver el celle du
printemps cst de 3°,04.
�62
AJACCIO .
~rintemps
et été .. . ... . . . . . .. .
Elé e t automne . . ... .. .... . ..
Automne et hi ver. . . . . . . . . . . . .
9°, 13
t)o, 27
6°,90
Les obsel'vatioLls de M. Ch. Guérin confirment ces
données générales de la tempél'ature ajaccienne.
1863 .
'l'emp. Illoyc nu e.
Ma l's . . . . .. .
Avril. . . .. . .
Mai ... ... ..
12°,3 1
16° 57
'2 0°, 28
Max imum.
Mi nimu m.
16°.50
6°
7°
-, 1°
~O
o
,75
26°, 00
Muyen ne des
max im. et milli m.
10°, 7/l,
14°,90
-19°, 01
Ju squ 'à ces dernières années, l'on a étudi é l'état calorifique d' un pays , en cherchant la température moyenne
de l'air à un e distanr.e plus ou moins rapprochée du
sol, sans tenir compte de l'inOu ence qu e ce sol 1uiexercer, mais ces conslatalions donn ent ,
même ~ peut
d'après M. Becquerel, c1 es rés ultats in complets : su ffisantes pour la phys iqu e tel'l'estre, ell es ne doivent. pas
satisfau'e le climalologisle. Dans le travail auqu el nou s
avons déjà fait allu sion. le savant académicien insiste
beau coup sur ces distin ctions, et il démontre , de la
mani' re la plu s péremptoire, qu 'il existe dans charrue
localité deux températures moyennes :
L ' uD e dépendant e de la latitude,
L'autre de la nature de la surface terres tre .
Examinon s allenlivemeut les observations thermomélriqu es l'ailes comparalivement en 1861 et 1862 il
l'Observatoire de Paris el au Jardin rl es Planles .
Température m oyenne de l' air à l'Observatoire . ..
au Jardin des Planles. . .
-10 ,68
10 ,67
�63
CLIMATOLOGIE.
186 1
Hiver (Déc . Janv. Fév.) ..
Printemps ... ....... . . .
Été .................. .
Automne ............. .
1863. - Hiver météorologique.
à l'Observatoire.
au Jardin de. Plante;.
3, '16
2 ,31
10,27
17 ,59
'1 0,27
18,82
11 ,M
5,46
-11 ,06
4 ,70
Ces résultats montrent que si les températures
moyennes annuelles sont égales dans les deux localités
.il n'en est pas de même des températures moyennes
des saisons.
Les étés sont un peu plus chauds, et les hivers un
peu plus froids, au Jardin des Plantes qu 'à l'Observatoire. (La température de l'Obsel'vatoil'e est prise à
7 mètres d'élévation au nord, celle du Jardin des
Plantes à 1lU ,33 au nord, au-dessus du sol.)
Ces différences, qui assimilent la tempél'àtul'e de l'ail'
au Jardin de Plan tes à cell e de climats un peu extl'êmes, sont évidemment dues à des diffél'enc s daus le
ra)'onnement du sol et des bâtiments voisins ( ().
De là déco ule la nécessité de pren dre en considération les influ ences locales, dans la délel'miuation des
températures qui doivent servit' à l'étude el à la classi I1cation des climats,
(1) 1\1. Renou propose de prendre les températures en se plaçant
e lqu
e~
pas des maisons, et en tournant le th ermomètre en
rronde; c'est le moyen le plus certain d'avoir la température de
l'atmnsp hère ambiante.
à qu
�64
AJACCIO.
ÉTAT D'HUMIDITE.
Étroitement lié à la température et presque sous sa
dépendance, l'élat hygrométrique de l'ail' ('1) joue un
rôle très-important dans l'étiologie des maladies et
dans l'influence des cliyel's climats sur l'organisme.
J. Clark, le célèbre climatologiste, considère l'humidité comme l'une des qualités ph~ ' sique
de l'air qui
sont le plus nuisibles à la yie humaine.
Pendant que l'ail' chaud et humide exerce sur l'ensemble des fonctions une action débilitante, l'ait' devient vital el actif ayec la sécheresse; une atmosphère
moile
~ et humide réprime l'évaporation insensible de
la surface cutanée; les conditions contrai['es l'aclivent.
11 est des jours où l'homme le plus robuste éprouve
de l'oppression el cie la languel!r, il en est cI'autres où
il a le sentiment d'une exaltation yitale, d'une énergie
musculaire exagéré .
C'est surtout dans les affections chroniques de la
poitrine, qu'il faut parfaitement déterminer l'inCluence
direcle cie l'humidilé clans ses rapports avec le séjour
d'lùver; car si un phlhisique débilité, languissant, avec
sécrétions profuses, réclame avec raison un climal
sec ....
(1) On appelle état hygrométrique de l' air le r<!-pport eutre la
quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air, et celle qui s'y trouverait au point de saturation •
•
• r
•1}
�C1.U!.\101.0r.IE.
Un phlhisique doué d'une suraclivité des fonctions
demande un climat doux et humide.
La tension de la vapeur d'eau, contenue dans l'air,
varie suivant le degré de la température, et selon la dil'eclion des venls et la pression atmosphérique: aussi
l'humidilé change aux différentes heu ms de la journée,
ainsi qu 'aux différentes sai ons de l'année.
Pour mesmer ce degré d'humidité, l'on se sert ordinairemenl de l'hygromèlre à cheveu de Sau sure, ou
du p ychromèlre d'Augusll (1).
Nos sens nous permettent d'apprécier, quoique d'une
façon gros ière, l'état hygrométrique du cIel. Ainsi,
quand l'air est parfaitement sec, les objets nous pal'aissenl plus lointains, les horizons plus profonds,
1. ] umières éloignées semblent des points très-faibles.
Quand l'atmosphère est toul impl'égnée de vapem
cl' eau, el que la pluie est prochaine, les horizons se rétréci senl, les plans le plus éloignés, au lieu d'être
perdus dan une poussière nébuleuse, ont une netteté
inaccoutumée, les montagnes lointaines pl'ennent une
teinte plus bleue; la nuit, les lumières s'entourent
d'une large aUl'éol et semblent plus colorées.
(1) Uans ce dernier instrllment on reproduit le phénomène de la
rosée, cn obtenant la condensation arlif1cielle de la vapeul' d'cau
atmosphérique sur une surrace qui se refroidit, el dont on connait la
température.
Le l'apport entre la templ'rature à laquelle celle rosée se forme,
de l'l1umidiltl
el celle de l'air, indiqu e immédiatemeotla p~'ortin
qui s'y trom'e l'épandue.
D E PIE rnA-SANTA .
�AJACC IO.
66
Les brouillards et la rosée, rentrent dans les cond itions de l'hygrométrie .
Les brouillards sont rares et peu denses à Ajaccio .
La rosée est d'autant plus abondante, que le refroidissement des couches atmosphériques inférieures est
le sol se lrouve dans les condiporté plus loin, et q~e
tions d'un
rayonnement
,
. plus grand. Les t'Osées suppléent en partie au manque de pluies régulièœs; c'esl
à elles que la campagne doit cet aspect de verdure qui la
rend si agréable .
LeS seuls renseignements précis que je puisse donner, sont 'ceux que je tire des observations recueillies
cet hiver par M. Guérin et par moi .
Les degrés hygrométriques sont toujours un peu élevés, pa~"ce
que notre observatoire est installé à quelques
pas du rivage; or, en venant se briser contre les rochers, les vagues répandent dans l'atmosphèl'e des particules -aqueuses, qui y restent suspendues dans un
certain périmètœ .
Les moyennes
Saussu l'e
. m:msuelles de l'hygl'omèlre
.
sont
pour Février de . .. . .. . . ..
Mars de .. . ... . .. . ..
Avril de . ......... "
Mai de...... . .... ..
87,78
87,W
87,50
88, iO
Le ps~ ' chrom
lre d'AugusH nous a donné la lensioll
de la vapeur d'eau mesurée en millimètres, et la saturation .au cen tième dé l'air ambian t. Vo i ci les moyennes pour ce ll'imeslre d'hiver .
•
..
•10
'
�67
CLIMATOLOG IE.
Tt! II .. io n de la \apcur.
Satul'ation.
0,08 mm f9
Avril.. . . ..
0,10
J3
78,0'1
74,08
lai ... . ...
0,J3
38
76 ,4 1
lal·s... . ..
La concordance est parfaite eotl'c fous ccs résultats,
qu e nous espérons compléter ultérieurement, par un
plus grand nombre de constatations.
PRESSIO
• Tl\IOSPIIÉRIQUE.
L'atmospllèrc dans laquelle l'homme vit et se développe aO'it sur lui, non-seulement par le plus ou moins
de chaleur qui l'animc, pal' le plu ou moins d'humidité
qu'elle conLienL, mais enCOl'e par le poiùs que le corps
uppol'te.
Les variations de la pre sion atmosphél'iql1e sont
indiquées pal' le barom tre, après avoit' tenu compte
de la tempél'aLure de l'air ambiant.
Les eIt ts produits sur l'orO'a nisme sont Lrop considérables, pour ne pas exiger ici quclques développements.
Au niveau clela mcr, ous l1nepressioncleO m ,760,le
'orps d'un individu dc taille moyenne soutient un poids
de 16,OOOkil., mais, à mcsure quo1'on s'élèvc dans les
montagnes, la 'colollue de mercure destinée à fail'e équilibl'e au poids de l'ail' tend à baissp-r, et à 1,000 mètres,
celle diminution atteinL le chiffre de 400 livre (1) .
(1) L'échelle de l'altitude il laquelle nous pOuvons exister est
très-grand. Au so mmcl du Chimborazo de Humboldt Il'élail plus
qu e scus une pres ion barométrique de 376 mlll ,75.
�AJA CC IO.
68
Il suit delà que ses poumons, sous des volumes identiqu es, et pour des ampleurs thoraciques égales, reçoivent un air qui a perdu 1f8 de sa densilé el de son poids
normaux.
Ces circonslances provoquent l'évaporation insensisec et plus froid.
ble, et rendent l'air p~us
Si donc ces conditions doivent être utiles pour les
valétudinaires qui ont une constitution débile avec
abondante expectora lion , elles seront nécessairement
nuisibles pour les individus chez lesquels il exisle
une tendance à la congestion, et partant à l'irritation .
A Paris (om, 760 de pression), l'homme consomme
ùans ses seize aspirations 8 litres d'air à la m inute, soit
480 à)'heure; à 1,000 mètres de hautem (om, 710), il
éprouvera une perle de 60 litres par heure , soit 1 ,440
lilt'es par jou r; et comme les gaz qui circulent dans
nos organes sont en rapport de densité avec le poids
de l'atmosphère, ils doivenl nécessairement, dans leur
circulalion avec les liquides qu'ils accompagnent, présider avec une furce moindre aux lransformalions physiologiques (1) .
Dans une cloc he à plongeur, l'on supporte une pression de
j Dl, 150,47.
Les slations lJibernales les plus propres à influ encer beureuse, m ent l'appareil r espiratoire son 1 celles qui se lrouyeo 1 au niveau
de la mer . .
Mübl'Y admel qu'il n'y a pas plus de 20,000 âmes vivant en Europe
à une h au leur de plus de j ,200 mèlres.
(1) 'i mninlenantl'on veut connaître les modillcalions qui sc réfèrent à la composiLion e]]e-II1(1me de j'ilir respiré, il faul é lablir les
éalculs suivan ts :
•
..
•1)
�CLIMATOLOG 1E.
69
Ce sujet est si important, que je demande la permission de l'appelel' quelques observations faites sur' les
enfan ts aux Eaux-Bonnes, c'est-à- clire à une hauteur
de 735 mètres (1)
Dans les premières semaines de leur arrivée aux Pyrénées, ils subissent l'heureuse in fluence du changement d'air, d~ la pureté de l'atmosphère, de l'exercice;
leur activité vitale augmente,eL il s'opère dans tout leur
organisme une modification notable. Mais plus tard,
,sous l'influence d'une oxygénation constamment imparfaite, d'une hématose journellement appauvrie,
les fonctions gastro-intestinales se dérangent, et des
symptômes d'anémie et de chloroanémie précèdent ou
suivent ceux d'irritabilité nerveuse. La pâleur du teint,
l'amaigrissement, les bruits de souffle des carotides, rinquiétude du caractère, ne laissent aucun doute sur ces
conditions pathologiques. - On disait, pour expliquer
ces faits, que l'ait' trop vif des montagnes excite à la longue ces jeunes êtres, mais ce que je viens de rappeler
s'oppose à une pareille inter·p1'6tation . Ces enfants sont
souIfreteux, parce qu'ils sont pri vés d'une certaine quanL'oxygène figure dans l'air pour 23,01 %. Mais si un litre d'air
pèse '1,20 cenlig. au bord de la mer, sous une pression de om,760,
il ne pèse plus que -1,-10 cenlig. dans la montagne à une hauteur
barométrique de 0111 ,700 par exemple. En conséquence, il y aura
en moins 23 millig., par litre, d'oxygène, soit Il grammes dans une
heure, et 264 grammes clans la journée; tout le monde compl'enp
qu' une clilrérençe aussi notable doil exércer une aclion directe et
immédiate sur la resp,iralion pulmonaire ct sur l'hématose.
( 1) De Pietra Santa, Les EatlxBonnes. Voyage, topographie, climatologie, hygiène des valétudinaires, valeur thérapeutique des Eaux .
Paris, 1862. '
�70
AJ.\ CC IO .
tité d'oxygène . Je trouve un argument péremptoire de
cette conception pathologique clans l'efficacilé thérapeu tique des préparations fel'rugineuses, des huiles
de foie de morue, des vins de quinquiria .
De cette manière on conçoit aisément les effets d'un
air moins oxygéné. Il est utile pOUl' le poitrinaire,
et
parce qu'il a besoin de respirer le moins posi~le,
d'introduire une quantité moindre d'oxygène clans les
poumons. Il devient nuisible pOUl' les enfants, paL'ce
qu'ils n'absorbent pas la quantité d'oxygène qui leur
est nécessaire, pour une réparation organique complète .
La ville d'Ajaccio étant au niveau deJa mer, sa pression aLmosphérique normale doit être représentée par
0 ,760 ou 28 pouces de l'ancie nne mesure . 'Les vicissitucles ordinaires de pression n'agissent que d'une manière ü1sensible sUl' l'ol'ganism e .
10
OBSERVATIONS BAROMÉTRIQUES,
PAU M. DU PEYRAT.
3 !lnnées 1810-] 1-12.
Moyenn és du
(~I
c s Cl r c
Aprcs-midi .
en pouces ct lignes.)
~oi
r.
Janvi er . . . .
Février .. ..
Mars .. . . . .
Avri l. .... .
Mai . . . .. . .
Juin ......
J ui Ilet. .. . .
Aoüt. .....
28,10
28,08
28,05
27 ,9:5
28,03
28,09
28,05
28 ,08
. . l~
Moyennes de 1.
jou rn ée .
matin.
28,14
28,03
27,92
27,U 1
28,01
28, '10
2 ' ,O/~
28,06
28,11
28 ,06
28,00
27,91
28 ,03
28,09
28,0:5
21:1,U7
28 ,11
28,07
28, 03
27,9~
28,03
28,U9
28,05
28,07
�71
CLIMATOLOGIE.
cptembl'e.
Oclobl'e ....
Novcmbre ..
Dûccmbre ..
28, li
27 ,96
27,97
28,00
28,12
27,97
27,99
28,00
28,1 t
27,96
27.99
2 ',00
28, Il
27,96
27,99
28,00
Moyennc générale des 3 années : 28,04.
Différence enlre les maxima et les minima: 0,81 lignc.
Les plus gl'andes oscilla lions barométriques s'observenl en hiver.
Les moyennes mensuelles les plus basses tomhent
dans les mois de printemps et d'élé; elles augmen lent
l'égulièremen t en septembre et en janvier, pOUl' reclescfmd,'e de févriel' à août.
Ce que l'on observe quant aux oscilla lions baroméll'iques, a lieu égalemenl dans chaque révolu lion diul'De,
seulement d'une manière moins prononcée.
No 0bservalions barométl'iques de l'hiver onl été
faile avec deux excellents instruments, comparés à
celui de l'obsel'vatoil'e de Paris. Un baromètre Fortin
(à colonne mercurielle), un bal'omètl'e Richard (méLallique ét à grande marche) : elles confil'ment en Lous
points les précédentes.
Voici les moyennes mensuelles de quatre constatations pal' jouI' (8 heures du maLiu, midi, 4 heures et
8 heu l'es du soir).
n,II'ometre Fortin.
j1'érricr. ..
Mars. . . . .
Avril. . . ..
Mai.. . . ..
0 ,7653
om, 7563
0"', 7G07
om, 7600
10
Da"ornè h'C lIich ard.
010 , ïG4V
om,7557
om,7605
om ,7600
�72
AJ..\.r.C IO.
Les oscillations mensuelles n'ont pas été très-considérables, comme l'e démontrent les différences des
maxima et des min ima.
Mars .. . .
Avri l. ... .
Mai ..... .
Maxima.
.llÏn ima.
om,7678
om,7639
om,764·0
om,7463
om, 7525
om,7498
Les oscillations journalières de trois jours. pris au
hasard dans chaque mois , se trouvent être de
26
5
15
24
février.
mars .. .
avril . ..
mat: . . .
8 b. ma tin.
Mid i.
-om,7706
om,7583
om,7605
om,7485
om,7708
om,7586
om, 7609
om,7496
1..
h . soi r .
om,7707
om,75g6
om , 7606
om, 7509
S h . soir.
om,7708
om,7586
om, 7607
om,7518
ANÉMOLOGIE.
Personne ne saurait contester la grande importance
hygiénique P. l'air en mouvement, et son infll1 enee
prépondérante sur les phénomènes météoeologiques .
Le professem Martins, qui appelle les vents, les
gran ds arbitres des changements atmosp hériqu es, a
parfaitement déterminé l'ac ti on directe el. immédiate
qu'ils exercent sur la salubrité des lieux et sur la nalul'e
des climats (1).
(1) Voici un e description précise de la forma tion des ven ls :
« Tous les couran ts aé ri ens onl pour origin e une différence de
lempéralure dans les diverses parlies de l'atmosph è re. Con sidllrons
un e île entourée pal' l'Océan: dans la journée, la surface ulide de
•
• r
,1)
�CLIMATOLOGIE •
73
. Aux bords de la mer, indépendamment des grands
mouvements, il se produit le soir et le matin deux vents
alizés ou brises r égulières, connus sous les noms de
brise de mer et de brise de terre.
La première reconnaît pOUl' origine l'échauffement
inégal de la tel're et de la mer, à mesure qu e le soleil
s'élève au-dessus de l'horizon.
La deuxième se produit , par une raison inverse, à
l'entrée de la nuit.
Ces brises tempèrent à Ajaccio la chaleur de l'été , et
rendent moins sensibles les froids de l'hiver .
Les ven ts les plus pernicieux sont la Tramol1 tana et
. le gregale froids et pénétrants, et le sirocco toujours
l'ne s'écnaulfe plu s vite que Je miroir des caux; au-dessus du sol)
l'air, de plus en plus léger) montera dans les parties hautes de
l'atmosphère, et sera remplacé à mesure par de l'air des r égions
maritimes environnantes (brise de mer) . La nuit un phénomène
inverse a li eu; l'île se refroidira plus que la mer, el l'air, se mouvant en sens in verse, form era la bl"Îse de terre .
« Agrandissons ces phénomènes : au lieu d'être quotidiens cl
locaux, qu'ib se produisent sur les grandes masses terreslrès du
continent as i ~tique
el sur l'océan Indien qui les enviro nne; les
brises de mer et de terre vonl de \'eni r les moussons.
(; Enfin, prenons pour lh éû tre du phénomène la terre entière, el
nous comprendrons pourquoi, la planète élant sans cesse échauffée
sous les tmpiq ues, et refroidie aux pO les, deux courants atmosphériques fondamentaux ct permanen ts doivent s'établir, l'un poussant
l'ail' refroidi vers l'équateur, l'autre ramenant l'air chaud vers les
pOles.
« Dans la région des tropiqu es ces deux courants sont bien distincts et nettemenl séparés; le courant inférieu r forme les vents
alizés.
« Dans la zone des climats tempérés l le courr.nt équatorial e t le
courant polaire sont Co nstamment en con nit; de là l'extt'ême variabilité du temps. »
(LAUGEL, Science et philosophie.)
�AJACCIO.
éJJervanl, alors même qu'il a traversé une vaste élendue
de mer.
On sait aujout'd'llUi que les variations de la rose des
vents ne sont pas absolument al'bitraires, et qu'elles sont
soumises à la lui dite de Rotation des vents découvedr,
par M. Dove, de Berlin .
Les vents qui du pôle nord se dirigent vers l'équaleur sont, pat' sùite du mouvement de la terre autour
de son axe, déviés vers l'ouest, et se convertissent graduellement en vents d'est: (les courants polait'es viennent d'abord du nord, puis du nord-est, et enfin de
l'ep,[) .
S'il s'agit d'un courant équatorial, il monlera d'abord
vers le nord, puis 'il s'infléchira de plus en plus vers
l ' ocid
~n t (les vents du sud ont une tendance naturelle
à tomner au sud-ouest, à l'ouest et au nord-ouesl) (1).
Dans nos régions eu t'op6ennes, il n'y a que deux
venls principaux, donl l'un oscille enlre le sud et
l'ouest, et vient le l)lus généralement du sud-ouest;
donl l'autr - s'agite entre le nore! et l'est, et nous arriVe de pr6fét'encc dans la direction du nord-est.
En ayant égard à la position de la Corse dans la Méditerranée, l'on conçoit qu'il n'existera jamais pOUt'
elle, un même comant d'air, un même vent.
, La pointe du cap Corse rompt nécessait'ement les
colonnes d'ait' qrJi viennent du nord, et les fait dévier,
(1 ) En compurur,t la rose des venls à une borloge, on peul dire
que le venl tourne clans le mCme sens que les aiguilles; clu nord,
ils vonl à l 'c~ l cl au sud, pour remonler à roues! et au nord .
• ,t
.'
�CLIMATOLOGIE .
en tourbillonnant, de leur direction première. Dans le
canal de Bonifacio, les vents du sud-ouest, qu i y r gnen t
habiluellement, sont toujours opposés et violents, parce
qu 'ils sont resserrés par le détroit qui sépare l'He de la
Sat'daigne.
La configuration du golfe d'Ajaccio doit exposer plus
particulièrement la ville aux vents d'ouest fléchissant
au sud-ouest ou au nord-ouest.
Le tableau suivant indique: d'une pad, le rapporl du
nombre cie jours, pendant lesquels les venls ont soufflé
(lans chaque direction , au chiffre 1000 (ob ervations de
M. Dupeyrat); de l'autre, la fréquence de chaque vent
pendant le premier trimestre des ob ervations de
M. Guérin (1).
Dupe)'r.t.
Nord (Trnmon lann) ... ..
Nord-est (Gregale) ......
E l (Levante) . .........
SlId-CSI( iroeco) ........
ud (l\I ezzo-giorl1 o) .....
Sud :ol1esl (Libeccio) ....
Ouesl (Ponente) ........
Ol'd-ouest (l\l istrale) ....
Guérin
(sur !l~ jours)
0,064
0,1 25
0,054
0,223
0,033
0,0:54
O,08i
O,H)O
1 J fois.
19
23
2
7
9
20
Les mois où les vents souf{lenlavec plus d'intensité,
(1) Pendant celle pél'iode l'tlLat de la mer a été
Calme. . . . . . . . . . . . . .. . . . . .• 72 jours.
Agitée ou clapoleuse. . . . . . . . iO Grosse........ . . . . . ... ... .. 7 Très-grosse ...... .. ......... 3 Les tempales cl Jes-rafales de ven ls sont arri\'ées par des \'enls du
sud-esl.
�i6
AJACCIO.
en changeant de direction dans une même journée, sont
les mois de mars et d'octobre; les plus calmes sont les
mois de juin et de juillet.
Ce rappOl't est de 20 et de 15 à 3.
un tableau indiquant la
Voici, d'après M. Dupéyrat~
direction du vent comparé à l' état du ciel (sur 178 observations) .
Direction du vent.
Beau temps.
Nord ...........
Nord-est . .......
Est ............
Sud- est . .. .. . ...
Sud.' .... , .. ....
Sud-ouest. .... ..
Ouest ..........
T ~ Ol d-ouest.
.. ' ..
Variable.
Pluie.
36 fois.
3 fois.
J)
10
l~
Il
1
5
»
2
10
21
-
::1
Il
'1
;)
J)
6
6
27
-
fois.
1
~4
!~
11
Ce tableau me parait des plus instructifs; en même
temps. qu'il fournit la confirmation des idées qu e je
viens d'exposer, il démontre les modifications spéciales
que subissent les grands courants atmosphériques de la
Méditerranée, pal' suite de la disposition ' particulière
du golfe d'Ajaccio.
Le bea'u temps coïncide toujours avec les "enls du
nord; ,ce sont presque 1oujours les vents d'ouest qui
.
amènent la pluie.
Ql1elques mots actuellemfi}nt sur la naLure de ces
ven ts; quelles doivent être nécessairement leurs qualités?
Les vents du nord et du nord-est amènent un air
froid et lourd qui fail monter le baromètre; lorsque le
.
• r
.~
�CI.lMATOLOGIE.
77
courant polaire rencontre le courant équatorial plus
chargé de chaleur et d'humidité, il s'empare de la vapeur d'eau qu'il contient, l'emporte et dissout les
nuages.
Le courant équatorial, qui alteint nos latitudes daus
la direction du sud-:ouest, est imprégné d'un air chaud,
humide et léger qui fait descendre la colonne mercurielle. Grâce à sa température élevée, il se charge d'une
immense quantité d'eau, en passant sur la plaine liquide de l' océ,an Atlantique. Du moment où ce couran t
p-énètre dans une région refroidie par le courant polaire, ]a vapeur d'eau qu'il porle se condense, le temps
se couvre et la pluie arrive.
Il est facile d'appliquer ces principes aux vents qui
dominent à Ajaccio.
Quant aux autres vents de la rose, comme ils ne sont
que des intermédiaires entre les deux grands courants
polaire et équatorial, ils partagent en quelque sorte les
caractères de ces courants, dont ils marquent la succession.
OZONOMÉTRIE.
Le professeur Schœnbein a donné le nom d'Ozone
au principe nouveau qu'il a découvert dans l'atmosphère, en décomposant l'eau par la pile de VoIla (1) .
(1) Les opinions sonl encore divergenles sur sa nalure : Iriloxyde
actif, acide aérien, acide
d'hydrogè ne, oxygène naissanl, ox~ ' gène
hypoazolique, oXl'gène à un é tat parliculier d'allotropie, oXl'gène
éleclrisé.
�78
AJACCIO.
Dans toules les théories invoq uées à l'appu i de la
nature intime de l'ozone , il faut admet tre ses ,relations
intime s avec l'élect ricité, parce qu'elle s résulte nt clairement des expériences de MM. Fillerm ann et Matteucci.
Sans vouloi r accord er à l'ozone une impod ance exagérée dans la climat ologie cl'one localit é (.1), j 'ai été
condu it par une étude atten tive de cet agent, à reconnaitre qu'il exerce sur l'ol'gauisme une action réelle, et
({u 'il donne une explication plus simple de quelqu es faits
météor ologiq ues.
Sous l'influ ence de certain s phénom ènes chimic ophysiq ues, l'oxygène subit une modifi cation particu lière,
qui lui perme t de provoq uer plus facilement, a u sein
des tissus vivants, les phéno mènes 'd'oxydation.
POl1r
~ expliqu er comm ent l'air des campa gnes était
plus salu bre que celui des villes, l'on admet tait qu'il
existait dans le premie r un princip e inconn u dont était
pl'ivé le ~econd,
c'est-i l-dire l'ail' des grande s cités (2) .
L'ozone contenu dans l'air se constate au mo)'en de bandele lles
dites ozonorh étdques (papier à filtrer préalb~emcnt
trempé dans
un empois contena nt i partie d'iodure de potassiu m, 10 parties
d'amido n, 200 d'eau).
L'ozonc , en décomp osant l'iodure de potassiu m, donne lieu à la
product ion d'un ozonatc de potasse, qui se perd dans l'air, pendant
que l'iode mis en liberté, s'u nit il l'amido n pOUl' former Ull iodure
d'amido n li colorati on plu s ou moins bleue.
(1) 11 suffil de rappele r les noms de MM . Schœnb cin, Bœckel,
:'chwal' ?cubacb , Bérigoy , Scoullc ten, llouzeau , pour montrcr l'importanc c de ces rccherc bes .
(2) III. Houzeau sc ser t dc papiers de tourn csol bleu el de papiers
de tourneso l l'ouge vineux.
Les premier s sont complét emen t décoloré s li la campag ne, pendant quc la décolora tion cst incomp lète li la ville .
•
,
.
,1}
�CLIMATOLOGIE .
70
Les travaux de M. Houzeau ont eu pour but de déterminer lanaturedece principe, et d'apprécier ses qualités
essentiellement fugaces, par des réactions matérielles:
Le docteur lreland, d'Édimbourg, qui s'est livré .
récemment à une série d'expériences
l'action
sur
.
physiologique de l'oxygène électrisé, est arrivé aux con-
clusions suivantes:
10 L'air ozonisé accélère la respiration et, c~me
on
peu t le présumer, la circulation.
20 L'air ozonisé excite le système nerveux .
En 1861, dans un premier mémoire présenté à
l'Institut de France, j'ai reconnu que la quantité d'ozone
répandue clans l'atmosphère suit la même progression
que l'humidité de l'air atmosphérique, que par conséquent]a combe de l'ozone est en raison directe de celle
formée par les constatations successives de l 'hygTomètr-e
Saussure.
Dans un second mémoire, de constatations comparatives faites au mois de-juillet 1861, aux Eaux-Bonul3s
(Basses-Pyrénées), à Paris (boulevard Sébastopol, au
cinquième) et à Versailles (observatoire Bérigny), j'ai
tiré les conclusions ci-jointes :
' L'air de Paris n'est pas le même que l'air des Pyrénées; il ne contient q'ue des traces insensibles d'ozone,
pendant qu'on en retrouve une forte proportion dans
les montagnes.
Les seconds bleuissent fortement dans la partie imprégnée d'iodure de potass ium, quand ils sont exposés à la campagne, tandis
qu'à la ville l'allél'ation est presqu~
nulle. •
�80
AJACC IO.
La courbe ozonométl'ique de Versailles occupe une
position intermédiaire enlre celle des Eaux-Bonnes et
c'elle de Paris.
Il est 'facile de se convaincre, d'après ces considérations. combien est intéressante r étude de l'ozone .
Je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet, mais je
dois dire deux mots ·ùe]a coïncidence que quelques
auteurs ont voulu établir entre l'abondance de l'ozone
atmosphérique el celle des afl'ections catarrhales des
poumons.
.
A Alger, pays chaud pal' excellence, où les affections
bronchiques sont rares et bénignes, j'ai conslalé que
l'ozone était plus abondant qu 'à Strasbourg. En conséqu
~ nce,
si les recherches faites jusqu'ici ne nous
conduisent pas à préciser l'aclion que l'ozone peul et
doil exercer sur' la santé, elles sont de nature à nous
faire pel'sévérer dans celte voie d 'é tuc1es~
Les observalions faites à Ajaccio (bandelelles ozonomélriques de Jarne de Sédan, - Échelle de Bérigny),
pend nt ces lrois derniers mois, ' sont entièrement conformes aux principes que je viens d'énoncer.
La pl'oportion d'ozone est toujours consi~érable.
En mars, la moyenne mensuelIr. est de 10 degrés
avec un maximum de 17 et un minimum de 5.
En avril
En mai
Moy enne ·1,1.
8.
Max.
15.
15.
Min.
5.
4.
A Alger, pendan l une période de quatre années,
j'avais constaté llne moyenne de 4,9 de l'échelle
..
• .?f
�CLIMATOLOGIE.
81
Schœn bein, quanti té qui corres pond au chiffl'e de 9,8
de l'échel le Bérigny.
Voilà donc, d'apeès les idées de M. le professeur
Houzeau, un argum ent de plus en faveur de la salubri té de la ville d'Ajaccio.
CONDITIONS CLnlATÉ RIQUES DiVERS ES.
Indépe ndamm ent des agents que je viens de passer
en revue, il existe dans l'atmo sphère d'autre s phéno mènes , qui ont une action directe sur les fonctions en
généra l et sur le système nerveu x en particu lier.
Ces phéno mènes optiques, électri ques ~t magnétiques
mérite nt d'être pris en sérieuse consid ération ; malheureu semen t leur déterm ination est difflcile, et leur
influen ce sur les êtres organisés par trop my térieuse.
Je vais donne r pouda nt quelques détails sommaires
SUI' les phéno mènes dus à la manife station
de l'électricité.
Les physiciens admet tent aujour d'hui que les dénominati ons de fluide résineu x I)U négatif, et de fluide
vitré ou positif , ne sont que les degrés diITérents d'un
même élat, à partie d'un point d'équi libre peivé ùe
manifestation électl'iqoe.
L'état résineu x, c'est donc le phéno mène réel ; ~ a
terre en est le foyer,
L'aspa ce céleste n'ayant pas la puissa nce de coeree r
l'ôlectl'icité, celle-c i s'y.tro uve à l'état vitré.
De
PIETRA SAl'iTA.
c
�AJACCIO.
82
Les fluctuations périodiques de l'électricité atmosphérique sont toutes peu saisissables.
Par un ciel calme et pur, l'électricité libre est peu
marquée, à cause de sa grande dissémination; mais, si
la température baisse, si les vapeurs aqueuses se condensent en nuages opaques, l'électricité s'y condense
aussitôt, et en suit les groupements.
Une chaleur sèche favorise le développement et l'accumulation du fluide électrique dans les régions élevées
de l'atmosphère; l'état de l'humidité de l'air l'entraine ,
au contraire, à la s!lrface du globe, et le neutralise au
sein du réservoir commun .
Les sensations que l'homme éprouve dans ces diverses ~ cil'onstae
sont bien marquées.
Par u~ temps chaud et sec, il ya plus d'équilibre dans
lesfol'ceset plus d'accorrl dans l'ensemble de leur action.
Pendant le règne d' une constitutiori humide et
chalidê, on ressent une modification dans le système
nerveux, une exaltation de la sensibilité qui se traduit
par des c10ulems vagues, indéfinies, chez les convalescents et les valétudinaires.
Ce que j'ai dit, jusqu'ici, des conditions météorologiques de l'atmosphère ajaccienne doit nous faire
pressentir qu'il ne faud ra pas redouter la présence
d'un excès d'électricité. J'ajouterai comme preuves à
l'appui ces trois circ?nstances :
Les orages sont rares tl Ajaccio; les déchat'ges électriques sont relativem ent exceptionnelles; les tremblements de terre y sont inconnus .
. ...,.
'
�CI.~HOr
I F.
.
83
CONCLUSlO '5 .
L'étude attentive et min u tieuse, CJue je viens de faire,
de tous ces éléments météorologiques démontre jusqQ'à
l'évidence la vérilé de mes premières assertions .
Le climat d'Ajaccio tient un juste milieu entre le
climat d'Alger et celui des côtes de la Provence.
(Grande pureté de l'atmosphère; vicissitudes atmosphériques peu marquées; val'iations saisonnières graduelles; mo)'enne annuelle de la température lrèssatisfaisante (17°,55) ; oscillations limitées de la
colonne barométl'ique dans ses mouvements diurnes et
mensuels.)
Le climat participe des avantages des localités situées
aux bords de la mer, et qui sont à l'abri des grandes
pel'tu ['bations atmosphériques.
Il possède la zone maritime, qui convient à la forme
la plus fréquente des affections chroniques de la poitrine .
n 9(fre, en outre, par ses eaux minérales dont je
m'occuperai .plus loin, des ressources tl'ès-appréciables
pour les valétudinaires, qui viennent s'ajouter à l'excellence des conditions climatologiques, et qui résel'vent ft
la nouvelle slaLio!1 d'hiver le plus brillant avenir .
�CHAPITRE II.
LA POPULATION.
L'expression de la salubrité d'un pays doit.
se tirer, en grande partie, de la durée
moyenne de la vie de ses habitants.
(I\1UBRY.)
La population d'Ajaccio était au dix-huitième siècle,
sous la domination génoise, de 3,000 âmes,
en
de 4,701
7,40 1
8,920
-- 1862 -- 14,098
179~
-- 1821 --- 1831 --
Cette pl'Ogression corr-espond à celle du département
entier, qui comptait 150,558 habitants en 1794;
195,407 en 1831, et 252,889 en 1862.
D'après les calculs de M. Robiquet, la moyenne des
naissances s'élève dans l '11e il
•
Eu France .
3,013 garçons, soit 0,518 p. 1,000
et 2,804-filles
-- 0, 482
5,5 15
0,485
Le rapport de la mortalité s' étahl i t ainsi:
oà
o
i an . . . . . . ..
à 10 ans ..... . ..
..
• •f.<
Corse.
Fronce.
0,137
0,232
0,331
0,41U
�POPULATION.
° à 50 ans ... , .. ..
° à 60 ans....... .
0,678
0,768
0 ,703
0,786
A Ajaccio, de 1827 à 1831, l'on a constaté 1553 décès :
.
°
à 1 an ...... . ..
1 an à 10... . .....
10 à 50 .... ...... ..
50 à 60 . ... . . .. . ...
Au-dessus de 60 .... .
Autrement dit
de 0 à 1 an
374
o a 10
704
374
380
535
'J 08
156
o à ~o
1,28D
o à 60
J,3D7
Ce qui donne le rapport de proportion suivant :
Pour Ajaccio. .
Pour Paris . o.
0,241
0,280
0,486
0,480
0 ,830
O,DOO
Pendant la période 1853 à 1862, il Ya eu :
2,096 garçons,
soit 412 (moy . de l'anuée),
fi Iles,
r 2,080 homm es,
et 4,0J45 décès ...
id.
1i ,858 femmes, soit 414
-1,126 naissances .
f 2,030
Ces l'ésultats confirment d'abord la loi géné t'ale, pour
tous les pays et pour tous les peuples, de la prédominance
des naissances masculines sur les féminines (le rapport
de proportion qui a été en France, en 1857, d'après les
calculs deM.Legoyt,de 105 ,23 garçons pour 100 filles,
est ici de 104,8 0 à 101,50); mais, en les acceptant sans
commen taires, l'on at'riverait à celle conclusion, qu 'il
y a eu à Ajaccio dans cette période décennale plus de
decès qu e de naissances, 01' ceci n'est pas exact.
�86
AJACCIO.
J'ai montré, plus haut , que la population était en progression ascendanLe; toutefois elle ne représente pas le
chiffre réel de la population, car malheureusement,
pOUl' des raisons qu'il ne convient pas.de discuter ici, une
grande partie de la population jeune, active, intelli. gente, émigre SUl' les côtes d'Afrique pour demander à
celte terre française le travail et le ' bien-être. Ce
chiffre que l'on porte à plus de 3,000 personnes me
parait très- probable, car, si l'on calcule le nombre des
habitants de la ville, en suivanlles règles indiquées par
Necker et en prenant pour base le rapport qui résulte
du recensement de la France de 1854 (1 naissance sur
39), on arriverait pOUl' la population réelle d'Ajaccio
au total de 16,048 habiLants.
Le chiffre de la mortalité es t lui-même exagéré, 414
décès par an, en moyenne , fourniraient pour la ville
un coefficient de 26 pour 1,000 (1) .
Il n'indiquerait pas une excessive salubrité, si l'on ne
se hâtait cle rechercher et de signaler les circonstances
exceptionnelles qui le dénaturent.
Ces circonstances se résument clans ce fait de l'augmentation de la population GoUante qui ne figure pas à
l'actif, c'esL-à-dil'e à la colonne des naissances; elle esL
• (Il En France, cc coefficient varie; d'après M. Legoyt,
il est de 22 .pour les campagnes,
28 pour Paris,
'27 pour le département de la Seille.
M. William Fan, le statisticien le plus di stin gué de la GrandeBretagne, donne pOUl' maximum de la mortalité en Europe le r apport de ·1 décès
' s~ .~2
8 hahitants, so it 3~
pour 1,000.
�l'OI'ULATION.
•
87
représentée, d'une pal't, par la colonie pénitentiaire de
Saint-Antoine, de l'autre, par les travailleurs qui, sous le
nom générique de Lucquois, arrivent toutes les années,
pendant la saison d'hiver', pOUl' travailler les telTes et
les vignes des envil'ons de la ville; or, la modalité a été
consiclérable chez les enfants de Saint-Antoine, dans
les p!'emièl'es années de lel]r installation.
De 1855 à 1862, 1891 détenus el 122 décès, soit 6:47 p.
1862, 373 id.
10 id.
2,(iO p.
Moyenne annuelle des décès de la colonie: 1;;.
0/0'
%'
Quant aux Lucquois, ils sont exposés aux conditions
hygiéniques les plu déplorables. Leur unique pensée,
c'est le lucre, le besoin de rapporte!', en r ,ntl'ant au
logis, les 2 ou 300 fl'ancs qui alimentel'Ont la famille.
Afin d'atteindre ce but, il n'est pas de privations qu 'ils
ne s'imposent, et, comme ils attendent toujours le dernier moment pOUl' demander les soins que comporte
leur état de santé, il en résulte que les maladies
pl'ennent chez eux un caractère de gravi té plu prononcé, et que les décès sont plus fréquents.
Ces observations, prouvent surabûllllal1lment la just0 e de mon assertion.
En défalquant du chiffre d.e la mortalité moyenne
des dernièl'es années le nombre des décès connus de
celle population flottante , l'on modifie tr'ès-scnsiblement le coefficient (414-20=394).
Je suis donc autorisé à n'ad mettre comme déductions
Vl'aies que les su i vantes:
�•
88
AHCCIO. "
L'accroissement constant et progressif de la populalion;
L'augmentation de la durée de la vie moyenne;
La quantité plus considérable de personnes arrivant
à un âge plus avancé (de 50 à 60 ans et au-dessus de 60).
Or, toutes ces conditions, d'après les pl~éceLs
de
Mühry, nous conduisent à reconbaHre la salubrité de
la ville d'Ajaccio (1) .
(1) Pour compléter ce chapitre, je vais donner les chiffres de la
mortalité de deux élabi~semn
ts hospitaliers.
Hôpital mililaire (docteur Frasseto) :
Population de 1850 à iS62, 7,234; soit 556 militaires en moyenne
(par année);
Décès de i850 à \862,172; soit 13 militaire:! en moyenne (pal'
année) , c'est-à-dire i SUl' 42, ou 2,30 pOUl' 0/ 0.
Ce rést:lltat est des plus satisfaisants, si on le compare à celui des
services des hôpitaux militaires de Paris et de province.
Hospice Sainte-Eugénie (docteurs 1. Versini et ~Iarcgi)
:
De 1850 à t862, entrants : 6,962; soit 535 en moyenne;
Décès:
431 ; soit 33
e'est-à-dii'e (j,t8 pour 0/ 0.
Ce chW're exige quelques commentaires, et il est nécessaire de
tenir compte du mode de recrutement des malades pour a['river à
une interprétation plus exacte des faits.
\ 0 Ce n'est qu'à la dernière extrémité, que la classe la plus malheureuse de la population va frapper à la porte de l'hôpital.
2° Grâce à la libéralité d'un indu striel très-distingué, 1\1. Grandl'al
de Marseille, 20 lits sont réservés à de. 'invalides (pommes ou
remmes) incapables par leurs infirmités de pourvoir à leUl' existence.
3° Les progrès croissants de l'immoralite, et la débauche, amènent à l'hospice des femmes de mauvaise vic, qui, après leurs
couches, n'e ntourent pas Jeurs enfants de tous les soins désirables.
40 Population adventice (marins en voyage, Lucquois prorondément épuisés).
5° Il raut aus i tenir compte des décès sur venus en ,'ille par accidents (mourants ou vagabonds l' cuei llis sur la voie publique).
Toutes ces conditions convergent vers le milme résultat, c'esl-àdire l'augmentation de la mortalité de l'hospice .
.
. .~
�POPULATION.
89
interne de
Sur des notes que m'a fournies M. de Sanli, Jl1~decin
manière
la
de
l'établi. sement, la nature des maladies est indiqué e
:
entrants
suivante pour l'année 1862 : 492
Fiévreux, 2/ 5 ;
Blessés, 3/ 5 (fractures, plaies scrofuleuses, tumeurs );
i 00 cas de fièvres intermit tentes plus ou moins grave.
Par ordre de fréquence, l'on a observé les afl"eclions aiguës de la
poitrine ,. les rhumati smes et les hydropisies. •
�CHAPiTRE Ill.
INFLUENCE DU CLIMAT SUR LES AFFECTIONS CHRONIQUES
DE LA POITRINE.
De tous les modificateurs dont l'homme
puisse éprouver les effets, le climat est sans
contredit le plus puissant.
(ROCBOUX.)
Il est inutile de consacrer beaucoup de développement à cet axiome.
« Chaque pays possède un règne pathologique spécial. l)
Dans les contrées septentrionales, en raison del'abaissemen t de la température, l'ail' est plus vif, plus condensé, partant plus chal'gé d'oxygène sous un volume
égal.
Ces conditions amènent une respiration plus active,
une plasticité de sang plus grande, une prédisposition
plus accentuée aux malauies congestives.
Par contre, dans le Midi, la dilatation de l'ail' l'end
l'atmo phère moins riche en oxygène, ce qui engendre
une l'e pimtion moins active, et un appauvrissement
de sang assez notable pou r réagil' SUl' le système nerveux.
Ces con idéra
... ~ion
sommait' s expliquent pourquoi
�INFLUENCE DU CLIMAT.
91
l'on observera, dans les premières circonstances, des
affections de l'appareil respiratoire, et, dans les secondes, des troubles des viscères abdominaux. '
Ces principes pathologiques trouvent naturellement
leur application dans' les maladies qui se produisent à
Ajaccio.
L'on voit, en première ligne, les altérations qui ont
leur siége dans la réaion abdominale .
Viennent ensuite les lésions qui sont sous la dépendance d'un désordre du grand sympathique.
Puis, en troisième lieu, les refroidissements par tl'ansitions brusques et instantanées de la Lempél'atul'e.
C'est là l'élément étiologique de ces accidents des
fonctions respiratoÎl>es, qui se rattachent d'une manière
plus immédiate à notre sujet.
Ces altérations pulmonaires n'offrent rien de spécial,
quant à leur forme, de caractéristique, quant à leur
essence: les transformations successives de l'état aigu
à l'état chronique se fonl dans l'ordre que l'on retrouve
dans tous les pays tempérés, et l'action de l'hérédité
n'intervient que plus tard, avec le col'lége des causes
débilitantes qui ont agi SUI' l'organisme.
Selon que la maladie de poitriue se développe sur des
tempéraments lymphatiques ou nerveux, l'on constate
deux variétés parfaitement distinctes :
, La forme torpide, greffée sur une constitution lymphatique ou scrofuleuse, repl'ésentant l'alanguissement et la dénutrition, avec impre sion obtuse et absence de force vitale pour rési ter au mal;
�AJACCIO,
La forme éréthique, animée par l'élém ent subinf lammatoil'e avec les réactio ns de l'élém ent nerveu x, devenant plus nuisib le dans. ses effets, plus rapide dans sa
march e, pal' les sympathies étendu es et violenles qu'éveille l'excita tion,
Celte deuxième forme est de beauco up la plus fréquente à Ajacci o: aussi la plupar t des affections de la
poilrin e prenne nt une march e accélé rée; ce n'est pas
la phthisis flol'ida des auteur s, mais une suceio~
plus
rapide des di verses phases de l'état morbid e,
Je ne puis malhe ureuse ment pas m'app uyer sur des
statisliques pou [' déterm iner le rappor t de fréque nce
de l'une aux autres, J'écris ces lignes d'aprè s les nombreux témoig nages de mes confrè re, et je reconn ais
avec eux, après mÛT exame n, la rareté de la phthis ie à
Ajaccio,
Après av oit' établi :
1 Que le coefficient de la mortal ité en Corse élait
moins élevé qu'en Franc e;
0
2° Que la popula tion offrait de plus fréque nts exemples d'indiv idus atleign aut un âge avancé ;
3° Que les affections de la poitl'ine sont relaliv emenl
plu l'ares;
Il faudra it con later, d'une maniè re précise , 1'1n(Iuence heureu se du climat sur celle de ces maladi es
qui ul'l'i vent du contin ent; mais ici comm encent les
difficultés,
De pareils problè mes nous offrent tout d'abor d deux
termes :
�INFLUENCE DU CLIMAT.
93
L'un est bien connu, c'est une affection spéciale des
poumons toujours identique, neLtement caractérisée
pat' ses symptômes; c'estla phthisie pulmonaire, c'està-dire le développement d'une production accidentelle,
sui generis, que les anatomistes appellent tubet'cule.
L'autre terme est plus complexe.
Il faut pondét'er la valeut' des causes climatériques
qui ont agi sur l'organisme, et recherchet' ensuife l'action spéciale de chacune d'elles, en isolant, autant
que possible, l'influence des agents thérapeutiques.
Avec les pathologistes les plus autorisés, je considère la guél'ison de la phthisie comme chose possible,
comme chose prouvée (1).
Mais quel rôle doit-on assigner au climat dans cet
acte de réparation organique?
Deux éléments morbides distincts caractérisent toute
tuberculose :
L'étal local des parties où s'est déposé le pt'oduit
accidentel, et l'état général des fonctions, qui entretien t
le mal.
D'une part, une disposition des organes à s'il't'iler, à
se congestionner acti vement; de l'autre, des conditions générales d'hyposthénie et de déperdition organique .
q y a entt'e ces deux éléments une relation in ces-
(1) Cette affection profonde, génél'llle ct constitutionnelle, peut
Otre allaquée pal' un ensemble de moyens complexes ct variés:
ceux-ci agissent en influant profondémont SUl' Ioule la constitulio
et eu la transformant pour ainsi dire.
�!J4
AJACCIO.
sante : les premiers agissent sur les seconds, et les
derniers réagissent sur les autres.
Dans les agents thérapeutiques, il faut donc de toute
nécessité:
Rechercher des ml)dificateurs topiques, agissa.nt sur
le tubercule, SUL' la con ges tion locale, et des modificateurs généraux faisant sentil' leur action sur l'état généraI. C'est parmi ces derniers que viennent se classer les
changements de lieux, l'influence des climats tempérés.
Pour déterminer la raison d'êtl'e de cette influence
bienfaisante du climal d'Ajaccio dans les affections
chroniques de la poitl'Ïne, il fau t invoquer les deux al'guments que j'ai signalés en commen çant (-J) :
Le consensus omnium ;
Le fait de l' émigration devenant propriétaire;
En tenant aussi dans celte étude un compte précis de
la pathologie spéciale de la localité (2), je suis arrivé à
gl'OUpal> sous six formules les maladies sur lesquelles
la nouvelle station exel'cera une influence salutaire:
1° La diath èse sCl'ofuleuse, quelle que soitlamanifestalion par laqu elle elle se révèle (altération cie la peau,
du système glandulaire ou du tissu osseux) .
(1 ) Sir Thomas Brown diL que c'es t un bienfait de pouvoir transporter son ex istence là où l'air, la lerre et l'eau ne provoquenl pas
les infirmités de nos parties les plus faibles, et c'est une chance
salu taire aussi que de I.:herch er, de bonn e h eure, un asile dans un
pays capab le d'amender el parfois de r éprimer nos infirmités .
(2) Les sta listiques sont ju squ'ici des plus incomplêles : et alors
même qu' elles seraien t recueillies, en suivant toutes les règles de
l'arl, elles ne comp rendraienl pas tous les éléme nts nécessaires pour
fi xer l'opin ion sur la véritable porlée de la maladie.
�INFLUENCE DU CLIMAT.
2 0 Les affections du système cutané, liées à un état
l'humatismal ou goutteux (modifiées par une température chaude et sèche).
30 Les affections du système nerveux (celles que
Sydenham guérissait par la douceur de la température
et l'exercice modéré de tous les jours).
40 Les chloroses, les états anémiques et chloro-anémiques (à la suite de convalescence de fièvres graves,
ou de longues maladies).
50 Certaines affections du cœur et des gros vaisseaux
(lorsqu'il existe la nécessité de suppléer à la gêne de
la circulation centrale, par une circulation capillaire et
périphérique pIns active).
60 Les lésions des organes de la respiration en. général, et en particulier la phthisie à forme torpide avec
prédominance de lymphatisme.
Cette influence est surtout appréciable, quand il s'agit de conjurer les prédispositions de la maladie, et de
combattre .les symptômes qui en constituent le premier .
degré.
Cette influence est moins immédiate àl' apparition des
sym"ptômes généraux (fièvre, sueurs), qui font pressentir
l'imminence du ramollissement et de la désagrégation.
Dès que ces phénomènes se généralisent, l'influence
du climat cesse d'êtl'e utile, pour devenir dangereuse
ou funeste.
Les contre-indications peuvent à leur tour se résumer dans une seule formule:
La congestion active et l'él'éthisme.
�CHAPITRE IV.
LES FIÈVRES.
La question d'assainissement des marais
est une question de vie ou de mort pOUl' la
Corse. Le premier de tous les devoirs d'un
gouvel'l1ement, c'est d'assurer la salubrité
du terl'itoire.
C'est une delle de la communauté; réduite
à ses seules forces, l'lle es t hors p.'état d'accomplit, une tâche aussi ardue .
(A. BLANQUI.)
En étudiant, dans toutes ses particularités, la question
si controversée de la fièvre intermittente, j'espère démontller qu'elle n'est pas inhérente au sol, et qu'elle
n'existe pas nécesa~rm
t et d'une manière end6mique aux env irons d'Ajaccio.
Si cet examen me 'conduit à admettre une étiologie
différente de celle du miasme paludéen, j'en déduirai ,
comme conséquences, une prophylaxie plus intelligente, une thérapeutique plus prompte et plus certaine.
Quoique ces fièvres ne se manifestent jamais pendant
la saison d'hiver, il est tl'ès-important, dans l'intérêt des
populations , de les envisager à un point de vue scientifique,
�,
FIÈVRIlS.
97
Préalablement, je dirai quelques mots des controverses qui se :rattachent à l'acclimatation (1) , à l'antagonisme (2) de la phthisie avec la fièvre intermittente,
à l'insalubrité; car, si elles ont pu susciter, en Algérie
et ailleurs, de fréquenles polémiques, elles offrent en
Corse les éléments d'une solution facile.
Les plus ardents adversaires du cosmopolitisme de la
créature humaine sont obligés ~e reconnaître que des
individus, nés sous d'autres latitudes, s'acclimatent
aisément dans toules les parlies de l'île, aux seules
conditions:
j 0 De choisir des habitations saines et abritées;
2° De porter, à l'imitation des Arabes, des vêtements
de laine, afin de régulariser les fonctions de la peau;
3° De ne pas transgresser les règles de la sobriété,
car, dans les pays chauds, une moins grande quanti
~
d'aliments est nécessaire pour suffire aux phénomènes
cl ' oxydation.
Si la ph Lhisie est plus rare dans les pays marécageux , au lieu d'invoquer une nouvelle loi de pathologie
gén?rale, il vaut mieux reconnaître que cela dépend
Uniquement de ces actions dérivatives qui accompagnent l' évolu Lion de la maladie.
('1) On en tend par acclimatement la mise en harmoni e de l'organisation humaine avec les influences d'un climat, d'une localité,
afin que l'homme puisse y vivre, s'y bien porter, et jouir du complet exercice de toutes ses facultés.
(2) L'antagonisme es t le principe, en vertu duqu el une diathèse
ou un état morbide cOllfère ft l'organisme plus ou moins d'immunité
contre certaines manifestations pathologiques.
De PIRT HA SANTA.
7
•
�98
•
AJACCIO .
Les gl'aves lésions qu'engendl'e Jans les viscères
abdominaux le séjour des contl'ées à marais laissent
nécessairement une cel'taine immunité aux poumons: si
maintenant les phLhisiques) à fmme él'éLhique) se trouvent mieux de l'atmosphère paludéenne, il faut en cherchet' la raison dans des conditions pal'ticullères d'humidité et de température.
D'élpl'ès ce que j'ai dil de la géologie de la contrée,
il résulte que les torl'ents qui roulent des sommets des
montagnes ont exhaussé peu à peu le fond de leur lit,
et obstl'ué, pal' des alluvions successives, leurs étroites
embouchures .
La stagnation de ces eaux produit des marais assez
nsalubres pour rendre la plaine inhabitable (1), en dépit de sa fécondité merveilleuse ct du magnifique ciel
bleu qui la couvre .
De~
considérations, pour ainsi dire politiques, sont
venues rendre ces phénomènes plus désastl'eux; cal',
lorsque les Corses ont été obligés de se retirer sur les
hautes montagnes pour se soustraire aux excursions
des barbares, et pour résister plus énergiquement au
despotisme génois, les plaines ont été abandonnées, et
les marais s'y sont développés avec Ulle effrayante rapi-
.
dité (2) .
(1) Lorsque le niveau vient à baisser, il resle SUI' la rive des détritus nombreux de matières vl1gétales et animales, qui se décomposent sous un soleil ardent, secondé. pal' une humidité assez nO lable.
p) L'ob. ervation semble prouver que la fièvre recule devant la
population. - Le Chello à Rome est, en flel, trl!s·peuplé, et le
Rione dei Monli l'est exlrèmemenl peu ... Dans une conversation que
....'-'
�F IÈVRES.
,99 ·
Les ingénieurs et les médecins qui se sont préoccupés de ces études reconnaissent généralement ces deux
fnits :
10 L'insalubrité, quand elle est ·le 1'6sultat de causes
appréciables, ne résiste pas à la main des hommes.
20 Les tmvaux d'assainissement rendent à la telTe son
ancienne abondance, et font disparaître l'infection.
Prenons pour exemple ce qui se passe sur les plaines
orientales de l'Ile. - Ces plaines, que Blanqui appelait le Mitidja de la Corse, étaient salubres aux temps
des Romains qui y avaient fondé deux colonies puissantes, et l'agriculture se trouvait assez développée
pour pouvo ' r fournir aux proconsuls des tributs de
100,000 livres de cire.
Les marais s'étant propag6s, par des condi tions inhérentes il la topographie des torrents, à la nature géologique des terrains, à l'incurie des hommes, la désolation et la mort ont remplacé l'abondance et la fertilité:
toutefois les inconvénients disparaissent, à mesul'e que
que d'intelligents travaux
de sages règles hygiénque~,
hydr:auliques et agricoles, remettent la colonisation moderne dans les conditions où se tt'OU vait jadis la population conqu6rante.
Dans son dernier rapport au conseil général, M. Vosgin annonce que l'illfluence des travaux de clesséchej 'e us uvec l'infol'luné comle lIossi sur la fièHe qui a.fflige annuelle·
ment la ville ponlifica.le, il m'apprit la salubrité du Ghetto ct la
disparition de la mal' aria devant l'envahissement,de la population.
(Paul SA1NT-OLl\'E.) .
�100
AJACCIO.
ment exôcl1tés par l'État est très-sensible, au point de
vue sanitaire (1) .
Les colmates, exécutées par le grand-duc Léopold sur
les vastes solitudes des Maremmes toscanes, ont donné
de merveilleux résultats.
En travaillant dans le sens de la nature (2), il a doublé en quelques années la population de cette intéressante contrée.
Lo rsque j'ai étudié l'acclimatation en Algérie, j'ai
été très-heureux de présenter le parallèle de ce qu'étaient Bouffarick et Staouëli, aux premières années de la
conquête (meu l'trières et inhabitables), et de ce qu'elles
sont actuellement (riches et populeuses).
Il n.'est donc pas étonnant de retrouver en Corse,
avec l'extension du travail et les encouragements donnés
à l'agriculture, le décroissement considérable des fièvres el la modification caractéristique de leurs phénomènes morbiùes (3) .
(1) Celle influence est moins sensible sous le rapport de l'intérêt
agricole, à came du trop faible relief d'une partie des terrains desséchés relativement au niveau de la mer.
Ceux qui sont situés à plus de 60 centimètres au-dessus de ce
niveau on t é té déjà améliorés par le colmatage des terrains, le
ral'ich~semnt
des eau~
stagnantes ' au moyen du comant des
torrents.
(2) néponse du grand-duc ù III. de Lamartine.
(3) Toutefois, l'air s'y est tellement modifié (domaine de Casabianda, aujourd'hui pénitencier agricole) depuis quelques années,
que des localités qui étaient inhabitables peuvent l!lre actuellement
habitées dans la mauvaise saison, car là où jadis régnaient les fièvres
pernicieuses, ne règnent plus que les fièvres intermillentes simples,
qui ne présentellt point de gravité ni de danger.
(Docteur CONNEAU.)
�FIÈVRES.
101
Il n'est pas nécessait'e d'insister davantage sur des
fails aussi inconLestables et sur des résultats aussi
frappailts.
La majorité des médecins pense que la fièvre intermittente se développe sous l'influence unique des principes morbifiques contenus dans les effluves marécageux. Pour eux, les miasmes palustres (1) sont produits
par l'action combinée de la chaleur et de l'humidité
sur les matières végéto-animales fermentescibl es (2).
Lancisi, Torti, Pt'ingle, Bailly, Lind, Santarelli, font
jouer un rôle important dans la production des fièvres
aux alternatives de tempét'ature et d'hygrométrie. Je
me rallie volontiers à leurs idées, car, alùrs même que
l'on admet l'existence du miasme, il faut reconnailre
qu'il n'entre en action qu'en pl'ésence de conditions
particulières :
- Variations brusques de la température;
- Défaut d'équilibre, qui s'établit dans l'atmosphère
au oucher~
-
du soleil et au lever de l'amore;
Chaleur du jour;
(1) Les docteurs Moscali, Urocchi et Renzi ont fait de vain es tentatives pour déceler la nature intime de ce principe méphi llque,
pour rendre coercible l'élément véritable qui forme l'essence de
J'air palustre. - Les expériences de chioue les plus délicates ont
démontré que l'air pris à la surrace d'un ~ ~ ang
conlient les mÛmes
principes que celui recueilli au sommet d'ulle montagne.
(2) Une contrée produit les fièvres endémo-épidémiques :
jO Lorsque les mbstances végéto-animales fermente cibles se
trouvent abondamment répandues sur slln territoire;
20 Lorsque le climat po. sède, avec des variations atmosphériques,
des condit ions de chaleur ct d' humidité favorables ù. lu putréfaction
miasmatique.
�102
AJACCIO.
- Humid ité de l'ail' due à la vapeur d'eau ('1) .
Cette thèse, que je soutien;; depuis quinze ans, s'appuie sur deux ordres d'argu ments :
10 La fièvre interm ittente peut se produi re dans de~
condilions autres que celles du miasm e paludé en;
20 La fièvre interm ittente peut êlre guérie par une
médica tion qui n'est pas l'antip ériodiq ue.
Quelle que soit l'hypo thèse que l'on adopte , il es t incontesa~l
que les mome nts où l'organ isme est pIns
sujet à l'infection fébrile , sont ceux qui marqu ent le
comme nceme nt et la fin de la nuit. Dans le milieu du
jour, comm e en plein minuit , le corps est réfrac tail'e
ft celte action.
Co~ment
se formul e la premiè re hypoth èse?
Le miasm e se développe, dans la joumé e, par les
fortes chaleu rs, on voit des vapeurs légères s'élever audessus de la sUl'race des marais ,. et gagnel' les couches
supél'iéures de l'atmo sphère ; à ce mome nt les effluves
n'exer cent aucun e action sur l'organ isme; mais, au cou- '
cher du soleil, par le fail de la variation de tempé rature, .ils se conden sent dans les couches inférie ures de
l'air , et acquiè rent alors une action délétèr e.
Pour se rendre compt e de l'innoc uilé des miasmes
penda nt la nuit, el de leur nouvelle action nuisib le à
(i) En médecin e, il faut étudier les fails dans leur ensemb
le et
ùans leurs relations réciproq ues; il n'y a des théories diverses, sur
l'éliologie des fièvres, que parce que ch acun des élément s, admis
comme cause product rice par un auteur, forme en réalité l'un
e
des conditions nécessa ires, indispensab les à la manifestation du
phénom ène fièvre .
•
...l!
�FIÈVRES.
103
la pointe du jour, il faut nécessairement adm~tre
qu'ils
n'agissent que lorsqu'ils ont atteint un certain degré de
concentration.
Vers minuit, ils son! entièrement condensés à la surface de la terre, et inactifs . Lorsqu e au lever de l'aurore
la tension dela vapeur diminue, ils s'élèvent insensiblement au-dessus du sol pour redevenir pernicieux.
• Ces explications paraissent Silns contredit ingénieuses,
mais l'Îen ne prouve la nécessité de ce quantùm de condensation.
L'élasticité des effluves n'inspire qu'une confiance
médiocre aux partisans de la deuxième hypothèse, qui
préfèrent rapporter les phénomènes morbides à la différence qui s'établit en tre la chalem du jour et celle de
la nuit.
Les personnes qui ont voyagé en Italie se rappellent
que, même dans les mois les plus chauds, il est nécessaire d'avoir un manleau, surtout aux moments indiqués plus haut.
Rien de plus agréable dans la belle saison q'ue la
promenade des Caseines, à Florence, sous ses allées
d'a"bres séculaires: à gauche l'Arno qui roule des eaux
paisibles , à droite des prairjes artificielles toujours
vertes; sur les collines environnantes, une multitude
d'habitations , encadrées dans des oliviers, des vignobles, des fleurs aux mille variétés, aux éclatantes couleurs. En y séjournant au delà de 7 à 8 h emes, on
est souvent pris le lendemain d'un accès de fièvre intermittente . De 10 heures du soir à
4: h eu res du
�'J 04
AJACCIO.
matin, l'on peut impunément se promener dans les
bois et le long de la rivière; mais, de 4 à 5 heures, nouveau danger de contracter la fièvre.
Ces faits sont constatés par les médecins les plus
recommandables.
Inutile d'ajouter qu'il n'existe, dans la situation
topographique des Caseines, aucun des éléments aptes
à favoriser la pl'Oduction du miasme. Pas de mélange
d'eaux douces et d'eaux salées, pas de terres inond ées,
pas de marais, pas de détritus de matières végétales ou
animales, pas de vase suc' les bords sablonneux de
l'Arno.
Une observation digne de remarque est celle des
propriétaires aisés de la Maremme toscane, qui n'ont
jamis
~ eu de fi èvre, quoique leur habitation soit entourée de marais et d'étangs. Ils attribuent cette immuniLé au soin constant de rentrer au logis au coucher
du soleil, de n'en sortir qu'après son lever, de se placer
soir et matin pendant quelques minutes devant un feu
flambo-yant; de prendre en se levant un verre de liqueur ou d'eau-de-vie.
Dans lajourn6e, pôurtant, ces individus respirent les
vapeurs qui s'élèvent de la surface des eaux stagnantes,
de l'atmosphère;
pour gagner les régions sup~t'ier
si elles contenaient un principe délétère, l' ot'ganisme
ne fin~at-l
pas par en être lésé?
Ainsi, d'une part, accès de fièvre intermittente sans
qu'on puisse trouveI', dans la position topographique, les
éléments conslilutifs du miasme .
•
..
•1;
�FlI~VE.
D'autr e part, émana tion paludé enne visible, possibilité de respire r impun ément dans la journé e l'ail'
chargé de ces effluves . Si dans le premie r cas l'on ne
peul invoqu er que le déséquilibl'e de la tempér ature
si dans le second l'on reconn ait que l'abais semen t de la
tempé rature est une condition essentielle pour la manifestation des effets pernic ieux du miasm e, il faudra nécessairement admet tre que ces variations et ces équilibres jouent le rôle princip al dans la produc tion des
fièvres interm ittente s.
Penda nt mon séjour en Afriqu e, j'avais rédigé, de
concer t avec mon savant ami, le docteu r E. Milon, llll
progra mme d'étud es, dans lequel rentrai ent des ob ervaLions météorologiques entreprises sur plusie urs points
de la conLrée; nous voulions préci er les différence de
tempé rature, que l'on constate à un mome nt donné , SUl'
le somme t d'une colline ou au fond d'une gorge, sur le
rivage de la mer ou dans une plaine inculte .
Au moyen de ces données, et en Lenant compte des
phéno mènes physiologiques et morbides des individus,
l'0Il: arriver ait imméd iateme nt à une étiologie plus logique de la fièvre interm ittente .
Parmi les faits qui ont le plus contrib ué à nous raffermir dans celle pensée, je citerai le suivan t:
A la porte d'Alge r s'élèvent les charm antes et lélicieuses collines de la Bouzal'eah.
Penda nt que, de temps immém orial, les Maures viennent y séjoul'fler pOUl' sc guérir des fièvres qu'ils ont
l'apportées de la plaine de la Mitidja, des jardini ers es-
�106
AJACCIO.
pagnols y ont contracté d~s
fièvres intermittentes simples et pernicieuses: j'ajoute de suite que les premiel:s
sont restés fidèles à leur manière de vivre (hygiène
spéciale, vêtements de laine, alimentation modérée,
tt'avail dans le milieu du jour), tandis que les seconds
ont conservé leurs habitudes du continent; après s'être
exposés, dans les vallées, à une chaleur excessive, ils
rentraient, le soir, au haut de la colline, le corps en
sueur, la veste sur l'épaule, buvant et mangeant à volonté, bravant le soleil comme les vents, la rosée de
l'aurore comme l'humidité du crépuscule.
Pour rendre hommage à la vérité, je dois citer deux documents qui prouvent que cette manière d'envisager
intermittentes n'est pas aussi nouvelle que
les fi ~v res
M. Milon et moi l'avions pensé.
J'emprunte le p,'emier tau Mémoil'e sur l'histoire
naturelle de la COl'se, publié, en 1783, par M. Barral;
]e secônd à un rapport de M. Hernoux, ingénieur en
cheC du département.
«( La cause de l'insalubrité dès plaines, dit M. Barral,
provient des marécages, des terres incultes? des herbes
mal'ines entassées sur les rivages, où elles tombent en
pu tréfaction, et des val'iétés de la température (passages
subits du froid au chaud).
(( Il y a de petiles plaines le long du Golo, assez bien
cultivées, sans marécages, et entourées de montagnes,
qui ne sont point habilables pendant les mois de juin,
juillet, ao11t, septembre et une partie d'octobre, quand
il ne pleut pas. La cau e de cette insalubrité provjent
• .' ·r
�F IÈVRES .
107
de l'intermittence du froid et du chaud, dans le courant
de la journée. La chaleur va jusqu'à 27 et 28 degrés ,
et, pendant cette période, il n'y a pas le moindre zéphY I',
et il s'exhale de la terre des vapeurs brûlantes, qui forment une atmosphère dans laquelle on peut à peine
respirer et suppprter le moindre vèlement.
« Il succède à cela u'n petit vent frais, qui fait baisser
Je thermom ètre à 20 et 18 degrés. Les corps, qui se
tmuvent alors en dilatation, se resserrent; l'in transpiration, les maux de tête en résultent, et ennn les fièvres
inflammatoires et putrides.
«A 150 toises d'élévation au-dessus de ces plaines ,
c'est-à-dire à mi-côte de la montagne, l'on est hors du
danger de cette intempérie, et rail' yest sain. »
« De l'avis des hommes expérimentés et spéciaux,
écrit M. Hemol1x, l'insalubrité tient principalement
aux courants violents qui règnent dans les vallées à
heures fixes, et aux brusques changements de température qu'ils occasionnent.
CI Ainsi, à 10 kilomètres d'Ajaccio, dans la vallée et
au p~)lt
de Prunelli, on rencontre des terrains passablement cultivés, bien boisés et sans traces d'eaux stagnantes; plusieurs ouvriers, au milieu de l'été de 1850,
ont dtî y être employés à des réparations urgentes . La
chaleur était extrême pendant le jour; les nuits~
les
et humides; la brise
matinées surtou t étaient f~oides
de mel' se faisait d'ai1leurs sentir avec force dans cette
gorge: tous ces ouvriers, sans exception, après cinq ou
sixjours, ont été dangereusement atteints par les fièvres.
�108
.AJACCIO.
({ Des faits analogues ont été observés, dans l'été de
1849, à la maison de campagne du Séminaire, placée
dans les conditions les plus favorables; les terrains qui
l'environnent sont parfaitement cultivés, ils sont élevés d'environ 300 mètl'es au-dessus du niveau de la
mer; le vallon est al'rosé par des eaux vives, et cependant des ouvriers du pays, bien acclimatés, ont tous
été, Y compris l' entl'eprenem, chassés successivement
pal' la maladie.
Le même effet se produit dans la longue et étroite '
vallée de la Navaccia, l'une des moins humides, et
pourtant des plus malsaines de la Corse. C'est donc, je
le répète, dans les brusques variations de la température,
~ aggravées par la position topographique des vallées, comme aussi dans les mauvais logements, dans
la si débilitante nomriture des habitants, dans la qualité de eaux potables, qu'il faut voir la deuxième cause
d'insâlubrilé de l'ile.)
M. Hemoux attribue la premi re à la présence des
marais et des miasmes qui s'en dégan-ent.
Les considérations qui précèdent m'amènent il poser
actuellement le bases d'une prophylaxie mieux enlendue, d'un traitement plus efficace .
Pour se prémunir conlre la fièvre, il faut imiter le
pl'Opriétaire loscan dont j'ai parlé plus haut:
10 Ne pas sortir avant le lever du soleil, et ne pas
stationner dans la plaine, alors qu'elle est inondée par
la ro ée de la nuit;
20 Prendre, avant de quittee le logis, un biscuit, ou
«
. ..
.~
�FIÈVRES.
109
une croûte de pain, trempée dans du vin généreux, ou
de l'eau-de-vie ;
30 Rentrer le soir au coucher du soleil, en a)'ant
soin de se couvrir.davantage poUt' se garantir de l'impression désag.réable qu'amène l'abaissement de la température;
4' En arrivant à la maison, se placer pendant quelques minutes devant un feu de fagots;
5' Se servir éonstamment de vêtements de laine.
Je résumerai les principes d'une thérapeutique efficace dans les six formules suivantes:
10 Dans le traitement des fièvres intermittentes simples, il faut tenir compte des causes occasionnelles, de
la constitulion atmosphérique régnante, des complications qui les accompagnent;
2' Dans le traitement des fièvres pernicieuses, on ne
doit pas négliger de les rendl'e à leur simplicité, en
combattant les complications;
3' Le tartre stibié (émétique) est t·rès-u tile; il
imprime à l'organisme une secousse inattendue, un
ébranlement salutaire : administré dès le début, il
rend l'action du sulfate de quinine plus efficace, la
convalescence plus rapide, les récidives moins fréquentes;
4' Le sulfate de quinine constitue l'agent spécifique
par excellence;
5' Les meilleures conditions de son administration
sont de le porphyriser, de l'employer à la dose mo)"enne
de 1 gramme, 7 à 8 heures avant l'accès à venir dans
�110
AJACCIO .
les intermittentes simples , au premie r moment de la
rémission dans les pernicieuses;
6° Le vin de quinqu ina, additio nné d'une quantité
plus ou moins grande de sulfate de quinin e rend les
plus grands services, après que la méthode évacuante
a été employée d'une manière intelligente.
_
•
. ..
.~
1. _ __ __
�CHAPITRE V.
OPIN~
DES AlITEURS.
La richesse naturelle de la Corse est plus
incontestable encore dans les produits de son
agl'iculture, favorisée par le climat le plus
pur et le plus doux de l'Europe.
(BLA:-IQUf.)
L'heureuse température dont l'île est douée
favorise singulièrement la variété des produits et leur qualité supérieure.
(LE Mftm:.)
Il me serait très-facile cie. multiplier ces citations,
mais, en me bornant à exprimer les idées de l'illustre
académicien qui avait étudié si consciencieusement le
pays, j'ai la certilude d'arrêter la pensée de mes lecteurs sur une opinion nette et précise.
C.e ux qui ont bien voulu me suivre dans la série cie
ces recherches seront familiarisés avec ces rapports de
causes à effet, avec ces successions de phénomènes
qu'animent et que dirigent les mêmes principes.
L'inffuence salutaire que le climat exerce SU t' les
plantes se retrouve, d'une manière non moins accentuée, sur l'espèce humaine; mais, comme les témoignages des médecins distingués de la ville pourraient êtm
taxés de partialité, j'aime mieux tran scrire quelques
�AJACCIO.
passages de publications dues à la plume de confrères
aussi sa'Vants que recommandables .
Voici ce que M. le doeleur Donné, aujourd'hui recteur de la Faculté de Montpellier, dis.ait du climat
d'Ajaccio, dans les iD:téressants feuilletons dujournal
des Débats publiés en 1852.
« Je ne connais pas de ville mieux située, plus jolie et
plus gaie qu'Ajaccio. C'est Naples en petit, par sa position au bord de la mer.
Le golfe enlouré d'une ceinture de montagnes
dont les plus élevées sont cou vertes de neige, le calme
de l'air que n'agitent jamais les bourrasques de vent,
la tiédeur de l'atmosphère qui permet la culture de
l'olivier, de l'oranger, du palmier, de la canne à sucre
en pleine terre, et celle vie tout extérieure d'une populalion agglomérée, font d'Ajaccio une ville pleine de
mouv~ent,
éminemment propre aux gens qui n'onl
rien à faire qu'à se promener, à humer l'air et se réchauffer au soleil.
« Mon patriotisme souITre lorsque je vois la France,
par mode ou pal' ignorance, aller chercher hors cJ'ellemême ce qu'elle posè~e,
et demander à des pays étrangers des avantages que ses diNerses contrées lui offrent
à un degré égal ou supérieur .. .
« Quel plus beau climat que celui de la Corse el
d'Ajaccio en particulier! Il faut aller jusqu'aux îles de
la Grèce pou l' tl'ouver une température aussi douce,
un hiver aussi clément, un été aussi tempéré. C'esl
déjà le ciel cl l'Afrique, avec un soleil moins ardent,
«
• •1:
.'
�'1'13
OP INION DES AUTEURS.
mais non moins pur . Quel plus beau lieu, quelle plus
délicieuse plage, quel air plus tiède! et. cette terre nous
appartient, et nous y sommes chez nom, et en faisant
la fortune de ce pays, nous enrichissons nos concitoyens!
« Il n'est pas un médecin qui n'ait élé frappé de ces
merveilleuses conditions en venant ici, et tous se sont
promis, de retour sur ie continent, de ~es
fit pour leurs malades.
mettre à P!'O- .
Comment ces bonnes dispositions n'ont-elles eucore rien produit, et pourquoi continue-t-on à diriger
vers une terre étrangère ce courant du monde fuyant
l'hiver, qui serait une fortune pour cette He, 9ui réussirait à la tmnsformer, à la civiliser mieux que des lois,
«
en même temps qu'il 'y trouverait les bienfaits d'un
climat délicieux?
'
« Faisons connaître les ressources du climat de la
Corse, les beautés et les singularités de sa nature, et
lorsque nOus aurons piqué la curiosité des amateurs,
lorsque nous aurons décidé quelques malades, qui servil'o.nt d 'exemple à d'autres, à venir chercher dans
cette région les bienfaits de son atmosphère et de ses
eaux vivifiantes, nous ne serons pas inquiets de l'opinion qu'on aura de nous, car les Corses, en définitive,
sont reconnaissants. ))
Dans la deuxième édition de son ouvrage sur Menton, le c1or.teur H. Bennett, du Collége des chirurgiens
de Londres, consacre à la Corse un chapitre des plus
intél'cssaols. La haute position qu'occupe dans le monde
D E PJETl1A SANTA.
8
�AJACCIO.
114
médical ce savant et très-distingué confrère, donne une
très-grand.e importance aux opinions qu'il a émises sur
la contrée. Je traduis littéralemen t.
« ·L a Corse offre aux valétudinaires des ressources
encores lllconnues . ..
( Je me persuade volontiers que le principal b~t
de
mon voyage a été couronné d'un plein succès, puisque
j'ai pu découvrir à Ajacciô une admirable et délicieuse '
station d'hiver, et je suis d'auLant plus fier de ce résultat, que je l'avais prévu, en étudiant a t ~ ntivem
les
conditions géologiques, météorologiques et géographiques du pays.
« Ajaccio est une des villes les plus élégantes (clea- .
nest) et lés plus riantes (mas! smzling) que j'aie jamais
vues; la végétation de la campagne et de ses environs
indique un climat au moins aussi chaud, sinon plus
chaud, que celui de Nice.
« Les praticiens de la ville m'ont assuré que sa sa. lubrité ne laissait rien ~l désirer. Les fièvres intermittentes seules se présentent parfois sous forme endémique. Le froid est inconnu pendant l'hiver, et le temps
èonstamment beau est toujours éclail'é par un soleil
radieux. »
M. Bennett corrobore son opinion de celle d'un illustre général qui, après avoir parcouru les stations
d'Europe les plus réputées, n'en avait pas trouvé de
comparables à celle d'Ajaccio, qu'il avait adoptée pour
sa résidence d'hi ver.
« Les étr~ns,
ajoute notre savant confrère, trou.' .
�OPINION DES AUTEURS .
veront aisément à s'installer dans un pays qui renferme
des ressources considérables; quant à moi, j'ai été si
enchanté de mon séjour à Ajaccio, q,ue si je n'avais
une position médicale à Menton, je n'aurais pas hésité
à venir y passer l'hiver prochain. ))
Il termine en disant:
(1 Telle m'est apparue la
Corse! mes compagnons
et moi avons trouvé de l'agrément et du charme
dans celle excursiori, quoique, pressés par le temps,
nous n'ayons pu lui consacrer quelques journées de
plus.
(1 J'espère tQutefois que la description que j'en ai
faite engagera d'autres touristes à visiter ces rivages.
« J'espère aussi qu '~n
faisanl connaître la jolie petite
ville d'Ajaccio, j 'ajouterai une station d'hiver d'un accès facile (win ter sanitarz'um) à celles qui existent déjà
dans le midi de la France. ))
Le docteur J. Laure, médecin distingué de la marine
impériale, signalait avec enthousiasme,' en 1860, (( celle
« plage magnifique, en penle douce vers la mer, qu'un
«( ,soleil africain éclaire tous les jours. 1)
.
�CHAPITRE 'VI.
CONDITIONS HYGIÉNIQUES DES VALÉTUDINAIRES.
a que deux choses qui devraient
Il n'~
nous occuper ici-bas, c'est la ver lu et la
san lé.
(LEIBNITZ .)
Si cette maxime du grand philosophe doit être prise
en considération par les gens qui jouissent d'une bonne
santé, elle mérite de fixer, d'une manière plus spéciale,
l 'atleJ;tion des personnes souffreteuses ou malades,
portant dans leur organisme les germes ,d'affections
aiguës ou chron iques .
C'es1 alors surtou t que l'on doit appli.quer ces vl'ais
principes de la science pratique, qui ont pour but de
prévenir le mal et de le combattre au début de ses manifestations.
La première demande que doit s'adresser un médecin en présence d'une maladie grave de la poitrine, es t
celle-ci:
y a-t-il lieu à émigration?
Car aulant il est ulile et convenable 'd'offrir un soulagement réel aux souIIrances d'un ,'alétudinaire, autant il est inhumain de l'enlever aux affections de la
famill e, aux douces émo lion s de l'amitié, pOUl' le voi r
•
..
,1}
�CONDITIONS llYGIÉNIQUES DES VALÉTUDINAIRES.
117
expirer, au bout de quelques mois, loin des siens, loin
de la patt'ie.
J'ai déjà indiqué plus haut les conditions qui doivent présider à cette étude importante.
Il faut d,éterminer, d'une part, les conditions climatériques des diverses stations, de l'autre, la nature et
les phases de la maladie.
Dès que l'on a recueilli ces notions, il convient d'établit' le rapport intime de ces éléments, car de cette
relation directe découle l'indication la plus convenable.
Pour ce qui concerne le climat 'd'Ajaccio, comme
nous savons qu'il rentre dans les régions des bords de
la mer, et qu'il possède la zone marilime, c'est dans
les affections à forme torpide et languissante que nous
obtiendrons les succès les plus constants.
Quelles sont les règles à suivre pour utiliser, le plus
possible, l'action théeapeu tique du climat?
Je vais leur consacrer quelques développements, dans
la persuasion qu'il n'y a pas de détails minutieux pour
uli malade. Il veut tout connaHre, il a malheureusement le temps de tout demander, et ce sentiment de
curiosité se rattache trop an sentiment de conservation,
pour ne pas avoir droit à toute notre déférence.
A. - Époque d'a1'l'ivée. - Comme il importe avant
tout d'évitet' les chaleurs de l'été, causes immédiates
d'une débilitation toujours nuisible, c'est vet's la fin de
septembre et dans les premiers jout's d' oeto bre que l'on
peut se diriger sur la Cor e, soit par la voie de Marseille)
�118
AJACCIO.
,
soit par celle de Nice . - Les malades qui ont séjourné
l'été dans les Pyrénées ou dans les Vosges, trouveront
déjà à ce moment une campagne souriante sous les premières ondées des pluies d'automne.
B. - Lieu d'habitation . - Il est indispensable de
choisir des appartements orientés au midi.
La partie de la ville à laqu elle l'on doit accorder la
préférence, me parait être celle qui regarde la pleine
mer (quar'tier de Saint-Erasme - place Bonaparte boulevard Lantivy - Cours Grandval) .
Plus abritée des vents du N: et du N.-O. (vents de la
Foce de Vizzavona), elle reçoit, de première main, les
brises régulières du matin et du soir, et, comme l'a dit
Clark,- rien ne contribue plus efficacement à renforcer
la constilution et à la rendre capable de supporter les
vicissitudes du climat, que la respiration constante d'un
air pur.. et renouvelé .
Il Yaura toujours des inconvénients pour les malades
à s'éloigner du rivage, en s' installant sur le versant des
collines.
Dans la campagne, par le fait seul d'une végétation
active et luxu riante, les variations thel'moméll;iques et
hygrométriques sont plus promptes, et partant plus
dangereuses.
C. - Nature de vêtements. - Sydenham préténdait
que la mode de changer d'habits avait tué plus de
monde que la poudre à canon : pendant toute la
saison d'hiver, il vaudra mieux supporter un peu de
chaleur que [le .iexposer à voir s'arrêter brusque-
..
,
�CONDIT IONS HYG IÉN IQUES DES VA LÉTUDINAIRES.
119
ment la perspiration insens ible du système cutané : la
surexc itation de la peau, sous une atmosphère plus vive
et plus chaude , exige que le corps soit constamment
couvert de flanelle.
Le malade aura toujou rs à sa portée un paletot ou
afin de se garantir
i re~
tout autre vêtement suplémenta
variations plus facilement
des variations de tempérau~,
éprouvées par lui qu'ind iquées par le thermo mètre.
l'on
C'est surtou t vers les quatre heures du soir q~e
do it redout er leur action nuisible .
D. - Heures d'exercice. - La journé e médicale
peut être circonsçrite, à très-peu d'exèeptions près,
entre dix heu l'es du matin et quatre heures du soi l'.
E. - Genres d'exercice. - Bacon nous apprend que
l'exercice est l'une des meilleures provisions de la santé;
de là vient l'aisance à tout faire, à tout souffr ir: c'est
l'école de la souplesse et de la vigueur.
Avant lui, Celse avait écrit cette belle sentence :
Otium hebelat, labor firmal •
. L' otium qui éIierve, qui prédispose à la tristesse, à
l'ennu i, c'est aussi bien l'oisiveté de l'espri t que la paresse du corps .
Le labo?' qui regaill ardit, c'est tout à la fois le travail
de l'intell igence et l'activité du système muscu laire.
Les promenades à pied sont, sans contre dit, les
moyens les plus salutai res pour obteni r la santé.
Le corps s'échauffe d' une manièr e plus uniforme, et
la circula tion s'active plus réguliè remen t.
�'J20
AJACCIO .
Les buts de ces prome nades sont aussi nombr èux
que variés, et elles exerce nt, en outre, une influen ce
morale très-ap précia ble.
Les valétudiuaires faibles ne négligeront pas les
courses sur mer; le magnifique lac se' prête ad,mir ableme nt à ces bai:r;ts d'air 'vivifiants; quand l'aviro n
frappe la vague, il s'élève autour de l'emba rcation une
quanti té considérable de particu les d'eau salée, qui
placen t pour ainsi dire le malade dans une salle de
pulvérisation.
F. - Régime alimentaire. - Il ne faut jamais perdre de vue qu'une alimen tation trop abond ante n'est
pas en harmo nie avec les susceptibilités des organes,
tandis
~ que
la sobl'Ï.été n'a jamais produi t d'inconvénients .
En conseillant le séjour des pays cbauds penda nt
l'hiver , le médecin se propose un double but:
Soustl'iÜt'e les convalescents au froid des contrées
septen trional es;
Les soume ttre à des agents moins stimul ants el moins
excitauts.
Quand il s'agira d'entre tenir certaines fonctions
de l'organ isme, par u ue acli vité modérée el réparatrice, il est nécessaire de ne pas faLiguee l'appa reil
digestif.
Si donc le peemiee conseil ' consiste à prôner la I SObriété, le second doit avoir pour but un choix intelli gent des aliments qui favoriseut la caloril1calion.
A Ajaccio le régime sera fortifiant, et aura pour bases
•
• r
,t-
�CONDITIONS HYG IÉNIQUES DES VALÉTUD INA(ll.ES .
121
les viandes rôties, le vin de Bordeaux, la diète lactée (1) .
G. - Boissons. - Il est utile padois de remonter
les forces digestives par des infusions allongées de café.
En général, l'on pourra faire usage de boissons désaltérantes : la quantité considérable de citrons et d'oranges permettra facilement de satisfaire ce besoin.
H. - Hygiène morale. - Si la régularité et le calme
de la vie morale réagissent efficacement s.ur la régularité et le calme de la vie physique, il convient de mettre les convalescents à l'abri des fortes excitations, des
émotions exagérées.
Je ne saurais trop recommander l'intimité des rapports· avec le médecin.
A une confiance sans bomes, l'homme de l'art répondra par une abnégation cie lous les instants, se so uvenant de ces belles paroles de M. de Lamartine :
cc Il faut surtout maintenir l'espérance, car l'espérance est une grande force vitale. »
Cf) Le lait est J'aliment type, plast ique et respiratoire .
n contienl une matière azotée; du sucre de lait; une matière
grasse, agenl de calorification.
�APPENDICE.
RENSEIGNEMÉNTS GÉOGRAPHIQUES ET HISTORIQUES.
Ajaccio, chef-lieu du département de la Corse; place
classe.
de guerre de deuxièm~
Siége d'un évêché suffragant de l'archevêché d'Aix,
de tribunaux de première instance et de commerce .
Résidence d'un général de brigade commandant la
subdivision, du vice-recteur de la Corse, de la consel'vatio~
des forêts, des directions des domaines et de l'enregistrement.
La ville possède une école normale pour les Institutems et une école Dormale pour les Institutrices, un
collége communal, un grand et un petit séminaire,
un hôpital militaire, un hospice civil, une société d'agriculture.
Je resse!'rerai dans quelques lignes l'esquisse du
golfe (a), de la ville (b), et de ses environs (c).
a. Comme je l'ai déjà fait observer, l'aspect du golfe
l'appelle celui de 1 aplcs pal' l'immense lumière dont il
..
• •1}
�AP PEND ICE .
est inondé, la transparence éclatante de l'!lir, la merveilleuse variété des teintes de la mer et du ciel.
Large et profond, aux contours pittoresques, il est
circonscrit à son ouvertal'e par deux promontoires
(capo di Fieno et capo di Muro) qui terminent les contrefor ts des chaînes secondaires de l'imposan t système
de montagnes courant du nord au sud de l'ile .
C'est dans ce' bassin spacieux que . viennent moul'il', aux jours des tempêtes, les flots courroucés de la
Méc1.ilerranée . Pendant que les vagues·, poussées par les
vents de sud-ouest, se brisent sur le môle de granit et
bondissent blanches d'écumes à des hauteurs extraordinaires, l'on aperçoit sur la rade des Cannes les petites
embarcations, les légers navires, calmes et presque
immobiles SUI' leurs ancres .
Contraste frappant, qui séduit toujours l'imagination, en nous rappelant les péripéties cIe nos frêles
existences!
Les points qlli offrent le plus d'intérêt sur cette circonférence, sont : à l'entrée du golfe, les îles Sanguinaires (rochers abruptes), sllr la plus grande desquelles
s' é~èvent
un phare de premier ordre et un poste télégraphique; puis, en se dirigeant vers Ja ville, la plage
1Jfinacâa, la pointe de la Parata, la plage du Scudo,
la vallée cIe BaTbicaja, la chapelle des Grecs, le ruisseau du Forcone, la batterie de Maestrello, la place Miot,
la pointe de la Citadelle .
Après l'avoir contournée, on arrive dans le port, qui
se termine à la jetée de lJlaTgonaggzo .
�124
AJACCIO .
Le fond du golfe est formé par les magnifiques mouillages de Castelve l;c1zio et des Cannes.
La côte opposée, plus accidentée, offre successivement la pointe d' Aspreto, sUl'montée d'un fortin, d'où
l'on découvre le panorama de la ville et l'aspect imposant de la haute mer.
D'Aspreto à la pointe de Vescovo, se déroule la plage
sablonneuse de Campo di l'Oro, où viennent se jeter la
Gravona et le Prunelli; vers son centre, la tour de Ca-
pitello, refuge de Madame mère après l'incendie de sa
maison par les bandes anglo-corses.
En suivant cette direction, se succèdent les pointes
ou caps de Porticcio, des Sette navi, de la Castagna, de
PÔ'rtigliolo, de Capo di lJfuro, qui limitent autant de
petits ports, Porticchio , Santa Barbara, Portigliolo,
Cacao, sûrs abris pour les barques des pêcheurs .
:bes eaux du golfe abondent en poissons aussi variés
que délicieux : les huitres y sont savoureuses, mais assez
rares et de la grosse espèce. Les premiers essais de
M. Coste pour la multiplication des petites huîlres Cie
l'Océan n'ont pas été très-satisfaisants; heureusement
qu e le savant académicien nous a fait espérer qu'il ne
se tiendrait pas pour battu .
Il existe sur tous ces rochers des bancs d'un beau
corail rou ge.
b. Étreinte entre les pieds des montagnes et la mer,
la ville d'Ajaccio n'est pour ainsi dire qu'une longue
façade sur.le ,golfe .
.
.
�APPENDICE .
120
Les rues sont généralement lal'ges, droites el propres; les cours bien dessinés, les places parfaitement
aél'ées; leurs dénominations sont aujourd'hui du plus
pur bonapartisme, car l'enthousiasme est fer ven t au
berceau de la dynastie napoléonienne, et toutes les
classes sociales y pratiquent avec ardeur le culte des
souvenirs!
Lorsqu'on al'rivè sur le bateau à vapeur, en face de
ce beau quai au môle solide et pavé de granit (1), où les
plus gros vaisseaux trouvent un excellent mouillage,
l'œil est agréablement impressionné par l'aspect gracieux que présente cet ensemble de h au tes maisons solidement et régulièrement bâties.
place du Marché
Du quai la vue plonge, en perçanl~
et le cours G!'andval, jusqu'à la grotte formée par
d'énormes blocs de rochers, dans le jardin du Casone,
où Napoléon aimait à se retirer pour se livrer à ses lecLures. Cette ligne perpendiculaire coupe la ville en deux
parties à peu près égales.
La première, A, comprend l es places du Marché et
Bonaparte, les rues de Madame Mère, cIu Roi-cie-Rome,
de la Cathédrale, du boulevard Lantivy et les éd!fices
que j'énumérerai plus bas.
La deuxième, B, est traversée par trois artères: bouleva l'cl de ceinture, rue Fesch et cours Napoléon, qui,
(1) Dans une lcttrc de 180 1, à lIliol, qu'il avait cnYoyé en Corse
pour ,"emplir une mission extrêmement difficile, ND [loléon ajoutait ;
" Lc ministrc dc la marinc met dcs fonds à la disposition de l'inO"énicur Cil chrf pour la réparation du mOlc et la construClion du q~ai
nt"cessaire IlIa sOl'Clé du [lorl. Jl (Cor"l'espondanre.)
�'126
AJACC I O .
parallèles ~'abord,
se ' confondent aux portes de la ville
dans la route impériale qui conduit à Bastia (1) .
A. La citadelle forme la pointe la plus avancée de la
ville; assise sur les rocher s de la rive, entour ée d'un
large fossé, (lUe fut élevée en 1554, par le maréc hal
de Thermes, sous Henri II, par la grâce de Dieu roi
de France et seigneur de l'île de Corse .
La place du Marché est décorée· d'une fontaine en
granit et en marbr e, que surmo nte une remarq uable
statue de Bonaparte premie r consul, par Labou reur.
Dans la rue de Madame se trome nt l'évêch é, assez
modeste maison bourgeoise, et l'éléga nt hôtel Pozzo di
Borgo, au portail de marbr e surmonLé des armes de
l'amba ssadeu r de Russie.
Uii des quatre côtés de la petite place Lœtizia, est occupé par la façade de la maison Bonaparte; celte maison, qui contint tant de génie, est de l'archi tecture la
plus simple. C'est dans une chamb re du premie r étage,
que naquit l'homme du siècle; la frise de la cheminée,
en marbr e blanc et parfait ement conservée, représente
Vénus entre deux Amours .
L'émotion est grande à la vue de cette habita tion,
(i) 111. Valery a élé bien mal inspiré en écrivant ces lignes
:
" Ajaccio est un embr~
' on
de ville jelé dans un déserl; elle possède
une salle de speclacle et pas un charroll. »
Le célèbre touriste est aussi très-injusle quand il accuse Napoléon,
" qui a couvert de magnifiques travaux des pays enle\'és à lu France,
de n'avoir rien fuit pour son He natale . »
Les preuves de la sollicitude de apoléon pour ses concitoyens se
retrouve nt à cllaque page dans les premier s volumes de sa Correspondance, seuleme nt il n'a pas toujours élé bien secondé .
• , ..1:
�APPEND ICE .
H7
objet de pèlerinage des générations, et que la gloire du
grand Emper eur semble entour er d'un immortel prestige!
La cathéd rale, en forme de croix grecque, est surmontée d'une coupo le: l'édifice rappelle la bOJ;lne architec ture italienne du seizième siècle.; elle fut consLruÏle en 1584, par un vicaire apostolique du pape
Grégoire XIII .
On y voit la cuve en marbre de Lumi, où fut baptisé
Napoléon, l'éléga nt maitre -autel, présen t de la princesse Élisa, grande duchesse de Toscane, et les riches
ornem ents d'église dus à la munificence du cardinal
Fesch.
A l'extré mité 'de la rue de la Cathédrale on remarq ue:
l'éléga nt hôtel Perald i; l'église de Saint- Érasm e, qui
sert d'orato ire à la confrérie des marin s; une partie
des bâtiments de l'ancien couvent des Jésuites, où sont
établis les Frères de la Doctrine chrétienne. Combien de
vaillanls soldats, tombés glorieusement sur les champs
de bataille d'Afrique, de Crimée et d'Italie, se souvenajent avec plaisir d'avoir reçu à cette ép.ole. les premiers éléments de leur éducation sociale (1) .
La piazza Spinola, à la porte de la citadelle, est soutenue par les dernières pierres du bastion et des
(1) Alors qu'il était ambassadeul' de France à Rome, le cardina l
Fesch constitua une rente perpétu elle aux Frères qu'il envoya en
Corse sous la direction du savan t et respectable Père Raymond.
C'est en '1824 que les sœurs de Saint-Joseph ouvrire nt, aux frais
du cardinal , une maison d'éduca tion devenue bientôt trop petite
pour recevoir les jeunes filles accourues de toute part.
�128
AJACCIO .
murailles qUI constituaient l'enceinte de 1506; elle
est comme con lin uée par le bouleval'd qui longe la mer,
sous le nom de Lanlivy, en mémoire du préfet babile et
dévoué que la reconnaissance populaire a salué naguères ayec chaleur, après plus de trente ans d'abscnce.
La place Bonaparle (ou du Diamant), spacicusc, bien
nivelée, faisant face à la hau te mer, voit s'élever à son
extrémité le monument en granit rouge et en bronze
qu'une souscription nationale consacre à la mémoil'e
de l'Empereur et de ses qu atre frères.
Sur sa gauche l'on aperçoit le grand-séminaire (1),
en face l'hôpilal mililail'c. Derrière et plus loin , le
pelit-séminaire etl'bQspice Eugénie.
B. L'hôtel de ,'ille, de construction model'lle, renfcrm-e la bibliolhèquc et l muséc Napoléoni.cll.
C'e t du passage de Lucien Bonaparte au ministère
de l'intérieur que date la fondation de la bibliothèque,
contênanl aujourd'hui plus de 14,000 volumes.
Le musée a été formé dans la salle d'honneur de la
mairie, au moyen de objets d'art laissés pal' S. Em. le
cardinal Fescb.
On y voit les riches fauteuils aux armes impéri.ale ,
les pendules, les candélabres qui ornaient autrefoi~
(1) 'est ù l'intelligente initiative et à la persévérance éclairée de
Monseigneur Ca anelli d'Istria que la Corse est rede\able de ces
utiles établis emenls.
AI ec les modiques ressources de son diocèse, 1\1ons igneur a su
créer le pelit séminairc, où des cenlaines d'enl'allts r eçoivenl la
p iHure dc l'e. prit l ùu cœ ur, et le grand séminuire, celle pépinière
d'ecclésiastiques in fruits qui prendrollt une si large part dans
l 'ccu\l'e de régé nératioll du pays!
�129
APPEND ICE .
les salons do son hôtel de la rue du Monl-Blanc.
Je signalerai à l'atten tion du touriste trois bustes
de Can'ova (Napoléon, roi Joseph , cardin al Fesch)
et le tableau de David (Napoléon en manteau impé'
rial).
Dès 1806, le cardinal Fesch travaillait au plan d'un
grand établis semen t qu'il voulait créer sous le titre
de Lycée des Arts . Contra rié dans ses projets, il ne put
faire comm encer qu'en 1827 le bâtime nt qui s'élève
SUI' le bord de la mer (quarti er Saint- Roch) .
D'après ses derniè res volontés, ce bfttiment devait être
: " àl'insta llation d'un couvent de Pass ionnistes,
sous l'invoc ation Deo uno et trino. Des raisons poli1i-,
ques s'oppo sèrent à la réalisation de ces vœux, et, après
une foule de péripé ties, le roi Joseph , héritie r de Son
Émine nce, a cédé l'établ isseme nt à la ' comm une.
Le corps princip al est affecté au collége comm unal
(colJége Fesch) .
L'aile de droite contie nt le musée (0; à gauche et
(i) Au rez-de-c haussée , la biblioth èque du Cardina l; au premier
"
les galeries. La sculptur e, est représen tée par les plâtres des chefsd'œuvre de la statuair e, que Son Eminen ce avait fait mouler avec
soin pour son lycée. (Le Laocoon, l'Apollon du Belvédère, le Gladiateur mouran t au Capitole, les trois Grâces de la cathédra le de
Sienne, les Lions de Canova .)
La peinture compte un millier de tableaux destinés aussi en principe aux. élèves du lycée.
Chaque siècle, chaque école, se trouven t représen tés par des
ébauche s quelquefois originales, par des copies souvent médiocres.
Les meilleu rs tableaux sont attribué s à Lanfranc, Luc Giordanc,
Cigoli, Pierre de Cortone et Joseph Verne t.
DE PIETIIA SANTA.
9
�130
AJACCIO.
paeallèlement s'élève une chapelle d'un goûl simple fl t
sévère (1).
Le milieu de la cour est occupé par la statue en
bronze du cardinal (œuvl'e peu réussie de Vital Dubray) .
Le COUl'S Napoléon présente à son entrée, d'un côté
la caserne, de l'autre la maison du général Fiorella,
l'un des glorieux compagnons du général Bonaparte (2) .
Plus loin, cet hôtel de la Préfecture, entomé de bois
d'orangees, que Valeey trouvait trop grand et trop fastueux pour une île pauvre .
Viennent ensuite le théâtre Sainl:...Gabriel (prénom
du comte de Lantivy, qui en posa, la première pierre),
et le charmant hôlel d'un autre vaillant soldat de
l'Empire (général Tiburce Sébasliani, colonel à Water100), avec son délicieux parc en amphilhéâtre, couvert
d'arbres magnifiques.
.
Lp, ~oulevard
de ceinlure s'étend de la place du Marché
au chantier de construction de la compagnie Armand.
De jolies maisons, à façade sur la mee, vont bientôt
cacher les masmes qui constituaienlle faubourg.
Le cours Napoléon est une belle et large avenue taillée Clans le D'ranit plantée d'orangers, ct qui se conlinue,
à partir de la fontai ne de Cannelo à teavers de beaux
ombeages de platanes et d'ormeaux.
(1) C'esllà que r epose nt, dan s une crypte circulaire placée au
dessous du chœur, les cendres de l\ladame Mère (Mat er regum), du
cardinal Fesch el du prince Charles de Can ino.
(2) (( Le général Fiorella, nommé général ùe division , commandera
les troupe françaises dans la Lomb urdi e.)) (Milan, 14 nov. 1707. Correspo ndance.)
•
..,f!
�APPEJ\DICE.
Uf
Le cours Grandval commence à la place du, Diamant,
pour atteindre la grotte Napoléon.
Ce nouveau quartier est destiné au plus brillant
avenir.
Sur la gauche, semblent se balancer au milieu des
oliviers et des amandiers quatre jolis cottages, construits avec tant de désintéresse.rp.ent par une réunion de
hauts personnages, qui, s'associant à la patriotique initiative prise par M. le comte Bacciochi, ont bien voulu
accepter la tâche de créer à Ajaccio une station d'hiver.
Les liens d'amitié qui m'unissent au comte ne me
permettent pas de rappeler ici ce qu'il avait déjà fait
pour la ville qui l'a vli naître, et ce qu'il se propose de
faire encore . Aussi les Ajacciens ne laissent-ils échapper au cune occasion de lui témoigner leu r reconnaissance.
Les promenades, cet élément indispensable -de bienêtre pour les valétudinaires, sont aussi délicieuses que
variées et faciles. Au milieu d'un printemps continuel,
quel aspect pittoresque et agréable qu e celui de ces
campagnes, de ces vignobles d'où se détachent les pergoliti des Bal'oni (espèce de guérites en feuillage pour
les gardes champêtres), et les blanches coupoles qui
rappellent les tombeaux musulmans du Bosphore, et
donnent au pays un cachet semi-oriental!
Avec le bOlllevard Lantivy se continue cette ravissan te promenade qui côtoie le golfe, en passant par la
�132
AJACCIO.
place Miot et la chapelle des Grecs, pour se prolonger
jusqu'aux îles Sanguinaires, où elle se reliera plus tard
à la route impériale de ceinture de l'île, ap~'ès
avoir été
rattachée par un embranchement au cours Grandval.
Là où finit le cours Napoléon, commence la route
impériale d'Ajaccio à Bastia, plantée d'arbres des deux
côtés, et qui, ouverte par le comte de Marbeuf, avait si
vivement éveill6 la sollicitude de Napoléon (1) .
Elle suit en serpentant les sinuosités du golfe pendant
3 kilomètres, et elle se dirige ensuite, par des pentes de
plus en plus raides, vers les montagnes de Bocognano.
Sur sa gauche, au-dessus de la courbe qui dessine le
fond du golfe, s'étalent le parc ravissant du château
BacciQchi, aux gracieuses tourelles, à l'opulenLe hospitalité, et les plantations de mûriers de la Pépinière,
autr'erois Jardin Botanique, riche dés plus rares collections :,6g6tales des latitudes méridionales.
Trois routes secondaires se détachent de celte grande
artère pour former de charmantes promenades, courant
(1) Leltre à Miol (15 janv. 1801). Le ministre de l'inlérieur doit dépenser en l'an IX, 200,000 fI'. pour travailler à la roule d'Ajaccio à
Basti a. Pas de lr'lVaux chimériques, mais une bonne route de manière que les voitures de l'arlill erie puissent traver el' l'île .
On emploiera en l'an X les 500,000 fI'. que l'on estime né cessaires
pour l'achever.
J'attache un très-grand prix, sous le rapport commercial et militaire, à ce que la grande l'oule soillerminée . - Le minislre de la
guerre fera passel' en Corse 1,000 prisonniers aulrichiens pour travailler à celle l'oule.
(Lellre ù Chaptal, 14 sep l. 1802.) - Destiner une somme de
200,000 fl'., en l'an XI, pour achever la route d'Ajaccio à Baslia.
(Lettre à Chaptal, ocl. 1802.) - Donner au grand chemin de la
vllle à Sain le-Lucie 64 pieds de largeur. (Correspondance.)
• ./y
• r
•
�APPENDICE .
133
à ' travers des coteaux couverts de vignes et d'oliviers ,
des vallons planté s d'oran gers, de citronn iers et de grenadier s ,
L'une part de la chapel le de Sainte -Lucie , et se - ,
perd dans les gorges de Saint-A ntoine , pour repara itre
sur le plateau où a été constr uit le pénite ncier agricole
de Castelluccio .
L'autr e, qui condui t aux villages cl'j\.laLa et de Villanova, con tourne la pittore sque colline de Castelvecchio ,
et côtoie u ne riche et riante vallée .
La troisième, c'est la route de Sartèn e et Bonifacio,
qui, de la Pépini ère, s'élève sur les côteaux d'Aspr eto
et s.'enfonce ensuite dans la monta gne .
Si les valétud inaires et les tourist es veulen t donne r
un but à leurs prome nacles "il leur sera très-fa cile de
satisfaire leurs goûts eL leurs préfére nces.
Dans les enviro ns de la ville s'élèvent plusieu rs chapelles modes tes, petits sanctu aires en grande vénération parmi les habita nts . Chacu ne a sa légende, chacune possède ses vertus particu lières .
. La chapelle des GrecS, constr uite par la famille Leca,
est dédiée à Notre-Dame cl u mont Carme l; les autres
sont sous l'invocation cie sainLe Lucie, de Notre- Dame
de Lorett e, de sainL Antoin e, de saint Joseph .
Les amateu rs de souvenirs historiques visiteront avec
intérêt les Melelli, la plaine de Campo di l'Oro et le
pont d'Ucciani .
Les Melelli sont une propriéLé rumle qui appart enait
au cardin al Fesch; elle est couver le d'oliviers et d'aman -
�134
AJAC CIO .
.
diers d'une él évation peu commune, du milieu desquels
s'élance un chêne vert, plusieurs fois séculaire, au pied
duquel le jeune Napoléon se plaisait à lire et à méditer .
C'est des Melelli qu 'es t daLée sa lettre au comte l\1aLlbieu
Butlafuoco, député de la noblesse à l'Assemblée nationale, connu par son opsiL~n
aux idées de 1789 (1) .
Les pensées du martyr de Sainte-Hélène onl dû. se
reporler sur ces souvenirs d'enfance, alo rs que, cherchun t à abriter sa tête con tre les ardeurs d'un soleil
tropical, il s'écriait: « Ah 1 docteur ! un chêne, un
chêne! »
J'ai déjà eu occasion de faire mention de la plaine de
Campo di l'Oro, fécondée par le sang des bergers de la
Ba tellicaccia . La légen ùe raconte l'héroïque exploit
d'une poignée de ces montagnards, qui repous èrent
hui t cents Grecs et Génois de la garnison d'Ajaccio . Enveloppés plus tard dans les marais du Ricanto, les malheureux pâLres y furent Lous Lué, à l'exception d'un
seul homme, qui fut promené dans les l'ues de la ville,
chargé des têtes de six de ses parents, pu i coupé par
quartiers el exposé pendant plusieur jours ~ul'
les for-
tifications cl u prœside.
(1) Les quatre lettres de J. J. Rou seau sur les lois il donner à la
Co rse, sont adres "ées au apilaine Buttaruoco. Ctlsl lui qui avait
oO'ert au philoso phe de Genèl'e un asile que ce dernier, alors en bulle
aux tracasseries du roi de Pru sse, avait été ur le point d'accepter,
ainsi que cela résulte de cc passage d' une lettre de l76fi :
H Je sais un asile digne de moi, et donlje ne me crois pas indigne : c'e~t
parmi vous, braves Corses, qui savez Circ libres, qui savez
être justes, et qui fûtes trop malhe ureux pour n'Ctre pas compjltissants l ))
• • 1>
• r '
�APPEND ICE .
13v
Le célèbr e Volney, prévoyant tou tes les ressources
que l' on po uvait tirer d'une plaine traversée par un
cours d'eau qui déposait Sur ses bords un limon fécondant, en avait acheté une partie (la Confina) pour y in- troduir e les culture s de nos colonies, et plus par'ticulièrem ent l'indig o, le café, la canne à sucre.
Malhe ureuse ment pour le pays, Volney voulut se présenter aux suffrages des Corses comme candidat à la
Convention nation ale. Écond uit par l'influe nce du général Paoli, le philos ophe eut la faiblesse de se venger
de son échec, en publia nt ab ira ta , dans le Moniteur,
des article s on ne peut plus malveillants sur la Corse.
Le pont d'Ucciani se fait remarq uer par la hardiesse
avec laquel le l'arche unique dont il se compose, a été
jetée sur le torren t impétu eux qui roule du mont
d'Oro. C'est là que le vainqu,e ur d'Eslin g et le roi
Bernadotte reçure nt leurs galons de caporal. Les archives de la Préfec ture contie nnent un grand nombr e
de copies délivrées par le caporal de Royal marine , détaché comme greffier près du Juge d'Ajaccio!
. Les personnes qui ne craign ent pas de voir de trop
près quelqu es-une s de nos misères bumai nes voudront
visiter : La colonie agricole de Saint-A n toine, pour les
jeunes détenu s, et l'établ isseme nt pénitentiair'e de Chia-
van .
J'aurais voulu entrer ,dans des détails qui n'aura ient
peut-ê tre pas manqu é d'intér êt; mais chaque jouI' voit
se realise r tant de progrè s, que ce qui es t aujour d'hui
ne sera probab lemen t plus demain .
.
�136
AJACCIO .
Ajaccio est le berceau de la famille Bonaparte.
Voici ce que le Mémorial de Sénte-Hélène dit de
.chacun de ses membt'es :
(1 Tous mes
fl'èt'es se sout trouvés tl'op forts pour
s'abandonner aveuglémeut à un conseillee motem, et
pas assez pour pouvoit' s'en passer tout à fait.
Joseph (roi de Naples et d'Espagne), par tous pa-ys,
serait l'ornement de la société.
Lucien (prés iden t dû conseil des Cinq,-Cents au 18
brumai re), celui de toute assemblée politiqùe.
Louis (roi de Hollande) eût plu et se fût fait remar'quel' parlout.
Jérôme (roi de Westphalie), en mûrissant, eût été
propre à gouverner. Je découvrais en lui de véritables
espérances.
Ma sœur Elisa (grande duchesse de Toscane) était une
tête.mâle , une âme forte; elle ama montré beaucoup
de philosophie dans l'adversité.
Caroline (reine de Naples) est fort habile et très-capable .
Pauline (princesse Borghèse), la plus belle femme de
son temps peut-être, a été et demeurera jusqu' à la fin
la meilleure créature vivante .
Quan t à ma mère (madame Lœtizia), elle est digne cie
tous les genres cie vénération.»
J'emprunte aussi au Mémorial quelques passages qui
rattachent le grand Empereur il son pays natal par les
faits ou par la pensée.
étaient originaires cie cette belle TosLes Bon~pa·te
..
�APPENDICE.
cane qui a donné au monde le Dante, Michel-Ange,
Machiavel et Galilée.
Napoléon est né le 15 août 1769, jour 'de l'Assomption.
Sa mère, Lretitia Ramolino, avait éprouvé les p-remiers symptômes de la grossesse sur le monte Rctondo,
ce pic élevé de l'11e, cl' où le regard plonge tour à tour
dans l'infini du ciel et l'immensité des mers. Prise par
les douleurs de l'enfantement vers midi, au sortir de
l'église, elle déposa le merveilleux enfant sur un de
ces vieux tapis anliques, à grandes figur'es des héros
de l'Iliade.
Napoléon, dans sa toute petite enfance, était turbulent, adroit, vif, preste à l'extrême.
A dix ans, on le trou ve à Brienne; doux, tranquille,
appliqué, d'une grande sensibilité .
A l'âge de la puberté, il devient sombre et morose (1) .
Lorsque Paoli conduisit le jeune officier d'artillerie à
Ponte-Nuovo, celui-ci lui fit des observations stratégiques si profondes que le général s'écria : «( Napoléon,
(1) Voici un portrait poétique tracé par Olla\'i ;
(( Une parfaite rég ularité de trails, r ehaussée par un front olympien; une teinte d'une pâleur ardente et safranée, des yeux bleu
de ciel capables de contenir l 'infini; des chcveux plats, inflexibles
comme la destinée; un ensemble de fi gure mobile ... touj ours beau,
même dans la colère, même dans la douleur ...
« Il faut de l'enthousiasme pour cette nature immense qui a reflété
avec une puissance gigantcsque toutes les faces de son époque, ct
qui seul) dans les temps modernes, a conquis une populal'ité universelle dans les Deux-Mondes. Il
�138
AJACCIO.
tu n'as rieu de moderne, tu appartiens tout à fait à
Plutarque. »
Commandant les volontaires du Liamone, Napoléon
évita àla ville d'Ajaccio de grands malheurs ; mais, en
1793, quand il put sou pçonner que le vieillard qui lui
était si cher avait le projet de livrer l'île aux Anglais,
il le combattit à ou trance.
Napoléon n'oublia jamais son pays natal, mais il le
connaissait tl'Op bien pour entreprendre de le civiliser
avec des moyens insuffisants. Il voulait y employer
trente millions et trente mille hommes. « Je voulais
l' améhorer, la rendre heureuse ..... »
« La Corse, dit le comte Las Cases, avait pour lm
mille charmes . Il en détaillait les grands traits, la coupe
hardie de sa structure physique . Il s'y voyait dans ses
premières années, à ses premières amours. Il s'y trouvait dans sa jeunesse, au milieu des précipices, franchis-·
sant les sommets élevés, les vallées profondes, les gorges
étro it es; recevant les honneurs et les plaisirs de l'hosl)italité, parcourant la ligne des parents dont les querelles et les vengeances s'étendaient jusqu'au septième
1
degré .
« Le projet d'une souveraineté de l '11e était alors
caressé par lui ... ))
Je termine en rappelant une de ces pages qui devl'aient êtt'O inscrites en leUres de bronze, sur un hloc
de granit orbiculaire :
« La paix de Moscou, accomplissait et terminait mes
expéditiOl,).s . ~e guen'e ...
..
�APPENOlCE .
139
« La cause du siècle était gagnée, la révolution ac-
complie. Je devenais l'arche de l'ancienne et de la
nouvelle alliance, le médiateur naturel entre l'ancien
et le nouvel ordre de choses . J'avais les principes et
la confiance de l'un; je m'étais id entifié avec l'autre,
j 'appartenais à tous les deux.
J'aurais fait en conscience la part de chacun; ma
gIoi re eût été dans mon équi lé!!! »
«(
Joseph Fesch est né à Ajaccio le 3 janvier 1763;
Son père, capitaine dans un régiment suisse au set'vice
de la France, avait épousé dona Angela Maria Pietra
Santa, veuve du noble Ramolino, à qui elle avait donné
une fille qui épousa Cbarles Bonaparte et fut Madame
Mère .
Quoique fils uniqu e, Joseph Fesch voulut embrasser
la carrière ecclésiastique, et ce fut Monseigneur poria,
évêque d-' Ajaccio, qui lui conféra les ordres sacrés .
Nommé dans les premiers mois de l'Empire a l'cbevêque de Lyon et primat des Gaules, il fut bientôt créé
cardinal, au titre presbytéral de Sainte-Marie do la
Victoire.
Heçu à Rome, en 1815, par le pape Pie VII, il s'éteignit dans le palais Falconieri , à l'âge de 77 ans
(13 mai 1839), entouré de la plus grande considération .
J'ai rappelé toutes les œuvres bienfaisantes dont la
ville d'Ajaccio est redevable à Son Eminence .
�140
AJACCIO.
Les précieuses collections qu'il a laissées prouvent
combien était profond dans son âme le ,sentiment du
beau.
Pendant tout le cou rs d'une longue vie) le cardinal a
été fidèle à cette maxime, qui aurait honoré le plus
grand philosophe :
CI Celu~-à
seul mérite l'estime et l'amour de ses
concitoyens, qui a su faire le bien, en évitant le mal
et les inimitiés, même au sacrifice de son amourpropre. » (Lettre de Joseph Fesch, 24 ventôse an IX .)
Puisse le souvenir de tant de bienfaits vi vre éternellement, de générations en générations, dans le cœur des
Ajacciens!
Je n'ai pas la prétention de tracer ici l'histoire d'Aaccio; je veux seulement réunir quelques-uns des principaux faits relatifs à .la ville, me réservant d'en étudier
l'ensemble dans le chapitre consacré à l'histoire géné'raIe de la Corse.
Nous savons déjà combien il est difficile d'assigner
une époque précise à la fondation d'U rcinium ; il s'est
même élevé des controverses SUl' sa position géographique, et quelques auteurs, recommandables d'ailleurs, l'ont plàcée le long du Liamone à Sari d'OrCIllO .
•
• r
.f!
�APPENDICE.
'141
D'autr es histori ens font dériver son nom des w'ci,
poteries ou vases constru its par les habita nts; cette
étymologie est aussi très-co ntestée : rien ne prouve que
les umes funét'aires de la cathéd rale de Saint -Jean
fussent fabriquées sur place.
Quoi qu'il en soit, l'ancie nne Urcini um se trouve
mentio nnée sous ce nom dans les lettres du pape Grégoire le Grand ; mais hâtons -nous d'arriv er à une
époque moins reculé e.
En 1420, Alpho nse d'Aragon fut accueilli avec d'autant plus d'empr essem ent par les habita nts, que la républiq ue de Gênes ne s'était allaché cet impor tant
prœsid e par la concession d'aucu n privilége.
C'est sur son territoit'e que de Lecca battit en 1456
le Génois delle Treccie. Notre illustr e histori en Pietro
Cyrneo, donna nt à cette bataille une import ance considérabl e, parle du chiffre (à coup sûr exagéré) de 4,000
pI'isonnicrs : malhe ureuse ment delle Treccie, secouru
par des forces imposantes, prit bientô t sa revanche,
enleva le châtea u de Lecca et passa la garnison au fil
de l'épée.
Vers la fin du quinzième siècle, les habita nls d'Urcinium quitten t l'endro it où sont aujour d'hui les
vignes de Saint- Jean, pour se porter à 2 kilomètres
Sur la pointe actuell e, selon les uns pal' des raisons
<J'agrandissement, selon les autres par des motifs de
salubr ité; toujou rs est-il qu'à cette époq ue (1501)
Paolo de Pietra Santa, rel)l'és entant l'office de SaintGeorges, dota la ville du châtea u et du mur d'ence inte,
�142
AJACCIO.
qui lui permirent de repousser , en 1506, les attaques
des barbaresques .
En 1553, Sampiero vint camper devant Ajaccio
avec ravant-gat'de de l'armée française, commandée
par le maréchal de Thermes, alors allié avec le fameux
co rsaire Dragut, amiral de Soliman.
Malgré la cq.pitulation de la place, elle fut livrée au
pillage par -les Corses auxiliaires .
Des Ursins la dédommagea plus tard, en la traitant
avec plus d'égards que les autres prœsides. Il dota la
ville de notables embellissements, répara les fortifications, et fit élever de nouveaux bastions . Ces mesures
de guerre permirent aux Génois de résister à de ux
tentatives faites par les nationaux (pendant la guerre
d~ Quarante ans) pour s'en emparer .
En 1739, Luc d'Ornano en commença le siége, au
nom du roi Théodore; mais la flottille du célèbre aventurier ayant été jetée par la tempête sur les côtes de
Naples, elle ne put appuyer les opé rations d'Ornano,
qui se vit contt'aint de s' éloigner de la place.
Quelques années après (t 763), le général Paoli
chercha à se rendre maître de la ville par surprise; il
s'était ménagé des intell igences parmi les habitants,
mais le principal conjuré ayant pénétré dans la citadelle avan t l'heure convenue, fut frappé de mOl't au
moment où il s'élançait sur les poudr'es pour y meUre..
le feu.
En 1769, le comte de Mal'beuf institue dans la ville
une Cour prévôtale ct un Lribunal d'amirallté qui em-
..
• •#j
�APPENDICE.
143
bt'assait dans son ressort Bonifacio et Porto-Vecchio,
ainsi que les golfes de Valinco et de Sagone .
Ajaccio eut sa part des troubl es qui agitèrent la Corse
durant la révolution. Au commencement de 1794, elle
tomba par trahison aux mains de Paoli, qui venait de se
séparer de la France.
« Douze ou quinze mille paysans "(dictée cie Napoléon
à Sainte-Hélène) fondirent des montagnes Slll' Ajaccio .
Notre maison fut pillée et brûlée, les vignes perdues,
les troupeaux détruits .
« Madame, entourée d'un petit nombre de fid èles,
fut réd uite à e1'rer quelque temps sur la côte, et clul
gagner la France.
« Paoli, à qui notre faII;lille avait été si attachée, et
qui lui-même avait toujour.; pr?fessé une considération
particulière pOUl' Madame, Paoli avait essayé près d'elle
la persuasion avant d'employer la force. Madame répondit en hél:oïne, et comme eùt fait Cornélie, qu'elle ne
connaissait pas deux lois; qu,' elle, ses enfants, sa famille,
ne connaissaient que celle du devoir et de l'honneur. ))
Pendant que ces événemenls se passaient, Napoléon
étàit gardé à vue par les montagnards à Bocognano.
Ayant pu tromper la vigilance d'un vieux capitaine, il
saute sllr un cheval, arrive à Ajaccio, pour de là rejoindre à Calvi le représentant. du peuple. Il accep ta avec
empressement la PI'oposition que lui fit Lacombe SaintMichel, d'aller avec lui elllevel' la place aux Paolistes.
Lacombe vint s'embosser avec deux fl'égates en face cie
la citadelle; mais , au pl'emiel' boulet qu e lui envoya la
�144
AJACCIO .
garnison, il donna ordre de prendre le lat'ge, au grand
regret du jeune officier d'artillerie . La ville demeura
pendant deux ans au pouvoir des Anglo-paolistes, qui
l'évacuèrent en même temps que les autres places de
l'île, dans J'automne de 1796.
L'année suivante, la tranquillité d'Ajaccio fut de
nouveau troublée d'une manière assez grave : après la
crise de fructidor an VI, une foule d'émigrés étaient
-rentrés dans l'il e. Ils s'organisèrent en bandes sous]e
nom de catholiques ro-yaux, el tinrent durant deux ou
trois mois la campl!-gne, surtou t dans le département
du Liamone; deux cents d'èntre eux poussèrent même
l'audace jusqu'à venir 'camper sous les murs d'Ajaccio,
une sortie, enlevèrent leurs
mais les républicains ~rent
po ~ siton
et les dispersèrent. Deux ans plus tard
(22 septembre 1799), une frégate entrait à pleines voiles
dans Je port: c'était la Muiron, qui revenait d'Égypte
et avail échappé comme par miracle aux ctoisières anglaises; toute la population de la ville accourut à bord
pOUl' contemp~r
de près le vainqueur d'Arcole el de
Giseh, au milieu du bri1lant cortége de ses lieutenants,
parmi lesquels on distinguait Lannes, Berthier, Eugène
et Murat. Napoléon passa six jours dans sa ville natale
qu'il ne devait plus revoir. Quant à Murat, il y revint.
Ce fut dans le port d'Ajaccio que, dans la nuit du 28
au 29 septembre 1815, il appareilla pour la Calabre.
Sa flottille se composait de six petits bâtiments mon lés
par deux cent cinquante hommes. On sait quelle fut
l'issue de celte téméraire expédition!
..
�DEUXIÈME PARTIE
LA CORSE.
CHAPITRE 1er •
GÉOGRAPHIE DE LA CORSE.
L'aspect général du pays est pittoresque ct
sauvage. Des rochers sourcilleux, des forêts
séculaires, des torrents mugissants, les deux
mers mêlant le brnit de leurs fiots à leurs
eaux turbulen tes, les vieilles tqurs arabes,
devenues télégraphes des Romains, se mon·
trant de distance en distance comme des
vestiges à'une civilisation plus avancée .... .
Au milieu de cetle nature originale et carac·
téristique, tout concourt à jeter l'homme
dans la méditation et l'admiration.
Vue de loin en pleine mer, la Corse paraît un point
dans l'espace entouré d'îles moins grandes, la G01'gona,
Captaja , Elbe, Monte-Ch1'isto et Giglio. Elle présente
l'aspect d'une énorme pyramide formée par les monLagnes qui, à la faveur de l'éloignement, se groupent
comme si eUes étaient adossées les unes aux autl'es.
L'île de Corse, Ktipvoc;, Kcûda'tOc, 0 Epa7tV"IJ, Corsica des anDE PIETI\A SANTA.
�146
LA CORSE.
ciens, forme aujourd'hui un département de l'empire
français, et le plus considérable par son étendue (1).
Située au centre de la Méditerranée, elle se trouve à
portée presque égale de la France, de l'Italie et de l'Esragne (2) .
Sa position géographique se détermine par :
Latitude nord:
41 ° 21' 4" Cap de Cala Fiumara, au sud, et 43° 0' 42"
point du cap Corse, au nord (3).
Longitude ouest:
6° 11' 47" Cap Rosso, extrémité occidentale.
7° 13' 6" Torre fiorentina, à l'est.
Sa population es~
de 252,183 habitants .
MONTAGNES. - A mesure que l'on s'approche des
côtes, l'on distingue dans cette masse un système déterminé .
L'He est traversée dans toute sa longueur du nord
au sud, à peu près dans sa pal'tie centrale, par une
chaine de montagnes dont les principaux sommets, surpassant de beaucoup les hauteurs des Vosges et du
.
J Ul'a , atleignent presque l'élévation des pics de la chaine
des Pyrénées . - Cette chaine divise l'ile en deux ver(1) Superficie, !!74,762 hectares. - 40 li eues de longueur sur uue
largeur inégale de 7 à 18 lieues.
(2) A 9 myriamètres du continent italien,
18 ùu littoral de la France,
46 des plages d'Afrique,
60 des cOtes d'Espagne.
p) .'es t à peu près la longitude de Gènes el la latitud e de Rome •
•
...f!
�GÉOGRAPHIE. -
MONTAGNES.
147
sants. En diminuant graduellement du côté de l'est, elle
se termine en plaines: à l'ouest, ces' montagnes s'élèvent à pic sur un riv~ge
toujours miné et battu 'p ar la
mer.
D'après les observations des géologues modernes, le
système de soulèvement fdes ' montagnes de la Corse,
dans sa direction du nord au sud, appartiendrail au
dixième soulèvement du globe.
M. Élie de Beaumont, qui assigne le soulèvement des
Alpes il la troisième période jurassique, crétacée et ter-:tiaire, pense que c'est à la quatrième époque, entre les
périodes éocène et miocène, que s'est opéré celui des
montagnes de la Corse et de la Sardaigne.
L'ensemble du système de montagnes de la COl'se
peut être considéré comme composé de cinq chain es
bien distinctes, rattachées entl'e elles par des chaînons
secondaires (1) .
Celle qui part du cap Corse (première chaîne du
nord) court pendant quelque temps vers le sud, toume
à l'ouest (deuxième chaîne du nord-ouest) jusqu'au
mo~te
Grosso et reprend ensuite, sous le nom de Frontagna, sa première direction.
Parvenue à ce point, elle incline au sud-ouest j usqu'à la hauteur du golfe de Porto'(troislème chaîne
centrale), puis se courbe vers le sud-est jusqu'à la gorge
(1) Ces montagnes ne sont pas taillées sur les gigantesques proportions des Alpes; on n'y voit pas ces grands phénomènes de la
nature qui donnent lieu aux glaciers, aux beaux lacs el aux: cascades; c'est quelque chose de bien plus rude et de bien plus sauvage.
(Docleur DONNÉ.
�LA CORSE.
148
de Vizzavona (quatrième chaine de r est), et de là se
dirige en droite ligne vel's la plage de Bonzfacio (cinquième chaine du sud), où ]a pointe appelée le Sprono
forme son demie r pt'olongement.
La natut'e géologique des deux premières appart ient
ux terrains calcaires, celle des Ü'ois autres, aux terrains granitiques.
Des terrains tertiaires ou d'alluvion se présentent à
Saint- Floren t, Bastia, Prunel li, Bonifacio.
Le versant oriental donne lieu à des plaines spacieuses, que les aHé:r:issements de la mer et l'alluvion des
cours d'eau fécondent sans cesse; tirées au cordeau,
elles s'épuisent en productions inutiles et spontanées,
alors qu'elles pourra ient nourri r la moitié de la population d~ l'île.
Le versant occidenlal est creusé de golfes, de baies,
qui offrent de précieux mouillages, et dentelé de pt'omonloires et de caps.
Voici la hauteu r et la position géographique des
principales montagnes de l'11e :
m
Monte .Azinao, au-dessus du torrent Je Hizzan ese.. 1, 823
Montë Cinto, entre les sources du Golo et celles
d'Asco.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Monte lncudine, au-dessus des sources de Rizzane se
et du Travo. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
iIlonte G1'OSSO, au-dessus du Fillmesecco ....... . ;
Pointe Mantelluccio, sur le rameau qui sépare la
vallée du Prunell i de celle du Taravo, au sud de
Bastelica. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
fr/flnte Paglia Orba, entre les ourees du Golo CL'
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
celles pu .~aDgo
..
'
2,399
2,055
1,860
1,;)3;)
2,(j4!:1
�GÉ,oGRAPHIE. -
149
COURS D'EAUX.
Monte Renoso, entre les sources de la Gravona, du
Prunell i et du Fiumo rbo.... ... . ....... ...•
Monte Rotondo, toujours couve-rt de neiges, audessus des sources de la Restonica ....... .... .
Pointe Saint-Eliseo, au-dess us des sources de la
Liscia entre le Cruzini et la Gravona ....... .. .
Monte Tafonato, sur le contref ort qui sépare la vallée
de Golo de celle d'Asco, à l'ouest de Castiglione.
Col de Vizzavona, entre Becognano et Vivario ; point
culmin ant de la route d'Ajaccio à Bastia ....... .
Col San-Gio7'gio, chemin d'Ajaccio â Sartene , SUl' le
rameau qui sépare la vallée du Prunell i de celle
du Taravo ....... ....... ....... ....... .... .
2,251
2,763 (1)
999
2,1.96 (2)
1,144
66'1
COURS D'EAUX. - D'après ce qui précèd e, l'on comprend que les cours d'eaux qui arrose nt l'île doivent
être considérés plutôt comme des torrent s que comme
des fleuves propre ment dits.
Les plus considérables sont, à l'est: le Golo, le Tavignano et le Fiumorbo; à l'ouest , le Lzamone.
L'hydr ograph ie de la COt'se a été divisée en six grandes régions, chacun e d'elles se subdivisant en bassins
et en vallées .
. 10 Centre et est : tl'Ois bassin s:
(1) Cette vue domine toute la Corse; l'œil découvre les cOtes de
France et d'Italie depuis Nice jusqu'à Civita-Vecchia, les Alpes, les
Apennins, la Sardaigne, Capl'aja, l'Elbe et Monte-Christo. L'ascension en est aussi pénible que périlleu se.
(2) Cette montag ne présente une ouvertu re de plusieur s m~lres
Laà son sommet ; lorsque le soleil disparai t derrière les hautes mon
gnes, l'on voiltou t à coup des rayons percer à [l'aVers celte ouverture. - Une légende du Niolo raconte que dans la chaleur d'une
discussion survenu e entre le démon. et saint Martin, celui-ci, dans
un accès de colère, aurait lancé son madeau sur la montag ne, qui
se serait ouverte à l'endroi t frappé par le fer.
'.
1
�HîO
LA CORSE.
Golo- Tavignano-Fiumorbo.
Le Golo est le plus grand torrent de nIe; dans l'extrême sécheresse, il peut encore fournir 111 .mètres
·cubes par minute; il prend sa source dans les flancs
abruptes des monls Tafonato et Vagliorba, et, après
un cours de 84 kilomètres, il se jette clans la mer Thyrrénienne; navigable pour des petits navires dans la
dernière partie de son cours, il a pour tributaires:
l'Asco, le Tartaggine, la Navaccia.
Le Tavignano sort du lac Nino (cours de 80 kilomètres ., direction est, sud-est), se jette à la mer près
d'Aleria, y versant environ 80,000 mètres cubes d'eau
par minute; torrents tributaires : Restonica- VecchioTàgnone.
Le cours du Fiumorbo est très-sinueux, sur un parcours de 43 kilomètres.
II prend sa source dans les montagnes de Serra d'Ese
et donne naissance aux vallées de l'Abatesco, du Travo
et de la Solenzara, parcourues par des torrents du même
nom, ses tributaires.
2° La région hydrographique du sud-est ne contient
que les torrents de Sainte-Lucie, d'Oso, et de Guardiena, qui pal'courent les vallées littorales du même
nom.
3° La région du sud-ouest n'a aussi que des torrents :
L' Ortolo, le Rizzaneso, le Taravo (golfe de Valinco),
la Gravona et le Prunelli (golfe d'Ajaccio).
4° Région .pe l'ouest.
..
�GÉOGRAPHIE. -
COUliS D'EAUX.
151
Le Liamone est presqu e un fleuve, eu égard à la
grande quanti té d'eau qu'il porte à la mer; il descend
du monte Retto, situé dans la région neigeuse des Alpes
corses, à peu de distance du Tavignano. Après un cours
tortueu x, rapide et fort accide nté, de trente- six kilomètres, grossi par le Cruzzrti et le Grosso, il verse dans Ir,
golfe de Sagona ses eaux devenues lentes et maréc ageuses.
5° Région du nord-o uest.
Les import antes vallées des riches provinces de Ja
Balagne et du Nebbio sont traversées par le Fango et
l'Alzso
. .
Le Fango descend des flancs de l'Argh iaminu ta, l'un
des pics les plus élevés de la chaine centra le: arrivé à
FilO1'soma, point centra l de la vallée, il reçoit la Sposata
et se jette, après un courS de vingt-c inq kilomè tres,
dans le port de Galeria.
L'Aliso, qui prend naissance dans la gorge de Tenda,
se déverse dans les marais du golfe Saint- Floren t (cours
de vingt kilomètres) .
. 6° La région du nord compr end toutes les petites vallées du cap Corse.
A l'est, le Miomo traverse la vallée de Lota, près de
Bastia ; les torrent s Brando, Sisco, Pietra Corbava, Ca-
gnano, Luri et Meria donne nt leurs noms aux vallées
qu'ils parcou rent.
Au nord, Je Granajolo dans la vallée d'Ersa , et l'acqua d' Inchiese qui se jette à la mer pl'ès de la marine
de Barcajo.
�·.
·l
H:l2
LA CORSE.
Finalement, à l'ouest , et du ·nord au sud, les torrents
de Centuri, Morsiglia, Aliso, traversent les vallées
étroites du même nom, tandis que l'Agadera, le Tita
Leccia , le Mulinaccio, sillonnent celles de Pino, Olmeta
et Farinole.
LACS. - La Corse n'a pas de glaciers.
La région montagneuse de l'ile contient, comme enferm és dans des coupes de granit et de porphyre, des
lacs d'eau douce, le plus souvent inaccessibles, et qui
donnent naturellement origine aux torrents ci-dessus
énumérés.
Sept d'entre eux sont sur les Alpes corses, et précisément sur le monte Rotondo et ses contreforts.
Le Rotondo, le plus grand de tous, creux, limpirle,
traversé par le Vecchio; il est pendant huit mois de
l'alJnée enfoui sous la neige; l'Oriente, le Melo, le Gol'za, le Pozzolo, le Rinoso, le Nielluccio.
Le Creno, grave, profond, mugissant, mystérieux,
chanté dans les légendes, séjour d'été des foulques et
!les canards; il alimente à la fois l'un des tributaires du
Liamone et le Tavignano.
L' Ino, jeté sur des rochers (flanc est du monte Retto),
est profond, peuplé de truites, avec de brillantes cascatelles .
Autour du monte Renoso se trouvent d'autres petits
lacs, parmi lesquels se distinguent le Rino supérieur et le
Rino inférieur, tous les deux entourés d'excellents pâturages. . ..,f!
�GÉOGRAPHIE. -
LACS. -
GOLFES.
1 53
Les principaux étangs sont
situés naturellement dans les plaines orientales, àl'embouch ure des torrents les plus considérables.
L'étang de Biguglia (trois lieues de long, une demilieue de large, surface de 3,000 hectares), ancien
port des Pisans, à l'embo uchure du Bevinco, peuplé
d'excellentes et énormes anguilles (capottz·, que l'on
transporte à Naples pour la semaine sainte) et des célèbres ragnoles expédiées sur les marchés de Livourne.
L'étang de Dz·ana, ancien port d'Aleria (huîtres déÉTANG S ET MARAIS. -
licieuses, ostrea lz"mosa).
L'étang d'Urbino, entre les bouches du Tavignano et
du Fiumo rbo.
Les étangs de Palo, de Balistro, de Port9 Vecchio,
aux embouchures du Travo et du Tavignano.
Sur la côte occidentale, on rencontre :
L'étang de Taravo (rive droite du ,torren t de ce
nom).
Les marais dePerz· et de Chioni, au fond des golfes
de ce nom.
·Les marais de Calvz· et de Saz"nt-Florent, aux embouchures de la Ficarella et de l'Aliso.
La disposition des montagnes de la Corse
a déterminé nécessairement la forme générale et primitive des côtes.
Les torrents, sur la côte orientale, portent à la mer
la plus gr·unde quantité des matériaux pour les attéGOLFE S. -
rissements.
�LA CORSE.
Le courant littoral de la MédIterranée, dirigé du
sud-est au nord-ouest, reçoit dans le canal de la Corse ces
matières, et il les dépose parallèlement à la côte, abritée par le continent italien contre la violence des vagues et des vents.
. Ces conditions tendent à accroître le rivage, et à en
effacer les sinuQsilés.
Sur la partie occidentale, par contre, existent ~outes
les causes de destruction qui minent sans cesse les
bords escarpés, et creusent les ports et les baies.
Peu de spectacles sont plus admirables que celui de
ces magnifiques et nombreux golfes parsemés sur les
rivages de l'île.
.
ta rade de Saznt-Florent est aussi belle que celle
de Toulon.
Porto Vecchio pourrait rivaliser avec BI'est.
Dans la crique de Bonifacio, les navires sont garantis
du vent jusque par-dessus leurs mâts.
Les mouillages de Figari et de Santa-Manza sont des
plus sûrs.
Les golfes d'AJaccio, de Galeria, de Porto, de Valinco, de Girolata, peuvent abriter toutes les escadres
de l'Empire.
GÉOLOGIE. - Comme on l'a vu plus haut, c'est à la
quatrième époque, entre les périodes éocène et miocène
que remonte le soulèvement des montagnes de la Corse.
D'après les recherches de MM. Élie de Beaumont, Rayce soulèvement s' est opéré en trois fois.
na ud et Gu~yard,
.
.
�GÉOLOGIE.
Les terres qui ont paru les premières au-dessus de
la surface ~e hi Méditerranée sont celles qui constituent les parties occidentales et méridionales de l'île.
Ce soulèvement primitif a eu lieu dans la direction générale du nord-ouest au sud-est, et la matière qu'il a
portée à la surface se compose plus particulièrement
de terrains granitoïdes.
, ,Le second soulèvement, à peine reconnaissable, s'est
opéré dans une direction coupant à angle droit le précédent. En effet, à mesure quel'on se dirige vers le nOl'dest, les terrains primordiaux granitoïdes se transforment, pour se convertir en ophiolitiques.
Le dernier soulèvement, du nord au sud, a eu pour
résultat ultime le désordre jeté à ces différents points,
et la destruction presque complète de la partie sud du
, soulèvement primitif.
Les roches fondamentales qui le caractérisent sont
primordiales ophiolitiques et primordiales calcaires.
D'après Gueymard, les terrains primitifs qui occupent
la partie du sud et de l'ouest de l'île sont presque entièrement granitiques : près de leurs limites, ils renferment quelques couches de gneiss et de schistes.
Les terrains intermédiaires occupent le cap Corse
et la partie orientale de nIe; les terrains tertiaires ne
s'aperçoivent que sur des points isolés (golfe de SaintFlorent; Volpajola sur la rive gauche du Golo; entre
l'embouchure de l'Alistro et du Fiumorbo).
DILUVIUM. - « On peut rapporter aux terrains d'atlérissement ceux des plaines de la côte de l'esl. La
�LA CORSE.
1~6
plaine de Biguglia, par exemple, a été formée par une
de ces vastes inondations qu'on a désignées sous le nom
de coumnts diluviens, et qui ont détruit un grand nombre d'espèces d'animaux. » (Reynaud.)
BOTANIQUE. -
La Corse fait naturellement partie de
l'empire botanique de la Méditerranée, empire caractérisé par l'abondance des plantes de la famille des labiées et des caryoplzillées :
Sa botanique, aussi riche que variée, emprunte ses
productions spéciales aux contrées qui l'environnent
(Proveuce, Ligurie, Espagne, Barbarie).
Les lecteurs désireux de plus amples détails trouveront dans l'ouvrage du savant naturaliste Requien la
liste des arbres, arbustes, arbrisseaux, sous-arbrisseaux
et arbrisseaux grimpants, qui croissent naturellement
en.. Corse.
J'ai déjà eu occasion de faire observer que dans les
plaines fertiles du Nebbio, d'Aleria, du Migliaccial'o,
de Campo di l'Oro, il serait facile de cultiver avec le
plus grand succès la canne à sucre, le coton, le tabac,
l'ananas, la gamnce et l'indigo.
FontTS. - Des forêts aussi anciennes que le monde
couronnent la ligne de faite qui s'élend du cap Corse
au détroit de Bonifacio. Elles sont au nombre de plus
de cinquante, et, sur une étendue de 1zO,OOO hectares, elles comptent plus de deux millions d'at'bces,
riches des :p!us belles essences .
..
�BOTANIQUE. -
FORÊTS.
157
La beauté de ces forêts, reconnue dès la plus haute
ântiqu ité, avait attiré dans l'île les peuples comm erque les Pisans
çanls de la Médite rranée : c'est par el~
étendi rent si loin les bienfaits de leur commerce et la _
terreu r de leur marine ; c'est aussi de ces forêts que
les Génois tiraient leurs bois de constr uction , et ces
galères redoutables au.xquelles ds durent longtemps
leur grande ur et leur domination.
L'exploitation intelligente et l'égulièl'e de ces richesses suffirait à tous les besoins de notre marine impéri ale.
Les forêts les plus remarq uables sont celles d'Aï/one,
et de Valdiniello .
de Viz~avon
La forêt d'AUone est sans contre dit la plus belle et la
plus vaste de 1'11e. C'est là qu'on admire ces superbes
pins larix, qui, après plus de deux mille ans, n'ont
pas dégénéré de leurs ancêtres, loués pal' Théop hraste .
SvelLe, mince, élancé, le pin laricio exhale un fort
parfum de résine ; dégarn i souvent de branch es jusqu' à
la hauteu r de cent pieds, il est couronné par un maguiOque bouqu et de feuillage, floUant, sonore, agité.
Parfois, il atleint 30 mètres de hauteu r sur 8 mètres
de circon férenc e; telle est la vigueur de ce puissant
laricio qu'il porce, qu'il déchire les plus durs rocher s,
s'élevant sur des pentes verticales, et se cramp onnan t
à des blocs de granit à peine couverts de teITe.
La forêt de Viz;:,avolta est jetée sur la hau le chaine
de monts qui partag e la Corse; Je jour y circule à travers de belles colonnades de pins majestueux, et d'énorme s h êtres qui tombe nt de vélusté .
�158
IlA CORSE.
La forêt de Valdiniello, dans la vallée du Golo, la plus
belle, la plus étendue des trois, se fait remarquer par la
richesse de végétation, le site, l'étendue et la variété des
espèces. Indépendamment de tous les pins (larix, maritime, pinier , sauvage), elle possède une forte aristocratie
de hêtres, d'ifs, d'aunes, de trembles et de bouleaux.
Les arbres les plus préèieux pour la Corse, et les
plus productifs, sont le châtaignier (l'arbre à pain du
pays) et l'olivier.
Les plus belles châtaigneraies se rencontrent dans la
pittoresque province qui s'irradie autour du canton
d'Orezza, sous le nom de Castagniccia. Rien de plus
agréable que les frais ombrages de ces arbres a~tiques
et vigoureux qui foul'llissent le fruit précieux qui, sous
les formes les plus diverses, constitue l'agent principal de l'alimentation de l'homme et des animaux domestiq ues qui l'entourent.
ê'est dans la Balagne (arrondissement de Calvi) que
l'on voit les plus beaux oliviers: si l'on pouvait s'en
référer à leurs dénominations de sabins et de sarrazins, on ferait remonter ces deux espèces aux premiers temps de l'histoire: la troisième espèce, le génois, sans contredit la meilleure et la plus convenable
au climat, a été inlroduite en Corse par Augustin
Doria.
L'olivier corse, selon de Humboldt, résiste plus
qu'aucun autre à l'intempérie des saisons; le fait est
que l'hiver de 1709, qui avait détruit tous les oliviers
de la Provence, n'avait en aucune manière endommagé
•
, r
.f!
�ZOOLOGIE.
US9
ceux de la Balagne, car la récolte de l'année 1710 fut
des plus abondantes.
J'ai déjà eu occasion de parler des orangers, des
amandiers et de la vigne.
C'est ici le moment de dire deux mots des Makis, qui
couvrent les trois cinquièmes de l'île, et donnent à la
Corse une physionomie et un paysage qui lui sont propres, tout en jouant un rôle considérable clans la vie
sociale des habitants.
Sur des racines rapprochées et serrées s'élèvent des
cépées touffues, dont les tronçons durs et noueux acquièrent une hauteu r .de plusieurs mètres. Les essences,
les arbustes et arbrisseaux, qui les constituent en grande
partie sont les genévriers, le buis, le m'yrte, l'arbou sier, le lentisque, le laurier -tin, les bruyères arborescentes .
Toutes ces plantes croissent et se multiplient dans un
désordre et dans une confusion inexprimables.
C'est dans ces fourrés, sortes de labyrinthes inextricables, que les bandits trouvaient un abri qui leur permettait de se dérober longtemps aux recherches de la
force publiq ue.
Penda nt que le règne végétal est si heureusement représenté par des productions aussi riches
que variées, le règne animal ne présente que des échantillons maigres et chétifs.
Il n'existe en Corse aucun animal féroce; l'ours et
le loup y sont inconn ns; les seuls animaux quelque
ZOOLOGIE. -
�i
60
LA CORSE.
peu redoutables sont le renard à la dent aiguë et destructrice, et le sanglier rabougri mais vigoureux .
Le mouflon de Corse (mouton primitif de Buffon) est
moins remarquable par la beauté de sa forme svelte,
que par l'éclat de sa peau mouchetée, et la vive souplesse de ses mouvements.
Le mouflon se tient dans les parties les plus escarpées de nos hautes montagnes, et il marche presque
toujours par bandes de quatre à douze.
Le cerf corse, assez communément de petite taille,
a le pelage brun, le corps trapu et les jambes courtes .
En général, les diverses espèces d'animaux domestiques sont moins grandes que sur le continent; tout
le bétail est maigre, à demi sauvage (1) .
Sur toutes les. côtes de la Corse, mais plus particulièrement sur la côte sud -ouest, on trouve un grand
nombre d'animaux ?'adz"és et de zoophytes; certains panobilis) et en coragés sont riches en COl 'ail rouge (~si
rail noir (gorgonia antipathes).
C'est dans les golfes de Sagone, de Porlovecchio et
de Saint-Florent que l'on rencontre le plus de variétés
d'annélides et de mollusques .
Le catalogue de M. Payraudeau en renferme 358 espèces, dont68 nouvelles(conchifères, bivalves et uni val ves).
(1) (( Au lieu d'(!tre remisés dans des étables, où l'œil du maître
aurait pu du moins veill er à l'amélioration des l'aces e Laugmeu ter
leurs prod uits, les bœufs, les vaches, les chèvres, les moutons, les
chevaux, les mulets, les porcs mŒme, n 'ont jamais cessé de vivre
dans les bois, e t le caractère de ces espèces est devenu remarqua(BLANQUI.)
ble dans l'He enti èœ pal' son exiguïté . Il
.
• r
.~
�16 1
GÉOGRAPH IE DE l.A COUSE •
.M . PaYI'audeau a aussi recueilli en Corse 300 espèces
d'insectes : les seuls venimeux sont, d'après M. de
Tigny, l'araignée à treize gouttes (malmignathe du docteur Frediani), et l'araignée tarentule .
On compte une cinquantaine d'espèces de crustacés
cIe terre et de mer; les scorpions sont communs, mais
peu dangereux.
Les reptiles sont représentés par deux espèces rIe
Se7]Jents, le lézard stellion et les tortues.
En parlant de la climatologie d'Ajaccio, j'ai énuméré
les espèces principales de poissons et d'oiseaux que l'on
l'encontre le plus souvent dans l'ile.
Voici les espèces de poissons que l'on pêche le plus
communément sur le liltoral.
La raie (razza), le squale (gatuzzo), la murène (mol'eu a) , le conrrre (gl'oncho), le merlan (nasello), la mustelle (mostella), la bonite (pesee cavallo), le maquereau
(scombro), le mulet (rnuzzaro), la rascasse ( torpine),
la Lruie (pesce capone) , le rouget (tl'igJia), le denté
(denLice), l'ombre (ombrina) , Je forgeron (pesee san
pietro), le tu l'bot (rombo), les jarrets (zel'olo;, les anchois (accillghe), les sardines (sardeue).
Lorsque la mer est gl'O se, on voit arriver des bandes
de requins (pesci cani) eLde thons (tonni) et les madragues établies dan le détroit de Bonif'acio en fou t
une récolte au si abondante que productive.
On voit aussi quelcl uefois les dauphins elles phoque.
e montret' ur ces rivarre .
Les oiseaux de proie sonltl'ès-rares; parmi le autres
11
�i 62
LA CORSE.
espèces, celles de passage sont plus nombreuses que les
sédentaires.
. Les mat'ais de Campo di l'ot'O sont peuplés pendant la
saison d'une assez grande variété de gibier d'eau (bécasse, - bécassine, - plu vier, - râle, - poule
d'eau, - oie, - canard, - macreuse, - pétrel).
Le gibier le plus abondant, c'est la perdrix rouge (sédentaire), la caille, la grive et le merle noir (de passage).
Ces deux esp ces comprises sous le nom générique cie
merles, acquièrent une chair aussi délicate que parfumée, lorsqu'ils se sont llOUrl'is en décembre des baies
d'arbous,ier et de myrLe .
•
• r
.I!
�CHAPITRE II.
MINÉRALOGIE .
To u le cetle laye refroidie devait nécessair emen t l'enfermer des car rièr es précieuses
de granit et de marbre; nul p ays n'en offre
une plus riche variélé.
(VALERY.)
Là des blocs énormes de gra nit, la se rpenti ne, l'azur, le ,er t an tique, le j as pe, la
pierre orbiculaire, sc r encon tre nt à ch aqu e
pas. Les musées de France e t d'1talie, la
ch apelle des Médicis, à Flor ence , renferment des échantillons qu i porlent témoignage de nos richesses en ce I!:enre.
(POMPEï .)
L'étude delaminél'alogio de la Corse a, de tout temps,
attiré l'attention des chimistes et des ingénieurs des
mines . En donnant ici quelques notions sommaires,
j 'espère in téresser les touristes et les voyagours et pour
me conformer au langage el aux pl'Ïncipes de la science
mod erne (1 ), j 'adopterai la division en trois groupes
(1) Je n e puis résister au plaisir de ciler l'ounage de Ba rrill, SUI'
l'hi stoire n a turelle de la Corse. Ce t officier d'artillerie, devenu
sava nt par circonstance, a dressé un calalogue lithologiq ue de l'île,
d'aulant p lus i ntéressant, qu'i l é tait basé sur u ne collecti on dont
ch aqu e éch an tillon avail été détaché de la roche prod u clrice .
Barral divise le système général des mon tagnes de l'ile en deux
ordres ;
Le p rem ie r comp ren d la grande ch aine composée gén éral em ent
�164
LA CORSE .
des formations éruptives du globe dans la formation des
montagnes et la configuration actuelll3 de la terre.
10 Éruptions granitiques. Les plus anciennes constituant les premières assises, c'est-à-dire la grosse charpente de la terre, sur laquelle repose toute la série des
autres terrains.
(Granits. Protogynes. Syénites.)
2° Éruptions porph yriques (Porphyres et l'oches trappéennes).
3° Éruptions volcaniques (Trachytes, basaltes et laves
modernes) .
J'extrais d'abord du mémoire de Gueymard, le savant
et courageux ingénieur des mines, l'énumération des
minel'ais de la Corse avec l'indication du lieu de produ ction.
Nat~re
du minerai.
Lieul de production.
Fel' o~ydé
compacte, pesant,
noir ou bleuâlre :
La Sposata près de Calvi.
de gran its, au milieu desquels serp en len l des couranls de basalte el
de lave dont l'épaisseur varie de 2 à 12 pieds.
Le deuxième contient les pierres calcaires, schistes, gra nits de
deuxième formation, serpentines, variolites, stéati tes, pierres
ollaires, Rsbestes, amianles , concré tion s ou lufs e t poudingues.
Basalles (matières volcaniques les plus homogènes), 6 espèces
(laves, serpentins, jades, porphyres, elc., etc .... 80 variélés.
Granits (g ranitelli à. grands cristaux), 2 espèces . '"
47
Jaspes,3 espèces ... .... .•... ..•....... ... ....•. 44
Agalhes (troubles el terreuses), 2 espèces.. . . . . . . .
3
Granits de deuxième formation, 3 espèces .. . ...... 13
Sl~aies
(pelites cr i stali
lion
~ isolées et feuilletées
comme le mica) : pierres ollaires, 4 espèces.. . . . 27
Marbres (blanc-bul'diglio-chipolin), 3 espèces. .. . . 15
Albâtre et slalaclites, 2 espèces .. ..•......... .. .
3
• ,.1}
�., 6~
AII NÉ nAlOG IE.
Lieux de production.
Nalure du miDera ;.
Sou rces de Tavolaggio. S. - S.-O.
de Gale ria.
Fer oxy dé.. . . . . . . . . . . . . . . . [
Ota, golfe de Sagone.
_
Isaint-NiCOlas et Brando près de
.
.
tia
Bas
fer
Fer oxy dulé octa èdre et
\'en zola sca près l'église du vilolig iste écai lleu x .
lage.
s de la Res toni ca (Corte).
Bord
.
.
.
.
.
.
e
Min erai de fer en roch
de Vezzani et vign e de CanFer arse nica l. . . ... . .. . . .... l'l'ès
dia (Ajaccio).
u -des s us de Bor go près do
Fer su lfuré . .. .. . . .. .... ... A
Bastia.
Plom b sulf uré et fer oxy dulé
de Fari nole .
mag néti que ... . . . . . .... .. Près
sca et Castifao.
zola
Ven
Cuivre pyri teux . .. . . . . . . ...
A Arg ente lla près Ca lenz ana
(m ini èr e où l'on a trou vé les
Min erai d'ar gen t. . . . . . . . . . . .
trac es de fouilles anté rieu res) .
Ersa (Cap Corse).
Min erai d'an timo ine sulf uré .. à
t vallon de Barb aggi o (18 k.
peti
..
....
.
.
.
Min erai de plom b...
de Sain t-Fl oren t).
nzan a et Moncale (arr onMin erai de plom b arge ntifè r e . Cale
disse men t de Cal vi),
Ajaccio (jar din Meuron) .
Indi ces de mer cure . . .. .. ' " à
à Evisa ct Otta (arr ond isse men t
d'Aj accio).
Mines de char bon min éral
cuccia et Lozzi (arr ond isCala
à
(Lig nite ).
\ sem ent de COrle).
'
.
l
GHAi\'ITS (1).
tantes, a dit
Çes roches colorées, nuancées, écla
me la végétation,
l)oé Liquement le touriste, sont com
plexe, c'est -il-d ire la réun ion de
(1) Le gran it est une roch e com
0
de potasse . 1 le quartz (silice plus
trois silic ates à base d'alu min e e t
;
(silicale d'alu min e et de polasse)
ou moi ns pure ) ; 2° le feldspath
�166
LA COnSE .
les fleurs, la parure des âpres montagnes du pays.
Tous les granits (piene monumentale par excellence) sont susceptibles du plus beau poli; il serait si
facile de les utiliser; des scieries hydrauliques établi6s
le long des torrents diviseraienlles blocs en planches,
puis des travaux de taille et de polIssage, exécutés dans
les chaumières, permettraient de les expédier aux fabricants d'objets d'art sur le continent ('1) .
L'un des plus beaux granits de la Corse est ceilli
d'Algajola, qui forme le soubassement de la colonne
Vendôme.
La Corse a produit à la fois le génie qui sou tient le
bronze de la colonne et le génie non moins ferme, non
moins impérissable, qui plane au sommet. » (Valer y. )
L'exploitation de ce granit serait facile au bord de
cette mer quÏ' semble inviter l'industrie à l'enlever .
L e granit ou pierre bleue de Saint-Nicolas (Nebbio)
se travaille en tasses et en pelits objets d'art d'un beau .
poli.
Le granit qui roule dans le torrent de la Cellula entre
Bocognano et Vizzavona, acquiert PU;1' le travail une coI(
4
3° le mica (silicate d'alumine et de palasse mélangé de magnésie et
d'oxyde de fer) .
Quand le mica domine dans la roche, on obtient une variété de
granit qui forme à lui ~eu l , sous le nom de gneiss, Je quart ou le
cinquième de l'écorce solide du globe.
(1) M. lJ el'mann, l'un de nos plus habiles mécaniciens, a communiqué à l'Académie des sciences, les procédés dont il se ser t pour
tourner et contourner le granit et le purpllyre. Tout Je secret de ce
domptage des matériaux les plus inatla<]uables consiste dans l'emploi d'un outil merveilleux, le ciseau à pointe de ùiamant noir, àuquel rien ne peut plus résister.
.
..
.~
�lIJIl\ÉRALOGIE.
167
effet. On le trouve
lora tion gre nat d'u n mer veil leux
jaccio sur la rou te
aussi à une lieu e et dem ie d'A
d'A ppi etto .
é pou r le monuCe gra nit est actu elle men t employ
mém oire du gra nd
me nt que la ville d'Ajaccio élève àla
Em per eur et de ses qua tre frères.
n cha rma nt gra nit
A Tal lan o, d'én orm es blocs d'u
tra vail de l'ar t pOUl' se
cou leu r corail n'at ten den t que le
re.
tran sfo rme r en élégants chefs-d' œuv
la Géologie de
Les vallées d'Orezza (l'élysée de
de Corse, que le Fiu M. Gueymard) pro dui sen t le vert
lon g de ses rives.
malto rou le en blocs considérables le
globuleux) se ren Le gra nit orb icu lair e (am phi bol ite
de Sollacaro, à Olmiccon tre à Girolata, dans les gorges
cia et à Sai nte -Lu cie.
nat ure , qui figure
Cette sple ndi de pro duc tion de la
ara ît en cet end roit
dan s la cha pel le des MérIicis, app
une min e pro fon de et
avec ses bea ux yeux ron ds dan s
le Rizzanese
faci lem ent exploitable par le Fü~micol,
et le golfe de Pro pria no .
détroit de Bonifacio,
L'îl e de San Baïnzo, au milieu du
les Romains avaient
offre enc ore la trace des ateliers que
ière s de gra nit; on
établis pou r exp loit er ces riches carr
cl' éno rme s colonnes à
ape rço it sur le rivage les débris
polies par la vague,
dem i scu lptées et mer vei lleu sem ent
! Les gra nits de Corse
cet infa tiga ble ouv rier de l'Oc éan
tain lich en don t les
pro dui sen t aho nda mm ent un cer
cou leu r cramoisie su chi mis tes de Glascow tire n t une
per be .
�168
LA
CORSE.
P0 BPHYltES (1) .
Voici comment le savant au teur de la Terre avant le
Déluge, explique la formation de ces roches .
(2 me période), des
« La terre continuant à se refo~di
fractures se produisirent dans l'épaisseur de sa crollte
consolidée; des matières semi-liquiJes s'élevèrent à
}' extérieur- formant des éminences comme des dés à
coudre; le porphyl'e fut la substance mise au jour .
»
Le torren t de Calenzana roule d'énormes blocs de
porphyre d'une qualité supérieure.
Dans le Niolo (Valle della stagna) on trouve les por-:phyres les plus variés (noit'; tacheté de rose; couleurnankin), des jaspes et des agates (2).
Les porphyres globuleux d e Gil'olala et de Galeria
sont connus il u monde entier .
Une.colonie jadis florissante en avait entrepris l' exploitation; mais elle ful malheureusement dispel'sée et
détruite, pendant la tout'mente révolutionnaire, pal' les
habitants du Niolo .
I\lAHB l\ ES (3).
Les minéralogistes reportent à la pél'iode jurassique
(f\ Le porphyre diffère du granit en ce que ses éléments, quartz,
feldspath et mica, sont noyés dalls une pille non cristalline, agglutinanlleurs cristaux en une masse conlinue. Celle disposition leur
permet d'acquérir un poli plus parfait et les l'end élllineUlmen t
fa l'orables à l'ornementation,
(2) Espèces de calcédoines (l'oches fOl'luées pal' des matières siliceuses).
(3) Les marbre!:, so ~l des variétés de calcaires résultalll de l'agl'é-
..
�MINEIU.LOGIE.
169
la formation des calcaires : la chaux a été introduite
dans leglobe par les eaux thermales qui, en jaillissant,
à une haute température, du centre de la terre, chargées de bicarbonates, se sont déposées sur la terre ou
au sein des mers, formant, tantôt des terrains crétacés,
tantôt des terrains coralliens .
'
Les vallées de l'ile produisen t les plus beaux marbres, pouvant, grâces à leur variété, servir à de grandioses édifices .
On trouve le marbre blanc (marbre statuaire) à Rostino , Serragio, Ortiporio, et Borgo di Cavignano où les
couches ont plus de deux mètres de puissance.
Le marbre gris bleuâtre (bardiglio), est exploité sur
les l'ives de la Restonica près de Corte .
Le marbre vert a été déco uvert su r les J)ords du Bivinco non loin de Bastia.
L'albâtre, clont la corn position chimique est représen tée pal' le sulfale de chaux, provient des dépôts de
stalactites et de stalagmites qui remplissent les carrières
des' pa~ ' s calcaires . Les gisements les plus considérables se retrouvent dans la gorge de Sainte-Lucie près
Bastia.
Les éruptions volcaniques ont engendré les trachytes, les basaltes et la lave.
Les trachytes ont de l'an~ogie
avec les porphyres
feld spatiques (1).
gation de petits grains ronds, concrétiolll1és, dont l'aspect rappelle
les œufs de poisson, d'où leur nom d'oolitb es.
(1) Sous un aspect extérieur très-variable, leul' pâte, tOUI' Ù tour
�17 U
LA CORSE .
Les basalte s sont formés par une lave essentiellement pyroxé nique, noire et compa cte, à structm e souvent prisma tiqu e .
La lave est constit uée par les cendre s que produi sent
les volcans étein ts 0 u en acti vité .
La format ion trachy tique est représ entée, dam l'île,
par les serpen tines et les diallag es, matièl'es compactes , tendre s mais tenace s, et à cassur e plus ou
moins esquill euse (1) .
La serpen tine on vert foncé se rencon tre sm la route
de Corte.
Le vert de Corse (vert antiqu e, jade et diallag e d"e
Stazzona) forme l'un des produi ts minéra logiqu es les
plus estimé s .
Cette roche, unique en son genre, se trouve dans
les vallées du pays d'Orezza et d'Ales ani en blocs
to~es
consicl?rables, pouvan t être roulés sur toute la longueur du torren t de Fiuma llo, où l'on compt e les
chutes par millier s .
C'est en grande pal'tie à des substa nces magnésienne s
que se rappor tent les matièr es fibreuses (à masses souples, soyeuses, flexibles, feutrée s ou floconneuses) que
l'on désign e sous le nom d'asbe ste et d'amia ute.
L'amia nte est assez comm un en Corse .
On Je retrouv e clans les fissures des dépôls de serblanche} grise, jau ne ou n oiritlre, présente un tissu poreux conslitué par des cristaux dissémin és de feldspath} d'amphi bole e t de
mica.
(1) SiliCiltCS l'de magnés ie combinés avec des hydrates de la mCme
."
base .
�MINÉRALOGIE.
'17 1
pentin es, suda Punta- Vcnos a, au-des sus d'ûrez za; sur
le Monte Cinto et dans les environs de Bastia, près de
Brando .
n est utilisé pour un geme de poteries que l'on fa brique ,duns les monta gnes .
GROTTES.
Pour compl éter ce chapit re, je vais donne r une descriptio n succin cte des belles grottes de Brando et de
Bonifacio, formées en totalité de stalactites (1) .
La gro tte de Brando, située à quelqu es kilomètI'es
de Bastia, sur les bords de la mer, près du village d'Erbalunga, a été découverte par le comm andant Ferdinandi. En faisant des fouilles ah milieu de ces rocher s,
il a pénétré lout à coup dans une vaste excavation qui
s'enfon çait au loin dans la monta gne. « Je me croyais
dans l'habit ation mystér ieuse d'une fée, ou dans un
riche palais des JYIille et une Nuits, le jour où j'ai porté
la lumièr e sur toutes ces colonnettes, ces aig uilles,
ces draperies d'albât re étincelantes de pierrer ies . »
Il est difficile de trouver quelque chose de plus élégant, que ces grolles ornées de stalactites et de stalagmites qui semble nt taillées , découpées par la main capriciel,lse cl' un artiste de l'Alha mbra !
Quel est le procéd é employé, par la nature , poUl'
aussi vat'iées que
donne r naissan ce à ces ~c ulptres
fan tastiqu es?
(1) Masses configurées en cOnes plus ou moins allongés , pleines ou
creuses, à surface lisse, onùuleu se, ou tubercu leuse.
�17:?
LA CORSE.
En généra l, elles se formen t dans les cavités sou terl'aines des monta gnes de nature calcair e, par le suinte ment des eaux chargé es de matièr es minéra les .en
solutio n : le mode de progre ssion se fait de haut en
bas, de la paroi supéri eure à la partie la plus déclive.
Les premiè res go uttelet tes d'eau, qui arriven t à la
un petit anvoûte de la cavité, laissen t en s'év~porant
neau de matièr e solide, qui s'accr'Oit par les go uttelettes
suivan tes, et se transfo rme bientô t en un tube mince ;
à mes ure que ce tube se couvre de nouvel les matièr es,
il prend l'aspec t d'un cône: c'est la stalact ite proprement dite.
Les goutte s qui tombe nt de la stalact ite, sans être
privées compl étemen t d s particu les minMa les en solution, donne nt naissa nce au dépôt connu sous le nom
de stalagm ite; comm e celui-c i s'accro it sous la verticale, il s'élève insens ibleme nt en une protu béranc e
qui, à la long ue, va se joindr e à la stalact ite.
Il résulte de ce double travail des colonn es élancé es,
qui semble nt placées, tout exprès , pom souten ir la
voûte de l'édific e .
Lorsqu e les suinte ments se fonl sur les pal'Ois latérales, ils donne nt lieu à des dépôts saillan ts ou isolés
en nappes ondulé es, fes Lonnées et plissées de .toutes
les manièr es. L'aspe ct de ces véritab les draper ies leur
a fuit donne r le nom de pann,ifol'mes
Les grottes marine s de Bonifacio sont toujou rs l'objet d'une agréab le prome nade sur mer .
Ces rim; t.et ca vemes omées de brillan tes stalact ites et
�lII1 l'iÉRALOGIE.
'1i:l
de festons verdoyants, de plante s aroma tiques, au milieu desquels serpen te et murm ure une mer limpide,
devien nent, les jours de fête, un rendez - vous de plaisir
pour les laborie ux habita nts du pays.
La grotte de Saint-A ntoine est remarq uable par ses
vastes dimen sions, la régula rité de ses parois et son
majest ueux entabl ement de stalactites.
La grotte cie Saint-B arthéle my, sombr e et mystérieuse, attend toujou rs un courag eux explor ateur.
Pal' une large ouvert ure, coupée dans la verticale
(i1fonLe P ertusato) , l'on arrive à une grotte spacieuse
qui [ra verse la monta gne.
La Dragonale surpasse les autres en magni ficence ;
un haut portiqu e, battu des flots, y introd uit la barque 10rsqLle 'le vent le perme t. Des degrés, taillés pour
ainsi dire par la mer, condui sent à une salle circula ire,
où voltigent des milliers de pigeons, où les phoqu es
prenne nt lems joyeux ébats.
Quel admira ble ouvrage de la nature que cette Dragonale avec sa coupole à jour et son parque t limpid e!
Quelles douces sensations éprouve le voyageur, lorsque
les rayons du soleil frappen t la voûte d'azur, où viennent
se refléter, comme dans un brillan t miroir , cette archits lambri ssés de
lectu l'e sau raO'e
o , et ces compa rtimen
touffes de myrtes et d'arbo usiers en fleurs!
�CHAPITRE III.
EAU XMl N É RA LES.
Des eaux minérales, douées de proiét~
énergiques, 8'échappent des flancs de presque toutes les monlagnes, cl n'atlendent
pour rivaliser avec les sources du continent
que des chemins et des établissements.
(BLA 'QUI .)
Les eaux minérales de la COl'::;e n'ont
point les effets lents. incertains, problématiques de beaucoup d'eaux à la mode . Leur
effet esl prompl ct iml~dja,
la saison
courle. On dirait que ces caux participent
du caractère puissant ct décisif des habitants.
(VAl.ERY.)
•
En réfléchissant à l'origine des montagnes de la
Corse, à leur nature volcaniqu e, aux richesses minéralogiques qu'elles renferment dans leurs flancs, on est
naturellement amené à penser qu'elles donneront naissance à des ~ources
thermales minémlisées principalement par l'élément sulfureux (1) .
C'est, en effet, dans la classe des eaux sulfureuses
que viennent se ranger les sources déjà célèbres de
Guagno, Fiumorbo, PUzÎchello, Guitera .
(1) De tous cOtés, ct SUl' tous les points de l'ne, on trouve des
localités donlIes noms portent à croire qu'il a existé sur ces points
des sources thermales: Caldarani, Caldane, Caldanelle, Fontana
Caldana, CllIda/inca, Thermi Caldi .
..
�EAUX MINÉRALES.
175
Le cadre de mon travail ne me perme t pas de traiter
. in extenso cet impor tant sujeL; il est digne de l'intell igence et de l'activité d'un j eune travail leur, car les données chimiq ues et les observations cliniques soigneuse- ment colligées font presqu e touj ours défaut (1); on
sait seulem ent, par expéri ence, que les variétés. de
composition des eaux et la constance de leurs effets
thérap eutiqu es suffisent à toutes les indications médicales.
Ce fait seul perme t de rappel er aux pays qlli en sont
dotés, que dans les Pyrénées, les Vosges, le Moryan,
chaque source est un élémen t de fortune publiq ue.
L'exemple des succès obtenu s devrait encour ager les
admin istratio ns munic ipales; elles seules pourra ient
anéant ir la lutte des intérêt s locaux, faire dispar aître
la négligence de tous, provoq uer une entent e, une coalition, pour arriver il l'explo itation réguliè re, intelli gW1Le, de sources minéra les d'une richesse, d'une
efficacité reconn ues de touL temps .
« Il serait utile, sage, profita ble, disaiL 1\1. Blanqui,
cI: exploiter ces sources minéra les; il serait indisp ensable d'éleve r des établissements, des maisons, sur les
emplac ements où l'on aperçoit des piscines préservées
(1) Le docteu r C. James, qui 11 visité la Corse avec une mission
du Ministre du commer ce, et 'd'après le program me préalabl ement
tracé par le Conseil général, 11 signalé dans soo rapport des fails
wn
intél'essan Is pour des gens du monde, pOUl' des touristes , pour
pour
que
scientifi
ralcur
nulle
de
Guide des eaux minéral e, mais
le médecin , car le célèbre llydrolo gue n'a pas fait une seu le ana!
lyse chiOJique, et n 'a pas recueill i une seule observation clinique
�LA t.:onSE.
t76
du soleil par quelqu es branch es de sapin, se répand ant
sur le sol qu'elle s devrai ent enrich ir, pour le neutl'alisel'.
et le rendre inféco nd par la quanti té des précip ités insol ubles qui s'y répand ent. »
Les conseils bienveillants de l'illust re académicien
ont été pris en sét'ieuse consid ération ; on a fait quelque chose, mais il reste encore beauco up à faire pour
réalisel' le bien-ê tre et la pro,s périté réservés à ces populatio ns .
Quoi qn'il en soit, je vais présen ter une exposition
somma ire des princip ales SOUl'ces de la Corse; j'entre rai dans des détails circon stancié s au sujet des eaux de
la Caldaniccia, parce que, dans ma pensée , ces' eaux
former ont un compl ément utile et indisp ensabl e de la
station d'hive r.
CALD~:I
.
Les.eaux de la Caldaniccia sont situées dans le canton
de Sarrol a à 12 kilomè tres au nord-e st d'Ajaccio, à
droite de la route qui condu it à Bastia, à 2,000 mètres
du pont de Mezzavia, non loin de la Gravona, alors
qu'elle traverse la pat'tie supél'ieure rIe Campo di
l'oro .
qu'à 1831, mais anléLeur découverte ne remont~
l'ieurement on avait trouvé au-de sus de Lavatoggio
de ruines isolées, indiqu ant l' xislence d'ancie ns
thet'mes .
Un élablissement modeste a été élevé sur le point
�EAUX MINÉRALES .
177
d'émer gence des source s, et une maison réservée aux
malade s a été constru ite, à peu dedista nce, sur lahau leur .
En généra l, on n'y réside pas, et les baigneurs, redoutan t la fièvre et le voisinage de la plaine, rentren t
en ville par la voiture qui les y avait conduits .
Il est queslio n d'amen er les eaux en ville, mais je ne
's aurais approu ver une pareill e déterm ination : je la regarder ais même comme désastreuse, car la minéra lisation de ses eaux est très-fa ible et sa therma lilé trop peu
élevée .
Les travau x exécutés dans les Pyrénées, démon trent
à la demiè re évidence, les inconv énient s de déplac er les
sources qui contie nnent du sulfure de sodium . J'ai constaté et fait consta ter par des essais sulfhy dromé triques pl'écis, la modification de cet élémen t minéra li-
selon que l'on expéri mentai t sur l'eau prise
au-des sus dugr.ilfon, ou sur l'eau, puisée à 50 centim ètres, dans la· vasque qui la r ecueill ait.
Les sources de la Caldaniccia sont au nombre de trois;
elles sourde nt au milieu de l'oches graniti ques, à une
profon deur de 10 à 11 mètres , avec un débit de 24 litres à la minute . Leur tempé rature varie de 35 à
~aLeur,
40° cenlig r.
La source n° 1 donne, au point (J'émergence, une
tempé rature de 24° et un débit de 4 litres il la minuLe;
elle desser tIes pi cines réservées aux pauvre s.
La source n° 2 alimen te l'établ isseme nt therm al,,
elle prend naissance sous l'établ isseme nt m ême, dans
un grand réservoir où l'eau séjour ne quelq uelem ps
Dr.
PIETIlA SA:'<TA.
�LA
178
conSE.
avant d'être distribuée dans les baignoires: sa température n'est plus à ce moment que de 27 à 28° centigr .
La source n° 3, froide et d'un débit assez faible, n'est
pas utilisée ; elle laisse sur son passage des déPô ts ' de
soufre assez considérables .
CARACTÈRES PHYSIQUES . - Ces eaux sont limpides,
douces au loucher, onctueuses; lem saveur est légèrement hépatique; prises aussitôt qu'elles paraissent au
jour, elles ont un goût très-pmnoncé d' œufs pourris
qu'elles ne conservent pas dans les bassins qui les
reçoivent; à ce moment elles sont plus agréables et
rappellent, selon le docteur Donné, les eaux de Vichy
à alcalinité moins prononcée .
En jetant une pièce d'argent dans une baignoire, on
la retirenoil'cie au bout d'une heure; le gaz sulfhydrique conlenu dans l'eau se dégage très-promptement;
peu de fixité du principe soufre .
ANALYSE CHllIIIQUE . - Une première analyse exécutée .par les soins de MM . les docteurs Vel'sini et
Jourdan, Gl'osse tti et Sampolo établissait ainsi la composition des eaux :
Gaz azote. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
l)
Cblorure de sodium .... .. . ... .. . .
Sulfate de soude. . . . . . . . . . . . . . . . .
Sous-carbonate de soude . . . . . . . . . .
Silice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
0 ,17
0 ,08
0 ,01
0,60
l)
Des analyses faites au Val-de-Grâce par M. Poggiale,
avec les ressources et d'après les indicalions de la chimie
moderne, il résulte:
..
• •(;>
�179
EAUX l\IINÉRALES.
Carbonate de soude . . . . . . . . . . . . .. 0,0!:l7
Id .
D chaux ..... ....... . . 0,038
» magnésie. .. .. ... ...
0,028
Id.
Sulfure de sodium.. . . . .... ... .. .. O,Oif
Sulfates de soude et de chaux. . . . .. 0,19'1
Chlorure de sodium . . . . . . . . . . . . . . 0,223
Acide silicique. .. . . .. .. .... . . . .. . 0, '129
Glairine .... ... ............ ... "
0,039
Perle. . . . . . . . . . .. 0,057
0,873
Ces résultats contredisent, d'une manière formelle,
l'assertion de M. le docteur Gaudineau qui avait prétendu: « que rien ne les distinguait, à leur point d'émergence, des eaux douces, et que leurs propriétés
médicales résidaient seulement dans leu r thermalité. »
Si l'analyse de M. Poggiale assigne aux eaux de la
Caldaniccia leur place dans les sulfurées sodiques, elle
cléler mine aussi, d'une manière incontestable, leur
analogie avec les sources justement célèbres des EauxBonnes.
Sulfure de sodium . . . . . . . . . . ..
Sull'ales de soude el de chaux ..
. Chlorure de sodium. . . . . . . . . ..
EFFETS TIIÉRAPEUT·IQUES. -
Caldanicci3 .
Eoux-Bounes.
0,07'1
0,l!J1
0,223
0,021
0,'191
0,264
(poggial •• )
(Filhol.)
Jusqu'ici ces eaux ont
formé un précieux élément de la médication sédative ;
ell es ont été employées avec succès dans les névralgies,
les spasmes, et certaines affections de la matrice.
Pour mieux comprendre les avantages que l'on pour-
�LA CORSE .
l80
rait en retirer , je crois devoir me livrer à une petite
digress ion sur les eaux sulfure uses en généra l, et sur
les Eaux-B onnes en particu lier. Je n'aura i pas perdu
mon temps, si elle me condu it à une conclu sion pratique et profita ble pour les val,étudinaires de la station
d'hive r.
Les caractè res généra ux des eaux sulfure uses se résumen t dans ces trois propos itions :
1° Augm enter et réveill er le mal;
2° Le déplac er;
3° L'user .
Elles se divisent en fortes el en faibles .
Les source s sulfure uses fodes stimul ent l'organ isme
d'unem anière énergi que, exalten t la sensib ilité, etproduisen t, en accélé rant les mouve ments circula toires, de
véril:lhles accès de fièvre, é).ussi salutai res quand ils sont
modér és, que nuisibl es lorsqu 'ils devien nent excessifs.
La peau animée d'une circula tion plus active, est le
5i6ge a'une dérivation qui se manife sle par des sueurs
ou des éruptio ns spéciales .
Ces proprl étés sont de nature à faire passer avec
promp titude à l'état aigu des affections indole n tes.
Elles sont favorables aux person nes à fibre molle et .
peu irritab le, chez lesque lles on doit réveill er et tonifier l'actio n organi que.
Pour qu'elle s soient salutai res, il faut de toute nécessité flue les maladi es soient dépour vues de caractè re
inflam matoir e. Leur admin istratio n doit avoir lieu avec
pruden ce et réserve.
. ..
~
�EAUX MINÉnALES.
181
Les sources sulfure uses faibles sont moins chaude s
et formées de princip es moins excitan ts; partan t, leur
action est plus lente, plus insens ible. Presqu e toujou rs
elles g uérissent ou soulagent, mais jamais elles ne nuisent. Utilisées plus particu lièrem ent en bains tempérés:
elles calmen t et assouplissent l'organ isme exalté, régularisen t l'actio n du système nerveu x: elles peuven t de
cette manièr e, dans des circon stance s donuée s, préven ir
certain es maladi es chroni ques, ou enraye r la march e
de celles qui se sont déclarées.
Le docteu r Fon tan admet deux catégo ries:
Les excitan tes , àaction cmaLiveéloignée, persév érante .
Les sédativ es, à action médicaLl'ice plus promp te, mais
moins durabl e.
Pour les eaux de la Corse, la premiè re catégorie
compr end:
GUAGN O,
PunZICHELLO,
GUITER A;
la deuxiè me:
FlU~IOHB
(pietrapola),
et CALDA NICCIA .
J'extra is de mon livre des Eaux-Bonnes quel~s
pages (1) compl élemen t applicables à l'étude thérap eutique des eaux de la Caldan iccia:
« Cherch ons à résum er tout ce qui précède, et arrêtons notre pensée sur la déterm ination des faits les plus
(1) Les Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) . Paris, j 802, p. 2ïO .
�LA CORSE.
182
certains et les plus aptes à nous donner une idée précise de l'action des Eaux-Bonnes .
« Nous retrouvons d'abord dans la phthisie l'ordre
de manifestation et de succession des phénomènes, tel
que nous l'avions constaté sur l'homme sain et sur
l'homme malade .
« Ces eaux répondent toujours à deux indications:
d'une part, elles stimulent l'activité des fonctions nutritives, relèvent les forces, augmentent la rés~tance
organique, modifient profondément la diathèse, favorisent l'action réaclionnelle et réparatrice.
« D'autre part, elles ont une influence incontestable
sur l'état catarrhal, et sur la congestion pulmonaire pérituberculeuse qui complique l'affection.
« En d'autres teFmes , la stimulation et l'excitation de
l'eau sulfu reuse de Bonnes modifient l'état diathésique
qui présidait au développement du tubercule, et cette
modification en arrête l'évolution .
« Quânt à l'action de l'eau SUl' la padie affectée, en
favorisant le ramollissement du tubercule, et en réagissant sur l'organisme, dans des mesures modérées, elle
se conforme à la marche du mode de résolution suivi
pal' la nature, et elle doit à ce compte produire des résultats satisfaisants .
« Ce que l'on a désigné, jusqu'ici, sous le nom d'action spécifique, ne serait donc pour nous, que la résultante de celte action générale sur la diathèse, et de la
modification locale sur le tubercule.
« Celte résultan te a pour conséquences immédiates :
. ..
.~
�EAUX MINÉRALES.
183
« La diminu tion de l'engor gemen t péritub ercule ux,
la résolu tion par séques tration du tuberc ule, sa transformat ion ou son élimin ation; et pour résultats consécutifs, la guériso n de la lésion pulmo naire.
faits,
c( L'ense ignem ent qui se déduit encore de ces
c'est;
10 La nécessité de se hâter dans le traitem ent des
premiè res manifestations de la malad ie;
2° L'utili té de rassem bler toutes les armes thérap eutiques qui sont à notre disposition.
à
«( Ce qui est vrai pour la phthis ie en généra l, l'est,
plus forte raison, 'pour les formes liées à une diathèse
strume use, scrofuleuse ou herpét ique.
c( Les Eaux-B onnes suscite nt alors les phénom ènes
spécia ux inhére nts aux eaux sulfure uses.
«( Nous n'insis terons pas sur les distinc tions de ré..;
cole allema nde, de l)hthisie à·forme éréthique et à forme
torpide, car, d'aprè s toutes les considérations qui précèdent , c'est princip alemen t dans la seconde qu'il faut
invoqu er les ressources des eaux minéra les.
«( Il nous reste une derniè re question à examin er,
questio n traitée par notre très-di stingu é confrè re, le
doc't eur A. Latour , l'Yote sur la phtlzz"sie pulmonaire.
«( II établit d'abor d que les eaux minéra les ont une
action bien plus préventive que curative dans la phthis ie
(ellas s'adres sent surtou t à l'immi nence de la maladi e,
oU,tou t au plus à ses premiè res et légères manife stations, sans retenti ssemen t encore grave et sérieux sur
l'organ isme) .
�LA eOIlSE.
« Admettant ensuite que la tradition en' faveut' des
Eaux-Bonnes soit légitime dans la mesure indiquée , il
se demande:
« Auquel de leurs principes minéralisateurs doiventelles leur influence et leur action élective?
« Est-ce à l,a su}furation, ou à la chloruration? )
« Voici sa réponse: - « Le principe soufre est tel« lementconfondu avec le principe chlorure de sodium,
« qu'il e~t
difficile de faire la part exacte de l'un et de
« l'autre dans le résultat thérapeutique. l)
Pour moi, les Eaux-Bonnes agissent favorablement, non parce qn'elles sont sulfureuses, mais
quoique sulful'euses.
« Leur action excitante et nuisible à cel'taines pél'iodes ne qoit-elle pas être rapportée à leur sul furation, et la proportion considérable de chlorure de
sodium peut-elle être considérée comme indiiférente? Il
« Noûs ne partageons pas la manière de voir de ~ notre
«
«
«
«
«
«
cc
savant confl'ère; malgré l'importance que nous attribuons avec lui au chlorure de sodium, nous ne saurions révoquer en doute l'action spéciale du sulfure de
sodium; elle ressort manifestement de toutes les études
que nous venons de poursuivre dans ce chapitee.
« Maintenant, si les eaux de Bonnes possèdent une
vertu particulière, qui n'existe pas dans les aulres eaux
sulfureuses de la chaine, il faut admettre de loute nécessité l'intervention d'autres éléments minéralisateul's; el comme le chlorure de sod ium es t le plus con• r"
�EAUX 1IIINltR .UES .
180
sidérab le, la logiqu e nous condu it à lui attribu er une
action salutai re .
« Dès lors, si l'obser vation cliniqu e nous appren d
que les sels de soude et de potasse, en généra l, sont
doués de propri étés antiph logisti ques, pourqu oi ne pas
admet tre cette propri été dans le chloru re de sodium ?
« ·Pourq uoi ne pas reconn aître que la bienfa isante
nature l'a répand u, en quanti té notabl e, dans l'eau de
Bonnes, à l'effet de modér er, cie lempé rer, d'harm oniser l'actio n excitante et stimul anle du princip e sulfureux?
« Nous adopto ns d'auta nt plus volontiers celle conceptio n thérap eutiqu e, qu'elle ramèn e notre esprit vers
une pensée de reconnaissance et d'admi ration envers le
Créate ur! ))
Je ne saurais donc trop engage r mes confrè res d'Ajaccio, à procéd er à une étude attenti ve et cliniqu e <le
l'admi nistration des eaux de la Caldaniccia dans les
lésions pulmo naires . Quelle ressource précie use pour
les valélu dinaire s que l'usage d'un 6lémen t thérap eutique dont l'efficacité ne saurait être contestée! !
PŒTBAPOLA .
Les eaux de Pietrap ola (canto n de Pl'Unelli) sont situées dans la plaine de Fiumo rbo, sur la rive gauche de
l'Abalesco, à 80 kilomè tres de Bastia, à 48 de Corte; la
vallée est à 115 mètres au-des sus du, niveau de la mer .
Leur réputa tion remon te à la plus haule antiqu ité,
�186
LA CORSE.
et quelques solides restes de constructions aujourd'hui
enfouies, débris incontestables d'anciens thermes, prouvent qu'elles n'avaient pas été inconnues aux Romains.
Pierre Cymeus nous apprend que « Petrapolœ calida
sunt balnea œgritudinibus quibusdam accommodatissima:
generatim nervisprosunt multosque alios sanant morbos .n
On y trouve actuellement un établissement assez bien
organisé, avec piscines, baignoires, appareils de douches
el bassin de réfrigél'ation.
Les sources sont au nombre de dix (grande source,
Pozzo, Spiritolo, Doccia, etc . ); assez rapprochées les
unes des autres, elles jaillissent toutes du granit, et ont
sans doute la même origine. Leur débit est abondant,
de 5 litres à 40, formant un total de 1591i1res à la minute, avec une température qui varie de 15 à 58°.
CARACTÈRES PHYSIQUES . - Eau claire, limpide, d'une
saveur légèrement salée, d'un,e odeur franchement sulfureuse, douce au toucher .
COMPOSITION CHIMIQUE . - En 1776, MM . Vacher et
Castagnoux, en faisant évaporer 85 livres de ces eaux,
avaient recueilli un résidu du poids de 3 gros 50 grains,
constitué pL'incipalement par :
Mu l'iale de soude . .. , , .. . . . .. .. .. . ... . . . 77 grains
JJ
Soude , .. ... ... . .. , , ............. .. ... . 5L
})
l\f al ièl:e gl'asse . ...... . .. . ... , ... . .. , .. . 45
J)
Terre absorbante.. . ... .. . . . .. .. . .... . 'l7
Suifa te de chaux .. . ....... .. ...... . ... . 49 ))
JI
Silice . ...... . . . .. , .... . . .. . ... . .. , .. . . 25
-
..3 gro
Perle . ... . , ., .. , . , ...
, • •.i!
-
-
48 grains
2
J)
�'J 87
EAUX MINÉIIAlES.
L'analyse faife à Paris, dans le laboratoire de l'Académie de médecine, par M. O. Hemy, a donné pour les
principaux agents mÎnéralisateurs :
Sulfure de sodium, ., ..... ,.... . .. .. .
Chlorure de sodium ......... . .. . ... "
Bicarbonates de chaux et de magnésie.,
0,021
0,060
0,200
Elle charrie toujours beaucoup de hal'égine à texture
filamenteuse.
Ce que je viens de dire de la situation des sources,
de leur nombre, de leur température, de leur minéralisation, prouve que les eaux de PietI-apola ont de l'analogie avec les eaux sulfurées sodiques des Pyrénées.
EFFETS THÉRAPEUTIQUES. -
Elles sont utilisées avec
succès en bains ( pris sou vent deux fois par jou r) dans
les états névropathiques (hystérie, chorée), dans les
névroses du col utérin, dans les rhumatismes à forme
nerveuse .
Le docteur CarloUi, qui les a éludiées avec soin, nous
apprend qu'elles s'approprient parfaitement aux manifestations éréthiqucs de la diathèse scrofuleuse, et
qu'elles réussissent dans les affections cutanées, et dans
les paralysies, alors qu'il existe des troubles concomitants ou primordiaux de l'innervation .
Des observations authentiques démontrent leur efficacité dans cedaines altérations des os dépendant de
lymphatisme ou de cachexie syphilitique.
En résumé, l'indication principale des eaux de Pie-
�LA CORSE .
1~8
trapola (le Saint-Sauveur de la Corse) est de tempérer
la trop geande excitabilité du système nerveux .
GUAGNO.
Les eanx thermales de Guagno, ou Saint-Anloine de
Guagno, sont situées dans le canton de Socia, areondissement d'Ajaccio, à 63 kilomètres de celte ville, à 12 kilomètres de 'ico, sur la rive gauche du Gros~
affluents du Liamone.
l'un des
Le vallon pittoresque qui les renferme s' 6tend, de
l'est à l'ouest, de Jacconi à Caselle .
Quoique Filippini fasse remonter à la plus haute antiquité la célébrité de ces eaux, ce n'est qu'en 171 J que
le père Jean, franciscain, fit constmire trois bassins en
granit pour recueillir les deux sources principales : la
grande source, marquant de 50 à 52° centigrades, jaillit
avec un débit de 74,800 litres dans les 24 heures; la
petiLe source (degl'oechi) a une tem.,pérature de 37° et
un débit de 9,300 litres.
Les deux se réunissent à leur point d'émergence, pour
alimenter, avec une température moyenne de 41 0 centigrades, les différentes parties cie l'établissement thermal.
Celui-ci se compose de trois corps de bâtiments réunis entre eux à angle droit, et circonscrivant une vaste
Cour . L'aile gauche, est occupée par les piscines et
les cabinets destinés aux militaires. L'aile droite est
consacrée aux personnes qui n'appartiennent pas à
l'armée.
. ...;.
'
�EAUX MINÉRALES .
189
Au milieu , sonL deux grands réservo irs d'où, après
un refroid isseme nt conven able, l'eau est distrib uée aux
baigno ires et aux p iscines (39 cabine ts à baignoires,
30 piscines à 4, et à 20 places) .
L'étab lissem ent civil, qui forme le premie r étage de
l'établ isseme nt therma l, contien t 60 chamb res enviro n.
L'hôpi tal militai re, situé sur une petite élévati on, reçoit, depuis 1821: des soldats et des officiers dontla santé
est confiée aux soins éclairé s d'un médec in spécial .
Les merve illeux résulta ts obtenu s, d'aprè s les déclarations de MM . Gaudi neau, Mercie r, Varlet , Netter ,
Haspel, Villam ur, Julian i et Milliet, ont engagé l'admi nistl'ation à augme nter le nombr e des malade s envoyés
de France et d'Algé rie .
PROPRI ÉTÉS PHYSIQUES. - Eau claire , limpid e, transparent e, onctue use au Loucher, exhala nt une faible
odeur d'hyd rogène sulfuré (œufs pourris ) . Sa saveur est
fade, et presqu e nauséa bon de; sa densité est un peu
plus élevée que l'eau distillé e; sa tempé rature au griffon est de 51 0 centig rades; elle dépose dans les hassins
des filame nts de glairin e et de barégine . Ramen ant au
bleu la teintur e de tourne sol rougie par les acides, elle
verdit le sirop de violettes .
Exposé e au contac t Je l'air, elle perd rapide ment son
odeur hépati que; mais ce n 'es t qu'ave c lenteu r que se
décom pose le sulfure de sodiuID .
ANALYSE CHIMIQUE. - Dans une premiè re analyse
faite en 1829, M. Thiria ux avait déterm iné la nature
sn l l'urcuse des source s .
�11:10
LA
conSE .
Les travaux de M. PogO'iale, en 1836 et 185 ~ , les ont
classées dans les sulfurées sodiques.
Euu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 kilogramme
Acide carbonique librc . .. . . .. . . . .. . . 1c ,5 m
Ail' atmosphérique.. . . . . . . . . . . . . . . .. 19,0
Acide hydrosulful'ique . . . .... : . . . . . . .
traces
rniNCIPES FIXES.
Sulfure de sudium . . .. . . . . . ....... . . .
Carbonate de soude ................ .
Chlorure de sodium .. . ......... . ... .
Chlorure tle chaux . ..... .. . . .. . .... .
Acide ilicique, oxyde d fer etcalaminc.
Azotate de polasse. . . . . . . . . . . . . .. . .
Carbonate de chaux.. . . .. . ..... .. . .
Id .
Il magné ie .. . . . ... ..... .
Iodure alcalin . ................ . ... .
:\latière organique (glairine) ......... .
Og,024m
o ,13J
0 ,044
0 ,017
o ,04.6
TI':1ces.
Traces.
Trace.
Quantité nolable.
Quamité notable.
des eaux de Guagno a été parL'action ph~ ' siolgque
faitement éludié par MM. Collin et Milliet.
Elles agis ent néce sairement comme médication
excitaI1te ou sub tilutive : à l'effet primitif, ex italion,
succèdent les effets secondaires, la révulsion eL la résolution.
Le éruptions diver es qui se manifes tent à la peau,
ou le nom de pous ée , ne font presque jamais défaut.
EFFET
THÉRAPEUTIQUES . -
des médecins miliLaire
En outre des mémoires
que j'ai nommés plus haut,
j'ai consulté avec fruiL l'opinion (les in pe teurs cl
Franchi et MarcuO'gi.
�EAUX AI~ÉHLES.
19 1
La spécialisation des eaux de Guaguo, en ayant égard
à la nature de leur médication, doit ~es faire utiliser
dans deux graudes catégories d'affections: d'une part,
les maladies de la peau (affections cutanées et eczémas
sous diverses formes); de l'autre, les accidents consécutifs aux blessures ( « les perclus y ont retrouvé l'u- sage de leurs membres, y ont retrempé leur constitution
délabrée. Docteur DONNÉ Ji).
Les rhumatismes, les engorgements articulaires , les
sciatiques sont profondément modifiés pal' la sLimulation intime de l'eau, qui ramène la vitalité dans les tissus malades.
M. C. James leur trouve par induction de l'analogie
avec Raréges. Il nous apprend aussi qu'à Guagno est né
le roi Th6odore, bandit fameux, dont les exploits défrayent encore aujourd'hui les veillées du soit" et les
légendes!
On admet généralement que les eaux sulfureuses
sodiques sont utiles dans les affections scrofuleuses,
qu'elles forment dans les vénériennes un remède précieux et héroïque, pour déceler l'existence méconnue de
l'affection, en modifier les symptômes, favoriser l'emploi des spéciûques .
La pratique de M. Collin à Guagno, l'a conduit à 1'Cconnaitt'e l'aggravation de la s)'philis par l'usage de ces
eaux .
La question mérite une nouvelle étude, tendant surtout à meUre hors de cause le mode d'administration
eL l'idiosyncrasie des sujets.
�192
1. ..1.
conSE .
En résumé, la constitution des eaux de Guagno est
précieuse à plus d'un titre .
Leur température, leur alcalinité, la stabilité des
principes fixes (sulfure et chlorure de sodium) leur don
~
nent une grande valeu~.
En rendant compte des propriétés remarquables
qu'elles possèdent, et des résultats variés qu'elles déterminent, elles expliquent pourquoi l'on trouve dans les
eaux de Guagno, tantôt les vertus atLribuées aux eaux
sulfureuses de Baréges, tantôt celles que l'on recherche
dans les eaux salines de Bourbonne .
CUITERA .
Les eaux de Guitera (canton de Zicavo, arrondissement d'Ajaccio) sont situées à 53 kil. du chef-lieu, sur
la rive droile du Tal'avo.
L'eau sort de te ne , jaillissant par sept ouvertures,
d 'une roche de gl'anit, avec un débit de 360,000 litres
par 24- heures, s'accumule dans un réservoir en plein
air, et de là coule dans cieux piscines, où les malades
s'entassent pêle-mêle. A travers la prairie sourdent
d'aulres sources .
Arrivé en présence de cc trou noir, boueux, infect,
M. le docteur Donné s'élait justement ému, ct avait hésilé à prendre: cc ces bains délicieux, préparés par la
c, nature, qui réconforlent si bien le corps et les memcc ])res endoloris par la marche, et couverls de pous« sière . »
..;.
•
r
-~
�193
EAUX MINÉRALES.
CARACTÈRES PHYSIQUES . - L'eau, limpide à la source,
devient bjentôt noire et fétide par le mauvais aménagement; odeur caractéristique d' œufs couvis; saveur sulfureuse franche; température de 41 0 cent.; elle laisse
dégager une grande quantité de gaz (mélange d'azote et
d'acide carbonique), et dépose des traînées de bm'égine.
COMPOSITION CHIMIQUE. - L'analyse de M. O. Henry
ne détermine pas, d'une manière précise, si les eaux doivent se ranger dans la classe des sulfurées sodiques ou
bien dans celle des sulfurées calciques.
Bicarbonate de challx .......... , ..... }
0,0'15
Id.
de magnésie ........... .
Carbonate de soude. . . . . . . . . . . . . . . . ..}
0
0, 17
Slllfate de sOllde .................... .
Sulrure de sodium. . . . . . . . . . . . .. Quantité indéterminée .
0,040
.chlorure de sodium. ... ...•.. ..... ...
D,DIO
Silice et alumine. ... ... . ... .... ... . .
Glairine et malière organique ... "
Traces.
0,082
Ces eaux sont recherchées, salutaires et efficaces;
malheureusement les baigneurs n'y trouvent que l'installation primitive des tentes et des bal'raques.
Comme la thermalité est élevée, on l'utilise principalément_dans les rhumatismes, les engorgements articulaires, les contractures spc;tsmodiques des muscles.
En les faisant refroidir, on s'en sert pour les maladies cutanées et les affections chroniques de l'utérus.
DE PIETRA SAr;TA.
�194
LA CORSE .
PUZZICHELLO.
«
Il n'existe en Europe aucune source comparable à
Puzzichello pour la guérison radicale de certaines affections invétérées, réputées incurables)) (Blanquz) .
Non loin du chemin de ceinture qui longe la côte
orientale de l'ile, à une petite distance d'Aleria, dans le
canton de Vezzani, et à 6 kil. S.-E. d'Antisanti, sourdent les deux sources froides de Puzzichello : éloignées
l'une de l'autre de 2 mètres, elles jaillissent d'un escarpement, la première limpide, la seconde blanchâtre,
et alimentent l'établissement thermal, où l'eau, artiGciellement échauffée, dessert dix-sept baignoires, une
piscine, un cabinet de douches et une buvetle.
L'une limpide, l'autre
CARAGTÈRES PHYSIQUES . grisâ.tre, contenant quelques flocons de sulfuraire en
suspension; odeur caractéristique; saveur h épatique;
température de 16 à i 7° cent. ; contient du gaz composé
en grande partie d'acide suHh~driqe
.
Une analyse chimique, faite avec beaucoup de soin
par M. Loestcher, professeur de chimie à l'école Paoli,
donne la composition suivante :
Eau 1 litre.
Azote. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
indéterminé.
gram.
Acide sulf11ydrique ... .. .... . .......... . .
Bicat'bonale de soude . . ....... . . . . . . ... .
Id .
» magnésie .. ........ . .. ..
Sulfate de chaux . .... . .. .. . .. ......... .
Id. » magnésie ................... ..
Id. » soude ............... .. .... .. .
. ..".-
0 ,0473
0 ,3110
0,H)[5
0,090{)
0,0407
0, '1314
�19ti
RAUX MINÉRALES .
EaltX f l i tre.
gram .
Chlorure de sodium.. . .... .... .. . .. .. ... 0,0692
Id.
)) magnésium. .. .. .. . . .. ...... 0,0124
Silice .... ........ . .. .. ... " . ...... ... 0,0099
Matière bitumineuse ............ : . . . . . . . 0,0043
Glairine.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. indéterminé.
O,82ï3
EFFETS TIIÉRAPEUTIQUES. Voici comment s'expriment MM. Pétrequin et Socquet dans leur Traité général
des eaux minérales :
« Ces eaux sont actives et un peu excitantes; les
bains portent à la peau, ils réussissent dans les maladies cu tanées; on signale leur efficacité dans l es èas où
il y a complication d'ulcérations atoniques et serpigineuses. Le!) paysans des environs les emploient pour
déterger les ulcères de leurs bestiaux. A la dose de plusieurs verres, ces eaux purgent légèrement; elles finissent pal" congeslionner le plexus hémorrhoïdaI. On en
vante l'emploi dans les anciens flux supprimés, surtout
celui des hémolThoïdes. »
OHEZZA
(CANTO)! DE PIEDICROCE, A
603 m
DE IIAUTEUn).
La source minérale la plus remarquable de la Corse,
par la nature de sa composition chimique, par l'abondance de ses produits et pal' l'efficacité merveilleuse
de ses résultats thérapeutiques, est celle d'Ofezza .
Située sur la rive dro ite du FiumaIto, elle se trouve
au milieu de cette contrée de la Castagniccia, si pittoresque, avec ses forêts de chât.aigniers séculaires et ses
nom breux villages, semés à mi-côte sur la vallée, ou per-
�LA CORSE .
196
chés comme desnidsd'aigles au sommet des montagnes .
On sait combien sont rares en Europe les eaux minéralisées par le fer; il faut se reporter par la pensée
jusqu'à Spa, Schwalbach et Pyrmont, pour se faÏt'e une
idée de ces eauxàla fois ferrugineuses et gazeuses, qu'on
a nommées avec raison « l'eau de SeHz ferrugineuse . »
Deux sources, la Soprana et la Sottana, fournissent.
avec un débit de 132 1 àia minute, celte eau sans rivale .
La Sottana s'échappe du rocher, ét vient jaillir dans
une cuvette de granit, où les malades la puisent au moment de la boire : elle est aujourd'hui protégée par un
pelit pa villon .
CARACTÈRES PHYSIQUES . - Sa température cie 15°cent. ~
lui donne une fraîcheur agréable. Quand on la recueille
dans un verre, on la voit d'abord se troubler et blanchir,
par le dégagement de nombreuses bulles de gaz acide
carbonique, puis elle reprend sa limpidité; elle pelille
comme du vin de Champagne. Sa saveur piquante, aigrerolte, acidule, laisse un arrière-goût styptique trèssupportable.
Prise à la source et renfermée immédiatement dans
des bouteilles, elle les brise ou fait sauter les bouchons.
CmIPOSITION CIIIMIQUE. - Leur analogie avec les
eaux de Spa indiquait, d'avance, qu'elles devaient leurs
propriétés au fer et à l'acide carbolliq ue; tou tefois, ces
principes minéralisateurs y existent en proporlions clifféren les, et y sont diversement associés .
Une première analyse chimique faile , en 1776, par
MM . Vacher el Caslagnoux, avec les re 'sources de l'é-
..
�19 7
EAUX nIl NÉRALES .
poque, avait donné, par l'évaporation de 60 litres d'eau,
un résidu de 5 gms 24 grains, résidu, composé de :
Muriade de soude ... . . .. . . .. ..... , 0,03
Chaux .. ... . ...... . .... . . .. . ... ... 0,30
Fer ..... . ...... , ... . . ' . . .. . .. . . . 0,04
Argile . . .. . .. . .. . . . . . .. .. . . .. . .. . 0,59
Perte.. .. .. .... .. . .
0,96
0,04
1,00
On n'avait pu déterminer ni la nature ni la propor-:
tion des gaz contenl,ls .
M. PoggiaIe, qUÏ a fait il plusieurs reprises l'analyse des
eaux d'Orezza, avec tout le soin qU'Ïl sait apporter à ses
remarquables travaux, donnela composition suivante:
llnu 1 lilre.
.....................
Ail' a tm ospb~rique
et bicarbo nates...
libre
que
Acide carboni
Cl\rbonate de chaux ....... . .. ..... .. . .
)) magnés ie .... . . . .. .... .. .
Id.
)) lithine ... ....... , . .... . . .
id.
)) fer ....... ...... .. . . .. .. .
Id .
mangan èse ....... ...... ..
))
Id.
)) cobalt ... ..... .. ..... . .. .
Id.
Sulfate de chaux ... . ....... .. . ....... .
Chlorure de potassium .... . .. . ..... . .. ,}
sodium ., .. . . . ... , .... . . . .
1)
, Id.
Alumine ... . ....... . .. . . .... . ... .... .
Acide silir.ique, . . .. ....... . .. ... .. . .. .
Acide arséniq uc ....... ... .. . .... , . . •. ,
de ca,lcium .. , , ....... .. . .. . . .
Flu~'re
MallCre orgamq ue . ..... , . . ..... . .. .. .
0,0'11
1,248
Gram.
0,602
0,074
Traces.
0,128
Traces.
Traces.
0,021
0,014 •
0,006
0,014
J"
Traces.
0,849
(Poggiale, 1853 .)
"
�198
LA CORSE .
Cette analyse classe définitivement ces eaux dans les
ferrugineuses bicarbonatées.
ACTION PHYSIOLOGIQUE . - Quand on les prend le
matin à jeun, elles procurent une sensation agréable,
réveillent l'appétit et précipitent la digestion; facilement éliminées, elles produisent, à dose modérée, un
sentiment de bien-être . Plus frais et plus dispos, le buveur attend, avec impatience, l'heure du déjeuner.
. ACTION THÉRAPE.UTIQUE . -
Elle est franchement to-
nique et récon forlan te. Aussi, est-elle indiquée dans les
maladies chroniques des organes abdominaux (engorgements du foie el de la rate), et dans les affections nerveuses, qui, se reliant à l'appauvrissement du sang,
donnent lieu à une si grande variélé de phénomènes
morbides (chloroses, anémies, aménorrhées, dysménorrhées) .
L'action salutaire des eaux est souvefaine, pour combattre les cachexies paludéennes et les engorgements
des viscères, qui, sous la dépendance primitive de la
fièvre intermittente, ont été entretenus par la médication quinique elle-même .
La saison des eaux d'Orezza commence le 10 juin,
pour se prolonger jusqu'au 15 août.
Les malades trouvent de pl'écieux auxiliaires de la
médication minérale dans l'air pur et vi vifiant que l'on
respire au milieu de la vallée, les promenades ü cheval,
les dis trac Lions et les amusements .
Sur le sommet de la colline jaillit une source d'cau
..
..;.
'
�EAUX 1IIlNÈRAlES.
19 9
très-ag réable , très-fr aîche, très-légère, que l'on appelle
Caracutella.
La source Sopran a, assez mal aménagée, contient des
traces de sou rre; elle comba t victorieusement certaines
p ériodes de l'affection vénérienne.
Les eaux d'Orezza sont appelées à un très-grand
avenir . Depuis quelques années, l'exportation a augmenté dans des propor tions très-considérables .
Le docteu r Marchal (de Calvi) les préconise dans la
en général et dans les gastra lgies: elles sont,
d~ T spei
pour lui , un précie ux adjuvant pour modifier la chlorose
et l'aném ie.
Dans toutes ces circonstances, il faut àvoir soin de
sûrvei ller l'actio n puissa nte de ces eaux, pour en modérer les effets.
Inutile d'ajou ter que les eaux d'Orezza sont forme llemen t contre -indiq uées, lorsqu 'on redoute la lésion
d' un organe , ou la faiblesse de la trame organique des
poumo ns.
Elles sont aussi plus nuisibles qu'util es, dans les diarrhées et dyssenteries actives, dans les flux hémon 'hoïdaires .
. Je ne dirai rien des autres sources de la Corse, parce
que je ne possède sur elles que des renseignements trèsinsuffi san t '. Jeme borne àles signaler ici.
Bains de Tallano (canton de Sainte-Lucie), sur la rive
gauche du Fiumicicoli.
Eaux sulfure uses : tempér ature, 32° cent.; débit de
240 litres à la minule .
�200
LA CORSE .
Bains d'Olme to (canto n d'Olme to), sur la rive gauche
du Baraci, à 2 kilomè tres de la mer .
Eaux sulfure uses : tempé rature, 32° cent. ; débit,
145 l itres .
Caldan elle de Moisi, près de Vico .
Eaux sulfure uses: tempé rature , 32° cent.
Bains de Budera ngo, près d'Urba lacone .
Eaux ferro-gazeuses d' Alessani, de Moriani, de Malagini .
Eaux ferro-gazeu ses de la Poda , près d'ûrez za, dan!'
ces belles vallées de la Castagniccia.
Les eaux minét'ales de Nebbio , Corrazica, Campi tello
Merenzana, citées par les chroni queurs et les historiens du pays, sont tomb6es dans l'oubli le plus complet.
. ..."
'
�CHAPITRE IV.
HISTO IRE DE LA CORSE .
§ 1. -
MŒURS ET
COUTUMES.
Il (l'Empereur) disait que les insulaires ont
toujOUl'S quelque chose d'original par leur
isolement, qu i les préserve des irruptions et
du mélange perpétu el qu 'éprou l'e le con tinent: que les habitant s des montagnes ont
une énergie de caractère et une trempe
d'àme qui leur est toute pUl'liculière.
(Mémori al de Sainle-Ht! lène .)
En aborda nt ce chapit re, compl élemen t en dehors de
mes éludes, il ne peut entrer dans ma pensée de tracer
un tableau complet d'histo ire; j'ai seulement l'inten tion de transc rire les notes que j'ai recueillies, à diverses
époques, dans des ouvrages spéciaux sur les Corses et
la Corse; elles pourro nt intéresser , je l'espère, le lectéur, à la condition, Loutefois, qu'il sera assez indulg ent
pOUl' ne pas exiger une exposition métho dique, un style
littéra ire et fleuri.
L'abbé Galletti, dans son intéres sant ouvrag e: Ifistaire illustrée de la Corse, a eu l'heureuse idée de re. produi re, par la lithogl'aphie, la figure allégorique de
l'île, telle qu'elle existe dans les grande s salles de
�202
LA CORSE .
Raphaël, au Vatican, au-dessus de la fameuse bataille de
Constantiu contre Maxence.
Voici comm ent l'artist e a personnifié la Corse :
C'est une femme robust e, au regard vif et intellig ent,
fi èreme nt assise sur un rocher , et baigna nt ses pieds
dans la mer. Une main est armée d'une lance, de l'autre main, elle s'appu ie sur une épée.
Sur sa tête, surmo ntée d'une tour, s'ajust e la peau
d'un lion.
Autou r d'elle, folâtre nt des génies, dont l'un, monté
sur un mouflon, symbole d'une chasse spéciale au 'pays,
soulient une corne d'abon dance garnie de pampr es et
de raisin s; un autre a sur le dos une corne de même
nature rempli e de divers fruits; enfin, un troisième
reçoit les caresses d'un chien emblème de la fidélité.
En haut de cette fresque, on lit cet exergu e:
Cyrnionlm (m'lia bello pectora (les Corses au cœul'
intrépi de pour les combats) .
Et pi.us bas: Sixtus V . P . .Ll !., anno 10 sui pontificatCts.
Quels sont les traits caractéristiques du peuple corse,
traits consti tuant son individ ualité, sa physionomie
morale ?
Quelques citations me perme ttront de répond re à
celte question.
Je rappel lerai, en premie r lieu, les paroles du martyr
de Sain le-Hélène.
En voilà d'autre s, non moins proban tes .
« Ce pays remal' quable en est encore à la période pa- •
triarcale, à la vie de berger et de chasse ur; la longue
�•
nrœURS , COUTUMES.
203
absenc e d'un pouvo ir protec teur y a mainte nu lasupr ématie de la famille, dans laquel le chacun cherch e un
appui contee les agressions et les injustices. l) (Blanqui .)
« Dans l'élat d'isole ment et d'indiv idualis me, où l'é-
goïsme des inlérêt s tend à précip iter notre société con- _
tinenta le, nous ne compr enons plus celte vive tendres se .
qui unit, dans une famille corse, tous les membr es
les plus éloigné s, jusqu' aux arrière -petits -cousi ns. II
(Blanq ui.)
« L'hom me, dit Pompe ï, s'y montre dans toute la
pureté de son caractè re primit if, bon, génére ux, indépenda nt, hospita lier, sensible égalem ent au bienfa it et
à l'outra ge, terribl e dans la colère, mais l'allen dant sans
aller ·vers elle; franc dans sa haine comme dans son
contre l'offen sem obstiné , mais tenamoUl', jne~orabl
dant la main à l'ennem i vaincu ou repent ant, et déposa nt
tou t désir de vengeance, lorsqu 'il a pronon cé le pardon.11
Après avoir consac ré les pages les plus éloque ntes à
démon trer que les mœnrs corses sont la fidèle représentati on de celles des Germa ins de Tacite, après avoir
prouvé , l'histo ire à la main, que l'amou r sacré du pays,
de la liberté et de l'indép endanc e, a été, de tout temps,
la vÏe et l'âme de ces ners insulai res, le patriot ique historien cherch e la raison d'être de ces sentim ents .
Les peuple s des monta gnes nourri ssent, plus que
tous les autres , une invinc ible horreu r pour l'escla vage;
au somme t d'une haute monta gne, vos idées s'agra ndissen t à mesure que votre horizo n se prolon ge; les
passio ns violentes ct terrest res se lai sent ; plus près du
«
�•
204
LA conSE .
séjour de la Divinité, vous vous associez, par la pensée ;
à sa noble indépe ndance .
«( Le Corse volt l'indép endanc e dans tous les objets
qui l'envir onnen t: grande ur des sites-, immen sité des .
forêts, eaux, cascades que l' art n'a pas emprisonn6es .
,Ces majestueuses beautés, la vue de la mer et des vents
courro ucés qui les soulèvent, sont bien propre s à remuer l'âme, à en faire sortir de vastes et sublimes pensées. »
« Le
coumge, s'écriait à la chamb re des' dëputés, en
1828, l'illust re général Sébastiani (plus tard maréc hal
de France), l'intell igence , l'amou r du pays, la simplicité
des mœurs , la persévérance, la sobriété, l'hospi talité,
sont des vertus que les détrac teurs mêmes des Corses
sont forcés de leu raccor der; l' esp l'it de vengeance qui
les anime est, à la fois, l'exagé ration et une fausse direction du point d'honn eur! »
Donnons encore la pamle au c6lèbre économiste
BlanqlÙ :
« La véritab le religion des Corses, c'est
l'hosp italité :
nul p'euple ne l'exerc e avec cette cordialité simple et
naïve, qui lui donne un charm e de plus, et qui inspire
la reconnaissance et l'affection.
« Tout le monde y prend part: on dirait qu'il ya dans
chaque comm une un véritable officier d'hosp italité,
chargé de l'exerc er au nom de Lous, et d'assu rer au
voyageur recom mandé , riche ou pauvre , un souper , un
gîte et un bon accueil. »
«( Les Corses, ajoute Malte-Brun, sont dévoués jus•
..
,10
'
�Mœuns, COUTUMES.
20~
qu'à la mort quand ils aimen t; ils sont généreux, francs,
et plus fidèles à leurs promesses qu'on ne l'est ailleurs '
à la foi du sermen t. Ils pratiqu ent l'hospitalité avec
une affabilité de manièl'es qui j ure avec lem physio nomie farouche. Il n'y a pas de peuple au monde où l'on
soit plus doux et plus aimabl e pour son hôte. )j
Le docteu r Donné, qui a consacré de très-belles pages
à la descrip tion de la vallée du Niolo, si intéressante
par son histoire et les mœurs de ses habitants, s'exprime en ces termes :
c( Au milieu de cette natme un peu sauvage, il est
remarq uable combien l'homm e a la physionomie expressive, les traits fins, et jusqu' à un certain point délicats;
c'est toujou rs le sujet de mon étonne ment, dans les rencontre s que je fais ft la campa gne, et dans les visites que
je rends aux paysans dans leurs cabanes. Jamais de ces
airs lourds et gauche s que l'on trouve aux paysans de
nos contré es les plus civilisées du contin ent; hommes,
femme s et enfant s, tous ont l'œil vif, spirituel, la
taille bien prise, les manières aisées, et ils causent volontier s sans aucun e timidi té! ...
c( Le paysan corse a matéri elleme nt de quoi vivre,
. mais il faut venir en ce pays pour appren dre combien
peu il faut à l'homm e pour vivre, et combien son industrie a accum ulé sur sa têle de besoins factices . Si l'on
met dans un plateau les jouissauces, les soucis, les raffiuements, les privations, les labeur s infinis de la ci vilisation avancée, et dans l'autre la simpli cité de celte
vic frugale, austère , mais libre, pleine de loisirs et de
�206
LA CORSE .
sécurité, aussi éloignée des angoisses de la misère que
du luxe de la richesse, je ne ais de quel côlé penchera
la balance.
c( Ce qui me frappe, c'est que jamais en Corso, dans
ces nombreuses familles, où les enfanls pullulent et ne
se comptent pas, on n'entend les pères so plaindre ou
s'inquiéter du nombre de leurs enfants; au contraire,
c( Nos enfanls, diseut-il , sont notre fortune : plus nous
c, en avon , et plus nous sommes contents 1 »
n . . : . Ces mœurs rudes laissent une empreinte pl'O
fonde clans ceux mêmes que ~a fortune ou le uccès
d'une carrière bl'illante a enh'ainés loin de leu r patrie,
et mêlés au mouvement de notre civilisation, »
Mais n'y a-t-il pas une tache au tableau? Pourquoi
tant de belles qualités ont-elles été trop souvent ObSCUl'ci es par celte terrible vendetta qu'on nous a jelée tant
de foi il la face rommo le pl u grand ou trage. Envi agéa
de haut, à un point cIe vue im partial et philosophique,
la vendetta esl le préjugé de l'enfance des sociétés.
En parlant des Germains, Tacite a dit: «C'est pour
eux une obligation d'épouser les llaines et les a[eclions
des parents.
c( Suscipere tdm inimicitias, seu patris, seu p7'opin
qui,
quâm amicitias nece e est . »
L'illu tre histori n érigeait ce entiment en vel'tll,
car plus un peuple a l'instinct de la justice, plu 'il doit
être IJOJ'té à repl'endre l' x l'ci ce do la vengeance peronnelle, qui t la ju ti de l'élat sauvage.
L'héJ'édité do la haine ot do la vengeanco xislait
..
�~tawns,
COUT MES .
207
aussi chez les Francs; elle 6tait installée au foyel' domestique sous l'empire l'ornain; on la retrouve parmi
les montagnards écossais; elle fermente au cœur de
l'Arabe .
Celte vendetta, telle que le Corse la comprend, est
pour lui une sorte de religion; elle se fonde sur l'idée du devoir .
Le COI'se nourrit sa rancune, parce que, s'il la sentait
mourir, il croirait, avec elle, avoir perdu sa vertu; il se
venge, parce qu'il a appris, parce qu'il croit, qu'uneâme
basse peut seule pardonner une injure.
Ceux qui parlent inconsidérément de vendetLa et de
bandils, savent-ils ce que souffrent de privations et de
tortures, ces hommes en état de guerre avec la société?
de la trempe d'âme qui est néc~sse font-ils une i~ée
aire pour résister à ces rude épreuves, à ces luttes incessantes contre la . vindicte publique et les éléments
du iol?
Le bandit corse est un criminel aux yeux de la loi,
mais la vie aventureuse qu'il mène, la manière dont il
est obligé de payer de sa personne, le courage, l'au dace, la ruse qu'il déploie, fl'appentles imagjnations,
intéres ent à se périls, et en font bientôt une sorte de
héros mystéJ'ioux, une véritable puissance exerçant au
loin sa redoutable inflllence.
Au lieu donc de flétrÎr impitoyablement cet instinct,
ce préjugé, ce sentiment, cherchons à l'expliquer avec
le flam}Jeau de l'histoire, qui nous cond uira à reconnaître, en fin de compte, que les mœurs s'adoucissent:
�~08
LA COnSE .
que les haines s'émou ssent, que les meurtr es diminu ent.
« .Mille ans d'oppr ession , même impati emme nt supportée , de mauvais prêtres , de mauvaises lois, laissent
des traces profon des dans le caractè re d'un peuple ...
« .Qüand la justice est outrag ée penda nt plusieu
rs
siècles, aux dépens d'un peuple , par des maUres sans
cœur et sans pitié, il s'acco utume bientô t au règne de
la force, et en use au besoin ; si l'occasion se présen te,
il se venge au lieu de plaide r .
« Trop éloignée de ses maUres pour obteni r justice ,
et trop difficile à parcou rir pour se la faire distrib uer
réguliè remen t, même par une métropole bienveillante, '
• la Corse a dû souffrir tous les maux du despotisme et
tous les déchir ement s de l'anarc hie ... )) (Blanqui .)
Écouto ns le tourist e Valery :
« La vendet ta tant reproc hée aux Corses n'est qu'uo
point d'honn eur mal entend u, qui ne perme t pas de
rencon trer l'assassin de son père ou de ses proche s, car
le fond d'un Corse est l'amou r de la famille.
« Lâ vendetta n'est ni un aveugle besoin de tuer, ni
une barbar e satisfaction, mais l'accom plissem ent d'un
devoit' regard é comm e sacré et presqu e d'une loi. »
Si mainte nant nous voulions voir hâter le mome nt où
le pay's pourra s'associer à ce mouve ment universel de
bien-ê tre, d'amél ioralio ns et de pt'ogrès, que la France
doil au gouver nemen t de l'empe reur Napoléon III, il
raudrait s'inspi rer de la vérilé de ces éloquenles paroles
du savant memb re de l'Instit ut, que j'ai été heureu x de
citet' Lan t de fois .
• • •.Î!
�MœURS,
COUT~IES
209
.
« Tout l'espoir de l'avenir réside dans les enfants : il
ne fau t pas se flatter de détruire les préj ugés enracinés
dans l'esprit de leurs aïeux, l'amour de la vengeance,
la soif des places, l'ambition de dominer; mais les enfants pourront comprendre, à force d'études communes,
qu'il est des biens communs à tous, dont on profite
par l'union et qu'on perd par la discorde. Ils s'accoutumeront à demander justice, au lieu de se la faire.
Plus instruits, ils deviendront plus laborieux; chimistès,
ils exploiteront les ressources naturelles de leur pays,
et ils appliqueront les facultés éminentes de leur intelligence à la poursuite d'un but plus glorieux que les
triomphes de coterie et de localité, tl'Op longtemps recherchés par leurs pères . ) (Blanqui .)
DE PIETRA SANTA.
14
�210
LA CORSE .
§ II. -
1
HISTOIRE .
La situation, l'étendue, la fcrtililé de la
Corse, ont inspiré de tout temps l'envie de
la posséder.
Aucun pays n'a peut-être montré autant
d'instabilité politique, et il n'en est aucun
dont l'histoire offre le spectacle de guerres
intestines plus lon gues et plus acharnées.
L'histoire de la Corse est une longueguerre
de la liberté contre la tyrannie. (POMPEï.)
L'histoire de la Corse est une des plus dramatiques et en même temps des plus cruelles
qui soient au monde. Il y a du sang et des
larmes sur toutes ses pages; nulle part on ne
rencontre un tel entassement de crimes, de
forfaits el d'infortunes. (LOUIS ENAULT. )
l
Au milieu de l'incertitude et de l'obscurité qui envil'onnent l'origine du peuple corse, il faut tenir compte
de la. tradition la plus accréditée chez les auteurs de
l'antiquité. Pour eux, la population prim itive de l'île
est originaire des grandes expéditions de' l'Hercule
phénicien. Plus tard, en raison même de l'importance de sa station maritime, elle a pu éveiller l'attention des navigateurs qui parcouraient la Méditerranée.
Ces différentes immigrations (Tyrrhéniens, Africain"
Phocéens , Grecs , :Étmsques, Carthaginois) se sont
successivement superposées les unes aux autres, pour
former lentement cette population que l'on retrouve
deux siècles avanll'ère chrétienne .
. ...
~
�SON IIISTOIllE.
211
II
C'es t, pour la première fois, en l'an 260 avant JésusChrisl, que nous voyons les Roma ins arriver dans l'ile
sOlls]a conduite de Lucius Cornélius Scipion, pour y dé- truire tout et frapper ainsi de terreur les habitants (Floru s) .
La conquête de la Corse fut une des plus difficiles
qu'ait accomplies le peuple-roi ; la l utte dura plus d'un
siècle, elle nécessita huit expéditions s II ccessi ves, et
l'intervention des plus habiles généraux : Caius Licinius
Varus, Manlius TOt'quatus, Caius Papirius, Marcus Pinari us, Juventius Thalna, et le plus grand capitaine du
temps Scipion Nasica (162).
La Corse fut florissante sous la domination paisible
el a~ors
incontestée de Rome (1) : à cette période, l'une
des plus heureuses de son existence, remonte la fondation des deux grandes colonies: Mariana, fondée par
Mari us à l'embouchure -du Golo, et Aleria, rebâtie par
Scylla sur ]e Tavignano.
Elle comptait, selon-Pline, trente-trois cités.
Au partage de l'empire romai'n entre les enfants de
Théodose, elle est comprise dans l'empire d'Occident.
III
La prospérité de la Corse s'éteignit avec la puis(1) Il Y eut toutefois dessoulèrements partiels dus à la cruau té de
quelques proconsuls; cal' comme l'a dit Sully: « Ce n'est jamais
p UI' envie d'Illlaquer que le peuple se sou lève, mais par impatience
de soufl'ril'_ »
�LA CORSE.
212
sance romaine. Du quatrième au septième siècle, elle
pasl:ie tour à tour sous la domination barbare des Vandales (Genséric est chassé par Bélisaire) , des Goths
(Totilél; succombe sous Narsès), des Lombards, et des
B-yzantius.
En l'an 713, apparaissentles Sarrasins, et, comme les
empereurs d'Orient ne peu ven t leur opposer ni floUe ni
armée, le pays est lail:isé, sans défense, à la merci de ces
conquérants .
Les Sarrasins, ces fléaux de la Méditerranée, eurent
à défendre leur conquête d'abord contre Pépin, roi
d'llalie (806), contre Burchardt, comte des écuries de
Charlemagne (807), et contre Charles, fils de Charlemagne, qui les battit à Mariana, puis à Aleria .
A la mort de Charlemagne, qui, en sa qualité d'em- pereur d'Occident, avait pris la Corse sous sa protection,
le gouvernemen t de l'ile el:i t cédé à Boniface, marquis
de Toscane: Boniface et ses enfants la défendent vaillam~
ent
pendant un siècle contre les incursions incessantes des Maures.
lV
Au commencement du onzième siècle, on trouve
établie en Corse une esp ce de féodalité, indépendante
de tout souverain, et qui ne reconnaît d'autre puissance
que celle de la force .
Jean della Grosl:ia racon te, avec émo lion, les luttes
in teslines, ] e~ guerres sans motifs , lel:i trahisons infâmes,
.. ,!!
�SON HISTO IR E.
2 '1 3
cents ans , enl re ces
qui se suc céd ère nt, pen dan t deu x
à un cert ain Hughes
seig neu rs qui faisaien t rem ont er
.
Col onn a leu rs dro its de possess ion
seigneurial et cett e
C'es t pon r aba ttre ce pou voir
peu ple de l 'int érie ur
amb itio n d'u sur pat ion , que le
to de M01'osaglia, ef
s'as sem ble en diè te gén éral e au Pra
d 'Ala ndo .
se don ne pou r che f Sambucllcoio,
ire fit jou ir la terr e
Le h éro s de ce mo uve men t pop ula
sage et l ibér al (pen des Com mu nes d'u n gou ver nem ent
r ef: tait enc ore sous
dan t qu e la par tie occidentale de l'île
le dés ord re rec om le jou g des Barons), mai s, à sam ort,
qui s Malaspina, des men ça, et, de 101 2 à 107 7, les mar
uvernè ren t en qua lité
cen dan ts des fils de Boniface, go
Com mu nes (1).
de sim ples pro tect eur s la te rre des
v
max ime , (( là où
Grégoi re VII, l'au teu r de cett e
il faut join dre celle
la p ~ au de lion n e peu t atte ind re,
lait asservir le mo nde
du ren ard , » Grégoire VII , qui vou
l'an cien ne don aau Vatica n, ne pou vait oub lier
, évêque de Pise, rétion de Cha rlem agn e . Lan dol phe
ver aine té de l 'île, et,
. clam a au nom du Pap e la son
gén éral e les évêques
apr ès avoir convoqué en assemb lée
born ées Il. s'affranc hir du joug
(1 ) Les Com mun es ne s'étaienl pas
pend a ntes en cr éan t un e espèce
des gra nds; elles se rend iren t indé
exel'çaie nl les fonclions ade . Les Pères des Commun es
de r ~ publiq
prés id aien t il la h aute
rali
Capo
les
res;
nlÏn istratives et judi ciai
nt asse mbl ées pOU l' dé libér er des
adm inis trati on ; les Consulte étaie
int6 rêts de lous.
1
�214
LA CORSE .
et les seigne urs, qu'il avait préala bleme nt gagnés h a
cause, il les amena à se déclar er sujets del'Ég lise ('l 077).
C'est de cet~
reconn aissanc e que provie nnent tous les
malbe urs qui, penda nt plusie urs siècles, vont bouleverser cet infortu né pays .
Quinze ans après, Urbain II cède à l'Églis e métrop o litaine de Pise, la souveraineté entière de l'He, moyen nant une redeva nce annuel le.
L'adm inistra tion de l'Églis e métrop olitain e fut des
plus patern elles, mais bientô t survin rent ces rivalités
redout ables des républ iques de Pise et de Gênes, qui se
termin èrent par la dérout e des Pisans à la journé e de la
Meloria (1284) .
Penda nt que les cbaîne s du port de Pise étaien t transportée s triomp halem ent à Gênes, Giudice della Rocca,
des comtes de Cinarc a, qui avait eu la gloire de battre
Luche lto Doria, tomba it, par trahiso n, entre les mains
de ses ennem is, et moura it dans la prison de la Malapaga, e:;piant ainsi le crime d'avoir défend u courag eusemen t sa patrie.
VI
La mort de Giudic e fut le signal de la plus complète anarcb ie; l'ambi tion des barons harcel ant sans
cesse le peuple , les magist rats de la terre des Comm unes
défél'è rentl'autoriLé suprêm e à la républ ique de Gênes
(août 1347) .
L'acLe de cession eut lieu, an dire rIe Villani, con volontà cli qua i tutti ZO baroni e i(Jnori; mais les G6uoi
•
0
rot>
�SON HISTO IRE.
,21 V
seigneurs, en excine tard ère nt pas à se déb arra sser des
les atta qua nt directetan t lem s inimitiés mu tue lles , en
furent bar bar es; la
me nt et à force ouverte : les moyens
t, en peu d'années,
trah ison et l'assassinat ané ant iren
ille de Leca. Le com te
plu s de tren te mem bre s de la fam
re, ,Giudice d'Istria,
Arr igh o del la Rocca, Simone da Ma
gio, le comte VincenRaniel'i da Cozzi, Mariano da Gag
de la perfidie de ce
tello d'Is tria , fure nt les victimes
gou ver nem ent iniq ue (1) .
t le plu s gra nd ciAnd ré Doria, que Voltaire appelai
r un jou r les maisons
toyen des temps mo der nes , fit rase
res, et brlÎler les vidu pays de la Rocca, cou per les arb
Doria passa au fil de
gne s . Plu s cru el enc orè , Nicolas
et déporLa en masse
l'ép ée tous les hab itan ts de Tala vo,
ceux du Niolo .
sans fin, l'ét at de
Au mil ieu de ces bouleversements
Les populations nai sgue rre par ait être l'état nor ma l.
it des arm es, clans le
sen t, croissent et me ure nt au bru
tum ulte des insu rrec tion s.
cha mp de bataille,
Le pays n'es t plu s qu' un vaste
s pitié .
où les par tis s'en tre- dét ruis ent san
e, écrit Pompeï, ont enc( Les rigu eur s du despotism
ce sentiment les enflammé les Corses pou r la libe rté;
con tre la tyra nni e;
gagea dans une lutt e corps à corps
s laquelle l'op prim é
lutt e sanglante, combat à mo rt, dan
ren dre des forces et
ne pre nai t de repos que pou r rep
mie ux ass ure r sa victoire .
»
(1) Voil' le chiJpilrC Archéologie.
~
�LA CORSE.
Au moment où la compagnie de Saint-Georges devint
maîtresse absolue de 1'11e (1511-1553), il se fit une émigration assez nombreuse dans cette ardente jeunesse
corse, désireuse de trouver un théâtre digne de sa fiévreuse activité.
L'historien Filippini cite comme les plus célèbres
entre tous, au service des puissances continentales: ,
Pierretto d'Istria; Guglielmo dalla Casabianca; Pasquino da Fia; Giacomo dalla Fica, général des florentins; Jacques de Lappio; Baptiste de Leca, neveu de
Jean-Paul; Charles Malherba; Giocante dalla Casabianca; Teramo da Bastelica; Angelosanto de Levie,
colonel au service de don Fernand de Gonzague; Barthélemy de Vivario, surnommé Télamon, général des
galères de l'Église; Jean-Baptiste de Bastia, mesh'e de
camp de Pierre Strozzi; Ga parino Ceccaldi, sergent général des Véniliens.
VlI
Pendant la lutte entre Charles-Quint et le roi de
France, Henri Il voulut s'assmer dans la Méditert'anée
uneposilion stratégique, et des portsde refuge, pour sa
floUe et celle du sultan son allié; ses conseillers songèrent à la Corse, et dans un conseil de guerre pré idé
par le maréchal de Thermes à Castiglione della Pescara, fut décidée l'expédition, dont le succès devait dépendre de la promptitude et du secret de l' entl'ep1'lSe.
Le maréchal commandait les troupes de débarque-
..
'
�SON lllSTOlllE.
2'17
ment, ayant sous ses ordres le colonel Sampiel'O de
Bastelica (1), les tl'Ois des Ursins, et les capitaines Bernardino d'Ornano ; Altobe1!o , et de Gentili. Paulin" baron de la Garde, amiral des galères du roi, devait appuyer
l'expédition avec sa flotte et former le siége des villes _
maritimes. La flotte ottomane, commandée par Dragu t,
devait les rallier à la hauteur de l'ile d'Elbe (aoû t 1553).
Cette conquête se fit sans gloi re, parce qu'elle eu t
lieu sans combats.
Les Corses, très-bien disposés pour la France, désiraient ardemment se ranger sous ses drapeaux; les
Génois, abattus et dispersés, n'osaien t même pas opposer de résistance, et abandonnaient, sans coup fél'ir, les
positions les plus avantageuses.
Au bout de quelques mois, les troupes du maréchal
de Thermes occupaient Bastia, Corté, Ajaccio, Bonifacio et Saint-Florent ': l'intérieur du pays leur était
entièrement soumis.
VIII
A la nouvelle de l'arrivée des Français en Corse; la
république de Gênes et la compagnie de Saint-Georges
(i) « Sampiero commença 1'3 m étier de la guerre dans les bandes
noires sous Jean de Méd icis. Le roi Fran çois 1er le fit colonel de
trois rég iments, et puis de sept enseignes corses. Il suivit notre dauphin au siége de Perpignan, où il se signala par une action si peu
commune) que ce prince lira la chaine d'ol' qu'il avait au cou, pour
en hon orer la vertu de ce grand capitaine, lui concédant dès lors de
porter la fl eur de lys dans ses armes, après lui en avoir vu si glorieusement so utenir les int é r~ts
. J}
(L'HEn~[T
.)
�LA conSE.
218
font taire leurs rivalités, réclament l 'assistance de
Charles-Quint, de Cosme de Médicis, du duc de Milan,
et organisent une expédition formidable sous le commandement d'André Doria (novembre 1553).
De Thermes est obligé de changer de rÔle, et de se
tenir sur la défensive: la prise de Saint-Florent conte
au vieux Doria (alors octogénaire) dix mille hommes de
troupes aguerries (1).
L'année 1554 n'offre d'événements importants que le
combat: de Silvareccio où Sampiero, avec quelques cavaliers, après avoir mis en déroute neuf enseignes ennemies, reçoit un coup de feu à la cuisse, et la bataille
de Morosaglia où Giacomosanto da Mare, après avoir
triomphé des Allemands de Lodron, est défait par Augustin Spinola.
« Alors commença une terrible et sanglante mêlée,
où les plus valeureux tombèrent les premiers et furent
remr:lacés par d'autres; la mousqueLel;ie porta la mort
dans les rangs des deux côtés; mais lorsque les agresseurs eurent avancé assez pour se trouver mêlés avec
à l'arme blanche un aITreux
les Corses, on come~ça
carnage. On combattait des deux côtés avec tant de
'vaillance, que la victoire demeurait indécise.» (Casoni .)
(1) SainL-Florcnt fut défcndu par Jourdan Or ini. Après Irois
mois de siégc, iil se vil obi igé dc capitulcr j les Corscs sous ses
ordrcs nc voulurenl pas s'cn reUleLLrc il la gé nérosité dcs G Inois.
La plupart s'cmbarqu èrcnt SUl' dc [l'Olcs esquirs, ct pal'vil11'cnt ains i
il se sauv [' j d'auLres tentèrcnt une audacicusc sortic, se frayant un
passage lcs armes il la main j lcs 33 Corscs malades, pris dans la
ville, furent euvoyés par Doria aux galèrcs 1
•
..•1>
'
�SON /lISTOIR Il.
2 Hl
Le départ de Doria (appelé par la cour d'Espagne au
secours de ses provinces menacées par la flotte ottomane) permet à Montestruc cI'assiéger Codé et 'de remporter au col de Tenda une éclatante victoire, où Sampiero et Giacomosanto da Mare firent des prodiges de
valeur; malheureusement le puissant seigneur du CapCorse reçut u,n coup mortel en pou l'suivant l'ennemi.
Deux ans après que, dans une assemblée solennelle
(consulte du 15 septembre '1557), Orsini, successeur
du maréchal de Thermes, annonçait aux Corses que
l'île à la couronne de France, ce
le l'OZ' avait ù~corpé
qu'il n'a pas voulu j'aire pour d'autres provinces, par un
article du traité de Cateau-Cambrésis, Henri II s'engageait à reLil'er ses troupes de la Corse. Le 7 novembre 1559, les commissaires génois Grimaldi et Saoli
prenaient possession d'Ajaccio.
IX
De 1559 à 1564 , les choses l'Gstèren[ dans ' un état
de méfiance mutue lle: les Génois exerçant des actes de
rigueur, la compagnie de Saint-Georges frappant des
impÔts exorbitants, les Corses, épuisés et sans armes,
de leur astucieux souverain.
se tenant éloi(Tn
o és
«( Lors du traité de Cateau-Cambrésis, Sampiero avait
éprou vé une douleur profonde de voir' ainsi ruinées, en
un seul jour, toutes ses espérances. Six années d'une
luU e constante, le sang versé dans tant de combats, les
misères et les privations supportées avec patience et
�220
LA CORSE.
courage, tous ces efforts et tous ces sacrifices, loin
d'obtenir le résultat qu'il avait désiTé, aboutissaient
aujourd'hui à un état pire que le premier ... » (Friès .)
Après avoir vainement invoqué les secours de Catherine de Médicis, du Sultan (qui le reçut à Constantinople avec de grandes marques de distinctlon).('l), du
duc de Parme, du roi de Navarre, Sampiem s'embarque pour la Corse, résolu de tentel" avec ses propres
forces, la délivrance de son pays (1564) .
Son arrivée donne le signal d'une révolte générale :
les vicloires de Vescovato et de Caccia, portent au plus
haut point l'al'deur nationale, Sampiero est proclamé
le père et le libérateur de la patrie.
Antonpadovano da Brando, qui avait été envo)/é par
la consulte générale de Piedicorte, en ambassade près
de la cour de France, ne rapporte pour tout secours
que dix mille écus et treize drapeaux sur lesquels on
lisait ces mots : Pugna pro pa/riâ.
~ampiero
distribue les drapeaux à ses capitaines, et
se dispose à marcher contre Vivaldi, successeur J'Étienne Doria, lorsqu'il est traîtreusement Lué par son
écuyer Vittolo Uanvier 1567). .
Pendant que les assassins allaient demander au gouverneur Fomari le peix de la trahison, en lui présentant la tête sanglante de leur victime, des feux de joie,
(1) C'es t à son retour d'Orient qu'eut lieu le drame terrible qui
se termin a par la mort de Vunnina d'Oroano, son épouse. « Après ce
(rail de barbarie ou d'héroïsme, umpi ero promeua sa (lèrè cl sa uvage énergie devunlles mignons efféminés du Valois. »
..
�SON HISTO IRE.
22 1
le bruit du canOD, annonc èrellt à l'ile entière , muette de
doul eur et d'effroi, la mort de cegran d capitaine (1), de
âge, qui réuniss ait 'au même degré,
' en
ce héros du mo~
dans sa person ne, l'amou r de la patrie et la haine de
ses oppres seurs.
Recon nu généra l des Corses, à la consul te d'Orezza,
son fils Alpho nse d'Orna no contin ua la guerre avec plus
ou moins de succès, jusqu'a u jour où Georges Doria( d'un
caract ère sage et probe, choisi exprès pour opérer une réconcili ation), lui fit d'hoDorables conditi ons pour l'engager à quitter la Corse (1569) . Desgalères françaises ramenèrent en France , avec trois cents de ses compa gnons, le
colone l Alpho nse d'Orna no, devenu plus lard le favori de
Henri IV, maréc hal de France , et gouver neur de la
Guien ne!
x
La sage admin istratio n de Georges Doria n'était pas
dans les idées de ses succes seurs; le pays retomb e
bientô t sous la domin ation d'une républ ique de marchands , la plus atroce de toutes les tyrann ies (2) .
fermelé
(1) Il Sampier o, ayanl donné les plus écJalant es premes de
des
el de COUl'Hge, a. obtenu dans notre siècle très-bell iqu eux un
grande
d'une
Doué
l'Italie.
de
itaines
premier s rangs parmi les cap
qui
intellige nce et d'un génie pénétra nt, il posséda it deux qualités
un
se trouven t raremen 1 réunies, savoir : un esprit vif et éle \ é, et
)
(CASONI.
jugeme nl sain et solide . ))
e
« Sampiet1'o est plus qu'un simple individu , c'esl le caractèr
(POlùPEï.)
d'une nation personn ifiée. "
(2) « Sous la dominat ion génoise, la Corse n'offre qu'un mélange
des
des passions les plus sauva.ges cl de la corrupti on profond e
"
tian.
dissolu
en
sociétés
�222
LA CORSE .
à beaux
deniers comptants; on ne conllut d'autre droit que
celui du plus fort, du plus riche. ))
A l'iniquité du gouvel'llement génois, vinrent se joindre d'autres maux (1569 à 1700) : la famine, qui réduisit les habitants à se nourrir de glands et de racines
sauvages; ' la peste, qui ravagea l'île en 1630; les descentes redoutables des Barbaresques, qui forcèrent les
paysansà quitter la plaine pour se réfugier dans les montagnes .
« On vendit la justice; on acheta le sacerdoce
XI
L'mage gromlait sourdement, l'horizon se rembrunissait, lorsqu'une étincelle vint allumer la foudre et
déchaîner la tempête (1) .
En '1729, la lutte recommence longue et sublime, et
ce pauvre peuple, que ses oppresseurs croyaij3nt avoir
dépouillé de son énergie comme de ses richesses, de ses
. vertus comme de sa liberté, soulint héroïquement un
combat disproportionné, où les rois de l'Eul'ope n'eurent pas honte de se ranger' du parti de l'oppression et
de l'iniquité.
Pompiliani da Poggio, chef provisoire des insurgés,
déclare qu'ils onl pris les aemes (c pour oblenit' la réhabilitation de la pateie, et la suppression dr,s impôls
(1) n pauvre vieillard, Cardone, reslé seul au couvent de Bozio,
se vil refllser par le collecleur des impOls, llne pièce de 2 liard s,
moncta da otto, la seule qui lui rcs ltll. Comme on le menace de
vendre ses guenilles, il ex ci le l'indignalion générale, et preche la
l'évolle.
. ...;,-
�223
SON HI STO IRE .
arbitra ires, )) et dans la consulte générale de SaintPancrace de Furian i, la guerre aux Génois est clécidée d'une voix unanime.
André Ceccaldi de Casinca et don Louis Giafferi de
Talasani, qui avaient fait partie, sous le gouverneur génois Félix Pinelli, du collége des Douze, sont nommés généra ux de la nation , et investis d'un pouvoir absolu
(consulte de Corté, 9 février 1731) .
L'île entière court aux armes : Allez et combattez,
disaient les moines, vous ne deman dez que la justice ,
et les hommes la doivent aux hommes, s'ils veulen t
l'obten ir de Dieu! ))
Cette campagne hél'Oïque a été justem ent appelée
l'Iliade de la Corse. A côté des mâles figmes de Ceccaldi, de Giafferi, d'Aïtelli, viennent se placer les nobles caractères d'Hyacinthe Paoli et de Ga[ori . Tous
rivalisèrent de zèle, d'abnégation, et de dévouement,
.
pour le service de la patrie .
Le courage ne manqu ait pas aux Corses, mais, bien
qu'ils eussent fondu toutes lès cloches, les armes et les
muniti ons commençaien t à manqu er.
La républ ique de Gênes rendait le blocus de l'ile
crauta nt plus rigoureux, que ses meilleures troupes,
commandées par Pinelli, Imperiale et Rivarola, avaient
été successivement battues dans toutes les rencontres.
(c
XII
Ici vient se J?lacer un épisode qui tient du burles-
�LA CORSE .
224
que, je veux dire la ro-~auté
éphémère de Théodore.
Théodore Antoine, baron de Neuhoif, gentilhomme
westphalien, ancien page de la duchesse d'Orléans,
après avoir parcouru l'Europe, moins en tomiste qu'en
aven turier, se présente à Aleria, avec un navire anglais,
le 25 mars 1736 . S'étant mis, à Gênes, en relation avec
quelques seign eurs co l'ses qui gémissaient dans l'exil,
il leur avait promis d'obtenir des princes, avec lesquels
.il était
dans cl excellents rapports, des secours de toute
espèce pour chasser les Génois de l'île dans un très-bref
délai.
Sa physiono mie mâle , son costume semi-oriental
excitent d'abord la curiosité. Reçu par Xavier Matra
et les chefs de la nation, avec la déférence due à un
monarque, il s'installe en prince au château de CerVlOne.
Le 15 avril, une assemblée générale convoquée au
cou vent d'Alesani, délibère sur les affaires présentes,
et dtscute la constitution du ro)'aume. Le baron de
NeuJ10ff signe la constitution, et jure SUl" les Évangiles
de lui être fidèle . Les généraux placent alors sur sa
têle une couronne ùe chêne et de laurier, et le proclament, aux acclamations de la foule, roi de Corse, sous
le nom de Théodore 1er •
Voici l'organisation militaire et civile du nouveau
1'0 aume.
Capitaines généraux et premiers ministres d'État, les
cornIes don Louis Giafferi et Hyacinthe Paoli.
Grand mal'échal du palais, le marquis Xavier Matra .
• . ..1:
�1 .
225
SON HISTOIRE.
Lieute nant-g énéral et gouver neur de la Balagne, le
comte Giç.biconi.
Capitaine de la garde royale, Simon Faliiani. _
,Lieute nant général comm audant la pieve de-Talciui,
Ignace Arrigh i de Cortè.
Lieute nant généra l comm andant la pieve de Rostino,
'
J.-J. Castineta.
Grand chance lier et garde des sceaux, l'avocat comte
Costa.
Secrét aire du cabinet, le docteu r GaffoJ'i de Corfè.
Les troupe s de Théodore remportent quelques succès
sur les Génois qui se renfermaient d,ans les seules
villes du littora l.
A Sartèn e, le roi crée son ordre de chevalerie de la
Délivrance!
Il bat monna ie, et sa monna ie portan t d'un -côté les
armes de la Corse (tête de Maure), de l'autre l'imag e de
la Vierge (monstra te esse matrem), se paya plus tard
SUl' le contin ent trente fois sa valeur 1
Au mois de novem bre, Théodore convoque à Sartène une assemblée de ses principallx fonctionnaires,
et, après leur avoir exposé la nécessité de se rendre ,
en-per sonne, sur le contin ent pour accélérer, l'arrivé e
des secours promis, il institu e un conseil de régence et
débarq ue à Livourne déguisé en abbé; il court à Florence, à Rome, à Naples, à Amsterdam, deman dant
des secours pécuniaires, des muniti ons.
La Hollunde seule lui fait quelques avances, mais,
comme , dans ces entrefaites, les Fl'anç,ais avaient déDl!
PLETIIA SANTA.
15
�226
LA CORSE.
barqué; en Corse (février 1738), le roi Théodore, en
se présentant à Aleria, ne tl'ouva plus ni partisans,
ni garde royale, et dut abandonner pour toujours sa
royauté de quelques -mois.
Plus tard, on retrouve à Londres l'infortuné baron;
son ami Horace Walpole, qui avait payé ses dettes, fit
inscrire sur son-tombeau l'épitaphe suivante:
Le destin lui donna un trône et lui refusa du pain 1
XIII
Afin de ,conserver, dans ce qui me reste à raconter
de l'histoire de la Corse, le calme et l'impartialité
nécessaires, j'emprunterai à M_ Henri Madin les
pages où sont relatés les événements importants
qui ont signalé cette période de. 58 années (1738 à
1796) .
Il Y eut, dans cette lutte inégale, des victoires sanglantes, des traits de courage antique, dignes de l'admiration de la postérité.
« La France opéra par les armes (1738) dans un
autre débat, une intervention qui devait avoir de grandes
suites.
(( La tyrannie exercée par.les Génois sur leurs sujets
corses, qu'ils excluaient de tous les emplois et qu'ils
exploitaient par la plus dure fiscalité, avait, de tout
temps, excité de fréquentes révoltes qui eussent infailliblemen t l'en versé la domination génoise si les Corses
eussent été capables de s'entendre ...
•
..,f:
�SON HISTOIRE.
227
En 1730, les Corses s'étaient adressés à la France,
et avaient offert de reconnaitl'e le protectorat ou même
la souveraineté de Louis XV. Fleury avait refusé.
«( Par le traité de Versailles (27 juillet 1737), la Frauce
promit à Gênes d'intervenir en Corse et de fourTIl!'
un corEs de troupes auxiliaires moyennant un subside.
«(
Les Corses trouvèrent bien dur que la puissance à
laquelle ils s'étaient offerts, prêtât la main à leurs tyrans
pour les accabler (février 1738). A la vérité, une amnisti.e avec des priviléges assez étendus fut d'abord
publiée, mais les Corses devaient remettre leurs armes
aux Génois. Ils s'y refusèrent, et pendant une année
entière, ils se défendirent. avec héroïsme, de montagne
en montagne, de maquis en maquis, contre dix mille
Français.
«( Les principaux chefs, abattus par la disette plus
que par les armes, consentirent enfin à s'exiler IJar une
capitulation, et la paix fut rétablie dans l'ile vers
l'automne de 1739. Les Français repartirent dans le
«(
courant de 1740 .
. (( Il résulta de ce départ, fort inopportun en toute
manière, que les Génois transgressèrent le pacte de
1738 tout comme celui de 1732, et que les Corses, comprimés et non résignés, eurent bientôt de nouveaux
griefs à venger.
Il
�228
LA CORSE.
XIV
« La Corse était, depuis quelques années, pres-
que enlièrement affranchie. Un grand homme d'État,
Pascal Paoli, avait fait surgir l'ordre, la djscipline, un
gouvernement régulier, du sein de cette anarchie éternelle. Après des luUes aussi obstinées contre ses compatriotes que contre ]' étranger, il était parvenu à
dompter, à diriger avec persévérance vers la guerre nationale la farouche énergie que les Corses ont coutume
de dépenser dans les gueri'es de famille. Établi au
centre de la Corse, à Cortè, il dominait sur l'île .entière,
à l'exception de quelques places maritimes. Les Français avaient occupé trois de ces places en 1756, sans
intervenir' dans les hostilités entre Génois et Corses, et
sans se départir du caractère de médiateUl's qu'ils
avi~nt
pris en 1751; mais ils s'étaient retirés au bout
de deux ans, et Gênes avait dît reconnaître non-seulement l'impossibilité de soumettre les rebelles par ses
propres forces, mais l'extrême difficulté de conserver
ses derniers postes. Gênes pria les Français de revenir,
en 1764, à peu près aux mêmes condi.lions qu'auparavant, el leur remit la garde d'Ajaccio, de Calvi, de Bastia et de San Fiorenzo. On recommença de négocier.
Les Corses envoyèrent à Versailles le colonel Bu li afuoco, pour demander qu'on reconnût l'indépendance
de leur république, mo-yennant un tribut ' équivalent à
ce que la Corse produisait autrefois il Gênes. Le pÎ'ont
..
�229
SON RISTOIRIl.
n'avait jamais dépassé 40,000 francs ,pOUl' Gênes, à
des frais de garnison.
ca~se
(( Buttafuoco fit en même temps une autre démarche,
qui attestait à quel point les conceptions idéales des
philos-ophes commençaient à pénétr er dans la vie
réelle .
(( Il deman da un projet de constitution à Jea.n-Jaèques
Rousseau, qui était encore en Suisse, et l'invita à se
rendre en Corse, au nom du gouver nemen t auquel présidait Paoli. L'adm iration exprim ée par Rousseau, dans
une note du Contrat social, pour la patriotique constance des Corses, lui avait fait des disciples dévoués
parmi les chefs lettrés de ces barbares héroïques. Rousseau avait prédit que la Corse était deslinée à étonne r
le mond e: la prophé tie se réalisa, mais autrem ent que
ne l'avait entend u le prophè te. L'enfa nt corse, qui devait étonne r le monde, allait bientôt naître sur le rocher
d'Ajaccio (le 15 août 1769). Si Rousseau s'était décidé
à passer en Corse, il aurait eu la douleu r d'y voir concabinet de Versommer l'oppression de ses amis.
sailles montr a peu de loyauté envers les Corses. II les
berça de vaines espérances et laissa arriver les choses
jusqu' au point où les Génois, perdan t tout espoir de
jamais reconq uérir l'île, ne voulant point abaisser leur
orgueil jusqu' à subir l'indépendance de leurs ancie~
et ne pouvant s'acqu itter des dettes qu'ils avaient
sl~et,
contractées envers la France, proposèrent eux-mêmes
à Louis XV la cession des droits de leur l'épublique. Le
15 mai 1768, un traité, signé à Versailles, autorisa le
Le
�230
LA CORSE.
roi de France à exercer tous les droits de souveraineté
sur toutes les places et ports de la Corse, comme nantissement de ses créances sur la république de Gênes.
La cession était déguisée sous cette forme de nantissement, afin de pallier l'agr~disemnt
de la France aux
yeux de sa rivale l'Angleterre, et même de sa jalouse
aWée l'Autriche. La France, par article séparé, donnait
à Gênes une indemnité de deux millions.
( Les Corses apprirent avec une profonde indignation
le prix qu'on réservait à tant d'efforts et de courage.
« Malgré l'immense disproportion des forces, ils réso-
lurent de défendre jusqu'au bout leur liberté. Paoli
espérait que les Anglais, qui l'avaient toujours encoul'agé, ne verraient pas tranquillement la France se saisÏI'
d'une position aussi considérable dans la Méditerranée.
que firent les garnisons
Aux premiers mouvements
,
françaises pour s'étendre dans l'intérieur et assurer les
communications entre les places qu'elles occupaient,
Paoli essaya bravement de leur barrer le passage. Il ne
put s~ maintenir sur l'étroite péninsule du cap Corse,
qui forme la pointe septentrionale de l'île, mais il occupa fortement la base de celte péninsule. Le lieutenant général de Chauvelin débarqua sur ces entrefaites
avec quelques renforts, et fit publier dans 1'11e des leL-·
lres patentes du 5 août, par lesquelles le roi de France
sommait ses nouveaux sujets de reconnaître sa sou veraineté, à peine de rébellion. Le conseil général et
suprême d'État de la Corse, répondit par une proclamation tJ'ès-digne et très-touchante, où il déclarait
. ..~
�SON HISTOIR E.
231
que la nation corse ne se laisserait pas traiter
comm e' un troupe au de mouto ns envoyé au march é
(28 août).
( Les actes répond irent aux parole s : Chauv.elin,
après un léger avantage aux bords du Nebbio, voulut
poursu ivre Paoli au delà du Golo avec des forces ins~f
fisantes : les França is, déployés sur un trop grand espace, furent assaillis impétu eusem ent par une levée en
masse, qui les rejeta jusque sous le canon de Bastia,
avec perte de mille ou douze cents homm es (septem breoctobr e); il fallut, au printem ps de 1769, envoyer toute
une armée , sous un nouveau comm andant en chef, le
comte de Vaux. Cet officier général , dispos ant de quarante- deux bataill ons et de quatre légions (corps légers,
mi-par tie d'infan terie et de cavalerie), fit un plan de
campa gne qui enveloppait l'île entière .
( Paoli était hors d 'état de se souten ir contre une attaque aussi formid able. Un héroïq ue comha t, au pon t
du GoJo, fut le dernie r soupir de la liberté corse. Cortè,
siége du gouve rneme nt, dut capitu ler. Il n'eût pas été
clans
imposs ible de perpét uer une guerre de pa~tisn
les maqui s et dans les monté}.gnes; mais l'étern el fléau
de"la Corse, la division, renaissait avec les revers ; Paoli,
aband onné de la plupar t des siens, et plus propre ,
d'aille urs, à diriger un gouver nemen t régulie r qu'à
jouer le rôle d' un chef de guérill as, s'emba rqua à PortoVecchio, sur un vaisseau anglais , avec l'élite de ses amis
(13 juin 1769). L'Angl eterre, qui ne lui avait fourni
d'autre secour s que des muniti ons, des armes et quel-
�232
LA CORSE.
ques volontaires, lui offrit du moins un honora ble
asile (1) .
« Les França is usèren t avec assez de modération d'une
victoire peu glorieuse . Le général de Vaux, et, ap!'ès
lui, le gou verneu!' Ma!'beuf, I.âchèrent de réconcilier les
Corses à la domination française, en leur montm nt de
la bienveillance et de l'équit é. Une amnistie, des chemins constm its par les troupe s, des établissements .
utiles., des encouragements à l'agric ulture et au commerce, le maintien du régime municipal des podestats,
la concep tion d'États provinciaux sous le titre de consulle générale, signalèrent cetle politique conciliante .
La premiè re consulte générale, convoquée à Bastia, le
15 août 1770, prêta serme nt au roi de F!'ance; néanmoins, des meurtr es, des brigandages, des révoltes partielles, étouffées dans le sang, souvent renaissantes, ne
cessère nt de protester contre la conquête. Les améliol'aLions matérielles dues aux nouveaux maUres étaient,
d'aillêurs, trop compensées par les abus de l'admi:q.islraLion et dg la fiscalité françaises . On peut dire que
(i) PaoU mourut fort vieux à Londres , et son modeste tombeau
s'élève sous les voûtes de l'ahbaye de Westmi nster.
(( Les maux que nous avait fails Paoli (disait Napoléo n à Saintell élène), n'avaien t pu me détache r de lui, je l'aimais , j e le regrel
tai ~ toujours . .. chacune de mes victoires lui donnait
le transpor l. ..
JI céléhrail., exallait mes succès. 1)
Cet enthous iasme ayant déplu au chef de l'Ittat) le vieux patriote
répondi l noblem ent:
(( Vos reproch es son t justes, mais Napoléo n est un des miens;
je
l'ai vu cl'oÏlre, je lui ai pl'édil sa rortune. Voulez- vous que je déleste
sa gloire, que je déshérit e mon pays de l'honne ur qu'il lui fail?
Il
(JIémorial.)
•• •.1;
�SON HISTOIRE.
233
tima qu'e n 89, lors l'ac qui sition de la Corse ne se légi
s libres d'u ne nati on
. que les Corses devinrent citoyen
leU!' réuni0I! à la
libr e et rati fièr ent sole nne llem ent
ne façon plus éclaFra nce , ratification confirmée d'u
Corses, après avoir tan te enc ore en 1796, lors que les
événements de la
été séparés de la Fra nce par les
flue nce de leu r hér'os
gue rre rév olu tion nai re et par l'in
rev inre nt spontanéPaoli, reje tère nt le jou g anglais et
d'u n aut re hér os
me nt à la Fra nce , sous l'in flue nce
tric he, en atte nda nt
corse, devenu le vai nqu eur de l'Au
pe (1).
qu'i l fût le dom ina teu r de .l'E uro
devait être la der nièr e ex« La con quê te de la Corse
Fra nce . 1)
tension tél'ritoriale de l'an cien ne
xv
e hist oriq ue, Je
Avant de term ine r cette esquiss
dès jeu nes écrivains
rec om man der ais vol ont iers 'à l'un
n et
' ~ des l'elatz'ons ent re Napoléo
i stoù
de la Corse, l'H
patriotes. JI trouveles com pag non s d'ar mes , ses com
la correspondance de
rait de pré cieu x poc um ents dans
e ren du à J'Em peNapoléon {"r, cet écla tant hom mag
i avec dév oue men t,
l'eur et aux hom mes qui l'on t serv
.
et qui ont dro it à not re sym pat hie
nchi e par ses soins (général Bona(f) La Corse venait d'êtr e affra
avait
ux
cipa réfugiés à Livourne, leur
parl e); il avait réun i les prin
et les avait jeté s hard ime nt dans
donn é des arilles et des of(Jciers.
.
des habi lant s cont re les Anglais
l'Ile pou r seco nder la rébe llion
la
et
ais,
angl
joug
du
l'ée
rléliv
L'exp j ditio ll l'l5ussit; Sit [l 1trie élait
(THllms. )
Méd iterr anée allai t bientôt l'êtr e.
�234
LA CORSE .
Je ne puis résistel· au plaisir de citer quelqu es dates,
quelqu es faits, et quelqu es noms, en parcou rant sommairem ent les dix premie rs volumes .
VOL. I. 1796. - Lettres datées de Carrar e, de Chevasco et de Lodi, à l'adjud ant généra l Frallceschi, aux
généra ux de brigade FioreUa et Cervoni.
21 mai 1796. Ordre au comm andan t Bonell i,
de se rendre en Corse pour se mettre à la tête des patriotes : « Quelle gloire pour eux, s'ils peuven t seuls
chasser de la patrie ces orgueilleux Anglai s! »
VOL . II. - Instruc tions au généra l Gentili pour l'expédition de la Corse.
'
Le citoyen Saliceti, commissaire du gouve rneme nt,
les généra ux Casabianca, Galleazzini, Cervoni et Casalta
serviront sous ses ordres .
VOL . Ill . Mai 1797 . - Mission au généra l Gentili,
pour se rendre à Venise, et de là à Corfou, afin de
s'empa rer de tous les établissements vénitiens du Levant. _
16 juin 1797, à Berthi er. « Vous donnerez le commandement de Cômo au chef de bataillon Arrigh i. »
VOL. IV. Avril 179S. - Expédition d'Égypte. « Un
convoi partira d'Ajaccio le 30 germin al; le généra l Casalta comm andera l'une des brigades de la division
Ménard.
« Le citoyen Casabianca (mort glorieu semen t à Aboukir), sera capitaine de pavillon du vice-amiral Brueys. »
A bord de l'Orient, le généra l Bonap ade décrète
l'organ isation d'un corps de chasse urs d'infan terie ]é•
..
•1>
'
�SON HISTOIRE.
235
gère. « Antoin e Cauro, Bonelli et Hughes Peretti , commande ront les bataill ons du Liamo ne, et se rendro nt à
Porto- Vecch io pour attend re les ordres . ))
·VOL. V. - Au retour d'Égyp te, Ganthe aume, avec
la Muiron et la Carrère, relâch e à Ajaccio. Au momen t
du départ , Napolé on fit prépar er une gondole avec de
bons rameu rs du pays, qui fut amarré e à la Muiron,
afin d'écha pper à l'ennem i, en cas de rencon tre.
VOL. VI. Janvie r 1800. - Ordre au généra l de division Cervon i, de se rendre en Corse pour y former six
bataill ons-in structi on à Saliceti, pour l'expéd ition con-
tre la Sardai gne. « Les consuls de la républz"que comptent
spécz'alement, pour le succès de cette entreprzSe, sur les talents milz'taires du général Cervoni et sur l'activité du
cÙoyen Salzceti. ))
Novem bre 1800, au citoyen Miot, consei ller d'État :
- (( Vous vous embarquerez pour Ajaccz'o, vous pro-clamerez la mise hors la constitution de la Corse.
« L'on ne revien dra de l'expéd ition que lorsqu 'on
aura pris les rebelles, ou qu'on les aura forcés de quitter
l'île. ))
VOL. VII. Avril 180L - (Toute l'activ itédug énéral
Murat se porter a à occupe r l'île d'Elbe , le comm andant
me
de Bastia fou mi 'a à cet effet un bon bataillon de la 23 • »
VOL. VlIL Septem bre 1802. - Instruc tions détail-
lées au citoyen Sébastiani pour se rendre à Tripol i,
chargé; auprès du bey d'une mission tendan t à faire reconnaî tre le pa villon de la Répub lique italien ne.
à
« De Tripol i, il ira à Alexan drie, au grand Caire,
�236
LA CORSE.
-
SON HISTOIRE.
Jaffa : il dira partout beaucoup de bien de la Porte, et
ne se compromettra en aucun propos . ))
Novembre 1802. Expédition de Saint-Domg~e.
~
« Un vaisseau se rendra à Ajaccio, pour y embarquer un
b:ltaillon de la demi-brigade helvétique . :- L'aide-decamp Ornano rejoindra le général Leclerc . ))
VOL. IX . Mars 1804 . Camp de Boulogne. Ordre
au général Morand d'envoyer à Ambleteuse la compagnie franche du Liamone .
.
X . Septembre 1805. Au prince Eugène . - « La
légion corse manque d'habits; les habiller n'importe
comment; c'est une excellente réserve. ))
VOL .
Mars 1815. A Decrès . - « Envoyerla Pomone et la
Muiron à Ajaccio pour ramener trois cents conscrits
du pays . Cela a r avantage ri amener' de bons soldats,
et ri' ôter' des fainéants qui ôteront la tentation aux recruteurs anglais. »
Avril 1805. - Ol'dre au général Morand de faire
passer i Livourne 5 bataillons de chasseurs corses
commandés par de, Giovanni pour garder la ville. « Ils
auront les hahits du royal corse; c'est une mission de
confiance! ))
,
.J>
,
"
�CH AP ITR E V.
ARCHÉOLOGIE.
ieux,
Pauvres, sans enthousiasme relig
les
es,
avid
urs
erne
gouv
des
exploités par
...
ar[s
les
Corses ne pure nt jam ais cultiver
fallu
eût
il
nts,
ume
Pou r prod uire des mon
el les riet le zèle religieux des peuples,
neurs .
seig
chesses du clergé, el le faste des
. (MÉR IMÉE .)
esprit cultivé, que
Quelle douce satisfaction pou r un
en suivant à travers
de .remonter à l'hi stoi re du passé,
élevés par nos pères,
les âges les traces des mO.J?uments
du sol, 011 enfouies
traces disséminées &Uf la surface
dan s le sein de la terr e!
curiosité, ces reInd épe nda mru eut d'u n attr ait de
-de mieux dét erm icherches nous offl'ent la possibilité
implantés dans la
ner l'or igin e des pre mie rs peuples
contrée.
n sommaire des
Pou r ren dre plu s précise l'expositio
Corse a été l'objet,
rec her che s archéologiques, don t la
péô ode s :
je la diviserai en qua tre groupes ou
B. DOMINATION RO. A. AVA NT L'ÈR E CHRÉTIENNE
D. TEM PS MODERNES .
MAINE. - C. MOY EN AGE .
A. -
« Lorsque
les Phopéens furent arrivés à Cyr-
�238
LA CORSB.
nos, dit Hérodote, ils élevèrent des temples, et demeurèrent cinquante ans avec les colons qui les avaient
précédés. ))
Malhe ureuse ment, il n'existe plus aujour d'hui ni
indices de temples, ni vestiges de monum ents phéniciens ;'. si donc l'on admet que les hardis navigateurs
des nations méditerranéennes d'alors, les Phéniciens,
les Pélasges, les Tyrrhé niens, les Argonautes et les
Phocéens, ont occupé l'ile, il faut en conclure que leur '
domination n'a été que temporaire, et qu'elle ne
leur a pas permis de répand re dans Cl'rnos les premières clartés de la civilisation orientale.
Penda nt que la plus profonde obscurité environne
l'idée de celte provenance asiatique, on retrouve un
ensemble de probabilités pour admet tre l'hypothèse
d'une origine celtique.
10 Les Dolmens et les Men'hirs, découverts sur plusieurs points de la Corse, reportent la pensée vers ces
monuments de pierres, que l'on rencontre n Bretagne,
et qui démontrent l'existence du druidisme, ce premie r
progrès sur les religions primitives de la Gaule.
20 Il est resté' dans l'idiome du pays des mots d'origine germa nique: l'affirmation, par exemple, le oui,
ye des Corses, ne ressemble en rien au si des Italiens,
tandis qu'elle se rapproche du yes des Anglais, du ya
des Allemands.
30 Les mœurs des Corses out beaucoup de points de
l'esseIIiblance avec celles des Germains, si brillam ment
décrites par Tacite : l'ouvrage inléressant de Pompéi ,
•
...Jo
'
�ARCHÉOLOGIE.
239
plu s animés et des
con tien t à ce sujet un parallèle des
plu s saisissants!
se sous· le nom de
Les Dolmens son t con nus en Cor
sous celui de Sta nSta zzo ne (forges), et les Me n'hi rs
tare.
ent s et le mieux
Le plu s imp orta nt de ces mo num
(huit pierres verticon serv é, est la Sta zzo na dei Diavolo
form ant le toit) dans
cales et une pie rre horizontale
re Tizzano et le mo nt
l'ar ron diss eme nt de Sar tèn e, ent
de Cagna.
sur une ligne paA peu de distance dan s la vallée, et
nt neu f Mi=m'hirs ou
rallèle à l'ax e du Dolmen, s'élève
Sta nta re.
ures la con stru cLes hist orie ns on t attr ibu é aux Ma
sfor mée s plu s t~rd
tion d'an cien nes mosquées tran
qu'ils font rem ont er
en églises, et c'es t à cette épo que
Sainte-Christine de
celles de Sainte-Marie de Lot a, de
Cervione, de Sai nt-J ean d'Ajaccio.
vinrent pen dan t
La cath édr ale · de Sai nt-J ean , où
évêques d'Ajaccio,
lon gte mp s se faire con sac rer les
upé pal' l'an cien ne
étai t situ ée sur l'em pla cem ent occ
es dans la vigne de
Urc iniu m; on en retr ou ve les trac
nte-Lucie et CastelSai nt-J ean , ent re la cha pell e Sai
conduit à Bastia.
Vecchio, à gau che de la rou te qui
ux des rois mau res
Les der nie rs vestiges des tombea
disparu (construits en
décrits par les chr oni que urs , ont
s de pierre) ; mais on
voûte et sou tenu s par des colonne
l'église, des urn es fua découvert, dans l~s caveaux de
cuit e, d'u n rou ge vif,
né/'aires (grandes jarr es en terr e
�240
LA CORSE.
de forme ovale, contenant chacune un squelette eL une
1
clef) .
M. Pugliesi a mis au jour au même endroit une petite
voûte de briques, au-dessous de laquelle étaient deux
jarres ou urnes placées verticalement, et ne présentant
aucune ouvel'lu re; de moindre dimen.sion, elles renfeemaient la tête d'enfants en bas âge, des cendres, des
[ranges d'or ou d'argent.
Des vases étrusques, qui ont servi d'urnes funéraires,
ont élé découverts à Sacratico, près nIe Rousse. Ils
étaient disposés en ljgnes parallèles, et placés horizontalement, la bouche tournée vers l'ouest.
L'on a voulu faire remonter aux Sarrasins, la constl'Uction des 'petites tours qui s'élèvent de 10utes parts sur
les rivages de l'ile, mais je démontrerai plus bas, que
ces télégraphes ~vaient
été bâtis, précisément comme un
moyen de défense contre leurs redoutables excurSIOns.
Le .glOnument le plus caractéristique de la domination arabe, consiste dans la tête de Maure, qui a figuré
de temps immémorial, dans les armoiries de la Corse.
Par quelle fatalité ne reste-t-il rien de ces mŒurs
brillantes, de ce culte du beau, qui avaient fait des Arabes la nation la plus galanle de l'univers?
B. - Il ne paraît pas que l'état de la Corse, sous les
Romains, ait jamais élé aussi florissant ,que l'ont prélendu qùelques auleurs.
Si les lrente-lrois villes dont parlent Pline et Ptolé-
�1
241
ARCHÉOLOGIE.
mée avaient été riches et populeuses, on en rencontrerait des vestiges plus multipliés, et les débris de quelques-uns de leurs monuments auraient aisément bravé
les ravages du temps, surtout sous un ciel aussi cléme?-t. Ce -gu 'il reste des mines d'Aleria, de Mariana, de
Sagone, des villes du Nebbio, ne justifie pas ce que l'on
a dit de leur importance.
Sur la côte orientale, aux environs de Sari de Fiumorbo, on remarque quelques traces de l'ancienne voie
romaine, la seule qui amait existé dans l'île: elle partait de Mariana pour aboutir à Palla.
Cette route est décrite dans l'itinéraire, dit d'Antonin,
qui ne fait mention que de trois points intermédiaires,
.
Aleria, Prœsidium et Portus Favoni.
Des discllssions se sont élevées sur la position géographique de PaIl a : la plus probable me parait celle
indiquée par Robiquet, vers le port de Tizzano, sur la
côte sud-ouest, à 25 milles de Bonifacio.
Les ruines d'Aleria et de Mariana, les seules antiquités romaines de la Corse présentant quelque célébrité, démontrent, àl'évidence, que le peuple-roi n'avait
pas doté les colonies de Marius et de Scylla des monuments d'utilité et de magnificence qu 'il élevait partout
sur le continent.
Voici l' én uméralion des débris rares et incertains
d 'Aleria :
10 Une maison prétoriale (caves voûtées et profondes
assez bien conservées).
20 Un espèce de cirque (de forme elliptique, avec graDE PIETIlA SANTA.
16
�2.12
LA CORSE.
dins en mauvais état, paraissant avoir convenu à une
ville de 12 à 'l5,000 âmes).
3° Des traces de murs d'enceinte (les murs de la partie
nord, vers le Tavignano, étaient bâtis sur les bords d'un
escarpement et flanqués de tours très-rapprochées) .,
4° Un fossé (à la partie méridionale).
5° Les piles d'un pont qui traversait le Tagnone,
6° UQ pavé de briques , ayant appartenu aux salines
du lac d'Urbino.
7° De gros anneaux de fer, sur les bords de l'étang de
Diana, le port présum6 d'Aleria.
Que reste-t-il de la colonie de Marius? Rien,. ou presque rien, car son ancienne cathédrle~
la Canonica, au
dire de quelques archéologues, serait tout simplement
une église pisane.
Valcknaëer toutefois considère la Canonica comme
un temple antique transformé en mosquée par les
Maures, du v e au VIe siècle.
Il list incontestable que toutes les constmctions ne
datent pas de la même époque , Celte ruine curieuse et
pittoresque est située sur les bords de la mer, au milieu
d'herbes et d'arbustes, avec toutes ses colonnes debout,
ses lourds chapiteaux, le toit découvert, et des figures
d'animaux sculptés à la façade: les dimensions du
monumen t sont de 33 mètres de longueur sur 15 mètres
de largeur, et 13 mètres de hauteur. Le fond est d'architecture go thique, tandis que les arcades, qui divisent l'intérieur en trois nefs, rappellent l'architecture
grecque et dorique,
..
�ARCIlÉOLOGlE.
2-<13
r
En face de église, se trouve un massif dans lequel
sont pratiquées deux niches qui paraissent avoir appaetenu à des fontaines.
On voit dans l'église de Vescovato un beau tabernades ruines cle en marbre, cité par Filippini, prove~élnt
de Maeiana. C'est aussi dans ses envimns que M. Ruffin a lrou vé un petit groupe de bronze représentant
une tortue sur le dos de laquelle 1111 homme, agenouillé
sur un seul genou, veut soulever avec peine un demicercle percé qui a dû contenir primitivement un globe.
Des médailles romaines ont été recueillies sur plusieurs points de la Corse. Celles de saint Jean d'Ajaccio remontaient aux premiers siècles de l'Empire.
Dans le golfe de ' Santa-Manza et à Piantarella (côté
sud- est), au milieu de traces d'habitations, l'on a déc.ouvert un grand nombre de médailles en bronze d'Antonin le Pieux, de Marc Aurèle, de Septime Sévère, et
une très-belle médaille en argent de Plauti1ia Augusta,
épouse d'Antonin Caracalla, empereut' en 201 : trèsbien conservée, elle représente d'un côté la tête d'une
jeune femme avec l'exergue Plautilia AUf/usta, de l'autee une Vénus debout avec l'exergue Venus fellx. Des monuaies romaines ont été trouvées à Codé en
1770, et près de Cargese dans un lieu appelé Menosena.
Les bas-reliefs sont très- rares; quelques-uns SUI'
pierres sépulcrales se voient à Sainte-Marie . de Canal'i;
un autre en marbre, plus considérable par ses dimenions , exi te à Piana dans l'ancienne pieve de Saloana
0
,.
..
�244
LA CORSE.
il représente une femme tenant une plume ft la main;
l'inscription en est t.rès-lisible.
Parmi les châteaux dont on fait remonter la construction à la période romaine, je citerai celui de Sen
~ a
valle à 2 lülomètres de la route d'Aleria à Codé
dans la vallée de Deza. C'est le manoir de l'ile le plus
vaste et le moins délabré; on lui donne pour fondateurs les descendants d'Amando Nasica, pendant que
l'un de ses compagnons élevait près d'Omessa le château de Supietra.
A Levie, dans l'arrondissement d'Ajaccio, se voient
les ruines du château de Capola, séjour de Biancolacci,
petit-fils du fabuleux Hugues Colonna.
Dans la vallée de Luri, sur le point le plus élevé du
cap Corse, s'élève, au milieu d'une végétation sauvage,
la tour dite de Sénèque, qui a appartenu dans le quinzième siècle aux seigneurs Da Mare.
C'est là que fut exilé pendant sept années l'illustre
philosephe, pour ses rapports trop intimes avec Julie,
fille de Germanicus; il n'en sortit, rappelé par Agrippa,
que pour élever Néron.
Dans ses consolations à Helvie, sa mère, Sénèque y
calomnie la Corse et ses habitants; les couleurs de ses
pinceaux se ressentent trop des noires dispositions
qu'avaient engendrées dàns son âme la proscription et
les mésaventures.
On appelle, dans la vallée, Ortica di Seneca, une
espèce cl' ortie dont les montagnards se seraient servis,
d'après la légende, pour fustige!' impitoyablement
..
�ARCHÉOLOGIE.
s d'un e jeu ne villale phi loso phe trop épris des charme
geoise .
pans de murailles
Près de Piana, se voient quelques
de Giunepro, bâti
qui ont jadis app arte nu au château
a-.
par Rollandino, neveu de H. Colonn
nt la terre sur
Dans l'am as de ruines qui jon che
teau de Biguglia,
l'em pla cem ent où s'élevait le châ
x petites buttes des
l'on ne distingue plu s que les deu
citernes.
d'enceinte de la
Non loin de là apparaît le mu r
vieille tou r de la Murtola.
des gouvemeurs
Le châ teau de Biguglia, résidence
tia, fut enlevé
et génois, avant la fondation de Bas
pisa~
tria qui, pou r prix
à ces der nie rs par Vincentello d'Is
Consulte-générale,
de ses exploits,' fut nommé, par la
comte de Corse.
er qu'a u onzième
C. - NI. Mérimée ne fait rem ont
cipales églises de la
siècle la con stru ctio n des prin
Corse.
mu rs construits
Celle de Sagone mo ntre encore des
la sacristie se trouve
en moellons avec voûte et terrasse;
- dans le prolongement de la nef.
tect ure gothique,
La cath édr ale du Nebbio, d'ar chi
e décadence des
telle qu'e lle devait être dans l'extrêm
por tan t une inscripbea ux- arts , possède une cloche
le.
tion qui rem ont e au septième sièc
mèt re N.- E. de
L '6g1ise de Sainl-Michel, à 1 ldlo
ent qu'e xté rieu reMurato, est bâtie , tant inté rieu rem
�246
LA CORSE.
ment, en pierres blanch es et noires ; le portail est décoré de sculpt ures, représ entant des anima ux et des
signes inconn us.
On voit dans le couvent de Nonza un beau maitre autel constr uit en marbr e et trois staLues assez bien
conservées.
L'anci en couven t de Sain Le-Cath erine de Sisco se fait
remarq ue!' par une crypte ou chapel le souter raine où
sont déposées des relique s venues de Jérusa lem. - La
légend e racont e que le vaisseau qui les transp ortait,
été surpris par la tempê te, en vue du Pl'omontol'ium sacrum , le capitai ne avait fait vœu de dépose r sa
précie use caisse dans l'église la plus voisine du r~vage
où il aurait pu se réfugie r.
Parmi les couvents élevés par les Franci scains , ce.
vaillants champ ions de la scienc e et du patriot isme, l'on
peut citer, comm e étant encore les mieux consen'és,
celui de Venzolasca, bâti en pierres de taille avec sou
beau corJile et ses dix-hu it colonn es, et celui de Morosaglia qui fut penda nt longte mps la l'ésidence d'été de
Paoli.
a~ 'a nt
Les châtea ux des anciens seigne urs de la COl'se ont
été détruit s en grande partie par leurs implac ables ennemis, les Génois, qui auraie nt voulu e[acer par là
les sou venirs de leur nation alité, et cepend ant ces seigneurs étaient loin de posséd er l'autor ité oppres iv
des anci ns barons de la féodal ité; c'étaie nt plutôt des
chefs de clans comm andan t à de égaux el non il des
serfs.
,' .
�ARCHÉOLOG JE.
24 ï
enirs
ce et l'a mo ur des souv
Il fau t qu elq ue co ns tan
rec he rce r au jou rd 'hu i à leu r
his tor iqu es po ur se lan
ica impraticables et d'i ne xtr
ch e à ha ve rs des sentiers
bles ma kis .
do
de Sambucuccio d'Alan.
Les ru ine s du château
erts en
ch ers escarpés et couv
so nt au mi lie u de ro
st là qu e
cabanes de paysans. C'e
gr an de pa rti e pa r des
s Comtré pid e or ga nis ate ur de
le cé lèb re plé bé ien , l'in
cti on conle dr ap ea u de l'in su rre
mu ne s (1 00 7), pla nta
tre desst là aussi qu e son ill us
tre les se ign eu rs. - C'e
igea le
e du pe up le en 1466 réd
ce nd an t pr oc lam é vicair
sanction
l'I le) , qu 'il proposa à la
Code (Droit puJ)1ic de
cu rie ux
alors du c de Gênes. Ce
de Galéas Marie Sforza,
cle éta it
ation du quinzième siè
mo nu me nt de la législ
ga ra nlit é de ses vues et de ses
ad mi rab le pa r la lib éra
ties.
la tou r
urato, on voit encore
A 2 Ji:ilom èlres de M
raux, ad l'u n des célèbres capo
d'AchiIIe Campocasso,
pe up le
i souleva et pr oté ge a]e
versaires des ba ro ns , qu
Gênes.
s de la Ré pu bli qu e de
co ntr e les taxes iIIégale
ine nc e
Li am on e, su r un e ém
Après avoir traversé le
tes de la
scia, sont les faibles res
à l'e mb ou ch ur e de la Li
famiIIe
r Giudice, de la noble
forteresse co ns tru ite pa
s go uv er, no mm é pa r les Pisan
des comtes de Cinarca
an d cat'actère,
c( Ho mm e d'u n gr
ne ur de l'Ile en 12 80 .
ble, )) dit Fi1ippini.
jus te, in lègre, in fatiga
s au x
pe nd an t cin qu an te an
Après avoir ten u tête
ré pa r
et aveugle, leu r fut liv
Géllois, Giudice, vieux
e ans ,
ur ut à qu atr e-v ing t-o nz
ol). bâ tar d Salnese et mo
�248
LA CORSE.
vulgairement enfermé dans la prison de la Malapaga.
A Foce d'Orto, dans les environs de Piana, l'on aperçoit les restes du fort, où Jean-Paul de Leca et ses complices enferm èrent leurs femmes et leurs richesses,
afin d'être tout entiers à la patrie ; le château historique, qui conserve encore sa citerne et son pont-levis,
était situé à une demi- lieue de Vico, entre Arbori et le
; Liamone.
Jean-Paul de Leca, qui fut le premie r et l'un des plus
infatigables chefs de cette insurre ction perpétuelle de
la Corse contre Gênes, mouru t à Rome, où il avait été
, implor er les secours de Léon X.
Par la route de Vico à Guagno, entre Musso et Boccasorro, s'élevait pittore squem ent sur un mamelon de
rochers le châtea u de la Zurlin a occupé en 1488 par
Rinuccio de Leca.
Attiré à Vico, sur la fallacieuse parole de Filippino
de Fiesco qui avait été avec lui gentilh omme du duc
cie MilaD Sforza, Rinuccio fut anêté, garrotté et coneduit à Gênes, où il expira quelques jours après dans
un cachot.
Roccatagliata, autre château de Rinucclo près de
Sari, ne présente plus qu'un amas de' rochers rouges
au milieu de collines et de pics aigus, collines et pics
cou verts de pins et de chênes verts.
Sur la hauleu r voisine d'Olmeto, au-dessus d'un
énorm e rocher, se dressait 10 château du comle Henri
della Rocca.
Le go uvernement de ce chef Jo-yal, généreux et intré-
�ARCHÉOLOGIE.
249
pide, équita ble, deux fois maître et seigne ur de la
Corse, est donné par Fi}ippini comme l'âge d'or de
l'Ile. - Le comte Henri périt empois onné à Vizzavona
en march ant contre les Génois.
La tour de Giudice della' Rocca était perché e comme un nid d'aigle au-des sus de la monta gne de la Serra.
Le specta cle, dont on jouit sur la plate-f orme, est tout ft
la fois horrib le, majest ueux et, pittore sque.
En allant de Bonifacio iL Portovecchio, près du hameau de Sota, l'on disting ue les mines du châtea u de
Campa na, ancien manoi r du tyran infâme et débauc hé
Ors'Al amann o.
La chroni que racont e comm ent un jeune Corse affranch it son pays de la servitu de. Il se présen ta au seigneut' sur' un beau cheval qu'il devait lui offrit', selon
l'usage , pour le jour procha in de ses noces. Pendan t
qu 'Ors'A laman no consid érait l'anim al, le fiancé lui
lança au cou une longue corde en forme de lacs, qu'il
cacbai t derrièr e la selle, et, donna nt de l'épero n, il entraina au loin son nouvea u gibier étrang lé par le nœud
coulant.
On peut visiter, sur la haute monta gne voisine de Su1derniè res traces du châtea u de Vincen tello
d' lstria, jeune héros du quinzi ème siècle dont le nom
rappel le autant de gloire qu e de malhe urs.
Vincentello, après avoir ol)tenu des secour s du roi
d'Arao'on, s'était empar é de l'Ile et l'avait gouver née
la ~al'O
, les
avec Je titre de vice-ro i.
Attaqll é Ft la suite d'u~e
tempêt e par les galères de
�250
LA CORSE.
la République, il fut fait prisonnier, transporté à
Gênes et décapité .
Entre les villages d'Eccica et de Suarella, près du
torrent, s'aperçoivent les ruines mêlées de chênes verts
et d'oliviers du château deI Giglio, où Sampiero avait
passé la nuit la veille de son assassinat par Vittolo
(17 janvier 1567). - A peu de distance de Sainte-Made
d'Ornano sont les ruines ,'énérées du château que
l'illustre patriote, retiré momentanément des affaires,
se fit hâtir en 1554, après que sa maison eut été
complétement brùlée.
La construction des tours pitloresques qui, au nombre de plus de cinquante, se jalonnent le long du littoral de l'Ile, remonte au seizième siècle.
C'est sur les demandes et les plaintes des habitants ,
que les Génois avaient élevé ces tours protec trices.
Certes, leur garnison de trois soldats et d'un caporal
n'était pas de nature à les mettre à l'abri des spoliations êles barbaresques; mais, à l'approche de l'ennemi,
des feux étaient allumés au sommet de ces postes télégraphiques, et ces feux répétés par les gardiens des
tours voisines faisaient ainsi circuler la nouvel le et
hâter la défense.
D. - Parmi les souvenirs les plus intéressants de
la période moderne, je citerai à Vescovato la maison
de Filippini, l'historien le plus populaire de l'Ile; solidemenl Mtie et soigneusement conservée, elle forme un
curieux modèle de la maison Corse du eizièmc siècle .
..
'
�ARCHÉOLOG IE.
A Corté, la citadelle, siége du gouvernement de
Paoli, conserve encore le fauteuil élevé SUl' lequel
étaient brodées en or les armes de la Corse sUl'monlées
d'une couronne .
La maison Gaffori, criblée de balles et de boulets,
rappelle deux actes d'héroïsme.
Pendant que Gaffori faisait le siége de la citadelle de
Corté pour l'enlever aux Génois, ceux-ci placèrent son
enfant sur la brèche, afin d'arrêter le fen des assail- .
lants ; mais Gaffori le fit continuer, et bientôt la forteresse dut capituler.
C'est dans cette maison que se barricada pendant
plusieurs jours Madame Gaffori; elle résista aux attaques du dehors, menaçant de mettre le feu à un baril
de poudre situé dans la salle basse, quand on parlait '
autour d'elle de se rendre.
Lorsque Gaffori fut indignement assas"siné, moyennant 1'01' génois , par son infâme frère Antoine-François,
cette femme hél'Oïque mit à son jeune fils la chemise
ensanglantée du père en lui disant; « Jure par' la tête
de ton père et la douleur de ta mère de ne jamais pardonner aux Génois. ')
l'Ji'".
�• •.J}
�TABLE DES MATIÈRES
Deuxiè me rappor t il, Son Excelle nce l e minist re d 'État. .. ....... ....... ....... ... . ....... ....... ....... .
Etat actuel de la climatologie.... .. ..... . ....... .......
L'atmosphère maritim e. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .
{
i3
2-J
PREMIÈRE PAR TIE
STATION D'AJACCIO.
CHAP. I. - V1imat ologie •. . . . . . . ... ..... . . ..... . ... ...
A. Le sol .••... . . • ....... .. .... . . . ... . ... . . . ..... . . ..
B. Les eaux .. . ..... . .. •..... .. .. . . . •....... . . . . .. .... .
C. L'air ........ . ... . .... •...... ....... ....... ...•... .
État du ciel observé pendant trois ann ées, par M. Dupeyra t.
T E~ I PÉ RAT
UR E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Observa tions therm ométriques (moyenn es) .. . ... . .... . . .
Observa tions de M. Nosadowski . .. . . . . .. ... . ... .. . . . . .. .
É tat d'humidité••...•• ....•... . . . ....... ....... . . ... . .
P ression atmosph érique .•.•.•. .. ....•.. ....... ... . .. . . .
Observa tions barométriques, par M. DupeyraL ... .. . .. . . .
Anémolo{Jie .. .•..... ..•.... ....... ... . .... . .... ... ... . .
Ozonom étrie • ..•.•..• • . ........ ... .. .... . .... .. ... . ...
Conditions climatériques diverses . . • . . . . . . . . . . . . . . .. . . .
Conclusions •.•.•.. , •. • •.. . . . .. . ....... .... . . . . . .... ..
CHAP. lI. - La Population ....... ....... ....... ....... . .
CHAP. III. - Influenc e du climat sur les affections chroniques
de la pOitrine... , ....... ....... . .... .. ... . . . ... . ... . . .
CHAP. IV. - Les Fièvres.•... ' " .... ... . .. .... ..... . . . . . .
CHAP. V. - Opin inion des Auteurs ... . ........ . . .. ...... .
CHAP. VI. - Conditions hygiéniqu es c1es. valélud inaires . ... .
A. - Epoque d'arri vée.. . . . . . . . . . . . . . .. . ... .. ... . . . . .
33
36
46
56
57
58
60
61
64
67
70
72
77
8i
83
84
90
96 •
1H
H6
if 7
�TABLE DES MATIÈRES.
B.
C.
D.
E.
- Lieu d'habitation .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
11 8
- Nature des vêtements ... ..... ... . ..... ,. .........
118
- Heures d'exercice ......... .. , . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .
ii9
- Genres d'exercice. .. .. ... ...... ... . .... ... ..... . .
i j9
[i'. Régime alimentaire .... ....... . . ............... .
120
G. - Boissons ... . .. ........ . .............. ........ . . .121
H. - Hygiène morale............ .. ...................
121
APPENDICE. - Renseignements géographiques et historiques. • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
122
DEUXIÈME PARTIE
LA CORSE.
CHAP. 1. - Géographie de la Corse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
-'Ion Lagnes •...... . .... .. .. ' . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cours d'eaux . . . . . . . . . . . . . . . ..• .• . . • . . . . . . . . . • .• . . . . . .
Lacs. . . . . .. . . . . . . . . . . • . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . .
Étangs et Marais. .... .. ............. ... .. . ... .........
Golfes...................... .............•..........
Géologie ............ . ............. " ............. " . .
Diluvium. ................ • .... . ....... ... • ..........
Botanique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . .
Forêts ..... ............ ... .... . .... ..... " ... '" ... ..
Zoologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CHAP. Il. - Minéralogie................................
Granits ..................... ~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
PorphYJ:es .....•... , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Marbres. . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Grottes .. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CHAP . 111. - Eaux minérales ....... .. , .. " ........... . , .
Caldaniccia • ••.•••...•....•• . ••• •.. . , . . • . . • . • • • • . . . . •
Caractères physique
~ . ................................
Analyse chimique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..•. . . . .
Ell'ets thérapeutiques ................ ... .. , . ...........
Pietrapola • ••.••.••.......•.....•.•.•...•• , . • • • • • . • • • •
Caractères physiques . " . .. .... . .. . . .... ..........•... .
Composition chimique .....•......... , . . . . . . . .. . . .. . . .
Effets thérapeutiques . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .
GliClyno •.• •• .•••....• . .... " ... . • • • • . . . . • . . • . . . •• •. . .
Propriétés physiques .... . ...... .. ... ... ...............
Analyse chimiflue. ..... .. ........... ..... .. . . . . ... . ..
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j 45
146
149
152
153
153
1154
155
156
156
159
163
165
i 68
168
f 71
174
176
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j 78
179
j 85
186
186
187
188
189
189
�255
TABLE DES MATIÈRES.
Effets thérapeu tiques.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . .
G·uilera. • • . • • • • • • • • . . . . . . . . . . • . . • . . . . . . . . • . . . • . . . • . . .
Caractèr es physiqu es ....... . ., . ........ . ..... .... .. , . .
Composition chimiqu e.. . . . . . . . . . . . .. . . . . ... . . . . . .. . . . .
P uz;;ichello . . . • . . . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Caractèr es physiqu es. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Effets thérapeu tiques .... : . . . . . . . . . . . . . . . . . .• . .. . . . . .. .
Ore;;za (canton de Piedicro ce, à ô03 mètres de hauteur )....
Caractèr es physiqu es ........ . . ... '" .. ... . ..... .......
Composition chimi que... ........ ........ ........ ......
Action physiolo gique ........ ... , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Action thérape utique.. • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CHAP. IV. - Histoire de la Corse .. ... ..... .... . ".. .. ....
§ I. - Mœurs et coutume s ... .. .... .... " ..... '" ... '"
§ II. - Histoire. . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . .
CHAP. V. - Archéologie ...... ....... ..... ....... .......
A. - Avant j'ère chrétien ne..... ....... ....... . . ......
B. - Domina tion l'omaine . • . • . . • . . . . . . •.. . . . . . • . . . . • . .
C. - )Joyen âge .. . • . • . . • .. . • • . . . . . . . . • . . . . . • . . . . . . • . .
n. - Temps moderne s. .•... .. ... . . .•.••.. ... . . .•.....
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SOCI' T' .. -
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seleNcEs o:éOrCALES ,
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes
/BCU_Vichy_album_de_photographies_247365.jpg
Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ajaccio
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Pietra Santa, Prosper de (1820-1898)
Title
A name given to the resource
La Corse et la station d'Ajaccio : mission scientifique ayant pour objet d'étudier l'influence des climats sur les affections chroniques de la poitrine
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Baillière
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1864
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) TH 615.853 AJA
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Climatologie médicale -- France -- Ajaccio (Corse du Sud)
Crénothérapie -- France -- Ajaccio (Corse du Sud) -- 19e siècle
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
255 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
Les climats du midi de la France
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_La_Corse_et_la_station_d_Ajaccio_358516
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/22/26547/BCU_La_Corse_et_la_station_d_Ajaccio_358516.jpg
Climatologie médicale -- France -- Ajaccio (Corse du Sud)
Crénothérapie -- France -- Ajaccio (Corse du Sud) -- 19e siècle